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17/05/2014

Escapade marocaine -2 -

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« J'habite la demeure du possible. Elle a plus de portes et de fenêtres que la demeure de la raison. »

- Emily Dickinson -

 

 

 

Rencontre

 

« Nous méritons toutes nos rencontres. Elles sont attachées à notre destinée et ont une signification qu'il nous appartient de déchiffrer. »


- François Mauriac -

 

 

28/04/2014

Angoisse

Je n’aime pas me sentir ainsi. Démunie. Je n’aime pas me sentir ainsi désarmée, vulnérable, apeurée. Pourtant, je le suis. Après une nuit d’angoisses sourdes sans visage et sans sens, je me suis levée nouée, la peur au ventre. Impossible de mettre des mots sur cette peur envahissante et profonde, impossible de comprendre pourquoi elle se réveille et pourquoi elle me donne envie d’hurler et de fuir. Je suis coincée. Je me sens prisonnière. Acculée. Inhibée. Impossible de décider, d’agir, de remuer. Pourtant, je sais avoir sans doute en moi quelque part la solution, le moyen d’en découdre, le moyen de la tenir à distance à défaut de la résoudre.

Avant-hier, une de mes amies me présente sa fille revenue de six mois d’absence :" tu te rends compte elle va avoir vingt ans, demain ! On aimerait avoir vingt ans avec ce qu’on sait maintenant, n’est ce pas ?"

Non, je n’aimerais pas ça. C’est bon aussi de ne pas trop en savoir. C’est bon de penser qu’on a devant soi l’espoir. C’est bon de penser que la peur est passagère, qu’on a toute la vie devant soi. Chaque chose en son temps.

En attendant, ça me fait mal en dedans, et je me sens coupable de je ne sais quoi et j’ai beau tenter de me raisonner et de relire, revoir, repenser, je suis pétrie de frayeur à l’idée de mourir sans avoir pu accomplir ce pourquoi je me suis battue, ce pourquoi j’ai tant souffert, cette vérité si compliquée et cette vie qu’il m’a fallu mener pour l’appréhender et l’accepter.

J’ai encore bien du chemin vers la sérénité…

 

 

21/04/2014

Grand ménage

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- Kimono et photo Serge Mouangue -

 

Ce week-end de Pâques, j’ai entrepris un grand rangement d’une petite pièce jouxtant la chambre des enfants où s’entassent le linge propre et le linge sale, les draps, les serviettes de bains, da plage, de table, une caisse de chaussettes dépareillées et tout un fatras de vêtements divers en attente de repassage. Le départ de mon fils aîné qui s’est installé avec sa douce a libéré sa chambre alors j’ai pu dans un grand élan tout passer d’une pièce à l’autre pour faire un grand tri… Il faut dire que ça fait au moins cinq ans que je n’avais pas mis les pieds à fond dans cette pièce, les enfants sont grands maintenant et chacun fait lui même sa petite lessive, quant à moi, j’y faisais un passage éclair une fois par semaine pour le linge de maison et mes effets personnels sans jamais trop m'y attarder. J’ai fait alors des découvertes au milieu des piles s’accumulant de tissus froissés :

Un kimono en soie rebrodé que m’avait offert un vieil ami architecte il y a une vingtaine d’années, j’en avais complètement oublié la couleur. A sa vue j’ai été très émue, je me suis souvenue des longues discussions poétiques que nous avions autour d’un thé vert, je me suis souvenue de ce disque d'Erik Satie qu’il passait en boucle et puis de son parfum si subtil; c’était et c’est toujours un homme sensible mais je l’ai perdu de vue … Il faudrait peut-être que je me mette en quête de savoir ce qu’il est devenu, je pourrais lui envoyer une photo du kimono qui est toujours aussi étonnant de beauté et de raffinement.

Une paire de petits chaussons rayés bleu et blanc bien usagée, elle avait appartenu à mon cadet qui n’avait jamais voulu à l’époque les jeter. Il tenait beaucoup à ses petites affaires. Il était très soigneux. Quand je vois maintenant le chambard dans sa chambre, je me dis que les temps ont changé !

Et enfoui en dessous d’une montagne de torchons, un petit carnet noir. Que pouvait donc bien faire mon petit carnet noir au milieu de tout ça. Et pourquoi n’avais-je jamais cherché à savoir où et pourquoi ce petit carnet noir avait disparu de mon espace ? Et qui avait placé ce petit carnet noir à cet endroit improbable ? Tout en me posant ces questions, j’ai ouvert le carnet noirci de citations. Et j’ai lu, en souriant ce que j’y avais inscrit, ce qui à l’époque me remuait, m’interpellait, me donnait à penser. Pas de date, impossible de me souvenir quel âge avait ce carnet. " Les nuits passées avec toi sont ces fragments de liège qui me soutiennent à la surface de la vie ", " Quand j’aime, mon sentiment est une inondation qui s’épanche tout à l’entour ", " Chacun de nous a sa lutte à soutenir contre son éparpillement particulier "  et celle-là, que j'ai soulignée : " Vivre signifie être conscient, joyeusement jusqu’à l’ébriété ". Je crois bien être restée deux bonnes heures à relire et sourire et ressentir. J’ai été surprise de voir à quel point tout ce que j’avais noté et recueilli dans ce carnet, avec bien sûr le nom de chacun des auteurs - Montherlant, Flaubert, Sachs, Henri Miller - avait sur moi toujours le même effet. Je n’avais donc pas tant changé... Mais diable que faisait cet objet dans cet endroit alors qu’il n’aurait jamais dû me quitter et comment avais-je pu vivre sans pendant toutes ces années ?

J’ai cessé d’y penser, j’ai continué à ranger, à plier, à laver, à repasser, à remuer, à étendre, les mains occupées, le corps à l’ouvrage mais l’esprit en remue-méninges. Me revenaient en mémoire tous ces livres que j’avais lus et qui avaient fait mon bonheur, touts ces mots qui ont dansé et dansent et toutes ces émotions intenses à leur découverte. C’est bon de faire des grands ménages de printemps !

 

17/04/2014

Amoureuse de l'amour même

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- Josefine Clemens -

 

"Dans l'amour, sans doute, toutes les femmes ont de beaux yeux. Mais celle-ci, l'amour la jette dans le désordre de l'âme (choix volontairement stendhalien du terme) un peu plus avant que les autres femmes. Parce qu'elle est davantage que les autres femmes "amoureuse de l'amour même".

- Marguerite Duras -

 

 

16/04/2014

Outremer

Drôle de journée difficile. La ville était vide. Pas de bruit. Pas de passage dans la rue. Rien qu’une belle lumière crue et un vent frais. C’est compliqué parfois le temps qui semble s’arrêter et qui pourtant en même temps s’écoule. J’ai passé ma journée à attendre. Attendre. Dans mon métier c’est stupéfiant ce temps d’attente. Des heures entières. Et puis d’un seul coup il faut être tout à fait là à peut-être l’unique personne qui a besoin de vous. Elle est entrée quelques minutes avant la fermeture.

-       Je peux jeter un œil ?

-       Oui, et si je peux vous être utile…

-       Je n’ai pas le moral !

-       Je vous laisse regarder, je suis tout près…

Elle est restée un moment à laisser sa main caresser les vêtements. Et finalement a voulu passer un petit pull bleu outremer avec un charmant sautoir fin de fil d’argent et de perles en pâte de verre assorties au bleu de la fine maille dans laquelle soudainement elle semblait revivre. Elle a retrouvé alors le sourire et moi, le sens de ma présence dans la boutique. J'ai pensé à Aristote, l'étonnement de ce que les choses sont ce qu'elles sont, qu'il attribue au commencement de toutes les sciences alors qu'il est aussi, cet étonnement, le commencement de toutes les relations. Pas une journée sans que je m'étonne, même dans celle-ci qui me semblait si morne...

 

13/04/2014

Marguerite

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" Ecrire c'est tenter de savoir ce qu'on écrirait si on écrivait. "

- Marguerite Duras -

 

En lisant ce matin le Hors-Série du Télérama sur Duras - c'est tellement plus que rare que j'aille chez le marchand de journaux mais hier Pat m'a demandé d'aller lui prendre le Nouvel Obs, alors mon regard a bifurqué et je suis sortie avec le nouvel Obs demandé, ce Hors-Série ainsi qu'une découverte pour moi, Psycho et Cerveau, une revue à laquelle je m'abonnerais bien avant de m'y abandonner et ce supplément d'âme... Hé,hé.

Je ne suis pas loin, j'ai été accaparée par ces choses essentielles de la vie : la famille, le travail, la fabrique du quotidien... toutes ces choses qui éloignent de l'écriture mais qui en même temps en font le ferment. Et ce matin, en écossant mes petits pois et en équeutant mes haricots verts, tout en surveillant le poulet dans le four, j'ai lu ce hors-série, et je me suis délectée de la vie et de l'avis de Marguerite et de ses idées et de sa manière de les faire passer et j'ai aimé, tant aimé.

Alors j'ai décidé de reprendre mon flambeau, j'ai décidé de continuer à écrire, dire et partager. " Il y a des lieux dans ma mémoire qui déchaînent des passions très fortes " nous dit Duras, nul lieu n'en déchaine chez moi plus que celui-ci.

Je vais m'écrire ici, une fois encore, une fois de plus, une fois pour tous. Parce que j'en ai besoin. C'est l'enjeu de ce lieu, c'est mon dessein.

 

25/03/2014

vérité

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22/01/2014

Il faut beaucoup aimer les hommes...

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Avant-hier soir, j'étais au restaurant sur l'île Saint Louis en compagnie de mes deux amies, mes deux L. ... Délicieuse soirée. Nous étions heureuses de nous retrouver toutes les trois, heureuses de deviser, d'échanger et d'interactiver. A la fin du repas, en reprenant mon manteau, j'aperçois derrière moi un homme attablé devant un verre de vin blanc, un livre à la main. Le titre du livre m'interpelle et je lui dit, il me sourit et à son tour me lance: " La phrase de Duras en exergue est bien meilleure encore! " me tendant son bouquin afin que je la lise. Je me précipite alors vers mon sac pour prendre mes lunettes et je lis, et souris :"savoureux ! Je suis tout à fait d'accord..." Là, son sourire s'agrandit : " Je m'en doutais... "

 

 

28/12/2013

Je me souviens

En parcourant ma Blue Sphère, je suis tombée ce matin sur cette note de François Bon, sur les je me souviens des je me souviens. D'abord interpellée par le titre qui m'a tout de suite ramenée au Québec que je chéris, j'ai eu envie en cette fin d'année de tenter l'exercice sur ces fameux souvenirs qui me viendraient spontanément concernant l'année qui vient de passer. Et puis je me suis dis que ça pourrait être un petit jeu bien sympathique à proposer à mes amis blogueurs et mes amis lecteurs, pour se dérouiller la mémoire... 

 

Sauriez-vous écrire dix à quinze de vos " je me souviens " de l'année ? 


 

- Je me souviens de mon émotion dense quand j'ai vu le court-métrage de Laure ce petit rien, émotion décuplée par le souvenir des émotions au tournage et au mixage.

- Je me souviens de François Jullien.

- Je me souviens des mojitos.

- Je me souviens de Guillaume et les garçons, à table !

- Je me souviens d'avoir été frappée par le rouge de la terre au Maroc.

- Je me souviens avoir pris la décision de ne plus regarder les infos à la télé tant elles me déprimaient.

- Je me souviens qu'au cours de ce dîner j'ai été surprise par notre intimité spontanée.

- Je me souviens m'être dit souvent, " ça " faut pas que j'oublie, et maintenant que j'essaie de m'en souvenir rien ne vient.

- Je me souviens m'être pété l'arcade sourcilière en dansant un rock trop endiablé avec mon fils qui m'a fait perdre l'équilibre et m'a envoyée me fracasser contre la table du salon, je m'en souviens bien, c'était avant-hier et j'ai aujourd'hui l'oeil façon Rothko !

- Je me souviens de la mort de Mandela et de ma peine quand ma belle-maman est partie.

- Je me souviens du jardin de Bomarzo et de ma lettre à K.

- Je me souviens de ce rêve incroyable où tout paraissait simple, facile et fluide et où je me suis sentie légère comme jamais dans ma vie.

- Je me souviens du bonheur d'avoir retrouvé une vieille amie pas vue depuis quinze ans.

- Je me souviens des Tontons flingueurs.

- Je me souviens avoir passé beaucoup de temps ici avec toujours ce même plaisir, renouvelé.

  

 

09/12/2013

Petit éloge du désir -1-

" Tu parles ici comme femme, et mûre. Tu ne sais pas comment sentiront et se comporteront les femmes à venir, quand l'égalité aura plus sûrement progressé, quand les vieilles lunes de nos représentations des genres dans l'amour et le désir se seront transformées. Tu ne sais pas comment sentent les toutes jeunes filles, mais tu es persuadée que le désir est à jamais notre grande affaire, désir de vivre, désir d'aimer, désir d'étreindre - car il est la vie haute.

 Tu aimes cette citation de Bachelard, " l'homme est une création du désir, non pas une création du besoin", qui rencontre ta conviction que la vie érotique n'est pas bornée par la chair, la libido ou les hormones. Tu ne la crois soumise qu'au néocortex, c'est-à-dire, au principe même de notre liberté et de notre inventivité."

 

- Belinda Cannone -



08/12/2013

La photo retrouvée

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Je n’ai plus de photos de moi enfant. Je sais qu’il en existe mais le peu que j’avais en ma possession ont fait les frais de ma thérapie. Un jour, j’ai pris une grande caisse de vin vide, je l’ai peinte en noir et j’y ai mis tout ce qui pouvait se rapprocher de près ou de loin de mon enfance : photos, souvenirs, lettres, médaille de baptême, croix en bois de ma première communion, pétales de fleurs séchés, cahiers d’écolier, j’ai tout mis dans un grand feu de cheminée et j’ai passé des heures à regarder la boîte se consumer.

Cette semaine, mon homme a décidé d’ajouter des étagères dans mon bureau plutôt en bordel pour que je puisse organiser un semblant d’ordre. En déplaçant des vieux dossiers, il a retrouvé derrière l’un deux cette photo et me l’a posée au milieu des différents papiers qui y traînaient. Hier soir, en rentrant pas mal fatiguée de la boutique, j’ai trouvé la photo. Mon petit cœur a retenu un sanglot, lointain, profond. Me revoir, là, dans l’allée où je faisais avec ferveur des heures durant de la trottinette, avec à mes côtés mon si gentil petit frère, m’a fait tout drôle.

Une flopée de souvenirs m’est revenue. Ne sommes-nous pas mignons tous les deux avec nos fleurs à la main, sans doute prévues en offrande à notre maman qui doit être avec l’appareil photo à la main au bout du chemin ? Les chaussures vernis noires et les bottines blanches, ainsi que la médaille autour de mon cou me font présumer que cette photo a été prise un Dimanche. La végétation et le bout de paysage entre les arbres, les dentelles de béton blanches et la nature des fleurs qu’on tient à la main me disent que nous sommes à la campagne chez papy et que c’est sans doute une fête de famille. Maman nous faisait beaux pour l'occasion !

Je suis frappée par nos bouilles sérieuses et surtout par nos regards inquiets, mais je ne suis pas surprise, nous avions tout lieu de l’être, inquiets…

Je décide de garder cette photo là. Je la scanne au cas où et la pose dans un petit coin devant moi. Je peux à présent rejoindre l’enfant que j’étais, je peux accepter cette petite fille qui en a soupé, je peux la voir, la regarder, je peux l'aimer…

 

 

 

17/11/2013

Le retour

Je pensais en avoir fini, ici, avec Helenablue et ces forces mystérieuses et obscures qui nous traversent tous. Je suis allée vers la lumière, elle me fait du bien, mais elle a aussi quelque chose qui me manque, l'intimité sans doute, ou comme disait Venise si justement, je me sens plus à nue. On se confie plus dans la pénombre qu'en plein soleil. On ne parle pas pareil, et on a autant besoin du sombre que du clair.

J'aime le fond noir.

Alors, je vais tenter une expérience, celle de faire comme je le sens, tantôt de nuit, tantôt de jour. Je vais reprendre aussi le cours de mes déraisons et de mes folies, ce que je ne peux faire qu'ici, et continuer mon cheminement.

On est fait d'enfer comme de ciel. Et c'est la connaissance et l'acceptation de l'un et l'autre qui nous fait avancer... Vous ne croyez pas ?

 

06/10/2013

Merci

Quand j’ai démarré ce blog, il y a plus de cinq ans maintenant, j’étais encore bien atteinte. Border line, trouble du comportement, dédoublement de personnalité, il me restait encore pas mal d’obstacles à surmonter. J’ai apprivoisé ce que j’appelais le Hyde en moi, j’ai avancé, j’ai tenté de comprendre pourquoi j’avais des manières de réagir exagérées, pourquoi la tristesse chez moi se transformait tout de suite en une intense douleur psychologique, pourquoi je ressentais de la honte plutôt que de l’embarras et pourquoi toujours la peur plutôt que la nervosité. Trop sensible.

 

Quand j’ai démarré ce blog, je venais de vivre une étape de ma vie traumatisante et difficile. J’avais perdu mon tuteur et je devais continuer à grandir par mes propres moyens. Je me le devais, je le devais à l’homme qui m’avait toujours épaulée, je le devais à mes fils. Alors cet endroit est devenu d’une importance vitale pour moi, je m’y suis reconstruite. J’ai pris des forces en échangeant et en interagissant. J’ai pu  faire face à mes vieux démons, j’ai pu aussi mettre ma vison de la réalité à l’épreuve de celle d’autrui et doucement j’ai guéri. Survival.

 

Quand j’ai démarré ce blog, je ne pensais pas que je rencontrerais un homme, écrivain et génie dans son domaine qui compterait tant pour moi et qui par une attention soutenue et régulière m’a permis d’avancer et de prendre confiance dans ce que je pensais, dans ce que je voulais dire et dans la manière de le faire. Christian Mistral est le créateur de Blue, il en est le protecteur et je lui dois beaucoup plus que je ne saurais l’écrire.

 

J’approche de la cinquantaine, je prends doucement conscience de ma valeur et de mon parcours. Je sais, que tout ce que j’ai pu vivre et comment je l’ai vécu, a développé chez moi une force sur laquelle je peux m’appuyer, je sais aussi que j’ai une capacité à accepter, tolérer et accueillir beaucoup de souffrances, d’extravagances et de comportements qui peuvent paraître étranges. Je ne serais pas aujourd’hui celle que je suis si je n’avais pas vécu ce que j’ai vécu. Je sais qui je suis, définie par ce que je fais.

 

On ne peut être heureux que si on le décide et si on fait ce qu’il faut pour plutôt voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. On n’est pas tous égaux face à cette capacité. Le peur de l’abandon, le besoin d’amour illimité voire de fusion, l’hyper-sensibilité ne permettent pas cette sérénité et cette paix auxquelles on aspire. Mais on peut arriver en prenant le risque de se découvrir, à cet état d’être sans pour autant perdre sa créativité. Je me sens plus humaine.

 

Hélène existe. Blue aussi. Elles ne font qu’une et même personne. Je dois cette quiétude et cette identité retrouvée à beaucoup d’années de lutte et de volonté de comprendre, à l’amour énorme d’un homme exceptionnel et à sa présence de chaque instant, à la confiance et l’amour de mes enfants et de mes proches, à feu mes beaux-parents, beaux et plus encore, à l’exigence et la rigueur d’un ami tonitruant cher à mon cœur, à l’amitié fidèle de femmes superbes, mes deux L , à la gratification et la sympathie de mes clientes, à l'épanouissement dans mon métier, à l'écriture, la poésie, et à vous tous qui venez me lire, vous tous qui me suivez depuis tout ce temps.

 

Je vois quelqu’un dans le miroir. Je ne suis plus « rien ».

 

Merci à vous. Merci la vie.

 

 

 

23/09/2013

Satori

Dehors tout était d'un calme infini. Au loin le bruit du ressac. Une lune brillante dans une nuit noire. Une chaleur apaisante, douce, diffuse, un léger vent, une atmosphère soulagée. C'était bon d'être là, entière dans cette inconcevable immensité faisant corps à l'immobilité absolue, à l'éternité de l'instant, à l'immensité de cette beauté. Pas de passé, pas de futur, juste le présent. J'avais le sentiment d'avoir l'oeil plus aiguisé, l'oreille plus fine, la peau plus attentive, la bouche plus sensible, le nez plus réceptif aux effluves de l'air. Je me sentais dans un tout, en toutes choses, comme traversée par l'essence de chacune d'entre elles, une essence intérieure, profonde, sacrée. Un sorte d'absolu. Dégagée de toutes pensées. Nue. Libérée. Présente. Vivante. Au monde. Ressourcée.

 

22/09/2013

Birthdays

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- Tableau Kenne Gregoire -

 

Soixante années de vie dont la moitié ensemble. Je nous souhaite d'en être qu'au tiers. C'est son anniversaire et celui deux jours après de notre fils aîné. Il en fallu de peu que ça soit le même, Dame nature en a décidé autrement. Aujourd'hui, aux fourneaux depuis tôt ce matin, je prépare un repas pour ces deux hommes et les deux autres hommes de ma vie. Un repas d'amour, familial et festif. J'ai bien l'intention de profiter de ce moment présent en toute conscience, et d'y être toute entière. Tous les sens en action. Attentive, confiante et aimante.

C'est si bon d'aimer.

Happy Birthday.

 

16/09/2013

Le verbe

Exprimer, aimer, transgresser, affirmer, enfanter, créer, cuisiner, emballer, inspirer, renouveler, comprendre. Partir, finir, ouvrir, convenir, estourbir, poursuivre, haïr, attendrir, salir, courir, apprendre. Réserver, compléter, transformer, sublimer, simplifier, générer, renouveler, refuser, persévérer, surprendre. Souffrir, pourrir, courir, fournir, subir, jouir, sentir, accomplir, venir, fournir, fendre.

Commencer. Naître. Créer. Défendre.

 

Vends-moi du rêve

Fais-moi grimper haut, ouvre mes horizons, flatte mon imagination, étonne mon âme, fais jouir mon cerveau, balaie mes préjugés, mes peurs, mes postures, passionne-moi, déraisonne-moi, vends-moi du rêve, redonne vie à ma chair endormie, endolorie, récalcitrante et transfuse-moi tes forces vibrantes que mon sang ne fasse qu'un tour, que s'élargisse mon champ de vision et ma compréhension du monde dans lequel je suis, là, de passage, parfois si démunie, haletante, infime particule dans l'infiniment grand, insatiable, aimante, curieuse de tout, gourmande d'amour. Ecris-moi des mots lourds. Des mots profonds. Des mots qui décochent et dérangent. Des bouffées de poésie pure. Absynthe. Drogue dure. Transporte-moi. Elève-moi. Libère-moi. Ne m'oublie pas.

 

15/09/2013

La tarte aux prunes

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- Allo ! J'ai des prunes à ne plus savoir quoi en faire, tu en veux ? 

- Oui, pourquoi pas. Mais tu sais, j'ai pas trop de temps en ce moment...

- Je peux te faire des confitures ?

- Oui, je veux bien. Je préfère...

- Bon. Je t'en fais une dizaine de pots et ton père passera te les déposer à ta boutique quand ça sera fait.

- D'accord. Merci Maman.

 

Papa est passé en coup de vent. Je ne l'ai pas vu. C'était mieux pour nous deux, peut-être. Sur les dix pots, j'en ai offert trois et avec les prunes en vrac, j'ai fait une tarte. Et, une photo de la tarte que j'ai envoyée à maman. Cette année j'avais même oublié son anniversaire. Faut dire qu'on ne s'est pas vues depuis si longtemps, peut-être dix ans maintenant ou quinze... Je me demande si elle saurait me reconnaître ! Des prunes en trop, ça crée des situations nouvelles. Le temps passe. Les gens meurent. Et la mort qui approche fait peur. Moi aussi, je vieillis. Moi aussi, je suis mère. J'espère qu'elle va être aussi bonne que belle cette tarte tombée du ciel !

 

11/09/2013

Dans le sac

En ce moment je balade dans mon immense sac trop lourd de cuir noir, "Le corps féminin" de Philippe Perrot, un petit livre riche et dense sur le travail des apparences au XVIIIe et XIXe siècle, un travail d'historien remarquable et mine d'anecdotes en tout genre comme je les aime. J'ai, à ses côtes, un livre immaculé au titre "Esquisse d'une philosophie de l'amour" en rouge qui claque, édition de l'Harmattan. L'expérience de l'amour se situe au carrefour de l'esprit et du corps. Michel Larroque, professeur agrégé en philosophie démontre que le vécu amoureux est, essentiellement une expérience spirituelle et qu'il est saisi du bien et du beau à travers un être singulier, investi d'un caractère sacré, et parfois même, dans la passion, transfiguré en absolu vivant. Passionnant. Pour accompagner ces deux ouvrages déjà bien enrichissants, j'ai aussi avec moi, un petit livre que m'avait conseillé ma nouvelle amie Tania, cet été, après un bref passage chez elle pour un déjeuner sur l'herbe. "Le pouvoir du moment présent" d'Eckart Tolle, un guide d'éveil spirituel qui a bouleversé sa vie, m'avait-elle dit, et qu'elle ne manque jamais d'ouvrir chaque matin, tôt, en prenant sa tasse de thé. Je cite ce qu'il en est dit en quatrième de couverture: En vivant dans l'instant présent, nous transcendons notre ego et accédons à "un état de grâce, de légèreté et de bien-être". Ce livre a le pouvoir de métamorphoser votre vie par une expérience unique. A expérimenter! Pour parachever mes compagnons du moment est venu les rejoindre, le Vautour de Mistral. Livre que j'ai déjà lu il y a quelques années et que je comptais recevoir dans sa nouvelle édition mais que j'ai reçu dans celle que j'avais déjà. Retrouver ce livre vierge de coups de crayon est une grande joie et j'aspire à avoir une belle journée devant moi pour retrouver l'écriture de cet auteur dont j'apprécie la force de frappe et l'immense vocabulaire. Suis curieuse aussi de sentir l'effet que cela va me faire de relire ce livre qui m'avait pas mal remuée. C'est tellement toujours si fascinant de se rendre compte de cette intimité qu'on noue avec certains bouquins. Voilà de quoi nourrir mon cerveau insatiable au moins pour quelques nuitées !