22/07/2009
Juan Gris
Né à Madrid, José Victoriano Carmelo Carlos González-Pérez, dit Juan Gris, y entame des études d’ingénieur, qu’il abandonne en 1904 pour se consacrer à la peinture. Il se détourne rapidement du style Art nouveau qui prévaut alors pour se tourner vers celui de son compatriote Pablo Picasso, qu’il rejoint à Paris, dans la colonie d’artistes du Bateau-Lavoir, dans le quartier de Montmartre. Il devient l’ami de Georges Braque, Henri Matisse, Amedeo Modigliani et Fernand Léger.
Il réalise alors des dessins satiriques pour les journaux L’Assiette au beurre et Charivari, et ne se consacre pleinement à la peinture qu’en 1912. Il expose cette même année au Salon des Indépendants l’Hommage à Picasso, qui le révèle au public par son interprétation très personnelle du cubisme.
Grâce à un contrat d’exclusivité signé avec le marchand d’art Daniel-Henry Kahnweiler, Gris obtient un statut confortable et peut se consacrer librement à ses recherches. Ainsi incorpore-t-il des bandes de papier ou des morceaux de miroir collés sur ses toiles. Puis il passe à partir du 1914 à un cubisme plus synthétique, donnant une vision simultanée des différents aspects des objets. Il réalise en 1922 des costumes et des décors pour les Ballets russes de Sergueï Diaghilev.
Dès 1920 son état de santé se dégrade, mais il parvient à mettre en ordre ses théories artistiques dans plusieurs conférences et articles, notamment dans Des Possibilités de la peinture (1924), conférence donnée à la Sorbonne. Il meurt en 1927 à l’âge de quarante ans.
Le Cubisme est sans doute le mouvement le plus décisif de l’histoire de l’art moderne. Héritant des recherches de Cézanne sur la création d’un espace pictural qui ne soit plus une simple imitation du réel, et des arts primitifs qui remettent en cause la tradition occidentale, le Cubisme bouleverse la notion de représentation dans l’art. Comme le dit John Golding, historien de l’art et spécialiste de ce mouvement, « le cubisme est un langage pictural absolument original, une façon d’aborder le monde totalement neuve, et une théorie esthétique conceptualisée. On comprend qu’il ait pu imprimer une nouvelle direction à toute la peinture moderne ».
Le Cubisme comprend plusieurs étapes. Les protagonistes du mouvement conduisent d’abord une recherche qui pose la question de l’unité de la toile et du traitement des volumes en deux dimensions. Cette première phase du Cubisme, nommée Cubisme cézannien, se situe entre 1908 et 1910. Une fois conquise l’autonomie du tableau, la question de l’espace se précise, pour devenir une sorte de déconstruction du processus perceptif. Cette étape appelée Cubisme analytique se poursuit jusqu’en 1912. Enfin, après avoir frôlé l’abstraction et l’hermétisme, les artistes réintroduisent des signes de lisibilité dans l’espace de la toile, des éléments issus du quotidien, des papiers et objets collés, orientant ainsi le Cubisme vers une réflexion esthétique sur les différents niveaux de référence au réel. Cette dernière étape a été baptisée Cubisme synthétique.
Les deux premières phases sont menées par Georges Braque et Pablo Picasso qui, voisins à Montmartre dans les ateliers du Bateau-Lavoir, travaillent en étroite collaboration. Ils sont rejoints par Juan Gris en 1911 et le sculpteur Henri Laurens en 1915.
Le Cubisme influence aussi la jeune génération de peintres des années dix. Robert Delaunay, Fernand Léger, Albert Gleizes, les frères Duchamp (Raymond Duchamp-Villon, Jacques Villon, Marcel Duchamp) y prennent une impulsion qui les conduira à de grandes découvertes.
Enfin l’influence du Cubisme se fait sentir dans toute l’Europe, débouchant aussi bien sur les ready-made que sur la peinture abstraite. L’abstraction de Piet Mondrian, le Constructivisme russe, le Suprématisme de Kasimir Malevitch, et même le Futurisme, qui sera en rivalité avec leCubisme, tous sont redevables des innovations originairement mises en place par Braque et Picasso.
Une façon neuve d'aborder le monde.
21:48 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : peinture, art, cubisme, humain
20/07/2009
autrement
16:45 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : art, danse, expression, humain
12/07/2009
regards de femmes
22:59 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : femme, cinema, art, rencontre
06/07/2009
Egon Schiele
Ses premiers travaux s'inspirent de l'impressionisme, mais très vite il est attiré par la Sécession Viennoise. Son travail est dés lors très influencé par les recherches de Klimt, ainsi que Van Gogh, Hodler et George Minne qui jouent un rôle essentieel dans l'évolution et la construction de son style. Il peint des portraits, notamment sa soeur qu'il représente sur un fond vide, monochrome et uniforme, l'une des caractéristiques de son oeuvre.
Dans son oeuvre le nu occupe une place très importante, il est fasciné par le corps humain, sa précarité et les pulsions dont il est l'objet. Le corps de la femme l'inspire.
L'originalité totale d'Egon Schiele est finalement qu'il fait du corps humain un puissant support de l'expressivité. Il peint un grand nombre de nus expressifs. En 1912, à la suite d'une condamnation pour distribution de dessins immoraux, il se voit confisquer quelques-uns de ses dessins érotiques et fait trois jours de prison. Son sentiment d'injustice et de révolte grandit, il réalise un certain nombre de dessins érotiques plus provoquants encore.
Il quitte sa compagne en 1915 et épouse la même année Edith Harms, il est mobilisé peu après à Prague. Son art semble devenir plus équilibré, les thèmes ne sont plus les mêmes, les corps moins torturés. En 1918 il peint un tableau intitulé La Famille qui caractérise cette évolution.Quelques mois plus tard sa femme meurt de la grippe espagnole et lui-même succombe trois jours plus tard le 31 Octobre 1918.
09:55 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : art, peinture, egon schiele, rencontre
01/07/2009
Christo
Christo et Jeanne-Claude, communément Christo, est le nom d'artiste sous lequel est connue l'œuvre commune de Christo Vladimiroff Javacheff (né le 13 juin 1935 à Gabrovo en Bulgarie) et de Jeanne-Claude Denat de Guillebon (née également le 13 juin 1935 à Casablanca)
Ce couple d'artistes contemporains (qui emballe la géographie et l'histoire) s'est rendu célèbre par ses objets empaquetés. Naturalisés américains, ils vivent à New York dans le quartier de SoHo.
Leur travail consiste à emballer de tissus un lieu, un paysage ou un monument, de manière éphémère ou durable. Ce qu'on appelle le Land Art. Ces projets monumentaux et de longue haleine ont pour vocation de donner une autre identité au lieu et donc de changer le regard du public. Leur objectif est d'ammener le public à l'art, le surprendre et l'impressionner. Ces oeuvres que l'on ne peut pas acheter, ni même posséder, parlent de liberté selon Christo. Elles s'inscrivent en écho aux phénomènes de société contemporains, comme la consommation, le marchandage ou la médiatisation.
09:24 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : land art, art, monde, regard
25/06/2009
Balthus
Balthus manifeste une indépendance qui l'opposera toujours au surréalisme qu'il considéra toujours comme une faillite de l'art. Résolument figuratif, ses tableaux au fil des années représentent plus volontiers des scènes à la fois intimistes, insolites et érotiques, dans lesquelles des jeunes filles évoluent dans cette absence constante repliée sur soi, et une pensée à la proie du rêve, du cauchemar ou de l'inconscient.
En 1956, le Museum d'Art Moderne de New York organise une rétrospective de son oeuvre qui lui permet d'être dès lors totalement reconnu en opposition avec le développement de la peinture abstraite.
Considéré à cette époque comme l'un des plus grands peintres réalistes de son temps, il prend la direction de la ville Medicis à Rome, en 1971 par le souhait de son ami, le ministre André Malraux, et ce jusqu'en 1977. C'est alors qu'il se retire en Suisse pour continuer à peindre. La réputation de Balthus va dés lors grandissant à partir de 1984, et il est l'un des rares artistes à avoir été exposé au Louvre de son vivant. Décédé dans son chalet de la Rossinière le 18 février 2001, il laisse derrière lui une oeuvre totalement singulière de plus de 350 peintures connues à ce jour, de plus d'un millier de dessins et d'une cinquantaine de carnets de croquis.
05:45 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : peinture, art, humain
23/06/2009
une minute trente de poésie ...
19:50 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : théâtre, poésie, humain, art
02/06/2009
Chaïm Soutine
Peu expansif, introverti et secret, Chaïm Soutine n’a tenu aucun journal et n’a laissé que peu de lettres. Les photographies le représentant sont rares. Le peu que nous sachions de lui provient de ceux qui l’ont côtoyé et des femmes qui ont partagé sa vie. "Soutine resta une énigme impossible à déchiffrer jusqu’à la fin. Ses toiles sont les seules clefs véritables qui ouvrent la voie de cet homme déroutant."Un génie sauvage et désespéré, un artiste génial, scrutateur des âmes et de l'esprit; la matière de sa peinture est dense, charnelle et visuelle.
Chaïm Soutine naît dans une famille juive orthodoxe d’origine lituanienne de Smilovitch, un shtetl de quatre cents habitants en Biélorussie. Les conditions de vie étant pénibles pour les Juifs sous l’empire russe, il y passe une enfance pauvre, dans les traditions et les principes religieux du Talmud. Son père gagne sa vie comme raccommodeur chez un tailleur. Chaïm (héb. « vie ») est le dixième d’onze enfants. Timide, il se livre peu. Le jeune garçon préfère dessiner au détriment de ses études, souvent des portraits de personnes croisées ou côtoyées. La tradition rabbinique étant très hostile à la représentation de l’homme, le jeune homme est souvent puni. En 1902, il part travailler comme apprenti chez son beau-frère, tailleur à Minsk. Là-bas, à partir de 1907, il prend des cours de dessin avec un ami qui partage la même passion, Michel Kikoine.
"Il n'assimilera jamais la vie ni les mœurs de la capitale, pas plus d'ailleurs qu'il n'avait pu s'acclimater à celles de l'humble village de sa Russie natale où, dixième enfant d'une pauvre famille qui en comptera onze, il s'était refusé à devenir tailleur d'habits comme son père. Pour l'instant toutefois, il vit dans cette misérable Ruche qui a pour voisins immédiats les abattoirs de Vaugirard. Au café proche de son atelier, il a contracté d'invraisemblables relations parmi les bouchers et les tueurs des abattoirs, qui y viennent consommer sous des blouses sanguinolentes ceinturées de l'arsenal de leurs terrifiants couteaux.
Soutine partage avec ses compatriotes le goût des couleurs hautes de ton et d'intensité. Mais, chez lui, la couleur prendra le plus souvent des nuances assourdies. Les verts, les bleus, les jaunes ou les rouges de la palette de son compatriote Chagall sont toujours éclatants, les siens deviennent verdâtres, bleuâtres, jaunâtres ou rougeâtres, sans perdre pour cela de leur intensité convulsive et rageuse. La fréquentation des tueurs de Vaugirard lui inspire volontiers des sujets de bêtes égorgées ou de quartiers de viande pourvus des couleurs de la pourriture. Ses figures, ses paysages, à leur tour, se pareront, Si l'on peut dire, de toutes les boues colorées de la décomposition. Et l'on songe à ces macabres statues des XVe et XVIe siècles qui représentent des squelettes où subsistent quelques lambeaux de chair que fouillent des vers, ou encore aux terrifiants évêques verdâtres dans leurs cercueils ouverts que représente le Triomphe de la Mort, au Campo Santo de Pise.
La vie tout intérieure de Soutine poursuit le cours désordonné d'un rêve de primitif dont il cherche en vain à déterminer le sens. Il aura beau lire, au hasard, les livres les plus divers et les plus contradictoires, depuis la Bible jusqu'aux romans populaires les plus vulgaires en passant par les ouvrages des philosophes et des poètes, il aura beau s'efforcer de pénétrer les secrets des maîtres du passé, de Rembrandt à Cézanne, il ne parviendra jamais à rencontrer, dans toutes les manifestations intellectuelles auxquelles il tentera de s'initier, des échos susceptibles de l'éclairer sur un comportement interne et sur une compréhension des choses qu'il semble subir et au développement desquelles il assiste, pour ainsi dire, comme un étranger. Peut-être aura-t-il souffert d'une sorte d'amour jamais partagé.
Même s'il se passionne un temps pour Rembrandt, il ne lui arrivera jamais d'éprouver l'effet de l'intime satisfaction qu'avait ressentie son ami Chagall qui, après avoir intensément interrogé le vieux maître, avait pu s'écrier, transporté de joie: " Rembrandt m'aime!
Les conditions si spécifiques de l'art de Soutine donnent à entendre combien il serait difficile de considérer l'Expressionnisme autrement que comme un ensemble de tendances particulières puisque le cas du grand artiste demeure unique. Chez Soutine, qui restera toujours imperméable à toute théorie artistique, on relèvera surtout cet attachement irréductible à un goût de la mort ou du néant qui l'incitera à déformer, avec une amère joie sadique, tous les sujets que son pinceau a rencontrés. En effet sa technique sera fonction de ce que lui dicteront ses sentiments. Dire ce qu'il a à dire, et par n'importe quel moyen, sera son unique loi. Il sacrifiera toujours le côté plastique à son état émotionnel. Et encore ce ne sera même pas un sacrifice. Tout le long de sa dramatique existence, il ne fera que crier sa triste complainte avec ce sens bouleversant du pathétique que l'on trouve à l'écoute de quelque admirable Negro spiritual magnifiquement chanté par un nègre à la voix éraillée."
10:02 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : art, peinture, humain, art de vivre
22/05/2009
Van Gogh
Van Gogh, né le 30 mars 1853 à Groot-Zundert, dans le Brabant septentrional, était le fils d'un pasteur protestant. Dès l'enfance, il fit preuve d'un tempérament lunatique et agité qui devait, tout au long de sa vie, contrarier ses projets. À partir de 1869, il devint commis dans une galerie d'art mais, passionné par la lecture de la Bible, il négligea son travail et dut finalement l'abandonner en 1876. Après avoir été prédicateur dans un faubourg ouvrier de Londres, il entreprit des études de théologie à Amsterdam, mais consacrait néanmoins beaucoup de temps à dessiner. En 1878, il s'installa dans la région minière du Borinage où il décida d'évangéliser les pauvres dont il partageait les conditions de vie extrêmement précaires. C'est là, au début des années 1880, que Van Gogh peignit ses premières toiles. Elles représentent des natures mortes ou, comme les célèbres Mangeurs de pommes de terre (1885, Rijksmuseum Vincent Van Gogh, Amsterdam), les paysans et les gens simples qu'il rencontrait. Sombres et presque monochromes, ces oeuvres expriment avec rudesse la pauvreté et la misère de ces mineurs auxquels Van Gogh s'attacha avec une ferveur et une exaltation exacerbées. En 1886, Van Gogh s'installa à Paris et vécut avec son frère Théo qui dirigeait une petite galerie de tableaux. Il fit rapidement connaissance des jeunes peintres qui animaient les mouvements artistiques les plus innovants. Influencé par l'oeuvre des impressionnistes et par celui d'artistes japonais tels Hiroshige et Hokusai, le style de Van Gogh évolua sensiblement à cette époque. Les couleurs s'éclaircirent, les touches de pinceau, qui furent apposées suivant une technique plus étudiée, suivaient souvent la forme de l'objet représenté. Dès 1888, il adopta des teintes franches et brillantes, présentes dans les tableaux de ses amis français. En février 1888, Van Gogh quitta Paris pour le Sud de la France où, sous le soleil de Provence, il peignit des paysages et des scènes de genre de la vie méridionale. L'artiste, installé à Arles, commença à employer des touches courbes, tourbillonnantes et des couleurs pures : le jaune, le vert et le bleu en particulier. Cette technique, si spécifique à l'oeuvre de Van Gogh, apparaît dans les célèbres toiles représentant sa Chambre à coucher (1888, Rijksmuseum Vincent Van Gogh, Amsterdam), et la Nuit étoilée (1889, musée d'Art moderne, New York). Tout phénomène visible, peint ou dessiné par Van Gogh, semble être doté d'une vitalité physique et spirituelle. Dans son enthousiasme, il persuada Paul Gauguin, qu'il avait rencontré à Paris, de le rejoindre. Après moins de deux mois de travail commun, leur relation se détériora gravement et s'acheva par une dispute célèbre au cours de laquelle Van Gogh menaça Gauguin avec un rasoir. La même nuit, Van Gogh se trancha une oreille. Quelques mois plus tard, il entra de plein gré à l'asile de Saint-Rémy-de-Provence où il peignit avec acharnement. De cette période date un grand nombre de chefs-d'oeuvre, dont les Blés jaunes (1889, National Gallery, Londres). En mai 1890, l'artiste quitta le Midi et rejoignit son frère Théo à Paris. Il s'installa non loin de là, à Auvers-sur-Oise, près de la maison du docteur Gachet qui admirait et soutenait déjà plusieurs peintres impressionnistes, et dont Van Gogh fit le portrait. L'artiste travaillait avec ardeur. Pourtant, le 27 juillet 1890, il se tira un coup de revolver et décéda deux jours plus tard. Les sept cents lettres que Van Gogh écrivit à son frère Théo (publiées en 1911, traduites en français en 1960) constituent un témoignage unique de la vie d'un artiste, et une précieuse documentation concernant une uvre particulièrement fertile : environ sept cent cinquante tableaux et mille six cents dessins. Le peintre français Chaïm Soutine, ainsi que les peintres allemands Oskar Kokoschka, Ernst Ludwig Kirchner et Emil Nolde, doivent plus à Van Gogh qu'à aucune autre source d'inspiration. En 1973, le Rijksmuseum Vincent Van Gogh, conservant plus de mille tableaux, esquisses et lettres, a été ouvert à Amsterdam.
«N'oublions pas que les petites émotions sont les grands capitaines de nos vies et qu'à celles-là nous y obéissons sans le savoir.»
En plus de son oeuvre de peintre, et sa grande générosité, il laisse avec les lettres à son frère Théo, un témoignage humain et sensible de grande beauté. personnellement j'ai vraiment été touchée par ces écrits , différemment mais presque autant que par sa peinture, son bleu, sa lumière ... «Il faut commencer par éprouver ce qu'on veut exprimer.» - Vincent Van Gogh -
" L'orageuse lumière de la peinture de Van Gogh commence ses récitations sombres à l'heure même où on a cessé de la voir. Rien que peintre, Van Gogh, et pas plus, pas de philosophie, de mystique, de rite, de physcurgie, ou de liturgie, pas d'histoire, de littérature ou de poésie, ces tournesls d'or bronzés sont peints: ils sont peints comme des tournesols et rien de plus, mais pour comprendre un tournesol en nature, il faut maintenant en revenir à Van Gogh, de même que pour comprendre un orage en nature, en plaine nature, on ne pourra plus ne pas en revenir à Van Gogh. Je crois que Gauguin pensait que l'artiste doit rechercher le symbole, le mythe, agrandir les choses de la vie jusqu'au mythe, alors que Van Gogh pensait qu'il faut savoir déduire le mythe des choses les plus terre-à-terre de la vie. En quoi je pense , moi, qu'il avait foutrement raison. Car la réalité est terriblement supérieure à toute histoire, à toute fable, à toute divinité, à toute surréalité." - Antonin Artaud -
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18:15 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : peinture, art, art de vivre
16/05/2009
littérature
" Je crois en l'art bien plus qu'en l'or
Même si l'or dure, l'art est plus fort."
- Christian Mistral - Vacuum -
09:09 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : christian mistral, littérature, art
10/05/2009
Gerhard Richter
19:44 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : peinture, art, photo
25/04/2009
Paul Delvaux
Peintre post-impressionniste, expressionniste puis surréaliste.
Subissant l'ascendant de sa mère, Paul Delvaux est élevé dans la crainte du monde féminin.
Après des études à l'Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, il réalise des tableaux post-impressionnistes, puis expressionnistesinfluencés, notamment, par James Ensor. Cependant, à chacun des changements d'inspiration, Paul Delvaux détruit ses tableaux (1920-24).
C'est en découvrant un tableau de Giorgio De Chirico « Mélancolie et mystère d'une rue », que Delvaux a la "révélation" du surréalisme (1934). Sans jamais adhérer au mouvement, il commence, avec « Femmes en dentelle », une série d'œuvres d'une unité si profonde que n'importe lequel de ses tableaux se reconnait au premier coup d'œil.
Il expose ses œuvres à l'exposition des surréalistes de Paris en 1938.
Il a peint également de grandes compositions murales comme celle du Casino-Kursal d'Ostende, du Palais des Congrès de Bruxelles, de l'Institut de Zoologie à Liège.
Paul Delvaux a reçu une faveur nobiliaire du roi des Belges mais il n'y donna pas suite.
Le village de Saint-Idesbald dans la commune flamande de Coxyde, sur la côte belge où il a vécu longuement depuis 1945, lui a consacré un musée depuis 1982.
J'ai toujours beaucoup aimé Paul Delvaux, étonnée de lire d'ailleurs dans le résumé sur sa biographie sa crainte du monde féminin. Avec cette manière pourtant si fine, et si onirique de peindre les femmes, je me dis qu'il a ainsi sublimé sa peur, et comme c'est émouvant. Comme le dit Minotaure dans le texte de tête , c'est une peinture très esthétique et sophistiquée, vraiment proche des rêves, riche et voyageante.
Et ce travail sur l'inconscient, l'image de soi. Toute une poésie dans son regard touchante, et interpellante. Encore un homme qui nous parle ainsi qu-delà comme s'il avait traversé le miroir des âmes, et goûté à son égarement. Fascinant.
12:28 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : art, peinture, beauté
23/04/2009
corps à corps
00:34 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : art, relation, humain, regard
22/04/2009
femmes
06:27 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (8)
21/04/2009
élégance
"... écouter son coeur qui danse
être désespéré ...
mais avec espérance ..."
10:24 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : musique, danse, art de vivre
14/04/2009
Jazz
J'aime le jazz, et depuis longtemps. Toute jeune, j'écoutais Louis Armstrong, et puis Dizzy Gillespie , toujours adoré Billie Holliday et Shirley Horn, sa chanson Here's to life, je ne me lasse pas de l'entendre. Et puis tant d'autres depuis, Bill Evans, Chet Baker, Erroll Garner, Thelonious Monk, Miles Davis, Diana Krall, Brad Mehldau..., la liste est longue, je vais pas tous les citer là .
Shirley Horn - Here's to life -
J'aime dans le jazz, l'émotionnel, et cette sorte de spontanéité. J'aime cette musique libre et sensuelle, puissante, charnelle. Une exposition consacrée au jazz , Quai Branly , à voir si vous passez à Paris, d'abord pour la beauté de ce musée et puis pour l'amour de l'art.
01:17 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : musique, expo, art, passion
08/04/2009
Kandinsky et Calder à Beaubourg
"Est beau ce qui procède d'une nécessité intérieure de l'âme. Est beau ce qui est beau intérieurement. "
-Vassili Kandinsky -
"Un soir de 1908, Kandinsky a une révélation : rentrant dans son atelier de Murnau, en Allemagne, il aperçoit dans la pénombre, posé sur un chevalet, «un tableau d'une beauté indescriptible». Il est fasciné : «C'était une superbe mêlée de couleurs, sans sujet.» En s'approchant, Kandinsky est stupéfait de constater qu'il s'agit d'une de ses toiles, mais posée à l'envers. Cette vision le bouleverse. «Tout devint clair, dira-t-il plus tard. La description des objets n'avait aucune place dans ma peinture, elle lui était même nuisible. Un abîme effrayant s'ouvrait sous mes pieds.»
En effet : qu'un tableau puisse ne pas être une image du monde extérieur, se passer d'un prétexte « réaliste », voilà une idée qui s'opposait à toute la tradition de la peinture européenne qui, jusque-là, de Giotto à Ingres, avait toujours été une représentation de personnages, de paysages, d'objets... Que les formes et les couleurs se suffisent à elles-mêmes, sans référence à un sujet, ce constat n'avait jamais été aussi précisément fait. Telle fut ce jour-là pour Kandinsky la prise de conscience de la peinture abstraite.
Ce saut dans le vide, qui marque une rupture avec l'histoire de la peinture européenne, et d'où naîtra tout un pan de l'art moderne, est au cœur de la grande exposition que le Centre Pompidou consacre à Kandinsky à partir du 8 avril. L'accrochage chronologique le suit dans sa démarche vers la découverte, puis l'affirmation d'un espace pictural proprement abstrait. On s'embarque dans l'aventure avec un Kandinsky encore jeune, non pas peintre, mais juriste, plongé dans des études de droit et d'économie. Ce n'est pas une vocation, mais une tradition dans la famille de la grande bourgeoisie de Moscou, où il est né en 1866. Il aurait sans doute continué dans cette carrière prometteuse si, en 1895, il n'avait pas visité, au musée Alexandre III, une exposition d'impressionnistes français. Il y avait là une toile de Claude Monet de la série des Meules de foin, où le peintre étudiait l'évolution de la lumière sur un même motif au fil des heures. Kandinsky est surpris : «Je n'ai pas tout de suite reconnu le sujet de cette peinture, racontera-t-il. Cette incompréhension me troublait et m'agaçait. Je sentais sourdement que le sujet manquait dans cette œuvre, mais je constatais aussi qu'il s'en dégageait la puissance d'une palette qui dépassait tous mes rêves. Le sujet n'était donc pas indispensable au tableau.» Un beau texte : envoûté par Monet, Kandinsky vient d'avoir la première révélation des possibilités d'une peinture non figurative. Et c'est ainsi que d'appel en appel, Vassily renonce peu à peu à la carrière de juriste dans laquelle il s'était engagé pour se consacrer à la peinture. En 1896, il quitte Moscou et s'installe à Munich. Vocation tardive : le futur peintre a déjà 30 ans.
Mais il réfléchit vite : en 1906, il a fait le tour des différentes révolutions artistiques de son temps : impressionnisme, symbolisme, cézannisme, fauvisme, expressionnisme. Il constate que ces différentes « avant-gardes » marquent non pas le commencement, mais la fin d'un cycle artistique, car toutes continuent à se référer à un motif extérieur, vainement disséqué, déformé, disloqué. En 1910, il se lance dans la première œuvre non figurative jamais commise de main d'homme, l'Aquarelle abstraite. Suivent ses premiers grands chefs-d'œuvre, des Compositions et des Improvisations. Il travaille en même temps à son ouvrage le plus célèbre, Du spirituel dans l'art, où il affirme le rôle primordial de la couleur dans sa nouvelle conception d'un art dicté par la seule « nécessité intérieure » (innere Notwendigkeit) de l'artiste. Il aime participer aux expositions internationales, où il retrouve des artistes russes, Larionov, Gontcharova, Malevitch, et d'autres, comme Braque, Picasso, Derain, La Fresnaye et Paul Klee, avec qui il va se lier d'une amitié durable. En même temps que les tableaux de cette époque-là, toute une série d'aquarelles, d'esquisses, de dessins et de gravures nous font assister à l'affirmation de l'art le plus subjectif qui fût jamais pour aboutir, en 1914, dans Improvisation sans titre, à l'une des dix peintures abstraites réalisées la même année.
A la veille de la guerre, Kandinsky quitte Munich pour regagner Moscou. Mais il laisse son œuvre derrière lui, confiant son atelier et ses travaux à sa compagne, peintre elle aussi, Gabriele Münter. Après leur rupture, il ne reverra jamais ces toiles, qui ne figureront même pas dans les diverses monographies publiées de son vivant (en 1924, puis en 1931). Elles ne seront redécouvertes qu'en 1956, douze ans après la mort du peintre, lorsque Gabriele Münter les léguera à la ville de Munich.
Une seconde fois, les œuvres de Kandinsky lui seront confisquées : après son retour à Moscou, en 1914, on lui avait confié la réorganisation des arts et des musées et la direction d'expositions collectives. Sur l'une des rares photos qui témoignent de ces événements, on peut voir des œuvres que Kandinsky sera obligé de laisser en gage lorsqu'il quittera Moscou pour Berlin, en 1921. Elles vont demeurer inaccessibles jusqu'en 1963, date à laquelle certaines seront par miracle exposées lors de la première vraie rétrospective que le Guggenheim Museum de New York consacrera à Kandinsky. Il est assez rare qu'un artiste moderne soit à ce point spolié de son œuvre.
Vassily connaîtra encore deux exils : en 1921, à l'invitation de Walter Gropius, il accepte un poste de professeur au Bauhaus, cette formidable école d'art à la recherche d'une unité de tous les savoirs. Quand, en 1933, les nazis feront fermer l'institution, Kandinsky viendra se réfugier en France. C'est l'ami Duchamp qui trouvera pour le peintre et son épouse un petit appartement à Neuilly, où Vassily s'éteindra en décembre 1944. Pendant l'Occupation, à plusieurs reprises, l'ambassade américaine l'avait pressé de rejoindre les Etats-Unis. Mais, en 1939, Kandinsky était devenu citoyen français. Il aimait Paris, qui, la magnifique exposition du Centre Pompidou le prouve, le lui rend bien."
- Véronique Prat -
Une expo lui est consacré à Beaubourg du 8 Avril au 10 Août .
Parallèlement, et parce que j'affectionne particulièrement son travail, ne manquez pas l'expo Calder.
Sculpteur de père en fils Vers l'abstraction : les Mobiles Exécutées en fil de fer et en bois, ses nouvelles œuvres évoquent le schéma de l'univers. L’artiste construit des sculptures composées d'éléments mobiles indépendants entraînés par un moteur électrique ou par une manivelle, que Marcel Duchamp baptise Mobiles. Les sculptures non aériennes de Calder seront nommés par opposition Stabiles. De retour aux Etats-Unis en 1933, Calder rencontre un grand succès. Il continue à donner des représentations du Cirque Calder, collabore à des mises en scène de Martha Graham ou d'œuvres d'Erik Satie. À partir des années 1950, des commandes importantes lui sont confiées, et Calder se concentre sur la sculpture monumentale, avec notamment en 1958 La Spirale, mobile pour le siège de l'UNESCO à Paris. Il connaît la consécration en 1964 grâce à une rétrospective au Guggenheim Museum de New York. Alexander Calder meurt le 11 novembre 1976 à New York à l'âge de soixante-dix-huit ans. Sartre fut une des premières personnes à acheter un mobile (Paon) à Calder, et il a conservé l’œuvre toute sa vie. L’intérêt pour les mobiles (même s’il semble presque disparu aujourd’hui) se manifestait dans le monde entier. Calder a exposé dès 1943 au MoMA⁵. Dans les années qui suivent, il perfectionne sans cesse les rapports entre les éléments de ses mobiles, tout en en créant de nombreux stabiles, certains gigantesques, pour de nombreuses places publiques sur les cinq continents. Montréal possède un des plus grands, Man (20 m x 30 m), inauguré lors de l’Exposition Universelle de 1967.
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22:23 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : peinture, sculpture, art
03/04/2009
l'homme parle
" militants du quotidien , on prépare nos lendemains "
07:38 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : paroles et musique, art, état d'âme
23/03/2009
Basquiat
Une star météorite de l'underground graffiti new yorkais , j'aime l'expression de Basquiat, un poète de rue, une autre manière de dire .
" Basquiat l'Homme de l'ombre."
Je soutenais qu'il ressemblait à un joueur de flûte, car il avait le pouvoir d'enchanter les esprits. Mais ses instruments étaient des pinceaux, des brosses, du papier, de la colle, des toiles et non de simples sons.
- La différence qu'il y a entre vous et les autres, c'est que vous semblez ivre de prendre les dieux à témoin. Vous faites jaillir les yeux hors des orbites, vous forcez les gens à éprouver des émotions troublantes. Vous transcendez les âmes des anciens esclaves et vous en faites des zombies palpitants qui avouent leur dette aux cultes vaudous.
Jean-Michel Basquiat (ou plutôt son ombre ) me répondit en un éclair que ce n'était pas vrai. Il quittait le monde et le fuyait en peignant. Il avait honte parfois et rougissait aussi de ce qu'il représentait. En fait son ambition et la recherche des honneurs le taraudaient aussi, mais il s'en était préservé par l'amour sans souci : les héros marrons ou noirs aux cheveux hérissés comme des autoportraits aux corps désarticulés qui le poursuivaient étaient ses frères.
- Cependant je n'ai aucune ressemblance avec eux. Moi j'ignore tout et je ne sais rien !
- Jean-Michel vous vous cachez encore dis-je. Vous passez votre vie à plaisanter. Vos exercices de gymnastique picturale...
Il n'y avait pas moyen de résister à cet homme fier qui se réjouissait déjà.
-Pierre Givodan- ( chroniques intempestives et subjectives à propos de l'art )
Jean-Michel Basquiat fut le premier véritable artiste graffeur de New York, avant de connaître un succès international en tant que peintre néo-expressionniste dans les années 1980.
De mère porto-ricaine et de père haïtien, Basquiat montre très jeune des aptitudes artistiques, et est encouragé par sa mère à peindre et dessiner. A l’âge de 17 ans il commence, avec son ami El Diaz, à couvrir les immeubles de Lower Manhattan de graffs, auxquels il ajoute la signature « SAMO » ou « SAMO shit » (« same old shit »). En 1978 leVillage Voice publie un article à propos des messages écrits par Basquiat, qui met fin à l’activité de SAMO en inscrivant sur les murs de SoHo « SAMO is dead ».
Basquiat quitte le lycée en 1978 et s’installe avec des amis, vendant des T-shirts et des cartes postales dans la rue pour survivre. Il obtient une première reconnaissance en 1980 en participant à une exposition collective, « The Times Square Show ». En 1981, un article du critique d’art René Ricard paru dans Artforum lance la carrière de l’artiste.
Les œuvres de Jean-Michel Basquiat montrent divers motifs récurrents : squelettes et masques exprimant son obsession de la mort, éléments urbains tels que voitures, immeubles, jeux d’enfants, graffitis… De nombreuses toiles de l’artiste montrent son intérêt pour l’identité noir et haïtienne.
Au début des années 1980, Basquiat commence à exposer ses œuvres à New York et dans le monde, grâce à plusieurs galeristes. En 1983 il rencontre Andy Warhol, avec qui débute une collaboration intensive et une forte amitié. C’est aussi le moment où Basquiat sombre dans l’héroïne et montre des premiers signes de paranoïa. Il meurt d’une overdose en 1988, à l’âge de 27 ans.
" Je ne pense pas à l'art quand je travaille . J'essaie de penser à la vie ."
J.M Basquiat
11:12 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : peinture, art, paroles, expression
16/03/2009
Brancusi
" Ceux qui appellent mon travail abstrait sont des imbéciles. Ce qu’ils appellent abstrait est en réalité du pur réalisme, celui qui n’est pas représenté par la forme extérieure, mais par l’idée, l’essence de l’œuvre. "
- Constantin Brancusi -
Constantin Brancusi est né en Roumanie en 1876, dans un petit village d’Olténie aux pieds des Carpates, au sein d’un monde rural et archaïque. Très jeune il quitte son village natal et, en 1894, entre à l’Ecole des arts et métiers de Craïova où il est admis l’année suivante dans l’atelier de sculpture puis dans celui de sculpture sur bois. En 1898, il entre à l’Ecole des Beaux-arts de Bucarest. En 1904, il traverse une partie de l’Europe pour rejoindre Munich, où il s’arrête quelque temps à la Kunstakademie, avant d’arriver à Paris le 14 juillet .
Dès son arrivée à Paris, il poursuit sa formation à l’Ecole des Beaux-arts dans l’atelier d’un sculpteur académique reconnu : Antonin Mercié. En 1906-1907, diplômé des beaux-arts, il expose au Salon d’Automne. Auguste Rodin, président du jury, remarque son travail et lui propose de devenir metteur au point dans son atelier. A cette époque Rodin jouit d’une reconnaissance internationale et près de cinquante assistants travaillent pour lui.
Un mois dans l’atelier de Rodin lui suffit pour estimer qu’« il ne pousse rien à l’ombre des grands arbres ». Suit une période difficile pour définir son propre engagement d’artiste : « Ce furent les années les plus dures, les années de recherche, les années où je devais trouver mon chemin propre ».
Brancusi, quant à lui, est issu d’un monde archaïque et d’une tradition millénaire de la taille du bois. Pour le sculpteur, « c’est la texture même du matériau qui commande le thème et la forme qui doivent tous deux sortir de la matière et non lui être imposés de l’extérieur ».
C’est une différence essentielle avec Rodin, car Brancusi ne se présente pas comme un créateur mais comme un intercesseur capable de révéler au sein du matériau qu’il utilise « l’essence cosmique de la matière ». Dans le choix préalable de son bloc de pierre ou de bois, Brancusi perçoit par avance, dans la spécificité du matériau, la présence de la sculpture.
La reconstitution de son atelier par Renzo Piano au centre Pompidou est remarquable .
L’artiste minimaliste américain, Carl Andre, dans sa sculpture intitulée 144 Tin Square, composée de 144 carrés d’étain de même dimension disposés au sol pour former un carré, dira n’avoir fait que mettre à plat La Colonne sans fin de Brancusi.
La sérialité potentiellement infinie des Colonnes et l’importance que Brancusi accorde à la perception de l’espace dans lequel ses œuvres s’inscrivent définiront une grande partie de la sculpture contemporaine à partir des années cinquante.
Au début du siècle Brancusi partage l’intérêt de ses contemporains pour la Théosophie. Cette doctrine, selon laquelle l’homme est tombé de l’ordre divin dans l’ordre naturel et tend à remonter vers son état premier, est très répandue dans les milieux artistiques. Cette pensée influence des artistes comme Kandinsky, Kupka ou Piet Mondrian.
Autre correspondance avec la modernité : en 1926, lors de son premier voyage à New York, Brancusi souhaite ériger une Colonne sans fin monumentale au cœur même de Central Park. En 1956 c’est une Colonne haute de 400 mètres qu’il souhaitera réaliser à Chicago.
Depuis l’unique atelier du 8 impasse Ronsin, jusqu’à l’ensemble des ateliers du numéro 11 tels qu’ils ont été légués par l’artiste avant sa mort, Brancusi a accordé une importance capitale à la relation de ses sculptures avec l’espace qui les contient.
Dès les années dix, en disposant des sculptures dans une étroite relation spatiale, il crée au sein de l’atelier des œuvres nouvelles qu’il nomme groupes mobiles, signifiant ainsi l’importance du lien des œuvres entre elles et les possibilités de mobilité de chacune au sein de l’ensemble.
En 1922, Brancusi n’a pu se rendre à New York pour l’exposition Exhibition Contemporary French Art où vingt-et-une de ses sculptures sont exposées. Des photographies de la présentation de ses œuvres lui sont envoyées. Disposées contre les murs et mélangées à celles d’autres artistes, elles lui apparaissent comme des objets inertes tant elles ont perdu leur capacité d’expansion dans l’espace. Cet incident le conforte dans l’idée que l’atelier est un espace privilégié pour l’élaboration et la perception de ses sculptures.
A partir des années vingt, l’atelier devient le lieu de présentation de son travail et une œuvre d’art à part entière, un corps constitué de cellules qui se génèrent les unes les autres. Cette expérience du regard à l’intérieur de l’atelier vers chacune des sculptures pour constituer un ensemble de relations spatiales conduit Brancusi à remanier quotidiennement leur place pour parvenir à l’unité qui lui parait la plus juste.
A la fin de sa vie, Brancusi ne produit plus de sculptures pour se concentrer sur leur seule relation au sein de l’atelier. Cette proximité devient si essentielle, que l’artiste ne souhaite plus exposer et, quand il vend une œuvre, il la remplace par son tirage en plâtre pour ne pas perdre l’unité de l’ensemble.
07:15 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : art, sculpture, passion