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01/06/2011

Petits bonheurs

Le défifoto de Juin est sur le thème des petits bonheurs, ils sont tellement multiples et variés que choisir une seule image pour l'évoquer est un peu frustrant mais paradoxalement assez jouissif! J'en ai choisi un et j'aurais pu en suggérer mille et un autres comme celui que j'ai revécu en doublé ce Dimanche et hier soir!

J'ai versé une première larme Dimanche quand j'ai vu les trois petits bouts de mon amie lui offrir tout sourire leurs cadeaux faits de leurs mains menues à l'école. Je me suis retrouvée comme pour rire des années en arrière avec les mêmes colliers de nouilles, les mêmes coeurs en papiers, les mêmes cadres photos, cendriers, mains moulées, petits mots doux et autres poèmes. J'ai souri complice quand sa fille de sept ans lui a déclamé son compliment:

- Maman, je t'aime, tu es la plus jolie, la plus merveilleuse, la plus maman de toutes les mamans!

 Je n'ai pas pu ne pas replonger moi-même dans tous ceux que j'ai pu dire aussi à ma propre mère. Je me suis retrouvée en une fraction de seconde dans ce regard là et puis une fraction d'aprés dans celui de la maman qui reçoit son présent. Alors quelle ne fut pas ma surprise hier soir quand, rentrant d'une journée bien épuisante, ils étaient tous là. Mes trois grands, le sourire aux lèvres et les yeux plein de malice, me faisant la surprise avec la complicité de leur père d'une gentille fête pour mon "mother's day" shuinté par la force des choses par d'autres priorités. Les mots doux étaient les mêmes, les cadeaux bien sentis et touchants et leurs gestes attentionnés et tendres. Quand j'ai déballé le dernier petit paquet et que j'en ai sorti "Un lieu incertain" de Fred Vargas, j'étais déjà toute retournée qu'ils aient deviné mon envie de le lire mais quand je l'ai ouvert, mon coeur a chaviré.

- A ma maman que j'aime de tout mon coeur, beaucoup de bonheur avec l'espoir que tu récoltes ce que tu sèmes: beaucoup d'amour!

- Tendre et gros baiser à la meilleure des mamans. je t'aime! Joyeuse fête.

- Bonne fête maman chérie. De tout coeur avec et derrière toi! Je t'aime...

Trois écritures dîfférentes, le même amour, la même fierté. Mes yeux se sont emplis d'eau et ma gorge s'est nouée. J'ai alors porté un toast à eux, à nous, à l'amitié et à ce bonheur intense d'être la maman d'enfants si solides, aimants et aimés!

 

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- Mére et Enfant- Pablo Picasso -

 

 

 Ô mère !

 

Lait toujours ascendant,

Voyageur chantant

Dans mes étoiles nécessaires

Conjuguées aux distances blessées de mon cri !

Ciel de mes yeux, yeux de mon ciel

Recousu de ses blessures larmoyantes

Pour reporter, de ta lymphe triomphante,

Ma folle errance et mes agonies !

Tu es les arbres candélabres

Qui m’éclairent tous ces chemins inextricables 

De mes lourdes litanies d’incompris

Trébuchant par tant de chaînes, sans répit!

Ombre prévenant mon possible aveuglement,

Seins aux aguets, pour me rassurer,

Pour m’arracher au plus profond

De mes sauts anéantis

Et me faire renaître, entier,

Dans ton feu  jamais brûlant,

M’offrant la juste chaleur

De ses mains des ans 

Qui me caressent de leurs attentes,

De ce sang toujours prêt à me reprendre

De mes  jours soliloques d’exilé

Sans échos !

 

- Mokhtar El Amraoui -

 

 

06/01/2010

mise au monde

En lisant Valvoline, la nouvelle de Sandra Gordon dans le Moebius n° 123 Filiation & Transmission que je vous recommande chaudement et vivement m'est venue furieusement l'envie d'écrire:

 

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A mes fils.

 

 

Pour toi mon ventre ne s'est pas arrondi comme de coutume quand une femme est enceinte quand se passe en elle le miracle de la création si étonnamment magnifique et magique. Chacun de tes mouvements se voyait à l'œil nu même au travers de mes vêtements pas de jus amniotique pour conjurer tes coups de pieds intempestifs pas de sas liquide entre ta peau et la mienne ce qui donnait un spectacle réjouissant et insolite comme habitée de l'intérieur ce que j'étais finalement. A l'accouchement mon corps à ton service tu es venu au monde dans les cris et rouges sang d'usage moi en larmes si émue et si fière je me demandais comment j'avais bien pu faire pour en arriver à un tel degré de bonheur et de félicité, le baby blues lui est venu plus tard deux trois jours après. Je t'ai nourris au sein autre lien puissant et révélateur plaisir insoupçonné et fécond moments privilèges à jamais imprimés en moi intimité étrange et naturelle, sorte de grâce aussi.

Je repensais alors souvent à ma mère qui avait refusé de m'offrir son lait et s'était fait bander les seins pour éviter la montée. Elle m'a ainsi sevré de ce que j'ai voulu plus que tout t'offrir, faire perdurer ce lien entre nous et pouvoir te donner le meilleur de moi-même. Tu es devenu ce que tu es un grand beau jeune homme généreux et tendre que j'admire et avec qui j'ai encore tant à partager.

Pour toi par contre mon ventre fut rond et la peau bien tendue sans se rompre autre de ces magies de dame nature. Tous ces neuf mois en ta compagnie intérieure furent laborieux pour nous deux je vaquais à l'époque à l'élaboration d'un projet une grossesse en parallèle en quelque sorte qui a vu le jour le jour de ta naissance cela fait partie de ton histoire et de la mienne. Je suis arrivée bien tard à la maternité j'avais des contractions déchirantes depuis plusieurs heures déjà et à peine allongée tu t'es engagé. Sentir la tête de son enfant dans le plus profond et le plus intime de soi est une expérience unique douloureuse et euphorique tout à fait stupéfiante de beauté. Ton tour de tête était bien au dessus de la moyenne d'ailleurs ce qui a affolé le corps médical mais pas ta mère et dans l'obscurité de la nuit sur la table de travail c'est avec un amour insensé que je t'ai mis au sein pour que tu goûtes toi aussi au bienfait du lait s'écoulant de mes veines chargé de toutes les pensées douces et enveloppantes qui t'étaient adressées au goutte à goutte.

Ma mère, elle, ne m'a pas prise dans ses bras ni même regardée ou alors d'un œil rapide pour de toute façon me trouver laide née avec la tête toute molle en forme de poire à force d'avoir eu à lutter pour prendre l'air du dehors. J'en porte encore la trace finalement...

Pour toi, mon dernier lascar les choses se déroulèrent à l'emporte pièce autant d'histoires que d'enfants c'est de bonne guerre. Quand j'ai senti l'heure venue je suis allée à l'hôpital c'est un grand noir en blouse blanche qui m'a reçue je me souviens bien en me disant après m'avoir auscultée cavalièrement : » - Mais non Madame, ce n'est pas pour maintenant ! - Si, vous dis-je croyez moi sur parole, il veut sortir je le sais. - Dîtes donc, c'est vous peut-être la professionnelle ? - Pardonnez cher Monsieur mais combien d'enfants avez vous mis au monde ?- Hum, bien plus d'une centaine. - Moui, je vois, ce n'est que mon troisième c'est peu en comparaison mais à la différence prés c'est que c'est de MON ventre qu'ils sortent, croyez-moi it's time ! » Deux heures après je t'avais contre moi la même émotion intacte le même délicieux délire la même impulsion nourricière le même élan le même enivrant vertige. Quand tu me prends dans tes bras maintenant et que tu viens cueillir un câlin rassérénant je tremble de plaisir à l'intérieur comme l'onde d'une harpe et je frémis des fibres, mon ventre se souvient mes glandes mammaires aussi.

Maman n'a pas pu nourrir ce lien fort entre elle et moi, elle n'a pas pu pas voulu pas su et parce que c'était pour moi peut-être une occasion unique de faire autrement une chance inégalable aussi de retrouver la trace du manque, je vous ai donné jusqu'à plus soif, ce que je vous ai transmis vous me l'avez rendu au centuple et tous les jours qui passent encore, je suis née à chaque fois à chacune de vos naissances, mise au monde, merci.