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08/02/2013

lire

kafka,écriture,lecture,pensée,émotion,émulation,partage,humain

 

"On ne devrait lire que des livres qui nous piquent et nous mordent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d'un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire."

- Franz Kafka -

 

07/02/2013

Jeudi 7

J'oscille entre la bonne humeur et le découragement. Suis entre-deux. Pourtant je m'étais fait la remarque hier entre deux clientes, toujours encore entrain de se plaindre, que c'était inutile et improductif de se sentir malheureux quand après tout il n'y avait pas de raisons valables de l'être si ce n'est l'impression qu'on pourrait être mieux. Se lever chaque matin que Dieu fait dans les bras de la personne aimée, descendre prendre son thé et bavarder quelques minutes avec deux de ses petits gars, rencontrer Chopin ou Schumann à la première gorgée, laisser son esprit gambader face à la fenêtre ouvrant sur un jardin d'hiver en berne et croiser le regard d'un merle venant faire des repérages pour installer son nid, vagabonder ensuite sur la toile et piocher deci delà des pépites comme " Be in love with your life every minute of it " de Jack Kerouac ou " Je crois que les petites actions sont souvent celles qui nous amarrent ici bas " d'Eric Mc Comber et alors ressentir du plaisir...

J'ai eu envie de partir quelques jours, ça m'a prise d'un coup. Je voulais découvrir un nouveau lieu, voir du pays, faire une nouvelle expérience. Moscou, St Pétersbourg, Zagreb? C'est Prague qui l'a emporté! Prague, la ville magique d'après ce qu'exprime André Breton ou Apollinaire lors du récit de leur visite. Prague, la ville de Kafka et de Rilke, ville alchimique, ville ésotérique, ville romantique avec son pont Charles, le plus bel ouvrage gothique de l'Europe, sa place du marché, son horloge astronomique, ses hôtels particuliers baroques, le château, la tour des poudres, le palais Sternberg, ses musées, sa musique, sa féérie. Tant pis si madame Cheval me dépouille un peu plus, tant pis si c'est la crise, que les temps sont durs et qu'il n'y a pas la place pour une folie d'aucune sorte. J'ai pris mon billet, ça y est, je nous y emmène la semaine prochaine, quatre jours, se changer les idées.

C'est un luxe de pouvoir ainsi décider de partir ou de ne rien faire, c'est une chance de pouvoir ainsi être libre de ses mouvements et de ses pensées. C'est un bonheur immense que d'aimer et d'être aimé, c'est précieux de le mesurer, de se le dire, de l'exprimer. Et pourtant encore, malgré tout ça, on n'a parfois pas la foi et on se noud le coeur avec des pensées sombres, je me demande pourquoi. Pourquoi est-ce si compliqué de s'autoriser à être bien et juste prendre la vie du bon côté, celui qui fait avancer et qui donne des ailes?

Aujourd'hui, c'est Jeudi, non c'est pas raviolis. Vais tenter une expérience, pour voir, vais tenter de penser à ce que je fais, d'être plus là encore que d'habitude, profiter de chaque petits gestes du lever au coucher et voir si cela m'entraîne vers des horizons insoupçonnés. Je crois le faire parfois mais très vite le naturel reprend le dessus et ma journée a filé sans que je m'en apercoive. Là, si j'essayais de ne pas oublier de ne pas oublier d'en être, de la tête aux pieds.

 

05/02/2013

stronger

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04/02/2013

C'est l'amour qui m'a faite*...

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 - Photo Laurence Guez -

 

" C'est l'amour qui m'a faite

L'amour qui m'a fête

L'amour qui m'a fée..." (Prévert)

 

 

* Découvert dans Valium - Christian Mistral - p.233

 

31/01/2013

Be

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réminiscence

D'un blog à l'autre, d'une femme à l'autre, d'un monde à l'autre, d'une expérience à une autre... Toute cette toile qui se tisse dans la toile: la magie des blogs et la magie du regard de Laure...

 

 

 

 

29/01/2013

Mêmes animaux

 

apesanteur

La journée n'allait pas être facile, je le savais déjà depuis quelques semaines. Mais je savais aussi que quoiqu'il advienne elle devrait se passer et je m'étais en quelque sorte préparée. Madame Cheval, je l'ai rebaptisée, est venue ce matin comme prévue à neuf heures. Trempée par la pluie diluvienne qui tombait depuis l'aube, elle s'est présentée ruisselante devant moi pour prendre un premier contact comme elle me le dira le sourire aux lèvres. L'entretien s'est passé on ne peut mieux, courtoisie, questions d'usage, explications succintes. J'étais de toute façon dans un état second. Depuis deux jours je couve une sorte de grippe, et hier toute ma nuit fut agitée. La fièvre commençait à me gagner. Ce matin j'étais chaude comme un brazero. Les joues en feu et le front en braise, ma comptabilité me paraissait une espèce de grosse chose molle un peu lointaine, floue, arachnéenne. Après deux heures d'entretien intenses, madame Cheval est repartie son lourd dossier bleu sous le bras, et je suis retournée pas très vaillante derrière mon comptoir de verre. J'esperais tenir au moins la journée et m'écrouler comme une masse en début de soirée, mais mon corps en a décidé autrement. Le passage éclair de Sylvaine a mis chaos mes dernières cartouches et cessant de lutter je suis rentrée me mettre au chaud chez moi, c'est là que j'ai relu Camus et c'est avec lui que je me suis endormie pendant deux bonnes heures, assomée.

Sylvaine a vu sa vie chamboulée quand il y a plus de deux ans maintenant son fils aîné fut broyé dans un accident de la route. Il venait tout juste d'avoir vingt ans. Elle n'était pas revenue s'occuper d'elle depuis le coma de son Marc. Deux longues années de coma, deux longues années pendant lesquelles elle n'a jamais perdu pied. Elle disait: " tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir." Elle le pense toujours. Le meilleur ami de Marc n'avait pas eu cette chance. Le cinq tonnes qui a anéanti leurs vies lui avait fauché la sienne pour de bon. Et ce matin, elle était là, face à moi. Toujours aussi belle et aussi délicate, toujours la voix brisée. " Il est revenu à la vie, vous savez, pas encore tout à fait, pas encore en entier. Hémiplégique du côté droit, il se remet à parler, très doucement. On vient de lui faire une opération des plus délicates, c'est un chirugien russe qui s'en est occupé en Espagne. On va tout tenter. On ne peut pas laisser tomber. On ne peut pas abandonner son enfant, n'est-ce-pas?". Bien sûr qu'on ne peut pas. Elle a continué à se dire pendant une bonne heure, elle avait trop besoin de parler, de pleurer, de sortir d'elle tous ses doutes et ses découragements et ses espoirs aussi. Elle était venue chercher auprés de moi de l'énergie et je la lui ai offerte du mieux que je pouvais. Certains destins vous secouent les tripes et sont de véritables électro-chocs. On se sent d'un seul coup épargnés malgré nos petites misères. Le malheur de l'autre colore de lumière le sombre de nos états d'être. Même si à chacun sa souffrance, certaines souffrances sont beaucoup plus étreignantes que d'autres.

En me réveillant tout à l'heure d'une sieste régénérante, j'ai repensé à ces mots de Camus:" l'artiste se forge dans cet aller-retour perpétuel de lui aux autres, à mi-chemin de la beauté dont il ne peut se passer et de la communauté à laquelle il ne peut s'arracher." J'ai plus que repensé à ces mots, je les ai ressenti et j'ai pris conscience que si parfois j'ai ce sentiment néfaste de ne servir à rien ou de pas en tout cas faire ce que je voudrais de ma vie, je me trompe. Chaque petit geste de la vie compte. Chaque temps consacré à l'autre nourrit ma fibre. Chaque fois que mon tempérament prend le dessus, mon art s'affine, se dessine, s'enrichit. Ma toute petite pierre à l'édifice. Madame Cheval me paraissait d'un seul coup bien lointaine. Mon âme, en apesanteur. Et mon coeur les voiles gorgées de vent. Me suis sentie en communion, gratifiée, apaisée, moins fiévreuse. En paix. En vie. Prête à repartir. A créer. A écrire. A commercer. A réagir. A inventer. A offrir. A ouvrir. A m'étonner.

 

15:11

" Je ne puis vivre personnellement sans mon art. Mais je n'ai jamais placé cet art au-dessus de tout. S'il m'est nécessaire au contraire, c'est qu'il ne se sépare de personne et me permet de vivre, tel que je suis, au niveau de tous. L'art n'est pas à mes yeux une réjouissance solitaire. Il est un moyen d'émouvoir le plus grand nombre d'hommes en leur offrant une image privilégiée de souffrances et des joies communes. Il oblige donc l'artiste à ne pas s'isoler ; il le soumet à la vérité la plus humble et la plus universelle. Et celui qui, souvent, a choisi son destin d'artiste parce qu'il se sentait différent, apprend bien vite qu'il ne nourrira son art, et sa différence, qu'en avouant sa ressemblance avec tous. L'artiste se forge dans cet aller-retour perpétuel de lui aux autres, à mi-chemin de la beauté dont il ne peut se passer et de la communauté à laquelle il ne peut s'arracher. C'est pourquoi les vrais artistes ne méprisent rien ; ils s'obligent à comprendre au lieu de juger. Et, s'ils ont un parti à prendre en ce monde, ce ne peut être que celui d'une société où, selon le grand mot de Nietzsche, ne régnera plus le juge, mais le créateur, qu'il soit travailleur ou intellectuel."

 

- Albert Camus -

 

15:03

" Un exemple n'est pas forcément un exemple à suivre."

 

- Albert Camus -

 

14:58

"C'est facile, c'est tellement plus facile de mourir de ses contradictions que de les vivre."

 

- Albert Camus -

 

28/01/2013

Entre mes mains

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- Derek Overfield -



Si lentement mes mains te pansent
Mes yeux te parlent nos corps s'installent
Si patiemment je te dévoile
Mes gestes lents et détestables

Le souffle court de mes efforts
Crie nos erreurs nos réconforts
Et comme tu plies je pleure encore
Et comme tu vis je serre plus fort

Entre mes mains tu disaprais
Je garde là ton doux chagrin
Entre mes mains tu disparais
Je reste là je ne dis rien

Si doucement mes yeux te noient
Mes mains te rendent ton innocence
Nos petites morts ont tant vécu
Que l'on s'endort à moitié nus

Entre mes mains tu disparais
Je garde là ton doux chagrin
Entre mes mains tu disparais
Je reste là je ne dis rien

Entre mes mains, entre mes mains tu disparais ...


- Joseph D'Anvers -




22/01/2013

Try to be alive

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19/01/2013

chaos

Aristote a dit:"la musique adoucit les moeurs". Elle apporte, c'est vérifié, réconfort et sentiment de sécurité à bon nombre de personne atteintes de la maladie d'Alzheimer. Je n'ai pas encore cette maladie, mais d'après une très ancienne ex petite amie de Pat, c'est ainsi que je devrais finir, elle lit dans les astres et m'a décrit dans le moindre détail ma fin funeste. Autant dire que je ne suis pas pressée! La musique adoucit les moeurs et en l'occurence, cette soirée d'hier en présence de Manu Katche et surtout de Nils Peter Molvaer m'a permis d'oublier pour un temps le fracas de mon coeur.

Avant-hier, en route pour la capitale, c'est pour moi la saison des achats, un hiver en cache un autre, la neige vient de tomber, en boutique je reçois l'été et je m'en vais décider de ce que sera fait l'hiver prochain. Je vis dans une sorte d'absurdité mais c'est la loi du genre, assise chaudement dans la voiture, me faisant délicieusement conduire, rêvassant au dernier passage que je venais de lire de Simone de Beauvoir dans ses lettres à Nelson Algren, je reçois un coup de fil sur mon portable. Alertée vu l'heure tardive, je décroche et j'entends une vois familière, celle de mon fils, haletante et en souffrance: " S'il te plaît, décroche, s'il te plait décroche, maman, mon dieu, faîtes qu'elle décroche...". Choquée, pensant au pire, je lui dit le plus calmement possible: " Je suis là, mon chéri, je suis là, qu'est-ce qu'il t'arrive?". J'avais déjà à ce moment précis l'estomac noué et les palpitaions d'usage d'une mère inquiète.

- Ils sont rentrés dans la maison, ils étaient trois, je n'ai rien pu faire, ils ont cassés la fenêtre du salon, ils ont dévastés la maison, ils m'ont menacés, je...

- Calme-toi mon coeur, calme toi, je suis là, ils sont partis maintenant. Es-tu blessé?

- Non, je n'ai rien, je suis chamboulé, secoué, horrifié, j'ai peur, j'ai peur maman et puis j'ai rien pu faire...

- Raconte-moi , dis-moi doucement ce qui s'est passé. Mais avant ferme les volets, tu te sentiras plus en sécurité. Ils ne vont pas revenir ce soir...

Tout en fermant les volets, Peter me raconte ce qu'il vient de vivre. Le récit est entrecoupé de larmes, de frissons et d'élan de haine aussi. Il est très ému.

Tranquillement installé dans sa chambre au deuxième étage de notre maison située en plein coeur de la ville, il se faisait une joie de passer une soirée tout seul, peinard avec lui et lui-même. Nous étions en route pour Paris et son frère au cinéma avec sa douce amie. Il entend du bruit mais ne s'en inquiète pas outre mesure, il pense que les tourtereaux sont rentrés et font du rangement. Quand même au bout d'un moment, pour s'en assurer, il se met à sortir de sa chambre et tombe nez à nez avec deux gars basanés qu'il ne connaît ni d'Eve ni d'Adam. Là, c'est la panique des deux côtés. Les deux prennent leurs jambes à leur cou, dévalent en courant l'escalier et repartent pa la fenêtre brisée avec deux sacs enflés et le troisième sort de mon bureau, un chandelier à la main avec un " Bâtard, si tu bouges, je te fracasse!" qui cloue mon grand sur place et se sauve. Peter découvre alors les dégâts.

Mis à part la fenêtre du salon brisée, le rideau éventré et la barre à rideau descellée par la force du mouvement d'intrusion forcée, ils ont mangé des bananes dans la cuisine, sans doute pour prendre des forces, ont vidé par terre le contenu du placard sur le palier où je range mes fringues d'été, fouillé gentiment si je puis dire le bureau de mon homme et complètement mis à sac le mien. M'ont pris mon ordi portable, mon apprareil photo, toutes mes bagues qui étaient entreposées dans un pot en ébène africain à côté des mes livres de poésie dans l'étagère au dos de mon bureau. Ma bague de fiançaille, une petite aigue marine sur un jonc en or, la bague que ma belle-maman m'avait confiée qui lui venait de sa grande tante, ces bagues années trente après guerre or blanc platine et diamant, elle y tenait tant et puis d'autres bagues qui m'étaient chères plus par leurs histoires que par leur valeur en soi au marché noir. Quand Peter, après s'être remis de ses émotions deux verres de rhum à la rescousse, m'a envoyé les photos du chantier dans mon bureau, j'ai été prise d'un spasme lourd et profond et j'ai fondu en larmes. Un chaos. Pas d'autre mot. Jonchent sur le sol pêle-mêle tous mes papiers, mes vers, mes billets doux, toutes les petites attentions que je conserve minutieusement et que je relis et retrouve quand j'ai le coeur trop lourd. Tous mes tiroirs vidés, mes étagères retournées, ma vie piétinée.

- Tu appelles Police Secours, ok! Et tu me rappelles dans la foulée. On va continuer à se parler jusqu'au retour de ton frère. Encvoie-lui un texto, qu'il ne soit pas surpris par le chambardement en entrant et Trouve une solution pour calfeutrer la fenêtre, il fait un froid de canard ce soir.

- Ok, maman! Je n'ai rien pu faire , tu sais...

- Tu as fait beaucoup, mon grand. Va sovoir s'il n'y avait eu personne dans la maison ce qu'auraient été  les dégâts. Tu peux être fier de toi, ça va ?

- Merci maman, ça va , ça va. J'appelle les flics et te rappelle.

Les "Police secours" ont été très sympa. Ils l'ont valorisé en insistant sur le fait qu'il avait mis en fuite les trois voleurs, qu'il avait bien réagi en restant courtois et puis ils sont passés à la maison le rassurer. Rien de tel que d'agir dans ces moments là. Son frère est rentré, ils ont fait une nuit blanche. C'est violent en crisse une telle expérience.

 

16/01/2013

Cut-Up

Bon, voilà le résultat. Je n'avais sous la main que le journal du textile, une sorte de journal pro rébarbatif qui n'a qu'économie, affaire et comment faire pour mieux faire à son actif. N'ayant personne de cinq à sept, j'ai coupé dedans et fait mon petit cut-up! A vous de jouer, maintenant!

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"L'eldorado au sommet développe la femme, une fois n'est pas coutume. La vie ose vers le futur. La créativité réveille l'envie, regagne du terrain, au bout des doigts. L'homme se fait plus souple et plus léger, s'ouvre, se donne, a envie, n'a plus honte, voyage, confident. C'est beau. La résistance tourne. Les courbes en devenir jouent au plus fin. La recherche inspire. Le futur secret à emporter dans sa valise se préoccupe DEHA,"corps" en indien ancien. Le sort du style, seconde peau, la page belle en marche se mue coquine. Beaucoup de turbulences, la révolution ne se cache plus particulièrement orageuse. Naissance. L'esprit de retour souffle. L'invisible ose se montrer le jour dans le sillage. Une sortie du tunnel. Une silhouette futuriste se lance plus épurée. Attitude. Bien-être. Charme. la femme préfère pour se différencier revivre, virevolter, toucher, connaître, tirer son épingle du jeu. épure."

 

15/01/2013

Neige

La neige est tombée dru cette nuit et a recouvert de son manteau blanc ouaté tout le paysage. Plus un bruit, tout est feutré, filtré, absorbé. Je suis incapable d'en voir toute la beauté. J'ai le poignet qui hurle, qui se souvient et qui a peur d'à nouveau perdre la main. C'est si étrange la mémoire. On peut oublier pendant des jours et des nuits et puis d'un coup se rappeler nettement une chute, une déchirure, une souffrance aigue, une peur indicible. Le cerveau, cette masse de cicatrices, caverne d'ali-baba de tous nos sacrifices, antre peuplé de fantômes près à ressurgir en grimaçant titubant sous le poids des ans et en même temps délicieux havre d'ancres positives et de souvenirs fleuris d'éternels printemps...

 

14/01/2013

Blog & Co (suite 2)

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Toujours dans ma réflexion sur les blogs et grâce aux recherches de Christian dans sa mémoire vive, je vous encourage à aller lire tous les textes que la revue Zinc avait publiés sur le sujet en Automne 2007 dans son numéro spécial Blogue. Black Angel m'a fait remarquer à quel point l'article d'OldCola est celui qui rejoint le plus mes idées sur le blog: j'en profite pour le remercier, le colosse de Bordeaux, d'archiver sans relâche, car grâce à lui on peut y avoir accès, .

 

 

Premiers gestes

Tous les matins, depuis début janvier je reprends mon rituel du début de l'année dernière auquel s'est ajouté les trois pages d'écriture "sans penser" conseillées par "Comment développer sa créativité". Je m'enveloppe dans une veille robe de chambre tantôt bleue tantôt fraise écrasée et j'allume mon ordinateur. D'abord aveuglée par la lumière de l'écran, les yeux encore collés par une nuit chargée de rêves et peuplée d'imageries et d'élucubrantes idées, je consulte mes mails. Quand je vois que j'en ai reçus, je ne les ouvre pas tout de suite, un peu comme je faisais plus jeune avec mon courrier, j'attends, je me délecte d'abord de l'expéditeur en espérant lire encore et encore de quoi me nourrir et je vais faire un tour chez moi et chez mes amis pour sentir ce qui s'est passé pendant la nuit dans leurs vies et dans leurs têtes. Je sens alors que mon esprit amalgame le tout. Le futur passé chez Christian, le chier un schtroumpf chez Mac, le coeur à palme chez Laure, la Tarasque chez VieuxG., Plumi chez Plumi, l'invitation à la valse chez Lelius, Orfeenix et Michael chez Mokhtar et toute la matière à se griser les neurones en commentaire chez moi parce que Laure, parce que Bizak, parce que chaque réaction provoque en chaîne une pensée à l'autre bout. Je me pose. Je réfléchis. Il est déjà sept heures et demie. J'essaie de ne pas me laisser surprendre par des interférences d'ordre pratique, tout ce que je vais devoir accomplir dans la journée. J'essaie de mettre à l'écart les pensées noires, tordues, désernégisantes, empêcheuses d'avancer et je tente de me concentrer sur ce qui me vient à écrire. Les fameuses trois pages d'écriture du matin sont normalement des pages personnelles que personne à par celui qui les écrit ne doit lire. Cela s'avère exact qu'au bout de trois semaines de cet exercice ressortent en filigrane les désirs les plus profonds, les besoins, le mode d'expression. Boileau d'un seul coup me revient en mémoire, le fameux Boileau cité par Venise à son insu, repris par Laure sur son blog, ce qui ce conçoit bien s'énonce clairement, à croire que notre esprit est construit avec cette fulgurance puisqu'il est capable de fabriquer lui-même une réponse à nos problèmes pourvu qu'on veuille bien lire ce qu'il a à dire. A ce moment précis de ma réflexion, je sens le besoin d'aller relire la note de Mistral, parce qu'elle m'a perturbée. Autant le CUS de Mac m'a fait lyeser, autant le questionnement de Christian m'a interpellée, vraiment: Un autodidacte célébré pour sa maîtrise du langage peut-il, avec le moindre espoir de convaincre, exprimer le drame de l'ignorance structurelle de sa génération? Et dénoncer la sienne propre, s'il songe à tout ce qu'on a criminellement négligé de lui enseigner? Peut-il avec succès alerter ses contemporains à l'urgence d'agir alors même qu'il semble incarner à lui tout seul l'inexistence du problème qu'il soulève? Toute son éloquence ne servira qu'à dissimuler l'agonie de l'éloquence. Ultimement, la logique exigera qu'on ne sache plus parler pour persuader autrui des périls que court la parole, qu'il ne sache plus nous comprendre, il faudra perdre le lire et l'écrire pour qu'un illettré adresse à un autre une missive bien sentie s'inquiétant du cours des choses. Absurde à un bout, absurde à l'autre et sans substance au milieu: ce fil de réflexion me contraint depuis longtemps, aussi sûrement qu'une chaîne soudée à un piquet planté dans un champ, quand elle mène à un collier coulant qui ceint le cou d'un grand chien jaune. Aïe. Ne pouvons-nous donc pas nous permettre l'imperfection? Ne sommes-nous pas condamnés à toujours peaufiner et à toujours aiguiser nos couteaux, comme en cuisine, plus on s'en sert, plus il faut affûter la lame pour qu'elle reste coupante? Je reste avec ma réflexion un bon moment avant de mesurer la souffrance qu'implique une telle prise de conscience, une telle absurdité. En même temps je sens qu'elle me pousse dans mes retranchements, et toi que fais-tu pour que ça change, quelle pierre vas-tu mettre à l'édifice de l'humanité, comment vas-tu t'y prendre? 


13/01/2013

La délicatesse

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" La délicatesse des gestes révèle celle des sentiments."

- Proverbe africain -

 

Simone, mon deuxième prénom...

 

En vérité, l'influence de l'éducation et de l'entourage est ici immense.Tous les enfants essaient de compenser la séparation du sevrage par des conduites de séduction et de parade; on oblige le garçon à dépasser ce stade, on le délivre de son narcissisme en le fixant sur son pénis; tandis que la fillette est confirmée dans cette tendance à se faire objet qui est commune à tous les enfants. La poupée l'y aide, mais elle n'a pas non plus un rôle déterminant; le garçon aussi peut chérir un ours, un polichinelle en qui il se projette; c'est dans la forme globalede leur vie que chaque facteur : pénis, poupée, prend son poids. Ainsi, la passivité qui caractérisera essentiellement la femme«féminine» est un trait qui se développe en elle dès ses premières années. Mais il est faux de prétendre que c'est là une donnée biologique; en vérité, c'est un destin qui lui est imposé par ses éducateurs et par la société. L'immense chance du garçon, c'est que sa manière d'exister pour autrui l'encourage à se poser pour soi. Il fait l'apprentissage de son existence comme libre mouvement vers le monde; il rivalise de dureté et d'indépendance avec les autres garçons, il méprise les filles. Grimpant aux arbres, se battant avec des camarades, les affrontant dans des jeux violents, il saisit son corps comme un moyen de dominer la nature et un instrument de combat; il s'enorgueillit de ses muscles comme de son sexe; à travers jeux, sports, luttes, défis, épreuves, il trouve un emploi équilibré de ses forces; en même temps, il connaît les leçons sévères de la violence; il apprend à encaisser les coups, à mépriser la douleur, à refuser les larmes du premier âge. Il entreprend, il invente, il ose. C'est en faisant qu'il se fait être, d'un seul mouvement. Au contraire, chez la femme il y a, au départ, un conflit entre son existence autonome et son «être-autre»; on lui apprend que pour plaire il faut chercher à plaire, il faut se faire objet; elle doit donc renoncer à son autonomie. On la traite comme une poupée vivante et on lui refuse la liberté; ainsi se noue un cercle vicieux; car moins elle exercera sa liberté pour comprendre, saisir et découvrir le monde qui l'entoure, moins elle trouvera en lui de ressources, moins elle osera s'affirmer comme sujet; ... les femmes élevées par un homme échappe en grande partie aux tares de la féminité.
 
- Simone de Beauvoir -
 
 
Ce matin, je me lève aux aurores, sachant que ma journée va être une fois de plus consacrée à recevoir les doléances d'un tas de femmes cherchant à résoudre leur mal-être, Eh oui, même le Dimanche!. Comme évidemment je n'habille que les femmes, c'est plus souvent d'elles que je reçois les confidences. Parfois un homme s'égare à me confier ses pensées existentielles, mais c'est plus rare. Hier, samedi, la journée fut chargée. Premier Samedi des soldes, faut le vivre pour le croire. Electriques, hystériques, femmes au bord de la crise de nerfs, maris à bout, enfants balladés de boutique en boutique n'en pouvant plus de suivre mécaniquement des parents en quête de bonnes affaires, individus hagards suivant la masse, et au milieu de tout ça, néanmoins une ou deux bonnes surprises: une vieille connaissance qui réapparaît dans ma vie après des années de perte de vue et une de mes bonnes clientes qui, mariant sa fille dans l'urgence a senti le besoin de venir m'en parler avec l'argument de lui trouver une tenue. Comment en est-on arrivé à parler de Simone? Je ne sais plus. Mais elle a sourit quand je lui ai dit que c'était le prénom de ma grand-mère paternelle et donc mon deuxième prénom de baptême (tradition familiale oblige). " Quand j'étais adolescente, j'ai eu une passion pour elle, j'ai lu tous ses livres je crois. J'aimais aussi beaucoup Duras et Colette. Mais c'est avec Simone que j'ai le plus avancé. Grâce à elle, j'ai élevé ma fille autrement, autrement que ce que ma mère a fait de moi..." Pendant que je cherchais à trouver dans les rayons blindés cette fameuse tenue qui pourrait faire l'affaire pour le "jour J" ( comme elles disent pour la plupart) de sa fille, elle me parlait et me parlait encore, elle avait un incommensurable besoin de parler, je n'entendais qu'elle. J'essayais de me concentrer, une oreille pourtant attentive à ses propos. J'ai appris à faire ça avec le temps. Faire deux choses à la fois et tendre plusieurs cellules de mon cerveau. " C'était un vrai garçon manqué, remarquez, je n'ai pas eu trop de difficultés à l'élever autrement. Elle n'arrêtait pas de faire les quatre cent coups, etait toujours fourré avec son frère, jouait au foot, construisait des cabanes et au lieu de créeer des vêtments pour ses poupées ou comme moi passer des heures à jouer à la dînette ou à la marchande, elle les dépeçait et les torturait dans tous les sens. Plus tard elle s'est toujours habillée comme un garçon. C'est bête cette expression. Et maintenant, vous la verriez, une vraie femme, chatte, ensoceleuse, une diva!". Je lui tends une magnifique robe noire destructurée de Martin Margiela et lui propose au milieu de sa réflexion de la passer avec un longue veste plissée argent vielli d'Issey Miyaké, cet ensemble ne pouvait que lui aller, des matières qui mettrait en valeur ses rondeurs en les suggérant plutôt qu'en les moulant. pendant qu'elle continuait son monologue tout en se déshabillant, je pensais: " Comment aurais-été avec ma fille si j'en avais mise une au monde?"...
 
- Ah, Blue! C'est bon de te revoir. Comment tu vas?
- Wouah, Alexandra, ça fait un bail dis-moi, cinq, six, sept ans, je ne sais plus, mais ça fait longtemps, non?
- Une éternité! mais regarde nous n'avons pas changé. Les épreuves nous ont conservées...
- Qu'est-ce que tu deviens?
- Tu ne vas pas le croire... Je me marie!
- Non !?!
- Je ne pensais pas me remarier un jour, tu sais avec tout ce que j'ai endurer de mon premier mariage... Toi, ton homme, ça va?
- Oui, ça va... Tes filles?
- Difficile. C'est toujours difficile. Leur père est devenu fou. Il a fait rechute sur rechute, tu sais, il a été hospitalisé un nombre de fois incalculable, maintenant il est retourné vivre chez sa mère. C'est très triste, il n'a jamais réussi à dépasser son irrépressible besoin dépressif, il est devenu agressif et méchant avec elles, plus qu'avec moi. Elle ne peuvent plus le voir, il les détruit. Mais elles sont soulagées qu'un homme entre dans ma vie, elles n'aurant pas à s'occuper de moi, c'était un souci pour elles...
 
Je me souviens bien des deux gamines d'Alexandra, l'aînée était d'une intelligence fulgurante, elle s'intéressait à tout, art, philosophie, littérature, musique, peinture et la seconde un vrai petit diable ne se passionnait que pour la course à pied! Quand j'ai connu Alexandra, j'avais dix-sept ans. A l'époque j'étudais ma médecine en première année, elle était déjà à la fin du cursus, interne en cardiologie. Je faisais des babby-sittings mais n'ai jamais eu l'occasion de garder ses filles, les petits gars de sa meilleure amie, oui. Elle est devenue une amie aussi des années après. Le monde est si petit...
 
Aurais-je été différente avec ma fille qu'avec mes fils? Quelle espèce de femme serait-elle devenue? A-t-on des enfants à son image? Ai-je été une bonne maman pour mes garçons? Est-ce que Simone a raison?