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23/02/2015

Voyage d'amour

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J'aime m'endormir à l'ombre d'un arbre mûr, manger des frites avec mes doigts, sa présence, le doux son de sa voix grave.
J'aime quand le jour tombe, le bruit d'un pipi d'eau, le grondement de la vague, son odeur après l'amour.
J'aime les voyages, tous, les petits, les grands, les courts. J'aime quand son regard se pose sur moi et qu'il me dit qu'il a envie.
J'aime le bon vin, la terrine de lapin, les épices, le pain bio, l'amaretto, son sexe chaud, la volupté, la puissance, le contact de nos peaux, sa main entre mes cuisses, la confiture de myrtille, le miel, les framboises, le grand ciel, remplir d'air mes poumons, le poisson, gémir, jouir.
J'aime aussi les ballades dans les rues de Paris, de Rome, de New-York, Londres, Syracuse, les ballades pieds nus sur le sable, les ballades en montagne, en forêt, sur le lac, en pleine mer, les ballades nocturnes, l'été, l'automne, l'hiver, les printanières. J'aime l'attendre...
J'aime qu'il me déshabille. J'aime être nue, partout, là, là , là et dans ses bras.
J'aime le bleu, les pâtes, mes cheveux, Nicolas de Staël, la beauté des femmes, l'Afrique du Nord, la noire, les rythmes, les mots, la musique, les folies, l'imprévu, l'aventure. J'aime que ça dure...
J'aime penser à tout et à rien, suivre mon corps, suivre le sien... Me retrouver loin, loin, loin...
J'aime aimer, j'aime l'amour, j'aime faire l'amour, j'aime toujours tous les jours, j'aime cette vie qui anime mon corps, mes sens et mon esprit.
J'aime goûter, vibrer, écrire.
J'aime ressentir.

Il fait toujours beau au-dessus des nuages...

 

 

13/02/2015

No Thing

 

 

12/02/2015

Petit rien

 

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" Le courage c'est de chercher la vérité et de la dire" 
 
Que reste-t-il aux êtres « survivants » des violences physiques et morales subies dans l'enfance ?
Que reste-t il après les actes, sinon la parole, les mots et l'art pour tout expression de soi ?
 
J'ai souhaité donner cet espace temps à cette parole-là, au travers des mots d'Hélénablue qu'elle a un jour adressé à sa mère après une amnésie de plus de 30 ans sur un traumatisme d' enfance.
Faire un film peut-être aussi pour rendre une sorte de justice quand celle des hommes n'en n'est plus capable,mais surtout transmettre et donner à entendre.
 
Ma rencontre avec Helenablue a eut lieu en 2008, à travers son blog puis dans la vie réelle au bout d'un an d'échanges. Il se dégage de son journal une aura particulièrement sensible au monde, engageante tout en étant intime, et une capacité à se dire, à s'écrire comme j'ai rarement trouvé sur la toile. "Arriver à inspirer les autres c'est leur dire toi aussi tu peux le faire, moi je le fais, lui le fais, toi aussi tu peux le faire", m' a dit un jour Héléna.
 
Et même s' il est parfois difficile de comprendre et de recevoir l'intimité des écrits d'autrui, il ne faut pas oublier que la réalité est bien plus effrayante que celles des mots. Il n' y a pas d'indicible, il n' y a que de l' humanité. Nommer l'indicible c'est rendre compte de la part d'ombre inhérente à tout être. Le prix à payer pour retrouver son humanité, la reconnaître et se reconstruire. Et il faut un certain courage pour faire ce chemin là ettémoigner de ce cheminement.
 

15/01/2015

Et si "être charlie" c'est donner le meilleur de soi... alors là...

pensée du moment,philosophie,humain,partage,témoignage

 
 
J’ai été élevée dans la religion catholique, je crois même avoir bu la tasse dans les fonds baptismaux ! J’ai grandi avec elle : messe, catéchisme, prière, bénédicité avant de manger, j’étais même l’organiste toute jeune de la paroisse de mon village, infirmière bénévole à Lourdes ado, « scout toujours », j’y croyais. Et puis, j’ai grandi, je me suis faite ma propre idée sur les choses de la vie, d’abord en rébellion inconsciente des valeurs familiales mais aussi parce que je trouvais que tout cela était un peu trop rétréci. Cette tolérance que chaque jour je me devais d’accomplir n’était pas celle qui pouvait me convenir. C’est compliqué la tolérance, parce qu’au nom de la tolérance, on peut faire passer le pire. Quand j’ai découvert, plus tard dans ma vie que cette tolérance couvrait des crimes, sur l’enfant que j’avais été, quand j’ai compris que la religion en fait blanchissait ces crimes là, je n’ai pas pu continuer, il m’a fallu faire autrement pour donner du sens à mon existence. Alors j’ai lu autre chose que la bible, seul livre permis chez nous, j’ai lu les philosophes, les romanciers, les poètes, beaucoup de poésie érotique… je me souviens encore de mon père coupant la télé quand deux corps se faisaient l’amour, à l’époque, je n’étais pas choquée, j’étais frustrée, mais pas choquée, on porte longtemps le fruit de son éducation… Je me suis intéressée à la psychologie, et j’ai avancé dans ma vie. J’ai mis du temps à devenir, et ça n’est pas Dieu qui m’a aidée, mais l’amour, l’amour humain. Je ne crois plus en Dieu, est-ce que je suis athée, je n’en sais rien. Je crois par contre en la part d’amour qu’on a tous en nous, la part de ce qui fait de nous ce que nous sommes, des individus qui ressentent, qui éprouvent, qui tentent de s’améliorer, qui ont besoin de sens. C’est la vie qui a du sens pour moi, la vie dans toute sa splendeur. Et même si elle est parfois obscurcie et blessante, elle est à nous. Et je crois que c'est à nous d’en faire le meilleur…
 
 
 

13/01/2015

Du besoin de se sentir vivant

Il faut un certain courage je pense ou une belle dose d’inconscience pour bousculer son existence quand on sent au fond de soi que les choses ne vont plus, qu’elles ne sont plus légères à faire, quand elles ne vous nourrissent plus, quand on se sent aliéné par elle. Il faut aussi sans doute un grand discernement, pour comprendre ce qui fait que les choses ne sont pas comme elles devraient être, c’est à dire bonnes pour nous. Au fond, on ne peut s'en prendre qu’à soi-même et pas au contexte, pas aux situations dans lesquelles on se met, pas aux autres qui nous entourent. Ce besoin d’exister, ce besoin d’être qu’on a tous chacun ancré en nous est vital et puissant, ce besoin d’être ce qu’on a à être, ce besoin de vivre et sentir en soi ce qu’on a à sentir, ce besoin de vibrer, d’aimer et de l’être, est-ce vraiment trop demander ? Alors, il y a l’amour, oui, l’amour, comme nous dit Anaïs Nin : « Le seul transformateur, le seul alchimiste qui change tout en or. Le seul antidote contre la mort, l’âge, la vie ordinaire, c’est l’amour. » Mais ne faut-il pas pour être capable d’amour, en donner et en recevoir, être à soi-même…

 

 

11/01/2015

D'un même élan

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Pour la liberté d'expression, la liberté tout court, pour l'amour entre les êtres, pour l'ouverture à l'autre, pour nos enfants, nos petits-enfants, pour nous, pour tous, pour un monde meilleur, pour l'intelligence du coeur, pour la tolérance, la générosité, la grâce, pour la beauté, la lumière, pour la vie !

 

09/01/2015

De le force de l'amour

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06/01/2015

Vérité vraie

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04/01/2015

2015

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- Mon père et moi, il y a 20 ans -

 

J’avais l’intention de faire mes résolutions pour 2015, et mon fils me dit que pour les siennes c’est plié, il n’en a pas. Je lui suggère que de ne pas en avoir c’est une manière d’en avoir au fond, mais bon.

Me concernant, bien que sachant que c’est un exercice étonnant voire perdu à l’avance, je m’en moque, j’aime bien cette idée qu’on se pose pour réfléchir et voir et construire, démolir, reconstruire, avancer.

Mes résolutions pour 2015 sont simples, a priori. J’envisage d’être plus sage, ça n’est pas tout à fait vrai mais pour la rime c’est parfait,  parce qu’en fait, non, je n’envisage pas du tout d’être plus sage mais d’être plus moi-même. C’est bon. J’ai donné. J’ai œuvré. J’ai fait ma part pour les loyautés familiales, maintenant, je veux vivre ma vie. C’est simple et compliqué, mais c’est ma résolution depuis des années et plus que tout cette année. Nouvelle vague... 

 

 

25/12/2014

Tendre Noël à vous !

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21/12/2014

Rencontre

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- Blue Ingrid - Ashley Létan -

 

 

Certaines œuvres d’art sont de véritables rencontres… Comme une évidence, elles résonnent en nous, comme si une partie de soi jaillissait en miroir devant notre regard. C’est parfois très troublant. Je me souviens très bien de cette exposition de Françis Bacon au centre Pompidou en 1996, une grande rétrospective de son œuvre, l’émotion que j’ai ressentie alors fut tellement forte que je me suis évanouie. Avec le recul, je crois que j’y retrouvais trop ma part d’ombre et de souffrance et qu’à l’époque alors, je ne pouvais pas l’endiguer. Troublant aussi ce que j’ai éprouvé au Tate Modem, douze ans après devant la magnifique mise en scène des tableaux de Rothko, une sorte d’apaisement profond, un accès à ma spiritualité, une inspiration qui depuis ne m’a plus jamais quittée et qui est chaque fois réactivée quand je croise ou visionne un de ces tableaux. Ces deux exemples comme deux points d’orgue dans mon existence mais tant et tant, et toujours et encore, chaque fois renouvelée cette délicieuse sensation d’avancer, d’apprendre à me connaître, de découvrir, de communier, d’être en relation avec l’humanité tout entière, c’est très stimulant et renversant à la fois et j’ai besoin de ça. Alors je ne cesse de croiser sur mon chemin des toiles, des sculptures, des photographies, parfois même je me surprends à éprouver devant de l’inédit, de l’imparfait. Je ne sais pas parler de la peinture techniquement et à dire vrai ça m’est égal de savoir le pourquoi du comment, ce qui me plait c’est l’émotion que me procure ce genre de rencontre. Hier soir, c’était cette toile, d’Ashley Létan.

 

 

20/12/2014

en mouvement

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- Photo Kerstin Kuntze -

 

 

Parfois on se sent plus vulnérable et alors tout nous touche plus directement, un geste de la main, un mouvement d’épaule, un mot, un ton, un croisement de regard, une rencontre. C’est bon de ne pas toujours être fort, campé sur ses convictions. C’est bon de laisser le possible s’infiltrer même si on sait qu’il va forcément nous changer imperceptiblement mais pourtant sans détour. A force de se protéger de tout et de ne pas s’ouvrir à l’autre, s’empêcher d’explorer, on s’assèche, on se pense trop le nombril du monde, on ouvre plus ses écoutilles et on ne progresse plus. Vivre, c’est se risquer, se frotter, s’aventurer… Parfois on se sent plus vulnérable, on est juste plus vivant...

 

 

19/12/2014

Ceci est mon corps

Dimanche 21, c'est la journée mondiale de l'orgasme, alors une petite révision ne fait pas de mal !! :-)

 

 

 

18/12/2014

Femme-paysage

 

« Il y a deux sortes de femmes. La femme-bibelot que l'on peut manier, manipuler, embrasser du regard, et qui est l'ornement d'une vie d'homme. Et la femme-paysage. Celle-là, on la visite, on s'y engage, on risque de s'y perdre».

- Michel Tournier -

 

 

14/12/2014

Enki Bilal, le Louvre et Laurence Guez

 

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Entrer dans l'univers d'Enki Bilal, c'est être marqué à jamais pas sa vision mêlant apocalypse et espoir. Par son dessin, par ses obsessions, par son étonnant mélange entre pur romantisme et réalisme d'un monde dans sa décrépitude, Bilal est le créateur symbole d'un siècle répétant ses erreurs à l'infini.

Bilal au Louvre, c'est un choix de 23 oeuvres sur 400 prises en photo, tirages sur lesquels il peint à l'acrylique et au pastel... Personnages évanescents comme autant d'âmes errantes immortalisées dans un "faire apparaître" qui leur donnent une présence singulièrement forte. Tranche de vie.

Mises en abîme par un regard sur le regard, les photos de Laurence Guez donne à cette démarche un autre souffle comme pour nous maintenir en alerte, remués, attentifs...

 

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13/12/2014

" Un sport et un passe-temps "

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Je ne sais plus si j’étais dans le train à l’aller ou celui du retour, je fais tellement souvent ce trajet entre Lille et Paris que parfois j’en oublie le quand du comment, il fait noir quand je pars et nuit quand je reviens, pas facile alors de fixer sa mémoire. Cependant ça devait être un soir, à peine cinq minutes après le départ, j’ai été fascinée de voir tous s’endormir, épuisés sans doute de leur journée dans la capitale.

Ce jeune homme au bonnet vert qui piquait du nez dans le livre d’Attali, "Devenir soi", son voisin les yeux fermés qui semblait pendu à ses écouteurs dorés deux fois plus gros que sa tête, cette jeune fille, si jeune, à la peau diaphane préraphaélite, une longue chevelure blond vénitien et une bouche ourlée gourmande rouge vermillon qui appelait le baiser et qui au milieu de ce visage de belle au bois dormant était troublante d’indécence et enfin, juste en face de moi, luttant contre le sommeil mais ne pouvant pas lui résister, un homme, d’une bonne cinquantaine d’année, dégarni, des lunettes raffinées sur le nez, en écaille ou en bois, de créateurs en tout cas, deux bagues au doigt, un pull gris en cachemire, un tee-shirt en camaïeu dessous, jeans bruts, tentant de maintenir sa tête entre sa main accoudée à la vitre du train, et quelle main ! Immense, fine, soignée qui aurait pu, pensais-je en souriant intérieurement, me prendre les deux seins d’une poigne.

J’entrepris d’ouvrir et de commencer mon livre de James Salter, "Un sport et un passe-temps". Il m’avait pourtant dit de ne pas lire ce livre dans le train, de plutôt le savourer au calme une fin de journée mais, dans ce train endormi, ambiance surréaliste, il m’apparut alors que ça pouvait être le bon moment.

"Septembre. Il semble que les journées lumineuses ne finiront jamais…"

 

 

12/12/2014

Les moulins de mon coeur

 

 

07/12/2014

Indécrottable

écriture,blog,réflexion,partage,humain

- Photo Leszek Paradowski -

 

« Pourquoi est-ce que tu continues à croire que ça puisse servir d’écrire ainsi sur ton blog ? Que crois-tu découvrir, que crois-tu apporter, est-ce que tu crois vraiment qu’ils sont nombreux à venir te lire ? Personne n’en a rien à foutre de rien. Pourquoi tu perds ton temps à ça ? Tu ne vois donc pas le nombre d’heures que tu passes à mettre en place, à t’exprimer, à partager ce qui te touche, t’émeut, te bouleverse. Tu devrais arrêter et, je sais pas moi, aller courir, faire un footing, t’oxygéner, prendre l’air, t’inscrire à un club de sport, t’occuper de ton corps… »

Je m’occupe de mon corps, j’ai pris un long bain d’une heure ce matin en écoutant le trio Joubran. Je m’occupe de mon corps, hier soir je l’ai posé devant un feu de cheminée en découvrant un bon vin californien et en me régalant d’un chili con carne. Je m’occupe de mon corps, chaque jour je l’étire, j’esquisse des pas de danse et j’ouvre grand ma respiration pour me sentir aérée. Je m’occupe de mon corps, qu’est-ce que tu racontes, et je m’en occupe aussi en le nourrissant de mots, de poésie, de peinture, d’amitiés et d’espérance. Je blogue parce que j’aime cette idée d’offrir et de partager et parce quoique tu en dises, je ne perds pas mon temps, au contraire, je gagne en sensibilité, je gagne en qualité d’écoute, je gagne en confiance en l’humain…

« Arrête ! L’humain !! C’est bien toi, ça, croire en l’humain ! Mais regarde un peu comment fonctionne le monde. Regarde un peu ce que « l’humain » fait, détruit, empoisonne, façonne ! Tu trouves ça beau, tu trouves que c’est utile ta petite voix dans l’ombre… Tu es vraiment trop bête, c’est pas possible ! »

Peut-être, peut-être en effet que ça ne sert pas des masses, peut-être que de voir et partager la beauté, la rose dans le fumier, peut-être que c’est une démarche inutile, obsolète, stérile. Mais je n’en suis pas persuadée. Parce que si je « m’introspecte », à moi, ça me fait du bien d’entendre, de sentir, d’appréhender, de croiser, de palper la beauté, de la lire, de l’échanger…

« Tu es indécrottable ! « 

 

03/12/2014

Truth

 

 

02/12/2014

Il est tard

écriture,fragment étatd'âme,partage,émotion,humain

- Sarah Key -

 

A force d’avoir l’air de quelqu’un qui va bien, qui encaisse tout, qui entraîne, qui supporte, qui envisage des solutions, qui ne baisse pas les bras et qui croit toujours possible un autre moyen de voir, une extrapolation, une extra-solution, je me retrouve bien seule quand ça ne va vraiment pas. Pourtant je sais que je ne le suis pas, que sont là autour de moi les gens qui m’aiment et pensent à moi, et merde. L’injustice est au-dessus de mes forces, je ne la supporte pas, je suis désarmée devant elle, je n’ai pas appris, pas pu, pas su comment faire. Et je reste une espèce d’handicapée face à elle. Une ultime épreuve ? Je souris au travers de mes larmes, je ne vois plus clair tant je mouille mes lunettes de vue, c’est con, c’est stupide, c’est idiot et ça ne sert à rien de me lamenter, à rien de soupirer, à rien d’attendre un miracle. Je ne sais pas comment font les gens victimes d’injustices notoires, comme je ne sais toujours pas comment j’y arrive moi-même, je n’ai pas les moyens d’analyser d’où me vient l’énergie pour faire face et faire front. Mais je souffre. Je doute. J’hurle en moi-même. En silence. C’est affreux. Il me faudrait un gun, une batte, un poing fort, une prise, un moyen pour faire sortir cette rage, cette douleur. Et ce sont les mots, là, juste les mots qui pissent le sang à ma place, les mots qui tuent, qui remplacent, qui sauvegardent, qui m’apaisent. Mes mots ne me jugent pas, ils me prennent comme je suis, ils sont entiers, ils sont fervents, ils sont mes amis, mes confidents, mes alliés, mes mots gagnants. J’ai envie de traverser l’écran et envahir l’espace de mots terrifiants et tendres, de mots cruels et aimants, rock’n’roll, de mots, de maux, de poésie, d’aphorismes, d’appréhension, d’avenir, d’orientation, de rimes et de j’aime.

« Parfois, depuis qu’il avait commencé à vivre librement, Abel s’était demandé à lui-même : « Pour quoi ? » La réponse était toujours la même et elle était aussi la plus commode : «  Pour rien ? » Et si la pensée insistait : « Ce n’est rien. Comme ça, ça vaut pas la peine », il ajoutait : « Je me laisse aller. Ca doit quand même mener quelque part. »

C’est bizarre d’ouvrir ainsi un livre par hasard et de tomber sur un passage qui d’un seul coup vous calme. Pourquoi ce livre de José Saramago, " La lucarne ", pourquoi celui-là et pas celui du dessus, " Lâchez-moi ! " d’Hampton Hawes avec Don Asher ou " Le manipulateur " de John Grisham ou encore " La folie privée ", psychanalyse des cas limites, d’André Green ? Tout n’est pas explicable. Le sourire me revient en voyant la tranche du livre d’Annie Ernaux, " Ecrire la vie ".

Je me calme, doucement les choses reprennent leur place initiale. L’angoisse semble s’affaisser et le cœur se dégonfle, je cesse de pleurer. Je me trouve presque ridicule face à moi-même. Vais-je céder au désespoir ? Vais-je offrir ce pouvoir à autrui de m’abattre, comme ça, à petit feu, subrepticement. Non. C’est pas tant me battre qui me botte, c’est ne pas laisser les choses décider à ma place. C’est être agissante, actrice, vivante, plutôt que victime non-consentante d’un destin qu’on m’écrirait. Peu m’importe de déplaire ou plaire, peu m’importe ce qu’il me coûte d’être, pas grave de me brûler les ailes un peu au gré de rencontres et d’obstacles, mais pas qu’autrui me les déchire. Comment fait-on pour ne pas tuer celui qui vous assassine ? On anticipe, on se prépare, on se munit, on s’arme, on s’assagit, on réfléchit, se réfugie, s’inspire, se régénère, s’ouvre l’esprit.

«  Est-ce que j’ai pleuré ? J’ai évacué un flot de sel, le sel de ces sardines, mon unique nourriture depuis des jours. Les avions n’arrivent plus à m’effrayer, pas plus que l’héroïsme ne réussit à m’animer. Je n’aime personne, je ne hais personne, je ne veux personne. Je suis sans passé ni avenir. Sans racine ni branches. Seul comme cet arbre abandonné sur un rivage ouvert au vent du large où se déchaîne la tempête. Je ne peux plus avoir honte des larmes de ma mère, frémir à la rencontre de deux rêves, nés au même instant, d’une même aube… »

Les mots de Mahmoud Darwich, les mots d’une mémoire pour l’oubli, les mots qui recueille les fragments d’un passé éclaté et témoignent de l’inévitable travail de deuil, m’apaisent encore d’un cran. Et j’ouvre au gré de mes gestes amples au sein de mes étagères pleines à craquer de bouquins : " La difficulté d’être " de Jean Cocteau et d’un seul coup, c’est étrange de merveille, je me sens mieux, pas moins triste, mais beaucoup mieux, moins empoisonnée, plus en paix .

« La haine m’est inconnue. L’oubli des offenses est chez moi si fort qu’il m’arrive de sourire à mes adversaires lorsque je les rencontre face à face. Leur étonnement me douche et me réveille. Je ne sais quelle contenance prendre. Je m’étonne qu’ils se souviennent du mal qu’ils m’ont fait et que j’avais oublié. »