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17/08/2012

cuba libre

Je ne voulais pas y aller, je n'y tenais pas. Me rendre dans un pays tenu par un dictateur aussi beau qu'il soit, le pays, j'entends, me paraissait au-dessus de mes forces et pourtant, je me suis retrouvée à Cuba. Un cadeau d'une amie chère adorant cet endroit, ses racines créoles et africaines et son amour de la lumière sans doute, de la musique aussi et celui plus affirmé encore des individus; c'est elle, ma soeur noire qui m'a envoyée là-bas; "Tu vas aimer, tu verras, tu vas aimer Trinidad, tu peux aimer cet endroit, tu peux l'aimer tel qu'il est et tu vas comprendre. Parce que tu peux." Trinidad, c'est un monde à part. C'est, pour nous, venus de loin: si authentique, si superbe, si poétique, si fin. Mais ça n'est pas la carte postale qu'on voit de prime abord, même si on ne peut que succomber à ses façades en dentelles, ses couleurs fabuleuses, ses ruelles pavées inconfortables et casse-gueule, et la magie qui se dégage de l'endroit. Trinidad, c'est des gens qui tentent de vivre comme partout dans Cuba mais ici  plus joliment qu'ailleurs, l'air peut-être, la situation géographique sans doute et puis le fait d'être classé par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité. Des vieilles voitures américaines, il y en a pléthore, maintenant ça fait partie du folklore à priori car ces "bagnoles des fifties" sont les seules qui appartiennent à des individus en propre, souvent ils les tiennent de leurs pères et sont fiers d'en parler pourvu qu'on les écoute, sinon, toutes les autres voitures, genre Lada via les russes appartiennent à l'état, les carrosseries plus modernes appartiennent aussi  à l'état et quelques rares grosses cylindrées sont réservées, visibles; via la couleur des plaques, faut le voir pour le croire, bleues, jaunes, rouges, brunes, vertes et noires, chaque couleur de plaques d'immatriculation a son attribution, ou le gouvernement (non, Fidel n'a pas qu'un seul pantalon comme il veut le faire croire par son unique presse notoire qui ne connaît aucune opposition, pas de liberté de presse ici, pas de liberté d'expression), ou le "commerce" avec l'étranger, ou l'armée, l'état, les diplomates ou enfin le particulier . J'ai aimé Trinidad, me suis laissée faire par la magie du lieu, par son climat, par les gens que j'ai rencontré et par la beauté de l'endroit. J'espère qu'un jour cet endroit sera compris et aimé pour ce qu'il est, un morceau d'humanité au-delà des considérations politiques, philosophiques, idéalistes ou prophétiques. Quoi? C'est quoi cet individu qui pense savoir mieux que les autres ce qui est bon pour eux alors que, de vivre au milieu de ces gens donne mille leçons bien plus précieuses. Ils sont attentifs, solidaires, ouverts et gourmands, gourmands de savoir, de voir, de s'ouvrir. Cuba libre est un "cocktail paradoxal", comme me disait Estela, une boisson très prisée à base de rhum et de coca-cola, citron vert et glace... Faut dire, c'est étonnant et rafraîchissant. A Cuba du Coca! Mais là-bas, le tout et son contraire est possible pourvu qu'on n'en dise rien, pourvu que tu te taises et que tu sois d'accord avec ce qu'il t'arrive. J'ai très vite compris que je n'y ferais rien, c'est la toute première fois que cela m'arrive. Ne pas construire même en rêve dans un endroit que je visite. Même pas un quart de seconde, tant on sent que ça n'est pas possible. Pas permis. Pas encouragé. Pas dans l'odre des choses. Pas fidélé. Pourtant j'en ai vu des ruines et des pierres dingues, et des lieux en en perdre la raison mais non. La première chose que tu ressens en arrivant à Cuba c'est cette abnégation, cette capacité à attendre, plus d'idéalisme mais un pragmatisme ambiant, au jour le jour, pour bouffer, se vêtir, se laver, avoir la lumière, des crayons pour les enfants. Pas d'expectatives et pire pas de paroles, pas de posibilités de se dire, pas d'ouverture. On peut penser ce qu'on veut, de loin, d'y être allé donne un autre éclairage. Les cubains font de leur résignation silencieuse , une force sur le terrain. Ils sont étonnants, et finalement, mais My God que c'est long, ils vont sans doute arriver à une équation tout à fait particulière, eux qui ont déjà appris à mixer les genres et les ethnies, ils ont à mixer les extrêmes en manière de penser. Mais c'est pas gagné! Va leur falloir un max d'ingéniosité...

 

Commentaires

Le vieux fauve va bien finir un jour par laisser la place ; que se passera-t-il alors ? ça doit être une expérience particulière, ce pays....tu as eu bien de la chance !

Écrit par : anne des ocreries | 17/08/2012

Oui, je me suis posée la même question que toi, qu'adviendra-t-il après lui qui a tellement tout vérouillé et qui ne supportait pas d'être contre-dit... Va falloir un paquet de générations pour que vive là-bas une démocratie!
Une expérience plus que particulière, c'est vrai, j'ai eu bien de la chance de pouvoir vivre ça. On n'en revient pas pareil. On mesure ausi très vite la chance qu'on a d'être dans un pays comme celui dans lequel on vit même si on lui trouve plein d'anomalies. On a le droit de s'exprimer, de penser, les droits d'auteur ont une valeur, on est encouragé à entreprendre, on peut librement circuler, on peut travailler, on peut créer, on peut ne pas être d'accord. La-bas, c'est beau, tropical, ensoleillé, coloré, musical mais c'est une grande prison insulaire coupée du monde. Le tourisme va sans doute faire bouger les choses peut-être pas forcément dans le bon sens, car tous les touristes ne sont pas là pour comprendre et tenter d'entrer en relation avec les gens mais pour faire ce qu'ils font de pire, consommer et transfomer la réalité, n'empêche c'est un bon moyen pour les cubains de tenter de nouer des contacts et de vivre un peu mieux. Tout manque, c'est fou, pourtant ils y arrivent en s'entraidant, en se démerdant et en se contentant du peu qu'ils ont. Le rhum les aide à s'évader et à accepter, c'est sûr, la musique aussi, la danse mais comme ils le disent en toute intimité, tout est compliqué. Mais malgré tout, la magie opère car l'histoire est là, la culture, l'architecture, l'art et l'élégance. On sent une tradition de courtoisie et de civilité. Les contrastes sont saisissants et on en a plein les yeux tout le temps. Trinidad est magique et La Havane est torride. Vais mettre quelques images, comme ça tu comprendras mieux.

Écrit par : helenablue | 17/08/2012

Hélène tu vas nous faire regretter Sarkozy, snif.

Écrit par : le bourdon masqué | 17/08/2012

@ le bourdon masqué:

Hum, suis pas bien sûre de m'être fait comprendre... Un pays où il n'y a pas de liberté d'expression, pas de presse, pas le droit de penser autrement et de le dire, un pays qui a expulsé les intellectuels, les artistes, les homosexuels. Un pays où il n'est pas posssible d'entreprendre à moins d'être dans le sérail et d'adhérer aux idées de Fidel, un pays où plus de 80% des gens travaillent pour l'état est un pays où il est difficile de vivre, pour moi, aussi magique soit-il par ailleurs.

Écrit par : helenablue | 18/08/2012

Chère Blue, j'ai été sous le choc. J'ai pris une éternité à réagir. C'est chez moi, ici.

Écrit par : Topfloorman | 24/08/2012

Enfin, marde. Chais pas, mon lien a été censuré par ton provider… Pas moyen de mettre un lien cliquable ? C'est malin, ça. Bon. Zutre. Le voilà, à vous de copier-coller, désolé.

http://roulerosieroule.blogspot.fr/2012/08/cuba-et-le-phenomene-des-sas.html

Écrit par : Topfloorman | 24/08/2012

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