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13/12/2012

Élévation

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- Niels Eisfeld -

 

 

Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées, 
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers, 
Par delà le soleil, par delà les éthers, 
Par delà les confins des sphères étoilées, 

Mon esprit, tu te meus avec agilité, 
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde, 
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde 
Avec une indicible et mâle volupté. 

Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ; 
Va te purifier dans l'air supérieur, 
Et bois, comme une pure et divine liqueur, 
Le feu clair qui remplit les espaces limpides. 

Derrière les ennuis et les vastes chagrins 
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse, 
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse 
S'élancer vers les champs lumineux et sereins ; 

Celui dont les pensers, comme des alouettes, 
Vers les cieux le matin prennent un libre essor, 
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort 
Le langage des fleurs et des choses muettes ! 

 

- Charles Baudelaire -

 

20/09/2012

Le Voyage

Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes, 
L'univers est égal à son vaste appétit. 
Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes ! 
Aux yeux du souvenir que le monde est petit ! 

Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme, 
Le coeur gros de rancune et de désirs amers, 
Et nous allons, suivant le rythme de la lame, 
Berçant notre infini sur le fini des mers : 

Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ; 
D'autres, l'horreur de leurs berceaux, et quelques-uns, 
Astrologues noyés dans les yeux d'une femme, 
La Circé tyrannique aux dangereux parfums. 

Pour n'être pas changés en bêtes, ils s'enivrent 
D'espace et de lumière et de cieux embrasés ; 
La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent, 
Effacent lentement la marque des baisers. 

Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent 
Pour partir, coeurs légers, semblables aux ballons, 
De leur fatalité jamais ils ne s'écartent, 
Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons ! 

Ceux-là dont les désirs ont la forme des nues, 
Et qui rêvent, ainsi qu'un conscrit le canon, 
De vastes voluptés, changeantes, inconnues, 
Et dont l'esprit humain n'a jamais su le nom.

 

- Charles Baudelaire -

 

05/05/2012

La musique creuse le ciel*

 

Charles Baudelaire

 

18/11/2009

La musique

Merci Giulio.

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La musique souvent me prend comme une mer!
Vers ma pâle étoile,
Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther,
Je mets à la voile;

La poitrine en avant et les poumons gonflés
Comme de la toile
J'escalade le dos des flots amoncelés
Que la nuit me voile;

Je sens vibrer en moi toutes les passions
D'un vaisseau qui souffre;
Le bon vent, la tempête et ses convulsions

Sur l'immense gouffre
Me bercent. D'autres fois, calme plat, grand miroir
De mon désespoir! 

 

- Charles Baudelaire -