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29/12/2012

Catherine Sauvage

 

 « Et tout à coup sa voix, comme un cadeau, chaque mot qui prend sens complet. Ces phrases qui vous font entrer dans un pays singulier, on n'est plus seul, on n'est plus avec les importuns. Il y en a pour une demi-heure. Ce qu'elle dit, tient, mais elle le chante ! C'est tout comme, c'est son choix. Ce choix d'intelligence et nous voici vraiment appelés dans un univers différent, où tout parle à l'âme même. Un pays, je vous dis, où tout, comme les mots, se détache avec cette perfection du dire et ce tact merveilleux de chanter (...). C'est que tout cela est langage de poètes, mais qui passe par une gorge de jour et d'ombre, le prisme de la voix se fait lumière et transparence. Avec qui voulez-vous parler ? Moi, je voulais parler de seize chansons choisies et d'une femme rencontrée avec ce nom déjà de souveraine, comme un beau masque de velours : Catherine Sauvage.  »

- Aragon -

 

28/12/2012

L'homme qui plantait des arbres

Merci Gaétan...

 

 

 

Karl Waldmann

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Bien qu’énigmatique, l’histoire de ce collagiste est connue grâce au galeriste bruxellois Pascal Polar. En 2001, il prend connaissance de l’œuvre d’un certain Karl Waldmann, trouvée à Dresde après la chute du mur de Berlin. On ne connaît rien avec certitude de l’artiste et les œuvres ne sont pas datées. Enigme donc ! Cette “découverte” a par ailleurs suscité pas mal de polémiques, surtout en France où le cartésianisme n’a pas dit son dernier mot ! Le galeriste nous en entretient et c’est piquant ! Les auteurs du présent ouvrage (critique d’art, philosophes, essayistes, de renom) s’accordent tous sur l’essentiel : la qualité de cette œuvre. “La qualité et la cohérence du travail de Waldmann sont évidentes”, écrit Jean-­Philippe Cazier. Tous estiment en outre que l’œuvre, un bon millier de collages, a été réalisée entre 1920 et 1950 à la fois par les thèmes récurrents traités (analysés en profondeur dans plusieurs textes : nazisme, stalinisme, place de la femme...) et par l’étude des composantes papier des collage ainsi que les prise en compte stylistiques. Le principal en cette affaire est résumé par Ange­Henri Pieraggi qui écrit : “Quelle identité se cache derrière le nom Waldmann ? La question n’a pas grand intérêt. [...] Cette œuvre est considérable parce qu’elle met l’accent sur une virtualité : elle exprime la puissance de l’événement.”

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"Les œuvres de Waldmann sont critiques vis-à-vis de l’Urss autant que du nazisme, Waldmann – peut-être plus fidèle à l’esprit destructeur du Dadaïsme, peut-être plus proche de certains artistes ayant refusé de limiter leur art aux exigences de la propagande, ou peut-être encore ayant reconnu dans le communisme russe ce qu’il avait déjà identifié dans la montée du nazisme – ne semblant pas avoir adhéré à l’optimisme politique de beaucoup d’artistes. D’autre part, ses œuvres, jamais diffusées, n’ont donc pas été réalisées pour la diffusion mais, étrangement, pour rester secrètes. Waldmann n’adhère pas passivement au Constructivisme : s’il en adopte certains principes ou codes, c’est pour les retourner et les subvertir. On peut remarquer qu’il reprend volontiers l’imagerie et les thèmes nazis – enfants blonds, athlètes, performances techniques, portrait d’Hitler, femmes aryennes, hygiène, typologie raciale, puissance guerrière, etc. –, mais c’est pour en inverser et détourner la fonction et le sens : prélevés à l’intérieur d’un discours servant l’apologie du nazisme ils acquièrent pourtant une signification critique. C’est la même démarche que l’on peut voir à l’œuvre avec les éléments repris des thématiques et images de la propagande communiste : foules, ouvriers, défilés, modernisme technologique, portraits de Trotski ou de Staline, etc., servent à développer un « discours » ironique et critique du communisme triomphant. Autrement dit, dans les deux cas, Waldmann s’intéresse aux signes qu’il soumet à un travail de détournement, de transformation, d’inversion, les mêmes signes acquérant des significations différentes, en l’occurrence opposées. Il s’agirait certainement d’une des spécificités du travail de Waldmann, sa démarche se présentant autant comme celle d’un plasticien que d’un sémiologue avisé, opérant une pluralisation du signe là où la propagande nazie ou soviétique (et leurs artistes) considèrent le signe comme toujours identique à lui-même – opération qui, dans le cas de Waldmann, est sans doute autant esthétique que politique (la dictature, le totalitarisme étant identifiés à l’unicité ou à l’identité du signe). Il n’en reste pas moins que l’œuvre de Waldmann, par son style, par son lien au politique, par ses matériaux, reste profondément enracinée dans le Constructivisme – un Constructivisme subverti, paradoxal, puisque toute la dimension fortement politique de l’œuvre ne sert aucune propagande, aucune édification morale du peuple : une œuvre politique paradoxalement privée, une œuvre dont la dimension politique est concentrée essentiellement dans un travail sur les signes …

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Les œuvres de Waldmann mettent en question les rapports du signe, du sens et de l’identité, développant ainsi une création par définition anti-nazie et anti-stalinienne. Mais la démarche de Waldmann ne se réduit pas à prélever des signes pour leur faire signifier autre chose, leur donner une signification opposée. S’il y a bien une charge critique menée contre le nazisme et le stalinisme, celle-ci n’épuise pas les œuvres. La question de l’identité, son traitement à partir de l’affirmation d’une pluralité, se prolongent dans ses collages selon deux autres modalités conjointes. Chaque élément est juxtaposé à un autre élément a priori hétérogène : un corps mêlé à une machine, un visage où s’enchâsse du métallique, une cage est le ventre d’une femme où est logé un singe, l’animal se combine à l’humain, les règnes s’entrecroisent, des dimensions divergentes se rejoignent, des perspectives sans point de vue unique fonctionnent ensemble (leçon du Cubisme ?), etc. Chaque élément fait signe vers un champ déterminé, une réalité que l’on croirait close ou clairement circonscrite (l’humain, l’animal, l’histoire, le texte, etc.) ; pourtant, Waldmann construit ses collages en juxtaposant ces éléments hétérogènes qui se combinent pour à la fois brouiller les frontières de chaque signe pris en lui-même (et donc de chaque champ auquel il se rattache), mais surtout pour construire un signe multiple fait de la juxtaposition et convergence de tous ces signes hétérogènes – un signe qui ne cesse de bifurquer en quelque sorte –, juxtaposition et convergence constitutives de chaque œuvre comme signe multiple et asignifiant. Bien sûr, la lecture historique qui voit dans les œuvres de Waldmann un « discours » anti-nazi et anti-stalinien s’impose avec raison. Mais cette perception à partir de l’histoire est-elle suffisante ? Pourquoi tous ces croisements, ces étranges images d’un inter-règne en même temps humain, animal, guerrier, machinique, corporel, etc. ? S’agit-il simplement d’un moyen métaphorique, d’un langage codé ? Bien que ce niveau soit effectivement présent dans l’œuvre, il ne peut en constituer à lui seul la totalité car sinon Waldmann en resterait à ce qu’il refuse : l’unicité et l’identité de la signification, d’un discours qui se réduirait à une condamnation du fascisme hitlérien et du communisme stalinien, une sorte de symbolisme lui aussi unilatéral. Son œuvre serait alors un discours condamnant un autre discours mais selon le même régime signifiant. Or, si l’on sort du point de vue historique et que l’on ne rabat pas l’histoire sur la réalité de ces collages, on assiste à l’émergence d’œuvres qui sont autant de signes mais multiples, ambigus, non fixés et par conséquent asignifiants – signes en eux-mêmes hétérogènes et multiples, affirmant leur multiplicité par-delà toute signification déterminée. C’est par là que Waldmann sort du régime « totalitaire » du signe et que son œuvre se révèle fondamentalement anti-fasciste[1] : par une construction de signes qui ne se limite pas à un bouleversement du sens mais accède à une neutralisation de la signification...".

- Jean-Philippe Cazier -

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" Les images cherchent les mots."

- Karl Waldmann -

 

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27/12/2012

C'est l'heure des bilans...

Chaque année, on se repasse en trois coups de cuillère à pot ce qui vient de se vivre à la vitesse grand V en espérant tirer de ses erreurs un enseignement. Parfois on y arrive, parfois on replonge, on s'en veut, on s'égare mais y réfléchir ne peut pas faire de mal. Il y a des choses qu'il faut qu'on revivre jusqu'à l'écoeurement.

Je cherche ici une stimulation intelectuelle, bloguer m'empêche de m'assécher, de me rabougrir, de m'appauvrir. Bloguer me donne l'énergie nécessaire pour remuer mes méninges, sortir de sa torpeur mon bulbe paresseux. Les neurones, ça s'endort vite si on ne les secoue pas un peu.

J'ai toujours ce vieux besoin qui me colle à la panse d'être désirée, aimée, adulée. C'est un handicap sincère chez moi, ça m'empêche parfois de m'exprimer de peur de déplaire et d'être abandonnée. Pas encore réussi à éradiquer l'effet alors que j'en connais la source. Comme quoi bien se connaître ne suffit pas, faut aussi s'oublier.

Je rêve souvent d'être une autre, et pourtant pas si autre que ça. C'est étrange cet insatiable réflexe de rêver une autre vie que la sienne, alors que dans les moments de grâce, et Dieu soit loué, il y en a, je ne voudrais pour rien au monde n'être autre que moi.

J'ai écrit de la main gauche, j'ai appris à formuler mes demandes de façon plus explicite, j'ai souffert d'avoir à tirer le diable par la queue, j'ai découvert un vers dans mon fruit, j'ai mangé de la vache enragée, j'ai compris qu'étaient plus que rares les gens sur qui tu peux compter (chaque année je les pense plus nombreux), j'ai goûté au chagrin de la perte d'un être cher, je n'ai pas écrit autant que je l'aurais voulu parce que je ne m'en suis pas donné les moyens et j'ai cultivé mon jardin, c'est ce dont je suis le plus fière: mes fils vont bien.

Apprendre reste mon fer de lance, éprouver aussi. J'aime au travers de mes découvertes, de mes voyages, de mes émotions, de mes partages sentir le fluide de la vie m'envahir. Je crois que tout est dans cet appétit de vivre, de découvrir et d'offrir.

Une mer trop d'huile me donne des bouffées de chaleur. Le chaos est parfois nécessaire. Le fameux calme après la tempête, la douceur après la peur, les réveils spontanés en sueur. Je suis bien trop complexe pour ne vivre que des bons sentiments. Pourtant la simplicité m'émeut tant. Toujours cette sensation d'être un paradoxe ambulant.

J'aurais aimé aimer davantage et mieux, cette année encore. Je n'ai pas toujours été à la hauteur de mes frissons. Ce qu'on peut être lâche pour se protéger, ce qu'on peut être couard. Ce que c'est difficile d'être conséquent, d'être congruent, d'être sincère.

On avance tous à force de printemps...

 

Huit minutes trente cinq de pur bonheur

 

 

26/12/2012

De la méditation

But de la méditation: débarasser l'esprit des irritants psychiques que sont la haine, la colère, l'envie, l'orgueil, la jalousie. Permettre à l'esprit de voir la réalité telle qu'elle est, en déchirant le voile des illusions derrière lequel souvent nous percevons le réel. Atteindre la perfection de toutes les qualités latentes dans notre mental subconscient. Préalable: reconnaître ses faiblesses et ses défauts, et à partir de là, prendre un chemin ascendant. Purifier le mental, surmonter tristesse et lamentations, surmonter la douleur et le chagrin, marcher sur le juste chemin menant à la paix. Une fois assis, rester immobile, le mental est analogue à une bassine d'eau boueuse, plus longtemps vous la maintenez immobile, plus la boue se dépose et l'eau devient claire. Dans une autre étape, extirper la boue qui repose au fond, autrement si l'on secoue la bassine fatalement elle remontera. Le corps et le mental sont étroitement liés et chacun influence l'autre.

La méditation est conscience sans ego.

- Felwine Sarr -

 

25/12/2012

Au pays des songes

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- Photographie Linda Tuloup -



About love

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24/12/2012

De la fidélité

Elle est rarement là où on la croit.

Elle n'est ni une plaine que tout le monde foule, ni une dette due à la multitude.

Elle est chemin de traverse qui trouve son matin dans la fraîcheur de ton regard.

Toute fidélité est d'abord fidélité à soi.

Ne sois jamais fidèle à autrui, mais demeure fidèle à tes vérités intimes.

Celles-ci sont filles du temps, elles dansent et changent avec les saisons.

Que la fidélité soit ta compagne, même si pour elle, tu dois être infidèle au monde.

Ne crains point la trangression, car trangresser c'est parfois voir au-delà de la lisière des forêts. C'est souvent emprunter le chemin de l'authenticité.

 

- Felwine Sarr - Méditations africaines -

 

Joyeux Noël

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Dans une pluie de diamants bleus je vous souhaite une belle fête de Noël. Chaque année je me dis, elle ne sera pas la même que l'année dernière et chaque année elle est vraiment différente. Certaines personnes vont me manquer, parce qu'elles ont disparu pour de bon, parce qu'elles sont passées de l'autre côté ou parce qu'elles y sont presque. D'autres sont nouvelles venues dans ma vie et déjà l'enchantent et puis il y a vous tous, mes fidèles compagnons, mes amis, mes précieux. Hé,hé. On va encore en allumer des lumières bleues dans nos yeux et nos âmes. Une pensée particulière pour mon amie Laure dont c'est l'anniversaire, et puis d'autres pour d'autres sans raison précise, si ce n'est l'amitié chaleureuse qui m'anime pour chacun d'eux. Joyeux Noël encore et à très vite. Love is all we need...

 

 

23/12/2012

Aimer à perdre la raison

 

 

La transhumaine

Nous ne savons rien.
Nous passons notre vie à ouvrir et refermer des portes,
à retourner des cartes, à en ignorer d’autres,
Face cachée sur la table d’un étrange jeu de lois.
Nous suivons un labyrinthe en tissant notre fil.
Nous arrêtons nos voix, nous prolongeons nos pas.
Nous écoutons si vite notre instinct, tentons de suivre notre raison, accueillons nos intuitions.
Aveugles, toujours…
Nous devançons.
Nous sommes en l’équilibre sur nos choix :
Entre le regret et le remord,
Nous accomplissons des figures qui graveront les rides dans le visage de nos saisons.
«Les signes ne se trompent pas»
Voilà ce que nous récitons nous lorsque le souffle s’éteint en nous.
La graine du destin germe bien dans le terreau du renoncement.
«Les signes ne se trompent pas».
Mauvais présage, grelottant dans la grisaille de notre âme.
Nous ne savons rien.
La belle affaire sera bagage suffisant!.
C’est ici grand état de misère sans doute ,
Mais s’ouvre à nous la rose de braise.
Il nous faut reconnaître la longueur et le poids de cette misère pour lacer avec force nos brodequins de vers fous .
On trie, on recrache ce qui se cachait en toute évidence, ce qui, dans le regard de «l’autre que nous», ne renvoyait qu’indifférence et suffisance béante de l’engeance.
Il faut donc partir.
Passer portes, et labyrinthes, enfourner un peu de nous dans la besace de notre cuir.
Et prendre cet espace sans aucune ombre à notre route.
Une plaine courbe -vierge- immense.
Le ciel accourt alors vers nous et nous courons au devant de la terre.
Chair, sève, poussière d’étoile, les trois royaumes sont en nous.
Nous portons le monde, voici notre paquetage.
Il contient tout..
Partir seul puisqu’après tout cela ne regarde que nous.
Laisser en taverne crasse, les signes,
Et dans l’âtre mourant jeter les restes du supposé.
La sciure saura recouvrir les crachats de l’à peu près.
Il faut partir, comme on prend la mer
alors que l’on sait depuis toujours qu’elle ne se donnera jamais.
Il faut partir puisque nous devons rejoindre ce que nous ne savons pas.
La transhumaine commence.
Ici , nous ne savons rien.
Ni le temps des couleurs , ni le poids de l’obscur, ni la naissance des sources, ni même le son de la harpe de nos peines.
Ailleurs tout a le goût du vivre. Ici, la soupe se débat entre nous.
Alors nous tenterons.
Nous ne savons rien et avons faim de tout.

 

- Astrid Shriqui Garain - Magnifique poétesse découverte chez Mokhtar El Amraoui -


22/12/2012

L'enfance

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- Photo Alain Laboille -

 

Qu'ils étaient doux ces jours de mon enfance 
Où toujours gai, sans soucis, sans chagrin, 
je coulai ma douce existence, 
Sans songer au lendemain. 
Que me servait que tant de connaissances 
A mon esprit vinssent donner l'essor,
On n'a pas besoin des sciences,
Lorsque l'on vit dans l'âge d'or !
Mon coeur encore tendre et novice, 
Ne connaissait pas la noirceur,
De la vie en cueillant les fleurs,
Je n'en sentais pas les épines,
Et mes caresses enfantines 
Étaient pures et sans aigreurs.
Croyais-je, exempt de toute peine 
Que, dans notre vaste univers, 
Tous les maux sortis des enfers, 
Avaient établi leur domaine ? 

Nous sommes loin de l'heureux temps
Règne de Saturne et de Rhée,
Où les vertus, les fléaux des méchants,
Sur la terre étaient adorées, 
Car dans ces heureuses contrées 
Les hommes étaient des enfants.

 

- Gérard de Nerval -

 

21/12/2012

Peuple de papier

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- Les têtes chercheuses de jf glabik -

 

Son endroit est une mine d'art... Je vous invite à visiter le magique blog de Jf Glabik et son peuple de papier. Merci Vieux G.

 

Lhasa

 

21.12.2012

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20/12/2012

Alors vraiment, bientôt la fin du monde?

Parce que franchement j'ai pas envie que ça s'arrête. Je veux encore pouvoir me ballader tête nue sous la pluie et sentir l'eau me balayer le visage. Je veux encore me réchauffer le fessier devant un feu de bois, je veux encore me brûler la langue avec mon thé du matin, je veux encore avoir froid, avoir mal, avoir le goût des autres. Je veux encore pouvoir m'allonger dans l'herbe verte ou offrir mon grand corps à la grande bleue. Je veux encore serrer contre mon coeur mes fils, mes amis, mon livre de chevet, mon oreiller. Je veux encore et encore noircir des pages de je ne sais même pas quoi, je veux encore noyer mes chagrins dans le vin, mes peines dans les larmes, mes joies dans des fous rire improbables, mon plaisir dans des cris et ma rage dans des pas de danse. Je veux encore faire et défaire, cuisiner des petits plats exotiques, des douceurs salées, des tartes, des poires, du gibier. Je veux encore mon poème du matin, ma chanson à tue-tête dans ma BM noire, Chanel dans le cou et dans la baignoire, sentir ses baisers doux, m'imaginer, m'atteindre. Je veux encore apprendre, découvrir, partager la galette des rois avec mon petit frère, parler pendant des heures entières, jubiler, créer, rendre plus belles les femmes, montrer de quoi je suis capable, finir les livres que j'ai commencé et en entamer d'autres. Je veux encore écouter les chansons d'Aznav en boucle, relire tous les mails de Christian, passer des heures sur le net, lire à haute-voix, tenter d'aider mon prochain, voyager loin, voir et recevoir, me sentir femme. Je veux encore me regarder nue dans la glace sans me faire peur, apprendre à m'accepter, me foutre de ma gueule, m'étonner. Je veux encore aller au ciné, voir des spectacles, visiter des musées, des palais, des paysages insensés, rester à ne rien faire, juste à méditer, lire pour la centième fois les lettres de Flaubert à Louise Collet, prendre le large. J'ai pas envie que ça s'arrête, j'ai encore envie d'affronter, de débattre, de ne pas être d'accord, de râler, de me sentir vivante, d'être au bout du rouleau, de désirer et de tailler une bavette avec le boucher de mon quartier, de partager ici mes états d'âme, de faire exister Blue. Et puis je voudrais bien être grand-mère un jour et écrivaine et sage et sereine. Nan, j'ai pas envie, mais pas envie du tout que ça s'arrête, et vous?

 

 

phrase du jour

" Nous apprenons en allant

Où nous devons aller."

 

- Theodore Roethke -

 

 

Le temps des fêtes

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- Photo Xavier Zimbardo -

 

19/12/2012

Écrire

" Il y a une folie d'écrire qui est en soi-même, une folie d'écrire furieuse mais ce n'est pas pour cela qu'on est dans la folie. Au contraire.

L'écriture c'est l'inconnu. Avant d'écrire on ne sait rien de ce qu'on va écrire. Et en toute lucidité.

C'est l'inconnu de soi, de sa tête, de son corps. Ce n'est même pas une réflexion, écrire, c'est une sorte de faculté qu'on a à côté de sa personne, parallèlement à elle-même, d'une autre personne qui apparaît et qui avance, invisible, douée de pensée, de colère, et qui quelquefois, de son propre fait, est en danger d'en perdre la vie.

Si on savait quelque chose de ce qu'on va écrire, avant de le faire, avant d'écrire, on n'écrirait jamais. Ce ne serait pas la peine.

Écrire c'est tenter de savoir ce qu'on écrirait si on écrivait - on ne le sait qu'après - avant, c'est la question la plus dangeureuse que l'on puisse se poser. Mais c'est la plus courante aussi.

 

L'écrit ça arrive comme le vent, c'est nu, c'est de l'encre, c'est l'écrit, et ça passe comme rien d'autre ne passe dans la vie, rien de plus, sauf elle, la vie. "

 

- Marguerite Duras -