Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

17/01/2013

De la beauté

 

Hymne à la beauté

Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme,
Ô Beauté ! ton regard, infernal et divin,
Verse confusément le bienfait et le crime,
Et l'on peut pour cela te comparer au vin.

Tu contiens dans ton oeil le couchant et l'aurore ;
Tu répands des parfums comme un soir orageux ;
Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore
Qui font le héros lâche et l'enfant courageux.

Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres ?
Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien ;
Tu sèmes au hasard la joie et les désastres,
Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien.

Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques ;
De tes bijoux l'Horreur n'est pas le moins charmant,
Et le Meurtre, parmi tes plus chères breloques,
Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement.

L'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle,
Crépite, flambe et dit : Bénissons ce flambeau !
L'amoureux pantelant incliné sur sa belle
A l'air d'un moribond caressant son tombeau.

Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe,
Ô Beauté ! monstre énorme, effrayant, ingénu !
Si ton oeil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte
D'un Infini que j'aime et n'ai jamais connu ?

De Satan ou de Dieu, qu'importe ? Ange ou Sirène,
Qu'importe, si tu rends, - fée aux yeux de velours,
Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine ! -
L'univers moins hideux et les instants moins lourds ?

 

- Charles Baudelaire -

 

16/01/2013

Cut-Up

Bon, voilà le résultat. Je n'avais sous la main que le journal du textile, une sorte de journal pro rébarbatif qui n'a qu'économie, affaire et comment faire pour mieux faire à son actif. N'ayant personne de cinq à sept, j'ai coupé dedans et fait mon petit cut-up! A vous de jouer, maintenant!

IMG_0921.JPG

IMG_0924.JPG

IMG_0923.JPG

 

"L'eldorado au sommet développe la femme, une fois n'est pas coutume. La vie ose vers le futur. La créativité réveille l'envie, regagne du terrain, au bout des doigts. L'homme se fait plus souple et plus léger, s'ouvre, se donne, a envie, n'a plus honte, voyage, confident. C'est beau. La résistance tourne. Les courbes en devenir jouent au plus fin. La recherche inspire. Le futur secret à emporter dans sa valise se préoccupe DEHA,"corps" en indien ancien. Le sort du style, seconde peau, la page belle en marche se mue coquine. Beaucoup de turbulences, la révolution ne se cache plus particulièrement orageuse. Naissance. L'esprit de retour souffle. L'invisible ose se montrer le jour dans le sillage. Une sortie du tunnel. Une silhouette futuriste se lance plus épurée. Attitude. Bien-être. Charme. la femme préfère pour se différencier revivre, virevolter, toucher, connaître, tirer son épingle du jeu. épure."

 

15/01/2013

Neige

La neige est tombée dru cette nuit et a recouvert de son manteau blanc ouaté tout le paysage. Plus un bruit, tout est feutré, filtré, absorbé. Je suis incapable d'en voir toute la beauté. J'ai le poignet qui hurle, qui se souvient et qui a peur d'à nouveau perdre la main. C'est si étrange la mémoire. On peut oublier pendant des jours et des nuits et puis d'un coup se rappeler nettement une chute, une déchirure, une souffrance aigue, une peur indicible. Le cerveau, cette masse de cicatrices, caverne d'ali-baba de tous nos sacrifices, antre peuplé de fantômes près à ressurgir en grimaçant titubant sous le poids des ans et en même temps délicieux havre d'ancres positives et de souvenirs fleuris d'éternels printemps...

 

14/01/2013

Premiers gestes

Tous les matins, depuis début janvier je reprends mon rituel du début de l'année dernière auquel s'est ajouté les trois pages d'écriture "sans penser" conseillées par "Comment développer sa créativité". Je m'enveloppe dans une veille robe de chambre tantôt bleue tantôt fraise écrasée et j'allume mon ordinateur. D'abord aveuglée par la lumière de l'écran, les yeux encore collés par une nuit chargée de rêves et peuplée d'imageries et d'élucubrantes idées, je consulte mes mails. Quand je vois que j'en ai reçus, je ne les ouvre pas tout de suite, un peu comme je faisais plus jeune avec mon courrier, j'attends, je me délecte d'abord de l'expéditeur en espérant lire encore et encore de quoi me nourrir et je vais faire un tour chez moi et chez mes amis pour sentir ce qui s'est passé pendant la nuit dans leurs vies et dans leurs têtes. Je sens alors que mon esprit amalgame le tout. Le futur passé chez Christian, le chier un schtroumpf chez Mac, le coeur à palme chez Laure, la Tarasque chez VieuxG., Plumi chez Plumi, l'invitation à la valse chez Lelius, Orfeenix et Michael chez Mokhtar et toute la matière à se griser les neurones en commentaire chez moi parce que Laure, parce que Bizak, parce que chaque réaction provoque en chaîne une pensée à l'autre bout. Je me pose. Je réfléchis. Il est déjà sept heures et demie. J'essaie de ne pas me laisser surprendre par des interférences d'ordre pratique, tout ce que je vais devoir accomplir dans la journée. J'essaie de mettre à l'écart les pensées noires, tordues, désernégisantes, empêcheuses d'avancer et je tente de me concentrer sur ce qui me vient à écrire. Les fameuses trois pages d'écriture du matin sont normalement des pages personnelles que personne à par celui qui les écrit ne doit lire. Cela s'avère exact qu'au bout de trois semaines de cet exercice ressortent en filigrane les désirs les plus profonds, les besoins, le mode d'expression. Boileau d'un seul coup me revient en mémoire, le fameux Boileau cité par Venise à son insu, repris par Laure sur son blog, ce qui ce conçoit bien s'énonce clairement, à croire que notre esprit est construit avec cette fulgurance puisqu'il est capable de fabriquer lui-même une réponse à nos problèmes pourvu qu'on veuille bien lire ce qu'il a à dire. A ce moment précis de ma réflexion, je sens le besoin d'aller relire la note de Mistral, parce qu'elle m'a perturbée. Autant le CUS de Mac m'a fait lyeser, autant le questionnement de Christian m'a interpellée, vraiment: Un autodidacte célébré pour sa maîtrise du langage peut-il, avec le moindre espoir de convaincre, exprimer le drame de l'ignorance structurelle de sa génération? Et dénoncer la sienne propre, s'il songe à tout ce qu'on a criminellement négligé de lui enseigner? Peut-il avec succès alerter ses contemporains à l'urgence d'agir alors même qu'il semble incarner à lui tout seul l'inexistence du problème qu'il soulève? Toute son éloquence ne servira qu'à dissimuler l'agonie de l'éloquence. Ultimement, la logique exigera qu'on ne sache plus parler pour persuader autrui des périls que court la parole, qu'il ne sache plus nous comprendre, il faudra perdre le lire et l'écrire pour qu'un illettré adresse à un autre une missive bien sentie s'inquiétant du cours des choses. Absurde à un bout, absurde à l'autre et sans substance au milieu: ce fil de réflexion me contraint depuis longtemps, aussi sûrement qu'une chaîne soudée à un piquet planté dans un champ, quand elle mène à un collier coulant qui ceint le cou d'un grand chien jaune. Aïe. Ne pouvons-nous donc pas nous permettre l'imperfection? Ne sommes-nous pas condamnés à toujours peaufiner et à toujours aiguiser nos couteaux, comme en cuisine, plus on s'en sert, plus il faut affûter la lame pour qu'elle reste coupante? Je reste avec ma réflexion un bon moment avant de mesurer la souffrance qu'implique une telle prise de conscience, une telle absurdité. En même temps je sens qu'elle me pousse dans mes retranchements, et toi que fais-tu pour que ça change, quelle pierre vas-tu mettre à l'édifice de l'humanité, comment vas-tu t'y prendre? 


13/01/2013

Simone, mon deuxième prénom...

 

En vérité, l'influence de l'éducation et de l'entourage est ici immense.Tous les enfants essaient de compenser la séparation du sevrage par des conduites de séduction et de parade; on oblige le garçon à dépasser ce stade, on le délivre de son narcissisme en le fixant sur son pénis; tandis que la fillette est confirmée dans cette tendance à se faire objet qui est commune à tous les enfants. La poupée l'y aide, mais elle n'a pas non plus un rôle déterminant; le garçon aussi peut chérir un ours, un polichinelle en qui il se projette; c'est dans la forme globalede leur vie que chaque facteur : pénis, poupée, prend son poids. Ainsi, la passivité qui caractérisera essentiellement la femme«féminine» est un trait qui se développe en elle dès ses premières années. Mais il est faux de prétendre que c'est là une donnée biologique; en vérité, c'est un destin qui lui est imposé par ses éducateurs et par la société. L'immense chance du garçon, c'est que sa manière d'exister pour autrui l'encourage à se poser pour soi. Il fait l'apprentissage de son existence comme libre mouvement vers le monde; il rivalise de dureté et d'indépendance avec les autres garçons, il méprise les filles. Grimpant aux arbres, se battant avec des camarades, les affrontant dans des jeux violents, il saisit son corps comme un moyen de dominer la nature et un instrument de combat; il s'enorgueillit de ses muscles comme de son sexe; à travers jeux, sports, luttes, défis, épreuves, il trouve un emploi équilibré de ses forces; en même temps, il connaît les leçons sévères de la violence; il apprend à encaisser les coups, à mépriser la douleur, à refuser les larmes du premier âge. Il entreprend, il invente, il ose. C'est en faisant qu'il se fait être, d'un seul mouvement. Au contraire, chez la femme il y a, au départ, un conflit entre son existence autonome et son «être-autre»; on lui apprend que pour plaire il faut chercher à plaire, il faut se faire objet; elle doit donc renoncer à son autonomie. On la traite comme une poupée vivante et on lui refuse la liberté; ainsi se noue un cercle vicieux; car moins elle exercera sa liberté pour comprendre, saisir et découvrir le monde qui l'entoure, moins elle trouvera en lui de ressources, moins elle osera s'affirmer comme sujet; ... les femmes élevées par un homme échappe en grande partie aux tares de la féminité.
 
- Simone de Beauvoir -
 
 
Ce matin, je me lève aux aurores, sachant que ma journée va être une fois de plus consacrée à recevoir les doléances d'un tas de femmes cherchant à résoudre leur mal-être, Eh oui, même le Dimanche!. Comme évidemment je n'habille que les femmes, c'est plus souvent d'elles que je reçois les confidences. Parfois un homme s'égare à me confier ses pensées existentielles, mais c'est plus rare. Hier, samedi, la journée fut chargée. Premier Samedi des soldes, faut le vivre pour le croire. Electriques, hystériques, femmes au bord de la crise de nerfs, maris à bout, enfants balladés de boutique en boutique n'en pouvant plus de suivre mécaniquement des parents en quête de bonnes affaires, individus hagards suivant la masse, et au milieu de tout ça, néanmoins une ou deux bonnes surprises: une vieille connaissance qui réapparaît dans ma vie après des années de perte de vue et une de mes bonnes clientes qui, mariant sa fille dans l'urgence a senti le besoin de venir m'en parler avec l'argument de lui trouver une tenue. Comment en est-on arrivé à parler de Simone? Je ne sais plus. Mais elle a sourit quand je lui ai dit que c'était le prénom de ma grand-mère paternelle et donc mon deuxième prénom de baptême (tradition familiale oblige). " Quand j'étais adolescente, j'ai eu une passion pour elle, j'ai lu tous ses livres je crois. J'aimais aussi beaucoup Duras et Colette. Mais c'est avec Simone que j'ai le plus avancé. Grâce à elle, j'ai élevé ma fille autrement, autrement que ce que ma mère a fait de moi..." Pendant que je cherchais à trouver dans les rayons blindés cette fameuse tenue qui pourrait faire l'affaire pour le "jour J" ( comme elles disent pour la plupart) de sa fille, elle me parlait et me parlait encore, elle avait un incommensurable besoin de parler, je n'entendais qu'elle. J'essayais de me concentrer, une oreille pourtant attentive à ses propos. J'ai appris à faire ça avec le temps. Faire deux choses à la fois et tendre plusieurs cellules de mon cerveau. " C'était un vrai garçon manqué, remarquez, je n'ai pas eu trop de difficultés à l'élever autrement. Elle n'arrêtait pas de faire les quatre cent coups, etait toujours fourré avec son frère, jouait au foot, construisait des cabanes et au lieu de créeer des vêtments pour ses poupées ou comme moi passer des heures à jouer à la dînette ou à la marchande, elle les dépeçait et les torturait dans tous les sens. Plus tard elle s'est toujours habillée comme un garçon. C'est bête cette expression. Et maintenant, vous la verriez, une vraie femme, chatte, ensoceleuse, une diva!". Je lui tends une magnifique robe noire destructurée de Martin Margiela et lui propose au milieu de sa réflexion de la passer avec un longue veste plissée argent vielli d'Issey Miyaké, cet ensemble ne pouvait que lui aller, des matières qui mettrait en valeur ses rondeurs en les suggérant plutôt qu'en les moulant. pendant qu'elle continuait son monologue tout en se déshabillant, je pensais: " Comment aurais-été avec ma fille si j'en avais mise une au monde?"...
 
- Ah, Blue! C'est bon de te revoir. Comment tu vas?
- Wouah, Alexandra, ça fait un bail dis-moi, cinq, six, sept ans, je ne sais plus, mais ça fait longtemps, non?
- Une éternité! mais regarde nous n'avons pas changé. Les épreuves nous ont conservées...
- Qu'est-ce que tu deviens?
- Tu ne vas pas le croire... Je me marie!
- Non !?!
- Je ne pensais pas me remarier un jour, tu sais avec tout ce que j'ai endurer de mon premier mariage... Toi, ton homme, ça va?
- Oui, ça va... Tes filles?
- Difficile. C'est toujours difficile. Leur père est devenu fou. Il a fait rechute sur rechute, tu sais, il a été hospitalisé un nombre de fois incalculable, maintenant il est retourné vivre chez sa mère. C'est très triste, il n'a jamais réussi à dépasser son irrépressible besoin dépressif, il est devenu agressif et méchant avec elles, plus qu'avec moi. Elle ne peuvent plus le voir, il les détruit. Mais elles sont soulagées qu'un homme entre dans ma vie, elles n'aurant pas à s'occuper de moi, c'était un souci pour elles...
 
Je me souviens bien des deux gamines d'Alexandra, l'aînée était d'une intelligence fulgurante, elle s'intéressait à tout, art, philosophie, littérature, musique, peinture et la seconde un vrai petit diable ne se passionnait que pour la course à pied! Quand j'ai connu Alexandra, j'avais dix-sept ans. A l'époque j'étudais ma médecine en première année, elle était déjà à la fin du cursus, interne en cardiologie. Je faisais des babby-sittings mais n'ai jamais eu l'occasion de garder ses filles, les petits gars de sa meilleure amie, oui. Elle est devenue une amie aussi des années après. Le monde est si petit...
 
Aurais-je été différente avec ma fille qu'avec mes fils? Quelle espèce de femme serait-elle devenue? A-t-on des enfants à son image? Ai-je été une bonne maman pour mes garçons? Est-ce que Simone a raison?
 
 
 

11/01/2013

Blog & Co (suite 1)

Suite à cet audit fort instructif et généreux, Mistral m'a envoyé un lien vers une série d'interviews qu'OldCola avait programmées il y a maintenant une dizaine d'années sur ce même sujet. Certains auteurs de ces réponses n'ont plus de blogs depuis longtemps d'autres ont changé d'adresse, néanmoins leurs expériences et ce qu'ils en disent sont riches d'enseignements.

Par exemple, comme me l'a judicieusement fait remarquer Christian, cette réflexion de Lady Guy:

La nature publique du blogue me fascine et j'aimerais en parler. Je fais très attention à ce que j'écris. Je me sens toujours plus à l'aise avec mes lecteurs « virtuels » qu'avec les lecteurs qui me connaissent dans la «vraie » vie. The Man écrit rarement des commentaires, car sinon, il aurait un ascendant sur moi et sur ceux qui participent à mon blogue, puisqu'il vit avec moi. D'ailleurs, je lui fais toujours lire les billets qui le concernent avant de les poster, pour ne pas que ses parents (qui me lisent) aillent s'imaginer que le je ridiculise dans son dos.

C'est toujours très étrange, quand je rencontre des amis qui lisent Le Journal de Lady Guy et qui me lancent : "Comme ça, Sissi a mangé votre capote ? The Man est athée ?". Les gens prennent très au sérieux ce qui est écrit, il ne leur vient pas à l'idée que je transforme la vérité par l'écriture ou que, parfois, au contraire, il y a plus de vérité dans mon blogue que ce que je leur dis en paroles. Enfin, ces petits détails me font réfléchir sur l'écriture en général. Je commence à comprendre, vaguement, ce que les écrivains qui font dans l'autofiction doivent supporter lorsqu'ils publient un roman, et que toute la parenté, les ex et les amis se manifestent pour protester contre certains faits. Ce doit être délicat, en effet!

J'ai en effet moi-même eu à pâtir de cette interactivité entre ce qu'on écrit, qu'on exprime, qu'on partage au travers de son blog et la "vraie" vie. A pâtir mais aussi à m'enrichir. Pas encore plus tard qu'hier un de mes clients qui me lit régulièrement, je viens de l'apprendre, a tenu à me dire à quel point ça lui faisait du bien... C'est tout l'art de l'écriture dans le cadre du blog. Il y a matière à réfléchir encore là-dessus et à s'aventurer...

 

07/01/2013

Les mots

 

Su blackwell

 

papillon-su-blackwell.png

 

L’artiste britannique, Su blackwell est connue pour ses sculptures en trois dimensions, le plus souvent inspirées du contenu des livres qu’elle découpe et, en particulier, de l’univers des contes de fées.
Su Blackwell est née en 1975 à Shiffield, en Grande-Bretagne. Elle fait ses études au Royal College de Londres puis à l’Institut d’Art et de Design au Bradford College. Récemment, elle a réalisée plusieurs campagnes publicitaires pour Volvo, Pilsner Urquell et les magasins Cartier à Paris. Les travaux de Su Blackwell ont fait l’objet de nombreuses expositions au Royaume-Uni et aux États-Unis. L’an dernier, notamment, elle a été invitée au Musée d’Art et de Design de New-York. Elle a également réalisé des illustrations pour des magazines et des livres d’art, dont Playing with books (édition Quarry Books, 2010) de Jason Thompson.

 

2006-the-extasie-Su Blackwell.jpg

 

 

66956402.jpg

su-blackwell-ii.jpg

Su-Blackwell2.jpeg

su-blackwell2.jpg

 

 

SuBlackwell_F71010.jpg

 

"Le papier a été utilisé depuis son invention pour la communication : entre humains ou dans une tentative de communiquer avec l'invisible. J'emploie ce moyen fragile, accessible et utilise des procédures destructrices et irréversibles pour réfléchir sur la précarité du monde que nous habitons et la fragilité de notre vie, rêves et ambitions."

- Su blackwell -

 art, livre, conte de fées, tendresse, partage, humain

 

 

alive

429081_318272504947736_1686575520_n.jpg

 

 

06/01/2013

l'insoutenable légèreté de l'être

 

 " Le rêve est la preuve qu'imaginer, rêver ce qui n'a pas été, est l'un des plus profonds besoin de l'homme."

- Milan Kundera -


05/01/2013

Harry Ally

oct2006_012_med.jpeg

StudioVSU20070428a.jpg

 

tumblr_m4esyuIpYr1qdlevbo1_500.jpg

 

D'un seul coup mon coeur se serre. En miroir c'est un bout de moi que je vois et je ne sais vraiment pas pourquoi ces lambeaux de lumière me touchent à ce point. Ce visage qui manque et ces longues mains noires qui semblent attendre je ne sais quel destin. Toujours cette même quête, toujours ce même dessein. Être. S'atteindre. Se dire. S'affranchir.

 

tumblr_m4fdf3xcNH1qarjnpo1_500.jpg

L07FigureWithBlackLeg72.jpg 

image.jpg

 

Chaque jour son lot de surprises, de rencontres, de retrouvailles. Chaque jour qui passe nous ouvre un horizon, un bout de nous-mêmes pas encore découvert, pas encore abouti. C'est toute la magie de la vie. Une émotion en cache une autre, nos tiroirs sont multiples, plein de facettes, plein de possibles. "On vit à la surface de notre être", disait le poète. Pas forcément si on s'en donne la peine et qu'on entre en dedans, qu'on se laisse attendrir, qu'on s'aventure plus profond et qu'on laisse venir à soi tous ces petits morceaux qui nous composent pour en faire une matière.

 

harry_12.jpg

tumblr_md69c76T0s1rfhh5io1_1280.jpg

 

 

40743571599690666_2Z32mkEp_b.jpg

40743571599690677_BW33JLCm_b.jpg

158189005632679578_knwIhZSt_b.jpg

 

31/12/2012

Lettres à un jeune poète

 

30/12/2012

Miscellanées de fin d'année

Avant-hier soir nous décidons d'aller manger un couscous chez notre vieil ami Momo. Vieil ami! Nous nous connaissons depuis plus de 28 ans et nous avons lui, comme nous toujours gardé un contact intelligent et affectueux quasi familial depuis que nous nous sommes rencontrés. Plus jeunes, nous allions Pat et moi discuter avec lui pendant des heures en soirée autour d'une bouhra à refaire le monde. J'étais alors un peu plus l'étendart à la main et lui plus susceptible. Souvent nos discussions se terminaient dans un pugilat de rires. Nous étions tous les deux si exaltés! Avant-hier, nous avons mesuré le chemin parcouru. Lestés, calmes, posés et presque sages nous avons devisé beaucoup plus sereinement sans pour autant avoir perdu notre humour et notre volonté d'en découdre, notre mordant. C'était touchant d'être là à nouveau tous les trois à déguster une bastilla." Les enfants, ça va?", "ça va, et toi ta maman?"," ça va, merci, elle vient toujours travailler le matin - le couscous de la mère de Momo est juste divin - elle a le coeur à l'ouvrage, quand même, venir comme ça cuisiner à plus de soixante-quinze ans, mais c'est ce qui la maintient en forme. Hier nous discutions tous les deux, elle me disait: "mon fils, il y a un début et une fin. C'est comme ça. Faut l'accepter." Un début et une fin...".

 

Une fin d'année, c'est comme la fin d'un cycle. Même si on sait au fond que les choses ne vont pas profondément changer d'un jour à l'autre, on saisit l'opportunité de faire le point et de se rapprocher de ceux qu'on aime. On a besoin de faire des sauts dans le passé, de se rassérener, d'imaginer ce qu'aurait pu être certaines journées si on les avait appréhendées autrement. On fait le plein des bonnes choses et on tente d'oublier les mauvaises, les douloureuses, les malheureuses, les maladroites. C'est le temps de la réconciliation, de la tolérance. Une sorte de tréve avec soi-même et avec les autres.

 


podcast

- Mousso Tilou - Dobet Gnahoré -

 

Hier, j'ai appelé maman. Je n'appelle jamais ou que très rarement maman au téléphone. Déjà depuis quelques temps je lui envoie de temps en temps un message par mail, et elle me répond. Tout doucement au fils des ans depuis trois maintenant j'essaie de re-tricoter un lien qui s'était fatalement distendu. Hier c'est le son de sa voix qui m'a émue. On ne s'est pourtant pas dit grand chose. Des banalités. Des politesses.  Mais il y a tout ce qu'on ne dit pas et qui transperce au travers des silences, des soupirs, des attentes, de l'émotion, des noeuds dans la gorge, des trop-difficiles. 

 

Je pense à Laurence, à son papa, à celui de Pat et au mien toujours vivant que je ne changerais pas...

 

" On me parle de mots, mais il ne s'agit pas de mots, il s'agit de la durée de l'esprit. Cette énonce de mots qui tombe, il ne faut pas imaginer que l'âme n'y soit pas impliquée. A côté de l'esprit, il y a la vie, il y a l'être humain dans le cercle duquel cet esprit tourne, relié avec lui par une multitude de fils..."

- Antonin Artaud - Fragments d'un journal d'enfer -

 


podcast

- La Bohème- Charles Aznavour -

 

J'ai vu des photos de Montréal récemment, toute cette neige, c'est époustouflant. J'y repense souvent. Mistral, la poutine, la Tribu, Sandra, le Mont-Royal, le québécois, le restaurant chinois, et nos ballades qui n'en finissaient pas... C'est gravé en moi à l'encre bleue, à l'encre bleue fleurdelysée.

 

écriture,pensée,poésie de la vie,réflexions,émotions,partage,humain



Deux de mes trois fils seront avec nous pour le réveillon de fin d'année (l'aîné est à l'autre bout du monde). Tous les deux ont eu une année particulière avec des grosses déceptions amicales. C'est dur, la trahison de votre ami. C'est dur de perdre la confiance dans la personne qui l'avait toute entière. Dur aussi d'encaisser la médisance et pire l'indifférence. Vous étiez tout pour un être la veille et le lendemain vous n'êtes plus rien. Difficile à comprendre, difficile à digérer...

 

Laure m'a écrit hier, attentionée, douce, aimante. Elle m'envoit une photo de paysage de montagne qui me fait rêver. J'aimerai être avec elle là-haut au coin du feu dans ce chalet qu'elle a investi pour la semaine. On se raconterait l'une l'autre, comme on le fait souvent. Rien ne me touche plus que l'amitié si ce n'est peut-être la poésie. L'amitié n'est-elle pas la poésie de la vie?

 

Demain je vais faire un hammam et commencer de lire un ange cornu avec des ailes de tôles que je viens de recevoir. J'en sue et en salive d'avance!

 


podcast

- The Logical Song - Supertramp -


" Qu'il est doux d'évoquer les anciennes audaces,/ L'âme en broussaille et le cheveu folâtre,/ Rebelle sans cause au regard épineux/ Comme du chaparral farouchement sauvage,/ Allant, contre le vent et la vague sage,/ Fiévreux dans l'âpre bataille pour la vie,/ La vitesse et le droit de ne jamais mourir. "

- Christian Mistral - Fièvre -


 

écriture,pensée,poésie de la vie,réflexions,émotions,partage,humain

          - Photo Laure K. -

 

 
podcast

- Like it is - Yusef Lateef -


Chaque année, j'envoie mes voeux à une trentaine de clientes, celles que je connais le mieux voire intimement. Celles pour qui j'ai beaucoup de tendresse. Il y a Madame chose d'Amiens que je fréquente maintenant depuis plus de vingt ans. Vingt ans à la voir se déshabiller, se rhabiller et se sentir mieux d'année en année. Il y a Madame machin de Libercourt pour qui c'est l'inverse, elle se ratatine avec le temps, s'aigrit, se rapetisse, devient méchante à la limite du supportabe. Il y a Mademoiselle étrange dAvesnes sur Helpe, elle et moi on s'aime bien. Vieille fille élégante au chignon impeccable, à la démarche altière et à la voix grave, fumeuse de cigare, éternelle revancharde, passionnée de Chopin et de Boris Vian, on peut parler pendant des heures entre l'essayage d'un manteau en drap de laine noire doublé de lapin roux et d'une robe ajustée en soie imprimée façon poils. Un éternel ravissement malgré que je ne sache toujours pas qui elle est vraiment. Il y a aussi Angelica, mon amie peintre, tornade émotionelle et fulgurante crinière de jais; Françoise, prof de philo, fan de Yamamoto, des thés Mariages Frères, de la poésie de Norge, des pensées de Pascal, des essais de Montaigne, "Au demeurant, ce que nous appelons ordinairement amis et amitiés, ce ne sont qu'accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos âmes s'entretiennent. En l'amitié de quoi je parle, elles se mêlent et confondent l'une en l'autre, d'un mélange si universel qu'elles effacent et ne retrouvent plus la couture qui les a jointes. Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sens que cela ne se peut exprimer, qu'en répondant : « Parce que c'était lui, parce que c'était moi.", vais lui envoyer une belle carte de Chagall que j'ai trouvé à l'exposition qui lui est consacré en ce moment à la Piscine de Roubaix; et puis, et puis il y a Frida, qui est belle comme un soleil et qui m'aime pareil que moi j'aime Frida, ah! Frida! Un grand corps comme moi, aussi brune que je suis blonde, la même façon d'appréhender le monde, de la mode, de l'art, de la musique, de la littérature, le monde tout entier. Quand elle vient me voir pour résoudre un problème de tenue, si elle a un mariage ou un dîner ou une conférence ou un voyage, les occasions sont multiples et variées, elle passe et on trouve ensembe la solution. Et on s'échange nos points de vue entre un jean slim brut, un top en cachemire black blue et une écharpe en soie et laine ébène ou une longue jupe fourreau noire fendue jusqu'au genou et un chemisier crème en viscose arachnéenne. "Tu ne trouves pas que les gens sont maussades en ce moment, qu'ils n'ont pas le moral, qu'ils se plaignent tout le temps"... La dernière fois que je l'ai vue, je venais de relire: "La frivolité essentielle" un essai  de Monneyron sur la mode: "En quoi l'adoption de telle ou telle parure vestimentaire peut-elle modifier un comportement ou déterminer une identité?" L'essayage a duré plus de quatre heures. Je regrette de ne pas pouvoir envoyer mes voeux à la femme de Marc qui est décédée en si peu de temps de son cancer du pancréas par contre je me fais une joie d'envoyer une carte à Marie-Anne qui elle, en est sortie alors que tout le corps médical la donnait perdante et perdue...

 


podcast

- Quand on s'aime - Michel Legrand -


Hier encore, j'ai reçu un mail de Christian avec un lien vieux de deux ans. Merci Maestro! C'était une discussion au Vacuum protégée par le Bunker, une discussion comme on les aime, celle qui remue les méninges, celle qui nous fait nous dépasser, une discussion à coeur ouvert surtout. Plumitif était dithyrambique, j'étais en verve aussi. Je pense encore ce que je disais alors mais ce qui m'a frappée c'est l'aisance avec laquelle j'arrivais à élaborer ma pensée et à l'écrire. Je me sentais en sécurité, je me sentais vibrante, je me sentais vivre. Je me suis toujours sentie bien chez lui, chez nous, chez mes amis québécois.


J'écris avec le râle de ma valise
Remplie d'algues et de corail.
J’écris avec l’encre de mon ombre,
Affiche de mes nuits.
J’écris une langue comète
Aux rides assoiffées.
J’écris les nymphes
Caressant mes pieds d’étranger,
La spirale verte
De ma titubante amnésie.
 
- Mokhtar El Amraoui -



OPEN (Réseau d'entreprise et de créateurs d'entreprise) vous souhaite une belle année 2013, une année pour : convaincre, créer, concrétiser, imaginer, progresser, réfléchir, surprendre, construire, initier, prospérer, innover, oser... une année pour FAIRE !  ( Reçu dans ma boîte mail pro)

Là j'ai plutôt envie de rêver, de me laisser faire, d'écouter tout Michel Legrand, de m'étendre, d'écrire, de danser nue devant ma glace, de me gaver de pinottes (salut Sandy), de soleil, de désert, de chaleur, de faire tourner tous les moulins de mon coeur...

 

écriture,pensée,poésie de la vie,réflexions,émotions,partage,humain

- Photo Jim Richardson -


Ce matin j'ai fait comme touts les matins ma tournée des popotes: Mistral (mon Black Angel), Mokhtar (enfin son blog), Laure K., Laurence, Lélius (nouveau venu), Mac Comber (TopFloor man), Salve d'étoiles (Vieux William G. Youth!), Swann (l'intrépide), les deux Gaétans, Venise, Versus, Jalel, Constance, La Rouge (belle âme), Pieds, Ranger, Zoé, JF Glabik, Michael, Nancy, Bizak, Manouche, Le Bourdon, Bird, Isbid, Les Ocreries, (Pour quand celui de Plumi?), L'air de rien, Claudio (le fidèle) et Balthazar. J'écoutais Mozart, j'ai voyagé...

 


podcast

- Requiem - Mozart -

 

Belle fin d'année à vous tous qui venaient me lire ici, à vous, tous mes amis. Merveilleuse, créative, enchanteresse et lumineuse année 2013!

N'oublions pas: " Pour qu'un rêve devienne réalité, on doit l'abandonner en tant que rêve." - Viki King -


 

28/12/2012

L'homme qui plantait des arbres

Merci Gaétan...

 

 

 

26/12/2012

De la méditation

But de la méditation: débarasser l'esprit des irritants psychiques que sont la haine, la colère, l'envie, l'orgueil, la jalousie. Permettre à l'esprit de voir la réalité telle qu'elle est, en déchirant le voile des illusions derrière lequel souvent nous percevons le réel. Atteindre la perfection de toutes les qualités latentes dans notre mental subconscient. Préalable: reconnaître ses faiblesses et ses défauts, et à partir de là, prendre un chemin ascendant. Purifier le mental, surmonter tristesse et lamentations, surmonter la douleur et le chagrin, marcher sur le juste chemin menant à la paix. Une fois assis, rester immobile, le mental est analogue à une bassine d'eau boueuse, plus longtemps vous la maintenez immobile, plus la boue se dépose et l'eau devient claire. Dans une autre étape, extirper la boue qui repose au fond, autrement si l'on secoue la bassine fatalement elle remontera. Le corps et le mental sont étroitement liés et chacun influence l'autre.

La méditation est conscience sans ego.

- Felwine Sarr -

 

20/12/2012

Alors vraiment, bientôt la fin du monde?

Parce que franchement j'ai pas envie que ça s'arrête. Je veux encore pouvoir me ballader tête nue sous la pluie et sentir l'eau me balayer le visage. Je veux encore me réchauffer le fessier devant un feu de bois, je veux encore me brûler la langue avec mon thé du matin, je veux encore avoir froid, avoir mal, avoir le goût des autres. Je veux encore pouvoir m'allonger dans l'herbe verte ou offrir mon grand corps à la grande bleue. Je veux encore serrer contre mon coeur mes fils, mes amis, mon livre de chevet, mon oreiller. Je veux encore et encore noircir des pages de je ne sais même pas quoi, je veux encore noyer mes chagrins dans le vin, mes peines dans les larmes, mes joies dans des fous rire improbables, mon plaisir dans des cris et ma rage dans des pas de danse. Je veux encore faire et défaire, cuisiner des petits plats exotiques, des douceurs salées, des tartes, des poires, du gibier. Je veux encore mon poème du matin, ma chanson à tue-tête dans ma BM noire, Chanel dans le cou et dans la baignoire, sentir ses baisers doux, m'imaginer, m'atteindre. Je veux encore apprendre, découvrir, partager la galette des rois avec mon petit frère, parler pendant des heures entières, jubiler, créer, rendre plus belles les femmes, montrer de quoi je suis capable, finir les livres que j'ai commencé et en entamer d'autres. Je veux encore écouter les chansons d'Aznav en boucle, relire tous les mails de Christian, passer des heures sur le net, lire à haute-voix, tenter d'aider mon prochain, voyager loin, voir et recevoir, me sentir femme. Je veux encore me regarder nue dans la glace sans me faire peur, apprendre à m'accepter, me foutre de ma gueule, m'étonner. Je veux encore aller au ciné, voir des spectacles, visiter des musées, des palais, des paysages insensés, rester à ne rien faire, juste à méditer, lire pour la centième fois les lettres de Flaubert à Louise Collet, prendre le large. J'ai pas envie que ça s'arrête, j'ai encore envie d'affronter, de débattre, de ne pas être d'accord, de râler, de me sentir vivante, d'être au bout du rouleau, de désirer et de tailler une bavette avec le boucher de mon quartier, de partager ici mes états d'âme, de faire exister Blue. Et puis je voudrais bien être grand-mère un jour et écrivaine et sage et sereine. Nan, j'ai pas envie, mais pas envie du tout que ça s'arrête, et vous?

 

 

19/12/2012

Écrire

" Il y a une folie d'écrire qui est en soi-même, une folie d'écrire furieuse mais ce n'est pas pour cela qu'on est dans la folie. Au contraire.

L'écriture c'est l'inconnu. Avant d'écrire on ne sait rien de ce qu'on va écrire. Et en toute lucidité.

C'est l'inconnu de soi, de sa tête, de son corps. Ce n'est même pas une réflexion, écrire, c'est une sorte de faculté qu'on a à côté de sa personne, parallèlement à elle-même, d'une autre personne qui apparaît et qui avance, invisible, douée de pensée, de colère, et qui quelquefois, de son propre fait, est en danger d'en perdre la vie.

Si on savait quelque chose de ce qu'on va écrire, avant de le faire, avant d'écrire, on n'écrirait jamais. Ce ne serait pas la peine.

Écrire c'est tenter de savoir ce qu'on écrirait si on écrivait - on ne le sait qu'après - avant, c'est la question la plus dangeureuse que l'on puisse se poser. Mais c'est la plus courante aussi.

 

L'écrit ça arrive comme le vent, c'est nu, c'est de l'encre, c'est l'écrit, et ça passe comme rien d'autre ne passe dans la vie, rien de plus, sauf elle, la vie. "

 

- Marguerite Duras -

 

 

Regarde

 

 

17/12/2012

Genmaïcha

cuisine,pensée du moment,amitié,art de vivre,thé,partage,émotion,humain

- La cérémonie du thé -

 

Autrefois, ce curieux mélange de sencha (ou bancha parfois) de basse qualité et de riz à mochi (le mochi est une boulette de riz glutineux cuit pétrit qu'adorent faire griller les jeunes et moins jeunes japonais... comme des chamalos!) grillé était principalement bu par les pauvres, le riz grillé servant à utiliser moins de thé par économie tout en donnant du goût.

Aujourd'hui, ce petit goût de noisette unique au genmaicha est apprécié par tous, riches ou pauvres, surtout en été. A boire chaud ou froid, le genmaicha n'a pas besoin d'être sucré. Celleset ceux qui n'aiment pas le thé vert pour son amertume seront heureux de découvrir que le riz lui donne une saveur maltée toute douce et ronde en bouche, un vrai délice! Encore aujourd'hui, le genmaicha reste tout de même en thé très populaire, un des plus bu au Japon. On en trouve, un peu plus cher, avec du matcha (cette pouvre verte de Gyokuro servant à la cérémonie du thé) sous le nom de matcha-iri genmaicha. Le thé vert en poudre lui donne plus de goût et transforme son habituelle liqueur jaune en un vert prairie très prononcé.

(source wiki)

 

J'ai passé un délicieux moment ce matin à me faire très tôt une tasse de Genmaïcha pendant que toute la maisonnée était encore à l'arrêt. Suis restée plus d'une heure ainsi, assise à la table de ma cuisine à contempler le petit bout de jardin qui apparait à la fenêtre de la pièce. L'érable nain du Japon a perdu ses feuilles rouges et les hortensias prennent des tonalités flétries. Tout était si calme, si propice à la rêverie, à la liberté de penser, celle qui permet de voyager en soi sans contraintes. Portant pour la énième fois le bol fumant à mes lèvres, j'eus soudain l'image souriante de mon amie Marie-Ange partie il y a quelques années déjà dans la stratosphère. C'est elle qui m'avait initée à la cérémonie du thé, enfin, c'est elle qui a tenté de m'initier à la cérémonie du thé. Elle avait une passion pour l'art japonais et pour les us et coutumes de là-bas. De ses sept années passées au Japon, elle avait ramené une sorte d'élégance dans les gestes et une délicatesse. Quand elle vous recevez à même le sol, sa manière de vous servir le thé était en soi tout un voyage. Je me souviens de ses mains, si fines et expressives qui semblaient à chaque mouvement esquisser un pas de danse, et le timbre de sa voix douce, profonde et enjouée, tellement enveloppante. J'accrochais un sourire à ma face. Nous étions si différentes. Elle incarnait pour moi la patience et cette sorte de féminité rare, pleine, cultivée avec soin, elle dégageait un charme insensé. J'enviais à l'époque sa grande culture, son immense connaissance de l'art et son humilité. Elle m'a beaucoup donné. Partie depuis maintenant plus de dix ans, je mesure qu'elle est toujours vivante en moi et à quel point. J'ai fait mienne sa fameuse patience, sa générosité, sa curiosité, son exigence et son amour infini pour le thé. Sa présence dans ma vie fut un baume bienfaisant, un échange qui perdure, une spiritualité. Genmaïcha m'a ramené à elle et j'ai frétillé d'aise à ainsi la retrouver et une fois de plus se boire ensemble une tasse de ce fabuleux breuvage par la pensée. Kampaï à l'amitié!

 

 

14/12/2012

Rilke par Barbara