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23/09/2012

De l'avis de Jacob sur le dernier Angot

Je n'ai pas lu le dernier livre de Christine Angot, Une semaine de vacances, pas encore. J'avais trouvé L'inceste un peu plat mais à lire les critiques ce n'est pas le cas cette fois. Ce matin en parcourant l’article : Assez! de Didier Jacob dans le Nouvel Obs, vitriolant l'ouvrage et plus encore la démarche de l'écrivain, j'ai eu un haut le coeur et je me suis dit qu'il y avait encore fort à faire pour que dans l'esprit de tout à chacun l'inceste dans toute sa cruauté fasse son chemin. Jacob se désole qu'une scène de fellation soit décrite sur une centaine de pages, soit, c'est peut-être long, je me ferais mon idée en lisant cet ouvrage, mais qu'il puisse dans quatre courtes phrases écrire: "Les poils du monsieur, la bouche de la petite. Elle est sa fille, voyez-vous. C'est un inceste, c'est du Angot. La routine, en quelque sorte." Une centaine de pages alors, c'est bien peu. Mais ça n'est pas ce qui m'a fait le plus bondir et qui m'a fait prendre conscience du long chemin encore à parcourir. "Une jeune fille, apparemment séduite par un père, qui ne se sépare jamais de son Guide Michelin, se soumet au bon vouloir du monsieur, un imbécile patenté dont on se demande pourquoi elle ne lui met pas une claque dès la page 2 (ce qui aurait arrangé tout le monde). Ils roulent en Peugeot, fellation, on part au restaurant, vaseline dans le trou du cul, on visite une église, et vas-y que je te suce encore mon petit papa chéri. Scandaleux? Si seulement! Christine Angot sent bien que ça ne suffira pas, le coup de l'inceste, pour susciter l'admiration des gazettes en mal de corporel. Qu'est-ce que je vais donc trouver, s'interroge-t-elle probablement, pour passer au JT? Faute d'idées nouvelles sur le terrain de la pornographie, Christine Angot se rabat sur la pipe dans le confessionnal. Mais qui croit-elle choquer - si ce n'est l'intelligence?". Ouch! Là, c'est Jacob qui me choque, m'entrechoque, me bouscule dans mes retranchements et titille mon intelligence. Comment un être humain normalement constitué n'arrive pas à comprendre dans quel état un inceste peut mettre un enfant, comment se peut-il qu'un journaliste de talent puisse penser qu'en écrivant à sa manière ce qu'elle a vécu Angot brigue une quelconque admiration? Peut-on s'attendre d'ailleurs à une admiration quand on a le besoin voire la nécessité de partager une telle souffrance, un tel destin, une telle mainmise sur une vie? Comment peut-on un instant penser qu'une jeune fille est pu être séduite par son père, pire apparemment. Il n'y a guère de séduction dans une relation incestueuse. C'est une relation qui n'en est pas une pour tout dire, c'est le pouvoir d'un être sur un autre, il n'y a pas concertation. Et si un père veut plusieurs fellations par jour, et s'il faut qu'elles soient longues, le temps d'écrire une centaine de pages par exemple, et s'il faut qu'elles se fassent dans un confessionnal parce qu'il y bande mieux, quel choix pour l'enfant soumis à cet amour haïssant ou cette haine amoureuse d'une perversité sans nom? Peut-être celui plus tard, une fois devenu grand, d'écrire une autofiction qui je cite: " est aujourd'hui tombée en désuétude, sauf pour les quelques écrivains qui en appliquent encore bêtement les règles, ainsi qu'en peinture autrefois s'acharnaient, en pleine révolution des styles, les ténors de l'art pompier." Il s'est dit que la critique est facile et l'art si difficile. Oui, l'art de s'en sortir et l'art de sortir de sa plume le jus d'une telle engeance, oui c'est difficile. Angot n'est peut-être pas arrivée au travers de son livre à faire comprendre cela à Jacob ou c'est Jacob qui ne le peut vraiment pas comme tous ces gens qui préfèrent ne pas en entendre parler, ou ne peut penser que ça puisse être aussi pornographique et aussi désolant qu'un mauvais film de cul. Que l'écriture mérite mieux, alors qu'en l'occurrence, pour m'y être essayée, je sais qu'elle investissement de soi elle demande, quelle douleur elle engendre et quel volonté elle consomme, une autofiction de cette nature là.

 

22/09/2012

Psalmem

 

Retirado do disco "Between Us and The Light" (Outside Music, 2006). Com Leszek Możdżer no piano, Lars Danielsson no contrabaixo e Zohar Fresco na percussão. As fotos são da autoria de Juanjo Valverde, extraídas da sua obra "La vida en Albacete".

 

un départ

Mon fils aîné part tout à l'heure à l'autre bout de la planète, à l'aventure, pour un an. Il part avec sa douce voir le monde et découvrir comment vivre autrement et l'un avec l'autre sans la contrainte d'un quotidien pesant. Ils en parlent depuis si longtemps. Hier, c'était son anniversaire, mon corps a réagi, j'étais anéantie: bouffées de chaleurs, vertiges, malaises, je n'étais que l'ombre de moi-même. Ce matin, c'est une grande tristesse qui m'envahit. Pourtant je suis heureuse pour lui, pour elle, pour eux et je trouve merveilleux de pouvoir faire cette expérience et de goûter ainsi à l'existence. La Polynésie, la Nouvelle-Zélande, l'Australie, c'est si beau, c'est si loin aussi... J'ai beau me raisonner, me dire qu'on ne fait pas les enfants pour soi, que c'est un homme maintenant, qu'il faut couper un jour ou l'autre le cordon, toutes ces choses qui se disent et que tous veulent penser, mon enfant reste mon enfant. S'il lui arrive une tuile, je ne pourrais être là, s'il est triste, je ne pourrais pas le consoler, s'il souffre, je ne pourrrais pas le soulager et s'il est heureux, je ne pourrais le partager. "T'inquiète, on va skyper!". Oui, je sais qu'on va pouvoir se parler au travers l'océan avec ces petites machines. Je sais que je vais pouvoir vous suivre sur facebook, que vous allez communiquer, qu'on va s'écrire des mails et qu'on va souvent penser les uns aux autres, mais c'est pas que je sois inquiète, non, je suis émue. Je suis une maman qui voit partir son enfant, j'ai la gorge serrée, l'estomac noué, le coeur qui pleure et sourit en même temps. Mon tout petit devenu si grand!

 

20/09/2012

Le Voyage

Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes, 
L'univers est égal à son vaste appétit. 
Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes ! 
Aux yeux du souvenir que le monde est petit ! 

Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme, 
Le coeur gros de rancune et de désirs amers, 
Et nous allons, suivant le rythme de la lame, 
Berçant notre infini sur le fini des mers : 

Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ; 
D'autres, l'horreur de leurs berceaux, et quelques-uns, 
Astrologues noyés dans les yeux d'une femme, 
La Circé tyrannique aux dangereux parfums. 

Pour n'être pas changés en bêtes, ils s'enivrent 
D'espace et de lumière et de cieux embrasés ; 
La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent, 
Effacent lentement la marque des baisers. 

Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent 
Pour partir, coeurs légers, semblables aux ballons, 
De leur fatalité jamais ils ne s'écartent, 
Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons ! 

Ceux-là dont les désirs ont la forme des nues, 
Et qui rêvent, ainsi qu'un conscrit le canon, 
De vastes voluptés, changeantes, inconnues, 
Et dont l'esprit humain n'a jamais su le nom.

 

- Charles Baudelaire -

 

18/09/2012

Joel-Peter Witkin

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Cette photo me fascine depuis longtemps. Je la regarde de temps à autre, elle m'inspire, me parle, me touche. J'en ignorais l'auteur. Ce qu'elle induisait en moi me suffisait pleinement, je n'avais pas envie d'en savoir davantage. Ces jours derniers, je ne sais plus comment je suis tombée sur une autre image qui m'a interpellée.

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J'avais le sentiment d'une parenté. Comme si mon cerveau faisait le lien entre ses deux évocations et le trouble délicieux qu'elles provoquaient en moi. J'ai décidé de pousser mes recherches et je l'ai rencontré. Le photographe. Celui qui arrive à mettre en images des pans de mon inconscient. Celui qui arrive à rendre le désespoir de l'âme, l'aspiration de l'humanité dans toute sa beauté et son horreur, ne dit-il pas lui-même qu'il vit pour créer des images représentant la lutte pour la rédemption des âmes? Joel-Peter Witkin, né à Brooklyn de mère juive et de père catholique, témoin à l'âge de six ans d'un accident de voiture prémonitoire de son univers photographique: la tête coupée d'une petite fille roule à ses pieds, prend en photo des monstres dès l'âge de seize ans, étudie la sculpture et obtient une licence de beaux-arts en 1974, commence à exposer en 1969. Fasciné par les êtres aux caractérictisques physiques étranges, difformes et singulières, il crée des photos de mises en scène soignée de portraits de personnes mêlées à des objets dans un assemblage baroque et hétéroclite. (source Wiki)

 

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De plus en plus intriguée par son travail, je fouille encore pour en apprendre davantage et je finis par tomber sur une interview de l'artiste lui-même:

Dans votre travail vous explorez le monde des « freaks », la religion et les influences de l’histoire de l’art. Quelles connections trouvez-vous entre ces sujets ?

Premièrement, je ne suis pas à l’aise avec le terme de « freaks ». C’est un terme terrible et sensationnaliste. Merci mon Dieu, il n’y a plus de Freak Shows (représentation théâtralisée avec des monstres de la nature ndlr). Quand j’étais adolescent, j’allais à Conny Island avec mon frère pour prendre des photos des gens. The Barker (l’homme qui présente les breaks en criant devant un théâtre ndlr), qui essayait de faire s’attrouper les badauds, disait à beaucoup de gens : « Si vous ne vivez pas dans la vertu, vos enfants ressembleront à ces gens là ». C’était cruel, stupide, et des mots bien primitifs.

Je ne peux pas être cerné, comme beaucoup d’artiste – il n’y a pas de A, B, C, D, pour parler de mon travail. Certains artistes fonctionnent par cycles, mais pour moi, cela n’a jamais été aussi simple, car je photographie des gens qui ont tous des caractéristiques et une conscience différente. Je ne sais jamais qui je vais rencontrer. Je travaille avec ces gens, je ne les utilise pas. La même chose s’applique à des restes humains ou des objets inanimés.

Mon travail n’est pas linéaire, c’est plutôt une phénoménologie.

Pensez-vous que le tirage photographique devrait être unique ? Que pensez-vous de l’aspect reproductible dans la photographie ?

Je vais contre ça. Dans mon cas, je veux imposer ma main, ma signature sur l’oeuvre photographique. Je veux que les gens sachent que je n’ai aucun lien avec « le moment décisif ». Le négatif photo est un point de départ pour moi. Je suis un tireur autant qu’un photographe.

J’ai besoin de connaitre chaque centimètre carré du tirage sur lequel je travaille. Ca me prend des jours, parfois des semaines ou des mois pour résoudre une image. Pour ce qui est des ventes, je garde un recueil qui référence la manière dont j’ai fait chaque tirage, mais j’ai quand même besoin de recommencer le processus de découverte pour chaque nouveau tirage. Mes pensées vont se calquer sur ce moment et j’ai besoin de revivre les émotions de ce moment.

Vous disiez en blaguant que durant deux opérations, les chirurgiens qui vous ont opérés n’ont pas vu de sang sortir de votre corps : il n’y avait que des photos à l’intérieur de vous. Est-ce une métaphore pour dire que c’est la photographie qui vous fait vivre ? 

Il y a deux choses dans ma vie : ma foie religieuse et mon engagement avec la vie au travers de la photographie.

Si la photographie coule dans vos veines, alors que dire de la chair présentée dans votre photographie ?

La chair est le vêtement de notre existence corporelle. Elle nous signale si nous la portons bien, ou si nous sommes nés avec des problèmes physiques. Tous, d’un point de vue théologique, avons des passifs et des dons et nous devons faire avec dans la vie. Nous devons accepter la peine comme la découverte.

Il y a à peu près dix ans, j’ai fait une image à propos de l’avortement. C’était un cadavre comme un Christ, et une foetus à ses côtés. Ils étaient plus ou moins enlacés. Ce n’était pas titré « avortement », mais basé sur un poème d’Auden, où on pouvait lire la phrase « Le glacier frappe dans le placard ». C’est comme si la nature était une rébellion prête à nous accabler car nous n’allons pas dans le sens des causes et des effets de la nature.

L’avortement est un sujet qui divise actuellement. Je suis démocrate et je ne suis pas en accord avec certaines choses dont Obama parle. Ce n’est pas un respect pour la vie. En fait, je pense que la vie se forme à la conception et je pense que nous avons déjà une âme à ce moment. Comment une mère peut-elle détruire la vie dans son corps ? La principale raison était scientifique, mais l’action faite, et la mère le sait, est de couper les liens du foetus et le détruire. C’est une forme d’assassinat et les gens ne réagissent pas.

L’Islam, comme la chrétienté, veut diffuser son message et convertir la planète. Je pense qu’il y aura certainement une guerre entre ces deux croyances. C’est une chose affreuse. J’ai toujours dis que si on peut envoyer quelqu’un sur la lune, en revanche une personne meurt de la faim toute les trois secondes. C’est criminel.

Je pense que le but de l’art est de créer un langage que les gens peuvent comprendre.

Il semblerait que vous soyez mieux reçu, ou au moins plus populaire, en France qu’aux Etats-Unis. Est-ce vrai ?

Tout à fait. Actuellement aux Etats-Unis, le public est très axé sur la tendance. Les grandes galeries comme Gagosian ou Pace, ne sont pas intéressés par une vision romantique de la promotion de l’art. Ils sont intéressés surtout par l’argent. Ils sont entourés d’artistes qui travaillent vite, et dont les travaux sont populaires ; des gens comme Kiki Smith et Jim Dine. Ils ont gagné des millions de dollars avec ces artistes.

Avec l’économie qui baisse, je ne pourrais pas vivre de la vente de mon travail. Je ne suis pas à la mode car mon travail traite de la morale. Il s’agit de la vie et ne montre ni la beauté, ni l’évasion, ou la caricature du féminisme comme une certaine Cindy Sherman. Il n’y a rien de mauvais dans le féminisme, mais en ce moment à New-York, si vous êtes une femme, vous avez l’avantage. Si vous êtes un homme, moitié juif et produisant des images pleins de sens, les gens ne veulent pas en entendre parler.

En revanche, en Europe, les gens sont plus cultivés ; ils sont fidèles à leurs artistes, ce qui n’est pas toujours une bonne chose. Ils ont une certaine profondeur. J’ai vu des familles venir à mes expositions, qui expliquaient à leurs enfants mes oeuvres les plus compliquées, comme Feast of Fools. Ceci ne serait pas toléré aux Etats-Unis.

An ending quote or joke?

Pour finir, une citation, un mot léger ?

J’ai récemment signé des livres dans lesquels je cite cet proverbe irlandais : « Nous sommes tous déguisés en nous-même ». C’est une phrase merveilleuse. Cette citation est maintenant dans une cinquantaine de livres. C’est une belle manière de définir l’Humain.

 

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Voilà, je commençais à en savoir davantage. Je découvrais d'autres photos, d'autres articles sur lui, d'autres propos, comme celui fort instructif et riche d'Alban Orsini: 

Le sexe est également une rémanence chez Witkin qui s’attache à transcender ce qu’il a de plus singulier. Exposé, torturé, glorifié, scarifié. À titre d’exemple, le photographe transforme sa fascination pour la transsexualité en accumulant les clichés représentant des « opérés » qu’il magnifie en exaltant de manière pertinente la dysmorphie qu’ils/elles incarnent. C’est avec talent qu’il va chercher la douceur et la beauté de ses modèles pour questionner sur l’identité tant la féminité qu’il réussit à exacerber s’oppose à ces pénis qui se dévoilent de manière incongrue. Trouver le beau dans le singulier et l’extrême est également ce qui transparait en filigrane du voyage que nous offre le photographe dans les milieux particuliers que sont ceux du sadomasochisme et de la zoophilie. À grand renfort de prothèses et d’emphases outrancières, Witkin nous montre ce que le sexe possède de plus particulier, nous renvoyant ainsi à notre propre puritanisme. Sans sombrer dans le voyeurisme, Witkin croque des portraits qu’il réussit à rendre attachants, quitte à faire vaciller nos certitudes dans la beauté du sale même.
 
« Le travail de l’artiste est de révéler les choses sous leur aspect le plus positif et le plus tendre », Joel-Peter Witkin.
 

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Je reste pourtant malgré toute ces recherches attachée à ma première image, celle qui me fascinait tant sans savoir d'où elle venait et en me préservant des messsages et autres interprétations qu'elle contiendrait. Ce qu'elle me raconte, m'évoque et me confie, est tellement intime et tellement diffus en moi que la partager avec vous, c'est déjà beaucoup me dire. Une autre de Joel-Peter Witkin pourtant va la rejoindre, elle me fait aussi de l'effet. Doit-on tout le temps tout s'expliquer?

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17/09/2012

Un dimanche avec Swan

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- Swan et Blue - Photo Patrick Natier -

 

Swan n’était là que pour deux jours. Elle avait déjà vu Lille, en tout cas la vieille ville avec Pat le samedi en descendant de son train alors j’avais envie de lui montrer autre chose, des endroits que j’aime, un peu plus loin. Elle était enthousiaste à l’idée de voir d’autres pays, qu’à cela ne tienne, nous irions en Belgique et puis en Hollande aussi, c’est si facile d'ici. Nous nous sommes levés plus tôt qu’à l’ordinaire pour un Dimanche. Normalement on glande un peu, on se laisse vivre mais là, si nous voulions aller jusqu’à la mer et puis ensuite passer à Bruges et pourquoi pas dîner à Gand, il n’y avait pas de temps à perdre. Quoique, est-ce vraiment perdre son temps que de le prendre ? Nous sommes partis Pat, Swan et moi après un déjeuner animé avec mes trois gars, un délicieux poulet-frites dans l’estomac. Jazz au programme tout le long du voyage : Brad, Oscar, Chet, un peu de Paolo Conte aussi. Nous avons comme à l’accoutumée suivis les canaux de Damme. Un tel ravissement ces longs canaux bordés d’arbres. Puis enfin, nous sommes arrivés à Nieuuwvliet-Bad, une enclave hollandaise sur la côte belge, au Nord. La mer était grise, je ne l’étais pas et Swan non plus, trop heureuse d’être là. Une bonne bière pour elle et un chocolat nature pour Pat, à l’amaretto pour moi.  Une heure à prendre le large dans notre tête face à la mer et nous avons repris la route, enchantés. Tranquille. L’accordéon de Galliano nous donnait le tempo. Quand nous avons approché de Bruges, impossible d’entrer dans la ville avec la voiture, c’était une journée sans. Par bonheur, nous avons trouvé un parking qui nous a mené juste au cœur de la ville. Là, Swan n'a plus su où donner de la tête. Il fallait la voir s’émerveiller ainsi à chaque instant de chaque édifice, chaque monument, chaque petite chose de cette Venise du Nord bourrée de poésie et de surprises. Un régal. Clic-clic kodak par ci, clic-clic kodak par là. Nous avions de la chance, le soleil avait réussi à refaire une apparition et la lumière était plus que parfaite. On ne pouvait rêver mieux, être là dans cette ville magique, sans bruit de moteurs. Douceur de vivre. Nous nous sommes laissés faire par nos pas profitant de l’ambiance bon-enfant et avons fini cette journée hors du temps, à Gand. Ville typique des Flandres, riche et grande, une architecture étonnante en dentelle de pierre, réjouissante. Nous avons diné dans un restau au bord de l’eau sous un brasero, avons parlé de son séjour à Paris, de Montréal, de nos envies de voyage respectifs, de politique, d’art, de la vie. Son accent chantant doux comme une musique avec ces tsé, ces plates, ces chez nous, ces an au son différent était rafraîchissant au milieu de cette langue flamande impossible à comprendre. On a rit, on a eu du fun à être là et on s’est régalé d’une carbonade flamande- frites maison- côte de Ventoux goûteux et doux. Précieux moment. Elle vient de repartir vers Sauve chez notre ami Mc Comber avec son énorme sac à dos orange et noir pour homme sanglé sur son corps de femme. Cinq heures de route. Elle va peut-être repenser tendrement à nous, à cette escapade et à nos rires d’adolescentes sur la plage. En tout cas, je n’oublierai sûrement pas pour ma part ce Dimanche avec Swan.

 

Feeling good

 

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16/09/2012

L'insatiable Homme-Araignée

Elle est entrée dans la boutique, royale ! Tout chez elle est artistique. Elle est gourmande, étonnante, atypique. Sa crinière noire. Ses yeux jais outrageusement maquillés. Son corps ondoyant. Ses mains d’artisan. Sa voix rauque. Une femme enivrante, exaltante, sorcière. Elle captive et masque ainsi sa grande fragilité et sa sensibilité d’écorchée. C’est mon amie depuis toujours même si on ne se le dit que depuis peu. J’ai du plaisir à la regarder, à l’écouter, à la deviner. J’aime croiser son regard fier, j’aime l'habiller.

- Blue ! faut que tu lises ça !

- Quoi, ça ?

- Cet écrivain cubain.

- Tu sais que je reviens de Cuba ?

- Non je l’ignorais, tu as aimé ?

- Oui. La Havane, torride ; Trinidad, envoûtant ; les cubains, charmants…

- Lis ça, tu m’en diras des nouvelles. C’est l’écriture comme on aime, tu sais: celle qui décape, qui arrache, qui nous remue profond et loin…

- Ok, ok, c’est quoi son nom ?

- Pedro Juan Gutiérrez.

En face de chez moi, il y a un petit libraire, un des rares qui survit tant bien que mal. J’y passe toutes les semaines, parfois même deux à trois fois, c’est irrésistible pour moi. J’entre dans son petit espace tout en longueur bourré de bouquins jusqu’au plafond et sur l’étroite table à l’entrée je vois une pile de livres qui attire mon attention : L’insatiable Homme-Araignée, 13E Note Editions, Pedro Juan Gutiérrez, la photo d’un métis tatoué envoyant un baiser d’une portière de vieille américaine en noir et blanc. Je prends l’ouvrage, et je souris, je pense à elle. C’est un recueil de nouvelles. Je feuillette, j’en aime le ton, la manière incisive, la rage qui se dégage du livre. En exergue une phrase d’Hemingway, et puis une autre de Frank Lloyd Wright qui me plaît : «  Il est beaucoup plus difficile de vivre sans règles, mais c’est ce que doit faire, en toute honnêteté, un homme capable de penser. » Je suis conquise et je repars avec le livre.

Ce matin je l’ouvre à nouveau pendant que le poulet dore dans le four et que Swan prend sa douche. La première nouvelle  Silvia à New-York me scotche, j’en ai des frissons jusqu’au fond de mon sexe, je tressaille. Puissant, dérangeant, irrésistible. L’écriture de ce cubain va être ma drogue des jours prochains. C’est peut-être ce qui m’a sauvé : les cuites, les femmes, faire sortir la rage, tout envoyer bouler, ne rien attendre de personne. Et écrire. Ivre, aux aurores, j’écrivais des nouvelles sur tout ce qui m’arrivait. C’était très amusant. Et j’ai continué. Et j’en suis là. « Il y a le Cuba des cartes postales et des clichés. Et il y en a un autre, un Cuba du sexe, d’alcool, de fureur et de mots. Du premier, Pedro Juan Gutiérrez semble tout ignorer, le second il le croque en couleur, à grands traits, à grands bruits. «  écrit Vanessa Postec de Transfuge. « La rage de Gutiérrez contre la répression du Cuba de Castro est grisante. Crue. Choquante. Et sensuelle. » dit a son tour Anderson Tepper du New York Times. Je ne peux pas encore en dire autant avec le peu que j’en ai lu, ce que je sais c’est que cette façon cruelle et douce d’écrire, les tripes à l’air, me touche au plus haut point et me bouscule, me donne envie de prendre la plume et d’à mon tour crier la vie.

 

Callejón de Hamel

- L'univers naïf et fantastique de Salvador Gonzàlez Escalona -

 

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C'est grâce au Guide du routard que nous avons découvert cet endroit:

"Je suis celui qui peint les murs, et qui envoie des messages à l'âme humaine". Artiste autodidacte inspiré par Dali, Miro et Picasso, peintre muraliste, sculpteur, Salvador Gonzales Esaclona est aussi un santero. Inspiré par l'esprit de cette culture afro-cubaine, il a projeté ses visions esthétiques sur les murs gris et les façades lépreuses d'un pâté d'immeubles, en plein centre de la capitale. Plus de 10 ans de travail! Le quartier semble revivre sous l'effet de ce nouveau souffle de couleurs tropicales et de messages universels. Même les réservoirs à eau, perchés sur les toits, ont été touchés par la magie de son pinceau. Considéré comme l'un des plus grands muralistes d'Amérique latine, demandé dans le monde entier, Salvador voyage beaucop. Mais s'il est là, il ne sera pas difficile de le rencontrer.

J'ai lu et j'ai dit à Pat: "Faut qu'on y aille!" Jesus nous y a emmené mais n'a pas voulu nous accompagner, il craignait trop pour sa caisse. Alors il nous a déposé et est allé nous attendre plus loin à quelques rues de là. C'est tout à fait étonnant comme endroit, bourré d'artistes, de musiciens et de curieux comme nous. Les couleurs sont partout, on en a plein les mirettes. Chaque fois que l'oeil s'arrête il fait une découverte. Stimulant! Un lieu enchanteur et enchanté. Quand j'ai vu le petit prince au fond de sa baignoire, j'ai pensé à Vieux-G et lui ai envoyé l'image une fois rentrée. Je me suis régalée avec les petites phrases que Salvador a essaimées ici et là comme "le poisson ne sait pas que l'eau existe". Matière à penser. Matière à rêver. La Havane nous faisait là un beau cadeau, j'ai adoré.

 

 

 

14/09/2012

Swan

C'est grâce à Mistral que nous nous sommes rencontrées et appréciées au travers de nos blogs respectifs. Entre nous doucement s'est tissée une relation de confiance et un début d'amitié au-delà de la virtualité. Quand nous nous sommes vues à cette fameuse soirée à Montréal pour fêter la Tribu et la sortie des Corpuscules de Sandy, tout naturellement nous nous sommes saluées et nous avons échangés de vive voix notre joie d'être là. On avait parlé bâteau, si mes souvenirs sont bons. Elle avait le projet de venir en France, et maintenant qu'elle est à Paris depuis plusieurs jours, je ne pouvais pas ne pas lui faire découvrir mon Noooord! C'est chose faite, Swan arrive Samedi à la gare Lille-Flandres, Pat ira la chercher puisque je sévis le Samedi dans ma boutique. Je compte bien lui faire faire un tour de la ville en fin de journée, aller manger une moule-frite ou une tarte au maroilles dans une brasserie typique qu'on trinque à la Blanche de Bruges et puis le Dimanche, on verra selon le temps qu'il fait, ses désidératas et notre humeur et inspiration du moment à moins qu'elle ne préfère partager avec nous notre traditionnel poulet-purée tout en devisant... 

 

13/09/2012

Amour à mort

 

" Si ton oeil était plus aigu, tu verrais tout en mouvement."

- Fiedrich Nietzsche -



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- Bleu - Soulages -

 

"On est toujours guetté par deux choses aussi dangeureuses l'une que l'autre: l'ordre et le désordre."

- Pierre Soulages -

 

 

12/09/2012

blog et vie -1-

La dernière fois que j'ai vu ce monsieur c'était au mois de Juillet, en plein milieu des soldes. Il voulait, en plus de faire plaisir à sa fille en lui offrant une tenue parfaite, me remercier du petit texte que j'avais écrit ici sur sa femme Françoise, décédée en début d'année, et qu'il relit souvent. Dans la longue lettre manuscrite que je lui avais adressée à ce moment là, j'avais joint une copie de ce texte et le lien sur mon blog. Il est passé me voir aujourd'hui à la boutique, pour me saluer: "Je vous ai vue, je me suis arrêté et me suis garé comme dans le temps, devant chez vous. Vous faites presque partie de la famille, vous savez, Blue... Je vous lis sur votre blog, et ça me fait de l'effet. Vous aimez ça écrire, c'est fou! ". Après nous être entretenus de choses et d'autres: des vacances sans elle pour la première fois, de la conjoncture économique, des besoins de ses petits enfants et du vide difficile à vivre, il me dit: "Comment va votre bébé, parce que votre blog, c'est ça n'est-ce-pas? Il faut vous en occuper!" J'étais toute retournée: " Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas le lâcher!" Il est reparti souriant et soulagé, sa main battant l'air pour me dire au revoir, rassuré de savoir qu'il allait me retrouver, entre mes mots, tôt ou tard...

 

11/09/2012

De l'art...

Ce matin, vu chez Laure, un petit film sur J.Pollock en pleine création artistique...

 

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- Photo Massaki Nakajima - Exposition J. Pollock -


 

" C'est le propre des oeuvres vraiment artistiques d'être une source inépuisable de suggestions."

- Charles Baudelaire -

 

 

10/09/2012

Santana & Barbieri

 

09/09/2012

La Casa Musica de La Habana

Le spectacle devait commencer à neuf heures du soir et nous étions un peu à l'avance parce que Marlen avait tenu à nous accompagner, elle n’aime pas sortir le soir seule dans son quartier et voulait être sûre que nous ne courions aucun danger. Vu le nombre de gardiens et d’hommes de sécurité, il n’y avait pas à s’en faire. Nous nous sommes assis à une petite table au milieu de la grande salle sombre en sirotant notre récurent mojito et nous avons assisté à l’installation de la scène au milieu des ingénieurs du son. La salle s’est remplie progressivement. Des couples d’amoureux, des groupes d’amis, une bande de vénézuéliennes complètement en transe, sans doute ravies d’être là et quelques hommes seuls disséminés de ci-de là. Les gros caissons noirs de chaque côté de l’estrade envoyait un son épouvantable, à un point tel qu’il n’était pas possible d’apprécier la musique diffusée. J'espèrais que cela allait changer une fois le groupe en piste. De plus en plus l’ambiance chauffait, certains se mettaient à danser près de leur table, d’autres trinquaient et se réjouissaient d’être là. Mais le spectacle le plus édifiant qui au début m’avait mise mal à l’aise était le défilé de plus en plus consistant de jeunes femmes toutes tirées à quatre épingles, maquillées, perchées sur des talons invraisemblables, moulées dans des petites robes trois trous à la Jackie Kennedy, les mains impeccablement manucurées tenant une pochette oblongue scintillante. Elles passaient et repassaient, se déhanchant et lançant des œillades à la volée. Elles m'évoquaient une présentation de Paule Ka avec leurs coupes de cheveux toutes identiques, lissés et remontés en chignons savamment décoiffés. Si jeunes. Tellement jeunes. Des lolitas, jeunes femmes jouant à être femme pour aiguiser les appétits masculins. Aucun homme célibataire ne le restait longtemps. Elles l’approchaient à deux ou trois, souvent une blonde, une brune, une entre-deux, comme pour proposer un choix à leur proie et même parfois l’une d’elle se levait pour aller en chercher une quatrième sentant que celle-ci qui avait tapé dans l’œil du coquin. Juste avant que le concert ne soit lancé, des bandes de copains firent leur entrée. Manifestement, ces hommes avaient leurs habitudes, et venaient sans état d’âme cueillir une fleur pour agrémenter leur soirée. A la table à ma droite étaient assis trois couples de cubains et cubaines venus pour apprécier la musique, ou tenter de le faire. Mon voisin le plus proche me regardait d’un air dépité chaque fois qu’un gars repartait avec une de ces jeunes filles sous le bras. Je pensais : « ça pourrait être sa fille ! » Et lui semblait se dire : « Elle doit penser que ça pourrait être ma fille ! ». La musique d’un coup est venue s’abattre sur nous coupant court à nos émotions. Et j’aime trop la musique pour pouvoir l’entendre dans de telles conditions, je me suis demandée d’ailleurs de quoi les tympans des cubains étaient faits pour pouvoir le supporter. Et puis, surtout, je commençais à avoir trop mal au cœur de voir tout ce gâchis, toute cette jeunesse qui n’a comme seule issue que l’usage de son corps. Je suis repartie de la casa musica de la Habana, ivre et triste. Une image de Cuba loin des couleurs, des lumières et de la poésie que je m'étais écrite jusque là.

 

La Finca Vigia -2-

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J'ai toujours adoré les allées bordées d'arbres. Petite, je me rappelle très bien de l'euphorie que me procurait celle qui menait au petit Moulinsart de mon amie Marianne. Ses parents étaient les meilleurs amis de mes parents et j'allais souvent le Mercredi après-midi chez elle. On jouait au docteur, à la poupée, on s'inventait des histoires de reines. Mais mon moment préféré était toujours... l'arrivée. L'immense allée en gravier habillée de droite et de gauche d'une rangée bien dessinée de peupliers. Comment dire? Allégresse, c'est le premier mot qui me vient, oui, un sentiment d'allégresse à être comme ça, sur un chemin qui communique avec le ciel. A La Finca, quand mes pas m'ont amenés à l'allée bordée de palmiers qui mène à la piscine, j'ai pensé à Proust et à ses madeleines. J'avais la mienne. J'en ai pleuré.

 

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Au bout de l'allée, les sièges à bascule, présents dans tous les intérieurs cubains, au bord de l'énorme piscine presque carrée vide mais peinte en bleue des mers du Sud invitaient à s'asseoir. Ce que j'ai fait. Je me suis plue à imaginer qu'avait dû être l'ambiance à l'époque, les amis, les rires, les discussions, les espiégleries d'Ernest et les chiens au milieu de tout ça. J'ai fermé les yeux et j'ai goûté au délicieux bruit du vent dans les feuillages, me faisant mon petit film. Pat m'a sorti de ma rêverie, me montrant du doigt les petites pierres tombales pour chacun de ses quatre chiens et par derrière le fameux "Pilar" restauré.

 

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De voir son bâteau m'a donné envie d'en savoir davantage et je proposais à Pat et à Emilio qui nous accompagnait dans le même genre de voiture que Jesus à la Havane, de pousser jusqu'au petit village où Hemingway aimait pêcher: Cojimar, la source d'inspiration du vieil homme et la mer, on ne pouvait pas ne pas aller y finir notre sorte de pélerinage avant d'enfin s'échouer sur la plage. Nous sommes tombés d'accord et nous prîmes la route vers cette nouvelle destination. Après s'étre désaltéré d'un vesou frais, aux peut-être vertus aphrodisiaques, nous sommes repartis dans la chaleur moîte, fenêtres grandes ouvertes vers Cojimar. Sur la route, il n'y avait presque personne, à part des camions aux chargements incroyables: sacs de riz vintages ou masse d'individus agglutinés, des équipages improbables toujours très colorés et quelques rares américaines plaisantes à regarder. Du vert, du vert, du vert encore. La nature est riche et foisonnante. Cuba ne manque pas d'être arrosé. Juste avant d'arriver à l'entrée du village, juste au tout dernier carrefour, je demandais à Emilio de s'arrêter devant une ruine magnifique qui avait mis en branle spontanément tous mes neurones. J'ai bondi tel un cabri hors de la voiture pour la prendre en photo sous toutes ses coutures. J'ai senti en moi pousser mes envies d'entreprendre et de construire, je voyais déjà ce que je pourrais faire d'un endroit comme celui-là, tout y était. J'ai demandé à Emilio à quoi avait bien pu servir cette bâtisse, il m'a répondu: une école. Je n'ai pas pu y entrer mais mes plans étaient fait. Vaste restaurant au rez-de chaussée et belles chambres claires avec vue sur la mer dans les étages. Emilio ne comprenait pas mon enthousiasme et me regardait avec des yeux ronds tentant de partager ma vision. Pat alors me dit: "Blue, tu es à Cuba!", j'ai déchanté, adieu veau, vache, cochon, couvée...

 

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- L'objet de ma rêverie -

 

Dés l'entrée du petit village de pécheurs, on est au parfum. Bien clair qu'ici "Papa" a laissé son empreinte, d'ailleurs face au fort au bout du port, sa tête en bronze trône au milieu d'une rotonde de colonnes blanches, fixant à jamais la mer qui s'étend à l'infini devant son effigie. Là, Pat a pris de belles photos de moi contemplative et nous sommes repartis vers les plages où les habitants de la Havane viennent en famille prendre l'air du large. Emilio connaissait un endroit moins touristique où il venait régulièrement avec sa femme et ses enfants. L'idée nous plaisait d'être plutôt du côté des cubains que sur une plage formatée face au complexe hôtelier. Pas du tout la même ambiance qu'à Trinidad, pas l'ombre des cocotiers, à la Havane, ça cogne dur mais l'eau de l'océan est plus fraîche que celle trop tiède de la mer des Caraïbes. Les us et coutumes, eux restent les mêmes. Tous avec leur bouteille de Rhum et de coca à s'enivrer tout au long de la journée sous un soleil de plomb, tous plutôt en groupe, peu de couple comme nous, et toutes tranches d'âge confondues. Je n'avais pas vu autant de grand-pères et de grand-mères sur une plage qu'à Cuba! Nous avons déjeuné là sous une petite construction de bric et de broc. Un délicieux poisson grillé et dos mojitos. Et nous avons bullé sur la plage sachant que nos vacances tiraient à leur fin et qu'il allait nous falloir très vite changer de rythme, de paysages aussi...

 

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- "Papa" à l'entrée de Cojimar -



08/09/2012

La Finca Vigia -1-

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- Portrait d'Ernest Hemingway -


Après une journée chargée et torride à la Havane, nous avions décidé de prendre un peu l'air et de nous faire dorer la couenne sur les plages de l'Est à quelques encablures de la ville. La Finca Vigia était un petit détour mais me semblait un passage obligé de notre séjour cubain. Il y a une sorte de jubilation à pouvoir voir la maison de quelqu'un, sentir dans quel environnement il a vécu et oeuvré et ce qui composait son quotidien. L'intérieur de notre maison nous ressemble et en dit long sur nous. Celle où Hemingway a vécu pendant prés de vingt ans avec sa quatrième femme est un véritable enchantement: une belle villa colonniale noyée dans une végétation luxuriante avec une vue magnifique sur la Havane au loin, des terrasses accueillantes, une piscine au bout d'une allée de palmiers, une décoration apaisante, une belle luminosité et puis des livres partout: dans le salon, dans les différents bureaux, dans la chambre à coucher et même dans la salle de bains. Un endroit où je me suis tout de suite sentie bien malgré la présence inquiétante de nombreux trophées de chasse. La tour adjacente où Hemingway entretenait sa demi centaine de chats et au sommet de laquelle il entreposait sa "bibliothèque de guerre" est un endroit rêvé pour écrire et réfléchir, je m'y voyais déjà. Tout, d'ailleurs, à la Finca est objet de plaisir. L'air qu'on y respire, la lumière au travers des feuillages denses, l'ombre, le calme et l'échelle humaine du lieu. On sent tout de suite qu'on ne peut que si sentir bien. D'ailleurs nous sommes restés un long moment à nous détendre, à rêvasser et à causer. A part quelques ouvriers qui continuent la restauration entreprise par le centre national du patrimoine culturel et du bureau de l'historien de la Havane, depuis qu'après sa mort, par sa volonté, elle fut offerte au gouvernement cubain; quelques gardiennes de musée tentant de nous soutirer quelques cuc de plus en nous prenant en photo ou en nous proposant des petits souvenirs fait maison nous étions seuls au monde, Pat et moi, et nous avons pu sans trop d'effort faire comme à la casa!

 

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06/09/2012

Chacun voit midi à sa fenêtre...

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podcast

- Le Nombril - Jeanne Moreau -



05/09/2012

Mots pour maux

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Ok! Ben le pense et l'écrit en façade mais je ne pense pas comme lui, même que je pense le contraire enfin pas tout à fait, disons un entre-deux. Les mots peuvent être aussi assassins que libérateurs, ils peuvent faire rire comme faire pleurer, faire mal et faire en sorte de devenir meilleur. Dans une société d'images et de passage, les mots ancrent et posent et fortifient.

Le mot, les mots peuvent trahir autant qu'ils subjuguent. Les mots sont l'avenir mais pas dans n'importe quelles mains. Les mots mis au service de nobles desseins libèrent, tempérent, créent. Et, permettent à certains et certaines d'être et d'exprimer. Maux à mots, mots pour maux, les mots sont inépuisables et toujours là, prêts à bondir pour panser et construire. Ayo!! Peut-être que, je les aime trop!