01/09/2013
Braderie, cru 2013
Comme chaque année, chaque premier dimanche de Septembre, qu'il pleuve ou qu'il vente, c'est la grande braderie de Lille. Je déteste. Non pas parce que des millions de gens s'agglutinent pour boire de la bière et manger des moules frites, pas non plus parce que n'importe qui peut vendre n'importe quoi sur le trottoir et que n'importe qui peut acheter n'importe quoi pour n'importe quel prix. Pas non plus parce que ça pue la sueur et le graillon, parce que ça hurle dans tous les coins, parce que tout est sens dessus dessous ou parce que ça se fait en famille ou entre amis et que ça rit à gorges déployées, que ça trinque, que ça s'étreint. Pas davantage parce que ma boutique ressemble alors a un vaste chantier et que je dois brader en plus des fringues choisies avec passion et patience, mon savoir faire. Non. Je déteste la braderie parce que je suis snob. Et chaque année davantage.
11:08 Publié dans art de vivre | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : art de vire, ch'ti, lille, braderie, écriture, partage, humain
01/09/2012
Braderie de Lille, édition 2012
Comme chaque année et ce depuis fort fort longtemps, la braderie de Lille a lieu. C'est une tradition dans le Nord, tous les ch'tis qui se respectent ne peuvent la louper, une occasion unique de voir la cité, d'ordinaire assez calme, envahie et étrangement transformée. Je devais être de bonne humeur cette année, elle m'a moins affligée que d'ordinaire, j'ai même trouvé l'ambiance bon-enfant. Pourtant, c'est vraiment tellement époustouflant, tous ces looks qui défilent, toutes ces sortes de comportements, ces mecs en bande qui boivent de la bière en chantant, ces nanas déguisées en filles de joie qui crient en se tenant les coudes, ces familles entières qui errent et tous ces mangas en ballons aux mains des plus petits. Certains endossent le sourire au lèvres leurs idées sans complexes en noir sur blanc sur leurs T-shirts, tout, pendant la braderie est possible, c'est une fête populaire par excellence et certains même, comme mon voisin toujours tiré à quatre épingle vienne s'y encanailler. Je l'ai vu au cours de la journée s'empourprer à la pinte de blonde mousseuse et le petit étal qu'il avait construit avec sa femme d'ordinaire si BCBG, avec épars sur le bitume quelques fringues délavées et des bouquins moisis, car chacun peut ici vendre tout et n'importe quoi, se déliter presque aussi vite que lui. Quand je suis rentrée chez moi à sept heures, il était fait, un immense sombrero lui mangeait la moitié le visage et il embrassait les passants et les passantes en déclamant de sa voix d'avocat du barreau, sa joie d'être des nôtres, nous les ch'tis! Comme cet homme jovial, appuyé de tout son long sur ma vitrine avec son slogan sur la poitrine pas des plus raffinés. Hé,hé. Faut le voir pour le croire, je vous le dis.
Puisque par la force des choses, je suis tenue d'en être comme tout bon commerçant qui se respecte, autant jouer la carte jusqu'au bout. J'ai avec mon grand petit dernier et mon homme succombé à la traditionnelle moules-frites maison! Et le breuvage qui va avec. Diantre! j'ai été stupéfaite de voir venir à ma table à défaut d'une blanche, une bière d'Esquelbecq s'appelant "Les Québécoises"! Parfois le hasard est plein de raretés qu'on n'oserait même pas mettre dans un roman tant elles paraîtrait cousue de fil blanc. Je me suis régalée, il faisait beau et finalement j'ai trouvé la journée plus cool qu'à l'accoutumée. Prendre les choses du bon pied facilite grandement la manière de les vivre. Je suis restée un moment à regarder passer devant mes boutiques tous ces passants, tous ces gens, tous si dissemblables les uns que les autres. Au bout d'un moment je me suis demandée d'ailleurs si c'était la bière ou la masse d'images engrangées qui m'avait le plus enivrée...
Au boulot toute la journée, sur le qui-vive, à faire moi aussi ma braderie de luxe, je n'ai pas eu beaucoup l'occasion de me promener, car pour cela il faut du temps, beaucoup de temps, beaucoup beaucoup de temps. Les gens sont tellement collés les uns aux autres qu'on avance au rythme de la foule, c'est véritablement stupéfiant de voir sa ville devenir le temps d'une journée autre. En même temps, c'est la première fois que je me fais la remarque, sans doute parce que j'étais plus open que les autres années, il y avait plein de poésie et d'étonnances dans ce que j'ai pu croisé aujourd'hui, le peu des quelques mètres que j'ai franchi pour prendre ma bouffée de braderie. Car entre les babioles que les enfants vendent, les vide-greniers des uns des autres, les fripes, les brocantailles et les fonds de tiroirs, parfois on arrive encore à voir des choses fascinantes. Et c'est plus finalement comment les choses se font qui prêtent à s'extasier. Même les concours de moules, faisant étrangement penser aux terrils, deviennent par l'ardeur avec laquelle les monts se construisent une oeuvre touchante quoique un peut trop odorante!
Pour finir, parce que ça m'a fait vraiment rire, à croire que c'est le thème de la saison, je n'ai pas pu ne pas prendre un cliché de ce que le bar en face de mon antre avait mis en place. A part la musique plus digne d'un David Guetta à Ibiza qu'une casa musica à La Havane, le ton y était. Hé,hé. J'étais rattrapée, et avant de rentrer chez moi à pied parce qu'il n'y a pas d'autres moyens de part l'affluence et la fermeture de la ville à tous véhicules, ce qui m'a mis les jambes en miettes après ma journée de boulot torride et ubuesque, j'ai siroté un mojito et avant que le rhum ne me fasse trop d'effet, j'ai pensé à ce contraste entre le dernier que j'avais bu à Cuba et celui que je buvais là, à Lille au milieu d'une foule en délire. Folie!
23:27 Publié dans art de vivre | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : art de vivre, tradition, braderie, lille, ch'ti, écriture, partage, humain
03/09/2010
petit topo local
23:03 Publié dans art de vivre | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : art de vivre, tradition, ch'ti, lille, histoire, rencontre, voyage, humain
26/08/2010
plaisir féminin
- Hey ! Viens-là Germaine, regarde un peu vir de quoi il parle dans c’canard !
- Ben, quoi Gaston, t’as l’air bien en foufelle !!
- Y parle du « plaisir féminin » ! Tsé, c’est pas tous les jours que nous on va savoir tout c’que tu m’dis pas…
- Ben, demande grand niais, qu’est-ce que tu veux savoir que tu ne saches déjà ?
- Attins un ch'tio peu, r’gardes-y, non mais j’rêvasse, y dise que « 20% des femmes simulent l’orgasme » !
- Et alors, j’vois pas où est le problème, c’étot pas un scoop ça m’in garchon !
- Scuze, moi ça m’fait tout drôle ! Quand tu crie après t’mère c’étot qu’du cinéma ?
- Gaston, min Gaston, min’unique, tu t’fos du mal là, tsé ces carabistouilles elles étos bonnes que pour les autres greluches, ta Germaine elle, c’étot pas une actrice, quand elle crie et demande après m’sieur l’curé c’est qu’elle voit les portes du paradis !
- Ah ! j’ferais mieux d’arrêter de lire toutes ces conneries et aller tuter un coup avec les potes.
- C’est ça, t’inquiètes, te fais donc pas d’mouron, quand je crie, je crie, c’est pas d’la bagatelle ! Pis c’est quoi au juste, « le plaisir féminin » ?
17:47 Publié dans art de vivre | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : sexe, art de vivre, plaisir, femme, mots, écriture, rencontre, ch'ti, langue, humain
11/08/2010
Fable d'Yvan dit la Fontaine...
Christian l'a beurré ben d'aplomb et Yvan nous l'a fait, et quel morceau de choix, je vous laisse apprécier le joual québécois à son apogée!
Eul Corbeau pis le R'nârd
Une fois ct'un étourneau qu'yavait
un fromage-qui-pue dans yeule,
perché su'a branche mais bon,
yavait pas d'dents donc c'était son bec en fait.
(Ce pourrait être une autre histoire arrêtez
de m'faire niaiser à la fin!)
V'là ti pas un r'nârd affamé qui r'nifle l'odeur
du fromage d'enfer pis qui décide
deul beurrer ben d'aplomb pour l'avouère.
"Aille toé mon bel oézau nouère,
cé tu qu'té beau comme cé pas permis?!
Té tellement beau, beau pit d'amour.
Si tu chantes aussi ben qu'té plumes
r'luisent au soleil, tu vas m'aveugler!
Té le Roi des Branches et du Sapinage!
Chante pour moi Corbeau!
Ni un ni deux, criss.
Ça pas pris deux secondes
pour qu'il roucoule comme
un pigeon en desserrant l'bec:
Croouuu Croouu!
Et hop eul fromage dans yeule
du R'nârd qui s'enfuya en riant
à gorge déployée pendant qu'eul
corbeau full fru gerbait sa frustration:
St-Simonac de Géribouère
de Cinqsixboîtes de Tomatesvartes,
mon fromage, tabarnaaaaa...K?....Che?
Eul prochain ne sera pas bientôt,
jeul jure!
"Apprenez que tout flatteur vit aux dépens
de celui qui l'écoute"...
avec sa morale personnalisée:
" Faut se méfier des licheux(ses) de bottines,
et des siphonneux(ses) d'énergie de tout accabit."
* Dis, Big Mac, si tu nous en faisais une petite aussi de derrière les fagots, hum?
Et pis pour mes amis québécois et vous z'ôtes, voici d'même en chti ch'corbiau et chl'Arenard.
" Y a tout d'même eune morale à propos d'not arnard...
A force eud s'in venter, cha a fait l'tour delle tierre,
Et y a pu d'aut' moniaux que l'arenard a pu s'faire.
Ben si à st'heure dz' arnards, te nin vo pu grinmin
Ché qu'à trop ouvrir l'bouc y zont tous quervé d'faim "
10:51 Publié dans écriture | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : écriture, joual, québec, patois, ch'ti, blog, langue, mots, découverte, partage