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23/04/2012

Le jour de la Terre

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Hier, quelle coïncidence, Christian m'informait que c'était le jour de la Terre et qu'au moment même où il m'écrivait les cloches de toutes les églises de Montréal sonnaient pour deux minutes, qu'une manifestation de plus de 100 000 québécois s'ébranlait et que même des femmes innues venues à pied de Malioténam y participaient. Moi, pendant ce temps j'étais abasourdie devant ma télé à ne pas croire le chiffre qui m'était annoncé. Le matin de ce Dimanche 22, j'avais visionné une interview réjouissante de Michel Serres à l'occasion de la sortie de son nouveau livre: Petite Poucette; ses propos m'avaient mise en émoi et m'avaient donné confiance, je suis tellement d'accord avec ce qu'il dit, c'est tellement bon de l'entendre. Et là, un 20% s'affichait, plus de six millions de français avaient préféré la xénophobie, le repli sur soi, l'intolérance, l'étriqué, la préférence nationale, la régression, la démagogie, l'insensé. Les urnes avaient parlé.

Ce matin, au petit déjeuner, on était tous levés tôt, tous avec la mine défaite et avec un goût amer au fond du gosier, la démocratie n'est pas toujours aisée à avaler quand elle ne défend pas des valeurs auxquelles on tient de solidarité, d'humanité, d'intelligence. Chacun y allait de son couplet, chacun tentait de donner une explication à cette vague extrémiste de doite: l'ignorance, la peur, le ras-le-bol, l'ignorance surtout: comment peut-on penser que la voie pour une vie meilleure et une société plus juste est la mise à l'index de l'autre? Prendre ses responsabiités, c'est s'affirmer, c'est dire je ne suis pas d'accord, je veux autre chose pour moi, pour mes enfants; prendre ses responsabilités c'est oeuvrer pour que cessent ces idées préconcues, c'est s'ouvrir, c'est expliquer, c'est comprendre que le monde change et que rien ne peut plus être comme avant pour paraphraser la Marine, comment peut-il en être autrement?

Alors je repense à Michel et à son concept de petite poucette, et même si je n'ai plus vingt ans et si je ne suis pas aussi habile de mes pouces que mes grands enfants, je pense l'être de la tête, du moins je tente de l'être, je tente de comprendre ce monde dans lequel nous évoluons tous, dans lequel il nous faut exister, avec lequel il faut composer, je cherche à être au plus prés de ce que je veux vivre et de ce que je veux transmettre, au plus prés de ce qui me semble juste et justifié et je suis d'accord avec Serres: ce qu'il y a de mieux à faire c'est être soi-même et c'est bien ce que je compte revendiquer encore davantage même si j'ai toujours dit ça à mes fils depuis leur naissance: Be yourself! Je compte mettre tant bien que mal ma pierre à l'édifice à ce monde mouvant et spectaculaire et à cette aventure géniale qu'est la vie sur cette planète en montrant qu'il est possible de s'ouvrir aux autres sans craindre pour sa peau, qu'il est possible d'aimer la différence et de s'en enrichir, qu'il est souhaitable de s'aventurer et que la peur n'est pas bonne conseillère, la haine non plus, ni même la colère. Réagir n'est pas une solution, mais agir, oui, exprimer, partager et ne pas craindre de penser autrement, de penser plus grand, de penser plus vaste et plus aimant.

C'est tous les jours le jour de la terre, c'est ici, c'est maintenant.

 

04/04/2012

De ses doigts de peau, toucher la peau des choses...

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- René Magritte -

 

" Le peintre, du bout des doigts, caresse ou attaque la toile, l'écrivain scarifie ou marque le papier, appuie sur lui, le presse, moment où le regard se perd, le nez dessus, vue annulée par le contact: deux aveugles qui ne voient que par la canne ou le bâton. L'artiste ou l'artisan, par la brosse ou le pinceau, par le marteau ou la plume, à l'instant décisif, se livre à un peau à peau. Nul n'a jamais pétri, n'a jamais lutté, s'il a refusé la prise de contact, nul n'a jamais aimé ni connu."

- Michel Serres -

 

25/03/2012

"Il nous reste à inventer d'inimaginables nouvelles idées"

 

"Oui, depuis quelques décennies je vois que nous vivons une période comparable à l'aurore de la Paideia, après que les Grecs apprirent à écrire et démontrer ; semblable à la Renaissance qui vit naître l'impression et le règne du livre apparaître ; période incomparable pourtant, puisqu'en même temps que ces techniques mutent, le corps se métamorphose, changent la naissance et la mort, la souffrance et la guérison, les métiers, l'espace, l'habitat, l'être-au-monde...

Face à ces mutations, sans doute convient-il d'inventer d'inimaginables nouveautés, hors les cadres désuets qui formatent encore nos conduites, nos médias, nos projets adaptés à la société du spectacle. Je vois nos institutionsluire d'un éclat semblable à celui des constellations dont les astronomes nous apprirent qu'elles étaient mortes depuis longtemps déjà...

Je voudrais avoir dix-huit ans, l'âge de Petite Poucette et de Petit Poucet, puisque tout est à refaire, puisque tout reste à inventer. Je souhaite que la vie me laisse assez de temps pour y travailler encore, en compagnie de ces Petits, auxquels j'ai voué ma vie, parce que je les ai toujours respectueusement aimés."

 

- Michel Serres -