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13/09/2012

équilibre

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- Bleu - Soulages -

 

"On est toujours guetté par deux choses aussi dangeureuses l'une que l'autre: l'ordre et le désordre."

- Pierre Soulages -

 

 

12/09/2012

blog et vie -1-

La dernière fois que j'ai vu ce monsieur c'était au mois de Juillet, en plein milieu des soldes. Il voulait, en plus de faire plaisir à sa fille en lui offrant une tenue parfaite, me remercier du petit texte que j'avais écrit ici sur sa femme Françoise, décédée en début d'année, et qu'il relit souvent. Dans la longue lettre manuscrite que je lui avais adressée à ce moment là, j'avais joint une copie de ce texte et le lien sur mon blog. Il est passé me voir aujourd'hui à la boutique, pour me saluer: "Je vous ai vue, je me suis arrêté et me suis garé comme dans le temps, devant chez vous. Vous faites presque partie de la famille, vous savez, Blue... Je vous lis sur votre blog, et ça me fait de l'effet. Vous aimez ça écrire, c'est fou! ". Après nous être entretenus de choses et d'autres: des vacances sans elle pour la première fois, de la conjoncture économique, des besoins de ses petits enfants et du vide difficile à vivre, il me dit: "Comment va votre bébé, parce que votre blog, c'est ça n'est-ce-pas? Il faut vous en occuper!" J'étais toute retournée: " Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas le lâcher!" Il est reparti souriant et soulagé, sa main battant l'air pour me dire au revoir, rassuré de savoir qu'il allait me retrouver, entre mes mots, tôt ou tard...

 

11/09/2012

De l'art...

Ce matin, vu chez Laure, un petit film sur J.Pollock en pleine création artistique...

 

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- Photo Massaki Nakajima - Exposition J. Pollock -


 

" C'est le propre des oeuvres vraiment artistiques d'être une source inépuisable de suggestions."

- Charles Baudelaire -

 

 

10/09/2012

Santana & Barbieri

 

09/09/2012

La Casa Musica de La Habana

Le spectacle devait commencer à neuf heures du soir et nous étions un peu à l'avance parce que Marlen avait tenu à nous accompagner, elle n’aime pas sortir le soir seule dans son quartier et voulait être sûre que nous ne courions aucun danger. Vu le nombre de gardiens et d’hommes de sécurité, il n’y avait pas à s’en faire. Nous nous sommes assis à une petite table au milieu de la grande salle sombre en sirotant notre récurent mojito et nous avons assisté à l’installation de la scène au milieu des ingénieurs du son. La salle s’est remplie progressivement. Des couples d’amoureux, des groupes d’amis, une bande de vénézuéliennes complètement en transe, sans doute ravies d’être là et quelques hommes seuls disséminés de ci-de là. Les gros caissons noirs de chaque côté de l’estrade envoyait un son épouvantable, à un point tel qu’il n’était pas possible d’apprécier la musique diffusée. J'espèrais que cela allait changer une fois le groupe en piste. De plus en plus l’ambiance chauffait, certains se mettaient à danser près de leur table, d’autres trinquaient et se réjouissaient d’être là. Mais le spectacle le plus édifiant qui au début m’avait mise mal à l’aise était le défilé de plus en plus consistant de jeunes femmes toutes tirées à quatre épingles, maquillées, perchées sur des talons invraisemblables, moulées dans des petites robes trois trous à la Jackie Kennedy, les mains impeccablement manucurées tenant une pochette oblongue scintillante. Elles passaient et repassaient, se déhanchant et lançant des œillades à la volée. Elles m'évoquaient une présentation de Paule Ka avec leurs coupes de cheveux toutes identiques, lissés et remontés en chignons savamment décoiffés. Si jeunes. Tellement jeunes. Des lolitas, jeunes femmes jouant à être femme pour aiguiser les appétits masculins. Aucun homme célibataire ne le restait longtemps. Elles l’approchaient à deux ou trois, souvent une blonde, une brune, une entre-deux, comme pour proposer un choix à leur proie et même parfois l’une d’elle se levait pour aller en chercher une quatrième sentant que celle-ci qui avait tapé dans l’œil du coquin. Juste avant que le concert ne soit lancé, des bandes de copains firent leur entrée. Manifestement, ces hommes avaient leurs habitudes, et venaient sans état d’âme cueillir une fleur pour agrémenter leur soirée. A la table à ma droite étaient assis trois couples de cubains et cubaines venus pour apprécier la musique, ou tenter de le faire. Mon voisin le plus proche me regardait d’un air dépité chaque fois qu’un gars repartait avec une de ces jeunes filles sous le bras. Je pensais : « ça pourrait être sa fille ! » Et lui semblait se dire : « Elle doit penser que ça pourrait être ma fille ! ». La musique d’un coup est venue s’abattre sur nous coupant court à nos émotions. Et j’aime trop la musique pour pouvoir l’entendre dans de telles conditions, je me suis demandée d’ailleurs de quoi les tympans des cubains étaient faits pour pouvoir le supporter. Et puis, surtout, je commençais à avoir trop mal au cœur de voir tout ce gâchis, toute cette jeunesse qui n’a comme seule issue que l’usage de son corps. Je suis repartie de la casa musica de la Habana, ivre et triste. Une image de Cuba loin des couleurs, des lumières et de la poésie que je m'étais écrite jusque là.

 

La Finca Vigia -2-

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J'ai toujours adoré les allées bordées d'arbres. Petite, je me rappelle très bien de l'euphorie que me procurait celle qui menait au petit Moulinsart de mon amie Marianne. Ses parents étaient les meilleurs amis de mes parents et j'allais souvent le Mercredi après-midi chez elle. On jouait au docteur, à la poupée, on s'inventait des histoires de reines. Mais mon moment préféré était toujours... l'arrivée. L'immense allée en gravier habillée de droite et de gauche d'une rangée bien dessinée de peupliers. Comment dire? Allégresse, c'est le premier mot qui me vient, oui, un sentiment d'allégresse à être comme ça, sur un chemin qui communique avec le ciel. A La Finca, quand mes pas m'ont amenés à l'allée bordée de palmiers qui mène à la piscine, j'ai pensé à Proust et à ses madeleines. J'avais la mienne. J'en ai pleuré.

 

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Au bout de l'allée, les sièges à bascule, présents dans tous les intérieurs cubains, au bord de l'énorme piscine presque carrée vide mais peinte en bleue des mers du Sud invitaient à s'asseoir. Ce que j'ai fait. Je me suis plue à imaginer qu'avait dû être l'ambiance à l'époque, les amis, les rires, les discussions, les espiégleries d'Ernest et les chiens au milieu de tout ça. J'ai fermé les yeux et j'ai goûté au délicieux bruit du vent dans les feuillages, me faisant mon petit film. Pat m'a sorti de ma rêverie, me montrant du doigt les petites pierres tombales pour chacun de ses quatre chiens et par derrière le fameux "Pilar" restauré.

 

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De voir son bâteau m'a donné envie d'en savoir davantage et je proposais à Pat et à Emilio qui nous accompagnait dans le même genre de voiture que Jesus à la Havane, de pousser jusqu'au petit village où Hemingway aimait pêcher: Cojimar, la source d'inspiration du vieil homme et la mer, on ne pouvait pas ne pas aller y finir notre sorte de pélerinage avant d'enfin s'échouer sur la plage. Nous sommes tombés d'accord et nous prîmes la route vers cette nouvelle destination. Après s'étre désaltéré d'un vesou frais, aux peut-être vertus aphrodisiaques, nous sommes repartis dans la chaleur moîte, fenêtres grandes ouvertes vers Cojimar. Sur la route, il n'y avait presque personne, à part des camions aux chargements incroyables: sacs de riz vintages ou masse d'individus agglutinés, des équipages improbables toujours très colorés et quelques rares américaines plaisantes à regarder. Du vert, du vert, du vert encore. La nature est riche et foisonnante. Cuba ne manque pas d'être arrosé. Juste avant d'arriver à l'entrée du village, juste au tout dernier carrefour, je demandais à Emilio de s'arrêter devant une ruine magnifique qui avait mis en branle spontanément tous mes neurones. J'ai bondi tel un cabri hors de la voiture pour la prendre en photo sous toutes ses coutures. J'ai senti en moi pousser mes envies d'entreprendre et de construire, je voyais déjà ce que je pourrais faire d'un endroit comme celui-là, tout y était. J'ai demandé à Emilio à quoi avait bien pu servir cette bâtisse, il m'a répondu: une école. Je n'ai pas pu y entrer mais mes plans étaient fait. Vaste restaurant au rez-de chaussée et belles chambres claires avec vue sur la mer dans les étages. Emilio ne comprenait pas mon enthousiasme et me regardait avec des yeux ronds tentant de partager ma vision. Pat alors me dit: "Blue, tu es à Cuba!", j'ai déchanté, adieu veau, vache, cochon, couvée...

 

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- L'objet de ma rêverie -

 

Dés l'entrée du petit village de pécheurs, on est au parfum. Bien clair qu'ici "Papa" a laissé son empreinte, d'ailleurs face au fort au bout du port, sa tête en bronze trône au milieu d'une rotonde de colonnes blanches, fixant à jamais la mer qui s'étend à l'infini devant son effigie. Là, Pat a pris de belles photos de moi contemplative et nous sommes repartis vers les plages où les habitants de la Havane viennent en famille prendre l'air du large. Emilio connaissait un endroit moins touristique où il venait régulièrement avec sa femme et ses enfants. L'idée nous plaisait d'être plutôt du côté des cubains que sur une plage formatée face au complexe hôtelier. Pas du tout la même ambiance qu'à Trinidad, pas l'ombre des cocotiers, à la Havane, ça cogne dur mais l'eau de l'océan est plus fraîche que celle trop tiède de la mer des Caraïbes. Les us et coutumes, eux restent les mêmes. Tous avec leur bouteille de Rhum et de coca à s'enivrer tout au long de la journée sous un soleil de plomb, tous plutôt en groupe, peu de couple comme nous, et toutes tranches d'âge confondues. Je n'avais pas vu autant de grand-pères et de grand-mères sur une plage qu'à Cuba! Nous avons déjeuné là sous une petite construction de bric et de broc. Un délicieux poisson grillé et dos mojitos. Et nous avons bullé sur la plage sachant que nos vacances tiraient à leur fin et qu'il allait nous falloir très vite changer de rythme, de paysages aussi...

 

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- "Papa" à l'entrée de Cojimar -



08/09/2012

La Finca Vigia -1-

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- Portrait d'Ernest Hemingway -


Après une journée chargée et torride à la Havane, nous avions décidé de prendre un peu l'air et de nous faire dorer la couenne sur les plages de l'Est à quelques encablures de la ville. La Finca Vigia était un petit détour mais me semblait un passage obligé de notre séjour cubain. Il y a une sorte de jubilation à pouvoir voir la maison de quelqu'un, sentir dans quel environnement il a vécu et oeuvré et ce qui composait son quotidien. L'intérieur de notre maison nous ressemble et en dit long sur nous. Celle où Hemingway a vécu pendant prés de vingt ans avec sa quatrième femme est un véritable enchantement: une belle villa colonniale noyée dans une végétation luxuriante avec une vue magnifique sur la Havane au loin, des terrasses accueillantes, une piscine au bout d'une allée de palmiers, une décoration apaisante, une belle luminosité et puis des livres partout: dans le salon, dans les différents bureaux, dans la chambre à coucher et même dans la salle de bains. Un endroit où je me suis tout de suite sentie bien malgré la présence inquiétante de nombreux trophées de chasse. La tour adjacente où Hemingway entretenait sa demi centaine de chats et au sommet de laquelle il entreposait sa "bibliothèque de guerre" est un endroit rêvé pour écrire et réfléchir, je m'y voyais déjà. Tout, d'ailleurs, à la Finca est objet de plaisir. L'air qu'on y respire, la lumière au travers des feuillages denses, l'ombre, le calme et l'échelle humaine du lieu. On sent tout de suite qu'on ne peut que si sentir bien. D'ailleurs nous sommes restés un long moment à nous détendre, à rêvasser et à causer. A part quelques ouvriers qui continuent la restauration entreprise par le centre national du patrimoine culturel et du bureau de l'historien de la Havane, depuis qu'après sa mort, par sa volonté, elle fut offerte au gouvernement cubain; quelques gardiennes de musée tentant de nous soutirer quelques cuc de plus en nous prenant en photo ou en nous proposant des petits souvenirs fait maison nous étions seuls au monde, Pat et moi, et nous avons pu sans trop d'effort faire comme à la casa!

 

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06/09/2012

Chacun voit midi à sa fenêtre...

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podcast

- Le Nombril - Jeanne Moreau -



05/09/2012

Mots pour maux

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Ok! Ben le pense et l'écrit en façade mais je ne pense pas comme lui, même que je pense le contraire enfin pas tout à fait, disons un entre-deux. Les mots peuvent être aussi assassins que libérateurs, ils peuvent faire rire comme faire pleurer, faire mal et faire en sorte de devenir meilleur. Dans une société d'images et de passage, les mots ancrent et posent et fortifient.

Le mot, les mots peuvent trahir autant qu'ils subjuguent. Les mots sont l'avenir mais pas dans n'importe quelles mains. Les mots mis au service de nobles desseins libèrent, tempérent, créent. Et, permettent à certains et certaines d'être et d'exprimer. Maux à mots, mots pour maux, les mots sont inépuisables et toujours là, prêts à bondir pour panser et construire. Ayo!! Peut-être que, je les aime trop!

 

  

02/09/2012

La Habana -1-

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- La Habana -

 

J’ai commencé mon voyage là, trop fatiguée et décalquée par le décalage horaire, je n’ai pas pu apprécier ma première journée dans la capitale cubaine et j’étais bien heureuse de quitter tout ce brouhaha et ces odeurs de gas-oil pour Trinidad, la sereine. Mais j’ai quand même voulu en savoir davantage sur cette ville mythique qui a fait tant couler d’encre et avant de repartir pour le petit Nord de la France, je suis restée trois jours à La Havane. Marlen, qui nous a gentiment accueillie n’habite pas le cœur de la ville mais de l’autre côté du Malecon dans un quartier résidentiel normalement calme quand on s’y enfonce mais bruyant à souhait de son balcon. Son appartement au deuxième étage d’un petit immeuble art déco donne sur une grosse artère, le spectacle y est saisissant. Au ralenti le Dimanche, en transe le Lundi. Des vieux bus scolaires américains avec l’arrière en porte-à-faux, des camions de toutes sortes ressemblant plus à des jouets d’enfant, des grosses voitures « fifties » hallucinantes dans des couleurs pétardes, des petites ladas grises à foison, des vélos, des vieilles motos comme dans les films d’après-guerre, et des gens à pied, plein de gens à pied, qui soit attendent des cars vétustes et bondés, soit hèlent des taxis ou même des automobilistes au hasard, chacun tentant sa chance pour éviter de faire toute la route à pied jusqu’au centre. L’immeuble voisin du sien est un vieux cinéma 1930 pur jus, l’Arenal, à l’abandon. Marlen nous a raconté que dans les années cinquante toute La Havane y venait, elle même y avait vu La Callas chanter. Depuis presque dix ans il est fermé, dommage, elle semblait en être désolée.

 

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- Du balcon de chez Marlen, le Dimanche -

 

Nous avons voulu la première journée faire un tour global dans la cité pour prendre la température du lieu. Jésus, un ami de Marlen a fait pour nous le guide dans sa voiture rafistolée repeinte en bleu vif à l’extérieur et noir à l'intérieur. Il nous a baladé de long en large et en travers dans pas mal de quartiers de la ville pour qu’on la comprenne. On est allé chercher les points hauts pour pouvoir avoir une vue d’ensemble et nous avons aussi visité le cimetière presque aussi beau que celui de Gênes. Après avoir passé des heures à déambuler dans la vieille ville- toute une partie du centre est restaurée - au milieu des touristes, nous avons bu tous les trois un verre à l’El Nacional, le fameux hôtel d’Al Capone. On se serait cru dans le Parrain dans les gros fauteuils en osier doré et skaï rouge sous le préau à colonnes joliment éclairé de grosses lanternes marocaines entrain de siroter le daïquiri mis au point par Hemingway lui-même qui est à la Havane une des vedettes, après Le Ché. Je ne vous dis pas le monde au Foridita et à la Bodeguita del Medio, les deux bars qu’affectionnait « Papa ». C’était sympa malgré une chaleur accablante. J’ai adoré le restaurant dans lequel nous a emmené Jésus, nous voulions tout sauf un lieu touristique. C’est comme ça qu’on s’est retrouvé un Dimanche midi dans une immense salle au quatrième étage d’un immeuble au plein cœur de la ville sans même qu’on puisse le savoir de l’extérieur dans un restaurant où les cubains viennent en famille manger dans un décor rustico-hispanique du porc grillé ou du poisson arrosé d’une sangria maison. Vraiment un chouette moment. Jesus nous expliquait du mieux possible, ne parlant qu’espagnol, que c’était une sorte de coopérative et que c’est pour cela qu’on pouvait manger aussi bon à des prix aussi bas. C’était bondé. Les grands ventilateurs brassaient un air chaud et lourd et la jovialité emplissait l’atmosphère. Un lieu autrement plus sympa que d’autres que nous avions pu faire avec notre guide touristique sous le bras. Le charme de La Havane commençait à opérer et nous étions finalement ravis d’être là. Nous nous sommes cassés le nez devant la porte du musée d’art contemporain, les horaires avaient changés et nous avons du coup décidé de faire celui du Havanna club, pas tout à fait le même délire mais instructif quoique expéditif. On ne peut pas le faire sans un guide, passage obligé à la caisse, et le guide mène ça de main de maître à une cadence plus que rapide pour vite nous amener à ce qui le motive : le magasin de souvenirs.

Enfin, nous avons voulu finir la journée en beauté. La fille de Marlen travaille dans la mode, elle est ancienne mannequin, mariée à un photographe français et fait maintenant de la production d’images. Elle m’avait envoyé via mon amie un mail avant de partir nous indiquant un lieu insolite pour dîner en tête à tête. Nous avons demandé à Jesus de nous y déposer, Pat et moi, ce qu’il a aimablement fait et de venir nous rechercher après le repas, car l’endroit en question était vraiment dans un coin improbable de La Havane, en dehors du circuit touristique niché au troisième étage d’un ancien palais, rampe d’escalier et sols en marbre, hauteur de plafond surprenante, immenses pièces bourrées de colonnes, il paraît que La Havane est une des villes la plus riche en colonnes du monde, sombre et pas très rasssurant. Au rez-de chaussée, l’espace est complètement squatté, recoupé en petits appartements. Un tel y gare son américaine, plusieurs autres ont des citernes d’eau suspendues aux moulures et aux stucs, un autre encore a fait pendre son linge entre une ferronnerie sophistiquée et un bout de fresque, des fils électriques traversent l’air de partout, une vraie forêt vierge et sur les murs desquamés on peut lire un poème de Fidel et voir une peinture du Ché. Au deuxième, c’est entassé. Chacun a fabriqué son petit chez soi de bric et de broc avec des planches, des tôles usagées, des morceaux de tout et de rien, on a l’impression que c’est provisoire, que c’est en chantier mais on comprend vite en jetant un œil discret que c'est ainsi que les gens vivent, alors quand on arrive au troisième après avoir passé une sorte de gigantesque salle de bal entièrement vide, on est comme dans un rêve ou dans un film. La porte en bois sculpté s’ouvre sur un espace raffiné, meublé avec goût de mobilier pourtant disparate, des tables dressées avec une élégance rare, nappées de blanc, des assiettes en porcelaine fleurie du début du siècle, des verres en cristal, de l’argenterie. Par chance nous avons pu être sur l’unique table pour deux installée sur un large balcon en pierre digne de celui qu’on imagine dans Roméo et Juliette, et nous avons dîné là, à la lumière des chandelles avec une vue plongeante sur une ville déchirée, blessée, et malgré tout vivante, insensée. Nous nous sommes régalés, avons passé une délicieuse soirée à se dire et en sortant Pat a voulu prendre des clichés en me faisant poser. Je me suis prêtée au jeu, j’aime quand il me regarde. Le résultat est un peu noir mais rend à merveille l’ambiance du lieu, à vous de juger, à votre tour de voir et de vous inspirer!

 

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- Photos Patrick Natier -



Bénédicte Dubart

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- Sculpture Bénédicte Dubard -


En faisant le petit tour du pâté de maisons, hier, pour dire de prendre la température de l'ambiance de la braderie de cette année, j'ai été littéralement scotchée par une sculpture sur le trottoir au milieu des tablées de bradeux venus festoyer. La petite galerie d'art à quelques mètres de chez moi présentait une artiste du Nord que je ne connaissais pas, Bénédicte Dubard. Si je devais faire une rencontre ce jour là, c'était celle-là. Suis restée une bonne dizaine de minutes face à cette pièce immense de force et de grâce et puis j'ai replongé mon nez dans mes petites affaires, déjà plus tout à fait la même...

 

01/09/2012

Braderie de Lille, édition 2012

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Comme chaque année et ce depuis fort fort longtemps, la braderie de Lille a lieu. C'est une tradition dans le Nord, tous les ch'tis qui se respectent ne peuvent la louper, une occasion unique de voir la cité, d'ordinaire assez calme, envahie et étrangement transformée. Je devais être de bonne humeur cette année, elle m'a moins affligée que d'ordinaire, j'ai même trouvé l'ambiance bon-enfant. Pourtant, c'est vraiment tellement époustouflant, tous ces looks qui défilent, toutes ces sortes de comportements, ces mecs en bande qui boivent de la bière en chantant, ces nanas déguisées en filles de joie qui crient en se tenant les coudes, ces familles entières qui errent et tous ces mangas en ballons aux mains des plus petits. Certains endossent le sourire au lèvres leurs idées sans complexes en noir sur blanc sur leurs T-shirts, tout, pendant la braderie est possible, c'est une fête populaire par excellence et certains même, comme mon voisin toujours tiré à quatre épingle vienne s'y encanailler. Je l'ai vu au cours de la journée s'empourprer à la pinte de blonde mousseuse et le petit étal qu'il avait construit avec sa femme d'ordinaire si BCBG, avec épars sur le bitume quelques fringues délavées et des bouquins moisis, car chacun peut ici vendre tout et n'importe quoi, se déliter presque aussi vite que lui. Quand je suis rentrée chez moi à sept heures, il était fait, un immense sombrero lui mangeait la moitié le visage et il embrassait les passants et les passantes en déclamant de sa voix d'avocat du barreau, sa joie d'être des nôtres, nous les ch'tis! Comme cet homme jovial, appuyé de tout son long sur ma vitrine avec son slogan sur la poitrine pas des plus raffinés. Hé,hé. Faut le voir pour le croire, je vous le dis.

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Puisque par la force des choses, je suis tenue d'en être comme tout bon commerçant qui se respecte, autant jouer la carte jusqu'au bout. J'ai avec mon grand petit dernier et mon homme succombé à la traditionnelle moules-frites maison! Et le breuvage qui va avec. Diantre! j'ai été stupéfaite de voir venir à ma table à défaut d'une blanche, une bière d'Esquelbecq s'appelant "Les Québécoises"! Parfois le hasard est plein de raretés qu'on n'oserait même pas mettre dans un roman tant elles paraîtrait cousue de fil blanc. Je me suis régalée, il faisait beau et finalement j'ai trouvé la journée plus cool qu'à l'accoutumée. Prendre les choses du bon pied facilite grandement la manière de les vivre. Je suis restée un moment à regarder passer devant mes boutiques tous ces passants, tous ces gens, tous si dissemblables les uns que les autres. Au bout d'un moment je me suis demandée d'ailleurs si c'était la bière ou la masse d'images engrangées qui m'avait le plus enivrée...

 

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Au boulot toute la journée, sur le qui-vive, à faire moi aussi ma braderie de luxe, je n'ai pas eu beaucoup l'occasion de me promener, car pour cela il faut du temps, beaucoup de temps, beaucoup beaucoup de temps. Les gens sont tellement collés les uns aux autres qu'on avance au rythme de la foule, c'est véritablement stupéfiant de voir sa ville devenir le temps d'une journée autre. En même temps, c'est la première fois que je me fais la remarque, sans doute parce que j'étais plus open que les autres années, il y avait plein de poésie et d'étonnances dans ce que j'ai pu croisé aujourd'hui, le peu des quelques mètres que j'ai franchi pour prendre ma bouffée de braderie. Car entre les babioles que les enfants vendent, les vide-greniers des uns des autres, les fripes, les brocantailles et les fonds de tiroirs, parfois on arrive encore à voir des choses fascinantes. Et c'est plus finalement comment les choses se font qui prêtent à s'extasier. Même les concours de moules, faisant étrangement penser aux terrils, deviennent par l'ardeur avec laquelle les monts se construisent une oeuvre touchante quoique un peut trop odorante!

 

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Pour finir, parce que ça m'a fait vraiment rire, à croire que c'est le thème de la saison, je n'ai pas pu ne pas prendre un cliché de ce que le bar en face de mon antre avait mis en place. A part la musique plus digne d'un David Guetta à Ibiza qu'une casa musica à La Havane, le ton y était. Hé,hé. J'étais rattrapée, et avant de rentrer chez moi à pied parce qu'il n'y a pas d'autres moyens de part l'affluence et la fermeture de la ville à tous véhicules, ce qui m'a mis les jambes en miettes après ma journée de boulot torride et ubuesque, j'ai siroté un mojito et avant que le rhum ne me fasse trop d'effet, j'ai pensé à ce contraste entre le dernier que j'avais bu à Cuba et celui que je buvais là, à Lille au milieu d'une foule en délire. Folie!

 

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Pas de deux...

 

Ecrire, c'est danser...