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30/03/2010

From MTL

J'ai reçu le paquet ce matin, mate masse blanche boursouflée, small packet de MTL QC to Lille à mon intention en lettres majuscules ordonnancées, mon coeur s'est mis à battre la chamade... Je l'ai posé devant moi fébrile sur mon bureau déjà bien encombré, me suis assise doucement et j'ai esquissé un sourire si profond qu'il ne m'a pas quitté. Manifestement l'enveloppe avait voyagé, salie par les différentes mains posées sur elle, des mains d'hommes j'imagine... Que dire du plaisir jouissif à le voir là enfin à portée et comment rendre cette délectation à attendre une heure puis deux, à caresser du regard l'objet de convoitise sans succomber à l'envie folle de lui déchirer les contours, goûter encore un peu masochiste à l'attente déjà vieille de quelques semaines... Encore une heure qui m'a parue une éternité, le temps n'est pas toujours le même c'est frappant, parfois il file météore et d'autre fois il avance au ralenti plombé, les jours paraissent des semaines les heures des jours quand je pense à lui, il me fait vieillir plus vite et pourtant ça me parait interminable de l'attendre, un paradoxe amoureux sans doute... Ah! Là je n'y tiens plus et j'ouvre enfin le paquet voyageur, c'est la pleine lune aujourd'hui, tiens! "Grâce! Odieux Tout-Puissant!". Merci Black Angel ♥!

LB

 

 

25/03/2010

aparté

 

" Être écrivain, c'est d'abord et avant tout un état d'esprit. Une façon de voir. Le peintre, le photographe, le musicien extraient de la même matière, d'un réel identique. Ils l'organisent selon leurs besoins, leur vision, leur génie particulier.  L'écrivain, pour sa part, fait son profit des circonstances les plus anodines aux yeux des autres. Il prend une série d'occurrences chaotiques et leur impose un ordre subjectif. Toujours en une quête synthétique, parce que la vie, ce qui survient entre la naissance et la mort, semble insensé autrement."

- Christian Mistral -

 

23:19 Publié dans rencontre | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : c'est ainsi...

14/03/2010

supplément tribal

"Je ne fais aucune différence entre l'amour et l'amitié. C'est la même chose. Les nuances sont d'ordre sexuel, superficiel. Desjardins chante:" Quand j'aime une fois, j'aime pour toujours." C'est l'évidence en moins de dix mots. On peut ne plus pouvoir sentir quelqu'un qu'on a aimé un jour, voire ne plus jamais le revoir, mais que l'affection cesse est impensable: ce serait se trahir soi-même. Non?"

Christian Mistral -

 

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J'ai entre les mains depuis quelques jours déjà ce numéro très spécial des Lettres Québécoises, spécialement adressé à mon intention par Sandra Gordon qui a pris l'heureuse initiative de me l'envoyer, relayé par Christian lui-même avec pigeon voyageur plus lent et dont j'attends impatiemment la venue espérant recevoir la même revue nourrie d'une dédicace. Mon amitié pour cet homme magnétique et cet écrivain énergétique n'est un secret pour personne sur la blogosphère, moins encore pour les lecteurs assidus qui passent ici au quotidien et je dois dire que c'est avec une grande émotion que j'ai feuilleté d'abord, caressé du regard, lu et relu ces pages spéciales Mistral.

 

D'abord un portrait juste, lucide et respectueux dépeint par Louis Hamelin, j'aime ce qu'il en dit je l'y retrouve, puis une interview vivante et passionnante par André Vanasse son éditeur pour finir par un article de Sébastien Lavoie sur cet écrivain de l'amitié qu'est sans conteste Christian Mistral. Il écrit de l'amitié, par l'amitié, comme personne et je partage la vision et le ressenti de ce sentiment qui l'anime. J'en voulais plus encore, c'était trop court, alors dans mon euphorie coutumière je me suis dit:" Et qu'en pense la Tribu ?", cette fameuse famille mise en place et créé par le maestro lui-même comme un roman live au travers de son Vacuum II. D'où cette folle entreprise de réunir des textes, témoignages, photos des uns et des autres, du moins d'une partie d'entre eux, certains plus proches que d'autres pour moi, certains qui sont devenus au fil des notes sur ce blog et sur les leurs au fil des commentaires et discussions parfois endiablées des amis, pour mettre en forme ce supplément très spécial aux Lettres Québécoises spécial Christian Mistral, le supplément Tribal.

Auparavant je voudrais rapporter ces confidences d'André Vanasse que je partage et je crois bien tous ceux qui participent à cette note atypique: "Mistral n'a jamais cessé de croire en la littérature même s'il a douté parfois. L'écriture a été pour lui une bouée de sauvetage, comme cela a été le cas pour Bruno Roy, mort le 6 janvier dernier... Ceux qui connaissent Christian savent à quel point il peut être attachant. Il aime de façon totale. Et c'est ce qui fait son si grand charme. Pour moi, il reste un auteur à part. Sans doute précisément à cause de la charge d'émotions qui nous unit... Salut, Christian, et reste toujours toi-même."

 

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A Christian Mistral.

Pour ouvrir le bal, ce savoureux petit texte de GeeBee:

 

Quand Helenablue m'a demandé de participer à la petite fête, j'ai couru à la bibliothèque municipale, confiant d'y trouver les écrits de Christian Mistral.

"A remettre pour le 21 Monsieur Blais", et j'ai vu ma balloune se dégonfler avant même de franchie la porte. Comme si je pouvais assimiler un tel auteur en lisant ses livres en diagonale.

Pis Helenablue, pire qu'un prof du secondaire, qui demandait de rendre le tout samedi en huit.
Alors fuck ses livres! J'allais parler de l'homme.
Mon respect pour Christian Mistral a commencé le 29 novembre 2007. Ce jour-là, le bougre avait laissé un commentaire sur mon blog. Non mais imaginez un peu! Ça faisait pas un mois que j'écrivais sur la blogosphère que "LE" Christian Mistral venait commenter chez moi:
"Vous pédalez dans le bon sens, je trouve. M'est avis qu'on trouve sa liberté en défendant celle des autres. Je me dis en vous lisant que vous seriez peut-être intéressé par Èric McComber, qui pédale en France en ce moment et qui cherche me semble, ce que vous cherchez."
Voilà! je voue un profond respect pour Christian Mistral depuis ce temps.
M'en voudrais tout de même de ne pas terminer par un extrait d'un de ses livres.
Parce qu'à 10 ans la seule littérature qui m'était accessible s'appelait Allo Police. Alors Monica-la-mitraille...
" R.I.P. Machine-gun Molly
Parce que la démence, l'indigence et la violence sont soeurs de lait, p'tit père. parce que le bruit chaud des balles de mitraille sent bon dans la nuit. parce qu'il n'existe pas de façon propre de mourir et parce que c'était écrit, aussi ne fera-t-on que réécrire après qu'il se sera joué, cet acte de l'antithéâtre américain.
Il pleuvait de la viande de chien
Sur Montréal ce matin-là
Non pas de la pâtée
Du chien en côtelettes
Saignantes et poilues"
(Carton-pâte p.51 )

- Gaétan Blais - alias GeeBee -

 

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Dans la foulée de Carton-pâte, un des rares livres de Mistral que je n'ai pas lu car introuvable puisqu'épuisé, la touche verte et féminine de notre batracienne préférée:

 

"Le cunni-linguiste. Voilà le personnage qu'évoque pour moi Christian Mistral. La raison est l'image que j'avais en tête quand j'ai lu Carton-Pâte. À cause? Un passage où Christian écrit avoir cunnilingué X tout l'après-midi et que cette dernière était tellement gelée qu'elle ne ressentait rien, sauf dans la tête... d'où le terme cunni-linguiste que je vais faire breveter... merci pour tout Christian!"

- Raymonde - alias Rain -

 

L'hommage de Ranger se passe de commentaire, il est à l'image de son écriture, riche et puissant, ciselé:


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C'est étrange, quand je me suis demandé quoi et comment écrire en hommage félicifère et vérozsizsi-gabor! à cet homme, ce Christian Mistral, et m'aussitôt senti suis allégé, ragaillardi car voilà qui enjoue, un excentrisme qui ne quérit rien que le cœur qu'on y a, les fleurs m'ont manqué, les figures de rhétorique m'ont fait va donc chier, ou serait-ce moi? et j'ai eu honte, et j'ai eu peur, tu vas parler pour vrai, ça fait longtemps, ça compte, c'est grave, en public, pas dans l'intimidité, et que, pour réfonce, j'ai eu recours à l'idée de la citation, c'est à Rabelais, Françoué qu'allai-gé-je.

Non, ce n'est pas étrange.

«Donnant Pantagruel ordre au gouvernement de toute Dipsodie, assigna la châtellenie de Salmigondin à Panurge», va le début du Tiers Livre, adressé aux gens de bien, «aux buveurs de la prime cuvée».

«[...] Et se gouverna si bien et prudentement monsieur le nouveau châtelain, qu'en moins de quatorze jours il dilapida le revenu certain et incertain de sa châtellenie pour trois ans. Non proprement dilapida, comme vous pourriez dire, en fondations de monastères, érections de temples, bâtiments de collèges et hôpitaux, ou jetant son lard aux chiens; mais dépendit en mille petits banquets et festins joyeux, ouverts à tous venants, mêmement à tous bons compagnons, jeunes fillettes et mignonnes galoises(1), abattant bois, brûlant les grosses souches pour la vente des cendres, prenant argent d'avance, achetant cher, vendant à bon marché et mangeant son blé en herbe.»

Laissons le docteur continuer :

«Pantagruel, averti de l'affaire, n'en fut en soi aucunement indigné, fâché, ni marri. Je vous ai jà dit, et encore redis, que c'était le meilleur petit et grand bonhomet qui oncques ceignît épée. Toutes choses prenait en bonne partie, tout acte interprétait à bien, jamais ne se tourmentait, jamais ne se scandalisait. Aussi eût-il été bien forissu(2) du déifique manoir de raison, si autrement se fut contristé ou altéré, car tous les biens que le ciel couvre et que la terre contient en toutes ses dimensions, hauteur, profondité, longitude et latitude, ne sont dignes d'émouvoir nos affections et troubler nos sens et esprits. Seulement tira Panurge à part et doucettement lui remontra que, si ainsi voulait vivre et n'être aucunement ménager, impossible serait, ou pour le moins bien difficile, le faire jamais riche.

''Riche? Répondit Panurge, aviez-vous là fermé votre pensée? Aviez-vous en soin pris me faire riche en ce monde? Pensez vivre joyeux, de par li bon Dieu et li bons homs. Autre soin, autre souci ne soit reçu on(3) sacrosaint domicile de votre céleste cerveau. La sérénité d'icelui jamais ne soit troublée par nues quelconques de pensement passementé de meshain(4) et fâcherie. Vous vivant, joyeux, gaillard, de hait(5), je ne serai riche que trop. Tout le monde crie : 'Ménage, ménage!' mais tel parle de ménage qui ne sait mie que c'est.''»

[1. Luronnes. - 2. Banni. - 3. Au. - 4. Chagrin. - 5. de bonne humeur.]

Pour moi, Christian, ta voix me parle comme là Rabelais via Panurge à son lecteur, aux hommes, à tous.

«Mais, demanda Pantagruel, quand serez-vous hors de dettes?

- Es calendes grecques, répondit Panurge, lorsque tout le monde sera content, et que vous serez héritier de vous-même.»

Sans autre commentaire.

Oui, un : Christian, t'es un inqualifiable de bon frère. C'est un honneur pour moi, tout petit sois-je, de te connaître, ça l'est depuis que je t'ai lu les premières fois, tu tends les bras à travers les calvaires pour appeler le meilleur, je te souhaite la santé, la longévité, la quiétude forte et palpitante.

SR

- Stéphane Ranger - alias aka Danger Ranger -

 

Une autre manière de dire en évoquant autrement que par les mots, il n'y avait qu'un Gomeux pour arriver à le faire en une image qui parle...

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"Cette photo est en somme une antithèse de l'image que je me fais de Mistral.
Une planche à voile (objet véloce, tout comme la plume de Mistral) plantée dans la terre, réduite à la fonction de décoration."

- Guillaume Pâquet - alias Gomeux -

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J'aurais aimé aussi avoir le ressenti d'Emcée et les mots de Kevin, deux personnes très importantes et qui comptent tant pour Christian et que tous les tribaux connaissent et rencontrent au gré des notes mistraliennes, mais ne l'ai pas fait pas demandé pas osé! Par contre dans un tout ordre registre j'ai receuilli il y a peu l'avis d'un néophyte, qui n'a pas particulièrement d'accointance avec la littérature quoique cela est en train de changer je pense, en la personne de mon fils aîné à qui j'ai prêté Vautour il y a quelques semaines maintenant, il m'en parlait lors d'un déjeuner en tête à tête tantôt: "J'avais peur tu sais au début, comme en général ce que tu lis c'est pas toujours facile, je craignais que ça me prenne la tête, de ne pas comprendre de ne pas aimer. J'suis pas très littéraire et les classiques me barbent vite, mais là, maman, c'est dingue. Ton Mistral quand il écrit j'ai l'impression qu'il s'adresse à moi qu'il me parle en profondeur, ça me touche ça me remue je pleure avec lui je ris aussi je rage je transpire et j'ai envie d'une page à l'autre d'en savoir plus, d'en connaître davantage. Il me reconcilie avec les livres lui, tu sais! J'aime vraiment bien. D'ailleurs il me semble que ton préféré ça en est un autre, non? Valium, je crois... Pourquoi ça Valium d'ailleurs? Dés que j'ai fini ce Vautour, ma chérie veut le lire à son tour, tu me prêteras l'autre alors, OK! Pis quand est ce que tu vas à Montréal, dis?" J'étais fière comme Artaban et si émue aussi que je ne résiste pas à partager avec vous ce grand moment filial!

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Je n'ai pas été déçu par son humour et sa gouaille, il y met les formes l'artiste, faut savoir que cet homme là c'est une tête et loin d'être blonde, sacré Oldcola!


"Je parlerais volontiers de mes potes et mes copines, en long en large et en travers. Pour vanter leurs mérites et leurs qualités, pour me moquer gentiment de leurs défauts et de leurs travers, pour mettre en avant ce qui m'attire chez eux. Peut-être que je le fais déjà sous un pseudo quelconque dans un blogs sur skyblogs, qu'est-ce que vous en savez ;-)
Je parlerais volontiers des gens que je n'aime pas, pour raconter leur connerie, leur bêtise, ce qui me révulse chez eux. Pour me vanter de ne pas les aimer.
Je pourrais même vous parler de gens que je ne connais pas bien, de la nouvelle voisine et ses tenues extravagantes, du nouveau voisin et de son môme qui louche un peu, de la vieille que je croise depuis plus de 25 ans et à qui je dis bonjour et dont je ne connais presque rien, de la bouchère qui me fait un peu bander chaque fois qu'elle dit bonjour, de la boulangère qui surveille son mari comme la prunelle de ses yeux, jalouse de son moindre sourire même s'il s'adresse à une chatte.
Il y a toujours des choses intéressantes à raconter au sujet de gens qu'on connait, qu'on les connaisse bien, ou que l'on brode un peu, ou qu'on exagère le trait pour caricaturer. Ca peut-être du croustillant, du marrant, du scandaleux, du banal à s'endormir, du à mettre dans sa cuisine, du à utiliser pour draguer, du conseil pour les dernières expositions d'arts plastiques, ou pièces de théâtre, ou films, ou livres, ou balades, ça peut-être du n'importe quoi qui attirerait votre attention : sur eux, moi ou vous même.
Je suis bavard à vous en raconter pendant des heures, des jours, des semaines, à condition que j'ai de quoi m'éviter la gorge sèche.
On m'a demandé de parler d'une personne en particulier. Et ma toute première réaction a été : ah non, je n'ai rien à dire de lui. Plus rien à dire de lui.
Tant que je le connaissais peu, puis par la suite quand je ne le connaissais pas bien, j'aurais pris le temps de vous en raconter des tonnes. Sur ce qu'il disait, écrivait, sur ce que l'on se racontait à travers le Net peut-être, si le sujet s'y prêtait.
Mais maintenant je n'ai plus rien à dire à son sujet.
Je ne parle jamais des amis qu'à des amis. C'est un sujet intime, il n'a pas sa place en public. C'est entre moi et une autre personne et ceux que j'aime de la même façon. Et de préférence les autres doivent aussi le connaître pour qu'on se le raconte chacun à notre façon.
Ainsi, de Christian Mistral je n'ai rien à vous dire. Pas tant que nous ne sommes amis. Faudra quand même qu'un de ces jours je trouve l'occasion de me mettre autour d'une table avec Christian, et Kevin, et Cynthia et que l'on se raconte les uns les autres. Histoire de justifier la bière contre la gorge sèche et nous faire un peu plus de souvenirs communs. Avant qu'on ne soit trop vieux pour qu'on s'en souvienne.
Espèce de grand dadais, tu me manques ;-)."
.
- Antoine - alias Oldcola -
.

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La "Tribu" construite et orchestrée par Mistral est une bande d'êtres qui partagent en plus de l'amour des mots et l'amitié à l'initiateur, l'amour de la vie et de l'humain, une bande d'amis somme toute régit par cette même quête de sens et cette même exigence relationnelle que ce soit avec soi ou avec les autres. Rien d'autocratique pas de pensée unique et pas la même vision du monde mais la même soif d'échanges et de partages, de remue-méninges et d'émotions vraies. Une bande de gourmands et de gourgandines à laquelle je ne suis pas peu fière d'appartenir moi qui suis plutôt d'un naturel indépendant et autodidacte, j'y ai trouvé chaleur et réconfort, franc parler et ouverture, tolérance humour respect même si parfois les discussions pouvaient tourner vinaigre, probable que la nature québécoise de cette tribu là mistralienne de surcroit y est pour beaucoup dans le fond et la forme.

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Les deux qui vont suivre me sont plus particulièrement chers, et sont devenus au fil du temps et des échanges de véritables amis avec qui j'ai grand plaisir à être et à converser. Deux individus bourrés de talent et d'intelligence, de sensibilité aussi. Deux personnes que j'aime beaucoup et qu'il me tarde de rencontrer aussi à l'instar d'une autre amie rencontrée chez Christian, la fée cannelle de l'endroit, Venise.

Je l'imagine grand échalas aristocratique fin et tendre pourtant dit le Terrible, il m'apparaît profond, réfléchi et congruent, aimant le bon vin, la bonne chère et les bons livres tout comme nous tous ici sans doute, quand le Vacuum s'est trouvé infligé de l'étiquette Danger par la censure" bloggerienne" il a été un des premiers à monter au créneau pour défendre la liberté d'expression de l'écrivain et ami Mistral bien sûr mais aussi de la liberté d'expression en général et a, tout comme Raynette d'ailleurs, autocensuré son blog en signe de protestation, j'ai trouvé ça fort et noble et je le trouve encore...

 

_DSC6769(cover).jpg" J'aime les gens de lettres, ce sont mes gens et je suis des leurs."

- Christian Mistral -

 

Et comment qu'il est des leurs, illustre même
et cela m'importe plus que tout ce qui s'écrit
ou dit sur l'homme, à tort ou à raison.
Pour tous les grands artistes,
je crois qu'il faut séparer l'oeuvre de l'humain
et la sienne est grande en littérature.
Directement proportionnelle au respect que je lui porte.
Ma rencontre avec sa prose remonte à 1988, année de la parution de "Vamp", j'avais 25 ans.
Lecture marquante qui m'a labouré la tête et le coeur, telle la charrue renversant la terre endormie au printemps.
La fureur de vivre, la table rase d'idées reçues, le renouveau littéraire québécois à travers un fabuleux plumitif
qui odore bon l'urbanité montréalaise virée sens dessus dessous avec la maîtrise,
la fraicheur et la force propres aux grands vents du Nord qui décoiffent. Mistral...
Un électrochoc dont l'effet sur mon cerveau pourrait s'apparenter au solo de guitare
sur "Packard Goose" de Frank Zappa à la même époque.
Le souffle et le rythme de ce livre m'avaient vachement secoué de "trashitude"
et en même temps réjoui par la fluidité musicale qui s'en dégageait
en plus de son vibrant témoignage sur cette ville que j'habitais dans les années 80-90.
"C'est un poète mauditement fou" que je me disais,
"ça doit pas être de tout repos de le fréquenter"
que je me disais. Mais quel plaisir de le lire!
Un plaisir qui ne s'est jamais démenti.
Un jour sa plume peut vous mordre le visage par sa froidure;
un autre elle peut être baume à l'âme par son humanité;
un autre encore, brûlante d'une "ultra sensibilité" en furie
ou en extase, selon l'arrivage.
Dans un cas ou un autre elle est pleinement incarnée, émouvante,
toujours en prise directe avec le coeur, peu importe la direction empruntée.
Authentiquement et rageusement libre,quoi;
en plus d'être homme de parole, d'honneur
et d'amitié.
L'amitié...Valeur Mistralienne suprême.
Il porte définitivement bien son nom:
Mistral de toutes les saisons, from Montréal
et grand est le pouvoir de ses mots qui
peuvent être tour à tour glaives tranchants
et soies caressantes.
Je ne suis pas prêt d'oublier le jour où il m'a offert
un de ses derniers exemplaires de "Papier Mâché-Carton Pâte".
Le soin amoureux avec lequel il manipule les livres
comme autant de morceaux vivants en papier précieux
et le signet qu'il inséra dedans en me le tendant, resteront autant
d'images de pure amitié à jamais gravées dans ma caboche.
Écrivain et poète lumineux, il est encore plus que ça.
C'est un ami.
Merci de ton amitié et de ta littérature Christian,
merci aussi de m'avoir donné l'occasion
de faire la connaissance de gens exceptionnels.
See you and read you around...

- Yvan LaFontaine - alias Terrrible -

 

Le texte de Sandy est telle qu'elle, généreux entier drôle affectif et bigrement bien écrit, un crisse de beau texte qu'elle nous livre là, la grande!

 

 

 

Donner quelque chose à son siècle.

Christian Mistral vu par Sandra Gordon

 

N.D.L.R. : Cet entretien ne devait paraître nulle part.  Il n'a d'ailleurs jamais existé.  Pour une raison que vous venez d'apprendre en parcourant ce billet, cet entretien se retrouve publié ici ce matin.  Nous remercions HelenaBlue, rédactrice en chef du blog Open your mind,  d'avoir chaleureusement orchestré ce programme dominical fort singulier qui souligne un homme et sa virtuosité, ainsi que sa couverture violet pourpre amplement méritée.

 

G.S. - Christian Mistral.  Christian Miiiiistraaaal.  Ça sonne, vous trouvez pas?

S.G. - Pour sonner, ça sonne.

G.S. - Ça souffle fooort diraient certains...

S.G. - Ouais.  Ça décoiffe.

G.S. - Mistral, vent.  Vent, mistral...

S.G. - Je pense qu'on a compris l'analogie.  Je l'ai déjà utilisée une fois en me croyant bien originale...

G.S. - (Toussotements) Bon.  Alors.  Le dernier numéro de la revue Lettres Québécoises est consacré à Christian Mistral.  L'avez-vous lu?

S.G. - D'après toi?

G.S. - Que pensez-vous de la page couverture?

S.G. - Ce que je pense de la page couverture?  Magnifique.  Ce regard émouvant.  Et ce violet, c'est vraiment plus que parfait.  Je suis sacrément contente pour lui...

G.S. - Et le contenu?

S.G. - Très intéressant.  Mais trop court.  J'en aurais pris plus.

G.S. - Ça on le sait, vous n'êtes jamais contente.  Qu'est-ce qui vous plaît dans les romans de Christian Mistral?

S.G. - (Rires)  Ça m'arrive d'être contente, c'est juste que je ne m'en aperçois pas souvent.  C'est son style.  Fort, imagé, singulier.  Sa plume acérée.  La musicalité des mots choisis avec grand soin.  Sa maîtrise du verbe, de l'ironie, et de la beauté.  Sa capacité de faire sourire le lecteur, de le faire rire aussi, et ça c'est rare, et de l'émouvoir trois lignes plus loin.  Son écriture peut être brutale et sensuelle à la fois.  Mistral possède l'art d'inclure le lecteur, comme s'il y était, comme s'il faisait partie de cette communauté de paumés sans le sou mais néanmoins riches.  J'aime sa poésie, son originalité.  (Silence)  Vamp finit par « Merde. », ça m'avait marqué.  Ouais.  Bon.  C'est pas le « Merde. » comme tel, on s'entend, mais c'est le fait qu'il soit placé là, minutieusement, juste après une riche et longue envolée lyrique.  J'avais trouvé ça percutant.  À l'image de ce qu'il écrit.

G.S. - Nommez-moi une scène qui vous a particulièrement émue?

S.G. - À brûle-pourpoint?  (Silence de réflexion)  C'est l'fun dire ça, brûle-pourpoint.  C'est un beau mot.  Brûle-pourpoint, brûle-pourpoint.  La scène du bain dans Valium.

G.S. - Pourquoi?

S.G. - Parce que.

G.S. -Que retenez-vous de ce que vous avez lu de lui?

S.G. - Quand on le lit, on a - comment dire - on a envie de vivre.  Je sais pas...  On a le goût d'improviser une sonate à la lune, le goût de s'envoyer en l'air, de s'envoyer une poutine ou bien de concocter un pâté chinois fromage paprika, de se louer un 8 ½ à' gang, d'écrire des lettres, de se commander un double scotch au comptoir d'un bar, puis un deuxième, un troisième, on a envie de ne plus les compter, on a envie de se raconter.  On a le goût de déclamer un poème en cadeau à un ami,  d'errer dans les rues de la ville ou de s'enfermer dans sa chambre pendant trois jours.  On a le goût d'aimer Montréal autant que lui.  On peut pas faire autrement.  On la sent.  On la hume.  On la vit.  D'ailleurs je ne vois plus Montréal de la même façon.  J'ai appris à l'apprécier autrement.  À l'apprécier, point.  Je ne vois plus le carré Saint-Louis de la même façon.  La fontaine n'est plus qu'une simple fontaine, elle est un symbole.  Un organe.

G.S. - Vous l'avez déjà rencontré?

S.G. - Qui, la fontaine?

G.S. - Funny girl.  Je parle de Christian Mistral.

S.G. - Oui.

G.S. - Est-ce que vous vous en souvenez?

S.G. - Ça veut dire quoi ça?

G.S. - Je sais pas.  Je veux dire : sur votre blogue, vous avez parfois l'air d'une furieuse picoleuse de mauvais whisky américain.  C'est pas moi qui invente ça hein.

S.G. - Je te signale que t'es mon double inversé, et que cet entretien est en vérité un entretien truqué, simulé.  Je vais quand même pas t'apprendre qu'on a le même œsophage pis le même foie hein?  Quand je l'ai rencontré, je l'ai rencontré à jeun.  En fait, je n'étais pas à jeun.  J'achevais un de ces cafés qu'on vend à tous les cent mètres sur le Plateau.  Le mien était noir, dans un gobelet ceinturé d'un carton gaufré servant à ne pas se surchauffer les corpuscules de Krause logées dans les mains, mais il était tiède depuis longtemps.  J'avais du Jack dans le fond de mon sac pour plus tard.  Pour trinquer.  À nos santés.  Sans blogs interposés.  Anyway.  Tu dois le savoir, t'étais là.

G.S. - Je me souviens.  Difficile d'oublier.  En quelques mots, comment vous le décririez?

S.G. - En quelques mots?  Hum.  Affable, entier, direct.  Il parle beaucoup, et il écoute beaucoup aussi.  C'est une belle qualité ça.  Il a un rire sonore et contagieux.

G.S. - Peu de temps avant, c'était son anniversaire.  Je crois comprendre que t'avais pas que du Jack dans ton sac.

S.G. - Tu me tutoies maintenant? On n'a pourtant pas élevé les abeilles ensemble...  Je rigole.  C'est que t'as l'air un peu fuckée à t'auto-vouvoyer.  Ouais.  On disait?  Ah oui.  Chez-nous, mes livres sont classés par ordre alphabétique.  Je suis pas une freak du rangement hein, tu le sais, mais j'hayis ça chercher un livre pendant dix ans.  Les Christian Mistral se retrouvent entre mon édition de L'homme rapaillé de Miron, qui date de 1970, et feu mon édition des Poésies complètes de Nelligan.  Je dis feu parce qu'elle ne s'y trouve plus : je l'ai donnée à Christian pour son anniversaire.  Elle m'avait coûté quatre piasses au Village des Valeurs, mais dans mon cœur elle en valait pas mal plus.  Je l'avais emballée dans un sac Biorisque jaune garni de gros morceaux de scotch-tape.  Martha Stewart n'aurait pas été fière de moi, ça avait l'air du yab'.  Et j'ai dit comme on dit souvent : « C'est pas grand-chose, mais c'est de bon cœur en crisse. »

G.S. - C'est ridicule de dire ça quand on offre un livre à quelqu'un.  Surtout quand il s'agit d'un livre de Nelligan.  Surtout quand on l'offre à Christian Mistral.

S.G. -  Ouais, peut-être.  Il était ému, et je l'étais mille fois plus.  Un esprit de beau moment...

G.S. - Tu voulais pas lui offrir ton édition de L'homme rapaillé ?

S.G. - T'es-tu folle sacrament?  Faut pas charrier!

G.S. - (Rires)  En terminant : y a-t-il quelque chose que vous souhaiteriez lui dire, mais que vous ne lui avez jamais dit?

S.G. - Oui.  Les diminutifs, c'est comme les émoticones : j'hayis ça.  Sandy, tsé...

G.S. - Autre chose?

S.G. - J'ai hâte à son prochain roman.  Ouais.  (Silence)  Ça fait que c'est ça.  En attendant, eh bien, vivons.  De toutes nos forces.  Tant que faire se peut, et davantage.

 

« Je crois furieusement que personne n'est sur cette terre pour écrire des livres.  Il faut vivre, dans la joie la plus féroce que nous permet notre tempérament, seulement, oui, quand le livre est fini, on en commence un autre, jusqu'au dernier hoquet, en essayant de retenir un peu de beauté entre ses doigts, et de ne pas écrire trop de conneries ».

 

Christian Mistral, Origines, Éditions Trois-Pistoles, coll. Écrire, 2003, page 102.

 

 

À la tienne, cher Christian

Amitiés,

Sandra

- Sandra Gordon - alias Sandy -


 

origines1.jpgHum, à part Butch en vacances au moment de l'élaboration de cette note, il manquait un vieux de la vielle comme on dit par icitte, un comparse jalousé et aimé, un personnage fier et intrépide, un quoi! chasseur d'étoiles et d'étincelles, un faiseur d'histoires, un conteur hors pair, je cite È . Pour l'avoir hébergé dans mes murs et couché au dernier étage de mon vaste chantier, j'en sais plus sur ce bougre attachant et princier. Il ne manquait que lui pour que la boucle se boucle, j'entends là de facto, et derechef j'en profite pour remercier les uns et les autres de leurs enthousiasmes, leurs amitiés, leurs profonds coeurs, et leurs présences. J'avoue être très émue de tant d'affects...


 

"Dieu, Mistral et moi"

Il a soufflé toute la semaine, le Mistral. C’est simple, ici, quand c’est du Nord, c’est le Mistral. Tempête du siècle annuelle. Bon, pour cette fois, on peut dire que les Français ont reçu une vraie tempête de neige. 30 cm. Ouââ. Les cactus et les palmiers s’en sont pris plein la yeule. Les violettes, les amandiers et les bicyclettes vont devoir surseoir. Sans compter les Gardoises, qui venaient à peine d’inaugurer leurs minijupes.

Blue me fait l’honneur de me demander un texte. l’Occase : Mist à la une de Lettres Québécoises. Ah ? Je le crois pas. C’est vraiment la première, toute première fois ? Eh, beh. Ah. Euh… Y avait beaucoup de très grands auteurs à tapisser, sur les 136 numéros précédents, doit-on supposer.

Nous avons le même âge, mais la première fois que j’ai vu Mistral (l’auteur, pas la calamité météorologique), c’était à la télé. J’étais un tout jeune batteur de rock n’roll à l’époque et j’officiais dans un horrible groupe hommage à Rush. Je me souviens m’être dit qu’il avait l’air d’un type dont j’aimerais lire le roman. « Enfin un qu’a pas une face de tapette de fils de riche à marde, asti », avais-je songé, dans mon subtil brogue de Montréal-Nord. Je me suis assis et j’ai écouté l’interview. Je comprenais sans souci les questions de l’animatrice mais, comme elle, je n’avais pas la moindre idée de ce que signifiaient les réponses. Mistral parlait d’auteurs dont je n’avais jamais soupçonné l’existence, évoquait des mouvements qui me paraissaient ésotériques, employait des mots dont j’ignorais la signification. Je m’étais senti tout petit et insignifiant, un peu comme devant ma blonde du temps, qui venait juste d’entreprendre courageusement mon éducation littéraire.

Je l’ai revu dans les bars où je chantais, vingt ans plus tard. On ne se parlait pas tellement. Dix mots en dix ans. Pour une raison qui m’échappe encore, j’ai publié Antarctique en 2002 et je me suis retrouvé au salon du livre de Montréal. Ce n’était pas totalement jojo à mon kiosque et je crois que Mistral l’a senti. Il est débarqué devant moi avec un verre de rouge que j’ai calé d’un trait. Il a souri et m’a entraîné chez un autre éditeur, où ça coulait à flot. Tout le monde voulait lui parler, alors je suis resté en retrait. Un grand type qui avait l’air important m’a ordonné de ne plus écrire de dialogues en joual. Un autre m’a dit qu’il était best-seller. J’ai calé mon verre. Quatre ou cinq coups de pinard plus tard, quand j’ai fini par retourner à ma dédicace, je me sentais infiniment mieux.

Mistral m’avait accueilli sans plus de cérémonie dans la gang (il n’avait pas encore commencé à l’appeler sa tribu). Réchauffé comme je l’étais par la boisson et la fierté, plutôt que de continuer à imiter mes collègues dissimulés derrière un journal avec leurs écouteurs sur la tête, je me suis levé et j’ai commencé à fourrer mon bouquin directement dans les mains des passants, ce qui est devenu ma marque de commerce par la suite.
— Eeh, lis-ça man !

Tout ça semble si loin. Depuis, j’ai quitté la cité, le continent, le consensus, tout, presque. Nos personnalités électroniques croisent le fer et se font l’accolade. Où sommes-nous tous ? La Terre tourne en tabarnak. En tout cas. Dieu ne m’a jamais offert à boire, ce que Mistral a fait, lui. Quant au diable, beh… Euh… Comme d’hab, y est aux vaches !

 

- Eric McComber - alias Big Mac -

 

9782764605653.jpgPrévenu tard, il est aussi de la fête, pas là hier mais bien présent aujourd'hui et rien d'infâme dans ses propos bien au contraire:


J'ai reçu un message d'Héléna me demandant un petit texte pour une note surprise sur Christian Mistral. Holy phoque! Honoré et intimidé, je me mis tout de même à l'ouvrage. Dès le départ un problème de taille se posa, par où commencer? Crisse! Par le commencement, me dit une voix dans ma tête. Attention. Je plonge.


Je dois d'abord dire que je ne suis pas un  intime de Christian. Tout ce que je connais de l'homme, je le tiens de ses livres, de ses apparitions médiatiques et de son blog. Ainsi, chacune de ses présences (à la télé, à la radio) m'a touché. Ça me fascine et me laisse sans voix car je ne le connais pas, mais quand je le vois ou l'entends à la télé ou à la radio sa sensibilité me bouleverse. Tout comme certains de ses textes sur VacuumII : Scrapbook, particulièrement lorsqu'il parle de son fils ou des ses amis. Il le fait avec cœur et authenticité et ça impose le respect. Dans le monde plus blanc que blanc dans lequel on vit, un homme comme lui, qui prend sa plume, son clavier pour ouvrir son cœur ou  exprimer son avis, son opinion, son désaccord, sa dissidence face à ce répugnant univers demeure un exemple et un modèle à suivre. Respect.


Respect aussi devant la fidélité et l'amour qu'il porte à ses amis. L'amitié demeure pour moi la pierre d'assise de l'œuvre mistralienne. Or, s'il y a un roman où l'amitié imprègne tout le récit, c'est bien Vautour. C'est un très grand roman souvent sous-estimé ou oublié lorsqu'on parle de la production de Mistral. Un simple merci pour ce grand roman et pour les autres. Je me permets d'en citer un ti bout :

 

''Pour une histoire aussi simple, il y a de quoi désespérer de la littérature si on n'accepte qu'elle demeure impuissante à mouler les tragédies ordinaires. Si simple, je le répète que chacun devrait y ressentir le parfum d'une perte proche.''

 

Cher Mistral, ne désespère pas de ta littérature car elle a non seulement moulé une tragédie ordinaire, mais en plus à la lecture de Vautour, j'ai senti et ressenti la perte d'un ami qui m'était très cher. Grâce à tes mots, j'étais moins seul avec ma peine et le vide que laisse toujours la grande faucheuse.


Amitiés et hommages flashgordoniens


L'infâme Paul Giguère, mieux connu sous le nom de Flash Gordon

- Paul Giguère - alias Flash Gordon -

 

 

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"Sylvia" est le premier livre que j'ai lu de Mistral, je l'ai avalé d'une traite en une nuit je m'en souviens encore, j'ai depuis dévoré tous les autres à ma portée " Léon, coco et mulligan" compris et j'ai envie de dire comme son frère de sang et de coeur, " écris" ! Tout comme si j'avais pu rencontrer Shakespeare j'eusse aimé lui dire, (no comment), oui il faut vivre dans la joie la plus féroce et mordre et ingérer la vie et le vivant et brasser même en nage coulée tout ce qui s'offre à nous et tout ce qu'on croque et chaparde au hasard des rencontres de l'existence, pour ma part c'est Christian qui m'est arrivé de meilleur ces temps derniers, lui et moi on s'est chopé à la volée dans chacun un moment clé de notre existence, un tournant et c'est un immense plaisir et une inaltérable amitié qui nous étreint, du moins de mon côté des eaux, outre noir, outre-mers.

Amitiés profondes.

Blue


Christian,

je ne peux finir cette note sans te citer, et j'ai tellement apprécié ce livre que naturellement je m'y réfère," Origines"...

Hâte de te lire de nouveau.


" Si écrire veut dire publier, s'exprimer, se vendre et se racheter, faire la guerre et faire carrière, et faire l'amour à l'individu qu'on voudrait devenir, alors: j'ai écrit pour que ma mère me félicite, j'ai écrit pour démontrer à mon beau-père que j'étais bon à quelque chose, j'ai écrit pour séduire ma future épouse et j'ai écrit pour doter le fils qu'elle m'a donné, j'ai écrit pour qu'on se souvienne de moi, pour que le monde conserve une trace de mon fugace passage et qu'il en soit changé, tant soit peu, pour le meilleur ou pour le pire ou le pareil au même, mais que le monde vire à droite ou à gauche comme un char fait un violent secret écart pour éviter un écureuil, et l'écureuil est épargné, de même que la conscience du conducteur, et le monde est ainsi désormais; pour ça, j'ai écrit."

- Christian Mistral- Origines, Éditions Trois-Pistoles, coll. Écrire, 2003, page 67.


 


 

 

12/12/2009

sous le ciel de Paris

Il est arrivé à Paris, après prés de 14000 km dans les mollets, sacré bonhomme que celui-là!

 

Ben voilà Paname et le tout est possible, la vie devant toujours...

Défendre ce en quoi l'on croit, et le mettre en acte, coûteux parfois mais tout aussi généreux en retour, on ne mesure ce que l'on sème qu'avec ce que l'on ressent.

 

 

 

04/10/2009

le petit Pelissier

 

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Un petit bout de zan pas plus haut que trois pommes, c'est le souvenir que j'ai de lui, l'oeil vif hyperactif très friand de câlins et de bêtises en tout genre aussi, j'avais seize ans, Christophe Pelissier cinq. Monitrice de colo à l'époque je passais mon Bafa et me trouvais là au coeur de l'Ardèche avec en charge pas toute seule bien sûr une ribambelle de gosses de cinq à onze ans, tous des enfants de foyers issus ou de familles déglinguées père en prison mère alcoolique ou l'inverse ou les deux, enfants battus retirés de l'autorité familiale par la justice mais aussi enfants abandonnés un jour sur un trottoir et pour une paire d'entre eux dans une poubelle, une expérience éprouvante et riche, c'est que ces petits diables là ne manquaient pas d'énergie et d'imagination, une formidable soif de vivre de découvrir de rire ponctuée de nuits difficiles de cauchemars récurrents et de violentes bagarres. Et là au milieu de tout cet imbroglio et joyeux carnage une rencontre entre un petit blondinet et une grande tige vénitien. Je lui racontais tous les soirs une histoire pour l'endormir le berçant tant bien que mal tant il n'arrêtait pas de gigoter le bougre, on a passé des heures à courir, à jouer avec les autres à cache-cache ou aux cartes, faire des dessins des mimes même de la poésie. Deux mois qui ont marqués ma vie d'adolescente, me suis donnée à fond et j'ai reçu bien plus encore, les enfants ne sont pas des ingrats et sentent quand vous êtes vrai mais j'ai souffert de leurs histoires toutes les plus sordides les unes que les autres, je repense à cette gamine de douze ans qui avait fugué pour éviter le mariage qu'on voulait lui imposer avec un cousin du bled de trente ans son aîné ou de ces fameux jumeaux ingérables tout accaparé de rendre la violence reçue qui avaient été ballottés de foyers en foyers, parfois plus que maltraités par les gens qui en avaient la charge. Le petit Pelissier lui n'avait eu ni papa ni maman, sans famille, une grand mère trop vieille pour s'occuper de lui qu'il n'avait jamais vu mais nom d'une pipe un appétit de vie décoiffant, il rêvait de devenir joueur de foot ou astronaute, il disait: "tu sais les étoiles, c'est dans la nuit qu'elles brillent", petit prince va. Une vraie histoire d'amour qu'on a vécu là tous les deux, j'étais devenu comme une grande soeur pour lui, il m'a beaucoup appris, je l'ai beaucoup aimé.

 

 

 

 

 

17/09/2009

Montréal

GP montreal.jpgJ'espère qu'il me pardonnera mais cette chanson quand je l'entends me fait frissonner suis sans doute trop trop et pourquoi pas car souvent ici fermant les yeux j'étais là-bas, je me dis que c'est bon de se faire du bien alors je peux pas m'en priver et je partage, je partage... Plus qu'un bateau dans une bouteille, bien plus...

 

22/08/2009

Cours Saleya

Amicales pensées à Jalila et Claudio.

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Bien malheureusement je ne pourrais me rendre à Nice cet été, trop de travail et d'embrouilles dans le Nord pour une escapade de plus je le regrette, c'est une ville qui a toute mon affection chargée de souvenirs importants et de taille pour moi. J'y ai vécu un an.
Il y a plus de vingt ans la même année j'épousais l'homme de ma vie, à peine rencontré je lui avais demandé sa main, j'attendais notre premier enfant je quittais mon Nord natal ma famille mes amis mes études mon quotidien mon passé pour vivre dans une ville que je n'avais jamais vue pour un temps indéterminé avec un mari que je ne connaissais pas vraiment dans une situation de devenir inconnue, c'était ma première grossesse, mais, en état de grâce. Je me suis mise à la socca au tricot layette sur la promenade des anglais entre deux lectures et de fréquentes escapades à la cinémathèque. J'avais choisi le gynécologue avec lequel j'avais étudié l'anatomie sur les bancs de la fac une référence livresque dans ce domaine, le professeur Libersa, il était de Lille en plus, un gage de sérieux!
Surprise au début je me suis habituée à être abordée dans la rue et prise pour une suédoise et puis cela s'est arrêté d'un coup, non pas que je déblondissais mais m'arrondissais.
Un après-midi de Juin, cours Saleya, je découvrais tranquillement A la recherche du temps perdu quand arriva un fort bel homme grand officier de marine à l'uniforme blanc éclatant digne d'une scène tirée direct d'Harlequin, ces romans à l'eau de rose qu'affectionnait particulièrement ma copine au pensionnat elle les lisait en masse un soir de désespoir adolescent j'en avais avalé une pile depuis plus, il m'aborde avec délicatesse et me demande tendrement:
- Pourriez-vous faire quel que chose de spécial pour moi?
Je m'entends répondre oui sans réfléchir et sans attendre.
-C'est assez intime.
Pas de problème de surenchérir, inconscience de la jeunesse goût du risque du romanesque ou que sais-je?
- Voilà, je ne suis pas littéraire, du moins j'aime les mots mais ne sait comment les agencer ensemble, me rendriez-vous le service d'écrire une lettre à ma fiancée genre que vous aimeriez recevoir elle est jeune et fraîche comme vous et je repars pour quelque mois, je reprends la mer...
Oups est-ce qu'elle est blonde aussi comme moi!
- Pas de longueur, quelque chose de court et de dense que cela puisse venir de moi elle me connaît suffisamment pour savoir que je serais bien incapable de noircir plus d'une demi page malgré toute l'ardeur de mes sentiments.
Le connaît-elle vraiment? Hum, déjà une lettre d'amour à une femme venant d'un homme mûr du haut de mes 19 ans venant à peine d'en découvrir la saveur de plus avec une économie de mots j'étais plutôt roman fleuve fleur bleue et romantique, comment pourrais-je retranscrire avec justesse et poésie les sentiments de cet énergumène casquetté...
J'ai écrit, il a lu satisfait a recopié a glissé dans l'enveloppe pré timbrée et m'a demandé de l'accompagner jusqu'à la poste parceque comme il l'a dit lui-même nous étions complices sur ce coup, pas faux.
Tous les quatre ou cinq ans, de manière récurrente je repense à cette rencontre, je ne me souviens plus du contenu mais du frisson, oui.
Juin 1984, Cours Saleya, Nice.

 

 

10/08/2009

For ever

 

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Je l’ai rencontré  au moment propice, toujours cette notion de non hasard dans les rencontres, une rencontre d’abord virtuelle, ici et là-bas, puis backstage s’est développé une véritable connivence devenue complicité, il m’a fait rire pleurer pleurer de rire même émue jusqu’au trognon touchée profond, conquise révélée encouragée adorée. Je l’ai aimé passionnément autant que les mots puissent le transmettre, le pouvoir des mots quand ils sont puissamment amenés et gracieusement offerts quand ils viennent des tripes quand ils viennent du cœur quand ils embrasent l’esprit et décollent l’âme, les mots d’amour, ceux qu’on échange du bout des doigts  les murmurant du bout des lèvres, ceux qui érotisent et enflamment transportent enivrent emportent. Je le garde mon précieux au fond de moi tous les jours qui passent et cet amour est à jamais tatoué.

Love.

 

 

 

05/08/2009

Elle

 

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Elle ne sait de moi sans doute que ce qu'il lui en dit le soir sur l'oreiller au réveil devant la tasse de café dans leurs longues conversations d'après-midi chauds alangis par mails coups de fil et lettres enflammées, et tout ce qu'il ne dit pas et qu'elle sent, elle sait comme moi que nous aimons le même homme, sans doute pour toutes ces raisons si indescriptibles qui font que l'on aime un homme de son génie et de sa plume de sa lucidité et de sa férocité vive de cette tendresse passionnelle sa soif d'amour et de reconnaissance de cet appétit charnel qu'elle seule approche, elle sait aussi bien plus sur moi que je saurais jamais sur elle ne me gardant aucunement d'être et de me livrer ici et là toujours entière et sans détours. Elle m'inspire.

Comme une image elle se ballade dans les méandres de mon cerveau et parfois aussi sans le savoir elle visite mes nuits elle est entrée dans ma vie comme un coup de poignard dans mon rêve éveillé et a suscité une prise de conscience live de son existence et de son importance pour celui à qui je consacrais chaque instants de mes longs jours de vie chargés. Et maintenant je sais que son bonheur dépend du mien, et donc du sien, alors je veux qu'elle sache que je suis sereine et éprise, que l'amoureuse s'est transformée en aimante et que la relation a changé de densité et d'expression et de tempo, que tout me parait fluide et gracieux humain et créatif.

Je la voudrais heureuse car il le sera, je la voudrais fulgurante et ardente il l'attend, je la souhaite elle-même et sûre et mon amie comme je veux être la sienne. L'amour est mouvance pour qui sait s'y abandonner il peut tour à tour être force souffrance nourriture et poison, passion complicité exigence et don, humain joyeux dansant et féroce, un mal nécessaire parfois, une source, une ouverture au monde, poésie... Elle a l'avenir entre ses mains, le sien, le leur.

 


06/07/2009

son et souffle

1977342092.jpgA lire et à vivre à voix haute a dit Venise, voilà mais à voix basse ...



04/07/2009

Mistral

 

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Comme le vent dont il partage le nom il est entré dans ma vie en force. Décoiffant dérangeant interpellant acide parfois une relation fut d'emblée posée testée retournée inspectée et la confiance simplement durablement s'est installée imiscée, le plaisir de la découverte de l'échange la curiosité de l'autre le vent baissait et se faisait souffle chaleureux et rassurant avec les pics de mise à vif d'humeur et de rappel à l'ordre. Un vent exigeant, perfectioniste, le choix des mots l'expression des émotions et des sentiments, un vent visionaire engendrant. Joueur il titille teste provoque, protecteur il enveloppe caresse apaise, curieux il questionne raisonne demande, angoissé il exprime ravive fouille colère, aimant il offre se donne interactive, créatif il met au monde balaye induit nettoie ouvre à soi-même. C'est le vent qui bouscule la vallée la lave ravive les couleurs purifie la lumière demande à l'arbre de plier au roseau de courber et nettoie sur son passage entraîne plus loin ne laisse pas indifférent. Mon ouragan se prénomme, au delà des océans Christian et j'aime quand il tempête il enfle ma voile et me voyage, ou qu'il soupire m'émeut et m'enflamme. Pas un vent ordinaire, un homme à part, un météore.

 

 

 

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 Lire "Valium" de Christian Mistral ou le relire...transportant, mauditement humain.