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03/05/2012

Grand-papa

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Grand-papa a été un grand homme, droit comme l'épée d'un roi. Petits, mes garçons l'appelaient "Gros-papa", il faut dire que c'était plutôt un bon vivant au bon coup de fourchette, toujours soucieux du bien-être des gens qu'il aimait, généreux, convivial, ouvert, un excellent grand-père. Un sacré père aussi, les liens qui l'unissaient à ses fils ont toujours été denses et sincères et ceux qu'il a entretenu avec sa fille qu'il chérissait, à son image, protecteurs et aimants. Ses amis adoraient son enthousiasme et tout le monde a profité largement de son humour, de son immense gentillesse et de son féroce appétit de vivre. Il a toujours été là pour chacun d'entre nous. Me concernant, grand-papa a été un beau-papa formidable. Il m'a accueillie telle que j'étais et m'a toujours encouragée à devenir celle que je suis. Il m'a accordé sa confiance et son estime, précieux cadeaux pour quelqu'un qui en avait cruellement manqué, il a toujours porté un regard bienveillant sur ma façon d'être femme et celle d'être mère. Je l'ai beaucoup aimé. Je vois encore la toute première fois où je l'ai rencontré, comme il m'a impressionnée! Fier, père de famille respecté, drôle, il en imposait mais avec toujours une sorte de douceur dans sa manière d'être, cette sensibilité qui le caractérisait. Il fallait voir avec quel entrain il nous emmenait tous manger un couscous, son plat préféré qui lui rappelait son enfance en Algérie et comment il était touchant quand dans nos virées parisiennes il nous montrait les ponts qu'il avait construit sur la Seine avec toutes les histoires pour chacun d'eux. Il aimait ça les histoires tout comme il aimait les voyages et les autres horizons et puis les fleurs, les plantes et les odeurs. Un homme merveillleux vient de nous quitter et nous nous retrouvons d'un seul coup tous comme orphelins. Néanmoins je sais que ce qu'il nous as transmis est à jamais gravé et qu'ainsi il vivra en nous pour l'éternité. Requiescat in Pace.

 

17/02/2010

page d'histoire perso

Ma grand-mère maternelle vient de mourir, 94 ans bien malade depuis un bail, elle n'avait plus toute sa tête, après une agonie d'une dizaine de jours insoutenable pour ma mère elle a rendu l'âme dans cette solitude qui a toujours été sienne au fond. La dernière fois que je l'ai vue ce n'était pas dans des circonstances légères, je venais alors lui demander des comptes par rapport à son inactivité face aux troublantes et incestueuses activités de son pédophile de mari, une entrevue pas banale et assez violente qui ne lui avait pas franchement plu ce que je peux comprendre avec le recul maintenant et qui nous a laissées elle et moi comme ça sans réaction ni d'un côté ni de l'autre pendant une quinzaine d'années. Depuis son décès je fais des rêves nouveaux, elle m'apparaît plus jeune avec sa permanente à laquelle elle tenait tant et ses mains rougies par le travail mais surtout des souvenirs remontent que j'avais occultés, des odeurs des sons des images, sa terrine de lapin aux pruneaux, ses petites tricheries aux cartes, ses câlins maladroits, son " ainsi font font font les marionnettes", le petit panier offert pour cueillir les cerises, le baiser obligé au crucifix au dessus de l'énorme lit bateau à l'édredon fleuri dans lequel je couchais parfois pendant les vacances scolaires... Une brave femme au fond, quatorze frères et soeurs, énorme famille régit comme un régiment tous à la baguette, ses parents n'étaient pas tendres du peu que je me souvienne, sa mère surtout, elle n'a pas eu une vie facile ni frivole travaillant à la ferme du matin au soir, c'est elle qui m'a apprise à traire les vaches, une vie de labeur de chaque instant mais elle ne se plaignait jamais, du moins je ne l'ai jamais entendu se plaindre. Je ne sais dire si je suis triste aujourd'hui de ne pas l'avoir revue depuis et je m'efforce de garder d'elle ce qui a pu et dû sans doute être bon pour moi malgré tout, ce qui me frappe par contre c'est l'attitude de ma mère son unique fille qui en perdant la sienne me sollicite plus que de coutume et se réintéresse à moi comme si elle prenait conscience d'un coup de l'importance de cette filiation. Pas pour autant que la relation soit simple, toujours compliquée et à double tranchant, pourtant je me sens plutôt apaisée et je crois que je commence à accepter cette part d'obscur en elle et tout ce à quoi elle a du elle aussi faire face même si je n'en aime ni les conséquences ni les dégâts collatéraux. Une autre page de l'histoire familiale se tourne, une mémoire s'éteint, une autre s'ouvre une sorte de soulagement bizarre, comme si ça s'épurait de soi-même, je le vois chaque fois un peu plus dans le regard aimant de mes enfants et dans celui que je porte sur la vie...