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30/06/2012

correspondance

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On ne s'écrit plus. Avec internet on se parle, on se "mail" voire on se "hotmail". Avec les portables on se "sms", se "mms". On chatte, on skype mais on prend que rarement sa plume pour écrire une lettre ou une carte postale, ça n'est plus dans l'air du temps. Pourtant, quel bonheur j'ai eu hier matin en recevant une lettre manuscrite de mon amie Laure. L'objet en lui-même m'a émue. La délicatesse des arabesques sur le papier et puis le contenu, une lettre parait plus intime, plus personelle, plus physique aussi. Imaginer la personne aimée entrain de l'écrire est déjà tout en soi un poème. Bon, c'est vrai qu'avec toutes les possibilités de communication rapide, la tentation est forte de rédiger un petit mot sur son clavier pour exprimer son attachement et l'intérêt que l'on porte à quelqu'un, d'autant que si cette personne est à l'autre bout du monde, la simultanéité a son charme aussi, elle permet une sorte de conversation. Avec le décalage horaire, il y a un plaisir alors proche de la correspondance, l'attente. L'attente de la réponse. Mais il y a une sensualité dans l'écriture à la main impossible à rendre, quand le pouls s'accélère, quand l'émotion est là. L'expression du premier jet, c'est si délicat. J'aime ça. Il faut d'ailleurs une belle complicité pour se permettre de s'écrire ainsi, c'est sans doute ce qui me touche le plus dans cet acte d'écrire, la confiance que l'on a d'être lue comme il faut, d'être entendue, d'être comprise et de rentrer dans le monde de l'autre à pas feutrés, goûter à son intimité pour mieux l'aimer. En s'écrivant davantage, on s'aimerait davantage encore, peut-être...

 

 

11/04/2011

Laure K

 

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" Un ami est celui qui te laisse l'entière liberté d'être toi-même."

- Jim Morrisson -

 

Je ne sais plus exactement comment et quand on s'est rencontré, ce que je sais c'est qu'on se rencontre à chaque fois qu'on se voit, qu'on se lit ou qu'on se parle. L'amitié entre femmes m'a été difficile et presque impossible longtemps; sans doute parce que la figure de référence m'avait trop profondément trahie et que l'autre figure ayant accompagnée de près ma vie m'a elle aussi par la force des choses, trompée. Je retrouve d'ailleurs chez Laure K, ces traits communs à ma petite soeur quatre ans plus jeune que moi, physiquement un peu dans la manière d'être à l'espace et dans la façon de vivre et de se vêtir et aussi dans certains traits de caractère que j'apprécie; comme la volonté, l'appétit, la générosité, l'altruisme, la créativité. Laure K possède en elle une sorte de grâce qui me touche et que je ressens profonde, rien que déjà dans la façon quelle a de mouvoir ses mains fines et racées, à son image et ce que j'en perçois. Et puis, je me sens "être" auprès d'elle et avec elle, sans détour, je me sens accueillie. Laure est de cette nature d'individu qui accueille et recueille, sans doute en partie pour se rejoindre elle -même, et sans doute trop parfois à s'en brûler les ailes; je ressens une puissante demande d'affect chez elle également parce qu'elle est mienne aussi. Nous sommes amies et cette amitié me nourrit, m'importe, me touche et m'ouvre à des horizons insoupçonnés et à des joies nouvelles, tendres et inspirantes. Merci à elle d'exister. Merci à elle de me permettre d'être dans son existence cette importance.

 

08/04/2011

Pina

 

 

 

" Quand on y regarde de près, tout provient d'un incoercible besoin d'amour ."

- Pina Bausch -

 

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" Se lever, s'affaler,

tituber, s'effondrer,

se dérober, bondir, pirouetter,

s'affaisser sur soi-même,

rouler, chercher protection,

s'endurcir, se tendre,

s'entrelacer, prendre par l'épaule,

se toucher et s'éloigner l'un de l'autre,

se laisser soulever, porter, tomber,

baisser la tête, pleurer, rire, exulter, glousser,

éclater de joie, pouffer, sangloter,

glisser, trébucher, faire la galipette, foncer...

aller, marcher, courir, cavaler, s'arrêter,

rester immobile..."

 

- Wim Wenders - Discours pour Pina - 

 

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J'ai pas aimé la 3D, c'est pas le poids des lunettes qui donnent un air venu d'ailleurs, c'est que ça donne à l'image un côté tellement réel et saisissant que ça en devient complètement irréel et que ça amenuise l'émotion, ça la détourne, ça l'empêche d'éclore, en tout cas pour moi.  Evidemment c'est sans aucun doute une prouesse technique, et c'est absolument bien filmé, mais, mais, mais, ça oblige à rester finalement, dans l'image, alors qu'on aimerait pouvoir s'en éloigner pour laisser son coeur respirer, parce que Ah! Pina! par exemple! je ne connaissais rien de son univers, de son travail, de sa présence à cette grande dame de corps, je l'ai découverte par bribes grâce à Laure mais je n'en soupçonnais pas la consistance, l'ardeur, la lucidité, et ce fut pour moi une révélation.

Elle aime révéler les corps sous tous les angles pour en extraire la quintessence, la force tragique non sans humour d'ailleurs, il y a même parfois l'intervention d'un burlesque à la Buster Keaton, elle arrive à merveille à exprimer le drame d'être né et le désespoir d'aimer. Le monde de Pina est un monde où l'on danse et parle, où on joue l'amour, la vie, la mort, un monde qui interpelle, qui pose des questions, qui transcende. Sa danse est démesure. Elle ne se mesure pas, elle arrache à l'individu l'essentiel de lui-même, sans autre intermédiaire que son corps et sa voix. Les choix musicaux accompagnent magnifiquement son message, ce faire-voir qui fait voir.

 

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 En deçà de cette fascinante découverte, et au-delà de la 3D, j'ai été particulièrement touchée par cette passion commune de tout ce corps de ballet qui ne fait qu'un avec son mentor, l'insufflatrice Pina, le regard au travers de de Pina, on sent l'amour partagé, on sent l'émulation et la capacité à saisr sa chance pour donner plus et ainsi recevoir. On sent l'aventure humaine. Chacun de ces témoignages est une bouffée de profondeur, d'humanité. Tous disent d'une même voix ce que ce chemin avec cette grande dame leur a apporté, ce dépassement de soi dans la douleur, le doute et la joie, cette découverte de l'impossible, de l'indicible qui devient gestes, mouvements, grâce. Ils se dégagent de ces visages une sérénité, une congruence de toute beauté. Et c'est sans doute le plus beau message de cette artiste exceptionnelle, perdurer d'âme en âme en permettant à l'autre d'exister.

 

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- Pina Bausch -

 


 

 

* Merci Laure. Laurence en parle aussi, ainsi qu'Alex, ici.