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13/11/2012

Lélius ou l'amitié

Il me semble, en ce sens, discerner que nous sommes faits pour qu'il existe entre tous les humains quelque chose de social, et d'autant plus fort que les individus ont accès à une proximité plus étroite. Ainsi nos concitoyens comptent davantage pour nous que les étrangers; nos parents proches, plus que les autres personnes. Entre parents, la nature a ménagé en effet une sorte d'amitié ; mais elle n'est pas d'une résistance à toute épreuve. Ainsi l'amitié vaut mieux que la parenté, du fait que la parenté peut se vider de toute affection, l'amitié, non : qu'on ôte l'affection, il n'y a plus d'amitié digne de ce nom, mais la parenté demeure.

 La force que recèle l'amitié devient tout à fait claire pour l'esprit si l'on considère ceci : parmi l'infinie société du genre humain, que la nature elle-même a ménagée, un lien est contracté et resserré si étroitement que l'affection se trouve uniquement condensée entre deux personnes, ou à peine davantage.


Ainsi l'amitié n'est rien d'autre qu'une unanimité en toutes choses, divines et humaines, assortie d'affection et de bienveillance : je me demande si elle ne serait pas, la sagesse exceptée, ce que l'homme a reçu de meilleur des dieux immortels. Certains aiment mieux les richesses, d'autres la santé, d'autres le pouvoir, d'autres les honneurs, beaucoup de gens aussi lui préfèrent les plaisirs. Ce dernier choix est celui des brutes, mais les choix précédents sont précaires et incertains, reposent moins sur nos résolutions que sur les fantaisies de la fortune. Quant à ceux qui placent dans la vertu le souverain bien, leur choix est certes lumineux, puisque c'est cette même vertu qui fait naître l'amitié et la retient, et que sans vertu, il n'est pas d'amitié possible !

 

- Cicéron - Lélius ou l'amitié (extraits)



09/09/2008

" aegritudo " et " cupiditas "

 

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" aegritudo " et " cupiditas " .... " mal être " et " manque d'être "  avec le premier exprimer le malaise moral né de la perte, d'une sorte de dissolution de soi par la souffrance, de difficulté à se supporter, avec le second , de signifier le regret de ce qui manque pour être pleinemant, le désir lancinant, compulsif d'un vide à combler  ....

 

hum ... peut-on encore douter de la troublante modernité de Cicéron , grand stoïcien romain mort en 43 avant notre ére ?

D'ailleurs Lacan , yes , himself !  ,déclarait à sa maniére , je cite : " vous constaterez que ce Mr Cicéron n'est pas le peigne-cul que l'on tente de vous dépeindre . C'est un type qui articule des choses qui vous vont droit au coeur " .

merci Jacques .

dans le genre conversation à tiroir j'ai lu cet été , à l'abri du mont Ventoux ( photo ci-dessus ) un livre assez savoureux :

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vraiment un livre plein d'humour ... léger ... je me suis régalée ...

pour Cicéron , je ne vous en dirais pas autant , mais j'aime bien faire travailler mes neurones , ce n'est pas un scoop !!

 

La douleur en question :

- j'estime que la douleur est le plus grand de tous les maux .

- plus grand même que le déshonneur ?

- je n'irais pas jusque là, et j'ai honte de me laisser détourner de mon idée.

- Si tu t'y accrochais, c'est là que tu devrais avoir honte ! Le comble n'est-il pas , en effet, de penser qu'il puisse y avoir quelquechose de pire que le déshonneur, le scandale, l'infamie ? Pour y échapper, n'est-on pas prêt à affronter la pire douleur et, disons même, à la rechercher, la laisser s'insinuer, l'accepter ?

( extrait de " devant la souffrance " de Cicéron )

 

bon , c'est vrai que 43 avant notre ére , on ne plaisantait pas avec ces choses là ...

aléa jacta est ...