07/02/2010
appréhension
La note de Sandy avec son histoire de lapin, la semaine de cadeau de Didier toute en douceur, le "fuck" de Rainette et la planche de vérité chez Terrible ont temporisé ces quelques jours d'angoisse.
Le corps, on y pense pas forcément, je veux dire inside, quand tout fonctionne et marche normalement on ne se préoccupe pas de ses viscères, pourtant quand on y songe quelle mécanique étonnante et quelle chimie effarante. J'ai mal depuis quelques mois déjà à l'abdomen, le stress auquel je suis confronté depuis ces deux dernières années ma tordu les boyaux et griffé la paroi de l'estomac générant des ulcères que je croyais réservé aux hommes d'affaires trop affairés, le toubib me traite mais rien n'y fait, pas le bon médoc peut-être pas assez de détente et d'exercices respiratoires zens, trop d'épices dans la cuisine ou alors autre chose encore, la médecine est précise et a à son actif maintenant nombre d'outils sophistiqués pour en savoir plus, me voici donc programmé pour un examen de l'intérieur du ventre sous anesthésie générale, j'ai peur. Je ne sais si j'ai plus peur de l'examen ou du résultat, hum, ou de passer l'arme à senestre, c'est pourtant pas la première fois qu'on m'endort ni la première fois qu'on me visite de dedans ni la première fois que je m'allonge de gré ou de force sur un billard...Un genre cadeau empoisonné que cette appréhension en sus déjà de celles qui me sont familières.
En parallèle et avec cette dose d'introspection qui m'est habituelle aussi je m'interroge du coup sur cette machine que nous sommes dont on ne mesure pas la complexité et la préciosité, c'est notre capital au fond. Plus jeune j'étais fascinée par les planches d'anatomie, d'ailleurs avec la psycho et la physiologie le cours "d'anat" est un des cours que j'ai suivi le plus assidûment pendant mes deux premières années de médecine, j'adorais ça, comprendre du dedans, je continue à m'y intéresser d'une autre manière me plongeant plus volontiers dans les états d'âme de mes contemporains et les miens, comme aujourd'hui d'ailleurs, car paradoxalement cette peur générée par ce qui m'attend me fait prendre conscience de mon état de vivant, un mal pour un bien, le présent pourri qui en devient un pour de vrai, comme tout peu changer de couleur et de saveur pour peu qu'on l'appréhende de façon constructive, on a toujours à apprendre de soi, de l'humain mais je ne vais pas à l'hosto avec alacrité quand même, j'avoue...
Je me sens un peu fragile et vulnérable pour être tout à fait honnête, je me demande ce qu'il peut bien se passer et bien sûr je me fais des films catastrophes, je regarde mes enfants et je pleure, je me dis qu'à la veille de mes quarante cinq ans je n'ai encore rien fait qu'il me reste encore tant à faire, pour faire court je pense au pire et j'ai pas le droit de plus de noyer mon spleen dans l'alcool, c'est pas bon pour ce que je traîne, la boucle est bouclée, fuck! Bon, maintenant que j'ai pu tout écrire ou presque je me sens un peu mieux, et vais me faire couler un bain cadeau du Dimanche, un bon bain brûlant aux huiles essentielles comme la vie...
08:24 | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : pensée du moment, humeur, peur, fragilité, anatomie, corps, organes, digestion, somatisation, ventre
Commentaires
Allez courage on vous accompagne tous dans ce moment d'absence à soi qu'est l'anesthèsie et quand on se réveille c'est comme si cela n'avait pas existé et dans des tas de cas tout est absolument normal alors après envoyez moi un mail...
Écrit par : laurence | 07/02/2010
Merci à vous Laurence, je ne manque pas de courage j'ai juste peur un peu comme une enfant c'est étrange je sais bien que ce n'est pas ce qu'il faut faire s'en faire mais qu'y faire quand c'est là?
En attendant jeudi je vais continuer à vivre, même mieux je vais vivre le plus intensément possible chaque minute pas d'autre alternative et m'apitoyer sur mon sort n'a jamais été dans mon registre très longtemps n'empêche qu'un coup de blues de temps en temps c'est incontournable...
Promis je vous envoie un mail au réveil! En attendant j'ai un cadeau à faire...
Écrit par : helenablue | 07/02/2010
Je crois que c'est une réaction normale, Blue, mais il vaut toujours mieux savoir qu'être dans l'ignorance.
Nous sommes avec toi.
Bises, Blue.
Thierry
Écrit par : Bluebird | 07/02/2010
Oui, c'est vrai Thierry, savoir rassure car on a vite fait de se faire des idées et évidemment les pires, exprimer sa peur, l'écrire et ne pas avoir honte de la vivre aussi aide, et puis aussi relativiser avec humour et légèreté autant que possible.
Là je viens de lire dans le journal un entre tien de Depardieu pour la sortie du film sur Dumas, et tu sais ça m'a redonné la pêche, même au travers de ses mots il arrive à insuffler de l'énergie cet homme là, c'est dingue, non?
Écrit par : helenablue | 07/02/2010
Au Québec, y'aurait fallu que tu attendes dans une clinique sans rendez-vous quelque chose comme euh trois quatre heures minimum pour voir (ou entrevoir, selon le positionnement des astres et le bagage psycho-socio-génétique de l'individu en service) un toubib omnipraticien jadis affectueusement nommé "médecin de famille" qui te traitera en moins de temps qu'il ne faut pour enlever ton manteau et le remettre tout de suite après. Au préalable, bien entendu, dans cette salle d'attente remplie à pleine capacité, tu auras non seulement fait le ménage de ton sac à main et tenté de lire un bouquin (trop de bruit hein et puis bon, tu files peut-être pas pour ça t'es malade), mais tu auras, donc, concocté avec grand soin une petite liste des symptômes du mal qui t'afflige. Pour passer le temps? Que nenni! Pour rentabiliser au maximum la consultation, bien sûr. Timides et alanguis de ce monde, attachez votre tuque avec de la broche. C'est pas le temps de prendre son temps. Exit les préliminaires de courtoisie et d'aimabilité du genre bonjour-docteur-vous-allez-bien-pas-mal-de-boulot-aujourd'hui-hein-ah-oui-vous-devez-avoir-de-longues-journées-pis-y'a-même-pas-de-fenêtre-dans-votre-bureau-ça-c'est-dommage. Nanon. Tu te garroches dans le vif du sujet, bing bang!, tu résumes ton cas en des termes clairs, justes et précis. Saisissants, même. Et encore là, faudra que tu sois vigilant : certaines cliniques sont munies, sur un mur de la salle d'attente, d'un superbe afficheur électronique dont le message défilant est rien de moins que "Pas plus de deux symptômes par visite". Ouais madame. Dans ces cas-là, faut que tu organises dans ta tête un concours du symptôme qui possède le plus haut degré de souffrance. Évidemment, tu entends des voix. Moi! Moi! Moi! Moi! Moi! Ça te déchire, mais tu dois n'en choisir que deux. Les autres sont en tabarnak parce qu'ils devront se farcir une autre visite pénible, mais tu les tétanises en leur déclarant que t'as pas rien que ça à faire et que ça va probablement aller à l'année prochaine. Bon. Ça c'est la première étape. Quand t'as retiré ton manteau, tu te dépêches à dire qu'un pyromane a élu domicile dans ton ventre et que tu crames par en dedans 24 sur 24, 7 sur 7. Une tor-tu-re! Et t'en peux pluuuuus! (Les points d'exclamations servent à s'exclamer? Fait que tu t'exclames.)
Tu sors de là avec un petit papier de consultation pour un gasto-entérologue.
Deuxième étape : le téléphone. Tu veux un rendez-vous au plus sacrant, n'importe où. La réceptionniste te dit qu'il faudra rappeler à la fin mars, début avril, quand elle connaîtra les prochaines plages horaires des docteurs. Ben oui, madame. Parce que c'est complet jusqu'en juin.
— Vous pouvez pas mettre mon nom sur une liste et me rappeler?
— Oh non. C'est pas d'même que ça marche. (Sous-entendu : T'es folle crisse. Ça me ferait ben trop d'ouvrage)
Fait que tu essaies ailleurs. Le scénario est pas mal pareil.
Tu te dis ouin. Je pourrais aller à l'urgence. Mais hum. Si une fracture ouverte peut attendre jusqu'à quatorze heures avant de voir du personnel soignant, je suis bonne pour une couple de jours certain. Pis t'as pas tort.
Fait que tu ouvres ton agenda et tu tournes les pages jusqu'à la fin mars. Tu notes en grosses lettres carrées : appeler r-v gastro. En plus de ça, tu te mets un ti post-it sur le réfrigérateur. Cela va de soi : tu trustes ni la colle ni l'aimant en forme de fraise que tu as placé dessus. Fac tu fouilles dans l'armoire à balai et tu prends le gaffer tape. C'est pas ce qu'il y a de plus esthétique du gaffer tape sur la porte d'un réfrigérateur, mais au moins ça va tenir.
Et t'espères en faire tout autant.
* * * *
Blue, sois forte! Et je sais que tu l'es. Je suis avec toi en pensées. Et j'espère que ça va bien se passer. En fait, je ne pense pas. J'en suis certaine.
bises de loin mais de proche
Écrit par : Gordon | 07/02/2010
Ah, le bain, j'y vais aussi dans 5 minutes - mais je prends avant le temps de t'écrire. D'abord, cette petite phrase qui fait tilt : " me plongeant plus volontiers dans les états d'âme de mes contemporains et les miens", le "ET" me semble d'importance primordiale, il faut que ça résonne des autres à toi et de toi aux autres, ne fais pas comme tant de gens qui préfèrent regarder les autres pour mieux ne pas se voir eux-mêmes !
Ensuite, deux conseils, stop sur les épices et l'alcool, net. Puis, à savoir : beaucoup d'ulcères sont dûs à des bactéries suracidificatrices, le souci n'a quasi pas grand-chose à voir là-dedans, contrairement aux idées reçues. Le frère de mon Monsieur l'Homme en avait plein l'estomac, tout s'est bien arrangé. Le moment va être désagréable et dur à passer, je vais penser à toi et te soutenir moralement, c'est tout ce que je peux faire, te dire ma non-indifférence, c'est quasi rien mais si ça t'aide....
Pris à temps ça se soigne très bien, il faut juste assainir en même temps son mode d'alimentation.
Bon courage Blue, et bonne chance, tout va se passer comme il faut. Ce sont des pros qui te prennent en charge, ok ? Ils feront ce qu'il faut, et tu vas nous revenir.
Soignée. C'est bon de ne plus souffrir, quand on a eu mal. Pense à ça : la douleur va te quitter. Et c'est ce qui compte.
Bises.
Écrit par : anne des ocreries | 07/02/2010
Tsé Sandy, à te lire, je me sens presque une reine...
Je dois dire que de ce côté je suis vernie, ben la gestion de la santé par chez vous, c'est pas du gâteau et bonjour l'humain là dedans, bosser à l'hosto ça doit pas non plus être rose... vernie disais-je parce que dans mon court parcours en médecine j'ai gardé de fortes relations avec des gens rencontrés alors, le gastro est un pote, quoiqu'offrir ces orifices et ces méandres intestinaux en spectacle n'est pas forcément un plaisir mais bon il en voit tellement et l'anesthésiste est une potesse de longue date, j'étais étudiante baby-sitter de ses enfants et on ne s'est plus jamais perdue de vue, alors de quoi puis-je donc me plaindre puisque tout cela va se faire en famille si je puis dire...
N'empêche!
C'est un peu apocalyptique, non, de par chez vous. Genre le tableau des pas plus de deux symptômes, faut avoir le sens de la formule, parce que quand ça crame ça dégénère d'un peu partout même que des fois il y a le feu au lac...
****
Oui, je sais que tu sais, je le suis, merci pour tes pensées et tes certitudes belle amie, ça m'étaye encore davantage.
Pas de distance pour la pensée, encore moins pour celle du coeur...
Entends-tu le bruit du gros "smack" que je t'envoie?
xxx
Blue
Écrit par : helenablue | 07/02/2010
Anne, ma soeur anne, comme est douce à mes oreilles ta musique en ce début d'après-midi... Mon bain m'a fait le plus grand bien, je t'en souhaite la pareille...
Moui tu as raison pour les ulcères c'est une bactérie mais les noeuds dans le grêle et la dureté parfois de la paroi comme si j'avais abusé des abdos, là il y a comme une énigme, d'où les examens approfondis si j'ose dire. De fait je crois que ce qui m'effraie le plus c'est la coloscopie parce que la fibro j'ai déjà donné, bon, y'a peut-être des vieilles histoires qui traînent on est corps et esprit et le corps aussi se souvient, il s'avère que comme l'homme qui va intervenir me connaît et connaît parfaitement mon histoire aussi, sans doute ça aide. Ca me remue profond et profondément au delà sans doute du raisonnable, et ça me ramène à des choses pas jolies jolies, tu sais de quoi je parles. Mais je peux pas mettre mon cerveau dans un placard pour quelques jours, alors, j'en profite pour en apprendre encore davantage sur moi, comme tu dis le ET a toute son importance...
Oui, quand une douleur cesse, ou une tension, là vient le plaisir...
Bises soeurette.
Blue
Écrit par : helenablue | 07/02/2010
Tout va bien puisque tu sais que tu t'inquiètes; Même ceux qui font le malin à longueur d'année n'échappent pas à ces excès d'inquiétude. Et après ça les fait marrer, pas fiers.
N'oublie pas de nous faire partager ces rires le moment venu ;-)
Bises
Écrit par : Claudio | 07/02/2010
:-), l'avantage de ne pas trop se prendre au sérieux, right?
l'humour comme l'amour sont de puissants antidotes...
Écrit par : helenablue | 07/02/2010
C'est normal d'avoir peur de l'anesthésie, on se demande toujours si on se réveillera comme tu écris dans de plus joulis mots.
Cependant, si on regarde froidement les stats, c'est rare !
Des ulcères....autrefois, c'était peut-être une affaire d'hommes d'affaire mais ça a bien changé. Ma mère en a déjà eus et ils l'avaient guérie avec des antibiotiques. Paraît que ça se guérit de cette façon maintenant.
Ne t'inquiète pas trop pour le diagnostique, la majorité des maladies se guérissent aujourd'hui.
N'empêche, je penserai à toi dans les prochains jours, ça c'est assuré.
Bise ma Blue
xx
Écrit par : raynette | 07/02/2010
Merci dear, oui, je sais tout ça tout ce que tu dis de l'anesthésie et de ta mère et du touti quanti, oui il me faut être raisonnable et sérieuse et adulte et pas trop nunuche et et et et ...
Et puis tu sais comment dire ça me submerge en fait, ça me terrasse, rien de bien rationalisable sentir comme ça à ce point l'éphémère et le tangible, suis sans doute trop sensible ou trop fragilisée, ça va aller, un petit coup de mou...
Bises too.
Blue
Écrit par : helenablue | 07/02/2010
Oué, je savais bien que c'est à "ça" que ça te ramenait, moi qui ne vois jamais de toubib et ne peux pas me laisser toucher, même pour les soins les plus simples, ce qui m'a valu pas plus tard que jeudi une dent en moins et trois points de suture à cause d'un abcés remonté jusque dans le sinus, parce que depuis lundi que je hurlais ma douleur, j'osais as aller chez le dentiste....je connais chacune de tes peurs, et la gadoue que ça remue. Respires un bon coup et vas-y, ils prendront soin de toi, on te respectera, ça vaut le coup de ne plus souffrir. Courage, accroche-toi, je suis là tout près. Bises, passe un mail dès que t'es en mesure de, ok ?
Écrit par : anne des ocreries | 07/02/2010
Ok, biche, c'est pour Jeudi, en attendant j'essaie de m'aérer la tête tu sais...
Drôle j'ose te le dire moi qui ne regarde jamais, ben figures toi que d'après mon horoscope je dois faire une rencontre des plus savoureuses le 11, et que cela doit me transporter...
:-)
Merci de ton amitié et de ta présence.
Écrit par : helenablue | 07/02/2010
Dear Blue...
La vie peut nous être enlevée n'importe quand,
absolument n'inporte quand!
T'es-tu arrêtée un moment pour
songer un instant à toutes les calamités
et maladies qui peuvent pleuvoir
sur les véhicules spatio-temporels
propres aux âmes sensibles?
You know, when I think about it
j'me dis: fais ce que tu peux and
enjoy life au maximum. Have fun.
Nos jours sont comptés mais je m'efforce
d'en être conscient.
Conscient de ma chance,
de ma lucidité et de la différence
que je fais entre bêtise obscure
et opinion éclairée.
:-)
Bises,chère amie.
Y.
Écrit par : Yvan L. | 07/02/2010
Moi ça me fait rire, désolé.
Je pourrais mourir demain
ou dans vingt ans.
Si j'avais le contrôle sur ma propre mort
ce serait différent.
Écrit par : Yvan L. | 07/02/2010
:-)
Oh! Si ça te fait rire, y'a pas à en être désolé...
Moi, ça me fait rire moyen, mais je n'en perds pas moins mon humour soit sans crainte.
Pour le reste je te rejoins Dear Terrible, enjoy au max, have fun et vivre chaque instant le plus intensément possible, oui.
Kiss.
Blue
Écrit par : helenablue | 08/02/2010
Hey, hey! :) Je publiais le 30 janvier ceci : http://confessionsdunmalecommode.blogspot.com/2010/01/resonance-magnetique.html
Écrit par : Mâle Commode | 09/02/2010
glourps .... je connais cet Etat ... ces pensées qui t'envahissent, cette angoisse qui monte, ces emotions qui se cognent l'une à l'autre ..... heureuse d'être là aujourd'hui vivante à respirer les odeurs des huiles essentielles et malheureuse de savoir que tout peut chavirer ... trop vite.
mais en ce qui te concerne Grande et Belle Hélène .... je ne sais pas pourquoi mais je sais que tu vas devenir une très vieille dame , je ne sais pas pourquoi mais j'ai dans ma tête ton image dans 20 ans !
alors courage ....
Écrit par : alix | 14/02/2010
Alors Noble Alix, on se donne rendez-vous dans vingt ans ( j'espère avant :-) ...) et on en reparle, Ok?
Merci pour tes mots...
Bises.
LNA
Écrit par : helenablue | 14/02/2010
Les commentaires sont fermés.