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08/09/2013

La part des anges

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- Photo Tania Thune-Larsen -


 

Une part de nous nous échappe. Elle produit parfois d'ailleurs, d'innombrables dégâts. Parce qu'on ne se rend pas compte, parce qu'on ne mesure pas l'ampleur de certains de nos gestes et la portée de certains de nos mots. Cette part qui nous échappe a aussi du bon et produit le charme qu'on dégage sans le savoir, et provoque cette aura qui ensorcelle et ravit l'autre dans la relation. Impossible de toujours tout maîtriser de nous. Le seul moyen d'approcher de cette part volatile et indicible est d'être attentif à l'effet produit sur autrui et alors faire ce qu'il faut, encore faut-il savoir quoi faire et comment puisqu'en face l'autre aussi a sa part qui lui échappe. Là se niche la magie de l'amour qui prend en compte nos échappements et en fait ce miel si délicat...

 

 

07/09/2013

D'un pont à l'autre

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Ca m'a prise d'un coup. Il faisait beau, très beau, chaud, très chaud ce jour là à Paris. Tout invitait au voyage et à la rêverie. J'étais bien, heureuse, légère. Quand j'ai vu le Seine, j'ai été transportée. Plus qu'à l'ordinaire. Je me suis souvenue que j'avais toujours voulu et que je n'avais jamais fait. Alors je me suis lancée, j'ai pris mon billet, pour une heure de croisière, sous les ponts de la grande cité. Pont de la Concorde, pont Alexandre III, pont de l'Alma, pont des Arts, pont de Bir-Hakeim, autre réalisation de Gustave Eiffel, pont de l'Archevêché, le plus bas de Paris, pont de Sully, pont Neuf, pont Marie qui passe pour être le plus romantique. Est-ce sous celui-ci qu'il est de tradition de faire un voeu dans un baiser pour que la chose se réalise ? En tout cas, pour moi, le voeu de couler quelques moments paisibles sur la Seine en bateau est bel et bien réalisé. Beauté.

 

En vie

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- Exposition Reza, berges de Seine -

 

" On circule, on avance. Vers quoi, vers qui se dirige-t-on ? Le bout de la promenade ? La fin de journée ? Peut-être le repas du soir, le film du dimanche à la télévision, la tiédeur su sommeil... Demain, de quoi sera-t-il fait ? Et plus tard, qu'est-ce que ça veut dire ? A quoi cette vie tient-elle ? Un battement de montre contre le poignet ? Des espoirs, des projets, des désirs ? Quoi au juste ? Du bonheur ? Connaît-on la recette ? Retourner sur la promenade ? Manger d'autres glaces à la fraise ? Regarder courir les enfants ? C'est quoi, demain ? C'était quoi, hier ? Nos visages un peu dans le vent ? Quelque chose qui n'est pas encore arrivé ? Une escale ? Un oubli ?

On circule toujours, on avance. On se pose sur un banc, comme font les oiseaux sur les branches. Il semble qu'on ne souffre pas, mais parfois qu'on s'ennuie un peu. Comme si l'on attendait que quelque chose se passe, comme si l'on espérait davantage. Heureusement c'est l'été; il fait doux. On tiendra bien ainsi jour après jour, jusqu'à l'hiver. On a des provisions en soi. De quoi, au juste, on ne sait pas. On s'alimente par les yeux, les heures, les pas. L'important, se dit-on, est de subsister sans chagrins. Ailleurs, c'est guerre, tueries, famine... De pleines charrettes de misère."

- Jean-Michel Maulpoix - Une histoire de bleu -



02/09/2013

Mains

 

Mano a mano

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- Photo Man Ray -

 

 

Personne n'imagine ce qu'il se passe dans une main, personne ne pense à ce qu'elle transmet, influe, caresse, écrit. Personne ne pense à cet outil merveilleux et fragile, volubile et gracile, violent et vigoureux. La main. Cet outil de taille si éloquent, si virulent, et parfois si mou, glissant, pénétrant et percutant. J'aime cet organe. Ma main. La vôtre. Nos mains. Nôtres. Destin. Cette main qui dirige, qui montre du doigt, qui encourage, qui peut aussi d'un revers, anéantir. Poignée, caresse, aval, geste, voyage. La main est l'extrémité de nous la plus révélatrice après le regard. Elle nous exprime. Elle nous imprime, elle est ce que l'on est. Bonne poignée franche et amicale, du bout des doigts, moite, insistante, à fleur. Chacun de ses mouvements est un message. Celle que je préfère c'est, me prendre la main, l'aventure, la déraison, le chemin de traverse, l'école buissonnière. Me prendre la main pour de bon. Et ne jamais la lâcher. Ingantée, fière et si sensible. Tactile. Insensée. Cette main que je désire. Cette main que je crée. Ce Lien. Ce respir. Cet entretien avec la vie d'autrui. Cet abandon aussi. Ce partage.  D'une main à l'autre. Passage. Partage. Introduction. Plaisir et puissance. Lien, force, pensée. Amitié.

 

 

01/09/2013

Braderie, cru 2013

Comme chaque année, chaque premier dimanche de Septembre, qu'il pleuve ou qu'il vente, c'est la grande braderie de Lille. Je déteste. Non pas parce que des millions de gens s'agglutinent pour boire de la bière et manger des moules frites, pas non plus parce que n'importe qui peut vendre n'importe quoi sur le trottoir et que n'importe qui peut acheter n'importe quoi pour n'importe quel prix. Pas non plus parce que ça pue la sueur et le graillon, parce que ça hurle dans tous les coins, parce que tout est sens dessus dessous ou parce que ça se fait en famille ou entre amis et que ça rit à gorges déployées, que ça trinque, que ça s'étreint. Pas davantage parce que ma boutique ressemble alors a un vaste chantier et que je dois brader en plus des fringues choisies avec passion et patience, mon savoir faire. Non. Je déteste la braderie parce que je suis snob. Et chaque année davantage.

Mais comme de coutume, j'y trouve  des avantages. Par exemple, celui de revoir revenir des gens qui viennent de loin avec l'accent chantant comme cette cliente de Carcasonne inénarrable, celui de faire des ventes improbables à des personnes que je ne vois jamais le reste de l'année ou de recevoir un bouquet de fleurs parce que j'ai aidé une dame à faire annuler le contrat de son portable qu'elle venait de se faire voler. Et celui non des moindres aussi de m'offrir quelques livres chez mon libraire préféré qui fait sa braderie dehors, devant sa librairie, accompagné d'un DJ qui alterne blues, reggae et chansons de Gainsbarre et qui tout passionné qu'il est de philosophie, entame des discussions avec les bradeux qui viennent l'écouter parler de ses auteurs préférés avec de la lumière dans les yeux.
 
Cette année, cerise sur le gâteau, j'ai retrouvé Fred, qui est venu jusqu'à moi me saluer et prendre de mes nouvelles vingt ans après notre dernière conversation. Il n'a pas changé, le bougre, toujours son grand sourire carnassier et son regard intelligent et sa prestance, c'est un bel homme. Après m'avoir dit que je n'avais pas changé non plus, toujours aussi séducteur, il m'a montré la photo de ses trois superbes enfants et au bout de notre mince conversation, s'étant assuré que j'étais bien toujours aussi fantasque, m'a promis  de déjeuner avec moi et m'a laissé sa carte. Fred fut un de mes béguins autrefois. Nous parlions littérature et je bovarisais. Nous avons fait du chemin depuis. Comme il m'a dit: " A l'époque, tu lisais beaucoup et maintenant tu écris ? "
 
Finalement, ce fut une bonne braderie.
 
 

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