29/07/2010
La symphonie errante
Je cherche mes rallonges telluriques,
Mes incommensurables sphères
Dans les dilatations de l’exil,
L’ombre ivre de ma soif
Dans la sècheresse de l ’arôme somnambule.
Je cherche mes imprécations
Creusant les sillons du retour
Contre les serres des vautours,
Ton ombre aux aguets
De cet éveil cinglant,
Erection du soleil
A la symphonie errante du dromadaire !
Je cherche le râle éclaté
De mes vertèbres-lyres en délire,
S’étouffant de leurs notes déportées,
Mes soupirs tonnant de bleus fuyants
Dans l’inatteignable voyage
De ce papillon qui s’éreinte
En poursuites trébuchantes,
Au-delà de ses rêves brisés !
Je rêve de comètes,
D’astres flamboyants,
De méduses-lunes
Ouvertures transparentes
Des inextinguibles profondeurs !
Je rêve, muet,
Dans la soif de tes pas,
Sur les sables du voyage
Auquel je t’invite vers les prairies rouges
Et leurs feux bleus !
Ô muse de mon départ !
Astre scintillant
Sur les lèvres ouvertes des vagues !
Il n'y a plus de toits !
Pluie d’encens rouge
Sur tes seins embaumés
Dans le linceul de l’extase des rencontres crépusculaires !
Viens de mes reviens fatigués !
Je te prêterai les ailes immaculées
De mes Icare exilés.
Je te montrerai
L’axe de l’impact pluriel,
L’agonie du cogito carnivore,
Manteau d’erreurs spectrales !
Viens !
Accroche-toi aux tiges sans amarres
De cette forêt éclatée !
Reviens de mes viens
Qui valsent dans l’aube
Des intraduisibles fermentations !
Nous écrirons la grandeur du menu moineau,
Echeveau des sens triangulés !
Cet azur qui nous appelle
Nous retrace dans nos fibres de nouveau-nés !
Reviens,
Au commun des immortelles mésanges assoiffées !
Je te composerai,
Sur le clavier des escaliers,
Une symphonie qui te mènera
Jusqu’à mon perchoir d’exilé!
- Mokhtar El Amraoui -
00:11 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : poésie, mokhtar el amraoui, errance, recherche, quête, partage, rencontre, désert, humain
25/07/2010
La passante
Hier, j'ai vu passer, comme une ombre qu'on plaint,
En un grand parc obscur, une femme voilée :
Funèbre et singulière, elle s'en est allée,
Recélant sa fierté sous son masque opalin.
Et rien que d'un regard, par ce soir cristallin,
J'eus deviné bientôt sa douleur refoulée ;
Puis elle disparut en quelque noire allée
Propice au deuil profond dont son coeur était plein.
Ma jeunesse est pareille à la pauvre passante :
Beaucoup la croiseront ici-bas dans la sente
Où la vie à la tombe âprement nous conduit;
Tous la verront passer, feuille sèche à la brise
Qui tourbillonne, tombe et se fane en la nuit ;
Mais nul ne l'aimera, nul ne l'aura comprise.
- Emile Nelligan -
16:01 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : photographie, poésie, emile nelligan, état d'âme, quebec, errance, humain