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19/08/2013

Le jardin des Tarots

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" Si la vie était un jeu de cartes nous sommes nés sans connaître les règles et nous devons nous satisfaire de ce que nous avons en main et jouer le jeu. Le tarot est-il seulement un jeu de cartes ou y a-t-il une philosophie derrière? "

 Niki de Saint Phalle -

 

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Le jardin des Tarots (Giardino dei Tarocchi) est un environnement d’art constitué de sculptures monumentales et situé à Garavicchio de Pescia Fiorentina, une frazione de Capalbio en Toscane. Il a été créé par l'artiste française Niki de Saint Phalle (1930-2002).

Basé sur les 22 arcanes du jeu de tarot, il a été réalisé entre 1979 et 1993. Construit avec la participation initiale du mari de l'artiste, le sculpteur Jean Tinguely (qui fit les structures), et avec l’aide de nombreux ouvriers, il fut ouvert au public en 1998.

 

" Je suis l'architecte du jardin, j'ai imposé ma vision parce que je ne pouvais pas faire autrement. Ce jardin a été fait avec beaucoup de difficultés, d'amour, d'enthousiasme fou, d'obsession et plus important de tout, rien n'aurait pu m'arrêter. Comme dans tous les contes de fées avant de trouver le trésor j'ai rencontré sur mon chemin des dragons, des sorcières, des magiciens, et l'ange de la tempérance."

- Niki de Saint Phalle -

 

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" L'impératrice est la grande déesse, elle est la reine du ciel, la Mère, la putain, l'émotion, le sacre magique et la civilisation. L'impératrice je l'ai faite dans la forme d'un sphinx. J'ai vécu pendant des années dans cette mère protectrice. Elle m'a servie comme centre pour mes rencontres avec l'équipe. C'est ici que nous buvions notre thé et café. Elle exerce sur tous une attraction. Fatale ! "

 

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" Au tout début du jardin, j'étais accablée par l'arthrite rhumatoïde et je pouvais à peine marcher et utiliser mes mains, mais j'ai continué. J'étais ensorcelée. Je sentais aussi que c'était ma destinée de faire ce jardin n'importe la grandeur des difficultés. 

Dans la carte de l'Impératrice, j'ai fait ma maison. Je vivais et je dormais à l'intérieur de la mère. Elle est devenue le centre du jardin.

L'immersion totale était la seule manière de réaliser ce jardin. le jardin des tarots n'est pas seulement mon jardin, c'est aussi le jardin de tous ceux qui m'ont aidé à le réaliser. "

- Niki de Saint Phalle -


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" La Justice implique se connaître soi-même. Pour être juste il faut pouvoir se juger soi-même, et rencontrer sa propre ombre, avec cette sagesse alors on pourra juger les autres et les situations avec un oeil de compassion. La vraie justice n'est pas aveugle, elle amène une vision d'universalité."

 

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"La tour de Babel. Certains appellent cette carte la maison de Dieu. Elle représente les constructions physiques et mentales qui n'ont pas des bases solides. la tour n'est pas seulement négative, elle donne une leçon. les fabrications mentales complexes doivent s'écrouler. Il faut casser nos murs mentaux et y voir à travers."

 

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" L'Ermite est le chercheur d'un trésor spirituel et il sait que la recherche doit se faire à l'intérieur de lui-même et à travers le coeur. L'oracle qui se trouve aussi au jardin est la version féminine de l'Ermite."

 

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" Le choix. Certains jeux de tarots appelle cette carte les amoureux. Adam et Eve était le premier couple de notre civilisation et ont fait le premier choix. C'est pourquoi j'ai choisi de les représenter dans cette carte. La carte implique qu'il y a un bon choix et un mauvais choix mais il faut se souvenir que nos erreurs peuvent parfois nous amener plus près de la vérité de nous-mêmes."

 

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" La Tempérance. j'ai eu beaucoup de difficultés à comprendre cette carte, c'était trop loin de ma nature passionnée. La Tempérance me semblait un compromis, le chemin du milieu. Un jour la lumière m'a éclairée, la Tempérance était le CHEMIN JUSTE. j'en ai fait un ange, de cette carte qui couronne la Chapelle de la Tempérance. A l'intérieur il y a une chapelle avec une Madone Noire et beaucoup de miroirs qui reflètent le cosmos. La réflexion de la réflexion."

 

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" La lune est la carte de l'imagination créative et de l'illusion négative. La lune est une carte intérieure, passive, mystérieuse, énigmatique. La lune affecte les marées des océans, les règles des femmes, l'accouchement et toute chose en rapport avec l'eau. La lune peut-être périlleuse ou offrir un pouvoir d'imagination."

 

" Le tarot m'a donné une grande compréhension du monde spirituel et des problèmes de la vie et aussi un éveil aux difficultés qui doivent être surmontées pour qu'on puisse aller à la prochaine épreuve et à la fin du jeu trouver la paix intérieur et le jardin du paradis."

- Niki de Saint Phalle -


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17/08/2013

La dolce vita -2-

Bomarzo derrière nous, Bomarzo en nous, nous avons continué notre périple ni tout à fait les mêmes, ni tout à fait autre. La Toscane et ses trésors nous attendaient et nous nous faisions une joie dense de la retrouver. Sur la route, tout ébouriffée par le vent et la vitesse, je repensais à cette toute première fois où j'avais foulé cette région, j'étais en pâmoison tant l'émotion alors avait été débordante. Ce moment de défaillance d'ailleurs fut suivi d'une sorte d'hystérie boulimique à tout vouloir voir et tout vouloir goûter et tout vouloir sentir. Avec l'âge, je me suis calmée. Mais à vingt ans quand on découvre toutes ces beautés, tous ces paysages ponctués de cyprès qui semblent converser à ciel ouvert avec les dieux, ces façades ornées, ces bâtisses intemporelles et puis la vie à l'italienne, on ne peut être que transporté.

J'étais partie avec, en autres, dans ma valise de livres que j'emporte chaque fois que je pars où que ce soit,"L'éloge du sensible" d'Elisabeth Barillé, petit livre qui m'avait été conseillé ici par quelqu'un ou quelqu'une qui manifestement me voulait du bien. J'ai beaucoup aimé. "Pour en revenir au bonheur, écrit-elle, il ne réside pas dans les choses mais plutôt sur leur trajectoire vers notre conscience. Sur la manière dont ces choses l'éclairent ou la décapent."

Nous nous sommes enfoncés dans La Montagnola, terre sauvage de forêts impénétrables, percées de forteresses médiévales endormies dans l'histoire. Après le calme lunaire des "Crete Senesi" ou nous avons fait une halte quasi gastronomique dans un petit village perché en hauteur dont le nom ne me revient plus mais d'où la vue était juste magique douce et grisante sur ce qu'on nomme depuis le moyen âge le désert d'Accona, paysages rendus célèbres par la peinture de Quattrocento si émouvante, le contraste était saisissant. Le tartare di vitello était juste divin et l'assiette d'anti-pasti à se damner, ajouter à cela le gouleyant d'un rosato bien frais et c'est le paradis ! Pas eu de souci pour faire venir à ma conscience le plaisir d'être là et pour l'exprimer en mangeant de bon appétit.

Nous rejoignions alors Sovicille où nous attendaient de vieux amis connus ici dans le Nord. Lui, italien de naissance et père napolitain est l'italien lover par excellence. Passionné de voiture et évidemment pas n'importe lesquelles, plutôt de marque finissant par un "i", est terriblement touchant quand il en parle. Ces deux fils en sont dingues aussi et sont capables de dessiner de mémoire sur un coin de table tous les symboles des chouchous de leur père. Se balader en Italie est un grand moment mais se balader en Italie avec un italien c'est énorme, comme dirait Luchini ! Mario de son petit nom nous a fait découvrir plein de jolis coins et un certain nombre d'endroits typiques et historiques comme ce petit bijou qu'est le cloître de Torri, introuvable dans nos guides et pourtant trésor de l'art roman. L'ensemble à petit échelle est un modèle d'équilibre et d'orfèvrerie par la finesse de ses colonnes de marbre blanc-rosé dont certaines sont biseautées supportant d'élégants chapiteaux blancs ou noirs. Ce cloître à bien des égards comme l'emploi de motifs géométriques, d'entrelacs et de tresses n'est pas sans rappeler l'art de l'islam mêlé d'influences lombardes et byzantines. Un ravissement.

Puis, déjà bien rassasiés d'émotions esthétiques et de délicieuses bruschettas, nous avons décidé d'aller tous voir et revoir Sienne, là où toute la famille de Mario a maintenant élu domicile et fait partie d'une des "contradas" de la ville qui ne vit que pour la fameuse fête en Août du Pallio delle Contrade, la fameuse et la plus célèbre et la plus courte aussi course de chevaux à se dérouler en plein coeur d'une ville. Mario nous en parlera avec des trémolos dans la voix, nous expliquant à quel point c'était important, à quel point chaque participant y met tout son coeur, les costumes, les étendarts, les tambours. Il ne loupe jamais une seule fois ce moment là. Une fête laïque religieusement suivie. Sienne, couleur terre brûlée. Sienne et sa place en biais envoûtante. Sienne et son lacis de ruelles imbriquées, débouchant tantôt sur une placette, tantôt sur une fontaine secrète ou un palais vieux rose aux murs enkystés de blasons comme le Routard le souligne si délicieusement. Le Palazzo Publico qui emporte par la qualité de conservation de ses magnifiques fresques du XIVe et XVIe siècles délivrant les messages philosophiques et politiques de la cité médiévale notamment dans la Salle dîte de la paix où les fresques d'Ambrogio Lorenzetti, peintes en 1337 offrent une magistrales allégorie sur la bonne et la mauvaise gouvernance, prônant l'importance d'une justice équitable et d'un gouvernement mesuré. Tout cela est d'une grande modernité. Et c'est toujours ce que chacun attend, de la mesure et de l'équité. Mais nous sommes  tellement toujours traversés par tant de contradictions, de paradoxes, agis contre non bon-vouloir, loin de nos idéalismes, compromis et malheureux de l'être. Tout ça, depuis la nuit des temps. Quand l'humain arrivera-t-il à comprendre que l'avenir réside dans la compréhension de l'autre, dans la tolérance, l'empathie, l'échange, le respect et la richesse des différences. Je ne sais pas. Mais devant les fresques de Sienne, en parenthèses, devant toute cette beauté, cet équilibre, cette intemporalité, je me suis interrogée sur ce rôle que je pouvais jouer, sur celui que chacun peut avoir dans ce grand film qu'est une vie, grand et si court aussi.

En 1955, Niki de Saint Phalle a flashé sur le parc Güelle de Barcelone. Elle avait aussi adoré les jardins de Bomarzo. Son horoscope l'a convaincue que ses personnages aux formes rondes et lisses devaient s'exprimer dans la nature. Un songe devenu réalité. Notre prochaine étape. Le jardin des Tarots qui présente au milieu des chênes verts et des oliviers une douzaine de gigantesques personnages en mosaïque dans lesquels on entre, on monte, on se voit. Une étape ludique et artistique que nous ne pouvions pas ne pas entreprendre, pour l'amour de l'art et celui des jardins et celui non des moindres, des découvertes imprévues...

(à suivre)


14/08/2013

Périple estival, on the road et on the sea...

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03/02/2010

Giorgio Morandi

 

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Un des rares paysages peint par Morandi qui avait une prédilection sans faille pour les natures mortes, ce qui en fait un peintre à part tout à fait étonnant et dans la démarche et dans l'aboutissement.

 

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"Ce qui m’intéresse le plus, c’est d’exprimer ce qui se trouve dans la nature, j’entends dans le monde visible."

- Giorgio Morandi -


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Né à Bologne à la fin du XIXe siècle, Giorgio Morandi étudie à l’Ecole des Beaux-Arts de sa ville natale. Dès 1910, l’artiste a défini son style. La découverte de l’œuvre de Cézanne, puis celle des fresques des peintres du Quattrocento (Giotto, Piero della Francesca, Uccello, Masaccio) sont déterminantes. Peu après Morandi fait la connaissance des peintres futuristes italiens et se joint à eux lors de plusieurs expositions. Il est enrôlé dans l’armée d’Italie et, rapidement blessé, subit alors une crise profonde.

Après la guerre, Morandi découvre la « peinture métaphysique » de Giorgio de Chirico et Carlo Carrà : il développe leur concept, en y ajoutant une forte dose de poésie. Les natures mortes qu’il peint alors révèlent une « intégrité impénétrable comme un corps céleste » (Brandi).

Dans les années 1920, Morandi semble s’éloigner des courants picturaux d’avant-garde auxquels il s’était associé plus jeune, et se renferme sur lui-même, pour ne peindre plus que les éléments de son intérieur physique et mental. Peu d’événements, en dehors de son professorat à l’Ecole des Beaux-Arts de Bologne et de diverses expositions internationales, ponctueront désormais la vie de l’artiste, qui se retranche dans la peinture. 

Morandi ne peut être clairement identifié à une école de peinture spécifique. L’œuvre deCézanne représente son influence majeure : il lui emprunte la monumentalité des formes et les zones denses de couleur. L’artiste développe une approche intime de l’art qui, guidé par une sensibilité formelle d’un grand raffinement, donne à ses paysages et à ses natures mortes une subtile délicatesse de ton et de dessin, suscitant chez le spectateur un mode contemplatif, réminiscence de l’œuvre de Piero della Francesca et de divers artistes de la Renaissance italienne. 

Exerçant une grande influence sur les artistes italiens de la seconde moitié du XXe siècle, Giorgio Morandi meurt à Bologne en 1964, à l’âge de 74 ans.

 

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L'œuvre de Morandi, longtemps isolée au sein de la culture figurative italienne du XXe siècle, trouve aujourd'hui sa place grâce à l'analyse historique. Cependant, la valeur qu'on lui attache tient moins à la démarche rassurante de l'optique historiciste qu'au pouvoir presque obsessionnel des signes que crée l'artiste tout au long d'un parcours formel d'une rigueur exemplaire. L'émotion froide que les objets suscitent, depuis les compositions de l'année 1916 jusqu'aux dernières toiles, témoigne de l'unicité presque irritante de sa vision. En effet, son œuvre passe sans se compromettre à travers les expériences cubiste, futuriste et métaphysique. Vers 1920, elle atteint une stabilité que seul un isolement fécond, presque une ascèse, explique et épure. À partir de cette période, l'artiste reste seul face à un champ visuel réduit qu'il explore jusqu'à ses limites les plus extrêmes. La peinture de Morandi tend à contredire l'approche historique et à dénoncer ses insuffisances. Au-delà des signes qui cernent le réel et le contestent, il existe une volonté de remise en question des formes qu'aucune analyse traditionnelle ne peut éclairer. 

 

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Moi qui ne suis plutôt pas attirée par les natures mortes, je trouve celles-ci tout à fait étonnantes et pleines de poésie, une sorte de quête de l'essentiel, une recherche de pureté aussi, c'est troublant...

 

25/01/2010

Vincere

 

Vincere de Marco Bellochio, interpellant, Giovanna Mezzogiorno y est stupéfiante...