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09/12/2013

Christian Schloe

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" Tout peut arriver dans un monde qui détient une telle beauté."

- Christian Schloe -




08/12/2013

La photo retrouvée

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Je n’ai plus de photos de moi enfant. Je sais qu’il en existe mais le peu que j’avais en ma possession ont fait les frais de ma thérapie. Un jour, j’ai pris une grande caisse de vin vide, je l’ai peinte en noir et j’y ai mis tout ce qui pouvait se rapprocher de près ou de loin de mon enfance : photos, souvenirs, lettres, médaille de baptême, croix en bois de ma première communion, pétales de fleurs séchés, cahiers d’écolier, j’ai tout mis dans un grand feu de cheminée et j’ai passé des heures à regarder la boîte se consumer.

Cette semaine, mon homme a décidé d’ajouter des étagères dans mon bureau plutôt en bordel pour que je puisse organiser un semblant d’ordre. En déplaçant des vieux dossiers, il a retrouvé derrière l’un deux cette photo et me l’a posée au milieu des différents papiers qui y traînaient. Hier soir, en rentrant pas mal fatiguée de la boutique, j’ai trouvé la photo. Mon petit cœur a retenu un sanglot, lointain, profond. Me revoir, là, dans l’allée où je faisais avec ferveur des heures durant de la trottinette, avec à mes côtés mon si gentil petit frère, m’a fait tout drôle.

Une flopée de souvenirs m’est revenue. Ne sommes-nous pas mignons tous les deux avec nos fleurs à la main, sans doute prévues en offrande à notre maman qui doit être avec l’appareil photo à la main au bout du chemin ? Les chaussures vernis noires et les bottines blanches, ainsi que la médaille autour de mon cou me font présumer que cette photo a été prise un Dimanche. La végétation et le bout de paysage entre les arbres, les dentelles de béton blanches et la nature des fleurs qu’on tient à la main me disent que nous sommes à la campagne chez papy et que c’est sans doute une fête de famille. Maman nous faisait beaux pour l'occasion !

Je suis frappée par nos bouilles sérieuses et surtout par nos regards inquiets, mais je ne suis pas surprise, nous avions tout lieu de l’être, inquiets…

Je décide de garder cette photo là. Je la scanne au cas où et la pose dans un petit coin devant moi. Je peux à présent rejoindre l’enfant que j’étais, je peux accepter cette petite fille qui en a soupé, je peux la voir, la regarder, je peux l'aimer…

 

 

 

07/12/2013

L'art de demander

 

 

 

* Découvert chez PatCaza


06/12/2013

Maux d'esprits

Le tiers livre et Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de « vases communicants » : le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement…  Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.

La liste complète des participants est établie grâce à Brigitte Célérier.

Aujourd’hui, j’ai le grand plaisir d’accueillir ici Dominique Hasselmann, tandis qu’il me reçoit sur son blog Métronomiques .

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- Photo helenablue -


 

« Le désir est une conduite d’envoûtement. »

Jean-Paul Sartre, L’Être et le Néant (Gallimard 1943, édition 1964, page 463).

 

Je n’ai pas fait tourner les tables à Jersey, en 1853, sous la houlette de Victor Hugo : je préférais les guéridons de Saint-Germain-des-Prés.

C’est aux Deux Magots que je l’avais rencontrée. L’ombre de Sartre et de Simone de Beauvoir (qui jouissaient d’un écriteau à leurs noms sur la place) s’étendait encore ici ou là, surtout quand il y avait du soleil, c’est-à-dire assez rarement.

Cette jolie femme m’avait semblé énigmatique, proche et lointaine à la fois, comme si elle venait d’ailleurs, mais je ne connaissais pas son pays d’origine. Elle était de nationalité française (sinon elle aurait été expulsée depuis quelque temps déjà), mais parlait avec un léger accent allemand que venait renforcer celui, circonflexe, qui ornait sa lèvre supérieure de couleur purpurine.

Je crois qu’elle écrivait mais elle restait très discrète sur cette activité. C’était normal, d’ailleurs, car les « intellectuels » étaient désormais surveillés de très près par l’État : non pas qu’ils aient pu menacer l’ordre public – le temps de leur influence et des manifestes s’était perdu dans les méandres de l’Histoire du XXème siècle – mais ils pouvaient toujours publier une « tribune » dans un journal, même confidentiel, qui risquait de titiller l’esprit de quelques lecteurs et miner à force les principes de l’autorité en place.

Nous parlions donc de tout autre chose que de littérature : de l’augmentation du coût de la vie, de la difficulté de la population à « joindre les deux bouts », des éléments naturels qu’aucun pouvoir n’avait encore réussi à museler malgré les progrès des prévisions météo, de la musique, de moins en moins moderne et de plus en plus assourdissante, de la circulation parisienne qui était devenue un enfer quotidien (sauf pour quelque élue de l’ancienne UMP qui avait découvert il y a longtemps « les charmes » du métro parisien), de la mode, des derniers restaurants en vogue.

Quand nous nous retrouvions dans le quartier des quelques galeries de peinture encore existantes et des librairies disparues, nous évoquions aussi des vacances passées à l’étranger, des projets de voyages (l’idée de prendre l’avion nous faisait déjà décoller), ou le fantasme d’un simple week-end dans une ville comme Rome ou Amsterdam.

Finalement, nous parlions de (presque) tout et de rien : nos paroles s’enroulaient les unes aux autres, la petite musique de nos voix se mêlait au fond sonore des autres conversations, souvent émises bruyamment en anglais, en américain ou en japonais.

Je crois qu’elle m’avait envoûtée et j’étais donc hors-la-loi. Nos esprits faisaient l’amour avant même nos corps.

Le guéridon ne bougeait pas, le serveur en noir et blanc jouait le rôle qui avait été décrit une fois pour toutes dans L’Être et le Néant (et c’était comme si l’amoureux du Castor avait été metteur en scène de cinéma). Nous commandions des Mojitos, l’époque n’était plus guère au Cuba libre, et les heures coulaient impétueusement sous les ponts du temps.

Un jour, elle n’est pas venue au rendez-vous. Je suis resté assis bêtement à la terrasse du café, aucun taxi ne l’a déposée près des tables et des chaises cannées sagement alignées, j’ai attendu à peu près deux plombes et je n’ai reçu aucun message ou appel sur mon téléphone. Un seul être me manquait et tout était déraciné.

Le soir, rentré chez moi, en regardant les infos sur BFMTV, j’ai appris qu’une certaine Magdalena Auschenbach avait été arrêtée par la police. Sa photo anthropométrique en couleurs, de face et de profil, était affichée plein écran. Elle était dans le collimateur de la DPS (Direction de la Police secrète) depuis quelque temps déjà : sur elle, on avait retrouvé un long article, destiné à Mediapart, le brûlot toujours en ligne d’Edwy Plenel (900 000 abonnés maintenant), et intitulé : « La Nouvelle Résistance Populaire renaît de ses cendres ». Un certain nombre d’actions d’opposition à mettre en œuvre étaient listées dans ce texte qui sentait la poudre.

L’État avait failli en trembler sur ses bases : il était temps qu’un terme soit mis à ce genre d’appel à la rébellion ou à l’insurrection contre la droite qui avait repris les rênes du pouvoir en mai 2017. Je ne m’étais jamais douté de rien… J’aurais donné à Magdalena le bon Dieu sans confession, ou même après.

Soudain, l’interphone retentit :

– Monsieur Grimonpré ?

– Oui, c’est moi… Qui est-ce ?

– Ouvrez immédiatement, brigade anti-terroriste !

J’habitais au sixième étage d’un immeuble en cours de  ravalement : j’ouvris la fenêtre du séjour, enjambai le rebord et marchai sur les planches de l’échafaudage. J’aperçus en bas dans l’avenue trois voitures banalisées avec des gyrophares bleus dont les lueurs intermittentes dessinaient un étrange ballet sur les murs en face. Je grimpai à l’échelle et m’enfuis par les toits. 

Le panorama de Paris est toujours si beau, vu depuis une perspective plongeante, quand l’aube se lève précautionneusement sur la ville encore endormie.

 

- Dominique Hasselmann -

 

 


05/12/2013

L'origine du monde

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J’ai revu ce tableau, il y a peu.

J’ai été troublée.

J’en avais oublié la quintessence et la puissance…

 

 

04/12/2013

Le ciel est très silencieux

Les choses dans le monde sont absentes --- pas vraiment là ---
Je suis malheureux parce que ma vie est froide et étrange --- Mais elle
ne fait que paraître ainsi. En réalité, il n'y a pas le moindre fondement
sur lequel je puisse prétendre que je ne suis pas ce que j'ai pensé.
Tout est parti, absent. L'absence rend le cœur plus tendre.
On nous enseigne de mourir. La longue souffrance devient même
pire. Il n'y a absolument aucun espoir, et au nom de la même loi
il n'y a pas de péché. Réjouissez-vous de l'instant, régulateurs du
monde! Le Ciel est très silencieux.

- Jack Kerouac -

 

02/12/2013

Alberto

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- Sculpture Alberto Giacometti -

 

" La grande aventure, c'est de voir surgir quelque chose d'inconnu, chaque jour, dans le même visage. C'est plus grand que tous les voyages autour du monde."

- Alberto Giacometti -



01/12/2013

Lettres volées

Christian m'a parlé de ce livre, je l'ai lu, il m'a émue jusqu'au trognon, j'en ai pleuré...

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Ma chère Catherine,


Nous venons de vivre douze semaines ensemble. C'était la première fois que nous tournions en extérieur, la nuit. Je t'ai vue belle et fatiquée, belle et tendue, je t'ai découverte belle de nuit.

Il y a des beautés figées, égoïstes, des beautés qui cherchent à vous en imposer, à vous en reduire à un rôle de Sganarelle ou de Quasimodo.La vraie beauté est enrichissante. Près d'elle, près de toi je me sentais incapable de mauvaises pensées, d'être violent. Cette beauté-là apaise, rassure, vous rend meilleur. C'est une vraie discipline d'être belle, il faut beaucoup de rigueur, de vigilance. C'est un équilibre précaire. Un homme peut débarquer à une émission sans être rasé, les yeux cernés, un petit coup de maquillage et de rasoir et le tour et joué. Si une femme n'est pas bien dans sa peau, c'est tout de suite catastrophique, on ne peut pas tricher. Il faut être très généreuse pour rester fidèle à sa beauté, il faut beaucoup de tenue. C'est penser à chaque instant aux autres. Il n'y a que la jeunesse qui peut être insolente dans la beauté, qui n'en a rien à foutre.

Notre couple de cinéma est plus intense, plus solide que de couples dans la vie. Il y a un vrai désir à jouer ensemble, une complicité professionnelle aui peut en rendre plus d'un jaloux. On s'amuse tout les deux, on s'amuse à s'embrasser devant les caméras alors que le plupart des acteurs vous diront qu'il n'y a rien de plus casse-gueule, de plus angoissant que le baiser au cinéma. Nous, on se regarde, on se dit des yeux: "On va encore y avoir droit!"

J'ai lu dans un sondage que tu était la maîtresse rêvée des Français. Je sais qu'il y a des légendes qui courent autour de nous, que l'on fantasme notre couple depuis "Le Dernier Métro". Il y a un interdit entre nous. Tu es une idole bourgeoise et racée; je suis un fils de paysan aux mains fortes, avec tout sa santé. Dans le film de François tu te donnes brutalement à moi, sans pudeur, par terre, comme seules sont capables d'oser les femmes bien éduquées. Toi et moi, c'est presque une conquête sociale, la chance pour un gars de la terre un peu rustre d'être aimé par la plus belle femme de faubourg Saint-Germain. C'est la prise de la Bastille de l'amour!

Tu traînes avex toi deux énormes valises chargées de fantasmes, alors que tu vis des choses simples très poétiques. Tu as su protéger ta vie privée, tes enfants. Certaines pensent que tu es froide. Tu es simplement directe, franche, sans ambiguïté. On te croit sereine, organisée. Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi désordonnée, fantaisiste avec l'argent, ses affaires. 

Mais il y a plus intéressant que l'actrice, sa beauté institutionnelle. Gainsbourg disait que tu marchais comme un soldat. Mastroianni que tu étais un Prussien. Je ne t'ai jamais vue te plaindre sur un tournage. Tu peux rester debout des heures sans un mot, sous un soleil de feu ou dans un froid de canard. Tu peux faire la fête, boire comme un hussard et être prête au combat le lendemain.

Un jour, dans un interview, j'ai déclaré que "tu étais l'homme que je voudrais être". J'ai envoyé cette phrase insensée pour dire que j'enviais chez toi ces qualités q'on prête d'ordinaire aux hommes, et q'on trouve si rarement chez eux. Tu es plus responsable, plus forte, plus carapacée que les acteurs. Tu es moins vulnérable. Sans doute, ce paradoxe est-il la vraie féminité. La féminité, c'est l'hospitalité, l'ouverture, c'est aussi savoir résister, ne pas se laisser atteindre par ces regards malsains, insistants, allusifs. On n'est pas dans un monde où l'on accepte la féminité. 

La nuit, dans la tension de tournage de "Drôle d'endroit pour une rencontre", on mangeait ensemble sur le pouce. J'avais besoin de décharger mes angoisses en racontant des choses énormes de vulgarité. Tu riais pourtant, tu m'encourageais à me laisser aller. Ton humour, ton indulgence me libéraient. Il y a souvent des histoires plus fortes entre les hommes et les femmes quand la sexualité n'est pas là. 

"Elle était belle, si la nuit
Qui dort dans la sombre chapelle
Où Michel-Ange a fait son lit
Immobile peut être belle"


Peux-tu m'écrire, Catherine, pour me confirmer qu'il s'agit d'un poème d'Alfred de Musset. 
Je t'embrasse.

 

- Gérard Depardieu - Lettres volées -