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20/12/2014

en mouvement

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- Photo Kerstin Kuntze -

 

 

Parfois on se sent plus vulnérable et alors tout nous touche plus directement, un geste de la main, un mouvement d’épaule, un mot, un ton, un croisement de regard, une rencontre. C’est bon de ne pas toujours être fort, campé sur ses convictions. C’est bon de laisser le possible s’infiltrer même si on sait qu’il va forcément nous changer imperceptiblement mais pourtant sans détour. A force de se protéger de tout et de ne pas s’ouvrir à l’autre, s’empêcher d’explorer, on s’assèche, on se pense trop le nombril du monde, on ouvre plus ses écoutilles et on ne progresse plus. Vivre, c’est se risquer, se frotter, s’aventurer… Parfois on se sent plus vulnérable, on est juste plus vivant...

 

 

13/12/2014

" Un sport et un passe-temps "

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Je ne sais plus si j’étais dans le train à l’aller ou celui du retour, je fais tellement souvent ce trajet entre Lille et Paris que parfois j’en oublie le quand du comment, il fait noir quand je pars et nuit quand je reviens, pas facile alors de fixer sa mémoire. Cependant ça devait être un soir, à peine cinq minutes après le départ, j’ai été fascinée de voir tous s’endormir, épuisés sans doute de leur journée dans la capitale.

Ce jeune homme au bonnet vert qui piquait du nez dans le livre d’Attali, "Devenir soi", son voisin les yeux fermés qui semblait pendu à ses écouteurs dorés deux fois plus gros que sa tête, cette jeune fille, si jeune, à la peau diaphane préraphaélite, une longue chevelure blond vénitien et une bouche ourlée gourmande rouge vermillon qui appelait le baiser et qui au milieu de ce visage de belle au bois dormant était troublante d’indécence et enfin, juste en face de moi, luttant contre le sommeil mais ne pouvant pas lui résister, un homme, d’une bonne cinquantaine d’année, dégarni, des lunettes raffinées sur le nez, en écaille ou en bois, de créateurs en tout cas, deux bagues au doigt, un pull gris en cachemire, un tee-shirt en camaïeu dessous, jeans bruts, tentant de maintenir sa tête entre sa main accoudée à la vitre du train, et quelle main ! Immense, fine, soignée qui aurait pu, pensais-je en souriant intérieurement, me prendre les deux seins d’une poigne.

J’entrepris d’ouvrir et de commencer mon livre de James Salter, "Un sport et un passe-temps". Il m’avait pourtant dit de ne pas lire ce livre dans le train, de plutôt le savourer au calme une fin de journée mais, dans ce train endormi, ambiance surréaliste, il m’apparut alors que ça pouvait être le bon moment.

"Septembre. Il semble que les journées lumineuses ne finiront jamais…"

 

 

07/12/2014

Indécrottable

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- Photo Leszek Paradowski -

 

« Pourquoi est-ce que tu continues à croire que ça puisse servir d’écrire ainsi sur ton blog ? Que crois-tu découvrir, que crois-tu apporter, est-ce que tu crois vraiment qu’ils sont nombreux à venir te lire ? Personne n’en a rien à foutre de rien. Pourquoi tu perds ton temps à ça ? Tu ne vois donc pas le nombre d’heures que tu passes à mettre en place, à t’exprimer, à partager ce qui te touche, t’émeut, te bouleverse. Tu devrais arrêter et, je sais pas moi, aller courir, faire un footing, t’oxygéner, prendre l’air, t’inscrire à un club de sport, t’occuper de ton corps… »

Je m’occupe de mon corps, j’ai pris un long bain d’une heure ce matin en écoutant le trio Joubran. Je m’occupe de mon corps, hier soir je l’ai posé devant un feu de cheminée en découvrant un bon vin californien et en me régalant d’un chili con carne. Je m’occupe de mon corps, chaque jour je l’étire, j’esquisse des pas de danse et j’ouvre grand ma respiration pour me sentir aérée. Je m’occupe de mon corps, qu’est-ce que tu racontes, et je m’en occupe aussi en le nourrissant de mots, de poésie, de peinture, d’amitiés et d’espérance. Je blogue parce que j’aime cette idée d’offrir et de partager et parce quoique tu en dises, je ne perds pas mon temps, au contraire, je gagne en sensibilité, je gagne en qualité d’écoute, je gagne en confiance en l’humain…

« Arrête ! L’humain !! C’est bien toi, ça, croire en l’humain ! Mais regarde un peu comment fonctionne le monde. Regarde un peu ce que « l’humain » fait, détruit, empoisonne, façonne ! Tu trouves ça beau, tu trouves que c’est utile ta petite voix dans l’ombre… Tu es vraiment trop bête, c’est pas possible ! »

Peut-être, peut-être en effet que ça ne sert pas des masses, peut-être que de voir et partager la beauté, la rose dans le fumier, peut-être que c’est une démarche inutile, obsolète, stérile. Mais je n’en suis pas persuadée. Parce que si je « m’introspecte », à moi, ça me fait du bien d’entendre, de sentir, d’appréhender, de croiser, de palper la beauté, de la lire, de l’échanger…

« Tu es indécrottable ! « 

 

02/12/2014

Il est tard

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- Sarah Key -

 

A force d’avoir l’air de quelqu’un qui va bien, qui encaisse tout, qui entraîne, qui supporte, qui envisage des solutions, qui ne baisse pas les bras et qui croit toujours possible un autre moyen de voir, une extrapolation, une extra-solution, je me retrouve bien seule quand ça ne va vraiment pas. Pourtant je sais que je ne le suis pas, que sont là autour de moi les gens qui m’aiment et pensent à moi, et merde. L’injustice est au-dessus de mes forces, je ne la supporte pas, je suis désarmée devant elle, je n’ai pas appris, pas pu, pas su comment faire. Et je reste une espèce d’handicapée face à elle. Une ultime épreuve ? Je souris au travers de mes larmes, je ne vois plus clair tant je mouille mes lunettes de vue, c’est con, c’est stupide, c’est idiot et ça ne sert à rien de me lamenter, à rien de soupirer, à rien d’attendre un miracle. Je ne sais pas comment font les gens victimes d’injustices notoires, comme je ne sais toujours pas comment j’y arrive moi-même, je n’ai pas les moyens d’analyser d’où me vient l’énergie pour faire face et faire front. Mais je souffre. Je doute. J’hurle en moi-même. En silence. C’est affreux. Il me faudrait un gun, une batte, un poing fort, une prise, un moyen pour faire sortir cette rage, cette douleur. Et ce sont les mots, là, juste les mots qui pissent le sang à ma place, les mots qui tuent, qui remplacent, qui sauvegardent, qui m’apaisent. Mes mots ne me jugent pas, ils me prennent comme je suis, ils sont entiers, ils sont fervents, ils sont mes amis, mes confidents, mes alliés, mes mots gagnants. J’ai envie de traverser l’écran et envahir l’espace de mots terrifiants et tendres, de mots cruels et aimants, rock’n’roll, de mots, de maux, de poésie, d’aphorismes, d’appréhension, d’avenir, d’orientation, de rimes et de j’aime.

« Parfois, depuis qu’il avait commencé à vivre librement, Abel s’était demandé à lui-même : « Pour quoi ? » La réponse était toujours la même et elle était aussi la plus commode : «  Pour rien ? » Et si la pensée insistait : « Ce n’est rien. Comme ça, ça vaut pas la peine », il ajoutait : « Je me laisse aller. Ca doit quand même mener quelque part. »

C’est bizarre d’ouvrir ainsi un livre par hasard et de tomber sur un passage qui d’un seul coup vous calme. Pourquoi ce livre de José Saramago, " La lucarne ", pourquoi celui-là et pas celui du dessus, " Lâchez-moi ! " d’Hampton Hawes avec Don Asher ou " Le manipulateur " de John Grisham ou encore " La folie privée ", psychanalyse des cas limites, d’André Green ? Tout n’est pas explicable. Le sourire me revient en voyant la tranche du livre d’Annie Ernaux, " Ecrire la vie ".

Je me calme, doucement les choses reprennent leur place initiale. L’angoisse semble s’affaisser et le cœur se dégonfle, je cesse de pleurer. Je me trouve presque ridicule face à moi-même. Vais-je céder au désespoir ? Vais-je offrir ce pouvoir à autrui de m’abattre, comme ça, à petit feu, subrepticement. Non. C’est pas tant me battre qui me botte, c’est ne pas laisser les choses décider à ma place. C’est être agissante, actrice, vivante, plutôt que victime non-consentante d’un destin qu’on m’écrirait. Peu m’importe de déplaire ou plaire, peu m’importe ce qu’il me coûte d’être, pas grave de me brûler les ailes un peu au gré de rencontres et d’obstacles, mais pas qu’autrui me les déchire. Comment fait-on pour ne pas tuer celui qui vous assassine ? On anticipe, on se prépare, on se munit, on s’arme, on s’assagit, on réfléchit, se réfugie, s’inspire, se régénère, s’ouvre l’esprit.

«  Est-ce que j’ai pleuré ? J’ai évacué un flot de sel, le sel de ces sardines, mon unique nourriture depuis des jours. Les avions n’arrivent plus à m’effrayer, pas plus que l’héroïsme ne réussit à m’animer. Je n’aime personne, je ne hais personne, je ne veux personne. Je suis sans passé ni avenir. Sans racine ni branches. Seul comme cet arbre abandonné sur un rivage ouvert au vent du large où se déchaîne la tempête. Je ne peux plus avoir honte des larmes de ma mère, frémir à la rencontre de deux rêves, nés au même instant, d’une même aube… »

Les mots de Mahmoud Darwich, les mots d’une mémoire pour l’oubli, les mots qui recueille les fragments d’un passé éclaté et témoignent de l’inévitable travail de deuil, m’apaisent encore d’un cran. Et j’ouvre au gré de mes gestes amples au sein de mes étagères pleines à craquer de bouquins : " La difficulté d’être " de Jean Cocteau et d’un seul coup, c’est étrange de merveille, je me sens mieux, pas moins triste, mais beaucoup mieux, moins empoisonnée, plus en paix .

« La haine m’est inconnue. L’oubli des offenses est chez moi si fort qu’il m’arrive de sourire à mes adversaires lorsque je les rencontre face à face. Leur étonnement me douche et me réveille. Je ne sais quelle contenance prendre. Je m’étonne qu’ils se souviennent du mal qu’ils m’ont fait et que j’avais oublié. »

 

 

23/11/2014

Dans l'au-delà

 

 

16/11/2014

Pavane

 

 

Hier matin, une fois de plus en route vers la vieille ville, j’écoutais en voiture "Pavane pour une infante défunte", il pleuvait un peu… Arrêtée au feu, je regarde distraitement dans mon rétroviseur, la musique du piano tendre et profonde emplissait mon cœur de bonheur, je me suis dit : « C’est un bon jour, tu écoutes ce morceau de Ravel et tu n’es pas triste du tout. » D’un seul coup mon regard fut arrêté par l’image que me renvoyait le petit miroir rectangle, une jeune femme dans la voiture derrière moi se remaquillait les cils d’un geste gracieux. Elle avait une manière si délicate de courber sa main, une façon si calme de tendre son cou, un mouvement presque dansant de porter son corps pour se voir de plus près que j’ai été émue. « Dieu, qu’elle est belle ! », me suis-je dit, «  Dieu que les femmes sont belles ! » J’ai redémarré, différente de la minute d’avant, et j’ai continué à regarder avec cet œil là ce qui se passait autour. Cette femme m’avait en un petit balancement tout simple sensibilisée, mon regard est resté ainsi toute la journée et je me suis surprise à être attentive à ce que Guillaume Galienne évoque dans son film, "Guillaume et les garçons à table" : le souffle des femmes, leur gestuelle, leur manière d’être dans l’espace, le jeu de leurs prunelles, leurs sourires, leur tendresse, la sensualité de certains de leurs gestes. Dans mon métier, j'en croise beaucoup. Je me suis régalée. Les femmes, sans forcément en avoir conscience sont emplies de beauté…

 

 

03/11/2014

Un demi-siècle ! Bon anniversaire Christian !

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Mon Grand, aujourd’hui c’est le jour de ta fête, 50 ans, un demi-siècle. On a toujours ri, souviens-toi, du fait que tu étais plus vieux que moi, d’un peu plus de trois mois, ça fait quand même un sacré paquet d’heures, n’est-ce pas ! Une fête, ça se fête.

Alors, après avoir hésité entre une soirée à Montréal avec tes potes et potesses, te faire venir ici dans mon petit Nord, te faire une tarte aux pommes et souffler des bougies et je ne sais quelle autre idée qui m’est passée par la tête, j’ai opté pour une surprise tribale et scripturale.

Voilà, Christian, les cadeaux de personnes qui t’aiment tel que tu es. La doxa n’est pas toujours tendre avec toi, mais elle est comme tu as bien voulu qu’elle soit, ton talent d’écrivain est incommensurable, les qualités de l’homme prêtent souvent à discussions, comme Picasso, tu suscites des passions…

Je te connais, notre correspondance intense m’a appris à te découvrir et à apprécier ton immense sensibilité et ton inépuisable générosité. Ces nuits que tu as passées à me soutenir, à m’encourager, à me remuer ! Te souviens-tu de cette fameuse où tu m’as veillée à distance parce que j’avais une rage de dent à se taper la tête contre les murs et que tu as tout fait pour m’en détourner en me faisant rire, rire à en pleurer ?

Ton amitié est un bien précieux.

Black Angel, je te souhaite, c’est un vœu pieu, un autre demi-siècle et je nous souhaite encore beaucoup d’émotions, de partages, d’écriture et d’aventures étonnantes comme celle qu’on a déjà vécues ensemble.

« Quand j’aime un jour j’aime pour toujours ». Je t’aime Christian Mistral. Ta Blue

 

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- Photo Guillaume Pâquet -

 

 

« J'aime Christian Mistral de tout mon diablotin et saugrenu de cœur, mon authentique cœur. Qu'aurais-je d'autre à dire ? »

- Guillaume Lajeunesse (Vieux G) -

 

 
Tout le monde sait que lorsqu'on dit des gros mots ou qu'on médit au sujet d'autrui, Jésus sort sa TransAm du garage et parcours les ruelles du paradis le pied dans le tapis en écrasant des bébés chats.
 
Qu'on le tienne pour dit, je suis un grand adorateur de la Pontiac Firebird 6,6 litres des années "Cours après moi, Shériff !", celle avec le turbo-compresseur et le phoénix aux ailes ouvertes sur le capot, mais quand Héléna m'a approché me demandant d'écrire un mot soulignant l'anniversaire du vieux bandit, je me suis dit qu'une journée au paradis sans chatons écrapous en mon nom serait un beau cadeau à lui faire pour célébrer ses cinquante balais.
 
Les gens aiment bien tout catégoriser, ça les rassure et leur évite d'avoir à trop réfléchir et, conséquemment, les sauve de se regarder et de se voir tel qu'ils sont. C'est évidemment plus réconfortant de se bricoler une petite image de soi proprette et coupée du monde que de reconnaitre que celui-ci n'est au fond constitué que de nos propres projections et n'est que le reflet de l'univers qui nous habite, qui nous sommes réellement, qu'on l'accepte, qu'on ait le courage de l'assumer ou non. Mais, je m'éloigne, pardonnez-moi, mes racines punk trempent dans l'expresso. 
 
Je ne suis pas mieux, n'allez pas me lancer de fleurs, parce que ça m'arrive à moi aussi de catégoriser. Pourquoi je me priverais de comfort et à ce prix en plus ? Les gens par exemple, tiens ! Pour moi, je classe les gens dans deux catégories, d'un côté il y a les femmes de ma vie et de l'autre, les autres. Et Christian Mistral, aussi bizarre ça puisse sonner, je vous expliquerai, fait partie de la première catégorie. 
 
De un, c'est pour l'amour et le bien du texte et de la paix dans le monde. Pour l'occasion, en l'envoyant dans le vestiaire des filles, j'évite que ça finisse comme la célèbre partie du vendredi Saint entre les Canadiens et les Nordiques et je lui fais en plus une fleur parce que dans cette catégorie le poète sera en bonne compagnie...
 
Mais il y a plus car Christian m'a toujours fait l'impression d'être une vieille louve, d'en avoir l'âme. Aussi chiant et berserk postal puisse t'il parfois devenir, c'est cette fibre maternelle sauvage que possède l'homme qui m'a toujours le plus frappé chez lui. Je n'ai pas à rendre publique notre relation, ça ne regarde que nous, mais ça a été ainsi depuis le jour un. Le type, quand il aime, aime comme une mère. 
 
Il déchirerait sa chemise en deux pour te couvrir si t'avais rien sur le dos et verserait la moitié de sa dernière bouteille de jus d'clodo dans ton biberon si ta vie en dépendait. Une confidence, moi, son oeuvre c'est en diagonale sur les amphétamines avec le peu de boulons qu'il me reste que je l'ai parcouru et je serais mal foutu de venir en parler juché sur une boite à savon pour en vendre. D'autres le feront mieux que moi. Moi, c'est le bonhomme que j'ai eu la chance de rencontrer et c'est ce bonhomme là tel qu'il s'est montré à moi qu'aujourd'hui je suis fier de classer avec la crème des âmes qui ont laissé une marque indélébile sur la mienne et qui auront toujours une place dans mon coeur où il y aura toujours une moitié de vieille chemise déchirée à se mettre sur les épaules si besoin était.
 
Christian, vieille louve, vieux bandit et grand frère d'armes, pour tes cinquante balais je te souhaite paix et santé.
 
- Pat Caza -
 
 
 
Mistral (et le spectre de Nelligan) dans le bleu de la nuit (des temps)
 

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(Avec gros clin d’œil à Gatsby – rémanence inattendue d’une improbable game de bowling…)

 

- Michel Plamondon ( le Plumitif ) -

 
 

C'est difficile pour moi d'écrire depuis un certain temps, mais si l'effort d'une prise de parole pour moi-même présentement me rebute, je peux en fournir un pour Mistral.

Comme, sans doute, tous ceux qui lui sont ou ont été proches, j'ai été testé, brassé de la cage, évalué avec soin, et choisi, intégré, puis encouragé et défendu.

C'est après avoir lu Christian Mistral et Louis Hamelin au début de la vingtaine que je me suis vraiment mis à commencer à écrire pour vrai. J'étais déjà lecteur avide, j'avais eu un projet de grand roman de SF(!), j'avais pondu quelques textes pour m'amuser, mais c'est en découvrant ces voix, plus proches de moi que tout ce que j'avais pu lire, que j'ai commencé à avoir une idée de ce que pouvaient être un style, une voix, vivants, actuels et se développant dans des espaces propres à soi et une époque à laquelle on appartient, et qui nous appartient. Bref, de ce que pouvait être l'écriture.

Christian m'a poussé à y faire ma place. Pour l'instant, sur ce plan-là, je suis sur la glace. J'ai confiance d'y revenir tôt ou tard. Quoi qu'il arrive, mon amitié avec cet homme d'esprit à la volonté puissante et d'une rigueur incomparable à la plume dont, aussi bouillant puisse-t-il être, la loyauté est un exemple, a une grande importance dans l'histoire de ma vie.

 
- Stéphane Ranger -
 
 
 
  Vecteur
 

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- Sandra Gordon (Sandy) -

 

 

26/10/2014

De l'imagination

« Tout le bonheur des hommes est dans l’imagination. » Cette phrase du marquis de Sade, ce matin, croisée au hasard de lectures variées, m’a interpellée. L’imagination, l’art de donner vie à ce qui n’existe pas, à ce qu’on désire voir se produire, peut-être, pas forcément, pas toujours, manifestation du visible à partir de l’invisible, moteur de l’inconscient,  en elle se façonnent nos rêves, nos plans, nos projets, nos délires, nos fantasmes, matière sans limite, sans entrave, tout y est possible. Notre imagination s’alimente de notre vie et notre vie se nourrit de notre imagination. On peut s’étonner parfois des chemins qu’elle emprunte, elle peut être noire, cruelle, légère, jouissive, esthétique, excentrique… Elle a se pouvoir de voir ce qu’on ne pourrait voir autrement. « Les yeux de l’esprit ne commencent à être perçants que quand ceux du corps commencent à baisser », nous a dit Platon. Peut-on penser vivre sans imaginer ?

 

20/10/2014

23:59

Je viens de voir un sujet sur Winston Churchill à la télé. Il m’éclate, grave, cet homme me donne l’envie d’aller jusqu’au bout de mes idées. Chanel, me fait le même effet. Et George Sand, et Rothko, Rainer Maria Rilke, Hemingway, Mistral, Virginia, Camille, Simone, Véronique, Oscar… Comment savoir que ces idées que je pense miennes sont bonnes si je ne vais pas au bout et si je ne les mets pas en forme, en mots, en tout ?

 

14/10/2014

Un Dimanche pas comme les autres

Je voulais voir cette expo de Niki de Saint Phalle. Son jardin des Tarots m’avait fortement marquée lors de notre voyage en Italie et puis, j’ai toujours aimé ses  grosses grandes dames bariolées. Je voulais en savoir plus sur elle, plus sur son parcours, sa personnalité. J’ai pris des billets coupe file pour son expo au Grand Palais. Il faisait un temps pourri à Paris ce Dimanche, comme d’habitude je n’avais pas de parapluie, je ne sais pas pourquoi je n’aime pas les parapluies… Le matin j’étais d’une humeur mélancolique voire cafardeuse. Je me suis demandée même si j’allais avoir la force de me bouger. C’est étrange comme un état d’âme peut d’un seul coup vous faire perdre toute énergie et peut vous scotcher au lit. Mais j’avais les billets, ça m’a remuée.

Il y avait du monde, beaucoup de monde, toute sorte de monde. Des jeunes, des vieux, des enfants, des italiens, des asiatiques, des beaux, des laids, des prévenants, des bavards, des qui savent toujours tout, tout le temps, et qui ne manquent pas de le faire savoir, des curieux, des amoureux, des originaux, beaucoup de femmes, énormément de femmes, un nombre incroyable de femmes, toutes intriguées, intéressées, influencées et attirées par la vie de Niki, et par ces propos projetés sur des écrans géants : « Je suis Niki de Saint Phalle, je fais une œuvre monumentale ! »

« Il est difficile de décrire un mythe (…). Asphasie et Lucrèce. Pandore et Athénée, la femme est à la fois Eve et la Vierge Marie. Elle est une idole, une servante, la source de la vie, une puissance des ténèbres (…) Elle est la guérisseuse et la sorcière ; elle est la proie de l’homme, elle est sa perte (…) sa négation et sa raison d’être. « - Simone de Beauvoir -

En sortant de l’expo qui m’a évidemment pas mal remuée, j’en reparlerai, j’ai en tête de voir le film de Xavier Dolan, «  Mommy «. C’était peut-être un peu beaucoup pour une même journée, mais je me sentais d’attaque, Niki m’avait remis le pied à l’étrier, je sentais l’énergie se renflouer en moi et j’avais les neurones aux abois. Trempée en sortant du métro, la queue au cinéma était dense là aussi. Beaucoup de monde, mais plus d’hommes que de femmes cette fois-ci. La salle obscure était pleine et le silence intense.

Les premières émotions jaillirent assez vite, le joual a pour lui qu’il y invite.  « Mommy », fut un choc, un choc émotionnel, c’est un film remuant, étonnant, immensément humain, dur et tendre à la fois, « bigger than life », tout à tout terre à terre et parcouru de superbes envolées lyriques et oniriques, espiègle, jouissif, cruel aussi, la libido est y omniprésente. Anne Dorval et Suzanne Clément sont stupéfiantes. Et le jeune Antoine- Olivier Pilon crève l’écran ! C’est un film entier à prendre ou à laisser. J’ai pris et été prise, je suis encore sous emprise.

J’aime ça les journées pas comme les autres, celles qui vous remuent, celles qui vous provoquent, celle qui vous font avancer… On en sort pas indemne, pas tout à fait la même. Et c'est tant mieux. Chouette Dimanche !

 

 

07/10/2014

Toujours s'émerveiller

On ne devrait jamais ressentir d’ennui, d’incapacité, on ne devrait pas ressentir de néant. Nous sommes vivants. Alors si on s’endort dans un conformisme tranquille il suffit d’ouvrir un livre, comme celui que conseille Anaïs Nin: L'amant de Lady Chatterley, et on se sent vibrer et on met loin de soi l’ennui et la monotonie. Les moulins de mon cœur peut changer une vie, L’origine du monde aussi, chacune des  toiles de Françis Bacon, chaque poème d’Eluard, «  Même sommeil, même réveil, nous partageons nos rêves et notre soleil », Les lettres à un jeune poète, Kafka, Chet Baker, Debussy, les films de Kurosawa, Les tontons flingueurs, Dalida, « Que n’ai-je un pinceau/ qui puisse peindre les fleurs du prunier / avec leur parfum ! », Barbara, chacune de ces petites choses mises bout à bout qui nous façonnent, nous ouvrent, nous polissent, permettent à notre sensibilité de s’épanouir. Un champ de fleurs, un coucher de soleil face à l’océan Atlantique, un pétale de rose, un parfum subtil, une attention, un mot doux, un geste fin, une délicatesse, un grain de beauté, une caresse. Toujours s’émerveiller. Toujours s'émerveiller...

 

05/10/2014

Essayons, murmure le Coeur...

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02/10/2014

Écriture

J’ai voulu t’écrire ce soir, j’ai le cafard.

J’ai repensé au passé, ça ne me fait pas du bien. Tu sais, je crois qu’il faut savoir oublier, sublimer, transformer… Ce fameux plomb qui peut devenir de l’or. Je devrais. J’essaie.

Je sais, je sais, il y a pire, il y a plus malheureux, il y a des choses tellement plus graves et tellement plus… Tu as raison. Mais, vois-tu, ça me dépasse. Dans ces moments là, autour n’existe plus, autour n’existe pas, autour n’a jamais existé. C’est un grand moment de solitude. Et je t’écris. Et j’écris.

Je pense que je t’écris parce que c’est plus simple et plus humain de penser écrire pour quelqu’un, ça donne une sorte d’importance, on a l’impression qu’en se disant, possible qu’un autre alors se dise, et ça pourrait être toi, voilà pourquoi je te tutoie.

C’est étrange, déjà, je vais mieux, rien qu’en agissant, en écrivant, en faisant en sorte de mettre des mots sur ce que je ressens, puissance des mots.

Crois-tu qu’on puisse tout résoudre en soi ainsi, par cette voie, par cette magie ?

Je caresse mon clavier comme on caresse une peau aimée et j’en ressens l’apaisement.

Je t’ai écris, un peu, beaucoup, passionnément, jamais pas du tout. J’ai bien fait. De t’écrire, ou de penser le faire, m’a sortie de l’ornière. 

Un moment de cafard peut se dissoudre dans les mots. Les mots ne sont pas éphémères.

Mon clavier est tout chaud.

  

 

25/09/2014

Vivre Penser Regarder

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Il y a quelque chose de touchant dans sa manière d’écrire, de parler de son père, de la relation au père, de ses sœurs, du miroir, de la relation au miroir, du cinéma, du pourquoi nous choisissons tel vêtement plutôt que tel autre pour s’habiller : « J’aime les vêtements qui ont quelque chose de masculin sans me faire ressembler à un homme. J’aime les chaussures avec lesquelles je peux bouger, danser, et même courir si nécessaire. Talons aiguilles, plateformes, brides compliquées aux allures d’entraves, ce n’est pas «  moi ». J’aime les vêtements qui servent et accentuent ma dignité, sans pour autant qu’ils soient sobres et sérieux au point de me donner l’air de manquer d’humour. Voilà ce que je souhaite exprimer quand je m’habille. Honnêtement, j’ignore si je réussis ou non dans cette entreprise. Je ne me vois pas assez souvent. Avant de sortir de chez moi pour me rendre à une soirée, je jette un coup d’œil à mon image dans le miroir et puis je m’en vais, bienheureusement inconsciente de ce dont j’ai l’air quand je vis ma vie. » Siri Hustvedt, dans son livre Vivre Penser Regarder dit en préface, tout livre est pour quelqu’un. Je me retrouve profondément dans le sien.

 

 

17/09/2014

Plus je vieillis...

 

" Plus je vieillis , et plus je trouve qu'on ne peut vivre qu'avec les êtres qui vous libèrent , qui vous aiment d'une affection aussi légère à porter que forte à éprouver."



- Lettre d'Albert Camus à René Char -

 

 

13/09/2014

Une heure avec Arturo Bandini

Hier matin j’ai du prendre le train, une fois encore, pour Paris. C’est la deuxième fois depuis la rentrée que je tombe sur les nouveaux TGV à deux étages et c’est la deuxième fois que je me retrouve à l’étage du haut, on ne voit pas le paysage défiler de la même manière et quand on croise un autre train, on le dépasse d’une tête, tout semble différent. Je suis presque seule dans le compartiment. Je lis. J’extrapole, j’entre dans un monde, j’imagine ce que ferait Arturo Bandini s’il était assis devant moi. Me ferait-il un sourire, un regard de merlan frit, serait-il brutal ou doux ou les deux à la fois? Je le vois me tendre un Le petit chien qui riait, et me demander à qui il peut le dédicacer. Je lui dis : «  A Blue ! » et j’entends alors un «  Pourquoi Blue ? » avec un étrange ton dans la voix mi figue-mi raisin. Je continue ma lecture. L’écriture de Fante est saisissante, elle ne vous lâche plus. J’imagine alors une nuit avec Bandini, dans son petit lit au dessus des oranges qui pourrissent. J’esquisse un sourire à mon tour. Comment a été sa mère, son père, quel enfant avait-il pu être, quel adolescent torturé, quels méfaits avaient-ils commis avant ses « je vous salue Marie », quel amant était-il ? Un grand noir vient s’asseoir d’un seul  coup devant moi. Il est bel homme. Mon regard part vers le ciel bleu divin, le train continue à avancer et l’heure tourne.  « Des jours sans, des ciels bleus sans jamais un nuage, un océan de bleu jour après jour, et le soleil qui flotte dedans. Des jours d’abondance aussi, avec plein de soucis, plein d’oranges. On les mange au lit, on les mange au déjeuner, on se force à les avaler au souper. 5 cents la douzaine, les oranges. Soleil dans le ciel, soleil dans l’estomac- en jus. » Bandini ne me quitte plus, il semble avoir atteint son but, il a aspiré ma raison et je suis emplie de sa vie. J’ai le sentiment de sentir son odeur, sa sueur, son désoeuvrement, sa passion, sa rage de vivre. Une bouffée de tendresse pour lui m’envahit. J’arrive à la page 73 et le train s’arrête. Je suis à Paris.

 

 

07/09/2014

Naître

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- Photo Tania Thune-Larsen -

 

" Nous naissons, pour ainsi dire, provisoirement, quelque part ; c'est peu à peu que nous composons en nous le lieu de notre origine, pour y naître après coup, et chaque jour plus définitivement. "
 
- Rainer Maria Rilke -
 
 
 
 
 

06/09/2014

Ainsi soit-il...

J’ai en moi ces images du Maroc, elles sont ancrées. Pas que des images d’ailleurs des sensations, des ressentis… Je reviens dans ma vie à la vie et je me rends compte que c’est étrange. J’ai œuvré pour exister toute ma vie, j’ai lutté, j’ai bousculé, j’ai fait des dégâts, ça pour les dégâts … Mais j’ai persisté. Et, c’est là que je veux poser ma tente, parce que c’est suffisamment ailleurs pour moi et que j’ai besoin de cette distance pour être moi. Je le regrette. J’aurais aimé pouvoir être entre mes murs, mais mes murs sont trop enduits d’hypocrisie, de non-dits, de perversités. Mais je ne suis pas certaine que l’ailleurs qui me fascine et m’interpelle puisse répondre à ma quête… C’est mon chemin… Je veux écrire ce que je ressens, qu’importe le pourquoi du comment !

 

31/08/2014

Traversée marocaine -3-

Comme le temps passe vite, trop vite, comme le Maroc est déjà loin, repris par une vie lilloise trop active et bientôt la braderie ! Essaouira, Taroudant, Mirfelt, Tiznit, Sidi-Ifni, les plages océaniques à perte de vue, le désert, les souks truculents et odorants, le silence d’une campagne infinie, le goût du pain trempé dans des plats parfumés, le sucré du jus d’orange frais qu’on s’offre à chaque petite coin de rue, le brillant des poissons à la sortie des bateaux de pêche, l’élégance et le chatoiement des tissus dans lesquels s’enroulent les berbères, la puissance de la grande mosquée de Casablanca, l'esthétique médina d'Asilah…

Tout cela s’éloigne tout en restant quelque part comme un baume au creux de ma cervelle. J’ai quelques images fortes, en plus des magnifiques levers et couchers de soleil, pourtant qui subsistent plus que d’autres, celle par exemple de ces femmes sur les plages qui se baignent habillées des pieds à la tête. J’avais alors le sentiment d’être une intruse au milieu à l’inverse de tous ces hommes à moitié nus, pas évident d’accepter ce déséquilibre quand on est une femme qui aspire à sa liberté d’être…

Et puis il y a eu «  Le Pain Nu », le livre de Mohamed Choukri qui m’a bouleversée durant mon voyage. Un texte cru, nu vérité d’un vécu, audacieux et percutant, qui ne peut laisser indifférent , qui bouleverse, qui secoue et montre des facettes de la vie au Maroc qu’on ne perçoit pas, qu’on imagine pas tant c’est cruel et inhumain. Aucun endroit au monde n’empêche la violence et l’envie d’en découdre. Choukri a une histoire qui dépasse l’entendement, elle apparaît d’autant plus puissante qu’il n’a appris à lire et à écrire qu’à vingt ans. Je me demande comment il a pu ainsi mettre des mots avec autant de lucidité et de force alors qu’il n’y avait pas accès enfant…

Certains livres, certaines expériences, certains voyages nous changent. C’est presque imperceptible, le changement n’est pas fondamental mais il s’opère et distille ses signaux un peu partout en nous. Notre mémoire organise autrement son classement et vient donner un autre éclairage à nos acquis. Déjà envie de repartir m'ouvrir et m'enrichir : d'autres contrées, d'autres façon de vivre, d'autres façon de penser et de se raconter...

 " Mon frère était devenu un ange. Et moi ? deviendrais-je un diable ? C'est sûr, pas de doute. Les enfants, quand il meurent, se transforment en anges, et les adultes en diables. Mais il est trop tard pour moi espérer être un ange." - Mohamed Choukri -

 

13/06/2014

Nue

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- Alex Kanevsky -

 

Je suis partie quelques jours sous le soleil du midi, à Fréjus, ça sentait bon le pin et la lumière. Il fallait remettre d’aplomb le jardin du mobilhome de famille qui avait pendant une absence de plus de huit mois un tantinet pris des libertés et manqué d’arrosage. Dans le Domaine du Pin de La Lègue, c’est le nom de l’endroit où pendant près de cinquante ans mes beaux-parents ont passé leurs vacances, on vit en communion directe avec la nature. Une sorte de vie à la Robinson Crusoé améliorée. On passe le plus clair de son temps dehors pour tout : la cuisine, la toilette, les repas, les courses, la sieste, la lecture, l’apéro, l’écriture, la conversation, le jardinage, la rêverie, il n’y a que la nuit qu’on entre à l’intérieur de la caravane pour se mettre dans un grand lit. Chaque fois que j’y ai passé quelques jours en tout petit comité, j’ai remarqué à quel point c’était bon de pouvoir être nue. Comme la douche est extérieure et qu’on est à l’abri des regards, protégé par une végétation généreuse, et que je sais que je suis plutôt seule, j’aime avoir ce contact avec l’air dans le plus simple appareil. Je ne saurais dire pourquoi ça me fait cet effet là, mais la sensation de bien-être est intense. Il fait soleil, chaud, une petite brise caresse ma peau, l’eau participe à cet étonnant moment de symbiose, je me sens débarrassée de tout, à l’état sauvage, tout me semble possible, tout me semble simple, tout me semble superflu sauf cette sensation intense d’existence.

J’ai été élevée dans la peur du corps. Ce n’était pas de la pudeur, c’était plutôt une grande méfiance, comme s’il y avait danger (et il y avait danger). La sensation de sa nudité était interdite, alors progressivement on oublie qu’elle existe, et on oublie d’en profiter… Chaque fois que je retrouve cette sensation, la peau en émoi, j’aime ça et je mesure le chemin parcouru. Je me sens libre, je me sens prête, je me sens humaine.

Je suis émue, nue.