10/03/2009
Hans Hartung
Héros de l’abstraction lyrique et de l’école de Paris, Hans Hartung est à la fois un artiste reconnu et mal connu. À la spontanéité apparente du geste s’oppose la méthode analytique, faite d’un long processus qui va du croquis à la mise au carreau.
"Lorsque j’avais entre huit et douze ans, j’étais passionné d’astronomie. Je cherchais à dessiner des éclairs ."
- Hans Hartung -
Né en Allemagne en 1904 , il fuit le régime nazi et adopte la nationalité française. Mort en 1989.
Hans Hartung est attiré dès son adolescence par le graphisme abstrait et se passionne pour Rembrandt, Holbein et Goya.Il découvre la peinture française lors d’une exposition à Dresde.
Alors que ses premières peintures sont figuratives, l’utilisation des couleurs aniline lui inspire ensuite une série d’aquarelles abstraites. Il séjourne à Paris sur les conseils de son professeur et s’y installe.
Il obtient la nationalité française. Chef de file de l’Abstraction lyrique de l’après-guerre, il privilégie le geste spontané, la touche fluide et rapide, et utiliseune gamme chromatique réduite aux contrastes prononcés. Les stries et autres formes sont obtenues à l’aide d’objets comme des branches d’arbres. Puis, à partir des années 60, le noir devient la teinte majeure, agrémentée de grattages et incisions aux couleurs acides.Le noir envahit la toile. Hans Hartung griffonne, gratte, agit sur la toile.
Le temps, le rythme fait de ralentissements et d’accélérations,la lenteur par les taches, la vitesse par le pinceau.
L’artiste, qui dans son atelier retourne ses tableaux face au mur, pense ses œuvres proche de la réalité, une réalité qui provoque l’acte artistique. Pour moi, c'est vrai cette peinture a quelque chose de cosmique , une sorte de puissance dans le mouvement et la légèreté .
" Qu'est ce que peindre , si ce n'est saisir toute la surface d'une onde? "
18:08 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : peinture, art, hans hartung
21/02/2009
Sylvaine Vaucher
«Ce qui est créé par l’esprit est plus vivant que la matière.» Baudelaire
Découvrir l'univers de Sylvaine Vaucher est un voyage vers soi-même . Elle porte un regard sur le corps de la femme étourdissant et profondément sensible et ses images sont d'une poésie rare . Depuis déjà plusieurs mois , je m'étais promise de faire une note parlant de l'expression artistique de cette femme qui me touche jusqu'à la moëlle , si je puis m'exprimer ainsi , et une première note chez Mû et sans doute plus encore la résonance poétique de Jalel El Gharbi m'ont rappelé à cette promesse .
"L'oeil est à celui qui sait regarder, pas à celui qui croit voir".
Sylvaine Vaucher
«Le femme est l’être qui projette la plus grande ombre ou la plus grande lumière dans nos rêves." Baudelaire
03:56 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (29) | Tags : art, photo, poésie, blog
17/02/2009
Camille Claudel
Camille Claudel est née le 8 Décembre 1864 à Fére en Tardenois . Elle est l'aînée des enfants d'une famille bourgeoise, et de Paul Claudel son frère né en 1868 qui deviendra poète, écrivain et diplomate .
Femme libre et artiste elle aura un destin hors du commun. C'est à 17 ans qu'elle décide de faire de la sculpture et d'en faire en quelque sorte son métier. Elle vient à paris en 1882, suit les cours de l'académie Colarossi, rencontre le sculpteur Alfred boucher et créée son premier atelier . En effet, il est inconcevable à cette date qu'une femme est accès à l'école des Beaux-Arts !
Ce n'est qu'en 1889 qu'une classe spéciale pour les femmes, séparée des hommes , est ouverte , et ce n'est qu'à partir de 1903 que celles-ci auront la possibilité de concourir pour le prix de Rome .
En 1853, Camille Claudel rencontre Auguste Rodin et devient son élève. Elle devient aussi son inspiratrice, son modèle, sa confidente, et sa maîtresse tandis que Rodin vit avec Rose Beuret.
C'est la force épique, sensible et tragique des scènes et la parfaite maîtrise de la technique et du détail qui font l'originalité de l'œuvre de Camille Claudel dans l'histoire de la sculpture par rapport à celle de son éminent maître qui ne sera resté finalement qu'un classique dans un expressionnisme donnant l'impression d'un dégrossi modelé, contrasté et parfois grossier de la matière.
" Je réclame la liberté à grand cri "
- Camille Caudel -
06:49 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (36) | Tags : art, sculpture, psychologie, humanité
08/02/2009
Grock
Au Mami , Hervé Suchet nous a présenté un de ses" imparfaits " , qui ressemble au portrait de Grock ce clown génial, à la fois jongleur, acrobate, cascadeur, contorsionniste, danseur, mime ou directeur de troupe ...
L'art du clown est loin d'être facile ; il est un virtuose de la présence de l'émotion , à la frontière entre le tragique et le comique . C'est la quintessence du jeu et de l'abandon , la condition humaine sublimée dans un acte créateur qui vient bousculer l'ordre établi .
Je suis le vieux Tourneboule
Ma main est bleue d’avoir gratté le ciel
Je suis Barnum, je fais des tours
Assis sur le trapèze qui voltige
Aux petits, je raconte des histoires
Qui dansent au fond de leurs prunelles
Si vous savez vous servir de vos mains
Vous attrapez la lune
Ce n’est pas vrai qu’on ne peut pas la prendre
Moi je conduis des rivières
J’ouvre les doigts elles coulent à travers dans la nuit
Et tous les oiseaux viennent y boire
sans bruit
Les parents redoutent ma présence
Mais les enfants s’échappent le soir
Pour venir me voir
Et mon grand nez de buveur d’étoiles
Luit comme un miroir
Werner Renfer, Jour et nuit
23:17 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : peinture, art, paroles, expression
26/01/2009
Kees Van Dongen
Inukshuk a signalé au MAMI l'expo de Kees Van Dongen , à Montréal jusqu'au 19 Avril 2009 . C'est un peintre que j'aime beaucoup , d'où cette petite note en amuse-yeux pour ceux qui ne peuvent aller jusqu'au Québec , et pour ceux qui le peuvent leur donner envie d'aller voir les toiles de ce grand peintre .
Kees Van Dongen naît dans la banlieue de Rotterdam. En 1892, il entre à l’Académie royale des Beaux-Arts de sa ville natale. Fréquentant le Quartier Rouge, sur le port, il dessine des scènes avec des marins et des prostituées.
Le jeune artiste s’installe à Paris en 1899. Il commence à y exposer des toiles dans la manière impressionniste, puis autour de 1905, les couleurs de ses toiles se font plus criantes et saturées, et les formes se simplifient. Le peintre expose au Salon d’Automne de 1905 avec Henri Matisse et les artistes que la critique surnomme « les Fauves ». L’année suivante il s’installe au Bateau-Lavoir à Montmartre, avec son ami Picasso, et gagne sa vie en vendant des dessins satiriques à La Revue blanche, et en organisant des bals costumés à Montparnasse. Dans ses toiles, il développe le thème des prostituées et du cirque. En 1908, Van Dongen expose avec les peintres expressionnistes allemands du Brücke, mais reste attaché au fauvisme.
Rapidement, le marchand d’art Daniel-Henry Kahnweiler signe un contrat avec le peintre, ce qui lui permet d’obtenir un large succès auprès de la bourgeoisie. Après la guerre, l’archétype de la figure féminine à larges yeux et lèvres éclatantes fait le succès de Van Dongen. En 1929 il obtient la nationalité française, et deux de ses œuvres sont admises au musée du Luxembourg. Il produit non seulement des portraits de femmes de la haute société (Madame Jenny Bernard, 1923), mais également des lithographies et des dessins illustrant la vie de Paris (Le Mauvais Shimmy, 1921). Van Dongen devient un peintre à la mode et sa fortune est considérable. Il achète une somptueuse villa à Cannes qu’il baptise avec une ironie grinçante « le Bateau-Lavoir ».
Kees van Dongen meurt en 1968 à Monte Carlo, à l’âge de quatre-vingt-onze ans.
Kees Van Dongen a beaucoup fréquenté les cirques dont le célèbre Médrano au pied duquel il exposait ses toiles ... à même le sol. Vision classique du clown triste sauf que chez Van Dongen, tous les gens sont tristes . Evidemment on peut lui reprocher d'avoir surtout peint des portraits de la haute , et d'avoir bien gagné sa vie grâce à ce milieu , il n'a sans doute pas révolutionné la peinture mais il y a une touche , une sensibilité qui m'émeut , peut-être , oui , cette sorte de tristesse , de quête ... Je ne sais pas dire , mais à chaque fois que j'ai eu l'occasion d'en voir un , chaque fois j'ai été touchée .
"D'accord avec la psychologie, l'art, depuis les débuts du XXéme siècle, a décelé; conquis des montagnes de mouvants désirs, les geysers inavoués, les coraux de l'inavouable, les algues d'un tumulte dont, au bord de la plage d'apparence, le flâneur de la surface n'aurait su prévoir les sous-marines splendeurs.
Dés lors il n'y a point d'abîme où ne doive avoir le courage de plonger qui se propose de représenter l'homme . mais que la zone hier interdite ne prétende point aujourd'hui figurer le paradis retrouvé .
La flamme d'une vie intérieure, si intense soit-elle, ne saurait déceler à elle seule ni éclairer le monde qui est, ni suffire pour forger le monde dont un strict minimum de bonne foi et d'intelligence donne à vouloir qu'il soit et à faire en sorte qu'il devienne." -René Crevel-
00:01 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : art, peinture, expo, montréal
19/01/2009
Ensor
James Ensor est né à Ostende en 1860; Figure originale il domina la peinture belge de son époque. Il commença à peindre sous l'influence de Manet et Degas et des symbolistes de l'époque qui renoncèrent à exprimer les apparences au profit des idées. Sa particularité se trouve dans l'exceptionnelle ardeur vitale qui lui fait apprécier les êtres et les choses jusque dans les aspects les plus positifs et matériels dans un débordement de joie qui entraîne tout et chacun dans des rondes triomphantes.
On a comparé sa carrière à un film montrant à l'accéléré près d'un demi-siècle de peinture, allant du naturalisme à l'expressionnisme et au surréalisme en passant par l'impressionnisme, le symbolisme et le fauvisme. On ne peut donc associer son nom à un style pictural défini; il les transcende tous. Méconnu pendant ses années de génie, il fut fêté dans sa vieillesse, alors qu'il ne faisait que se survivre.
" James Ensor est l'un des peintres dont le drame aura été d'être né trop tôt . Il est pourrait-on dire, l'inventeur de l'expresionisme bien des années avant que les critiques ne conduisent par opposition à l'impressionisme à donner ce nom à un nouveau courant de la peinture moderne.
Il avait la particularité de revendiquer pour le laid une place dans la peinture. Il considérait que la vie n'était avant tout qu'une vaste farce, dont il valait mieux rire en toute circonstance. Il cherchait à traquer dans les portraits et derrière les compositions de ses toiles l'épaisseur et le ridicule de l'apparence. "
04:44 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : art, peinture, couleur, james ensor
12/01/2009
Paul Klee
On a voulu associer l'art de Paul Klee à celui des enfants. Mais on a exagéré, dans ce sens que l'imagination de l'enfant reste toujours gratuite et qu'elle laisse toute liberté à l'intervention de hasards inévitables chez des êtres en formation qui cherchent surtout à trouver leur équilibre par quelque moyen que ce soit. De sorte que le dessin chez les enfants ne constitue jamais qu'une suite de chutes rattrapées où les jeunes artistes veulent bien moins imaginer un monde nouveau que se dépêtrer du leur qu'ils ne connaissent pas encore. Par contre, Paul Klee, lui, s'est facilement dégagé d'un univers dans lequel il n'a pénétré profondément qu'à ses débuts dans l'art de peindre; il lui aura suffi de nous initier au sien, qu'il découvre au jour le jour et au fur et à mesure de ses émerveillements continus.
Il en définira la nature quand il dira: "Jadis nous représentions les choses visibles sur la terre, celles que nous avions plaisir à voir. Maintenant, nous révélons la réalité des choses visibles, par suite nous exprimons la croyance que la réalité sensible n'est qu'un phénomène isolé, débordé de façon latente par les autres réalités. Les choses acquièrent souvent une signification plus large et plus variée en semblant être en contradiction avec l'expérience rationnelle. Il existe une tendance à accentuer l'essentiel de l'aventure." D'autre part, Klee ne s'appesantit pas sur la technique des couleurs, et les règles plastiques seront ce que son inspiration les fera.
Il part toujours, et sans discernement rationnel, d'une vision entrevue, et, là-dessus, improvise à perte de vue et de raison, c'est-à-dire sans savoir exactement où il va ni où il devra s'arrêter. Si ses compositions sont animées d'un rythme attachant et d'une qualité si surprenante, ce n'est pas pour en avoir longuement cherché les mesures. Et si ses combinaisons plastiques sont de même ordre, c'est qu'il possède une science infuse de l'art des formes, des lignes et des couleurs.
D'ailleurs, lorsqu'il parle de lui-même, il ne met jamais en avant son moi intime. Aussi bien n'a-t-il pas éprouvé de sentiments violents; il ne s'abandonne pas non plus à quelque exhibitionnisme expressionniste. Il reste prudent et mesuré, parlant de l'art en formules générales. "Moi et la couleur ne font qu'un..." dira-t-il.
10:05 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : peinture, art, klee, couleurs
05/01/2009
art
" L'art vise à imprimer en nous des sentiments plutôt qu'à les exprimer . "
H.Bergson
( note inspirée par Inukshuk )
05:25 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (34) | Tags : art, peinture, pensée
04/01/2009
Walter Carone
- Matisse - par Walter Carone
Walter Carone , photographe pour Paris Match a immortalisé un grand nombre de personnalités , acteurs , artistes ...
"Il fallait voir le spectacle ! Tous brillants, ils tenaient leurs rôles à la perfection. Les stars s’alanguissaient, les producteurs mâchonnaient leurs cigares, les « starlettes » aguichaient : premiers festivals de Cannes, fin des années noires… Et un prince survient, le pied léger, un visage éclairé d’un sourire de conquête, l’oeil doublé d’un appareil photo. D’un bond, le voilà debout sur une de tables de gala. Il pirouette, bouscule quelques verres, assure son territoire, et de là, bien campé, flashe son monde à la ronde. On le connaît, on le salue, on rit de l’audace, on applaudit le roi de la fête, Walter Carone. Pourtant, il savait les limites de son pouvoir de photographe. Alors circulait entre stars et médias, un air de confiance, de liberté, d’amitié. Walter Carone et quelques garçons de Paris-Match avaient créé une nouvelle aristocratie. Tutoyant, embrassant les riches et les « fameux », sa noblesse venait de son seul Leïca, brandi comme un trophée. "
Une rétrospective " Walter Carone " Exposition du 13 décembre 2008 au 25 janvier 2009
au Cultuurcentrum De Spil - Roeselare - Belgique
- Jacques Prévert -
Je prie mes fidèles et assidus et talentueux lecteurs de m'excuser pour cette erreur !!
22:32 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : photo, expo, art, walter carone
11/12/2008
Au pays de l'outre-noir
Depuis un demi-siècle et plus, l'aveyronnais Pierre Soulages est "le peintre du noir". Pourtant, son matériau premier est la lumière. Portrait du peintre entre ses amours préhistoriques et romanes et sa consécration de Saint-Pétersbourg, où il a été le premier artiste vivant exposé au musée de l’Ermitage.
Pierre Soulages est né le 24 Décembre 1919 à Rodez.
Très jeune il est attiré par l'art roman et la préhistoire. Il commence à peindre dans cette province isolée que n'ont pas pénétré les courants artistiques contemporains. A 18 ans, il se rend à Paris pour préparer le professorat de dessin et le concours d'entrée à l'Ecole Nationale supérieure des Beaux-Arts. Il y est admis mais convaincu de la médiocrité de l'enseignement qu'on y reçoit refuse d'y entrer et repart aussitôt pour Rodez. Pendant ce bref séjour à Paris il fréquente le musée du Louvre, il voit des expositions de Cézanne et Picasso qui sont pour lui des révélations.
Il a douze ans quand son instituteur l’emmène, avec sa classe, visiter l’abbaye romane de Sainte-Foy de Conques pour leur montrer la splendeur de l’architecture... et la "maladresse" des sculpteurs de l’époque. Soulages est trop jeune encore pour mettre des mots sur l’indignation que provoque en lui ce regard sur la sculpture médiévale, mais Conques lui apporte confusément une double révélation : la passion de l’art roman et le désir de devenir peintre.
Soixante ans plus tard, quand l’Etat français le sollicitera pour réaliser des vitraux pour la belle abbaye bénédictine (l’une des plus importantes commandes qu’il ait jamais passées), Soulages ne pourra dire non au lieu de ses premières grandes émotions artistiques.
C’est ainsi qu’en 1994 Conques étrenne ses cent quatre nouveaux vitraux qui relèvent magnifiquement le difficile défi d’inscrire une œuvre du XXe siècle finissant dans un édifice du XIe siècle.
Le Centre Pompidou présentera à l'automne 2009 une rétrospective de son oeuvre .
" J'aime l'autorité du noir, sa gravité, son évidence, sa radicalité. Son puissant pouvoir de contraste donne une présence à toutes les couleurs, et lorsqu'il illumine les plus obscures, il leur confére une grandeur sombre. Un jour je peignais, le noir a envahi toute la surface de la toile, sans formes, sans contrastes, sans transparences. Dans cet extréme j'ai vu en quelque sorte la négation du noir. Les dîfférences de textures réfléchissaient plus ou moins faiblement la lumiére et du sombre émanait une clarté, une lumiére picturale dont le pouvoir émotionnel animait mon désir de peindre. Mon instrument n'était plus le noir, mais cette lumiére secréte venue du noir. Par la suite, pour ne pas limiter ces peintures à un phénoméne optique, j'ai inventé le mot " outre-noir" ; désignant aussi un autre pays , un autre champ mental que celui du simple noir . "
Pierre Soulages
09:24 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : soulages, noir, peinture, art
10/12/2008
Capture
Didier a envoyé ce commentaire et ce lien ... J'ai en envie de le relayer ... Et un grand merci pour cette belle découverte ...
Les hasards des gambades sur le web m'ont conduit à découvrir ce site :http://www.paulbloas.com/
Et à lire ce qui suit, avec dans la foulée l'envie de le déposer ici.
Capture de fantômes
" Descendu sur vos indications, voir les peintures de Paul Bloas dans le vieux Beyrouth, Je me suis surpris à attendre sur la route un tramway qui ne venait pas. Quelle heure était- il, et de quel temps ? À quelques pas de là, l'auteur de Sylvie avait trouvé la jeunesse éternelle. C'était peut-être pour cela que je remontais les aiguilles sur une pendule de l'époque de Médicis (il y a un magasin d'horloges diverses en descendant d'Achrafleh, après l'école des Jésuites)...
Les remarques précédentes venaient de m’être inspirées par ces peintures sur les murs de la ville, de la municipalité. Tout de suite ces «traces» parurent ce qu'elles étaient réellement de modestes capteurs de l'énergie de gens passés qui furent, qui sont là, encore, avec nous, en nous.
«La pierre est vivante» on ne le dira jamais assez avec Le Clézio qui fut le premier à me le souffler à deux doigts de l'invasion israélienne, avec Michel Basbous, Saloua RaoudaChoucair ou Mona Saoudi. Vivante de ses éternels habitants, Or Beyrouth est pierre, donc mémoire, et miroir. Miroir reflétant le ciel, à présent le seul nuage qui passe. Mais un nuage habité ?
Michel Butor avait reconnu devant Mona Saoudi, que l'Occident n'avait apporte que destruction à l'Orient. C'est vrai. On notera que le sculpteur Arman, autrefois fier guerrier au Vietnam, venu imposer une œuvre martiale à Beyrouth {hache de guerre, qu'on pourrait déterrer ou du prince Occident et de ses intérêts pécuniaires), reparti la tête assez basse, doit revenir malgré les protestations de nos sculpteurs, avec un projet «modifié »!
Or le travail de Bloas, par contraste est émouvant de tact, utilisant des matériaux offerts par des plantes périssables, inoffensifs à notre pierre de mémoire, il nous a fait un cadeau discret d'une caresse, d'un effleurement, d'un souffle.
Et ce que cet attouchement non agressif libère en conséquence, c'est l'âme de nos morts - qui doit exister quelque part - et émue, revient, descend, reprend le tramway. Non, rien n'a changé, tout est éternel face à ce seul éphémère que j'ai compris maintenant, maintenant seulement grâce à Bloas : la domination, l'arrogance. Main basse sur ma ville. Main basse sur quelques millions d'âmes !
Un Jour, a l'endroit où une amie disparut, une photo est apparue : une affiche, comme pour les surréalistes celle de «Bébé Cadum», avec son vrai nom « Lily, parfum de Paris ». N'est-on pas là dans un autre ordre ?
L'ordre des gens qui ont perdu la parole, et que quelques affiches de hasard, que quelques peintures rares, inspirées, ont la grâce, je dirais la sainteté, de redonner à ceux qui savent les entendre ? "
00:18 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : paul bloas, art, didier, ouverture
02/12/2008
Dora Maar
Dora Maar fut surtout réputée comme photographe et se fit connaître au monde par ses clichés des stades successifs du chef d’œuvre «Guernica» que Picasso peignit dans son atelier de la rue des Grands Augustins. Elle fut aussi peintre après avoir suivi ses conseils mais ce sont surtout les innombrables portraits photographiques de Picasso qui firent sa célébrité. Picasso la rencontra en janvier 1936 à la terrasse du café les Deux-Magots. Subjugué par ses yeux noirs et ses cheveux de jais, il obtint du poète Eluard de faire les présentations.
Dora Maar, née d’un père yougoslave et d’une mère originaire de Touraine, avait été élevée en Argentine. Elle lui répondit en espagnol ce qui eut le don de fasciner Picasso encore plus.
Leur liaison se concrétisa quelques semaines plus tard et sa durée (près de neuf ans) coïncida avec la sombre période allant de la guerre d’Espagne à la Guerre Mondiale
Dora Maar devint donc la rivale de la blonde Marie-Thérèse Walter qui avait donné une fille prénommée Maya à Picasso. Contrairement aux autres femmes qu’il avait connues, elle était une artiste dotée d’une certaine indépendance d’esprit.
A 55 ans, Picasso fut charmé par cette belle brune et produisit durant leur relation de nombreux croquis, aquarelles et toiles qui témoignent aujourd’hui des instants de bonheur qu’il connut avec elle.
Dora Maar les garda jalousement jusqu’à sa mort en 1997 et ce, malgré une existence difficile.
A ses yeux, ces témoignages ineffaçables eurent le don de lui faire conserver un souvenir vivace et fervent de cette longue aventure extraordinaire qui fit d’elle une femme célèbre.
Elle dut toutefois se plier aux caprices de Picasso qui n’avait pas abandonné Marie-Thérèse Walter. Il alla ainsi de l’une à l’autre, au gré de ses humeurs et des événements. Elle fut la «Femme qui Pleure», une toile peinte après «Guernica», le tableau - symbole de la souffrance du peuple espagnol et aussi la femme qui partagea la vie douloureuse de Picasso durant la période trouble des années 1936-1944.
Dans Paris, encore occupé par les Allemands, il lui laissa en guise d’adieu en avril 1944 un dessin de 1915 représentant Max Jacob.
Durant cette longue liaison, Picasso lui offrit de nombreux dessins, des livres, des bijoux qu’il conçut, des tableaux, des aquarelles et des papiers découpés, déchirés ou brûlés avec des cigarettes. Maintenant, on peut se demander quel fut le rôle exact de Dora Maar auprès du peintre, elle qui après leur séparation ne leva pratiquement pas le voile sur leurs relations.
On peut aisément imaginer qu’elle lui fut soumise tout en étouffant avec difficulté tout esprit de rebellion, qu’elle se laissa basculer dans une sorte de masochisme pour assouvir les désirs du maître qui se satisfaisait d’être son dieu. Mais au fond d’elle-même, elle sut probablement qu’elle se sacrifiait au nom de la gloire, profitant d’un côté de l’avantage d’être la muse de l’artiste et de l’autre perdant ses illusions quant à la possibilité de le retenir à jamais auprès d’elle. Cette attitude ne pouvait que provoquer des étincelles qui finirent par court-circuiter cette longue liaison. Elle ne manqua pas d’être foudroyée, même en parvenant à conserver sa dignité, tandis que Picasso, imperturbable, poursuivit sa route sans se préoccuper du sort de celles qui avaient auparavant partagé sa vie.
Au final, elle n’avait été pour ce dernier qu’un jalon et au mieux une complice momentanée qui lui offrit l’occasion de produire de nouveaux chefs d’œuvre et notamment de la peindre livrée au minotaure, telle une femelle résignée se laissant séduire par la bête, le regard fixement posé vers le ciel, victime expiatoire d’un monstre à l’appètit démesuré qui n’était autre que l’ogre Picasso.
Il la dévora comme il l’avait fait d’Olga, Marie-Thérèse et tant d’autres et elle s’immola en échange d’un morceau de célébrité. A travers sa soumission, la photographe de talent qu’elle fut n’hésita pas à passer du rôle de voyeuse à celui de la pellicule qui fixe des instants de bonheur et de désespoir ainsi qu’à celui de révélateur qui sert à les dévoiler.
Elle accepta vraisemblablement son sort avec regret et nul ne sait comment elle se comporta dans ses ébats amoureux avec Picasso. Fut-elle femme-objet, femme fatale, femme-femme ou, lucide, joua-t-elle simplement la comédie ?
Elle fut certainement son carburant durant toutes ces années et on ne s’étonnera pas de penser alors qu’il la consuma car il ne pouvait en être autrement.Elle vécu ainsi dans une superbe maison dans le village de "Ménerbes " dans le Vaucluse avec un trés joli jardin, Nicolas de Staël y vécu également.
De toute manière, aucune femme n’aurait pu changer cet homme de 60 ans engoncé dans ses habitudes, cimenté par son égoïsme forcené et atteint d’ une vanité démesurée nourrie par les flatteries de tant d’admirateurs. Disparue près d’un quart de siècle après celui auquel elle se soumit, elle emporta ses secrets dans la tombe. Il reste d'elle de superbes photographies souvent méconnues et des gouaches et aquarelles .
09:23 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (40) | Tags : photo, dora maar, art
20/11/2008
Ellen Gallagher
elle vit et travaille à Brooklyn . Les formes de ses tableaux abstraits - pages d'écoliers, yeux exorbités ou bouches caricaturales - incarnent une déconstruction des stéréotypes de la société occidentale qui ménage une place à la grâce.
" Nous devons accepter notre existence aussi complètement que possible. Au fond, le seul courage qui nous est demandé est de faire face à l'étrange, au merveilleux, à l'inexplicable que nous rencontrons. Cette vie que l'on appelle imaginaire, ce monde prétendu surnaturel, la mort, toutes ces choses nous sont au fond consubstancielles, mais elles ont été chassées de la vie par une défense quotidienne, au point que les sens qui auraient pu les saisir se sont atrophiés ."
Rainer Maria Rilke
13:43 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : art, peinture, poésie
13/11/2008
Francis Bacon
Francis Bacon naît en Irlande de parents anglais. Enfant maladif, il est durement traité par son père et connaît une grave crise lorsqu’il révèle à sa famille son homosexualité. Il part pour Berlin et Paris, où il vit la bohème artistique des années folles, puis s’installe à Londres et peint ses premières toiles sous l’influence de Picasso et des surréalistes. Il peint pendant la guerre un triptyque, Trois Etudes pour des figures au bas de la croix (1944), où se trouve déjà l’animalité terrifiante de ses toiles ultérieures. Plus tard, il détruira une grande partie des œuvres exécutées avant 1944. Le travail de Bacon n’est réellement reconnu qu’après la Seconde Guerre mondiale : ses œuvres provoquent des réactions extrêmes, souvent d’intense répulsion, tant elles sont violentes et expressives. La figure humaine y est isolée dans un environnement neutre, disloquée, amputée, contorsionnée, comme torturée, parfois enfermée dans une cage, elle peut être associée à un bœuf écorché (référence à Rembrandt), ou figurée hurlant comme dans la série d’études d’après le Portrait du pape Innocent X de Vélasquez. Dans lesannées 1960, Bacon peint plusieurs triptyques emblématiques, dont Trois Figures dans une pièce (1964). Après le suicide de son compagnon George Dyer en 1971, l’artiste réalise trois triptyques où il décrit de manière obsessionnelle la scène du drame ; il peint également de nombreux autoportraits. Largement influencé par l’art classique, Bacon bâtit une œuvre violente et déchirante, triturant la figure humaine qu’il peignit pourtant exclusivement, sans jamais chercher l’abstraction chère à son époque.
"La Tate Britain consacre une rétrospective saisissante au peintre irlandais.
Un jeune artiste, fougueux et frondeur, et un maître ancien, coloriste virtuose, architecte de la composition et du mouvement captif. Un homme d’une sensibilité de fleur et un sauvage des îles qui dévore son prochain ."
Bacon disait volontiers qu'il ne comprenait pas pourquoi les gens trouvaient ses toiles violentes, que pour lui la vie était tellement plus violente. Il se définissait comme un " optimiste désespéré ".
Sa joie d'être en vie, la formidable acuité de sa perception du monde et des autres s'imposaient, en dépit de l'âge, de la maladie, de la douleur d'être. Il avait côtoyé la mort psychique, avait ressenti l'insoutenable viol de l'enfance, la honteuse chiennerie humaine. D'autres ne s'en seraient pas remis. Lui il travailla, s'arrêta, douta, recommenca, s'obstina," serra sa chance ".
Alors voilà , je me suis retrouvée là , pour moi c'était trés important de voir cette exposition de Françis Bacon . Il ya quelques années j'avais découvert Bacon à Beaubourg , une belle rétrospective d'ailleurs ; et cela m'avait fait un effet des plus impressionnant , je me suis évanouie , je crois devant le cinquiéme tableau tant l'émotion était forte , comme si il me parlait à l'intérieur de moi , ce coup de foudre m'a térassée !!
Evidemment , une femme qui perd ainsi conscience devant des tableaux , cela étonne ! mais c'est ainsi ! je me suis remise de mes émotions et j'ai fini l'exposition achevée , mais l'âme en allégresse , oui , je pouvais donc avoir accés à cette partie de moi , qui m'était jusque là inaccessible ! Lui , il avait réussi avec sa peinture ! Quel diable ce Bacon !
Mon amour pour sa peinture ne m'a plus jamais quitté ! Ce n'est pas sans une certaine appréhension d'ailleurs , que j'entrais dans la Tate Britain !! je n'allais quand même pas perdre mes esprits chez les anglais ! Mon émotion fut tout aussi intense mais d'une qutre nature , plus apaisée, plus en contact , plus jouissive aussi!
" Study from the Human Body "(1953)
un des tout premier tableau , à l'entrée de l'exposition , superbe Bacon a une maniére de peindre le corps , le mouvement du corps étonnament émotionelle , on le ressent . Il appelait son atelier " le chaos " ! Beaucoup de photos au cours de cette exposition de son atelier , de lui , ses amis , ses inspirations . Il collectionnait beaucoup de photos qui lui seravit de bases à son travail ...notamment sur le mouvement , il s'intéréssait beaucoup aux photos de décomposition de Eadweard Muybridge.
" Aucun artiste du vingtième siècle n'aura su exprimer mieux que Bacon, dans sa peinture, la tragédie de l'existence de manière si patente. Ce terme n'englobe ni l'aspect dramatique d'une forme abstraite de la vie humaine, ni la représentation d'un événement accidentel pouvant survenir au cours d'une vie mais plutôt le sentiment profond et difficilement représentable de l'être, individuel et intime . La représentation de ce sentiment du vécu se fait toujours pour Bacon de manière violemment tragique, il l'interprète de manière si concrète, si pénétrante , si véridique, qu'il parvient à le transformer en une réalité immanente , bouleversante.
Cette interprétation des sentiments liés à la vie de tout être humain, mélange d'énergie explosive et de désespoir, extréme jusqu'à l'hystérie, est beaucoup plus vraie qu'une quelconque représentation réaliste. Par sa totale subjectivité, elle va au plus profond de l'intime sensibilité de l'observateur .
Avec la force et la résonnance profonde de l'expression, la peinture de Bacon va extrémement loin dans sa démarche visant à comprendre la nature humaine, le fonctionnement de son enveloppe physique, la manifestation de ses sens. Bacon peint en se servant de sa propre vie.
Vivre, pour lui, consiste en l'usage de ses cinq sens et de l'ensemble de ses forces; la vue occupe la place prépondérante qui, comme l'intellect rationnel, se perd alors dans le flou qui résulte de l'action simultanée des sens." Michel Archimbaud
" Birth and copulation, and death .
That's all the facts when you come to brass tacks
Birth and copulation and death . " Eliot
"Il me semble cependant que l'on ne peut réduire la puissance de son oeuvre à la seule violence fascinante de ses images. A-t-on suffisamment souligné la bequté de sa palette, ses oranges qu'il aimait tant, ses mauves acidulés, ses verts translucides aussi angoissants que somptueux, ses bleus roi violents, ses jaunes à hurler, ses roses que seul Matisse peut-être avant lui, mais dans un tout autre registre, avait su manier avec une pareille maîtrise ?
Dernièrement, en regardant des toiles de Bacon, je me suis dit qu'on trouvait chez lui tout à la fois la violence de l'image et la solidité du cadre, la cruauté de la vie et sa beauté, que si son propos était terrible, la forme dans laquelle il l'exprimait était d'un goût incomparable. Ne pas se voiler la face, mais dans le chaos ne pas ignorer la beauté, montrer l'horreur sans renoncer à l'harmonie, tenter de donner forme à ce qui n'en a jamais eu, figurer l'angoisse, n'est-ce pas là la plus haute tâche, la plus ardue , la plus nécessaire aussi ? "
Michel Archimbaud
" Vivant, toujours prêt, toujours partant, jamais sommaire, fulgurant dans l'échange, drôle, simple, heureux de la rencontre, du dialogue, d'une curiosité à l'égard d'autrui toujours en éveil, d'une disponibilir-téqui ne fut jamais comptée. D'autres qui l'ont mieux connus que moi pourront trouver l'adjectif "gentil" mal approprié pour évoquer son souvenir. Quatre ans plus tard, c'est ce même termepourtant, aussi miévre et déplacé semble-t-il, qui s'impose à moi quand je repense à lui. Oui, Francis Bacon fut un homme d'une souveraine gentillesse au sens où la gentillesse est tout à la fois amabilité et générosité "
Michel Archimbaud
[…] quand on fait de la peinture à l’huile, il peut se produire des événements que l’on ne maîtrise pas, on peut faire une tache, tourner le pinceau d’une façon ou d’une autre, et cela va produire des effets chaque fois différents, cela va changer toute l’implication de l’image. Tandis que l’on travaille dans une certaine direction, on essaye d’aller plus loin dans cette direction, et c’est alors qu’on détruit l’image que l’on avait faite et que l’on ne retrouvera plus jamais. C’est alors aussi que surgit quelque chose qu’on n’attendait pas et qui arrive inopinément. On sait, on voit quelque chose que l’on va faire, mais la peinture est tellement fluide que l’on ne peut rien noter. Le plus étonnant, c’est que ce quelque chose qui est apparu comme malgré soi est parfois meilleur que ce que l’on était en train de faire. Mais ce n’est pas toujours le cas, malheureusement ! J'ai souvent détruit en les reprenant, en les poursuivant, des tableaux qui étaient au départ bien meilleurs que ce à quoi j’aboutissais. MA — Vous voulez dire que vous ne savez pas, lorsque vous commencez, où vous vous dirigez et encore moins où vous aboutirez ? FB — Non, ce n’est pas tout à fait ça, parce que lorsque je commence une nouvelle toile, j’ai une certaine idée de ce que je veux faire, mais pendant que je peins, tout d’un coup, en provenance en quelque sorte de la matière picturale elle-même, surgissent des formes et des directions que je ne prévoyais pas. C’est cela que j’appelle des accidents. […] […] La distinction aujourd’hui classique entre conscient et inconscient est très féconde, me semble-t-il. Elle ne recouvre pas tout à fait ce à quoi je pense par rapport à la peinture, mais elle a l’avantage de ne pas recourir à une explication métaphysique pour parler de ce qui échappe à la compréhension logique des choses. L’inconnu n’est pas renvoyé du côté de la mystique ou de quelque chose comme ça. Et c’est très important pour moi, parce que j’ai horreur de toute explication de cet ordre. C’est ce que je vous disais, ce que je nomme accident, cela n’a rien à voir avec l’intervention d’une inspiration, celle dont on a doté pendant si longtemps les artistes. Non, c’est quelque chose qui provient du travail lui-même et qui surgit à l’improviste. Peindre résulte en définitive de l’interaction de ces accidents et de la volonté de l’artiste, ou, si l’on veut, de l’interaction de quelque chose d’inconscient et de quelque chose de conscient. Mais vous savez, les choses ont l’air assez claires quand on en parle, mais ce n’est pas du tout comme cela que ça se passe lorsqu’on est sur la toile. Là, on ne sait pas où l’on en est, vers où l’on va et surtout ce qui va se passer. On est dans le brouillard. Source : Bacon (Francis), Entretiens avec Michel Archimbaud, Paris, Jean-Claude Lattès, 1992. |
" Le doute est l'école de vérité " Francis Bacon
Ma rencontre avec Francis Bacon a marqué un tournant important dans ma vie .
Une rencontre comme on en fait rarement , vitale , bouleversante, révélatrice ; une rencontre qui m'a rendue à une partie de moi-même enfouie , amnésiée , ce fut un peu comme un electro-choc , une vérité qui s'offrait à moi .
D'où la grande passion sans doute que je voue à l'art sous toute ses formes , peinture , sculpture , littérature, musique , poésie ... révélateur d'âme .
Bacon a dit ceci que je trouves trés juste :
"Il y a des livres que dont il faut seulement goûter , d'autre qu'il faut dévorer, d'autres enfin mais en petit nombre qu'il faut , pour ainsi dire mâcher et digérer ."
Il en est de même pour la peinture , et pour moi , Bacon fait partie de la catégorie : " vous êtes pour moi une nourriture ".
22:18 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (44)
02/11/2008
Jakson Pollock et le chamanisme
Moteurs souvent exaltants pour les créateurs, les ponts entre les cultures offrent aux artistes un retour à une culture originelle, seule possibilité parfois pour fuir un monde oppressant.
Ainsi en est-il de Pollock qui s'est tourné, dés le début de sa carrière , vers le chamanisme. La très belle et intéressante exposition qui a lieu à la Pinacothèque de Paris illustre parfaitement cette relecture révolutionnaire de son oeuvre et c'est saisissant à quel point on ne regarde plus l'oeuvre de Pollock de la même maniére en sortant de cette visite...
On comprend à l'évidence ce que le chamanisme fut pour Pollock : ce passage à travers des portails mystiques permettant d'atteindre des mondes que le commun des mortels ne pouvait pas atteindre ... La notion d'inconscient et d'initiation ou de rite initiatique est très forte chez lui et les "dripping" ne sont alors plus des oeuvres abstraites mais aussi des oeuvres symboliques .
Ainsi les surréalistes ont peut-être trouvé une source d'inspiration supplémentaire dans l'utilisation que Pollock a fait de la relation à l'animal dans le chamanisme .
S'il veut renaître aprés le sacrifice , l'aspirant chamane doit fusionner avec les animaux , autrement dit , revenir à la nature . L'homme cesse alors d'être limité à sa seule capacité de penser rationnellement, il se dote de nouvelles connexions physiques et spirituelles avec l'univers .
Ainsi en niant l'esprit rationnel on peut libérer " l'animal blessé" en nous afin de retrouver une " sensibilité à l'inconnu et à l'inconnaissable "
Un des thémes fors de l'exposition , c'est la fusion de l'homme et de la femme . Le rituel chamanique de la fusion des principes masculin et féminin permet d'engendrer la vie, c'est à dire la guérison et le renouveau de l'être humain .
Pollock aborde ce théme de l'équilibre et de la dualité sous divers angles :
raison et sentiment soleil et lune ying et yang humanité - bestialité
La fusion permet le renouveau . Pour Pollock , comme pour Henri Bergson, procréation et création sont synonimes. A la mort ou au sacrifice , Pollock et son mentor André Masson , préfèrent le renouveau de la vie ; une transformation de l'être .
Pollock et ses contemporains aspiraient à un monde magique qui, tel un faisceau de forces surnaturelles, aurait permis l'accès à un flux ininterrompu de fécondité et de transformation, d'accomplissements rituels préludant à l'émergence d'un être nouveau -, solaire . Alors que la destruction sévissait à la fois dans le monde qui l'entourait et dans sa vie personnelle, c'est dans le renouveau intérieur, la quête de ce Kandinski appelait " le spirituel ", que Pollock puisait son énergie et son art. Les " drippings " de Pollock ont donné une forme visuelle à la transformation psychique de l'homme occidental vers le mythe et le sacré.
Pollock avait fait sienne la croyance chamanique selon laquelle toute chose est vivante, tous les êtres étant reliés les uns aux autres par un réseau de force intéractives qui modélent l'univers. Ce réseau dynamique constitue en quelque sorte le réservoir illimité des forces et pouvoirs spirituels qui peuvent être transmis au monde naturel et dans lequel puise le chaman. Dans la conception chamanique du réseau cosmique, toute chose possède un potentiel infini de transformation. La nature, la terre et le ciel ne sont pas des substances mortes, mais sont au contraire des entités douées d'une force vitale magique .
En interaction , l'expo sur l' art Inuit au quai Branly , époustouflante de modernité , plus d'un ou deux siècle avant notre ère , encore une grande leçon d'humilité :
" voyez quelle justification ces objets apportent à la vision surréaliste, quel nouvel essor même ils peuvent lui prêter ", écrit André Breton en 1946. " On peut même évoquer un parallèle entre le masque yup'ik et l'objet surréaliste, dira Lévi-Strauss, ne prennent-ils pas également naissance dans l'hallucination et le rêve " .
" Je ne connais pas de meilleure définition du mot art que celle-ci : " L ' art, c'est l'homme ajouté à la nature " , la nature, la réalité, la vérité, mais avec une signification, avec une conception, avec un caractère, que l'artiste fait ressortir et auxquels il donne de l'expression, "qu'il dégage ", qu'il démêle, affranchit, enlumine."
Van Gogh
07:29 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (27) | Tags : pollock, chamanisme, art, expo
30/10/2008
art de vivre
19:04 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (25) | Tags : mimi, art, art de vivre
27/10/2008
mimi le clown
21:08 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (5)
24/10/2008
blue
Traditionellement , le symbolisme du bleu et de ses nuances est lié au rapport étroit que le bleu entretient avec le ciel , l'azur, la spiritualité .
Aujourd'hui le bleu est synonyme de calme, de sérénité, de paix ...
Mais le bleu c'est aussi l'inspiration, la créativité, le dynamisme ...
Ce qu'il y a de bien avec le bleu , c'est le vocabulaire : Aigue-marine, azur, céruléen, ciel, cobalt, lapis-lazuli, lavande, indigo, marine, myosotis, outremer, pétrole, sévres, turquoise ... mais aussi le bleu acier, bleu canard, bleu Chardin, bleu de Chine, bleu de méthyléne, bleu de nuit, bleu de Prusse, bleu Nattier ...
( Rothko )
Mais l'un des bleus les plus bleus de chez bleu c'est l'IKB: "International Klein Blue" breveté par Yves Klein en 1960 : un outremer unique, saturé et lumineux .
On trouve le bleu partout, en particulier dans les vêtements qui ont vu le triomphe d'une couleur qui ne se fait pas remarquer, d'un bleu universel, délavé, usé par la pierre, celui des blue-jeans qui exprime un désir de se fondre dans l'anonymat égalitaire tout en faisant preuve d'individualisme .
Mais il y a un domaine où il a échoué; c'est l'alimentation , le bleu ne se mange pas.
Paradoxalement, le bleu semble être la couleur de la mélancolie, comme dans "avoir des bleus à l'âme " ou " avoir le blues ".
Le blues , cette forme musicale d'origine populaire noire américaine , couleur de la douleur et de la révolte.
- I love the life I live - Buddy Guy
PS:
Pour l'anecdocte , je suis née " bleue " , une vraie schtroumpfette , étranglée par mon cordon , qui plus est avec la tête en forme de poire , le crâne mou !!!
Et je repense à Lidia , sur le premier mot de sa mére la mienne a dit : " Dieu qu'elle est laide !! "
bon évidemment , pour démarrer dans la vie ...
pas étonnant que j'ai parfois le blues !!
22:39 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (31) | Tags : art, musique, couleur, état d'âme
merci
Merci à vous tous de vos attentions , mots doux , encouragements, recettes et émotions partagées . Hier , pourtant dans le brouillard de mon âme, j'ai fait cette rencontre sous un pont tout prés de chez moi qui m'a fait du bien ... L'art dans la rue a des vertus bienfaisantes , alors je partage avec vous ce moment ... bravo à Mimi le Clown ; n'est ce pas d'ailleurs ce que le clown cherche à faire ; nous permettre de retrouver notre insouciance d'enfant !
" la vie est toujours si surprenante, si tragique, si belle, et ce que nous aimons est si précaire, les êtres surtout, et ce que nous appelons l'adversité, le bonheur, sont des choses si confuses qu'il est tout à fait vain de se garer et de choisir .
Il vaut mieux s'abandonner à toutes les forces de la vie ... Elles nous entraînent plus loin ... Elles donnent ce que nous ne savons pas demander ... "
Jacques Chardonne
00:05 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : l'art est dans le rue
21/10/2008
art africain intro
J'ai découvert l'Art Africain , il y a maintenant plus d'une dizaine d'années ; ça m'a vraiment passionnée pour l'art en soi déjà et puis pour la symbolique ; et cela m'a aidée dans mon parcours de vie ... alors de temps en temps , j'aime m'y replonger . A Paris , j'ai un ami qui en a fait son métier , il était d'abord collectionneur et maintenant galeriste , j'ai piqué chez lui les photos qui suivent ...
c'est un homme passionnant , parce que passionné et trés respectueux de cet art infiniment riche , il a épousé une africaine d'ailleurs qui elle est styliste et nous avons en commun de plus l'amour du jazz ....
voilà j'avais juste envie de faire une petite intro , car le sujet est vaste , riche d'enseignement et d'émotions ...
Statuette "nkisi" Yombe Bakongo
L'homme est figuré dans une attitude forte, connue dans la statuaire kongo la main droite levée, la main gauche sur la hanche dite "télama lwimbanganga" démontrant l'autorité absolue, réellement admise dans les affaires, les palabres, les procès, uniquement par quelques personnes importantes comme les devins, les détenteurs de pouvoir...
il y aurait sans doute bien des choses à apprendre de cet homme là !
Statuette dite "itio" Téké Congo
un objet ayant pour but de soulager des difficultés existentielles, car sa fonction serait de procurer chance et fortune...
et bien ce n'est pas du luxe par les temps qui courent ...
08:30 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : art africain, symbole, sculpture