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28/08/2012

Trinidad -3-

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- Trinidad - Aout 2012 -

 

Je suis restée plus longtemps à Trinidad, plus que prévu au départ. Me devais de me partager équitablement entre chacune de mes hôtesses, mais bon, c'était mes vacances aussi et j'avais un certain besoin de farniente et de poésie. Après avoir atterris à la Havane, Marco est venu nous chercher dans sa Lada pourrie pour nous amener chez Marlen, la mère de l'amie de notre amie. Wouah, je vous dis pas le bruit qui m'a assaillie. Dingue. Des diesels fumants à tout va, des vieux bus scolaires et engins que je n'avais jamais de ma vie vus avant de venir ici. Des antiquités ambulantes crachant de leurs pots des nuages noirs provoquant des brouillards dignes du cinéma hitchcockien. Quand Marlen m'a soumis l'opportunité de dégager au plus vite de chez elle parce qu'elle avait besoin du lit de la grande chambre sur rue, je n'ai pas hésité et me suis retrouvée dans cet havre de paix qu'est Trinidad. Luisant, coloré, musical. Tous les soirs nous allions entendre la salsa à la casa musica, vaste bar en plein air où viennent tous les cubains danser et boire un verre. Après deux mojitos, on est vite pris par l'ambiance et par le rythme même si parfois je me sentais un peu vieille au milieu de tous ces jeunes plus beaux les uns que les autres se déhanchant au son de la guitare. Impossible pour nous de nous fondre dans la masse! Avec notre physique, Pat et moi, on nous prenait souvent pour des allemands ou bien des hollandais, personne n'arrivait à croire qu'il pouvait y avoir des français aussi grands! Nous avons dit par nos gestes, en parlant ni l'un, ni l'autre la langue espagonle. C'est là qu'on comprend tout l'intérêt de parler la langue du pays, quoique par chance l'espagnol à des racines communes avec le français et que le langage analogique lui est universel!  Et même là-bas, à l'autre bout du monde j'ai été rattrapée par mon métier... Juani a voulu me faire visiter sa garde-robe pour avoir mon avis et a étrenné pour nous une robe fleurie bleue qu'elle s'était offerte trois mois auparavant et n'avait jamais osé mettre. Quand elle est apparue dans sa robe avec ses deux coktails de fruits frais dans les mains pour nous faire plaisir, je me suis extasiée: " Wouahou! Que vous êtes belle!". Le lendemain j'avais deux roses du jardin d'un rose évanescent dans un vase sur ma table de nuit. La mode est partout un moyen de communiquer impressionnant. Les cubaines d'ailleurs aiment la couleur et les vêtement moulants et aussi ce qui brille, ça m'a frappé le nombre de T-shirts que j'ai pu voir à Trinidad comme à La Havane avec des motifs scintillants...

 

24/08/2012

galerie d'art, à Trinidad...

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21/08/2012

passage à Blue...

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- Trinidad, Août 2012 - Photos Blue -

 

18/08/2012

Trinidad -2-

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A Trinidad, toujours sur les directives de notre amie qui nous a envoyés là, nous avons logé chez l'amie d'une de ses amies. A Cuba, il s'est développé activement depuis que l'état l'a permis les "casa particular". Pas moins de 700 endroits de cette sorte rien que pour Trinidad. Ceux qui le désirent et qui le peuvent doivent s'inscire dans une sorte de registre, ils n'ont droit de proposer qu'une seule chambre chez eux et reversent une grande partie de ce qu'ils gagnent à la mère patrie. Une ouverture sensible pour les cubains qui le font et qui leur permet de mieux vivre. Ce n'est pas avec les salaires qu'ils touchent qu'ils peuvent penser subvenir à leurs besoins. Difficile d'imaginer qu'ils puissent s'en sortir avec l'équivalent de vingt à trente euros par mois! Cette nouvelle possibilité mise en place depuis 2010 pour permettre le développement du tourisme qui est la première manne du pays est une chance pour eux et une chance aussi pour les touristes comme nous qui préfèrent vivre plus près des gens et dans des ambiances non formatées. Beaucoup de cubains et de cubaines ont ainsi une double activité, leur métier d'un côté et de l'autre un système pour arrondir les fins de mois, c'est ainsi que nous avons rencontré un journaliste travaillant à la radio faisant de temps à autre le chauffeur entre La Havane et Trinidad, c'est aussi ainsi que ce sont développés les paladars, des minis-restau chez l'habitant souvent charmants.

Juani nous a reçu royalement dans sa maison de famille qu'elle n'a jamais quitté et dans laquelle elle habite avec son homme, sa belle-fille et son petit fils depuis plus de soixante ans, c'était la maison de ses parents. Son fils, dentiste travaille au Vénézuela, il a accepté, pour offrir à sa famille de vivre mieux, de partir là-bas pour un contrat de deux ans qui l'oblige à ne pas revenir au pays et qui lui permettra au bout de ces vingt quatre mois de prendre l'argent de son labeur bloqué tout le temps du contrat. Nous avions pour nous au bout de leur maison toute en longueur rose tendre, une petite chambre. Du toit terrasse on pouvait voir tous les voisins et l'état de délabrement du tribunal populaire juste à côté qui comme beaucoup de bâtiments officiels est atteint de façadite aigüe, la devanture fraîchement repeinte et pimpante avec un intérieur en plus que piteux état.

Nous avions à notre disposition, un petit coin privatif à l'ombre sous un énorme manguier qui perdait ses fruits à chaque orage violent et une sympathique vue sur un bout de jardin entouré de grands murs grisonnants dans lequel s'épanouissait un citronnier, des griffes de sorcières et quelques fleurs dont un rosier. Il y avait bien entendu également un gros bosquet de menthe pour le mojito que le maître de maison nous préparait à l'heure de l'apéro. Il aimait à dire d'ailleurs que ses mojitons étaitent le meilleurs du patelin. Pour en avoir bu un peu dans tous les coins à n'importe qu'elle heure, je peux lui donner raison!

Juani a été une hôtesse formidable de gentillesse et de drôlerie. Professeur d'anglais et d'espagnol à la retraite, elle nous donnait notre petite cours matinal quotidien, nous avions fort à faire Pat et moi, ne parlant ni l'un ni l'autre un mot d'espagnol. En échange nous lui parlions le français, une langue qu'elle adore et qu'elle tentait d'apprendre à l'aide d'un manuel de conversation et d'une vieille cassette audio. Nous avons usé et abusé de la douche extérieure dans un coin du jardin. Dans ses pays de soleil, l'eau et l'air sont plus que bienvenus. Juani s'est beaucoup amusé, surprise de nous voir tous les deux préférer mille fois nous ébattre avec l'eau l'un et l'autre dehors plutot que dans la salle de bains prévue à cet effet attenante à la chambre à coucher. Elle nous a trouvés très "cubano" dans notre maière de faire, jamais une seule personne avant nous n'avait ainsi profiter de l'installation en plein air ce que régulièrement elle et sa famille prennent plaisir à faire! Elle a encore plus ri et de bon coeur quand un jour d'orage redoutable nous nous sommes mis sous les gargoulettes crachant de l'eau à toute puissance pour prendre ainsi une dose d'eau de pluie tiède. Décidemment nous étions vraiment différents!

Féru de cuisine le mari de Juani nous a fait goûter sa soupe aux haricots noirs, délicieuse et parfumée; son porc grillé à la créole avec des bananes plantains rissolées et le typique mélange cubain de riz blanc et de black beans, véritable symbole du métissage ambiant. Nous nous sommes régalés de multitudes de fruits juteux très présents dans la cuisine cubaine, comme les mangues, les goyaves, le fruta-bomba, les bananes et les ananas. Des fruits avec un vrai goût qui sont servis à chaque repas en accompagnement des plats. Un peu déroutant au début, mais on s'habitue vite à prendre les fruits pour des légumes, comme on s'habitue aussi encore plus rapidement à boire des mojitons ou des cubatas à tout va...

 

 

17/08/2012

Trinidad -1-

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Ce qui frappe en premier à Trinidad, ce sont les couleurs. Elles sont partout, du bleu, du rose, du jaune, de vert, de l'ocre, du grenat, sur les murs, les toits, les boiseries, les parapluies qui servent d'ombrelles et bien sûr les voitures, ces grosses américaines des fifties. Les rues étaient très calmes en plein milieu de l'après-midi, faut dire que le soleil cogne fort, il est à la verticale et tous s'abritent dans les maisons basses, sombres avec parfois des petits patios de verdures au fond. Il y a deux Trinidad. Celui qu'on voit là, sur les photos d'n haut, le Trinidad en cours de rénovation, repeint, refait, réhabilité pour les touristes. L'endroit où on peut déjeuner ou dîner, boire un verre, entendre de la musique et flâner dans des ruelles de gros galets à s'en tordre les pieds. Et puis il y a l'autre, plus dans son jus, avec ses façades décrépites, et ses maisons plus simples bourrées de charme plus encore, les images parlent d'elles-mêmes. Là on y croise des carrioles à cheval, des vélos taxis et des vendeurs à la sauvette qui ont sur leurs étals leurs petites productions de légumes ou de fruits. Certains vendent des gâteaux multicolores, d'autres fabriquent des jus de fruits frais ou des sortes de pizzas qu'ils servent dans un bout de papier gras. Tous les gens qu'on croisent vous saluent d'un "Ola!". Veulent tous savoir d'où on vient et si on a dans nos bagages du savon qui manque cruellement pour eux depuis qu'il a été retiré des cartes de rationnement. Les cubains font la queue pour tout, pour acheter un bout de pain, un poisson ou pour se faire couper les cheveux sur l'unique siège d'un coiffeur qui officie sur le bout de terrasse devant sa maison. Trinidad, une grosse bourgade coincé entre la forêt tropicale et la mer des Caraïbes. Verdoyant, aéré, tranquille. Un lieu pour peindre, pour écrire. Un lieu propice à la farniente. Les cubains là-bas sont pas stressés et pas bruyants, il y a peu de trafic et seulement quelques bus pour emmener les touristes à la plage, des bus chinois climatisés et d'autres plus vétustes voire délabrés pour transporter dans d'autres conditions les familles cubaines presque toujours entassées. J'ai vu aussi des camions de l'armée russe transformés qui emmènent ceux qui le souhaitent moyennant finance du centre ville à la mer à cinq kilomètres de là...

 

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cuba libre

Je ne voulais pas y aller, je n'y tenais pas. Me rendre dans un pays tenu par un dictateur aussi beau qu'il soit, le pays, j'entends, me paraissait au-dessus de mes forces et pourtant, je me suis retrouvée à Cuba. Un cadeau d'une amie chère adorant cet endroit, ses racines créoles et africaines et son amour de la lumière sans doute, de la musique aussi et celui plus affirmé encore des individus; c'est elle, ma soeur noire qui m'a envoyée là-bas; "Tu vas aimer, tu verras, tu vas aimer Trinidad, tu peux aimer cet endroit, tu peux l'aimer tel qu'il est et tu vas comprendre. Parce que tu peux." Trinidad, c'est un monde à part. C'est, pour nous, venus de loin: si authentique, si superbe, si poétique, si fin. Mais ça n'est pas la carte postale qu'on voit de prime abord, même si on ne peut que succomber à ses façades en dentelles, ses couleurs fabuleuses, ses ruelles pavées inconfortables et casse-gueule, et la magie qui se dégage de l'endroit. Trinidad, c'est des gens qui tentent de vivre comme partout dans Cuba mais ici  plus joliment qu'ailleurs, l'air peut-être, la situation géographique sans doute et puis le fait d'être classé par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité. Des vieilles voitures américaines, il y en a pléthore, maintenant ça fait partie du folklore à priori car ces "bagnoles des fifties" sont les seules qui appartiennent à des individus en propre, souvent ils les tiennent de leurs pères et sont fiers d'en parler pourvu qu'on les écoute, sinon, toutes les autres voitures, genre Lada via les russes appartiennent à l'état, les carrosseries plus modernes appartiennent aussi  à l'état et quelques rares grosses cylindrées sont réservées, visibles; via la couleur des plaques, faut le voir pour le croire, bleues, jaunes, rouges, brunes, vertes et noires, chaque couleur de plaques d'immatriculation a son attribution, ou le gouvernement (non, Fidel n'a pas qu'un seul pantalon comme il veut le faire croire par son unique presse notoire qui ne connaît aucune opposition, pas de liberté de presse ici, pas de liberté d'expression), ou le "commerce" avec l'étranger, ou l'armée, l'état, les diplomates ou enfin le particulier . J'ai aimé Trinidad, me suis laissée faire par la magie du lieu, par son climat, par les gens que j'ai rencontré et par la beauté de l'endroit. J'espère qu'un jour cet endroit sera compris et aimé pour ce qu'il est, un morceau d'humanité au-delà des considérations politiques, philosophiques, idéalistes ou prophétiques. Quoi? C'est quoi cet individu qui pense savoir mieux que les autres ce qui est bon pour eux alors que, de vivre au milieu de ces gens donne mille leçons bien plus précieuses. Ils sont attentifs, solidaires, ouverts et gourmands, gourmands de savoir, de voir, de s'ouvrir. Cuba libre est un "cocktail paradoxal", comme me disait Estela, une boisson très prisée à base de rhum et de coca-cola, citron vert et glace... Faut dire, c'est étonnant et rafraîchissant. A Cuba du Coca! Mais là-bas, le tout et son contraire est possible pourvu qu'on n'en dise rien, pourvu que tu te taises et que tu sois d'accord avec ce qu'il t'arrive. J'ai très vite compris que je n'y ferais rien, c'est la toute première fois que cela m'arrive. Ne pas construire même en rêve dans un endroit que je visite. Même pas un quart de seconde, tant on sent que ça n'est pas possible. Pas permis. Pas encouragé. Pas dans l'odre des choses. Pas fidélé. Pourtant j'en ai vu des ruines et des pierres dingues, et des lieux en en perdre la raison mais non. La première chose que tu ressens en arrivant à Cuba c'est cette abnégation, cette capacité à attendre, plus d'idéalisme mais un pragmatisme ambiant, au jour le jour, pour bouffer, se vêtir, se laver, avoir la lumière, des crayons pour les enfants. Pas d'expectatives et pire pas de paroles, pas de posibilités de se dire, pas d'ouverture. On peut penser ce qu'on veut, de loin, d'y être allé donne un autre éclairage. Les cubains font de leur résignation silencieuse , une force sur le terrain. Ils sont étonnants, et finalement, mais My God que c'est long, ils vont sans doute arriver à une équation tout à fait particulière, eux qui ont déjà appris à mixer les genres et les ethnies, ils ont à mixer les extrêmes en manière de penser. Mais c'est pas gagné! Va leur falloir un max d'ingéniosité...

 

15/08/2012

Come back

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- Photo Patrick Natier -

 

De retour, oui, avec plein d'images dans la tête, plein d'émotions, et plein de mots qui se bousculent. Trinidad: ses couleurs, sa chaleur, ses contrastes et toute son immense poésie. La Havane: son tumulte, ses mystères, sa folie et son extraordinaire richesse architecturale, sa pauvreté aussi. Cuba: les cubaines et les cubains, l'humain, la musique, l'art, le rhum, la cuisine, la salsa, le système débrouille face aux manques de tout genre incroyables et stupéfiants, la culture, le temps qui s'est arrêté, Hemingway, le musée à ciel ouvert qu'est ce pays. Tant à partager avec vous ces jours à venir, pour revivre une deuxième fois intense ce que j'ai déjà vécu et comment je l'ai vécu. Un voyage qui bouleverse et qui fait réfléchir, un voyage au coeur de ce qui fait vibrer l'humain, avancer, comprendre, construire, anticiper, s'enrichir et qui semble si compliqué et si impossible là-bas. Encore sous le choc du décalage horaire et des nombreuses sensations contrastées et variées qui m'animent, je retrouve doucement mes marques et vais distiller tranquillement ce que ce pays m'a appris et m'a si chaudement "mucho calor!" offert et qu'il me brûle d'écrire...