19/01/2009
Ensor
James Ensor est né à Ostende en 1860; Figure originale il domina la peinture belge de son époque. Il commença à peindre sous l'influence de Manet et Degas et des symbolistes de l'époque qui renoncèrent à exprimer les apparences au profit des idées. Sa particularité se trouve dans l'exceptionnelle ardeur vitale qui lui fait apprécier les êtres et les choses jusque dans les aspects les plus positifs et matériels dans un débordement de joie qui entraîne tout et chacun dans des rondes triomphantes.
On a comparé sa carrière à un film montrant à l'accéléré près d'un demi-siècle de peinture, allant du naturalisme à l'expressionnisme et au surréalisme en passant par l'impressionnisme, le symbolisme et le fauvisme. On ne peut donc associer son nom à un style pictural défini; il les transcende tous. Méconnu pendant ses années de génie, il fut fêté dans sa vieillesse, alors qu'il ne faisait que se survivre.
" James Ensor est l'un des peintres dont le drame aura été d'être né trop tôt . Il est pourrait-on dire, l'inventeur de l'expresionisme bien des années avant que les critiques ne conduisent par opposition à l'impressionisme à donner ce nom à un nouveau courant de la peinture moderne.
Il avait la particularité de revendiquer pour le laid une place dans la peinture. Il considérait que la vie n'était avant tout qu'une vaste farce, dont il valait mieux rire en toute circonstance. Il cherchait à traquer dans les portraits et derrière les compositions de ses toiles l'épaisseur et le ridicule de l'apparence. "
04:44 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : art, peinture, couleur, james ensor
12/01/2009
Paul Klee
On a voulu associer l'art de Paul Klee à celui des enfants. Mais on a exagéré, dans ce sens que l'imagination de l'enfant reste toujours gratuite et qu'elle laisse toute liberté à l'intervention de hasards inévitables chez des êtres en formation qui cherchent surtout à trouver leur équilibre par quelque moyen que ce soit. De sorte que le dessin chez les enfants ne constitue jamais qu'une suite de chutes rattrapées où les jeunes artistes veulent bien moins imaginer un monde nouveau que se dépêtrer du leur qu'ils ne connaissent pas encore. Par contre, Paul Klee, lui, s'est facilement dégagé d'un univers dans lequel il n'a pénétré profondément qu'à ses débuts dans l'art de peindre; il lui aura suffi de nous initier au sien, qu'il découvre au jour le jour et au fur et à mesure de ses émerveillements continus.
Il en définira la nature quand il dira: "Jadis nous représentions les choses visibles sur la terre, celles que nous avions plaisir à voir. Maintenant, nous révélons la réalité des choses visibles, par suite nous exprimons la croyance que la réalité sensible n'est qu'un phénomène isolé, débordé de façon latente par les autres réalités. Les choses acquièrent souvent une signification plus large et plus variée en semblant être en contradiction avec l'expérience rationnelle. Il existe une tendance à accentuer l'essentiel de l'aventure." D'autre part, Klee ne s'appesantit pas sur la technique des couleurs, et les règles plastiques seront ce que son inspiration les fera.
Il part toujours, et sans discernement rationnel, d'une vision entrevue, et, là-dessus, improvise à perte de vue et de raison, c'est-à-dire sans savoir exactement où il va ni où il devra s'arrêter. Si ses compositions sont animées d'un rythme attachant et d'une qualité si surprenante, ce n'est pas pour en avoir longuement cherché les mesures. Et si ses combinaisons plastiques sont de même ordre, c'est qu'il possède une science infuse de l'art des formes, des lignes et des couleurs.
D'ailleurs, lorsqu'il parle de lui-même, il ne met jamais en avant son moi intime. Aussi bien n'a-t-il pas éprouvé de sentiments violents; il ne s'abandonne pas non plus à quelque exhibitionnisme expressionniste. Il reste prudent et mesuré, parlant de l'art en formules générales. "Moi et la couleur ne font qu'un..." dira-t-il.
10:05 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : peinture, art, klee, couleurs
05/01/2009
art
" L'art vise à imprimer en nous des sentiments plutôt qu'à les exprimer . "
H.Bergson
( note inspirée par Inukshuk )
05:25 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (34) | Tags : art, peinture, pensée
11/12/2008
Au pays de l'outre-noir
Depuis un demi-siècle et plus, l'aveyronnais Pierre Soulages est "le peintre du noir". Pourtant, son matériau premier est la lumière. Portrait du peintre entre ses amours préhistoriques et romanes et sa consécration de Saint-Pétersbourg, où il a été le premier artiste vivant exposé au musée de l’Ermitage.
Pierre Soulages est né le 24 Décembre 1919 à Rodez.
Très jeune il est attiré par l'art roman et la préhistoire. Il commence à peindre dans cette province isolée que n'ont pas pénétré les courants artistiques contemporains. A 18 ans, il se rend à Paris pour préparer le professorat de dessin et le concours d'entrée à l'Ecole Nationale supérieure des Beaux-Arts. Il y est admis mais convaincu de la médiocrité de l'enseignement qu'on y reçoit refuse d'y entrer et repart aussitôt pour Rodez. Pendant ce bref séjour à Paris il fréquente le musée du Louvre, il voit des expositions de Cézanne et Picasso qui sont pour lui des révélations.
Il a douze ans quand son instituteur l’emmène, avec sa classe, visiter l’abbaye romane de Sainte-Foy de Conques pour leur montrer la splendeur de l’architecture... et la "maladresse" des sculpteurs de l’époque. Soulages est trop jeune encore pour mettre des mots sur l’indignation que provoque en lui ce regard sur la sculpture médiévale, mais Conques lui apporte confusément une double révélation : la passion de l’art roman et le désir de devenir peintre.
Soixante ans plus tard, quand l’Etat français le sollicitera pour réaliser des vitraux pour la belle abbaye bénédictine (l’une des plus importantes commandes qu’il ait jamais passées), Soulages ne pourra dire non au lieu de ses premières grandes émotions artistiques.
C’est ainsi qu’en 1994 Conques étrenne ses cent quatre nouveaux vitraux qui relèvent magnifiquement le difficile défi d’inscrire une œuvre du XXe siècle finissant dans un édifice du XIe siècle.
Le Centre Pompidou présentera à l'automne 2009 une rétrospective de son oeuvre .
" J'aime l'autorité du noir, sa gravité, son évidence, sa radicalité. Son puissant pouvoir de contraste donne une présence à toutes les couleurs, et lorsqu'il illumine les plus obscures, il leur confére une grandeur sombre. Un jour je peignais, le noir a envahi toute la surface de la toile, sans formes, sans contrastes, sans transparences. Dans cet extréme j'ai vu en quelque sorte la négation du noir. Les dîfférences de textures réfléchissaient plus ou moins faiblement la lumiére et du sombre émanait une clarté, une lumiére picturale dont le pouvoir émotionnel animait mon désir de peindre. Mon instrument n'était plus le noir, mais cette lumiére secréte venue du noir. Par la suite, pour ne pas limiter ces peintures à un phénoméne optique, j'ai inventé le mot " outre-noir" ; désignant aussi un autre pays , un autre champ mental que celui du simple noir . "
Pierre Soulages
09:24 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : soulages, noir, peinture, art
20/11/2008
Ellen Gallagher
elle vit et travaille à Brooklyn . Les formes de ses tableaux abstraits - pages d'écoliers, yeux exorbités ou bouches caricaturales - incarnent une déconstruction des stéréotypes de la société occidentale qui ménage une place à la grâce.
" Nous devons accepter notre existence aussi complètement que possible. Au fond, le seul courage qui nous est demandé est de faire face à l'étrange, au merveilleux, à l'inexplicable que nous rencontrons. Cette vie que l'on appelle imaginaire, ce monde prétendu surnaturel, la mort, toutes ces choses nous sont au fond consubstancielles, mais elles ont été chassées de la vie par une défense quotidienne, au point que les sens qui auraient pu les saisir se sont atrophiés ."
Rainer Maria Rilke
13:43 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : art, peinture, poésie
06/10/2008
les introducteurs de réalité
( oeuvre de Christophe Miralles )
" La passion de peindre s'est toujours montré semblable à celle de vivre et de faire vivre, par les autres et pour les autres . L'artiste veut entendre, comprendre et être entendu, compris . Il se montre et montre le monde .
Peindre est un langage, un moyen de communiquer tout comme parler , un moyen de liaison: une preuve de l'existence , mais aussi de confiance dans cette existence... Presque toujours le voeu de l'homme s'est fait jouer par la couleur . Toujours la description du monde, du visible, a été celle de la tentation, de la confiance, de l'espérance. On a toujours pu confondre la lumière avec Les lumières, c'est à dire avec la conscience claire, avec l'imagination heureuse et avec la raison. Nous vivons cette vie, mais il nous est donné de lutter pour en vivre une autre. n'étant rien, nous pouvons être tout. Bien sûr que nous savons montrer le mal, mais c'est pour mieux le combattre, pour y échapper. La peinture, par les mots ou par le pinceau, des monstres, a, hélas, toujours été d'actualité, mais c'est d'elle que sont nées les grandes révoltes optimistes, les revendications les plus valables .
Je suis un homme et je puis reproduire mes désirs, je peux me rendre libre en libérant les autres. Et je sais que j'aborde là à la fois la barriére et la porte entre le monde extérieur et moi. Mais si la barricade s'ouvre, la vie toute entière est nôtre. L'homme est en marche sur la terre."
Paul Eluard
08:50 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : miralles, peinture, pensée, eluard
04/10/2008
Hundertwasser
Friedrich Stowasser (* Vienne, 15 décembre 1928; † Nouvelle-Zélande, 19 février 2000), mieux connu sous le nom de Friedensreich Hundertwasser, était un artiste peintre, penseur et un architecte autrichien ou plutôt comme il l'a annoncé dans son manifeste prononcé le 24 janvier 1990, un médecin de l'architecture.
Il invente son nom d'artiste à partir de Frieden qui signifie «paix» et Reich «le royaume» ou bien reich «riche», Friedensreich se traduisant donc par le «Royaume de la paix» ou «riche en paix». Sto étant le mot tchèque pour «cent» (hundert en allemand) et wasser se traduisant par «eau», Hundertwasser veut donc dire «cent eaux».
Dans le premier cas, la mise bout-à-bout des deux termes donne : «Le royaume de la paix (aux) cent eaux». Hundertwasser aimait souvent à citer la traduction japonaise de son nom (hyaku-sui).
Bien qu'il soit né et ait grandi en Autriche, la patrie de choix de Hundertwasser était cependant la Nouvelle-Zélande, et sa principale maison le navire Regentag (jour de pluie), un ancien navire de commerce réorganisé.
Son message est profondément, viscéralement écologiste et s'exprime très tôt par des performances remarquées, des manifestes écologiques, artistiques et architecturaux et dans toutes ses réalisations (peintures, affiches, timbres, maisons, architectures, livres...).
Ses manifestes portent des titres comme Ton droit à la fenêtre où il affirme que dans un habitat collectif, l'habitant est maître de tout ce qu'il peut atteindre de sa fenêtre autrement dit, le concepteur doit tenir compte des désirs de l'utilisateur, Pour une société sans déchet, La folie du nettoyage, La toilette-humus, etc. Il se soucie de "l'empreinte écologique" du citoyen et du citadin moderne. En conséquence il crée des immeubles avec des arbres aux fenêtres (l'arbre-locataire), conçoit et réalise en ville et à la campagne des maisons dont les toits sont recouverts de verdure et de végétaux, des sols à niveau inégal et encourage les propriétaires et les ouvriers à être créatifs et à apporter une touche personnelle à leur travail, par exemple grâce à la mosaïque. Il aime l'asymétrie et tout ce qui vient rompre l'ordre et la monotonie de la géométrie pure.
Son œuvre picturale est caractérisée par le foisonnement organique des formes et repose sur la brillance des couleurs. Couleurs qu'il emploie fréquemment (souvent plus douces) en architecture comme l'Or, emprunt au style baroque rococo.
On peut affirmer que Hundertwasser est un artiste inclassable marqué par un immense amour de la nature et l'un des grands pionniers d'une architecture humaniste et écologique qui tente de concilier créativité artistique et écologie.
Complètement d'avant garde !
21:46 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : peinture, art, architecture, hundertwasser
01/10/2008
Qu'importe
et qu'importe
ce qui compte
ce sont les mouvements
du coeur
blessé ou réinventé
du corps
souffrant ou riant
l'alchimie secréte
des émotions
les emportements
d'une croyance
plus forte
que l'évidence des jours
la passion tenace
vivante
porteuse
d'une mémoire grande
ouverte
sur les enchantements .
( oeuvre de H.S )
21:11 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : suchet, peinture, poésie
30/09/2008
Peindre
" Peindre, c'est se remettre à aimer .
Pour voir comme le peintre voit, il faut regarder avec les yeux de l'amour. Son amour à lui n'a rien de possessif : le peintre est obligé de partager ce qu'il voit. Le plus souvent, il nous fait voir et sentir ce que nous ignorons ou ce contre quoi nous sommes immunisés. Sa manière d'approcher le monde vise à nous dire que rien n'est vil ou hideux, que rien n'est banal, plat ou indigeste si ce n'est notre propre puissance de vision.
Voir n'est pas seulement regarder ce qu'il faut ; ce qu'il faut c'est regarder-voir; c'est pénétrer du regard et observer. "
Henry Miller
( oeuvre de P. Natier )
08:11 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : henry miller, peinture, art
25/09/2008
sursaut
La souffrance s'émousse
aux arêtes du désespoir
se tasse au plus profond
plus diffuse
plus inerte
pour quelque part redevenir angoisse
sous l'assaut des incertitudes
Il faut parfois
se déchirer à nouveau
pour ne pas se briser
tout à fait
dans un sursaut de vie .
09:21 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : suchet, peinture, poésie
15/09/2008
Nicolas de Staël
"Aller jusqu'au bout de ses déchirements jusqu'à leur tendresse"
Nicolas de Staël né à Saint-Petersbourg en 1914 et jusqu'à son suicide n'a conservé de son ascendance slave que le romantisme et le désespoir. Proche du tsar, son pére est vice-gouverneur de la forteresse Pierre-et-Paul. La révolution russe de 1917 contraint sa famille à s'éxileren Pologne, où meurent ses parents. Orphelin,il est receuilli par un couple russe de Bruxelles ; il s'est alors mis à étudier la peinture dés l'âge de 16 ans. Il quitte sa famille adoptive pour voyager en Espagne, puis au Maroc. Rentré à Paris en pleine occupation avec une compagne malade et une petite fille, il connaîtra une grande pauvreté, en même temps qu'il découvre la peinture abstraite.
Parti de formes géométriques, Staël, peut-être sous l'influence de Georges Braque, avec qui il se lie, découvre peu à peu la force de la couleur pure et des formes libres . Son évolution est trés rapide. Les commandes se multiplient, c'est Paul Rosenberg qui le prend sous contrat à New York. Staël s'installe un moment à Ménerbes ( Vaucluse ) dans une admirable demeure qu'il vient d'acheter .
Là , sa maison à Ménerbes, village où a séjourné aussi pendant de nombreuses années Dora Maar. Trés joli endroit ....
De la force, il en possédait à revendre. Il était grand-immense-avec une voix de basse, profonde, incroyablement russe. Un visage long, trés beau, à la fois rieur et mélancolique, qui gardait quelquechose de l'enfance ou d'une nostalgie. Plus impatient qu'angoissé, avec de brusques bouffées de colére, des flambées d'orgueil et la brouille facile, souvent pour des raisons obscures .
Comme Delacroix , il était sensible à la musique ; ce goût pour la musique d'ailleurs réflétait bien son choix de vie , dans un univers de sensations, des plus frustres au plus élaborées.Il semble qu'il ait toujours été affamé de ce que la vie pourrait lui donner de plus immédiat, et quoi de plus fort que les images offertes par la peinture ?
" Je veux réaliser une harmonie. Je me sers d'un matériau qui est la peinture. Mon idéal est déterminé par mon individualité et l'individu que je suis est fait de toutes les impressions reçues du monde extérieur depuis et avant ma naissance ."
L'oeuvre de Nicolas de Staël appartient à un registre élevé dans lequel s'exprime le passionnel et le lyrisme comme si le destin lui avait imposé tout au long de sa vie une trajectoire pour faire naître un nouveau rapport esthétique avec le réel.
Attendre tout d'un art que l'on pratique d'instinct, en exalté, retrouver le chemin d'une réalité perdue avec des moyens entiérement neufs, mais étroitement dépendants de moyens d'expression qui seront bientôt périmés, c'est une conduite devenue tellement insolite qu'elle devait forcément se briser, s'anéantir.
Nicolas de Staël, au travers sa peinture, recherchait l'absolu.
"Toute ma vie, j'ai eu besoin de penser peinture, de voir des tableaux, de faire de la peinture pour m'aider à vivre, pour me libérer de mes impressions, de toutes les sensations, de toutes les inquiétudes auxquelles je n'ai trouvé d'autre issue que la peinture."
10:04 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : peinture, art, destaël
11/07/2008
la muse
L'homme de ma vie est un artiste .
Il y a quelques années , il a fait ce tableau où je suis rêveuse , perdue dans mes pensées ...
A chaque fois que je regarde cette toile , je suis touchée de voir à quel point l'émotion d'avoir été ainsi inspiratrice est forte et aussi intacte qu'au premier jour ...
"même sommeil , même réveil
nous partageons nos rêves et notre soleil "
Eluard
23:11 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art, peinture, poésie