23/02/2015
Voyage d'amour
J'aime m'endormir à l'ombre d'un arbre mûr, manger des frites avec mes doigts, sa présence, le doux son de sa voix grave.
J'aime quand le jour tombe, le bruit d'un pipi d'eau, le grondement de la vague, son odeur après l'amour.
J'aime les voyages, tous, les petits, les grands, les courts. J'aime quand son regard se pose sur moi et qu'il me dit qu'il a envie.
J'aime le bon vin, la terrine de lapin, les épices, le pain bio, l'amaretto, son sexe chaud, la volupté, la puissance, le contact de nos peaux, sa main entre mes cuisses, la confiture de myrtille, le miel, les framboises, le grand ciel, remplir d'air mes poumons, le poisson, gémir, jouir.
J'aime aussi les ballades dans les rues de Paris, de Rome, de New-York, Londres, Syracuse, les ballades pieds nus sur le sable, les ballades en montagne, en forêt, sur le lac, en pleine mer, les ballades nocturnes, l'été, l'automne, l'hiver, les printanières. J'aime l'attendre...
J'aime qu'il me déshabille. J'aime être nue, partout, là, là , là et dans ses bras.
J'aime le bleu, les pâtes, mes cheveux, Nicolas de Staël, la beauté des femmes, l'Afrique du Nord, la noire, les rythmes, les mots, la musique, les folies, l'imprévu, l'aventure. J'aime que ça dure...
J'aime penser à tout et à rien, suivre mon corps, suivre le sien... Me retrouver loin, loin, loin...
J'aime aimer, j'aime l'amour, j'aime faire l'amour, j'aime toujours tous les jours, j'aime cette vie qui anime mon corps, mes sens et mon esprit.
J'aime goûter, vibrer, écrire.
J'aime ressentir.
Il fait toujours beau au-dessus des nuages...
09:47 Publié dans écriture | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : écriture, voyage, amour, partage, humain
13/02/2015
No Thing
23:16 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : art, film, laure kalangel, écriture, partage, humain
06/01/2015
Vérité vraie
07:34 Publié dans art de vivre | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : art, art de vivre, peinture, écriture, partage, humain
04/01/2015
2015
- Mon père et moi, il y a 20 ans -
J’avais l’intention de faire mes résolutions pour 2015, et mon fils me dit que pour les siennes c’est plié, il n’en a pas. Je lui suggère que de ne pas en avoir c’est une manière d’en avoir au fond, mais bon.
Me concernant, bien que sachant que c’est un exercice étonnant voire perdu à l’avance, je m’en moque, j’aime bien cette idée qu’on se pose pour réfléchir et voir et construire, démolir, reconstruire, avancer.
Mes résolutions pour 2015 sont simples, a priori. J’envisage d’être plus sage, ça n’est pas tout à fait vrai mais pour la rime c’est parfait, parce qu’en fait, non, je n’envisage pas du tout d’être plus sage mais d’être plus moi-même. C’est bon. J’ai donné. J’ai œuvré. J’ai fait ma part pour les loyautés familiales, maintenant, je veux vivre ma vie. C’est simple et compliqué, mais c’est ma résolution depuis des années et plus que tout cette année. Nouvelle vague...
18:31 Publié dans art de vivre | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : art de vivre, blog, écriture, rencontre, partage, humain
21/12/2014
Rencontre
- Blue Ingrid - Ashley Létan -
Certaines œuvres d’art sont de véritables rencontres… Comme une évidence, elles résonnent en nous, comme si une partie de soi jaillissait en miroir devant notre regard. C’est parfois très troublant. Je me souviens très bien de cette exposition de Françis Bacon au centre Pompidou en 1996, une grande rétrospective de son œuvre, l’émotion que j’ai ressentie alors fut tellement forte que je me suis évanouie. Avec le recul, je crois que j’y retrouvais trop ma part d’ombre et de souffrance et qu’à l’époque alors, je ne pouvais pas l’endiguer. Troublant aussi ce que j’ai éprouvé au Tate Modem, douze ans après devant la magnifique mise en scène des tableaux de Rothko, une sorte d’apaisement profond, un accès à ma spiritualité, une inspiration qui depuis ne m’a plus jamais quittée et qui est chaque fois réactivée quand je croise ou visionne un de ces tableaux. Ces deux exemples comme deux points d’orgue dans mon existence mais tant et tant, et toujours et encore, chaque fois renouvelée cette délicieuse sensation d’avancer, d’apprendre à me connaître, de découvrir, de communier, d’être en relation avec l’humanité tout entière, c’est très stimulant et renversant à la fois et j’ai besoin de ça. Alors je ne cesse de croiser sur mon chemin des toiles, des sculptures, des photographies, parfois même je me surprends à éprouver devant de l’inédit, de l’imparfait. Je ne sais pas parler de la peinture techniquement et à dire vrai ça m’est égal de savoir le pourquoi du comment, ce qui me plait c’est l’émotion que me procure ce genre de rencontre. Hier soir, c’était cette toile, d’Ashley Létan.
11:19 Publié dans art, écriture | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : écriture, peinture, rencontre, émotion, partage, humain
20/12/2014
en mouvement
- Photo Kerstin Kuntze -
Parfois on se sent plus vulnérable et alors tout nous touche plus directement, un geste de la main, un mouvement d’épaule, un mot, un ton, un croisement de regard, une rencontre. C’est bon de ne pas toujours être fort, campé sur ses convictions. C’est bon de laisser le possible s’infiltrer même si on sait qu’il va forcément nous changer imperceptiblement mais pourtant sans détour. A force de se protéger de tout et de ne pas s’ouvrir à l’autre, s’empêcher d’explorer, on s’assèche, on se pense trop le nombril du monde, on ouvre plus ses écoutilles et on ne progresse plus. Vivre, c’est se risquer, se frotter, s’aventurer… Parfois on se sent plus vulnérable, on est juste plus vivant...
07:07 Publié dans écriture, photographie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : écriture, photographie, émotion, changement, partage, humain
18/12/2014
Femme-paysage
« Il y a deux sortes de femmes. La femme-bibelot que l'on peut manier, manipuler, embrasser du regard, et qui est l'ornement d'une vie d'homme. Et la femme-paysage. Celle-là, on la visite, on s'y engage, on risque de s'y perdre».
- Michel Tournier -
13:24 Publié dans érotisme, poésie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : poésie, érotisme, écriture, partage, humain
13/12/2014
" Un sport et un passe-temps "
Je ne sais plus si j’étais dans le train à l’aller ou celui du retour, je fais tellement souvent ce trajet entre Lille et Paris que parfois j’en oublie le quand du comment, il fait noir quand je pars et nuit quand je reviens, pas facile alors de fixer sa mémoire. Cependant ça devait être un soir, à peine cinq minutes après le départ, j’ai été fascinée de voir tous s’endormir, épuisés sans doute de leur journée dans la capitale.
Ce jeune homme au bonnet vert qui piquait du nez dans le livre d’Attali, "Devenir soi", son voisin les yeux fermés qui semblait pendu à ses écouteurs dorés deux fois plus gros que sa tête, cette jeune fille, si jeune, à la peau diaphane préraphaélite, une longue chevelure blond vénitien et une bouche ourlée gourmande rouge vermillon qui appelait le baiser et qui au milieu de ce visage de belle au bois dormant était troublante d’indécence et enfin, juste en face de moi, luttant contre le sommeil mais ne pouvant pas lui résister, un homme, d’une bonne cinquantaine d’année, dégarni, des lunettes raffinées sur le nez, en écaille ou en bois, de créateurs en tout cas, deux bagues au doigt, un pull gris en cachemire, un tee-shirt en camaïeu dessous, jeans bruts, tentant de maintenir sa tête entre sa main accoudée à la vitre du train, et quelle main ! Immense, fine, soignée qui aurait pu, pensais-je en souriant intérieurement, me prendre les deux seins d’une poigne.
J’entrepris d’ouvrir et de commencer mon livre de James Salter, "Un sport et un passe-temps". Il m’avait pourtant dit de ne pas lire ce livre dans le train, de plutôt le savourer au calme une fin de journée mais, dans ce train endormi, ambiance surréaliste, il m’apparut alors que ça pouvait être le bon moment.
"Septembre. Il semble que les journées lumineuses ne finiront jamais…"
09:46 Publié dans écriture, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, écriture, émotion, partage, humain
07/12/2014
Indécrottable
- Photo Leszek Paradowski -
« Pourquoi est-ce que tu continues à croire que ça puisse servir d’écrire ainsi sur ton blog ? Que crois-tu découvrir, que crois-tu apporter, est-ce que tu crois vraiment qu’ils sont nombreux à venir te lire ? Personne n’en a rien à foutre de rien. Pourquoi tu perds ton temps à ça ? Tu ne vois donc pas le nombre d’heures que tu passes à mettre en place, à t’exprimer, à partager ce qui te touche, t’émeut, te bouleverse. Tu devrais arrêter et, je sais pas moi, aller courir, faire un footing, t’oxygéner, prendre l’air, t’inscrire à un club de sport, t’occuper de ton corps… »
Je m’occupe de mon corps, j’ai pris un long bain d’une heure ce matin en écoutant le trio Joubran. Je m’occupe de mon corps, hier soir je l’ai posé devant un feu de cheminée en découvrant un bon vin californien et en me régalant d’un chili con carne. Je m’occupe de mon corps, chaque jour je l’étire, j’esquisse des pas de danse et j’ouvre grand ma respiration pour me sentir aérée. Je m’occupe de mon corps, qu’est-ce que tu racontes, et je m’en occupe aussi en le nourrissant de mots, de poésie, de peinture, d’amitiés et d’espérance. Je blogue parce que j’aime cette idée d’offrir et de partager et parce quoique tu en dises, je ne perds pas mon temps, au contraire, je gagne en sensibilité, je gagne en qualité d’écoute, je gagne en confiance en l’humain…
« Arrête ! L’humain !! C’est bien toi, ça, croire en l’humain ! Mais regarde un peu comment fonctionne le monde. Regarde un peu ce que « l’humain » fait, détruit, empoisonne, façonne ! Tu trouves ça beau, tu trouves que c’est utile ta petite voix dans l’ombre… Tu es vraiment trop bête, c’est pas possible ! »
Peut-être, peut-être en effet que ça ne sert pas des masses, peut-être que de voir et partager la beauté, la rose dans le fumier, peut-être que c’est une démarche inutile, obsolète, stérile. Mais je n’en suis pas persuadée. Parce que si je « m’introspecte », à moi, ça me fait du bien d’entendre, de sentir, d’appréhender, de croiser, de palper la beauté, de la lire, de l’échanger…
« Tu es indécrottable ! «
12:21 Publié dans écriture | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : écriture, blog, réflexion, partage, humain
03/12/2014
Truth
00:28 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, écriture, poésie, découverte, émotion, partage, humain
02/12/2014
Il est tard
- Sarah Key -
A force d’avoir l’air de quelqu’un qui va bien, qui encaisse tout, qui entraîne, qui supporte, qui envisage des solutions, qui ne baisse pas les bras et qui croit toujours possible un autre moyen de voir, une extrapolation, une extra-solution, je me retrouve bien seule quand ça ne va vraiment pas. Pourtant je sais que je ne le suis pas, que sont là autour de moi les gens qui m’aiment et pensent à moi, et merde. L’injustice est au-dessus de mes forces, je ne la supporte pas, je suis désarmée devant elle, je n’ai pas appris, pas pu, pas su comment faire. Et je reste une espèce d’handicapée face à elle. Une ultime épreuve ? Je souris au travers de mes larmes, je ne vois plus clair tant je mouille mes lunettes de vue, c’est con, c’est stupide, c’est idiot et ça ne sert à rien de me lamenter, à rien de soupirer, à rien d’attendre un miracle. Je ne sais pas comment font les gens victimes d’injustices notoires, comme je ne sais toujours pas comment j’y arrive moi-même, je n’ai pas les moyens d’analyser d’où me vient l’énergie pour faire face et faire front. Mais je souffre. Je doute. J’hurle en moi-même. En silence. C’est affreux. Il me faudrait un gun, une batte, un poing fort, une prise, un moyen pour faire sortir cette rage, cette douleur. Et ce sont les mots, là, juste les mots qui pissent le sang à ma place, les mots qui tuent, qui remplacent, qui sauvegardent, qui m’apaisent. Mes mots ne me jugent pas, ils me prennent comme je suis, ils sont entiers, ils sont fervents, ils sont mes amis, mes confidents, mes alliés, mes mots gagnants. J’ai envie de traverser l’écran et envahir l’espace de mots terrifiants et tendres, de mots cruels et aimants, rock’n’roll, de mots, de maux, de poésie, d’aphorismes, d’appréhension, d’avenir, d’orientation, de rimes et de j’aime.
« Parfois, depuis qu’il avait commencé à vivre librement, Abel s’était demandé à lui-même : « Pour quoi ? » La réponse était toujours la même et elle était aussi la plus commode : « Pour rien ? » Et si la pensée insistait : « Ce n’est rien. Comme ça, ça vaut pas la peine », il ajoutait : « Je me laisse aller. Ca doit quand même mener quelque part. »
C’est bizarre d’ouvrir ainsi un livre par hasard et de tomber sur un passage qui d’un seul coup vous calme. Pourquoi ce livre de José Saramago, " La lucarne ", pourquoi celui-là et pas celui du dessus, " Lâchez-moi ! " d’Hampton Hawes avec Don Asher ou " Le manipulateur " de John Grisham ou encore " La folie privée ", psychanalyse des cas limites, d’André Green ? Tout n’est pas explicable. Le sourire me revient en voyant la tranche du livre d’Annie Ernaux, " Ecrire la vie ".
Je me calme, doucement les choses reprennent leur place initiale. L’angoisse semble s’affaisser et le cœur se dégonfle, je cesse de pleurer. Je me trouve presque ridicule face à moi-même. Vais-je céder au désespoir ? Vais-je offrir ce pouvoir à autrui de m’abattre, comme ça, à petit feu, subrepticement. Non. C’est pas tant me battre qui me botte, c’est ne pas laisser les choses décider à ma place. C’est être agissante, actrice, vivante, plutôt que victime non-consentante d’un destin qu’on m’écrirait. Peu m’importe de déplaire ou plaire, peu m’importe ce qu’il me coûte d’être, pas grave de me brûler les ailes un peu au gré de rencontres et d’obstacles, mais pas qu’autrui me les déchire. Comment fait-on pour ne pas tuer celui qui vous assassine ? On anticipe, on se prépare, on se munit, on s’arme, on s’assagit, on réfléchit, se réfugie, s’inspire, se régénère, s’ouvre l’esprit.
« Est-ce que j’ai pleuré ? J’ai évacué un flot de sel, le sel de ces sardines, mon unique nourriture depuis des jours. Les avions n’arrivent plus à m’effrayer, pas plus que l’héroïsme ne réussit à m’animer. Je n’aime personne, je ne hais personne, je ne veux personne. Je suis sans passé ni avenir. Sans racine ni branches. Seul comme cet arbre abandonné sur un rivage ouvert au vent du large où se déchaîne la tempête. Je ne peux plus avoir honte des larmes de ma mère, frémir à la rencontre de deux rêves, nés au même instant, d’une même aube… »
Les mots de Mahmoud Darwich, les mots d’une mémoire pour l’oubli, les mots qui recueille les fragments d’un passé éclaté et témoignent de l’inévitable travail de deuil, m’apaisent encore d’un cran. Et j’ouvre au gré de mes gestes amples au sein de mes étagères pleines à craquer de bouquins : " La difficulté d’être " de Jean Cocteau et d’un seul coup, c’est étrange de merveille, je me sens mieux, pas moins triste, mais beaucoup mieux, moins empoisonnée, plus en paix .
« La haine m’est inconnue. L’oubli des offenses est chez moi si fort qu’il m’arrive de sourire à mes adversaires lorsque je les rencontre face à face. Leur étonnement me douche et me réveille. Je ne sais quelle contenance prendre. Je m’étonne qu’ils se souviennent du mal qu’ils m’ont fait et que j’avais oublié. »
00:29 Publié dans écriture, état d'âme, fragments | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : écriture, fragment étatd'âme, partage, émotion, humain
23/11/2014
Dans l'au-delà
22:52 Publié dans écriture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, écriture, catherine major, poésie, partage, humain
Laure est de retour...
19:16 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : blog, écriture, amitié, expression, partage, humain
18/11/2014
Trop sensible
On pense toujours qu’on a réussi à cautériser ses anciennes blessures, on se dit que c’est bon, que la résilience est faite et que tout cela n’est plus qu’un vieux mauvais souvenir. C’est vrai, en partie. Parce que même si la mémoire fait le tri, même si je ne pense pas tous les jours à ce qui s’est passé, Dieu soit loué, même si je sais en conscience que j’ai pu m’extirper de toute cette histoire qui est mienne et que j’ai pu tout de même conduire ma vie pour en être où je suis, je dois bien reconnaître que je suis rattrapée, parfois, par mon petit cœur altéré, ce petit cœur de la petite fille que j’ai été ou que je n’ai pas pu être. Ce matin, en visionnant cette courte vidéo qu’a entrepris ce papa de sa fille pendant ses quatorze premières années, j’ai pleuré. Pleurer ne m’est pas étranger, bien au contraire, je me demande d’ailleurs toujours comme le corps fait pour toujours fabriquer encore et encore des larmes alors que j’ai tellement eu souvent l’impression d’avoir épuisé mon quota, là, ça n’était pas des larmes ordinaires, elles étaient plus salées, plus difficiles à tomber, plus intérieures je dirais, plus profondes, des larmes qui venaient de loin, des sortes de larmes de rage mêlée de tendresse, des larmes anciennes. Quoiqu’il en soit, et quoi que je veuille, je ne pourrais pas changer ce passé compresseur et assassin mais je peux continuer, continuer à me battre pour plus d’humanité et continuer à croire en la capacité qu’à l’être humain a devenir meilleur. Désolée, il fallait que ça sorte par les mots, il fallait que j’en parle, je serais toujours, à vie, trop sensible, c’est certain !
12:20 Publié dans fragments | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : fragments, histoire, enfance, émotion, écriture, partage, humain
16/11/2014
Pavane
Hier matin, une fois de plus en route vers la vieille ville, j’écoutais en voiture "Pavane pour une infante défunte", il pleuvait un peu… Arrêtée au feu, je regarde distraitement dans mon rétroviseur, la musique du piano tendre et profonde emplissait mon cœur de bonheur, je me suis dit : « C’est un bon jour, tu écoutes ce morceau de Ravel et tu n’es pas triste du tout. » D’un seul coup mon regard fut arrêté par l’image que me renvoyait le petit miroir rectangle, une jeune femme dans la voiture derrière moi se remaquillait les cils d’un geste gracieux. Elle avait une manière si délicate de courber sa main, une façon si calme de tendre son cou, un mouvement presque dansant de porter son corps pour se voir de plus près que j’ai été émue. « Dieu, qu’elle est belle ! », me suis-je dit, « Dieu que les femmes sont belles ! » J’ai redémarré, différente de la minute d’avant, et j’ai continué à regarder avec cet œil là ce qui se passait autour. Cette femme m’avait en un petit balancement tout simple sensibilisée, mon regard est resté ainsi toute la journée et je me suis surprise à être attentive à ce que Guillaume Galienne évoque dans son film, "Guillaume et les garçons à table" : le souffle des femmes, leur gestuelle, leur manière d’être dans l’espace, le jeu de leurs prunelles, leurs sourires, leur tendresse, la sensualité de certains de leurs gestes. Dans mon métier, j'en croise beaucoup. Je me suis régalée. Les femmes, sans forcément en avoir conscience sont emplies de beauté…
12:17 Publié dans écriture | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : écriture, émotion, beauté, musique, partage, humain
09/11/2014
Être
Il faut que je vous parle d’un truc un peu dingue qui me gagne en ce moment. Je me découvre un être qui jusqu’à présent m’était éloigné, un égo peut-être, en tout cas une sorte de présence à la vie que je ne m’étais jamais permise. L’âge, la maturité, un rubicond de plus que j’aurais franchi, une frontière que j’ai démise, un mur que j’aurais fait tomber ? Me concernant, concernant ce parcours du combattant, j’évite souvent et surtout d’exprimer mon allégresse et mon énergie retrouvée, parce que je sais qu’inéluctablement elle arrive pour faire face à d’autres tourments, d’autres vérités, et d’autres traumatismes d’enfant. Néanmoins, j’en profite, je profite d’être en contact avec moi, avec la petite fille, l’adolescente, la femme que je suis et je m’émerveille de pouvoir encore m’émerveiller malgré tout, d’avoir ainsi pu préserver mon intégrité et mon plaisir et mes désirs. J’ai presque cinquante ans et j’ai le sentiment que pour les choses de l’amour j’en ai quinze, treize, un peu plus un peu moins, en tout cas je découvre et c’est incroyable… Il y a le cérébral, l’intellect, là, tout est sans limite et puis, il y a le réel, la chair, les sentiments et là, tout est plus tangible, fragile, magnifique. « Nous sommes faits d’enfer comme de ciel », nous sommes fait surtout de chair et de pensée, de cœur et de volonté, d’attention, de regard, de poésie et d’injonction, de cadre, d’envie. « J’avance dans l’hiver à force de printemps », c’est un propos du Prince de Ligne, oui. C’est l’automne sur le calendrier et pourtant dans tout mon être en émoi, c’est l’été…
16:20 Publié dans état d'âme | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : état d'âme; parcours, ressenti, émotion, partage, écriture, humain
03/11/2014
Un demi-siècle ! Bon anniversaire Christian !
Mon Grand, aujourd’hui c’est le jour de ta fête, 50 ans, un demi-siècle. On a toujours ri, souviens-toi, du fait que tu étais plus vieux que moi, d’un peu plus de trois mois, ça fait quand même un sacré paquet d’heures, n’est-ce pas ! Une fête, ça se fête.
Alors, après avoir hésité entre une soirée à Montréal avec tes potes et potesses, te faire venir ici dans mon petit Nord, te faire une tarte aux pommes et souffler des bougies et je ne sais quelle autre idée qui m’est passée par la tête, j’ai opté pour une surprise tribale et scripturale.
Voilà, Christian, les cadeaux de personnes qui t’aiment tel que tu es. La doxa n’est pas toujours tendre avec toi, mais elle est comme tu as bien voulu qu’elle soit, ton talent d’écrivain est incommensurable, les qualités de l’homme prêtent souvent à discussions, comme Picasso, tu suscites des passions…
Je te connais, notre correspondance intense m’a appris à te découvrir et à apprécier ton immense sensibilité et ton inépuisable générosité. Ces nuits que tu as passées à me soutenir, à m’encourager, à me remuer ! Te souviens-tu de cette fameuse où tu m’as veillée à distance parce que j’avais une rage de dent à se taper la tête contre les murs et que tu as tout fait pour m’en détourner en me faisant rire, rire à en pleurer ?
Ton amitié est un bien précieux.
Black Angel, je te souhaite, c’est un vœu pieu, un autre demi-siècle et je nous souhaite encore beaucoup d’émotions, de partages, d’écriture et d’aventures étonnantes comme celle qu’on a déjà vécues ensemble.
« Quand j’aime un jour j’aime pour toujours ». Je t’aime Christian Mistral. Ta Blue
- Photo Guillaume Pâquet -
« J'aime Christian Mistral de tout mon diablotin et saugrenu de cœur, mon authentique cœur. Qu'aurais-je d'autre à dire ? »
- Guillaume Lajeunesse (Vieux G) -
(Avec gros clin d’œil à Gatsby – rémanence inattendue d’une improbable game de bowling…)
- Michel Plamondon ( le Plumitif ) -
C'est difficile pour moi d'écrire depuis un certain temps, mais si l'effort d'une prise de parole pour moi-même présentement me rebute, je peux en fournir un pour Mistral.
Comme, sans doute, tous ceux qui lui sont ou ont été proches, j'ai été testé, brassé de la cage, évalué avec soin, et choisi, intégré, puis encouragé et défendu.
C'est après avoir lu Christian Mistral et Louis Hamelin au début de la vingtaine que je me suis vraiment mis à commencer à écrire pour vrai. J'étais déjà lecteur avide, j'avais eu un projet de grand roman de SF(!), j'avais pondu quelques textes pour m'amuser, mais c'est en découvrant ces voix, plus proches de moi que tout ce que j'avais pu lire, que j'ai commencé à avoir une idée de ce que pouvaient être un style, une voix, vivants, actuels et se développant dans des espaces propres à soi et une époque à laquelle on appartient, et qui nous appartient. Bref, de ce que pouvait être l'écriture.
Christian m'a poussé à y faire ma place. Pour l'instant, sur ce plan-là, je suis sur la glace. J'ai confiance d'y revenir tôt ou tard. Quoi qu'il arrive, mon amitié avec cet homme d'esprit à la volonté puissante et d'une rigueur incomparable à la plume dont, aussi bouillant puisse-t-il être, la loyauté est un exemple, a une grande importance dans l'histoire de ma vie.
- Sandra Gordon (Sandy) -
10:57 Publié dans amitié, Blog, écriture | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : anniversaire, christian mistral, amitié, écriture, photographie, partage, humain
26/10/2014
De l'imagination
« Tout le bonheur des hommes est dans l’imagination. » Cette phrase du marquis de Sade, ce matin, croisée au hasard de lectures variées, m’a interpellée. L’imagination, l’art de donner vie à ce qui n’existe pas, à ce qu’on désire voir se produire, peut-être, pas forcément, pas toujours, manifestation du visible à partir de l’invisible, moteur de l’inconscient, en elle se façonnent nos rêves, nos plans, nos projets, nos délires, nos fantasmes, matière sans limite, sans entrave, tout y est possible. Notre imagination s’alimente de notre vie et notre vie se nourrit de notre imagination. On peut s’étonner parfois des chemins qu’elle emprunte, elle peut être noire, cruelle, légère, jouissive, esthétique, excentrique… Elle a se pouvoir de voir ce qu’on ne pourrait voir autrement. « Les yeux de l’esprit ne commencent à être perçants que quand ceux du corps commencent à baisser », nous a dit Platon. Peut-on penser vivre sans imaginer ?
12:31 Publié dans écriture | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : écriture, imagination, réflexion, partage, humain
20/10/2014
23:59
Je viens de voir un sujet sur Winston Churchill à la télé. Il m’éclate, grave, cet homme me donne l’envie d’aller jusqu’au bout de mes idées. Chanel, me fait le même effet. Et George Sand, et Rothko, Rainer Maria Rilke, Hemingway, Mistral, Virginia, Camille, Simone, Véronique, Oscar… Comment savoir que ces idées que je pense miennes sont bonnes si je ne vais pas au bout et si je ne les mets pas en forme, en mots, en tout ?
23:58 Publié dans écriture | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art de vivre, e^tre, écriture, partage, réflexion, humain
15/10/2014
Niki au Grand Palais
Même si j’aime ses nanas, son monde onirique, sa manière de tirer sur ses toiles à la carabine, ses mariées, son rejet des institutions, de l’église, le portrait au vitriol de son père qui a abusé d’elle, son jardin, sa vision en grand, son élégance, son raffinement, ce n’est pas ça qui me touche le plus chez Niki, c’est elle. Femme. Fière. Fragile. Forte. Féminine. Farouche. Féline.
Une femme qui s’exprime, une femme qui s’émancipe, une femme qui ose, une femme qui parle, qui fait, qui met au monde des enfants et des œuvres d’art, qui aime les hommes qu’elle aime et qui aime les femmes, une femme qui aime les humains, la beauté, le monde, l’énergie, une femme qui chemine, qui comprend, qui s’insurge, qui se rebiffe, une femme qui parle en son nom, qui fait ce qu’elle dit, qui voyage, qui se remue, qui s’ouvre l’esprit, qui découvre, qui s’aventure. Une femme qui souffre, une femme qui vit, une femme qui crée, qui s’invente. Une femme, une amante, une mère, une muse, une enfant, une artiste.
Je suis sortie de l’expo de Saint Phalle au Grand Palais, ragaillardie, énergisée, plus femelle encore qu’avant d’y être entrée, et fière d’être femme, avec une énergie décuplée, comme si il me poussait des ailes, comme si de l’avoir rencontrée me permettait de prendre le relai. Non que j’avais besoin d’aide mais sans doute besoin à ce moment de ma vie, d’un petit coup de pouce, d’une sorte d’impulsion, d’une petite joute, au cas où j’aurais eu des velléités à me coucher et m’endormir.
Merci Niki. Merci la vie.
22:44 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : art, écriture, niki de saint phalle exposition, partage, humain