25/08/2011
entre parenthèses
Je suis dans le hammam, la vapeur chaude m'envoûte et m'ouvre les pores petit à petit. J'aime cette caresse brûlante et cette brume enveloppante. Mon homme est en face, allongé lui aussi, je le devine à peine, je le sens, ça suffit. Mes paupières se ferment. Alanguie je me laisse faire, mon esprit voyage, divague, s'engouffre dans des sentiers tous plus riches et variés les uns que les autres, je sinue, j'escarpe, j'offre mes chakras à la buée pressante et au carrelage tiède. Black Angel le premier me vient à l'esprit, je l'imagine, le corps ogre offert aux charmes orientaux. Je me dis qu'un jour j'aimerais l'y emmener, lui faire goûter le gant de crin du gommage que des jeunes femmes berbères prodiguent avec ferveur en ce lieu à part tout près d'un quart monde tenace dans un quartier livré à lui-même. Elles ont la voix douce mais la main virile, et crac crac, arrachent ma vieille couenne, dégomment les couches superficielles d'un épiderme propre certes, mais pas en profondeur. Les pelliculles grises s'accumulent comme les grumeaux dans une sauce ratée et disgracieuses flottent à la surface, ça sent la décomposition. Quand les seaux d'eau tiède les éloignent de ma chair, je fais peau neuve et d'un coup je respire à nouveau. Allongée sur mon lit de pierre, je m'inquiète de savoir si mon amour va bien. Il me murmure que oui, et s'interroge lui aussi en retour sur mon bien-être. Je le rassure dans un souffle et repars dans mes songes, ceux qui n'appartiennent qu'à moi. M'apparaissent d'un coup d'un seul mes deux L. Elles aussi, elles seraient bien ici. Et puis défilent dans mon silence intérieur nombres d'individus, vous tous, et puis d'autres encore. J'ai l'esprit déchaîné et l'âme vagabonde. Arrive le savon noir à l'eucalyptus. Les mains féminines qui s'occupent de mon corps sont vraiment vives et douces. Je n'ai toujours pas encore discerné un visage. En fait, je m'en fous. Je m'offre, c'est tout. A moitié nue. Complètement détendue. Lit de repos mauresque. Musique de oud. Parfum de fleur d'oranger. Arrive l'heure du massage à l'huile d'argan exotique et odorante. Je succombe au doigté expert et renoue avec ma carcasse meurtrie depuis quelques mois déjà. C'est bon de se réintégrer et de ne faire qu'un sans la souffrance en frontière. Un thé à la menthe ensoleillé et une salade de fruits frais finissent par me ragaillardir pour de bon. Je me sens à nouveau prête à tout affronter, tout accueillir, tout reprendre. New Blue.
16:05 Publié dans écriture, histoires et faits divers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : écriture, tranche de vie, corps et âme, bien-être, expérience, partage, amour, amitié, humain
23/08/2011
Be
On me dit sincère, entière, honnête. Ah? On pense que je ne dis que ce que je pense et que je ne fais que ce que je dis. Oh! J'inspire confiance, la bonne nouvelle. Il paraît même que je ne mens jamais. Ouch! De l'art de tromper son monde, serais-je passée maître? Beaucoup pensent savoir, beaucoup pensent me connaître, même que certains prétendre le savoir mieux que moi, foutaises! Je ne suis pas un ange, sainte encore moins, diablerie et suppôt de Satan comme le suppute mon père, non plus. Humaine tout au plus. J'y tends. Que celui qui n'a jamais péché jette la première pierre mais qu'il se dépêche, non de Dieu! Je n'ai pas envie d'attendre cent sept ans.
J'ai haï, j'ai trompé, j'ai fait mal et souffrir, j'ai torturé ma pauvre mère dit-elle, je me suis égarée, me suis compromise, me compromets encore, comment faire autrement? Je bois, je rêve, j'aspire. J'aime la gourmandise, l'amour, le sexe, la poésie, lire et... imaginer. Je pète. De plus en plus avec l'âge, plus jeune ça m'était interdit et plus encore, sévèrement puni. Suis allée pendant des heures à genoux sur la grille du radiateur pour un pet dans la voiture de père au retour de la messe. Péter dans le cuir c'est si jouissif quand ça n'est pas permis. Comme enjamber la nonne du pensionnat, danser West Side Story sur le toit du collège en robe de nuit fleurie des rêves pleins les bras, faire le mur pour aller au cinéma, se prendre pour Lady Chatterley à quinze ans et l'être encore un peu à quarante-cinq, vivre dangereusement, surprendre.
Je ne suis pas perçue comme je suis, je me garde de l'être. J'aime trop les extrêmes et la fantaisie, ne suis pas un long fleuve tranquille. Je suis en vie. Blue. Be. Gonflée de paradoxe et d'espoirs enfantins. Femme, fille, petite et vieille. Suis-je une mélodie, une symphonie, un requiem? Ou une musique de chambre? J'ai toujours eu une affection particulière pour le concerto, l'instrument et l'orchestre. Pas aussi humble que je voudrais l'être. Fière. La dernière fois que j'ai baissé les yeux devant maman qui me l'ordonnait très souvent, je me suis jurée de ne pas avoir à me remettre en situation de le faire. J'ai trahi ce serment, avalé des couleuvres, pris de la graine, suffisamment.
J'ai construit, oeuvré, démoli, rebâti, espéré sans relâche. La passion que je mets à faire ou à défaire est mon carburant, ma marque de fabrique, ma signature de la pointe de l'épée. Je ne renonce pas. Je plie, je m'adapte, je comprends. Je reconnais, résiste, riposte. Je réfléchis, je vis, j'écris. Je suis.
00:11 Publié dans écriture, pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : écriture, pensée du moment, état d'âme, partage, humain
19/08/2011
Et peindre
15/08/2011
On the works
15:33 Publié dans amitié, écriture | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : amitiés, amour, mots, écriture, processus, création, partage, christian mistral, art, humain
12/08/2011
Bol d'air champêtre
Cadeau de Laure K. que je partage volontiers avec vous, enjoy! Il me semble entendre des rires enfantins dans ses aigrettes offertes au vent de la montagne.
" Quand nous rions, nous nous vidons et le vent passe en nous, remuant portes et fenêtres, introduisant en nous la nuit du vent."
- Paul Eluard -
16:19 Publié dans photographie, poésie | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : photographie, poésie, paul éluard, voyage, partage, vent, laure kalangel, amitié, humain
On ne peut me connaître
On ne peut me connaître
Mieux que tu me connais
Tes yeux dans lesquels nous dormons
Tous les deux
Ont fait à mes lumières d'homme
Un sort meilleur qu'aux nuits du monde
Tes yeux dans lesquels je voyage
Ont donné aux gestes des routes
Un sens détaché de la terre
Dans tes yeux ceux qui nous révèlent
Notre solitude infinie
Ne sont plus ce qu' ils croyaient être
On ne peut te connaître
Mieux que je te connais.
- Paul Eluard -
09:24 Publié dans photographie, poésie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : amour, poésie, rencontre, paul éluard, échange, photographie, art, humain
09/08/2011
Sororal
J'ai aimé ce film, il m'a personnellement beaucoup touchée. Merci Black Angel.
" Les âmes soeurs finissent par se trouver quand elles savent s'attendre."
20:43 Publié dans Film, pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : pensée du moment, film, fratrie, soeur, amour, amitié, christian mistral, échange, partage, humain
07/08/2011
Paroles d'auteurs
04/08/2011
franchir les obstacles
" Pour qu'un rêve devienne réalité, il faut l'abandonner en tant que rêve."
- Viki King - (traduite par Gérard Krawczyk)
* Photo piquée sur ce site.
16:57 Publié dans pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : pensée du moment, concrétisation, écriture, travail, plaisir, avancée, humain
02/08/2011
Le Tournant
" Où l'histoire commence-t-elle? Où notre vie individuelle prend-elle sa source? Quelles aventures, quelles passions englouties ont modelé notre être? D'où viennent les traits et les tendances multiples et contradictoires dont est fait notre caractère?
Sans aucun doute, nous avons des racines plus profondes que notre conscience ne veut l'admettre. Rien ni personne n'a d'existence indépendante. Un rythme universel détermine nos pensées et nos actes; la courbe de notre destin fait partie d'une formidable mosaïque qui, à travers les siècles, dessine et varie les mêmes figures, depuis la nuit des temps. Chacun de nos gestes répète un rite ancestral et anticipe en même temps sur les attitudes de générations futures; l'expérience la plus solitaire de notre coeur n'est jamais que la préfiguration ou l'écho de passions passées ou à venir.
C'est une longue quête, un long chemin: nous pouvons revenir en arrière et le suivre, jusqu'au demi-jour blafard de la caverne du temple barbare. Le sanglant cérémonial du sacrifice se poursuit dans nos rêves, dans notre subconscient résonne l'écho des cris qui montent de l'autel primitif, et la flamme qui dévore la victime continue à jeter ses lueurs vacillantes. Les tabous ataviques et les pulsions incestueuses des générations d'autrefois restent vivantes en nous. La couche la plus profonde de notre être expie la faute de nos ancêtres; nos coeurs portent le fardeau des chagrins oubliés et des tourments passés.
D'où me vient ce sang fiévreux? Parmi mes aïeux nordiques, il dut y avoir des pirates, dont l'infatigable agitation se perpétue en moi. Laquelle de mes faiblesses, lequel de mes vices dois-je à un ancêtre hanséatique-capitaine, juge ou marchand- dont je ne connaîtrai jamais le nom? Ce que j'ai tenu pour mon drame le plus personnel n'est peut-être qu'une suite de tragédies qui se sont jouées autrefois dans l'époustouflante atmosphère de bonhomie confortable d'une maison patricienne du nord de l'Allemagne- quelque part, bien loin, sur les rivages de la Baltique."
-Klaus Mann - Le Tournant, histoire d'une vie -
15:21 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : livre, écriture, klaus mann, histoire d'une vie, réflexion, humain