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22/03/2013

Zucchero

 

 

Ce matin j'ai démarré sur les chapeaux de roues. Me suis vétue de noir des pieds à la tête et ai enfilé une jupe longue, un pull souple et moelleux et des bas noirs. Je me sentais femme, femme, female. J'ai alors pris ma voiture et j'ai fait mon trajet quotidien en énergisante compagnie. Zucchero! Oh fatche! J'avais déjà des ailes qui m'étaient poussées dans la nuit mais là, j'ai décollé et suis arrivée à la boutique l'âme élargie comme un grand aigle noir qui déploie ses ailes et y pose son petit pour le soutenir sur son pennage. Il faisait un froid de canard mais j'étais chaude comme un gratin de courgettes sortant du four. Rien n'a entamé l'humeur de ma journée. Pas même la rareté de la clientèle ou sa morosité. Pas non plus les coups de fil répétés de tous mes créanciers ou celui salé à souhait de mon banquier préféré. C'est bon de se sentir ainsi pousser des ailes. C'est un attribut étonnant et renversant. On a le sentiment que tout va être possible, on prend de la hauteur, on jubile. Zucchero ne m'a pas quittée et quand à mon retour quelques huit heures après je l'ai retrouvé, l'humeur intacte mais pourtant fatiguée, j'ai à nouveau entonné à tue-tête avec lui son refrain. Parfois, la vie peut être si énervée...

 

 

21/03/2013

J'écris ton nom*

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- Rogier Van der Weyden -






* Liberté - Paul Eluard -


aparté

C'est quoi au juste, "vivre sa vie"? Cette question me déroute. Peut-on en vivre une autre et ne pas vivre la sienne, ou attendre d'ailleurs ou d'autrui de nous faire vivre vraiment? J'ai longtemps, trop, très, oublié de vivre la mienne sans pour autant ne pas la vivre vraiment, c'est complexe. Alors si ce sentiment de ne pas vivre sa vie, ce sentiment pressant d'être en-deçà assaille, ben faut réagir dare-dare et tenter l'improbable, enfoncer, avancer, se surprendre... Je ne connais rien de meilleur que d'avoir pris des risques. Rien de meilleur non plus que d'en prendre toujours...

 

Carole Melmoux

« Oublier pour vivre et se souvenir pour créer, créer c’est se souvenir c’est puiser dans notre mémoire, c’est se laisser traverser par le passé pour qu’il se taise un peu en nous et qu’il parle en dehors de nous. Créer c’est aussi oublier ce que l’on sait pour laisser s’exprimer l’inespéré. » 

- Carole Melmoux -

 

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20/03/2013

Le printemps est inexorable*

 

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" J'ai su avec les yeux ouverts plus grandement sur les choses que la vie que nous déployons peut aussi révéler de la joie."

- Odilon Redon - 

 

* Pablo Neruda

 

18/03/2013

nous ne sommes presque rien

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- Martha Graham, cave of a heart d'Isamu Noguchi -

 


podcast

- Liane Foly - Nous ne sommes presque rien -

 

17/03/2013

Mode

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- Photo Laurence Guez -


J'ai promis de parler de la Fashion Week. Chose promise... Le métier que j'exerce est loin des podiums, loin des effets de style, loin des longilignes évanescences que je croise, loin de toute cette poudre aux yeux, loin de l'image qu'on renvoit de la femme, loin des magazines, loin des "must have", des "it bags", loin des clichés. Je suis une femme de terrain. 

Je croise des stars, des créatures, des créateurs, des insensés, des beaux parleurs de la matière, des fous dingues achevés du style, du genre, du comment il faudrait être, de l'élégance incarnée. Tout cela m'amuse, me stimule aussi, donne matière à mon roman en cours mais tout cela est loin, mais loin de chez loin de la réalité. C'est normal! On a fait de la mode un art! Sauf qu'en fait la mode n'en est pas un, c'est un art appliqué et c'est à ce moment là qu'elle devient vivante et c'est à ce moment là, qu'elle me plait.

Quand je parle de la Fashion Week, beaucoup s'imaginent sans doute que je me laisse aller aux divagations qu'on me propose, qu'entre deux coupes, je m'enivre au taffetas rose ou à la création hallucinante d'un nouveau tailleur de Karl! Folklore! Mon métier est plus simple et plus compliqué aussi. Je tente de trouver ce qui va pouvoir plaire, va pouvoir seoir, va pouvoir embellir, séduire et convenir à ma cliente future. Je tente d'innover, d'extrapoler ses besoins. J'explore et je m'engage. C'est pas de la blague! C'est du concret. On ne vit pas d'amour et d'eau fraîche, pas vrai?

J'aime ce que je fais, j'aime embellir les femmes, j'aime qu'elle se sentent mieux, qu'elles aient un regard plus doux et plus aimants sur leur corps et qu'elles se permettent d'être comme elles le souhaitent. Je suis récompensée quand elles se plaisent et quand elles se voient belles. Pour moi c'est le rôle du vêtement, permettre à tout à chacun de s'exprimer et d'exister. D'être au mieux. De s'aimer.



Ce matin,

je me sens l'âme tendre, féline et féminine.

 

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16/03/2013

Même sommeil, même réveil*

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* Paul Eluard


15/03/2013

une journée pas ordinaire

On en parle depuis, quoi, deux ou trois ans. Les projets fusent chaque fois que l'on se voit et puis finissent dans un tiroir. Bon, j'allais pas fort ce jour là, des vieilles remontées que je ne peux pas gérer tant elles me submergent, mais je m'y fais, on se fait au meilleur comme au pire, on se fait à la vie, on se façonne avec. Elle m'est rentré dedans avec ses mots et puis a débarqué, caméra au poing.

- Tu sais, je te vois en haut d'un terril!

- Un terril, t'es sûre?

- Ouais! Même que tu cries, que tu as les bras en croix, que t'es rageuse à mort!

- Ah! Oh! Ouch! Et je fais quoi au juste en plus d'éructer?

- Ben... tu ES!

- Ben, OK!

 

La journée, celle qui vient de se passer fut juste comme un rêve... Une séquence troublante et particulièrement émouvante avec ma tasse de thé, une autre, juste incroyable les deux mains dans la terre noire et une troisième séquence digne d'un Tarkovski en mode Anna près de Carvin dans le Pas de Calais où là, je suis montée, j'ai grimpé le bazar et j'ai hurlé au sommet comme je le faisais ado, tout ma rage d'enfant blessé. 


Ahmad Wali

 

ce que j'ai vu en rêve

 

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- Photo Laure K. -


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14/03/2013

Blue Sky

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13/03/2013

Black

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" J’aime l’autorité du noir. C’est une couleur qui ne transige pas. Une couleur violente mais qui incite pourtant à l’intériorisation. A la fois couleur et non-couleur. Quand la lumière s’y reflète, il la transforme, la transmute. Il ouvre un champ mental qui lui est propre."

- Pierre Soulages -

 

 

12/03/2013

Ah! comme la neige a neigé

 

C'est le Nooooord!

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 Ma petite cour hier matin vers 9 heures, un film de sucre glace recouvre tout...


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La même, mais ce matin, à la même heure!!



Toute la journée d’hier et toute la nuit d’aujourd’hui il a neigé. Flocons après flocons, tout s’est recouvert d’un épais manteau blanc. A dix jours du printemps ! C’est beau, c’est blanc, c’est apaisant mais ça n’est pas le pied quand on est commerçant !! Pas de bus, pas de métro, le tramway est à quai, les trains restent dans la gare et les gens… chez eux. Moi-même je ne peux pas me rendre sur mon lieu de travail, la porte d’entrée de ma maison s’ouvre sur un mur de neige, le vent a balayé la poudre dans tous les recoins, impossible de bouger, impossible de sortir, coincée, immobilisée.

 

« La mort couve la vie sous manteau blanc


Enigme incertaine d'une venue


Nouvelle des caresses des amants


La fonte des neiges sur leurs corps nus.… » 

 

Alors, plutôt que me morfondre, râler, faire la tête ou en vouloir à celui qui là-haut nous envoie ce tapis sucre glacé, je me suis mise à la fenêtre et j’ai laissé mon esprit rêvasser à mes amis du Québec. Eux, le froid, les congères, la neige en masse, ils connaissent bien. Une petite épaisseur de trente centimètres, ça doit les faire sourire en coin. C’est presque rien… Mais pour nous ici, c’est limite la fin du monde. Un nombre incroyable de foyers n’a plus l’électricité, les routes ne sont pas dégagées, personne n’est équipé. Et comment je vais faire pour vendre de l’été, des petites robes légères, des chemisiers en voile, des pantalons corsaires, des petites jupes en lin ? La semaine dernière, c’était le printemps enfin, les petits oiseaux nous faisaient leur refrain et les femmes avaient des envies de changement, de couleurs, de mouvements. Là c’est sûr, chacune doit maugréer à devoir remettre des chaussettes, des collants, des gros pulls ou rester sous la couette plutôt que de s’ouvrir à la douceur du temps.

C’est étrange comme les changements de saison influent sur notre inspiration. On est forcément différent suivant le climat dans lequel on se pose. J’imagine dans les pays où il fait toujours chaud ou ceux où à l’inverse il fait toujours froid. L’individu n’est forcément pas le même. Et nous qui connaissons des saisons et qui avons le printemps et l’automne pour avoir des émotions comme personne, nous sommes chanceux, au fond…

 

« Les sanglots longs 
des violons
 de l'automne
 blessent mon coeur 
d'une langueur
 monotone. »


« Avril, dont l’odeur nous augure


Le renaissant plaisir,


Tu découvres de mon désir 


La secrète figure. »


Alors, impatiente de voir venir cette fonte prévue dans les jours qui viennent, c’est drôle comme soudain la météo prend une place énorme, je recompte mes commandes pour l’hiver prochain. Ici, c'est le Nooooord!

 

11/03/2013

Wilhelm Hammershøi, peintre de l'intime

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Descendant de Vermeer ou précurseur de Hopper ? Hammershøi, peintre danois dont la notoriété s'affirme dans les années 1880, est sans doute l'un et l'autre. L'intimisme minimaliste de ses intérieurs aussi bien que l'atmosphère trouble qui se dégage de son apparent rigorisme en témoignent suffisamment.

Hammershøi a sans doute inventé le portrait de dos, comme il existait un portrait de face ou de profil. Cette femme assise - dont on ne saurait dire s'il s'agit d'une bonne ou d'une bourgeoise, ni même deviner ce qu'elle est en train de faire - attire par son indifférence affichée vis à vis de celui qui la contemple. Au personnage silencieux correspond une gamme très raffinée de gris et de bruns, qui montre la sensibilité profonde du peintre aux atmosphères intérieures.

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 La composition est toute en angles droits : les lignes de la chaise, de la plinthe, de la desserte quadrillent cet éloge de l'absence avec une rigueur toute protestante. Mais il ne faut pas en conclure trop rapidement que cette toile est une allégorie de la solitude ou du tragique humain. Car Le vrai sujet en est peut-être la nuque, partie du corps la plus indécente dans l'imaginaire oriental. Aussi bien ces rares mèches folles, l'ouverture de la blouse laissant apercevoir la blancheur du dos, en contrepoint de la coupe en forme de fleur posée sur le meuble, constituent-ils les antidotes radicaux à la tentation d'une lecture platement puritaine. (Source Musée d'Orsay)

 

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" Il n'y a rien que cet espace enclos dans les lignes minuscules et vertigineuses du parquet, du plafond, la symétrie des moulures sur les murs, un parallélisme obsédant qui se cherche des points de fuite, une ouverture. Une lumière exsangue et bleue, fatiguée de se frayer un chemin à travers des rideaux, des tentures, des bibelots espacés, respectables, inutiles. Et puis cette nuque un peu penchée... Froide ou chaude ? C'est dans l'incertitude que la sensualité progresse, en silence, en secret. "

- Philip Delerm - Intérieur -



10/03/2013

Drôle de Dimanche

Réveil normal, tôt, amical. Rien ne semblait pouvoir ombrer cette journée froide et humide dehors mais chaude et chaleureuse dedans. Poulet-purée habituel. Discussion et échange en famille aussi. On décide de voir un film. " La taupe", le film de Thomas Alfredson. Le matin entre le thé et le déjeuner j'avais été remuée par un documentaire sur Yves Saint Laurent et Pierre Bergé que Pat m'avait enregistré, me suis pas méfiée! Quand la Taupe est arrivée, j'ai fait un malaise, submergée. Saleté d'inconscient. Bon, pas de panique, je connais la chose, quand elle veut s'exprimer elle n'a pas d'heure. Me suis couchée. Me suis réveillée trois heures après, la langue pâteuse et surtout les idées grisées. Et plein d'options dans la tête! Un dialogue intérieur, une sorte de mal être, toujours ces vieux démons qui hantent mon esprit et puis aussi ces questions lancinantes: c'est quoi tout ce tremblement, qu'est-ce que je fous, à quoi je sers, suis-je vraiment aimable, aimée? C'est idiot. Je le suis. Mais j'en doute. Parce que je doute de ce que je suis. Je sais, ça commence à bien faire, ça fait quatre années que je dis ça ici, que je cherche, que je creuse, que j'escamote. Mais bon, c'est comme ça. Je tiens le bon bout mais un élastique m'empêche de vraiment couper le cordon. J'ai mis au monde trois beaux gars, magnifiques et denses. Je vis avec et tout contre un homme fabuleux. J'ai des amis formidables, des amours, je me réalise peu à peu, une sorte de course à l'échalotte! Je veux vivre ma vie, la vie telle qu'elle m'est donnée à fond, jusqu'au bout. J'ai besoin d'oeuvrer. De dire. D'écrire. Je ne suis pas poète mais j'y suis sensible...

"Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d'amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n'en garder que les quintessences. Ineffable torture où il a besoin de toute la foi, de toute la force surhumaine, où il devient entre tous le grand malade, le grand criminel, le grand maudit, - et le suprême Savant ! - Car il arrive à l'inconnu ! - Puisqu'il a cultivé son âme, déjà riche, plus qu'aucun ! Il arrive à l'inconnu ; et quand, affolé, il finirait par perdre l'intelligence de ses visions, il les a vues ! Qu'il crêve dans son bondissement par les choses inouïes et innommables : viendront d'autres horribles travailleurs; ils commenceront par les horizons où l'autre s'est affaissé!"

- Lettre du voyant - Arthur Rimbaud -