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11/11/2012

Être

 

De passage

Grandir de ses épreuves, apprendre de ses erreurs, tenter d'être meilleur, évoluer, changer, prendre son destin en main, s'ouvrir à sa conscience, se mesurer à soi-même, s'égarer, se fourvoyer, se libérer, s'épanouir, se découvrir, et au travers de soi le monde dans toute sa diversité violente, complexe et attachante, humaniser, fluidifier, comprendre, chaque jour qui commence nous donne un champ d'actions intense voire infini, quand on meurt il est trop tard, je pense ce matin comme beaucoup de matins depuis quarante-sept ans qu'il est stupide de remettre à demain qu'il est important de tenter, de rêver, d'aimer, de sentir, qu'il est nécessaire de transmettre et stimulant de défendre ses justes valeurs et que le passage qu'on fait doit permettre à ceux qui passeront dans notre sillage d'avancer plus légers, lestés, libérés et confiants dans l'humain et en eux.

 

10/11/2012

Des passantes et des passants

Un livre de mes amis Jalel El Gharbi et Giulio-Enrico Pisani...

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07/11/2012

Hervé Brisepierre vu par Laure Kalangel

 

05/11/2012

Hervé Brisepierre ou l'expression de la matière

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- Photo Jéremy Charance -


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- Photo Patrick Natier -


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- Photo Laurence Guez -


Le travail du sculpteur Hervé Brisepierre commence invariablement par la rencontre avec le matériau.

C'est dans les pièces de bois les plus nobles qu'il trouve son inspiration, en particulier dans les loupes: Loupes de Chêne, de Peuplier, de Frêne Olivier, de Châtaignier, mais aussi dans des pièces de Chêne ou d’Alisier.

 

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- Photo Patrick Natier -

 

Toutes ses oeuvres témoignent d'une lointaine et authentique passion pour le bois. Elles dégagent une aura puissante qui vient de l'application d'un artisanat raffiné sur des objets totalement naturels.

Le développement tourmenté de l'arbre inspire en effet à Hervé Brisepierre un travail de sculpture et d'incrustation très personnel.

L'artiste nous livre un nouveau langage; en symbiose avec son matériau, il instaure un dialogue fécond avec la matière.

 

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- Photo Laure Kalangel -

 

 C'est avec des mots très simples qu'il explique son travail :

"Un peintre a devant lui une toile vide, moi j'ai un support qui est vivant, qui a des fils, des noeuds, des accidents, j'essaie de mettre en valeur le dessin du bois".

 

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 - Photos Patrick Natier -


 

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- Photo Laurence Guez -


 

Pour se faire, il a su se doter d'une palette des plus riche. La profusion de matières qu'il utilise est inouïe : Pierres semi précieuses (Lapis Lazuli, Agate, Jaspe, Turquoise), cristal de roche, verre, ivoire, nacre, corne, bois fossilisés (dits "silicifiés"), essences de bois les plus diverses dont le Palmier et de nombreuses loupes, ainsi que des métaux variés (argent, laiton, acier, bronze, cuivre), la liste semble infinie…

 

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- Photos Laurence Guez -

 

Par cette richesse, il réinvente en le dynamisant l'art de l'incrustation. C'est cette intervention très contemporaine, faite de respect et de liberté, qui nous touche dans ses oeuvres.

 

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- Photo Jéremy Charance -

 

L'objet naturel est réintroduit dans le royaume des humains par les mains habiles et créatives de l'artisan qui lui insuffle mouvement, poésie et sensualité. Expression de la matière, Art puissant et bien enraciné.

 

- Patrick Natier -

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 - Photo Laure Kalangel -

 

 

Hervé Brisepierre  vit et travaille aux Baux de Provence. Il expose régulièrement à St Rémy de Provence, Maussane les Alpilles, les Baux de Provence. Certaines de ses pièces sont en exposition permanente à l'Oustau de Baumanière.

 

Dernière exposition en date : Galerie Quint-Essences à Neuchâtel - Suisse (octobre 2012 .

Prochaine exposition : Galerie 92, rue Grande à Saint Paul de Vence (décembre 2012)

(Pour une bonne part, ses oeuvres ont été acquises par des collectionneurs américains)



Atelier Brizepierre - Le Mas d'Auge - 13990 Fontvieille
Contact : herve.brisepierre@orange.fr   Tèl : +33 6 95 25 35 07
 



04/11/2012

le poulet rôti façon Blue

Quand elle est partie de la maison, Swan m’a fait promettre de lui transmettre ma recette du poulet rôti façon Blue. Elle aime l’idée d’étendre ses possibilités pour cuisiner cette volaille tendre qui fait le bonheur des petits comme des grands. J’ai toujours aimé le poulet rôti. Je garde un souvenir ému de celui que préparait ma grand-mère maternelle dans son grand faitout en grés émaillé bleu ciel qu’elle enfournait dans sa cuisinière à bois. Je me souviens du bruit que faisait les ronds de métal quand elle devait les enlever un par un pour recharger de bûches la machine, je me souviens aussi et surtout de l’odeur bien spécifique que dégageait la bête dorant au milieu de gros oignons et d’ail en chemise. Je n’ai jamais réussi à retrouver le goût bien à lui de son poulet qu’elle élevait elle-même dans son énorme basse-cour  dans la cour de la ferme et qui était nourri au grain de maïs et à l’herbe. Les volailles qu’on trouve dans le commerce n’ont pas cette même saveur qu’avaient les siennes. Je la vois encore jeter à ces gallinacées des graines qu’elle tenait fermement dans son tablier replié et  comment d’un regard elle savait celui ou celle qui allait trépasser le jour même ou le lendemain. A défaut de retrouver cette madeleine là, j’en ai créée une autre pour ma propre famille avec ma recette perso du poulet rôti. Hi,hi, la voici :

 Prendre un gros bon poulet fermier de préférence. Le déposer dans un plat allant au four, j’aime quand le plat est transparent, on voit ce qui s’y passe. Ajouter une boîte de tomates pelées, deux gros oignons épluchés et coupés en lamelles, trois gousses d’ail ayant gardées leur peau et juste écrasées entre le pouce et l’index, deux verres de vin blanc, un bouquet garni, quelques feuilles de lauriers sauce, sel, poivre et un généreux filet d’huile d’olive. Enfourner pendant deux bonnes heures en arrosant du jus de cuisson régulièrement l’animal. Parfois pour augmenter la teneur des saveurs, je fourre le poulet d’un yaourt dans lequel j’ai haché de la ciboulette, du persil et du cerfeuil. Les chairs alors se parfument et ajoutent au plaisir qu’on peut avoir à la dégustation. Pendant les deux heures de cuisson, je préconise de faire une purée maison et une grosse salade verte mélangée de cresson. Quand la bête est bien dorée et bien cuite, la sortir du four et prendre une des deux options pour la servir. La familiale qui encourage à amener les plats tels qu’ils sont sur la table afin que chacun s’y serve ou alors la plus sophistiquée qui appelle un service à l’assiette. Pour celle-là j’aime prendre mes grandes assiettes en terre cuite marron avec des reflets gris. J’y dépose un morceau de volaille, un petit mont de purée dans lequel je fais le petit cratère pour accueillir la sauce et une large portion de salade verte. J’ajoute sur le côté droit de l’assiette un petit pochon d’oignons qui ont confit dans la sauce et je parsème de persil frais. Quand ma grand-mère servait son poulet, nous étions tous en foufelle, c’était une vraie fête. On ne manquait d’ailleurs jamais de se battre pour tirer l’os du bonheur avec elle. Tradition que je fais perdurer. Une fois sur deux je perds, mais comme je tire toujours avec un de mes fils et que leurs bonheurs font le mien, au fond je gagne à tous les coups ! Régalez-vous. Et toi, Swan, donne m'en des nouvelles !

 

01/11/2012

Jason Shawn Alexander

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Peintures tourmentées, à la limite parfois de la violence, les oeuvres de l’Américain Jason Shawn Alexander traitent de l’altération. En déformant les corps, nouant et allongeant les membres, dédoublant les reflets, il greffe à ses sujets des caractéristiques physiques qui semblent témoigner de leur fragilité intérieure et alimente une narration centrée sur l’Homme, son existence, son effondrement. Un autodidacte, dessinateur pour l’univers des comics, qui n’hésite pas à insérer des croquis sur papier ou des bribes de textes, violant littéralement la toile dès lors souillée de matériaux étrangers. Inspiré par Goya, Rembrandt mais surtout Bacon, Kiefer ou Alice Neel, Alexander s’est progressivement bâti un monde et une approche qui, du haut de ses 35 ans, l’imposent comme acteur majeur de la figuration expressionniste américaine.

 

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29/10/2012

entreprendre

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28/10/2012

le genre de petite histoire qui fait du bien

Nos bagages sont chargés dans la voiture. Nous avons fait en sorte d'être prêts à partir plus tôt pour ne pas faire attendre la soeur de Pat qui veut dîner avec nous. J'ai du coup quitté la boutique avant l'heure de fermeture, ce qui est rarrissime pour moi un Samedi. Un fois n'est pas coutume. Pat décide de mettre un peu d'essence dans le réservoir et s'arrête à la pompe avant de prendre l'autoroute, histoire de faire des économies. Le carburant est tellement hors de prix en ce moment. Il sort de la voiture et là d'un seul coup se raidit.

- Merde! Il m'arrive une tuile! Je n'ai pas mon portefeuille!

- Tu as dû le laisser à la maison. Quand t'en es-tu servi la dernière fois? Où le mets tu d'habitude?

Pendant que je l'assaille de question et que je commence à sentir l'angoisse m'envahir, il réfléchit.

- Voyons... Je suis allé à la poste ce matin pour l'envoi en nombre. Je suis sûr d'être revenu avec puisque j'ai donné à Isa la carte pro et les coordonnées de la personne qu'elle doit voir pour les enveloppes d'invitation. On est revenu ce midi à la maison. Je ne m'en suis pas servi depuis. Il ne peut être qu'à la boutique. Pourtant je ne comprends pas. j'ai bien fait attention en partant de ramasser toutes mes affaires. Mon apprareil photo, mon casque...

- Retournons à la boutique, voir s'il n'est pas sur le bureau!

On fait le plein avec ma carte bleue, j'avais bien mon portefeuille dans mon sac. Pat garde pour le moment son calme et moi, je fais en sorte de ne pas partager ma peur grandissante. Malgré sa fréquente tête en l'air, je sais que Pat fait attention à son morlingue, néanmoins là je suis inquiète. Retour à la case départ, j'ouvre la grille du magasin, défait l'alarme, remets les lumières et je monte à l'étage. Sur le bureau, rien. Sur le sol pas davantage. Je redescends, Pat me rejoint après s'être garé. Il monte à son tour, et tout comme moi ne voit rien. Il retourne la poubelle, cherche dans les coins. Toujours rien. On fouille l'un et l'autre un peu partout dans le magasin. Rien. Pas de portefeuille. 

- Merde, ça craint! Où peut-il bien être?

- S'il n'est pas ici, il est peut-être dans la voiture, on a pas regardé. Tu n'as pas changé de veste ni de manteau. Un portefeuille, ça ne disparait pas comme ça. Tu l'as peut-être perdu ou on te l'a piqué...

La soirée et le week-end commençaient à prendre une sale tournure. Je ne voyais pas comment nous pouvions aller à Paris sans les papiers de la voiture, sans le permis de conduire de Pat et avec cette incertitude. Nous refermons penauds l'un et l'autre la boutique. Tout cela n'a pas de sens. Et là, alors que Pat a maintenant autant les boules que moi, son portable sonne. Son visage s'éclaire. C'est Pierre, notre petit dernier.

- Pierre a reçu un coup de télélphone. Une jeune femme lui rapporte mon portefeuille dans dix minutes à la maison. Elle l'a trouvé sur le trottoir. Il a dû tomber de ma poche ce midi quand je suis sorti de la voiture. C'est la deuxième fois cette semaine qu'elle trouve un portefeuille par terre et qu'elle le rapoorte à son propriétaire. Pourquoi a-t-elle appelé Pierre? J'ignorais que j'avais son numéro dans mon portefeuille!

- Si,si, souviens-toi, il te l'a griffonné sur un bout de papier quand il a changé de portable lundi. C'est pour ça qu'elle a trouvé ce numéro. C'est fou cette histoire!  

Nous repassons pas la maison. Le portefeuille est au complet sur la table de la salle à manger. Notre soulagement est à la mesure de la tension qui nous a étreint. Pat s'exclame:

- C'est bon de savoir qu'il existe encore des gens comme ça! 

Notre week-end peut commencer.

 

26/10/2012

La source des femmes

 

 

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La source des femmes, un conte oriental plein de lumière, d'émotion, de courage et d'élégance. Un très beau film de Radu Mihaileanu. Son "Va, vis et deviens" qui se passait entre l'Ethiopie et Israel interrogant les racines de l'immigration en Israel m'avait remuée jusqu'au fond des tripes. Son "Concert" sur le monde baroque des musiciens slaves confronté à la décrépitude post-communiste m'avait touchée aux larmes. Beaucoup d'humour et de grâce dans ce cinéma engagé qui ne peut laisser indiférent. Cette fresque sur la condition des femmes dans le monde de l'islam est stupéfiante de délicatesse et devient même universelle invitant à réfléchir sur ce regard que peuvent porter les hommes sur l'autre moitié de l'humanité. "La source des femmes" invite sans forcer à y penser et peut-être à faire doucement bouger certaines choses encore malheureusement trop figées et trop archaïques.

 

Milevska

 

25/10/2012

Pearl Buck

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« Quel que soit son domaine de création, le véritable esprit créatif n’est rien d’autre que ça :   une créature humaine née anormalement, inhumainement sensible. Pour lui, un effleurement est un choc, un son est un bruit, une infortune est une tragédie, une joie devient extase, l’ami un amoureux, l’amoureux est un dieu, et l’erreur est la fin de tout. Ajoutez à cet organisme si cruellement délicat l’impérieuse nécessité de créer, créer, et encore créer – au point que sans la possibilité de créer de la musique, de la poésie, des livres, des édifices, ou n’importe quoi d’autre qui ait du sens, il n’a plus de raison d’être. Il doit créer, il doit se vider de sa créativité. Par on ne sait quelle étrange urgence intérieure, inconnue, il n’est pas vraiment vivant à moins qu’il ne soit en train de créer. »

Pearl Buck (1892 – 1973)



24/10/2012

Élémentaire!

COMMENT WATSON APPRIT LE TRUC

par Sir Arthur Conan Doyle



Watson regardait son compagnon avec intensité depuis que celui ci s’était assis à la table du petit déjeuner. Holmes leva finalement les yeux, et aperçut le regard de son compagnon.

« He bien, Watson, à quoi songez vous ? », demanda-t-il.

« A vous».

« Moi ? »

« Oui, Holmes. Je songeais à quelle point sont superficielles vos petites astuces, et comme il est extraordinaire que le public continue à s’y intéresser. »

« Je suis assez d’accord », dit Holmes. «En fait, je crois me souvenir que je vous ai moi même fait une telle remarque par le passé ».

«Vos méthodes», dit Watson avec sévérité, «sont vraiment aisées à acquérir ».

« Sans aucun doute», répondit Holmes avec un sourire. «Peut être pouvez vous donner vous même un exemple de ces méthodes de raisonnement ?»

« Avec plaisir », dit Watson. « Je suis en capacité de dire que vous étiez fort préoccupé en vous levant, ce matin ».

« Excellent !», dit Holmes. « Comment avez vous su cela ? »

« Par ce que vous, un homme d’habitude soigné, avez pourtant oublié de vous raser. »

« Mon dieu, comme c’est brillant !» dit Holmes. «Je ne savais pas, Watson, que vous étiez un si bon élève. Votre regard de faucon a-t-il détecté autre chose ? »

« Oui, Holmes. Vous avez un client du nom de Barlow, et n’avez pas eu de succès sur son cas ».

«Diable, comment avez vous su cela ? »

« J’ai vu le nom sur une enveloppe qu’il vous a envoyé. En l’ouvrant, vous avez poussé un grognement, avant de la fourrer dans votre poche avec un froncement de sourcils ».

« Admirable ! Vous êtes effectivement très observateur. Encore autre chose ? »

« J’ai bien peur, Holmes, que vous vous adonniez à la spéculation financière. »

« Et cela, comment pouvez vous le dire, Watson ? »

« Vous avez ouvert le journal, regardé la page économique et eu une exclamation d’intérêt ».

« Ma foi, c’est très subtil de votre part, Watson. Une nouvelle déduction ? »

« Oui, Holmes. Vous avez mis votre manteau noir, et non votre robe de chambre. Cela prouve que vous attendez une visite importante d’un instant à l’autre. »

« Rien de plus ? »

« Je ne doute pas que je pourrais trouver d’autres éléments, Holmes, mais je ne vous donne que ces quelques la, afin de vous montrer qu’il y a d’autres personnes que vous dans le monde à pouvoir être aussi habiles.

«Mais certaines ne le peuvent pas», dit Holmes. «Je dois bien avouer que peu sont dans cette situation, mais j’ai bien peur que vous n’en fassiez partie, mon cher Watson. »

« Que voulez vous dire, Holmes ? »

« Eh bien, mon ami, j’ai le sentiment que vous déductions n’ont pas été aussi heureuses que ce que j’aurais souhaité. »

« Voulez vous dire que je me trompais ? »

« Oui, j’en ai peur. Reprenons tous les points dans l’ordre correct ; je ne me suis pas rasé car j’ai envoyé mon rasoir pour se faire aiguiser. Me voici en manteau pour un rendez vous matinal avec mon dentiste. Son nom est Barlow, et la lettre que vous voyez la me confirme le rendez vous. Dans le journal, la page à propos du cricket est juste à coté de l’économique, et je vérifiais si l’équipe de Surrey avait tenu face à celle de Kent. Mais continuez, Watson, continuez ! Mes tours sont vraiment très superficiels, et il n’y a aucun doute qu’un jour prochain vous saurez comment faire.

 

Cette histoire fut écrite par Conan Doyle à l’occasion de la création de la Queen’s Dolls’ House, en 1923. Le texte original est rédigé sur un livre de la taille d’un timbre, d’une écriture manuscrite.



disparaître pour apparaître

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23/10/2012

de la parole

 

 " Je cherche mon patois personnel, tout est là."

- Fred Griot -

 

Peux-tu?

Peux-tu me vendre l'air qui passe entre tes doigts

et fouette ton visage et même tes cheveux?

Peut-être pourrais-tu me vendre cinq pesos de vent,

ou mieux encore me vendre une tempête?

Tu me vendrais peut-être

la brise légère, la brise

(Oh, non, pas toute!) qui parcourt

dans ton jardin tant de corolles,

dans ton jardin pour les oiseaux,

dix pesos de brise légère?

 

Le vent tournoie et passe

dans un papillon.

Il n'est à personne,

à personne.

 

Et le ciel, peux-tu me le vendre?

Le ciel qui est bleu par moments

ou bien gris en d'autres instants

une parcelle de ton ciel

que tu as acheté crois-tu, avec les arbres

de ton jardin, comme on achète le toit avec la maison?

Oui, peux-tu me vendre un dollar

de ciel, deux kilomètres de ciel,

un bout, celui que tu pourras, de ton ciel?

 

Le ciel est dans les nuages.

Les nuages qui passent là-haut ne sont à personne, 

à personne.

 

- Nicolas Guillén -

 

 

21/10/2012

L'enterrement (Festen... la suite)

 

Je viens de voir la pièce "L'enterrement ( Festen... la suite)". J'en suis sortie en larmes. Je m'y attendais! Je savais parfaitement qu'un tel sujet ne me laisserait pas insensible quoique l'auteur ai choisi de me dire. C'était pire encore que ce que j'imaginais. Au départ, ça commence léger, pour tout ceux qui ont vu Festen, on replonge dans l'atmosphère du film et vite des images viennent à l'esprit même si ça n'est ça n'est que suggéré par un truchement cinématographique. Tout de suite on y est.  Un à un les personnages reviennent: Christian, le fils violé, marié à Pia, la serveuse de l’hôtel paternel. Son frère Michael et sa nouvelle épouse, Sofie, qui ignore totalement l’histoire tragique de la famille. Helene, la sœur, sorte de régulateur agressif des relations joué par une Mathilda May déchaînée et Else, la mère, presque absente à elle-même, évanescente. Kim, le cuisinier, qu'on retrouve avec bonheur et Henning, le fils de Michael, douze ans, fragile. La famille semble apaisée et la pièce s’égrène sur le mode de la comédie, avant de basculer violemment dans la tragédie. J'ai entendu à la fin de la représentation derrière moi des " ça commence à bien faire, trop c'est trop, c'est abuser..." Moi j'étais scotchée par la cruauté de l'après proposé par Thomas Vinterberg et Mogens Rukov. Après la mort du père, qu'allait-il donc se passer? Après la mort du mien que va-t-il se produire? Sans doute pas ce que je viens de voir, Dieu soit loué parce qu'il n'y a pas eu après la révélation des faits tant de distance mise entre les protagonistes mais une réelle volonté d'en découdre et de faire autrement. "L'enterrement" est pourtant réaliste, il tient compte de tout ce que j'ai pu apprendre sur le sujet, de ces fantômes qui errent dans les familles, de ces putains de loyautés et de ce malheureux et infernal piège de la répétition. J'en ai le sang glacé tant c'est justement rendu dans cette pièce. Les acteurs donnent tout, ils vivent de l'intérieur ce drame humain poignant et arrivent parfaitement à rendre ce qui se passe dans ce genre de dramatrugie familiale obscène. Samuel Le Bihan en Michael, le fils à priori épargné est exceptionnel, Pierre Cassignard poignant dans le rôle de Christian l'abusé abuseur à son tour, Mélanie Doutey qui joue Sofie est un feu-follet dans cette sinistre histoire et Caroline Proust est une Pia renversante de sincérité." L'enterrement" a le mérite de parler de sujet plutôt tabou et plutôt délicat à aborder, il le fait avec intelligence,humour et humanité, ça n'est pas "trop", bien au contraire. C'est courageux et brillant. Et ça met en lumière à quel point l'inceste est destructeur, cruel, ravageur pour les individus et à quel point aussi la révélation de l'inceste au sein de la famille ne suffit pas pour en éradiquer les effets au coeur même des individus. Je le sais. Je l'ai vécu. Je le vis encore. Le jour où comme dans cette pièce nous aurons à vivre mon frère, ma soeur, ma mère et moi, l'enterrement de notre propre père comme ce que nous avons eu à vivre à l'enterrement du père de notre mère, nous mesurerons, je crois combien nous avons encore à faire pour protéger nos enfants de cette folie et pour sortir libre enfin de cet affreux piège dans lequel nous sommes tombés petits. Daniel Benoin, merci!

 

Aujourd'hui, 15 heures, théâtre du Rond-Point

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15/10/2012

à propos d'helenablue

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- Oeuvre de Christiane Semmler -


Quand j'ai commencé ce blog, il y a plus de quatre ans, je ne savais absolument pas ce qui m'attendait. J'ai commencé timidement à parler de ce qui m'était le plus à portée, mes états d'âmes, mes goûts, mon amour de l'art, de la poésie, de la littérature, de la psychologie. J'ai très vite pris goût aux échanges et souvent il s'en passait plus dans les commentaires que dans ce qui apparaissait évident à l'écran, et j'ai fais des rencontres, de belles, de merveilleuses rencontres. Je suis allée jusqu'à rencontrer de chair ces fameuses rencontres et j'ai tissé des liens solides et indéfectibles qui sont importants et vitaux pour moi. Au fil du temps, cet sorte de "dernier salon où l'on cause" a changé d'orientation malgré moi et à mon grand dam. De plus en plus de gens viennent me lire, de moins en moins rentrent en contact, réagissent, s'expriment. Ne suis-je donc plus si accueillante, est-ce faute de temps, ce lien particulier qui pouvait faire qu'en confiance beaucoup d'entre vous avait envie d'un peu se dire est-il rompu, la magie de ce lieu cesse-t-elle d'opérer? Est-ce que je vous effraie? Je suis bien triste de devoir me rendre à cette évidence que je n'ai pas pu garder vivante cette qualité relationnelle avec le monde. Dans mon métier, je croise pourtant beaucoup de gens, et je tisse des liens puisssants avec certains d'entre eux. Ils sont d'une autre nature. C'est bien rare que je leur ouvre mon coeur et que je leur parle comme je peux le faire ici; c'est plutôt eux qui ouvrent le leur. Certaines interactions cependant se mettent en place, et je découvre alors d'autres facettes de la vie de quelques uns juste parcequ'ils viennent me lire ici. Pourquoi un blog, pourquoi écire, pourquoi ce besoin d'être lu et plus encore ce besoin de savoir ce que provoque chez l'autre ce qu'on écrit, ce besoin d'entrer en contact avec l'humanité? Je ne sais pas comment et pourquoi ce besoin est né en moi ici. Mais il est là, bien vivant et demande sa dose. Sa dose d'interactivité. De réciprocité. Pour avancer, pour élargir son champ de pensée, pour ouvrir davantage son coeur, son esprit, son horizon. Pour voyager de tête en tête. Pour fabriquer une matière grise commune, pour réfléchir, pour se renouveler, pour grandir. J'ai toujours pensé et je le pense tous les jours qu'il y a plus dans deux cerveaux que dans un, que la somme des deux fait forcément plus que leur addition mathématique, qu'il y a émulation à entrechoquer ses idées, à les défendre, à les confronter, à les sentir proches de celles d'autres pensées. Que prendre le risque d'échanger, de pas être d'accord ou à l'inverse de l'être est source. C'est ce que je voulais arriver à faire, à créer, un endroit particulier où se fabriquerait de la pensée en dehors de nos vies saccadées et pleines qui parfois nous laisse un peu vidés sur le bas-côté. Helenablue n'a pas fini de m'étonner mais je suis vraiment blessée de n'avoir pas réussi à vous convaincre de la richesse qu'on peut produire ensemble entre nous.


14/10/2012

pour l'amour des mots

Suite à la brillante note de Venise sur son amour des dicos, j'ai eu envie d'ouvrir le grand Petit Robert que je me suis offert l'année dernière, édition 2012. Je n'avais pas mis mon nez dedans depuis un bail et c'est avec un ravissement renouvelé que j'ai une fois de plus découvert quelques mots comme: épaufrer, mulard, ripaton, slurp, smack, smalt, sucrate, sucrine, tue-diable, youyouter. J'ai eu un plaisir fou à retrouver: éperdument, riquiqui, tournebouler, vitupérer, chamade, douceâtre, fastoche, heaume, merdouiller, meringuer, mignardise et n'en suis pas revenue d'y lire sinoque. Un véritable coffret de trésors. L'autre jour dans une conversation, j'ai employé le mot dithyrambique, provoquant la consternation de mon interlocutrice. "Dithyrambique, ça veut dire quoi?". Il y a comme ça des mots qu'on possède en soi sans se souvenir de comment ni du pourquoi. On les sait et on en use alors qu'autour de nous personne ne les emploie. C'est marrant, j'aime ces mots là, ils sont comme un trait de personnalité, ils marquent l'imaginaire, comme quand j'entends parler mes amis québécois faque j'ai découvert un faq dans le petit robert qui désigne la rubrique d'un site web regroupant les questions les plus fréquement posées en cherchant si le faque québécois pourrait s'y retrouver sait-on jamais! J'espère n'être pas trop fourrante, là je focaille un peu, je sais pas trop où tout ça va me mener. Si ce n'est que ça titille et que le sentiment que j'éprouve à l'orée de tous ces mots est proche de la gourmandise mêlée à ce délicieux plaisir d'y goûter, un plaisir plus que proche de celui de la cuisine. Tous ces ingrédients à portée, tous ces mélanges à créer, toutes ces recettes qui réveillent nos souvenirs et fabriquent ceux de l'avenir. J'encourage encore et toujours mes fils à ne pas appauvrir leur vocabulaire et surtout à ne pas perdre la manière de l'écrire. Avec cette nouvelle génération d'écriture simplifiée, ce nouveau langage sms, je crains que ne se perdent l'usage et la beauté des mots. Je ne sais pas vous mais j'ai mal aux yeux et aux oreilles quand je lis sur mon portable koi, jamé, grav, eske, quoique mis bout à bout comme ça, c'est presque poètique, les G à la place des j'ai, Ght, Ttf, Ic et j'en passe. Parfois je n'y comprends goutte, je dois avoir 1 QI d'8 tre et un manque de pratique c'est certain puisque je fais bien attention à l'inverse quand j'envoie un mesage de l'écrire dans un français chiadé. Parfois on me trouve vieille-France alors que ça n'est que par amour des mots que je prends le temps d'écrire: Qu'est-ce qui a embelli ta vie aujourd'hui? plutôt que: KwaD9. Et que même si biz, blem et je t'm ne me déplaisent pas, je leur préfère baisers, ennuis et je t'aime tout en entier. Tiens faribole, je l'avais oublié celui-là. Frimousse, fric-frac, fricoter... Trop de la balle! Il fait une grisaille humide aujourd'hui dehors, vais me mettre devant un bon feu dans la cheminée et continuer ma ballade aventurière avec Robert, me faire la belle pour l'amour des mots...