09/12/2012
Mon petit rien
- Marlène Dumas -
J'ai passé trois années à l'écrire ce livre, trois années à recoucher sur le papier tout un vécu et en faire une matière et, je l'ai laissé croupir dans un tiroir encombré de bilans, de vers, de billets doux, de procés, de romances... Hier soir au détour d'une conversation imbibée de jus de pomme fermenté, j'ai reparlé de moi, de ce parcours, de mon manuscrit, de cette volonté rageuse et scribale de dire. C'est peut-être du jus d'égo, peut-être. Quand bien même! Ce chemin je l'ai fait, ce roman en devenir est sur papier, libre, concentré. Je vais le reprendre et aller au bout, boucler la boucle et ainsi remplir le contrat que je m'étais fixé. Je le dois bien à la petite fille en moi, à mes fils et à tous les enfants à venir. C'est le moins que je puisse faire là où j'en suis.
15:39 Publié dans art de vivre, écriture, pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : petit rien, écriture, manuscrit, roman, avenir, parcours, partage, humain
16/05/2012
Dalva
Samedi dernier, dépitée de voir si peu de monde fouler le pas de ma boutique, je suis allée me remonter le moral chez mon petit libraire juste sur le trottoir d'en face. Je voulais m'offrir un John Fante que je n'ai pas encore lu et puis un livre qui m'avait été chaleureusement recommandé de Lise Bourgeois sur l'art. Quand je suis entrée il était en grande conversation philosophique avec un de ses clients, un vieux monsieur barbu, les cheveux en bataille, un pantalon de toile mastic un peut trop grand pour lui et un pull tricoté main dans une sorte de pourpre passé avec une voix tellement rauque que je n'arrivais pas à comprendre ce qu'il disait. N'allant pas me mêler d'une conversation qui semblait intime entre mon libraire et son client, j'ai attendu un bon moment avant qu'il n'ait pu enfin après quelques oeillades infructueuses entrer en contact avec moi. Il n'avait pas d'idée sur Fante, et ne pouvait pas m'aiguiller sur le livre par lequel je devais commencer. La littérature américaine n'est pas son cheval de bataille. Je lui ai demandé de m'indiquer le rayon où je pouvais trouver, je pensais me laisser faire, séduire, accrocher par un titre ou par une couverture quand voilà que son client bavard m'a emboîté le pas.
- Pourquoi ne lisez-vous pas l'original? Avant Fante, il vous faut lire Jim Harrison, franchement tout est bon chez lui vous ne pouvez pas vous tromper!
Pourquoi ai-je fait confiance à ce gars-là? Parfois les choses nous dépassent, sa dégaine, sa manière de parler ou la pile de livre qu'il avait à la main? Je suis repartie avec Dalva.
Hier, j'avais un aller-retour à faire sur Paris pour régler une petite affaire de coeur. Un vieil ami avait refait surface dans ma vie et j'avais besoin de m'assurer que mes sentiments pour lui étaitent toujours les mêmes et que les siens pour moi l'étaient aussi. Je devais en plus visionner une pré-collection de Martin Margiela, j'ai donc emmener avec moi Dalva. Ah! L'heure de train a filé comme pour rire, depuis Vautour et Valium de Christian Mistral, je n'avais été prise d'une telle frénésie et d'une jouissance à lire de cette puissance. Riche, truculent, vivant, humain et formidablement bien écrit, ce bouquin m'a scotchée tout le long de ma route et j'ai eu grande peine à le quitter pour vaquer à mes occupations, je n'avais qu'une hâte, c'était reprendre le cours de la vie de cette femme mitraillée par l'histoire, perdue au coeur d'un pays dont elle ne sait plus les frontières. "Le grand roman de l'Amérique éternelle, l'Amérique de la prairie et des forêts, écrit avec verve, passion, ironie." mentionne Bernard Géniès du Nouvel Observateur en quatrième de couverture. Poétique, lyrique, un régal, ça percute et ça glisse, de la musique, de la vraie...
Aujourd'hui, toujours avec mon livre que je dévore entre deux coups de sonnette pas très lucratifs, le temps n'est pas à la dépense pour ces dames qui attendent avec anxiété l'annonce du nouveau gouvernement comme si tout allait être mis sens dessus dessous avec l'arrivée d'un nouveau président, je décide de m'intéresser un peu plus à l'auteur de cette femme dont je suis déjà l'amie. Je tape sur Google et tombe sur des renseignements le concernant, forcément on trouve tout sur Google et puis sur une photo de mon protagoniste qui ressemble à s'y méprendre à celui qui trois jours auparavant m'avait conseillé cet ouvrage, stupéfiant!
- Jim Harrison -
19:57 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : livre, jim harrison, roman, rencontre, échange, littérature, partage, humain
01/04/2011
Precious
Je n'ai pas lu le roman "Push" de Sapphire dont le film s'inspire, je vais sans doute y remédier, d'après ce que j'ai pu en lire, ça devrait me parler et m'interpeller. Le film n'a pas bouleversé que l'Amérique, il m'a secouée moi aussi parce qu'il est vrai, ne sombre pas dans un pathos excessif et dans un blabla incessant, il prend aux tripes et il prend au coeur aussi. L'inceste n'est jamais franchement un sujet facile a aborder sans tomber dans le mortifère et le culpabilisant. Je me suis vite projetée dans le personnage de Precious magnifiquement interprété par Gabourney Sidibe, même si j'en suis fortement éloigné physiquement et socialement. Je me suis sentie proche de sa rage d'en découdre, de sa rage de vivre, de sa rage de combattre la haine de sa mère, la violence de son père, de son milieu, de ses propres peurs et proche de l'énergie que lui donne l'amour qu'elle porte à ses enfants et dans sa volonté profonde de faire autrement et d'être elle-même, humaine. C'est un film sur l'espoir, un film sur la vie, un film sur la volonté, un film d'amour. On sort de l'avoir vu grandi et énergisé malgré l'horreur et la cruauté du sujet. Précieux.
19:43 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : film, roman, inceste, écriture, vie, espoir, humain
11/08/2009
Naguib Mahfouz
«La souffrance a son côté de joie, le désespoir a sa douceur et la mort a un sens.»
- Naguib Mahfouz -
14:23 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : littérature, roman, voyage, passion