Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12/06/2012

le gamin au vélo

LE-GAMIN-AU-VELO1.jpg

 

J'aime le cinéma des frères Dardenne, cette réalité de la vie qu'ils filment de façon romanesque. J'aime le message que leur vision du monde délivre comme celui dans ce film, le Gamin au vélo où comment un enfant dont le père ne veut plus s'occuper peut en découvrant l'amour d'une femme sortir de la violence et de la peine qui le submerge. Forcément! L'amour qui guérit et qui sauve, voilà un message qui ne peut que me plaire... Au-delà de ça, et suite à la discussion entre les trois drôles de dames que nous formons, Laurence, Laure et moi, je réfléchissais ce matin à pourquoi le cinéma, pourquoi tel film nous parle plus qu'un autre, qu'est-ce que chacun d'entre nous vient chercher et trouve dans le septième art? 

 

Commentaires

Oh, moi, tant qu'y a vélo dans le titre, j'achète !

Écrit par : Topfloorman | 12/06/2012

:-)

Hum, j'aimerais que tu me redises ce que tu penses du cinéma, hé,hé, ça m'a tellement surprise que parfois je me demande si je n'ai pas rêvé de t'entendre...

Écrit par : helenablue | 12/06/2012

Pour tout dire, Debord m'a totalement convaincu avec son film Hurlements en faveur de Sade. Et m'a gâché mon plaisir de cinéphile pour toujours.

1- Résumons Debord avec nous faibles moyens

Quand la machine parle, la lumière s'allume, et on se tait.
Nous devons respecter la parole de la machine, qui a préséance sur la nôtre (elle est livrée avec de plus en plus de puissance mécanique).
Lorsqu'arrive la noirceur, il n'y a que silence. Autrement dit, notre monde à nous, spectateurs, qui est celui de la noirceur, est aussi celui de l'ignorance. Qui sera éclairé par la machine, si nous acceptons le rituel, c'est-à-dire si nous payons notre place et que nous obéissons aux règles, qui sont simples. Se taire, ne pas bouger, avaler le message. Attention, le message n'est pas le texte du film. Le message tient entièrement dans l'apprentissage du rituel d'obéissance et de respect de la machine, qui elle a capté le faux vivant. Capturer le vivant et le restituer sous forme d'ersatz, c'est bien évidemment un geste de mort.
Toute personne en opposition au message ne peut que partir de la salle, c'est-à-dire s'exiler du groupe, entrer en rupture totale avec l'assemblée et poser un geste remarquable par sa violence face à la bonne société docile.
Quoi que dise la machine, cela importe peu, c'est dans le respect des règles inculquées que réside l'auto-répression. Nous allons au cinéma en croyant recevoir le texte très évolué de notre cinéaste révolutionnaire préféré (Che Guevavatar dans l'espace contre les méchants de l'empire capitaliste pas-gentils) alors qu'en réalité, nous pratiquons un rituel de soumission à la machine, qui nous inculque l'idée même de notre silence face à la lumière de la technique.

Enfin, je résume et je vulgarise, hein.


2- Nuances et récents développements

Cela dit, je crois de plus en plus que l'ordi personnel a introduit une subversion intéressante dans cette dynamique, d'abord en permettant au spectateur de déterminer les conditions et les moments de déroulement du message de la machine, mais surtout en lui donnant le pouvoir intrinsèque de modifier le discours de la machine et même d'y répondre.

On est en train de voir dans ce fameux printemps québécois que pour la première fois en cent-quelques années d'histoire du cinéma, le peuple a de plus en plus les moyens de rendre ce média subversif. Internet, ce bébé de l'armée américaine, est en train de permettre aux mauvaise herbes de contourner les clôtures qu'étaient les grands réseaux et leur système de censure bourgeoise tranquille.

Par exemple, j'ai eu le privilège de visionner hier soir la première moitié du film que monte en ce moment même notre excellente collègue Laure K. À un moment, on voit quatre flics tabasser une innocente jeune fille (encore un nouveau cas). Je dis tout haut à ma collègue présente dans la pièce :
— Je finis parfois par avoir envie d'en buter un ou deux, de ces salopards.
Elle me répond du tac au tac :
— Avec ce film, c'est un peu ça que vous êtes en train de faire.

Écrit par : Topfloorman | 12/06/2012

:-)

Merci, je suis heureuse de ces dernières nuances que tu partages, euh, disons que je m'y retrouve davantage, pour ma part j'ai toujours vécu le cinéma comme ce qui se prépare dans le talent de Lorka. L'image peut être un opercut, une façon de se battre, peut être un moyen de défendre une idée, peut être un moyen d'ouvrir sa conscience et pas forcément une chape de plus. Ce printemps québécois et ce qu'il engendre, comme ce qui a pu se passer aussi en Tunisie, le fait que l'image est à la portée de tous et surtout ce qu'on veut faire dire à l'image permettent tout à chacun de garder son libre-arbitre et son intime conviction par rapport à ce qu'il voit et ne se sentent plus dépendants de ce qu'il faut penser ou faire ou ne pas faire, c'est heureux. Pour ma part le cinéma m'a toujours paru un art "subversif" et je n'ai jamais été dépendante de la machine et de sa puissance même si je connais la somme de travail que ça représente. Suis sortie souvent d'un cinéma( le film "la vie est belle" en est un exemple parmi d'autres) et parfois suis restée en connaissance de cause pour comprendre ce qui ne résonnait pas en moi. Pas plus que je ne le suis de la littérature (je laisse volontiers tomber un livre même s'il faut le finir) ou l'art en général (pas de censure non plus de ce côté.)
Le cinéma, l'image et le texte, la musique, le tout réuni, ont une force de frappe hors du commun parce que répondant à multiples sens, c'est une synesthésie presque parfaite!
Je crois que quand Laure aura bouclé son film sur " Choisis ton chemin", on pourra tous mesurer à quel point l'impact de l'image associé à une ferveur et à une idée partagée va permettre au lieu d'hypnotiser.

Écrit par : helenablue | 12/06/2012

Il y a du dérisoire et une inutile confusion des genres quand l'un ou l'autre blog dérive en tentant de concurrencer les agences d'informations, les chaînes de tv, les vampires de la presse écrite. Et donc, le soir où ce film fut primé à Cannes, peu de blog évoquèrent ce gamin et son vélo qui prouvent, avec les Géants de Bouli Lanners (Quinzaine des réalisateurs), que le cinéma belge d'expression francophone n'est certes pas un nain dans le jardin du 7e art, ce jardin fut-il "à la française".
Mais la ligne éditoriale de France2 à propos des récompenses remises à Festival de Cannes là, laisse pantois. Ce qui traduit du Belge donne : "laisse scandalisé". Pas un mot, pas une image sur le Grand Prix remis aux Frères Dardenne. Ni pour rappeler que ces derniers, de toute l'histoire épique du Festival, en devenaient les cinéastes les plus honorés (excusez du peu : cinq participations, cinq récompenses) ...
Nous n'aurons pas le très mauvais goût ni la mesquinerie de nous interroger quant à savoir si le même traitement dédaigneux eût été infligé à un film et à un cinéaste français en situation comparable...

Écrit par : JEA | 12/06/2012

Vous avez sans doute raison... mais j'ai envie de dire que finalement la communication tellement artificielle de Cannes n'est plus forcément un gage de qualité . Cannes a une certaine aura mais c'est très court dans la vie d'un film...et dans un mois tout le monde aura oublié ... en revanche si le film est bon il a une dynamique intérieure...Ceci n'excuse pas cela... et j'irai voir ce vélo pour une raison c'est que j'ai fait énormément de photos sur les petits vélos et l'oeil des frêres Dardenne va sans doute me faire tomber une larme comme à chaque fois... parfois même je trouve que c'est un peu trop... et embuée, je verrai d'un autre oeil, le rythme de mes photos... voila je passe du coq à l'ane...et j'en oublie de rendre hommage aux frêres Dardenne; je vous salue bien bas messieurs et me penche en avant comme Giulietta Masina pour ne pas tacher sa robe de ballerine après l'échec de La Strada...

Écrit par : laurence | 12/06/2012

"Capturer le vivant et le restituer sous forme d'ersatz, c'est bien évidemment un geste de mort. "

Pas d'accord...

merci de vos réflexions à brûle pourpoint sur l'art de la représentation en mouvement
Je vous laisserai juge.

Écrit par : Laure K. | 12/06/2012

Pour moi les nouveaux frères "Lumière" sont les larges groupes de hackers, tous les "Anonymous" confondus de la planète où qu'ils soient. Ils révolutionnent notre monde du tout cuit ou s'opposent en contrepartie à la lenteur, et aux mensonges (par influences indues) véhiculés par les médias, sociaux ou conventionnels, par un large pan du cinéma aussi, bloquent à la source les mécanismes gouvernementaux, corporatifs, même militaires. Je les adore , et me font sourire avec la même force que Chaplin. Les amis, nous entrons dans les entrailles du grand cinéma planétaire, l'endroit même où se décide, pour nous, de la pertinence ou non de faire peur au monde selon les événements, de nous pointer l'ennemi et l'effort de guerre qu'il faut faire pour le vaincre. Pour nous y accompagner maintenant, ouvrant et fermant les circuits avec tout le rafinement qu'il faudra, ces nouveaux preux chevaliers. Espérons qu'ils se croisent et se multiplient sur les bancs de nos meilleures universités, qu'elles soient MI,y,Tées... ou de la rue!
-Je rêve qu'en ouvrant votre celluraire Nokia, un message affiche un dérangement de 24 heures, le temps d' évacuer les mineurs morts des mines de terres rares africaines.

Écrit par : MakesmewonderHum! | 13/06/2012

Les commentaires sont fermés.