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18/05/2010

Écrire

Aprés avoir lu et refeuilleté très régulièrement Origines de Christian Mistral, aprés avoir découvert un peu mieux Louis Hamelin dans l'Humain Isolé, je me suis prise de passion pour cette collection Écrire des Éditions Trois Pistoles. J'aime l'idée et j'aime ce qu'elle engendre chez l'écrivain et en moi. L'intimité partagée sur l'acte d'écrire, la source la motivation l'essence l'inspiration de ces hommes et femmes de l'art m'enchantent et me donnent à penser, tout ce à quoi j'ai grand plaisir à m'abandonner. Alors quand ce matin mon facteur chéri m'a déposé, au milieu d'un recommandé peu recommandable de prospectus publicitaires tous plus laids les uns que les autres deux factures une carte postale du Brésil de mon amie Stella un curriculum vitae de demandeuse d'emploi et une lettre étrange, mon petit colis de chez Pantoute, ah! j'ai su que ma journée serait lumineuse... Toujours étonnament long ces colis direct du Québec ce qui en augmente intensément le plaisir à réception, j'ai ouvert gourmande et de manière sauvage chacun des trois livres* reçus toujours encélophanés avec le plus grand soin, deux autres Écrire, et Ô God! un livre de la plus pure poésie lue depuis longtemps. Je vous livre là quelques passages et suppose que mes amis outre-atlantiques n'auront aucune peine à découvrir de quels ouvrages il s'agit ni de quels auteurs, et je me prépare une fin de semaine festive comme je les adore le cerveau enfoui dans ces agencements de mots d'âme et le coeur prêt à battre la chamade, du délice en perspective...

 

 

* p.57  "J'ai écrit. je continue parce que je sais mon manque et ma perte surmontables. Écrire m'a permis de ne pas me dissoudre dans le manque. Ce manque est le principal probable de mon écriture, née de l'incertitude de mon être, de ma précarité identitaire. Je crois que j'ai commencé à écrire pour dominer le chaos intérieur dont je pressentais le poids réel sur mon existence. On comble souvent ses manques par des apports extérieurs. Par l'écriture j'ai voulu me les approprier. L'écriture parcourt l'étendue des manques; pour répondre au seul désir d'être soi-même entier, elle reconstitue l'origine perdue. Sinon, il y a des trous. Chaque jour me le confirme, il y a beaucoup d'identités là où j'écris. Par les mots, je trouve moi-même ce qu'aucune famille ne peut me donner: mon âme, c'est à dire mon essence humaine. Parce que, en bout de ligne, l'innomable, c'est l'âme!"

* p.169 "Inventées par l'homme parce que l'état de ses connaissances ne lui permettait pas d'appréhender l'Univers dans sa totalité, les religions ont fait des dogmes de la pauvreté, de l'ignorance et de l'exploitation. Elles se sont toujours opposé au progrés puisque celui-ci menace l'idée de superstition qui les a fondées, que ce soit l'existence de Dieu ou le paradis qui attend l'honnête homme après sa mort. Pour protéger l'un et l'autre, les religions se sont réfugiés dans le passé alors qu'elles auraient dû précéder l'homme dans sa quête de connaissance. Si quelques hommes libres ne s'étaient pas élevé contre l'Église catholique, on croirait sans doute encore que la Terre est plate et que c'est le soleil qui tourne autour d'elle. La théorie de la relativité, la mécanique quantique et l'exploration du Cosmos appartiendraient toujours au monde des limbes."

* p.133 "Comment dire ce qui ne peut être confier? Je n'ai que mon cri existentiel pour m'assumer solidaire de l'expérience d'une situation d'infériorisation colective. Comment dire l'aliénation, cette situation incommunicable? Comment être moi-même si j'ai le sentiment d'être étranger dans mon objectivité, si celle-ci m'apparaît comme opaque et hostile, et si je n'existe qu'en ma subjectivité? Il appartient au poème de prendre conscience de cette aliénation, de reconnaître l'homme carencé de cette situation. Seul celui-là qui se perçoit comme tel, comme cet homme, peut dire la situation. L'oeuvre du poème, dans ce moment de réappropriation consciente, est de s'affirmer solidaire dans l'identité. L'affirmation de soi, dans la lutte du poème, est la réponse à la situation qui dissocie, qui sépare le dehors et le dedans. Le poème refait l'homme."

 

 

 

* Consigner ma naissance de Bruno Roy éditions des Trois Pistoles,* De race de monde au bleu du ciel de Victor-lévy Beaulieu éditions des Trois Pistoles,* L'homme Rapaillé de Gaston Miron éditions TYPO poésie.

 

16/05/2010

odeur

Certains livres ont une odeur, une odeur particulière. Le dernier que j'ai eu en main le temps de le lire dans un sens et dans un autre avait l'odeur de tabac froid, le sien sans doute, parfois me prenait le geste entre deux sourires de contentement à peine esquissés de feuilleter les pages d'un geste vif et d'y plonger frémissantes mes narines. C'est incongru et étrange peut-être, pas la manière la plus naturelle d'appréhender l'oeuvre d'un auteur mais bon j'ai toujours eu un goût pour l'olfactif assez prononcé et un nez à la hauteur! Je l'ai remarqué il y a peu encore avec un autre ouvrage du même auteur mais dans mon sac à main depuis des semaines et qui lui, neuf et juste à l'odeur d'imprimerie, s'est embaumé de mon parfum voisin du flacon que je transbahute toujours avec moi. Je souris de penser qu'on pourrait donner des odeurs singulières à chaque ouvrage, certains de sperme ou d'alcool fort, de terres fraîchement labourées, de rues de villes, d'autres de sucs intimes et féminins de sueurs de sang ou d'herbe, d'autres encore pourraient évoquer l'héroïne du roman par un effluve diffus, mais je m'égare... Rien qu'avec les mots l'odeur fait surface et nous chatouille les naseaux, ces mots qui peuvent tant à la fois évoquer la douceur ou l'âcre, le morbide ou le vivant, l'odeur de chair ou de cadavre, l'odeur même d'un sentiment...


 

04/05/2010

le corps bavard

Le corps bavard À notre insu, notre corps s'exprime. Il dit nos peurs, nos angoisses, nos désirs, notre histoire, la vraie. Derrière un corps social exposé vit et sévit un être intime, qui souffre souvent dans son corps de ne pas être entendu. Il en est ainsi de l'enfant qui pleure sans larmes; de cet autre qui crie sa solitude la bouche fermée dans un silence assourdissant; ou de celui qui, sur la plage, à califourchon sur le dos de sa mère, dessine des mots tactiles, à la recherche de lui-même. Le corps bavard, c'est aussi cette femme à la vie sociale, professionnelle, familiale épanouie, qui panique dès qu'elle doit se déplacer; ou encore ce responsable d'entreprise aux comportements inattendus, disproportionnés, qui derrière son air assuré révèle une autre peau, psychique cette foi, qui se craquelle comme si elle ne pouvait contenir son propriétaire.

Le corps bavard, ce sont des histoires réelles de personnages qui nous entourent, qui vivent avec nous, tels des anonymes que nous connaissons, à moins que ce ne soit nous-même. Tous nous partageons en notre chair des éprouvés qui nous font toucher parfois des questions fortes, intenses sur ce que nous vivons, comment nous le vivons, pourquoi nous le vivons ainsi.

Sophie Marinopoulos est psychologue, psychanalyste. Elle exerce à l'Hôpital Mère Enfant du CHU de Nantes. Consultante sur les questions de parentalité, de famille, de filiation, elle est engagée dans la reconnaissance de la santé psychique comme faisant partie intégrante des problèmes de santé publique. Elle a fondé l'association pour la Prévention et la Promotion de la Santé Psychique (PPSP) et elle est la directrice du lieu d'accueil et d'écoute des familles Les Pâtes au beurre, à Nantes.

J'ai lu une première fois ce livre au mois d'Août l'année dernière, c'est évidemment la quatrième de couverture qui m'a interpellée, et pour cause, je sais bien que c'est en écoutant parler mon corps que j'ai pu sortir de mon enfermement, et cela n'a pas été simple mais reste toujours d'actualité, j'ai toujours pensé que mon corps était mon meilleur allié, j'ai toujours pensé aussi qu'il exprimait à sa manière mes terreurs enfouies. Je l'ai ressorti denièrement voulant en relire des passages ce qui m'arrive souvent avec certains ouvrages puisque j'en souligne les phrases qui me percutent au moment de la première lecture. Là néanmoins ce qui me frappe c'est plutôt la réaction des uns et des autres qui passent ici me voir et qui le découvre sur mon bureau et jusqu'à encore aujourd'hui a provoqué nombre de dicussions et de confidences tout à fait étonnantes. Oui, comme c'est dit plus haut on a tous expérimenté ce genre de "parole du corps" pour peu qu'on l'ait bien voulu. Pour ma part une des plus flagrantes fut les plaques dans le bain, à chaque fois que je prenais un bain chaud ou tiède moussant ou clair c'était la même chose, je ressortais couvertes de plaques rouges comme des piqûres d'orties. Peu plus jeune mais de plus en plus avec le temps, jusqu'à ce que ça m'alerte franchement, et je ne cessais de prendre des bains comme pour comprendre et quand mon corps a pu metre en mots ce qui avait bien pu m'arriver dans cette fichue baignoire, les plaques ont cessé leur apparitions fortuites, et j'ai bien d'autres exemples du genre dans mon escarcelle. Alors je rejoins ce livre et y retrouve des réponses que j'ai expérimentées par la force des choses. Et je suis bien loin d'être seule dans ce cas à entendre les histoires recueillies depuis sa présence en vue. Dans ce livre toutes sortes d'exemples de cette nature mais pas seulement, une manière aussi d'entendre et de se mettre à l'écoute de ce langage intime, de s'accepter aussi, de laisser venir les réponses, de lacher prise...

Instructif et passionnant.

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- Le corps bavard de Sophie Marinopoulos - édition fayard -

- Gravure d'Henri Matisse -

  

02/04/2010

papier pâte

- Vous êtes québécoise?

- Ben non, pourquoi j'y ressemble?

- Crisse! C'est pas disable ça, une personne qui lit Mistral dans l'Eurostar, c'est bien la première fois que ça m'arrive en tabarnak!

- Fichtre! Vous vous l'êtes, n'est ce pas... québécois?

- Oui, Madame, j'en suis et fier... Vous aimez là ce que vous lisez, c'te question vous m'avez l'air si concentrée, je vous ai même vu sourire aux anges...

Il croyait pas si bien dire le bougre, perdue que j'étais dans les mots de l'auteur sa verve et son humour familier hier dans le TGV.

- Avez-vous lu Vamp?

Là j'esquisse de nouveau un sourire mais entendu cette fois-ci, il connaît bien Christian Mistral, pas un épais qui me la joue plan drague, quoique bon ça me changeait de quand j'avais vingt ans et qu'on me prenait pour une suédoise sans livre à la main!

- Oui, monsieur...

- Oh! Et Valium aussi?

- Ah! Valium, si vous me prenez par les sentiments, sans menterie j'ai adoré lu deux fois et relirai sans doute, et puis Sylvia aussi et Coco et Vautour et Fontes, et là celui-là Papier et Carton que je viens de recevoir.

- Cââââlissssssse, mais vous êtes mordue!

- Enragée... Et vous, vous le connaissez, j'veux dire de plus près l'écrivain tornade poète?

- Voui madame, très bien!

- OH! Oh!

Suis restée bouche bée, comme deux ronds de flan, scotchée à mon siège et à son regard, je pensais à ma prochaine question, je voulais savoir, plus, et puis trop tard, le train a stoppé on était arrivé, du moins pour moi, lui il continuait jusqu'à Londres peut-être, j'ai pas osé lui demander un nom une adresse un numéro! Je suis française, ché pas, peut-être que québécoise j'aurai eu le culot...

 

 

 

 

 

 

(Pour YLT en réponse à sa question: Papier Mâché et Carton-Pâte, de Christian Mistral, aux éditions VLB, 146 et 151 p, 1995)

 

27/02/2010

Lendemain de fête d'un vieux maître soufi...

 

Mon ami et poète Jalel El Gharbi vient de sortir aux éditions du cygne le receuil de pensées de son vieux maître soufi maintes fois rencontré au cours de mes nombreuses et quotidiennes visites sur son blog, je vous invite d'ailleurs à lire ce qu'en écrit Guilio-Enrico Pisani dans Zeitung Lëtzebuerger Vollek, ma commande passée j'attend avec douce impatience de me délecter des inflexions mystiques et poètiques sorties de l'âme et du coeur de celui qui souvent m'enchante de sa délicatesse et de sa profonde humanité.

13:16 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : livre, poésie, rencontre, blog, art, humain

20/01/2010

Complainte

 

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"Laissez-moi" de Marcelle Sauvageot.

 

"Un petit volume si amer, si pur, si noble, si lucide, si élégant, si sévère et d'une tenue si haute dans son allure désolée et déchirée. On serait presque tenté de dire que c'est là un des chefs-d'oeuvre de la plume féminine, s'il n'était inconvenant d'introduire une idée de littérature dans cette confession clairvoyante et meurtrie."

- Paul Claudel -

 

 

Un cri, oui, un long cri des tréfonds de son être, juste et tripant, terrible de lucidité et de noblesse aussi. "Une attention à ce qui est en elle" a dit Charles du Bos, "un ouvrage d'harmonie et de contrepoint" dira Paul Valery, un travail d'orfèvre, un tempérament de femme tout à fait admirable, et un regard sur l'amour et l'amitié, la relation à soi et à l'autre si moderne, si dense. J'ai lu cet unique livre de Marcelle Sauvageot il y a dix ans déjà, relu ces jours -ci j'ai retrouvé ce que j'avais pu y ressentir et j'ai compris aussi les changements opérés en moi, mais ai retrouvé intact le plaisir intense de lire les états d'âme de cette belle personne, cette grande dame.

 

 

"Où est le mal si je restais, si j'acceptais ces insuffisances, si je les aimais? Oh! homme, tu veux toujours qu'on t'admire. Toi, tu ne juges pas, tu ne mesures pas la femme que tu aimes. Tu es là, tu la prends; tu saisis ton bonheur, elle semble ne plus s'appartenir, avoir perdu toute notion: tu es heureux. Elle t'a crié: je t'aime et tu es satisfait. Tu n'es pas brutal; tu es doux, tu lui parles, tu t'inquiètes d'elle; tu la consoles par des mots tendres, tu la berces. Mais tu ne la juges pas, puisque tu lui demandes d'être heureuse par toi et de te dire qu'elle est heureuse par toi. Mais si tu t'aperçois que deux yeux te regardent, puis sourient, tu te révoltes. Tu as l'impression qu'on t'a "vu" et tu ne veux pas être vu: tu veux "être" seulement (...) tes faiblesses sont à moi. Je les ai découvertes peu à peu en t'examinant sans trêve. je souffre que tu aies ces travers, mais je ne voudrais pas que tu en changes.(...) Rien n'est plus attachant que les faiblesses et les défauts: c'est par eux qu'on pénètre l'âme de l'être aimé, âme constamment cachée par le désir de paraître semblable à tout le monde. (..) Ne te plains pas de ce que je te juge et te mesure: je te connais mieux et ce n'est pas pour t'aimer moins."

"Et ce qui me fait souffrir, ce n'est pas tant la mort d'un amour que celle d'un être vraiment vivant que nous avions créé l'un et l'autre... Cet être était une union de vous et de moi, tels que nous le voulions l'un et l'autre."

- Marcelle Sauvageot -

 

 

 

 

 

 

 

12/01/2010

Origines

 Origines de Christian Mistral, collection Écrire des Éditions Trois-Pistoles.

 

Ce genre de livre rare qui devient de chevet, qu'on peut prendre n'importe quand n'importe où à n'importe quelle page, un livre de réponses qui suggére des questions, un témoignage tripant savoureux intelligent sensible qui inspire et a déjà, sans doute fait et fera encore des émules de cet appétit de vivre et cette soif d'écrire, en tout cas pour moi l'effet est là...

 

 

 "Avant tout, l'écriture est un état d'esprit. On est, pour paraphraser Henry Miller, écrivain avant d'avoir écrit une seule ligne. On l'est en mangeant, en marchant dans la rue et jusque dans son sommeil. Au beau milieu de la nuit, on se réveille carré dans le lit avec une idée, un bout de phrase, un mot joli, et alors on apprend vite à ne pas se recoucher avant de l'avoir noté quelque part, car il est rare autrement qu'on les retrouve au matin..."

"On est écrivain parce qu'on ne peut faire autrement, en tout cas c'est ainsi que les choses devraient être. On ressent la trouble envie, bientôt muée en nécessité, de communiquer avec ses semblables anonymes, contemporains et à venir. On éprouve l'incomparable jouissance, assimilable au soulagement d'un trop-plein, de donner une forme extérieure à ce qui, indistinct, nous gonfle le lieu de l'âme. Et, comme ce n'est jamais tout à fait ça, on recommence."

- Christian Mistral -

 

 

 

31/08/2009

Ah! Mr Laborit,

éloge de la fuite, se carapater, prendre la poudre d'escampette, les jambes à son cou et courir plus vite que son ombre loin loin et ne plus voir ne plus subir ne pas se retourner laisser tomber, rendre les armes! Agir, agression, se taire inhibition ou remuer se sauver, fuir. Parfois ya pas photo une fuite maitrisée vaut mieux qu'un dégât des eaux. Et puis c'est humain.

 

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27/07/2009

Marc Corbiau

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9782870097519FS.gifCORBIAU01.jpgDepuis trente ans, Marc Corbiau bâtit des maisons comme on en voit peu, vastes et luxueuses, destinées à une clientèle exigeante et cultivée. Avec la complicité des meilleurs artisans, décorateurs, artistes et architectes de jardins, il les meuble complètement, les orne d'oeuvres d'art, les entoure de jardins de rêve. Chacune de ses créations est réalisée en relation étroite avec les goûts, la culture ou les souvenirs des futurs occupants.

Malgré cette diversité, on y reconnaît chaque fois une unité d'inspiration qui trouve ses sources dans la compréhension de l'art et de l'architecture antiques, dans la connaissance du Palladianisme, mais aussi dans une sympathie profonde pour le Minimalisme américain. De cette approche, qui concilie classicisme et modernité, souci d'harmonie et recherche de géométries élémentaires, résulte un extraordinaire sentiment de sérénité et d'apaisement.

Longue promenade à travers ces maisons qui n'ont jamais été révélées au public, ce livre évoque un art de vivre, et révèle en même temps le talent d'un architecte comme il en existait autrefois, ordonnateurs des espaces, mais aussi du cadre de vie et même des enthousiasmes esthétiques de ses clients et amis.

 

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En plus de l'art, je suis sensible à l'architecture, à l'architecture d'intérieur et aux jardins. Ca m'a toujours passionnée car tellement lié à l'art de vivre, on n'en mesure même parfois pas à quel point, je ne vous parlerais pas de Feng Shui, ni suis pas particulièrement attirée mais j'ai quand même un faible pour certaines affiliations au modèle asiatique, au dépouillement, même si je dois dire vivre personnellement dans un capharnaüm "picassonesque"! Marc Corbiau est un architecte belge de grand talent, il a pour lui, je trouve le bon dosage dans la relation entre l'intérieur et l'extérieur, le jeu de la lumière et toujours beaucoup de raffinement et de simplicité dans ces aménagements intérieurs, j'ai eu l'occasion dans mon périple professionnel de m'en rendre compte, c'est vraiment toujours beau, pour peu évidemment que l'on soit sensible à ce genre d'architecture contemporaine, ce n'est pas froid ni gigantesque, et toujours en accord avec l'environnement .Vraiment quelqu'un dont j'apprécie beaucoup le démarche. Son livre est remarquable.

 

 

11/02/2009

Bleu

Cover-Jose-Ensch_02.jpgJalel El Gharbi vient d'écire un livre sur José Ensch ,   , avec laquelle je partage beaucoup d'idées , de goûts et d'intérêts en a fait une note .

Je suis toujours trés attachée et touchée au ton de Jalel , une amitié d'ailleurs hors des sentiers battus se tissent au travers des mots , beauté !

Alors pour reprendre les mots de mon ami rapporté dans sa note  :

 

"Bleu épousant le violet"
C’est dire que le bleu est promis à toutes les mutations :
Avance ton sommeil et plonges-y
au plus profond du bleu qui deviendra
noir et puis blanc

Dans le même recueil, il est question d’alliance de couleurs :
Les brebis passent autour de l’abbaye
ses arcs tendus vers le bleu
la verdure qui l’épouse"

José Ensch

 

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"le bleu fait office de mémoire"
Autant dire qu’il s’agit d’une couleur inhérente au monde poétique. Peut-être même que c’est le monde qui emprunte cette couleur à la poésie.

Qu'est ce qu'évoque pour vous le bleu ?

 

 

00:54 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : poésie, bleu, état d'âme, livre

26/01/2009

syngué sabour

henry-moore-23.4.jpg" Du corps à corps par le corps avec le corps depuis le corps et jusqu'au corps ."

- Antonin Artaud "

 

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 " Syngué sabour " d'Atiq Rahimi

Pierre de patience . Dans la mythologie perse, il s'agit d'une pierre magique que l'on pose devant soi pour déverser sur elle ses malheurs, ses souffrances, ses douleurs, ses misères... On lui confie tout ce que l'on n'ose pas révéler aux autres... Et la pierre écoute, absorbe comme une éponge tous les mots, tous les secrets jusqu'à ce qu'un beau jour elle éclate... Et ce jour-là on est délivré.

Je viens de refermer ce livre , lu d'un seul tenant , remuant et si dense . Un livre d'une grande poésie , monologue d'une femme face au coma de son époux , lâchant dans un souffle sa colère , ses frustrations , désirs inavoués , ses angoisses , et sa haine , sa peur aussi ...Utilisant alors le corps de son mari inconscient comme contact, se raccrochant à son souffle comme à une écoute, elle parviendra à lui livrer tous ses secrets, à lui confier toute sa douleur comme à une «pierre de patience» qui finira par «éclater» en lui apportant la délivrance. Parler pour mourir enfin libre. Un roman qui traite avec beaucoup de profondeur et sans fioriture de cette incommunicabilité entre les sexes opposés , de cette chape qui les empêche de s'ouvrir l'un à l'autre et à eux-mêmes , surtout quand on est une femme .Dans ce livre marquant, écrit à la mémoire de Nadia Ajuman, jeune poétesse afghane sauvagement assassinée par son mari, Atiq Rahimi apporte le regard neuf d'un homme donnant parole à une femme, tout en permettant de comprendre son bourreau. Car dans cette histoire, il n'y a pas de monstres, seulement des victimes.

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 Les mots d'Atiq Rahimi sont simples, mais ils pèsent lourds et touchent au plus juste, en plein cœur. Ils sont la voix de milliers de femmes qui souffrent. « Cette voix qui émerge de ma gorge, c'est la voix enfouie depuis des milliers d'années. » dit-elle à son mari. Il le fait avec gravité et un certain lyrisme et une certaine audace qu’il faut souligner. C’est un magnifique poème, une œuvre puissante absolument à découvrir, poignant , juste et bouleversant .

Et en «révélant» cette vérité des femmes en terre d'islam , Atiq Rahimi se veut aussi «prophète» d'un changement, d'un espoir.

 

 

 

19/01/2009

L'avenir dure longtemps

images.jpegEn octobre 1990 disparaissait le philosophe Louis Althusser, dix ans après avoir étranglé sa femme Hélène au cours d'une crise de démence. Dans l'intervalle, il avait rédigé L'avenir dure longtemps, afin de "soulever la pierre tombale" d'un non-lieu qui l'avait "enfoui à vie " dans le silence. En effet reconnu irresponsable au moment du meurtre, il n'avait pas eu à répondre de ses actes devant un tribunal: " ce livre est cette réponse à laquelle autrement j'aurais été astreint " , écrit-il .

 

Dans cet ouvrage , Althusser abat les cartes de son destin où histoire familiale et personnelle, amitiés et amours, tissent avec le parti communiste, l'Ecole normale, la philosophie, la psychanalyse, la psychiatrie et la folie une vie peu commune.

Un texte unique , d'une intensité tragique , poignant , L'avenir dure longtemps a marqué mon parcours et ma mémoire .

 

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" Nul être au monde ne peut répondre à la demande d'angoisse: dis-moi quelque chose! quand ce mot veut simplement dire donne-moi tout, donne-moi d'exister enfin ! de quoi colmater cette angoisse de ne pas exister dans ton regard et dans ta vie, de n'être qu'une simple occasion en passant, de ne pas suffire à constituer ton intégrité entamée à jamais! Et derrière cet appel pathétique, je savais trop, et Hélène elle-même savait trop, ce qui de dissimulait: la terreur fantasmatique d'Hélène de n'être qu'une mauvaise femme, une mère affreuse, une mégère à faire du mal et mal, et avant tout à qui l'aimait ou voulait l'aimer. A la volonté impuissante d'aimer, ne répondait alors que le refus (désir ) farouche, obstiné et violent de ne pas être aimée parce qu'elle ne le méritait pas, parce qu'au fond elle était qu'un affreux petit animal plein de griffes et e sang, d'épines et de fureur . "

 

" Qu'est ce donc que pouvoir aimer? C'est disposer de l'intégrité de soi, de sa "puissance ",non pour le plaisir ou par excès de narcissisme mais tout au contraire pour être capable d'un don, sans absence, reste , ni défaillance, voire défaut. Qu'est ce alors qu'être aimé,sinon être capable d'être accepté et reconnu comme libre en ses dons mêmes, et qu'ils "passent", trouvent leur voie et chemin de dons, pour recevoir par eux l'échange d'un autre don désiré du fond de l'âme : précisément être aimé, échanger le libre don d'amour ? Mais pour être le libre "sujet" et "objet" de cet échange, il faut pouvoir l'amorcer, il faut commencer par donner sans restriction si l'on veut en échange le même don, ou plus encore, que celui qu'on donne. Pour cela il faut bien entendu et de toute évidence ne pas être limité dans la liberté de son être, il ne faut pas être entamé dans l'intégrité de son corps et de son âme, il faut , disons le, ne pas être " châtré " mais disposer de sa puissance d'être sans en être amputé d'une seule partie, sans être voué à le compenser dans l'illusoire ou le vide . "

-L'avenir dure longtemps - Louis Althusser -

 

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Louis Althusser avait entamé une analyse avec Lacan , ce qui ne l'a pas mis à l'abri de tuer sa femme, Lacan voyait en lui depuis longtemps un cas atypique , cela m'a amusé , étant donné que moi aussi au cours de mes différentes rencontres "psy" j'ai entendu cette phrase moulte fois ! Oh je vous rassure je n'ai tué personne !! Dans son livre , il parle très bien de cette relation qui s'instaure entre l'analyste et son patient ...

" L'analyse est comme un lourd camion chargé de sable fin " . Oui c'est vrai , au début rien ne vient , quelques grains tombent et puis d'un coup  d'un seul le sable se déverse et là on se dit , ça y est , c'est bon ... mais non , c'est ce que l'on voudrait croire ... Une analyse , un détricotage de névrose est un processus lent et semé d'embûches . On peut même en devenir son pire ennemi tant la lutte est inégale !"

 

Ce livre est poignant , autobiographique , recherche d'un homme qui cherche à comprendre comment une partie de lui a pu ainsi lui échapper , superbe écriture , dense et sensible . 

 

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" L'inconscient , c'est comme le tricot, il suffit de laine, mais on peut varier les points à l'infini "

-Louis Althusser-

 

15/01/2009

Vamp

 

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Je viens de refermer le deuxième livre venu du Québec de Christian Mistral : "Vamp", son premier roman, paru en 1988; une chronique urbaine qui met en scène des jeunes de cette " génération vamp ", génération qui ne rêve pas de changer le monde, mais de le vampiriser . Personnages vaguement désabusés au romantisme nostalgiques, les héros de Vamp sillonnent Montréal en rêvant de la "super-femme", celle qui séduit et terrorise en même temps.

Christian Mistral a écrit ce livre  impressionnant , généreux et fantasque à 23 ans ! Un mordant et une richesse de vocabulaire , une truculence , je n'ai jamais rien lu de pareil !

 

J'ai pris mon temps pour lire , car ce livre déborde de partout , je ne sais comment dire ; une telle densité de  mots , matière brute poétique, une musique bien personnelle et décapante, des lettres qui s'entrechoquent et s'entremêlent pour faire jaillir l'émotion, intense et ce phrasé qui s'infiltre , et nous emmène profond , une expérience qui ne peut laisser indifférent , un travail d'orfèvre !

Une sorte de violence contenue et un lyrisme ; et puis un réel amour de la langue qui dépasse l'entendement et qui donne à ce roman cette température unique et particulière . Tout est écrit à la première personne , ce "je " qui accentue la dynamique et qui prend aux tripes ...

 

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" S'extraire du ventre la différence, comme un fantassin déroule ses intestins sur le champ de bataille, est un acte extatiquement spasmogène comparable seulement à celui de s'abreuver au suc des chairs femelles. La personnalité, le ton à nul autre pareil, deviennent quand enfin on les débusque les plus précieux des trésors. Des richesses qu'on n'a pas à défendre, du reste, et qu'on gagne à étaler, car elles sont tout sauf transmissibles et on les emporte avec soi dans la tombe,aprés qu'elles vous ont au long de la vie marqué d'un sceau corrosif indélébile que l'on confond avec la vérité de l'être. "

 

"Qu'est ce que tu fais demain ? " demanda quelqu'un. " Je n'ai jamais rien à faire. je suis toujours libre", m'entendis-je répondre. Et c'était vrai. le ciel se charbonnait, virait au fusain jaspé de garance comme le crayon facile, rapide et sûr d'un pastelliste cyclopéen. Je bus aussi, longuement, vidai la bouteille, et quand July prévint du balcon qu'elle montait nous rejoindre, je m'en fis apporter une autre. J'avais envie de partager avec eux la grâce que m'inspirait à moi cette noble nuit opalescente et dramatique, le calme sans mélange qui m'imprégnait, limpide comme une eau claire, mais je m'abstins de troubler le silence de peur d'altérer sa qualité, comme pour fixer ce précieux instant dans ma mémoire, cette rare et trompeuse éclaircie dans l'écrasante permanence de la tempête. Mon sentiment flottait dans les sphéres de l'indicible; j'avalais ma salive devant l'immensité de cette nuit, dont suintait un tel lyrisme lacrymogène quelle prenait les proportions d'un opéra à notre insolente gigantomachie, dans l'arène du Moulin devenu pour un soir le royaume de l'orgueil ."

 

Vamp , Christian Mistral

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39490_5.jpgPour bien comprendre Christian Mistral et l'effet de son écriture , on peut lire cette très belle note de Venise sur un autre de ses romans " Vacuum " ; j'en ai encore un troisième qui m'attend , je vais le désirer un peu car cette écriture me chamboule et me remue fort . C'est vraiment à consommer avec délectation , si je puis me permettre , car on ressort d'un livre comme celui -ci différent et rincé pour ne pas redire karcherisé dans les entrailles de son inconscient !

 

" Je ne sais pas, c'était atroce. De me sentir plein de quelque chose pour lequel je n'avais pas de nom, de ne pas savoir comment ouvrir le robinet et laisser couler tout ça dans les rues . Je cherchais mon axe, le centre précieux de l'être autour duquel tout s'organise, et c'était comme une bouée sur la mer, il flottait, montait, descendait, dérivait avec les marées, insaisissable,imperceptible ..."

Vamp , Christian Mistral

 

30/12/2008

régal

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Je me régale avec ce petit bouquin qui m'a été offert pour les fêtes !

Je vous en soumet quelque unes :

 

- " yoyoter de la touffe "

- " se monter le bourrichon "

- " avoir de la branche "

- " bourrer le mou "

 

 

Plein de poésie , non ?

18:08 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : livre, langue, écriture, plaisir

20/12/2008

Christian Mistral

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" Accuser son passé ou s'effrayer de l'avenir, c'est chercher des excuses pour ne pas agir dans le présent ."

 

 

Christian Mistral 

 

Si vous voulez en savoir plus sur Christian Mistral , vous pouvez vous rendre sur le site officiel en cliquant sur son nom , en bleu , vous pouvez aussi vous rendre sur son blog  , ce que j'ai moi-même fait pendant plusieurs semaines ; et où je ne manque pas d'aller avec un plaisir non feint . Mais , aprés avoir lu cette note chez Gaetan Bouchard , puis plus tard , le trés beau  post de Venise, je me suis décidée à commander quelques livres et à attendre patiemment que ceux-ci veulent bien arriver jusqu'à moi , par bateau et du Québec , l'attente fut longue ; mais l'attente n'est-elle pas aussi une des composante du désir?

Et puis voilà que je reçois enfin le paquet ; et sur les trois livres reçus , je décide de commencer avec celui-ci : "Sylvia au bout du rouleau ivre" , une soirée et une bonne partie de la nuit à suivre Max Cockrell dans Montréal et dans sa quête ..

 

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Comment vous parler de l'effet que cela m'a fait , avec les mots appropriés , j'ai été transpercée ; c'est le premier mot qui m'est venu à chaud , là , sans filet !

Une écriture comme un miroir de l'âme , géniale , poétique , émouvante , riche et étonnamment vivante , truculente même . J'ai commencé le livre et je n'ai pu l'arrêter qu'arrivé au bout , un peu comme le protagoniste de l'histoire .

Mistral manie les mots comme d'autres sans doute les armes , ou les élixirs , un sorcier , au fond , généreux , violent , tendre parfois vulnérable et sans pitié , sans concession .

Je ne vais pas vous ouvrir complétement mon coeur là , mais je vous encourage à cette lecture , elle est karchérisante et humaine , tout dans un concentré de vocabulaire riche et précis .

Rimbaud des temps modernes , j'ai même pas idée de savoir si cela se dit , Baudelairien aussi , mais quoiqu'il en soit , je peux juste vous dire que c'est du sang qui vous coule d'un coup d'un seul dans le corps ... Un trésor !

 

 

 

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" L'intellect relève de ces paradoxes troublants qui nous déchirent parfois. Lui seul peut sublimer le coït, l'élever au rang d'une expérience transcendante. Et cependant, c'est aussi l'intellect qui force la réflexion sur cet acte bestial, impulsif et malpropre; qui révèle en un éclair la véritable nature du corps étreint, cette masse organique promise à la putrescence. Selon l'humeur du moment, j'ai l'impression de m'unir en une volupté accrochant les pures et douces béatitudes de l'Olympe, ou de tout uniment copuler dans la fange. Je baise depuis plus d'un quart de siècle et je ne sais toujours pas pourquoi . Ce n'est pas faute d'y avoir réfléchi. Le problème n'a rien de moral. C'est une question de motivation. j'en ressors invariablement sec et froid. L'impression d'avoir gaspillé mon temps, mon énergie. Et invariablement, je recommence . Cette concrescence en moi du désir et du dégoût ne manque pas de me déconcerter. "

-Christian Mistral- ( Sylvia au bout du rouleau ivre )

 

 

 

11/10/2008

La quête de sens

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" Il faudrait laisser à ceux qui restent, à ceux qui viendront aprés nous, une sorte de testament spirituel. Leur communiquer ce que nous avons cru percevoir et comprendre du sens de cette réalité que nous avons côtoyée quelques années (" trois petits tours et puis s'en vont "). Leur transmettre nos recettes sur notre façon de gérer cette existence . Ce qu'on peut appeler le métier, ou mieux, l'art de vivre .

J'ai l'intime conviction que la relation aux autres êtres - nos compagnons de voyage - est l'élément à la fois le plus mystérieux et le plus significatif de notre vie personelle et en définitive de toute l'évolution cosmique "

H.Reeves

18:26 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (27) | Tags : reeves, livre, art de vivre