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07/01/2014

Être

La mort d'un être nous ramène à notre être vivant. Tant que nous sommes en vie, nous pouvons, nous oeuvrons, nous pensons, nous passons, nous investissons, nous faisons des plans sur la comète, nous exigeons, nous nous trompons, nous aimons, nous acceptons, nous essayons, nous nous pensons à l'épreuve du temps, cuirassés, armés, pensants, et nous oublions à quel point nous sommes fragiles, vulnérables, sensibles, humains. Notre vie en nous est notre seul trésor. Notre vie transmet, réconforte, permet, dans le meilleur de nous. Cultivons ce meilleur, c'est le meilleur qui puisse arriver à chacun d'entre nous. Mourir, c'est notre lot, pour certain trop rapide, injuste, inapproprié. Mourir, c'est notre finalité. Mais entre naître et mourir, il y a vivre, et là, on a tout à jouer ! Tout à penser, tout à écrire, tout à peindre, à chanter, danser, aimer, transmettre et réaliser, réaliser, aimer et vivre...

 

02/01/2014

Mémoires

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" Rappelons-nous nos beaux jours, les jours où nous étions gais, où nous étions plusieurs, où le soleil brillait, où les oiseaux cachés chantaient après la pluie, les jours où nous nous étions promenés dans le jardin ; le sable des allées était mouillé, les corolles des roses étaient tombées dans les plates-bandes, l'air embaumait. Pourquoi n'avons-nous pas assez senti notre bonheur quand il nous a passé par les mains ? il eût fallu, ces jours-là, ne penser qu'à le goûter et savourer longuement chaque minute, afin qu'elle s'écoulât plus lente ; il y même des jours qui ont passé comme d'autres, et dont je me ressouviens délicieusement. "

- Gustave Flaubert -



28/12/2013

Je me souviens

En parcourant ma Blue Sphère, je suis tombée ce matin sur cette note de François Bon, sur les je me souviens des je me souviens. D'abord interpellée par le titre qui m'a tout de suite ramenée au Québec que je chéris, j'ai eu envie en cette fin d'année de tenter l'exercice sur ces fameux souvenirs qui me viendraient spontanément concernant l'année qui vient de passer. Et puis je me suis dis que ça pourrait être un petit jeu bien sympathique à proposer à mes amis blogueurs et mes amis lecteurs, pour se dérouiller la mémoire... 

 

Sauriez-vous écrire dix à quinze de vos " je me souviens " de l'année ? 


 

- Je me souviens de mon émotion dense quand j'ai vu le court-métrage de Laure ce petit rien, émotion décuplée par le souvenir des émotions au tournage et au mixage.

- Je me souviens de François Jullien.

- Je me souviens des mojitos.

- Je me souviens de Guillaume et les garçons, à table !

- Je me souviens d'avoir été frappée par le rouge de la terre au Maroc.

- Je me souviens avoir pris la décision de ne plus regarder les infos à la télé tant elles me déprimaient.

- Je me souviens qu'au cours de ce dîner j'ai été surprise par notre intimité spontanée.

- Je me souviens m'être dit souvent, " ça " faut pas que j'oublie, et maintenant que j'essaie de m'en souvenir rien ne vient.

- Je me souviens m'être pété l'arcade sourcilière en dansant un rock trop endiablé avec mon fils qui m'a fait perdre l'équilibre et m'a envoyée me fracasser contre la table du salon, je m'en souviens bien, c'était avant-hier et j'ai aujourd'hui l'oeil façon Rothko !

- Je me souviens de la mort de Mandela et de ma peine quand ma belle-maman est partie.

- Je me souviens du jardin de Bomarzo et de ma lettre à K.

- Je me souviens de ce rêve incroyable où tout paraissait simple, facile et fluide et où je me suis sentie légère comme jamais dans ma vie.

- Je me souviens du bonheur d'avoir retrouvé une vieille amie pas vue depuis quinze ans.

- Je me souviens des Tontons flingueurs.

- Je me souviens avoir passé beaucoup de temps ici avec toujours ce même plaisir, renouvelé.

  

 

23/12/2013

Tisser le texte, habiter l'habit

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- Photo Herb Ritts -

 

" Tout vêtement parle des normes, valeurs et représentations qui fondent l’existence des sociétés comme des individus. Il met en scène le jeu du désir, entre dit et interdit, entre montré et caché, autour duquel se structurent les formes culturelles individuelles et collectives. 
Il est une médiation privilégiée non seulement d’une parole sur le corps mais d’une parole du corps à travers laquelle les sociétés comme les individus signifient ce qu’ils ont de plus socialisé et de ce qui leur est le plus intime. 
Des premières enveloppes vestimentaires du petit d’homme au linceul, le vêtement parle du rapport premier et élémentaire entretenu et tissé avec les forces de vie et de mort.

En fait notre époque redécouvre que les enjeux du vêtement sont multiples et complexes. Il appelle des regards diversifiés qui en respectent les zones d’ombres et de lumière. Et il est nécessaire de penser la complexité qui se dévoile quand ses enjeux ne sont pas trop aseptisés par les seules logiques fonctionnelles ou économiques. Renvoyé au jeu de la mode et de son marché, à l’amusement des déguisements enfantins et aux diverses figures de l’insignifiance et de la superficialité, le vêtement résiste à ces réductions. 
En fait l’extension de ces enjeux appelle à une véritable Anthropologie du vêtement.
.."

 

 

C'est avec Laure, un sujet qui nous passionne l'une et l'autre. Cette importance du vêtement. Pour moi, il est un outil thérapeutique aussi, pour elle une démarche artistique. Nous  échangeons régulièrement sur cette "culture vestimentaire". Hier, elle me parle d'Aline Ribière dont je trouve les créations tout à fait passionnante. Au fond, j'ai le sentiment de faire de l'art appliqué avec mon métier au-delà de celui de commerçante. La mode est un outil de développement et un miroir socio-culturel de son époque. Le vêtement en est la matière première, c'est lui qui touche le corps, le cache, le met en valeur, lui donne un autre langage. On pourrait presque établir une philosophie du vêtement tant il donne parfois du sens, de la consistance ou à l'inverse tant il s'en éloigne... On dit que l'habit ne fait pas le moine, ça n'est pas toujours vrai, certains s'en servent pour exister. Mais dans tous les cas, la manière de s'habiller exprime une part de notre personnalité, qu'on le décide ou non...

 

09/12/2013

Petit éloge du désir -2-

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- Christian Schloe -

 

 

" L'incandescence ou rien."

- Belinda Cannone -

 

Petit éloge du désir -1-

" Tu parles ici comme femme, et mûre. Tu ne sais pas comment sentiront et se comporteront les femmes à venir, quand l'égalité aura plus sûrement progressé, quand les vieilles lunes de nos représentations des genres dans l'amour et le désir se seront transformées. Tu ne sais pas comment sentent les toutes jeunes filles, mais tu es persuadée que le désir est à jamais notre grande affaire, désir de vivre, désir d'aimer, désir d'étreindre - car il est la vie haute.

 Tu aimes cette citation de Bachelard, " l'homme est une création du désir, non pas une création du besoin", qui rencontre ta conviction que la vie érotique n'est pas bornée par la chair, la libido ou les hormones. Tu ne la crois soumise qu'au néocortex, c'est-à-dire, au principe même de notre liberté et de notre inventivité."

 

- Belinda Cannone -



08/12/2013

La photo retrouvée

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Je n’ai plus de photos de moi enfant. Je sais qu’il en existe mais le peu que j’avais en ma possession ont fait les frais de ma thérapie. Un jour, j’ai pris une grande caisse de vin vide, je l’ai peinte en noir et j’y ai mis tout ce qui pouvait se rapprocher de près ou de loin de mon enfance : photos, souvenirs, lettres, médaille de baptême, croix en bois de ma première communion, pétales de fleurs séchés, cahiers d’écolier, j’ai tout mis dans un grand feu de cheminée et j’ai passé des heures à regarder la boîte se consumer.

Cette semaine, mon homme a décidé d’ajouter des étagères dans mon bureau plutôt en bordel pour que je puisse organiser un semblant d’ordre. En déplaçant des vieux dossiers, il a retrouvé derrière l’un deux cette photo et me l’a posée au milieu des différents papiers qui y traînaient. Hier soir, en rentrant pas mal fatiguée de la boutique, j’ai trouvé la photo. Mon petit cœur a retenu un sanglot, lointain, profond. Me revoir, là, dans l’allée où je faisais avec ferveur des heures durant de la trottinette, avec à mes côtés mon si gentil petit frère, m’a fait tout drôle.

Une flopée de souvenirs m’est revenue. Ne sommes-nous pas mignons tous les deux avec nos fleurs à la main, sans doute prévues en offrande à notre maman qui doit être avec l’appareil photo à la main au bout du chemin ? Les chaussures vernis noires et les bottines blanches, ainsi que la médaille autour de mon cou me font présumer que cette photo a été prise un Dimanche. La végétation et le bout de paysage entre les arbres, les dentelles de béton blanches et la nature des fleurs qu’on tient à la main me disent que nous sommes à la campagne chez papy et que c’est sans doute une fête de famille. Maman nous faisait beaux pour l'occasion !

Je suis frappée par nos bouilles sérieuses et surtout par nos regards inquiets, mais je ne suis pas surprise, nous avions tout lieu de l’être, inquiets…

Je décide de garder cette photo là. Je la scanne au cas où et la pose dans un petit coin devant moi. Je peux à présent rejoindre l’enfant que j’étais, je peux accepter cette petite fille qui en a soupé, je peux la voir, la regarder, je peux l'aimer…

 

 

 

06/12/2013

Maux d'esprits

Le tiers livre et Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de « vases communicants » : le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement…  Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.

La liste complète des participants est établie grâce à Brigitte Célérier.

Aujourd’hui, j’ai le grand plaisir d’accueillir ici Dominique Hasselmann, tandis qu’il me reçoit sur son blog Métronomiques .

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- Photo helenablue -


 

« Le désir est une conduite d’envoûtement. »

Jean-Paul Sartre, L’Être et le Néant (Gallimard 1943, édition 1964, page 463).

 

Je n’ai pas fait tourner les tables à Jersey, en 1853, sous la houlette de Victor Hugo : je préférais les guéridons de Saint-Germain-des-Prés.

C’est aux Deux Magots que je l’avais rencontrée. L’ombre de Sartre et de Simone de Beauvoir (qui jouissaient d’un écriteau à leurs noms sur la place) s’étendait encore ici ou là, surtout quand il y avait du soleil, c’est-à-dire assez rarement.

Cette jolie femme m’avait semblé énigmatique, proche et lointaine à la fois, comme si elle venait d’ailleurs, mais je ne connaissais pas son pays d’origine. Elle était de nationalité française (sinon elle aurait été expulsée depuis quelque temps déjà), mais parlait avec un léger accent allemand que venait renforcer celui, circonflexe, qui ornait sa lèvre supérieure de couleur purpurine.

Je crois qu’elle écrivait mais elle restait très discrète sur cette activité. C’était normal, d’ailleurs, car les « intellectuels » étaient désormais surveillés de très près par l’État : non pas qu’ils aient pu menacer l’ordre public – le temps de leur influence et des manifestes s’était perdu dans les méandres de l’Histoire du XXème siècle – mais ils pouvaient toujours publier une « tribune » dans un journal, même confidentiel, qui risquait de titiller l’esprit de quelques lecteurs et miner à force les principes de l’autorité en place.

Nous parlions donc de tout autre chose que de littérature : de l’augmentation du coût de la vie, de la difficulté de la population à « joindre les deux bouts », des éléments naturels qu’aucun pouvoir n’avait encore réussi à museler malgré les progrès des prévisions météo, de la musique, de moins en moins moderne et de plus en plus assourdissante, de la circulation parisienne qui était devenue un enfer quotidien (sauf pour quelque élue de l’ancienne UMP qui avait découvert il y a longtemps « les charmes » du métro parisien), de la mode, des derniers restaurants en vogue.

Quand nous nous retrouvions dans le quartier des quelques galeries de peinture encore existantes et des librairies disparues, nous évoquions aussi des vacances passées à l’étranger, des projets de voyages (l’idée de prendre l’avion nous faisait déjà décoller), ou le fantasme d’un simple week-end dans une ville comme Rome ou Amsterdam.

Finalement, nous parlions de (presque) tout et de rien : nos paroles s’enroulaient les unes aux autres, la petite musique de nos voix se mêlait au fond sonore des autres conversations, souvent émises bruyamment en anglais, en américain ou en japonais.

Je crois qu’elle m’avait envoûtée et j’étais donc hors-la-loi. Nos esprits faisaient l’amour avant même nos corps.

Le guéridon ne bougeait pas, le serveur en noir et blanc jouait le rôle qui avait été décrit une fois pour toutes dans L’Être et le Néant (et c’était comme si l’amoureux du Castor avait été metteur en scène de cinéma). Nous commandions des Mojitos, l’époque n’était plus guère au Cuba libre, et les heures coulaient impétueusement sous les ponts du temps.

Un jour, elle n’est pas venue au rendez-vous. Je suis resté assis bêtement à la terrasse du café, aucun taxi ne l’a déposée près des tables et des chaises cannées sagement alignées, j’ai attendu à peu près deux plombes et je n’ai reçu aucun message ou appel sur mon téléphone. Un seul être me manquait et tout était déraciné.

Le soir, rentré chez moi, en regardant les infos sur BFMTV, j’ai appris qu’une certaine Magdalena Auschenbach avait été arrêtée par la police. Sa photo anthropométrique en couleurs, de face et de profil, était affichée plein écran. Elle était dans le collimateur de la DPS (Direction de la Police secrète) depuis quelque temps déjà : sur elle, on avait retrouvé un long article, destiné à Mediapart, le brûlot toujours en ligne d’Edwy Plenel (900 000 abonnés maintenant), et intitulé : « La Nouvelle Résistance Populaire renaît de ses cendres ». Un certain nombre d’actions d’opposition à mettre en œuvre étaient listées dans ce texte qui sentait la poudre.

L’État avait failli en trembler sur ses bases : il était temps qu’un terme soit mis à ce genre d’appel à la rébellion ou à l’insurrection contre la droite qui avait repris les rênes du pouvoir en mai 2017. Je ne m’étais jamais douté de rien… J’aurais donné à Magdalena le bon Dieu sans confession, ou même après.

Soudain, l’interphone retentit :

– Monsieur Grimonpré ?

– Oui, c’est moi… Qui est-ce ?

– Ouvrez immédiatement, brigade anti-terroriste !

J’habitais au sixième étage d’un immeuble en cours de  ravalement : j’ouvris la fenêtre du séjour, enjambai le rebord et marchai sur les planches de l’échafaudage. J’aperçus en bas dans l’avenue trois voitures banalisées avec des gyrophares bleus dont les lueurs intermittentes dessinaient un étrange ballet sur les murs en face. Je grimpai à l’échelle et m’enfuis par les toits. 

Le panorama de Paris est toujours si beau, vu depuis une perspective plongeante, quand l’aube se lève précautionneusement sur la ville encore endormie.

 

- Dominique Hasselmann -

 

 


01/12/2013

Lettres volées

Christian m'a parlé de ce livre, je l'ai lu, il m'a émue jusqu'au trognon, j'en ai pleuré...

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Ma chère Catherine,


Nous venons de vivre douze semaines ensemble. C'était la première fois que nous tournions en extérieur, la nuit. Je t'ai vue belle et fatiquée, belle et tendue, je t'ai découverte belle de nuit.

Il y a des beautés figées, égoïstes, des beautés qui cherchent à vous en imposer, à vous en reduire à un rôle de Sganarelle ou de Quasimodo.La vraie beauté est enrichissante. Près d'elle, près de toi je me sentais incapable de mauvaises pensées, d'être violent. Cette beauté-là apaise, rassure, vous rend meilleur. C'est une vraie discipline d'être belle, il faut beaucoup de rigueur, de vigilance. C'est un équilibre précaire. Un homme peut débarquer à une émission sans être rasé, les yeux cernés, un petit coup de maquillage et de rasoir et le tour et joué. Si une femme n'est pas bien dans sa peau, c'est tout de suite catastrophique, on ne peut pas tricher. Il faut être très généreuse pour rester fidèle à sa beauté, il faut beaucoup de tenue. C'est penser à chaque instant aux autres. Il n'y a que la jeunesse qui peut être insolente dans la beauté, qui n'en a rien à foutre.

Notre couple de cinéma est plus intense, plus solide que de couples dans la vie. Il y a un vrai désir à jouer ensemble, une complicité professionnelle aui peut en rendre plus d'un jaloux. On s'amuse tout les deux, on s'amuse à s'embrasser devant les caméras alors que le plupart des acteurs vous diront qu'il n'y a rien de plus casse-gueule, de plus angoissant que le baiser au cinéma. Nous, on se regarde, on se dit des yeux: "On va encore y avoir droit!"

J'ai lu dans un sondage que tu était la maîtresse rêvée des Français. Je sais qu'il y a des légendes qui courent autour de nous, que l'on fantasme notre couple depuis "Le Dernier Métro". Il y a un interdit entre nous. Tu es une idole bourgeoise et racée; je suis un fils de paysan aux mains fortes, avec tout sa santé. Dans le film de François tu te donnes brutalement à moi, sans pudeur, par terre, comme seules sont capables d'oser les femmes bien éduquées. Toi et moi, c'est presque une conquête sociale, la chance pour un gars de la terre un peu rustre d'être aimé par la plus belle femme de faubourg Saint-Germain. C'est la prise de la Bastille de l'amour!

Tu traînes avex toi deux énormes valises chargées de fantasmes, alors que tu vis des choses simples très poétiques. Tu as su protéger ta vie privée, tes enfants. Certaines pensent que tu es froide. Tu es simplement directe, franche, sans ambiguïté. On te croit sereine, organisée. Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi désordonnée, fantaisiste avec l'argent, ses affaires. 

Mais il y a plus intéressant que l'actrice, sa beauté institutionnelle. Gainsbourg disait que tu marchais comme un soldat. Mastroianni que tu étais un Prussien. Je ne t'ai jamais vue te plaindre sur un tournage. Tu peux rester debout des heures sans un mot, sous un soleil de feu ou dans un froid de canard. Tu peux faire la fête, boire comme un hussard et être prête au combat le lendemain.

Un jour, dans un interview, j'ai déclaré que "tu étais l'homme que je voudrais être". J'ai envoyé cette phrase insensée pour dire que j'enviais chez toi ces qualités q'on prête d'ordinaire aux hommes, et q'on trouve si rarement chez eux. Tu es plus responsable, plus forte, plus carapacée que les acteurs. Tu es moins vulnérable. Sans doute, ce paradoxe est-il la vraie féminité. La féminité, c'est l'hospitalité, l'ouverture, c'est aussi savoir résister, ne pas se laisser atteindre par ces regards malsains, insistants, allusifs. On n'est pas dans un monde où l'on accepte la féminité. 

La nuit, dans la tension de tournage de "Drôle d'endroit pour une rencontre", on mangeait ensemble sur le pouce. J'avais besoin de décharger mes angoisses en racontant des choses énormes de vulgarité. Tu riais pourtant, tu m'encourageais à me laisser aller. Ton humour, ton indulgence me libéraient. Il y a souvent des histoires plus fortes entre les hommes et les femmes quand la sexualité n'est pas là. 

"Elle était belle, si la nuit
Qui dort dans la sombre chapelle
Où Michel-Ange a fait son lit
Immobile peut être belle"


Peux-tu m'écrire, Catherine, pour me confirmer qu'il s'agit d'un poème d'Alfred de Musset. 
Je t'embrasse.

 

- Gérard Depardieu - Lettres volées -



29/11/2013

Lettre au metteur en scène de "La Vénus à la fourrure"

Cher Monsieur Polanski,


C’est une grande première pour moi que d’écrire ainsi à un metteur en scène à propos de son film. Je me suis d’abord dit, il va me prendre pour une idiote et puis, je vous ai entendu affirmer à la fin de la présentation du film à Cannes : «  On peut penser ce qu’on veut de moi, ça m’est égal ! », je me suis alors ravisée et j’ai pensé : «  Moi aussi ! »

D’autant que ce que j’ai à vous dire à propos de votre « Vénus à la fourrure «  ne sont que des choses agréables qui risquent même de vous paraître un peu dithyrambiques.

Admirable, formidable, génial ! Tout, j’ai tout aimé, tout m’a transportée.

Le cadre d’abord, ce vieux théâtre, ce lieu ambivalent, clos et ouvert à la fois. Un écrin, une caisse de résonance. Cette sorte de bricolage qui invite à l’imagination est une idée magnifique qui fonctionne, on est là dans ce qui se joue devant nous, on a l’impression presque d’y participer.

Emmanuelle, superbe actrice, superbe femme, vôtre dans la vie, m’a littéralement subjuguée. Elle est percutante, hypnotique, drôle, remuante, elle crève l’écran et pourtant elle semble si proche et si familière. On se retrouve en elle, dans chacune des différentes facettes qu’elle exprime à merveille, dans sa capacité à passer de l’une à l’autre, dans son art abouti de la manipulation et du jeu. C’est un grand bonheur que de passer ces 96 minutes en sa compagnie.

Vous disiez être surpris et flatté que votre film plaise aux femmes. Comment pourrait-il ne pas leur plaire ? Comment ne partageraient-elles pas cette jubilation qui a été la vôtre d’ainsi voir un machiste aux idées préconçues se faire complètement démonter par une femme qu’il prend au premier abord pour une grue ?

Dans un des nombreux entretiens donnés à la sortie du film à Cannes, Emmanuelle Seigner parle de ce bonheur qu’elle a eu de jouer la femme qui domine en opposition à la femme qui est encore trop souvent au cinéma comme dans la vie utilisée comme objet.

Mais ce n’est pas tout. Mathieu Almaric, votre Thomas, le metteur en scène en quête de sa Wanda, l’actrice principale de sa pièce, à la fois masculin et féminin, prodigieux et sensible est absolument épatant dans cette joute quasi surréaliste.

Emmanuelle-Vanda et Mathieu-Thomas, se croisant, se cherchant, se découvrant dans un jeu multiple de questionnements et de retournements...

Magistral !

Ce film, cette Vénus à la fourrure qui explore les arcanes du pouvoir sexuel, de la domination, de la séduction, de la manipulation que Sacher-Masoch avait expérimentée dans sa vie, d’abord avec Fanny Pastor dont il s’était engagé à exécuter tous les ordres et désirs pendant 6 mois et puis ensuite avec Aurora Rûmelin qu’il voyait comme l’incarnation de sa Wanda de Dunajew mais qui ne lui donna pas entière satisfaction m’a vraiment, comment vous dire, énergisée. C’est jouissif.

Pardon d’être aussi directe mais c’est un pur bonheur pour l’esprit d’avoir à appréhender une chose si aboutie. Il s’en dégage une telle joie, un tel amour du jeu, une telle drôlerie, une telle intelligence qu’on ressort de la projection de ce film heureux. Heureux et conquis. Avec une furieuse envie d’aimer, d’aimer la vie.

Merci.

Bien à vous.

Blue

  

17/11/2013

Le retour

Je pensais en avoir fini, ici, avec Helenablue et ces forces mystérieuses et obscures qui nous traversent tous. Je suis allée vers la lumière, elle me fait du bien, mais elle a aussi quelque chose qui me manque, l'intimité sans doute, ou comme disait Venise si justement, je me sens plus à nue. On se confie plus dans la pénombre qu'en plein soleil. On ne parle pas pareil, et on a autant besoin du sombre que du clair.

J'aime le fond noir.

Alors, je vais tenter une expérience, celle de faire comme je le sens, tantôt de nuit, tantôt de jour. Je vais reprendre aussi le cours de mes déraisons et de mes folies, ce que je ne peux faire qu'ici, et continuer mon cheminement.

On est fait d'enfer comme de ciel. Et c'est la connaissance et l'acceptation de l'un et l'autre qui nous fait avancer... Vous ne croyez pas ?

 

06/10/2013

Merci

Quand j’ai démarré ce blog, il y a plus de cinq ans maintenant, j’étais encore bien atteinte. Border line, trouble du comportement, dédoublement de personnalité, il me restait encore pas mal d’obstacles à surmonter. J’ai apprivoisé ce que j’appelais le Hyde en moi, j’ai avancé, j’ai tenté de comprendre pourquoi j’avais des manières de réagir exagérées, pourquoi la tristesse chez moi se transformait tout de suite en une intense douleur psychologique, pourquoi je ressentais de la honte plutôt que de l’embarras et pourquoi toujours la peur plutôt que la nervosité. Trop sensible.

 

Quand j’ai démarré ce blog, je venais de vivre une étape de ma vie traumatisante et difficile. J’avais perdu mon tuteur et je devais continuer à grandir par mes propres moyens. Je me le devais, je le devais à l’homme qui m’avait toujours épaulée, je le devais à mes fils. Alors cet endroit est devenu d’une importance vitale pour moi, je m’y suis reconstruite. J’ai pris des forces en échangeant et en interagissant. J’ai pu  faire face à mes vieux démons, j’ai pu aussi mettre ma vison de la réalité à l’épreuve de celle d’autrui et doucement j’ai guéri. Survival.

 

Quand j’ai démarré ce blog, je ne pensais pas que je rencontrerais un homme, écrivain et génie dans son domaine qui compterait tant pour moi et qui par une attention soutenue et régulière m’a permis d’avancer et de prendre confiance dans ce que je pensais, dans ce que je voulais dire et dans la manière de le faire. Christian Mistral est le créateur de Blue, il en est le protecteur et je lui dois beaucoup plus que je ne saurais l’écrire.

 

J’approche de la cinquantaine, je prends doucement conscience de ma valeur et de mon parcours. Je sais, que tout ce que j’ai pu vivre et comment je l’ai vécu, a développé chez moi une force sur laquelle je peux m’appuyer, je sais aussi que j’ai une capacité à accepter, tolérer et accueillir beaucoup de souffrances, d’extravagances et de comportements qui peuvent paraître étranges. Je ne serais pas aujourd’hui celle que je suis si je n’avais pas vécu ce que j’ai vécu. Je sais qui je suis, définie par ce que je fais.

 

On ne peut être heureux que si on le décide et si on fait ce qu’il faut pour plutôt voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. On n’est pas tous égaux face à cette capacité. Le peur de l’abandon, le besoin d’amour illimité voire de fusion, l’hyper-sensibilité ne permettent pas cette sérénité et cette paix auxquelles on aspire. Mais on peut arriver en prenant le risque de se découvrir, à cet état d’être sans pour autant perdre sa créativité. Je me sens plus humaine.

 

Hélène existe. Blue aussi. Elles ne font qu’une et même personne. Je dois cette quiétude et cette identité retrouvée à beaucoup d’années de lutte et de volonté de comprendre, à l’amour énorme d’un homme exceptionnel et à sa présence de chaque instant, à la confiance et l’amour de mes enfants et de mes proches, à feu mes beaux-parents, beaux et plus encore, à l’exigence et la rigueur d’un ami tonitruant cher à mon cœur, à l’amitié fidèle de femmes superbes, mes deux L , à la gratification et la sympathie de mes clientes, à l'épanouissement dans mon métier, à l'écriture, la poésie, et à vous tous qui venez me lire, vous tous qui me suivez depuis tout ce temps.

 

Je vois quelqu’un dans le miroir. Je ne suis plus « rien ».

 

Merci à vous. Merci la vie.

 

 

 

27/09/2013

Mise à jour

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23/09/2013

Satori

Dehors tout était d'un calme infini. Au loin le bruit du ressac. Une lune brillante dans une nuit noire. Une chaleur apaisante, douce, diffuse, un léger vent, une atmosphère soulagée. C'était bon d'être là, entière dans cette inconcevable immensité faisant corps à l'immobilité absolue, à l'éternité de l'instant, à l'immensité de cette beauté. Pas de passé, pas de futur, juste le présent. J'avais le sentiment d'avoir l'oeil plus aiguisé, l'oreille plus fine, la peau plus attentive, la bouche plus sensible, le nez plus réceptif aux effluves de l'air. Je me sentais dans un tout, en toutes choses, comme traversée par l'essence de chacune d'entre elles, une essence intérieure, profonde, sacrée. Un sorte d'absolu. Dégagée de toutes pensées. Nue. Libérée. Présente. Vivante. Au monde. Ressourcée.

 

22/09/2013

Birthdays

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- Tableau Kenne Gregoire -

 

Soixante années de vie dont la moitié ensemble. Je nous souhaite d'en être qu'au tiers. C'est son anniversaire et celui deux jours après de notre fils aîné. Il en fallu de peu que ça soit le même, Dame nature en a décidé autrement. Aujourd'hui, aux fourneaux depuis tôt ce matin, je prépare un repas pour ces deux hommes et les deux autres hommes de ma vie. Un repas d'amour, familial et festif. J'ai bien l'intention de profiter de ce moment présent en toute conscience, et d'y être toute entière. Tous les sens en action. Attentive, confiante et aimante.

C'est si bon d'aimer.

Happy Birthday.

 

16/09/2013

Vends-moi du rêve

Fais-moi grimper haut, ouvre mes horizons, flatte mon imagination, étonne mon âme, fais jouir mon cerveau, balaie mes préjugés, mes peurs, mes postures, passionne-moi, déraisonne-moi, vends-moi du rêve, redonne vie à ma chair endormie, endolorie, récalcitrante et transfuse-moi tes forces vibrantes que mon sang ne fasse qu'un tour, que s'élargisse mon champ de vision et ma compréhension du monde dans lequel je suis, là, de passage, parfois si démunie, haletante, infime particule dans l'infiniment grand, insatiable, aimante, curieuse de tout, gourmande d'amour. Ecris-moi des mots lourds. Des mots profonds. Des mots qui décochent et dérangent. Des bouffées de poésie pure. Absynthe. Drogue dure. Transporte-moi. Elève-moi. Libère-moi. Ne m'oublie pas.

 

15/09/2013

La tarte aux prunes

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- Allo ! J'ai des prunes à ne plus savoir quoi en faire, tu en veux ? 

- Oui, pourquoi pas. Mais tu sais, j'ai pas trop de temps en ce moment...

- Je peux te faire des confitures ?

- Oui, je veux bien. Je préfère...

- Bon. Je t'en fais une dizaine de pots et ton père passera te les déposer à ta boutique quand ça sera fait.

- D'accord. Merci Maman.

 

Papa est passé en coup de vent. Je ne l'ai pas vu. C'était mieux pour nous deux, peut-être. Sur les dix pots, j'en ai offert trois et avec les prunes en vrac, j'ai fait une tarte. Et, une photo de la tarte que j'ai envoyée à maman. Cette année j'avais même oublié son anniversaire. Faut dire qu'on ne s'est pas vues depuis si longtemps, peut-être dix ans maintenant ou quinze... Je me demande si elle saurait me reconnaître ! Des prunes en trop, ça crée des situations nouvelles. Le temps passe. Les gens meurent. Et la mort qui approche fait peur. Moi aussi, je vieillis. Moi aussi, je suis mère. J'espère qu'elle va être aussi bonne que belle cette tarte tombée du ciel !

 

11/09/2013

Dans le sac

En ce moment je balade dans mon immense sac trop lourd de cuir noir, "Le corps féminin" de Philippe Perrot, un petit livre riche et dense sur le travail des apparences au XVIIIe et XIXe siècle, un travail d'historien remarquable et mine d'anecdotes en tout genre comme je les aime. J'ai, à ses côtes, un livre immaculé au titre "Esquisse d'une philosophie de l'amour" en rouge qui claque, édition de l'Harmattan. L'expérience de l'amour se situe au carrefour de l'esprit et du corps. Michel Larroque, professeur agrégé en philosophie démontre que le vécu amoureux est, essentiellement une expérience spirituelle et qu'il est saisi du bien et du beau à travers un être singulier, investi d'un caractère sacré, et parfois même, dans la passion, transfiguré en absolu vivant. Passionnant. Pour accompagner ces deux ouvrages déjà bien enrichissants, j'ai aussi avec moi, un petit livre que m'avait conseillé ma nouvelle amie Tania, cet été, après un bref passage chez elle pour un déjeuner sur l'herbe. "Le pouvoir du moment présent" d'Eckart Tolle, un guide d'éveil spirituel qui a bouleversé sa vie, m'avait-elle dit, et qu'elle ne manque jamais d'ouvrir chaque matin, tôt, en prenant sa tasse de thé. Je cite ce qu'il en est dit en quatrième de couverture: En vivant dans l'instant présent, nous transcendons notre ego et accédons à "un état de grâce, de légèreté et de bien-être". Ce livre a le pouvoir de métamorphoser votre vie par une expérience unique. A expérimenter! Pour parachever mes compagnons du moment est venu les rejoindre, le Vautour de Mistral. Livre que j'ai déjà lu il y a quelques années et que je comptais recevoir dans sa nouvelle édition mais que j'ai reçu dans celle que j'avais déjà. Retrouver ce livre vierge de coups de crayon est une grande joie et j'aspire à avoir une belle journée devant moi pour retrouver l'écriture de cet auteur dont j'apprécie la force de frappe et l'immense vocabulaire. Suis curieuse aussi de sentir l'effet que cela va me faire de relire ce livre qui m'avait pas mal remuée. C'est tellement toujours si fascinant de se rendre compte de cette intimité qu'on noue avec certains bouquins. Voilà de quoi nourrir mon cerveau insatiable au moins pour quelques nuitées !

  

09/09/2013

Être en beau maudit

Certains matins, on ne sait pas pourquoi mais on se lève ronchon, de mauvais poil, mal dégrossi. C'est pénible et pas facile pour ceux qui vous entourent, et sujet à pas mal d'énervement. Bizarrement, ces matins là, rien ne va. Ce qui habituellement passe ou fait sourire, énerve et met les nerfs en boule. Même le plus petit truc anodin, comme plus de beurre dans le frigo ou "tu n'as pas l'air en forme ce matin", fait monter la pression et accentue cette sensibilité de l'épiderme jusqu'à parfois une colère disproportionnée et inadaptée. Parfois cet état dure. C'est usant. Même la raison n'arrive pas à prendre le dessus. Ce genre d'humeur me déconcerte. Je tente alors l'auto-dérision, parfois ça marche. J'agresse un chouïa un être aimé qui se défend mais qui comprend et là aussi ça peut faire son effet, parfois, ou bien, comme dirait les suisses je respire et je médite jusqu'à ce que l'orage interne se dissipe. Ce matin, aucune de ses trois méthodes n'a porté ses fruits, et je reste en beau maudit !

 

Jean Arp

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" Les hirondelles croient aux anges des nuages."

- Jean Arp -

 

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" Dans ses sculptures, dans ses reliefs, ses peintures ou ses poèmes, seul ou en collaboration, Arp manifeste la permanence de son attitude devant l ’art et la vie. L’humour si particulier que l ’on y décèle souvent, et qui ne fut certes pas étranger à la participation très active de Arp au mouvement Dada, n’est pas le signe d’un vain goût pour la plaisanterie gratuite, mais celui d’un état de défense contre la bêtise qui se prend au sérieux, d’une curiosité ravie devant les découvertes de l ’esprit créateur, et, aussi, une forme exquise de la pudeur. Artiste pour qui le sentiment et la sensualité existent, et jamais enclin à se soustraire aux exigences les plus difficiles à exprimer de son tempérament, Arp est plasticien le plus naturellement du monde. Il possède la faculté rare d’unir, en art, la tendresse à la puissance."

- L. Degand -




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« For Arp, art is Arp ». 


L’expression est de Marcel Duchamp.

En dépit de son évidence, cette allitération nous incite à interroger l’art selon Arp, qui ne répond pas à une définition, une appartenance, un style, une technique, mais tend davantage à se faufiler entre tout et tous. Son parcours, en effet, invalide une lecture linéaire et sans nuances de l’histoire des avant-gardes : des jalons documentaires très choisis montreront qu’il a su faire fi des querelles de chapelle et concilier l’inconciliable, par exemple l’expressionnisme et Dada, Dada et le surréalisme, le surréalisme et l’art constructif. 

 

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« J'emploie très peu de rouge.

Je me sers de bleu, de jaune,

un peu de vert, mais surtout,

comme tu le dis, du noir,

du blanc, du gris.

Il y a en moi un certain besoin

de communication avec l'être humain.

Le noir et le blanc, c'est de l'écriture. »

 

- Jean Arp -

 

 

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 Jean Hans Arp est né en 1886 à Strasbourg, en Alsace annexée, d’une mère française et d’un père d’origine allemande. Le double prénom de Jean et Hans qu'il aime à se donner illustre sa double appartenance. Il parle français avec ses parents et allemand à l'école. Mais surtout, en famille comme avec ses camarades, il utilise le dialecte alsacien. 
     Exclusivement occupé par la passion du dessin, Arp fait des études médiocres. En désespoir de cause, ses parents le confient au strasbourgeois Georges Ritleng, pour qu'il guide ses débuts de peintre. Dès 1903 paraissent en revue deux premières œuvres : une gravure accompagnée d'un poème écrit en dialecte strasbourgeois. Après des études à l'Académie de Weimar, il suit à Paris les cours de l'Académie Julian. 
     A 24 ans, Jean Arp se met à voyager : il rencontre Kandinski, Delaunay, Ernst, Modigliani, Picasso, Jacob, Apollinaire. Lorsque éclate la guerre, il part s'installer à Zurich où il expose ses premiers collages et fait la connaissance de Sophie Taeuber, qu'il épousera en 1922. 
     En février 1916, Arp, Tzara, Hülsenbeck et Hugo Ball fondent le mouvement Dada. A la fin de la guerre Arp et Tzara portent le dadaïsme à Paris et entrent en contact avec la revue Littérature, dirigée par Aragon, Breton et Soupault. 
     De 1926 à 1928, Arp et sa femme travaillent avec Theo van Doesburg à l'aménagement de l'Aubette à Strasbourg. Les expositions consacrées aux sculptures de Jean Arp se multiplient en Europe et aux Etats-Unis. En 1940, Arp et sa femme se réfugient à Grasse, puis, en 1942, quittent la France pour la Suisse. C'est là que, l’année suivante, Sophie Taeuber trouve la mort. 1963 : Grand Prix National des Arts en France. 1965 : Prix Goethe de l'Université de Hambourg., 1966: restauration d'une église à Oberwill en Suisse (autel, fonds baptismaux, bénitier ). 
     Jean Hans Arp meurt à Bâle le 7 juin 1966.

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CUIS-MOI UN TONNERRE

Arrose-moi la lune.
Brosse-moi les dents de mes échelles.
Transporte-moi dans ta valise de chair sur mon toit d'os.
Cuis-moi un tonnerre.
Enferme-moi les tremblements de terre dans une cage
et cueille-moi un bouquet d'éclairs.
Coupe-toi en deux et mange une de ces moitiés.
Ejacule-toi en l'air plus fier que les jets d'eaux de Versailles
Brûle-toi roule toi en boule.
Sois une boule au rire archaïque
qui roule autour d'une pilule.
Tire toutes tes langues aux roses.
Donne tes langues aux doux rhinocé-roses.
Rata-toi en ratatouille.
Grenouille-toi en grenouille.
Appose-toi en signature sous ma lettre.

"Le voilier dans la forêt"
- Jean Arp -


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 "L'homme fait à tous les instants des déclarations définitives sur la vie, l'homme et l'art, et ne sait pas plus que le champignon ce qu'est la vie, l'homme et l'art."


- Jean Arp -


 

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