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18/08/2012

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A Trinidad, toujours sur les directives de notre amie qui nous a envoyés là, nous avons logé chez l'amie d'une de ses amies. A Cuba, il s'est développé activement depuis que l'état l'a permis les "casa particular". Pas moins de 700 endroits de cette sorte rien que pour Trinidad. Ceux qui le désirent et qui le peuvent doivent s'inscire dans une sorte de registre, ils n'ont droit de proposer qu'une seule chambre chez eux et reversent une grande partie de ce qu'ils gagnent à la mère patrie. Une ouverture sensible pour les cubains qui le font et qui leur permet de mieux vivre. Ce n'est pas avec les salaires qu'ils touchent qu'ils peuvent penser subvenir à leurs besoins. Difficile d'imaginer qu'ils puissent s'en sortir avec l'équivalent de vingt à trente euros par mois! Cette nouvelle possibilité mise en place depuis 2010 pour permettre le développement du tourisme qui est la première manne du pays est une chance pour eux et une chance aussi pour les touristes comme nous qui préfèrent vivre plus près des gens et dans des ambiances non formatées. Beaucoup de cubains et de cubaines ont ainsi une double activité, leur métier d'un côté et de l'autre un système pour arrondir les fins de mois, c'est ainsi que nous avons rencontré un journaliste travaillant à la radio faisant de temps à autre le chauffeur entre La Havane et Trinidad, c'est aussi ainsi que ce sont développés les paladars, des minis-restau chez l'habitant souvent charmants.

Juani nous a reçu royalement dans sa maison de famille qu'elle n'a jamais quitté et dans laquelle elle habite avec son homme, sa belle-fille et son petit fils depuis plus de soixante ans, c'était la maison de ses parents. Son fils, dentiste travaille au Vénézuela, il a accepté, pour offrir à sa famille de vivre mieux, de partir là-bas pour un contrat de deux ans qui l'oblige à ne pas revenir au pays et qui lui permettra au bout de ces vingt quatre mois de prendre l'argent de son labeur bloqué tout le temps du contrat. Nous avions pour nous au bout de leur maison toute en longueur rose tendre, une petite chambre. Du toit terrasse on pouvait voir tous les voisins et l'état de délabrement du tribunal populaire juste à côté qui comme beaucoup de bâtiments officiels est atteint de façadite aigüe, la devanture fraîchement repeinte et pimpante avec un intérieur en plus que piteux état.

Nous avions à notre disposition, un petit coin privatif à l'ombre sous un énorme manguier qui perdait ses fruits à chaque orage violent et une sympathique vue sur un bout de jardin entouré de grands murs grisonnants dans lequel s'épanouissait un citronnier, des griffes de sorcières et quelques fleurs dont un rosier. Il y avait bien entendu également un gros bosquet de menthe pour le mojito que le maître de maison nous préparait à l'heure de l'apéro. Il aimait à dire d'ailleurs que ses mojitons étaitent le meilleurs du patelin. Pour en avoir bu un peu dans tous les coins à n'importe qu'elle heure, je peux lui donner raison!

Juani a été une hôtesse formidable de gentillesse et de drôlerie. Professeur d'anglais et d'espagnol à la retraite, elle nous donnait notre petite cours matinal quotidien, nous avions fort à faire Pat et moi, ne parlant ni l'un ni l'autre un mot d'espagnol. En échange nous lui parlions le français, une langue qu'elle adore et qu'elle tentait d'apprendre à l'aide d'un manuel de conversation et d'une vieille cassette audio. Nous avons usé et abusé de la douche extérieure dans un coin du jardin. Dans ses pays de soleil, l'eau et l'air sont plus que bienvenus. Juani s'est beaucoup amusé, surprise de nous voir tous les deux préférer mille fois nous ébattre avec l'eau l'un et l'autre dehors plutot que dans la salle de bains prévue à cet effet attenante à la chambre à coucher. Elle nous a trouvés très "cubano" dans notre maière de faire, jamais une seule personne avant nous n'avait ainsi profiter de l'installation en plein air ce que régulièrement elle et sa famille prennent plaisir à faire! Elle a encore plus ri et de bon coeur quand un jour d'orage redoutable nous nous sommes mis sous les gargoulettes crachant de l'eau à toute puissance pour prendre ainsi une dose d'eau de pluie tiède. Décidemment nous étions vraiment différents!

Féru de cuisine le mari de Juani nous a fait goûter sa soupe aux haricots noirs, délicieuse et parfumée; son porc grillé à la créole avec des bananes plantains rissolées et le typique mélange cubain de riz blanc et de black beans, véritable symbole du métissage ambiant. Nous nous sommes régalés de multitudes de fruits juteux très présents dans la cuisine cubaine, comme les mangues, les goyaves, le fruta-bomba, les bananes et les ananas. Des fruits avec un vrai goût qui sont servis à chaque repas en accompagnement des plats. Un peu déroutant au début, mais on s'habitue vite à prendre les fruits pour des légumes, comme on s'habitue aussi encore plus rapidement à boire des mojitons ou des cubatas à tout va...

 

 

26/07/2012

Une grande famille

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- Black Angel et Vieux G. -

 

 Ici, là et là et plus loin encore, on forme une grande famille, une sorte de tribu orchestrée de main de maître par notre Mistral à nous, un grand vent québécois qui réchauffe, interpelle et veille au grain, toujours. Christian m'a écrit suite à cette surprise faite à notre Vieux G., ce cher vieux jeune de 28 printemps qui enchante nos esprits et nos coeurs par son intelligence et son talent et cette qualité rare qui est la délicatesse des sentiments. Je reconnais bien là mon ange noir, toujours à l'affût de nouvelles perles et toujours désireux de les mettre en avant. Cette image que j'ai découvert ce matin chez Guillaume Lajeunesse en salve d'étoiles m'a emplie le coeur d'allégresse. J'ai regretté un instant d'être si loin et n'avoir pas pu partager avec lui, sa douce et mon grand ami, cette poutine brillantissime mais en même temps je sais que d'une certaine manière j'y étais, par cette amitié profonde et particulière qui nous lie Christian et moi et par cette relation filiale qui s'établit entre Vieux G. et nous. Une sorte de fils spirituel, en quelque sorte... Voilà encore une des magies qui s'opère par les blogs, une de plus. Cette possibilité de se rencontrer au-delà des frontières, des distances et cette capacité de se découvrir et de s'entendre au travers les mots qu'on écrit et les goûts qu'on partage. Bon anniversaire, Guillaume! Et puisque tu comptes vivre jusqu'à cent ans, au moins, je pense qu'on aura l'occasion un jour de croiser nos prunelles pour de vrai et avoir comme tu le dis si bien, une discussion légère et lumineuse de vive voix...

 

 

20/07/2012

voluptueuse transe, douce errance, déchirure

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- Le chaos dans l'indéfinissable - Sylvie Lobato -



24/06/2012

Bonne Saint-Jean à tous les québécois!

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Et plus particulièrement à certains d'entre eux qui me sont chers et précieux.

 

 

09/06/2012

plaisir de lire

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28/05/2012

En direct de Dijon

Mon escapade se termine, dommage, j'eusse aimé qu'elle dure davantage. J'étais bien loin de tout ce qui fait mon quotidien et plus près du coup de ce qui m'est nécessaire: la fluidité, la tranquillité, la nonchalance de l'existence, l'absence de téléphone, l'absence d'obligations, de tracas, d'allant à l'autre. Juste soi à respecter, à s'occuper, à entendre. J'ai adoré. Adoré n'avoir qu'à penser, lire et manger. Adoré revoir mes vieux amis de Provence avec qui j'ai une fois de plus devisé jusqu'au bout de la nuit, bu, ripaillé, jasé et réfléchi. Rêver de ballades au Maroc dont ils sont tous les deux des enfants, reparler du temps de quand on était plus jeunes, plus fougueux, plus imbéciles aussi. Le temps passe sur nous et nous insufle ses apprentissages douloureux et salvateurs. On s'endurcit et on s'assouplit, drôle de mélange, drôle d'alchimie que l'expérimentation de la vie. Continuer de faire des projets et constuire des châteaux en Espagne même si les uns et les autres on n'est plus depuis peu des Don Quichotte en feu. Avant-hier soir j'ai effleuré le tapis rouge de Cannes sous la pluie et puis j'ai fini la soirée dans un petit bistrot dans la vieille ville plein de charme et d'accents chantants. Les discussions autour du pastaga ont la même nature qu'autour d'une bière, partout où que ce soit, l'individu se pose les mêmes questions et a les mêmes semblants de réponse, pourtant sous le soleil, c'est différent, la manière de dire a une autre couleur. "Tsé, Marcel, c'est qu'elle ne m'aime plus la Ginette, elle veut partir avec plus jeune, qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire peuchère pour la retenir, j'ai qu'elle!". L'amour, l'amour, le nerf de la guerre.

Je suis à Dijon, dans ma famille d'adoption, chez ma soeur de coeur, son mari, ses trois petits. Il fait grand soleil, on a gonflé la piscine pour que la jeune classe s'ébroue et lâche son énergie. Elle jardine, il fait le sieste, mon homme aussi. Je croyais avoir oublié comment pouvez être des enfants de 4, 8 et 10 ans. Les miens maintenant sont grands mais les gestes reviennent vite, comme le vélo, ça s'oublie pas. Je sais que c'est pas la peine de s"énerver, j'ai appris ça avec le temps. Vieillir, ça se fait sans qu'on s'en rende compte imperceptiblement. Je me sens bien. Pendant un moment l'esprit cherche à mettre de l'ordre, petit à petit les pièces du puzzle s'installent et puis un jour se produit le déclic, l'engrenage fonctionne, on est fin prêt pour l'étape d'après. Encore quelques heures de répit avant de retourner à ma vie active, au grand théâtre de ma vie. J'ai trop attendu pour prendre le large, prendre ce recul qui permet de retrouver sa quintessence, ce pourquoi on est fait. Faut se méfier du chant de sirènes, des chemins de traverse. En même temps faut bien se mouiller. J'ai pas de remords, j'ai quelques regrets  mais j'ai toujours en moi l'essentiel, ma botte secrète quoiqu'il puisse arriver, j'ai foi dans la vie et foi dans l'amitié et ça, je ne suis pas prête de l'abandonner.

Suis bien heureuse de vous retrouver...

 

 

Sur ma route

" On peut penser assez de mal d'un homme et être tout à fait de ses amis; car nous ne sommes pas si délicats que nous ne puissions aimer que la perfection, et il y a bien des vices qui nous plaisent même dans autrui."

- Vauvernargues -

 

 

16/05/2012

Dalva

Samedi dernier, dépitée de voir si peu de monde fouler le pas de ma boutique, je suis allée me remonter le moral chez mon petit libraire juste sur le trottoir d'en face. Je voulais m'offrir un John Fante que je n'ai pas encore lu et puis un livre qui m'avait été chaleureusement recommandé de Lise Bourgeois sur l'art. Quand je suis entrée il était en grande conversation philosophique avec un de ses clients, un vieux monsieur barbu, les cheveux en bataille, un pantalon de toile mastic un peut trop grand pour lui et un pull tricoté main dans une sorte de pourpre passé avec une voix tellement rauque que je n'arrivais pas à comprendre ce qu'il disait. N'allant pas me mêler d'une conversation qui semblait intime entre mon libraire et son client, j'ai attendu un bon moment avant qu'il n'ait pu enfin après quelques oeillades infructueuses entrer en contact avec moi. Il n'avait pas d'idée sur Fante, et ne pouvait pas m'aiguiller sur le livre par lequel je devais commencer. La littérature américaine n'est pas son cheval de bataille. Je lui ai demandé de m'indiquer le rayon où je pouvais trouver, je pensais me laisser faire, séduire, accrocher par un titre ou par une couverture quand voilà que son client bavard m'a emboîté le pas.

- Pourquoi ne lisez-vous pas l'original? Avant Fante, il vous faut lire Jim Harrison, franchement tout est bon chez lui vous ne pouvez pas vous tromper!

Pourquoi ai-je fait confiance à ce gars-là? Parfois les choses nous dépassent, sa dégaine, sa manière de parler ou la pile de livre qu'il avait à la main? Je suis repartie avec Dalva.

Hier, j'avais un aller-retour à faire sur Paris pour régler une petite affaire de coeur. Un vieil ami avait refait surface dans ma vie et j'avais besoin de m'assurer que mes sentiments pour lui étaitent toujours les mêmes et que les siens pour moi l'étaient aussi. Je devais en plus visionner une pré-collection de Martin Margiela, j'ai donc emmener avec moi Dalva. Ah! L'heure de train a filé comme pour rire, depuis Vautour et Valium de Christian Mistral, je n'avais été prise d'une telle frénésie et d'une jouissance à lire de cette puissance. Riche, truculent, vivant, humain et formidablement bien écrit, ce bouquin m'a scotchée tout le long de ma route et j'ai eu grande peine à le quitter pour vaquer à mes occupations, je n'avais qu'une hâte, c'était reprendre le cours de la vie de cette femme mitraillée par l'histoire, perdue au coeur d'un pays dont elle ne sait plus les frontières. "Le grand roman de l'Amérique éternelle, l'Amérique de la prairie et des forêts, écrit avec verve, passion, ironie." mentionne Bernard Géniès du Nouvel Observateur en quatrième de couverture. Poétique, lyrique, un régal, ça percute et ça glisse, de la musique, de la vraie...

Aujourd'hui, toujours avec mon livre que je dévore entre deux coups de sonnette pas très lucratifs, le temps n'est pas à la dépense pour ces dames qui attendent avec anxiété l'annonce du nouveau gouvernement comme si tout allait être mis sens dessus dessous avec l'arrivée d'un nouveau président, je décide de m'intéresser un peu plus à l'auteur de cette femme dont je suis déjà l'amie. Je tape sur Google et tombe sur des renseignements le concernant, forcément on trouve tout sur Google et puis sur une photo de mon protagoniste qui ressemble à s'y méprendre à celui qui trois jours auparavant m'avait conseillé cet ouvrage, stupéfiant!

 

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- Jim Harrison -

 

 

 

03/05/2012

Grand-papa

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Grand-papa a été un grand homme, droit comme l'épée d'un roi. Petits, mes garçons l'appelaient "Gros-papa", il faut dire que c'était plutôt un bon vivant au bon coup de fourchette, toujours soucieux du bien-être des gens qu'il aimait, généreux, convivial, ouvert, un excellent grand-père. Un sacré père aussi, les liens qui l'unissaient à ses fils ont toujours été denses et sincères et ceux qu'il a entretenu avec sa fille qu'il chérissait, à son image, protecteurs et aimants. Ses amis adoraient son enthousiasme et tout le monde a profité largement de son humour, de son immense gentillesse et de son féroce appétit de vivre. Il a toujours été là pour chacun d'entre nous. Me concernant, grand-papa a été un beau-papa formidable. Il m'a accueillie telle que j'étais et m'a toujours encouragée à devenir celle que je suis. Il m'a accordé sa confiance et son estime, précieux cadeaux pour quelqu'un qui en avait cruellement manqué, il a toujours porté un regard bienveillant sur ma façon d'être femme et celle d'être mère. Je l'ai beaucoup aimé. Je vois encore la toute première fois où je l'ai rencontré, comme il m'a impressionnée! Fier, père de famille respecté, drôle, il en imposait mais avec toujours une sorte de douceur dans sa manière d'être, cette sensibilité qui le caractérisait. Il fallait voir avec quel entrain il nous emmenait tous manger un couscous, son plat préféré qui lui rappelait son enfance en Algérie et comment il était touchant quand dans nos virées parisiennes il nous montrait les ponts qu'il avait construit sur la Seine avec toutes les histoires pour chacun d'eux. Il aimait ça les histoires tout comme il aimait les voyages et les autres horizons et puis les fleurs, les plantes et les odeurs. Un homme merveillleux vient de nous quitter et nous nous retrouvons d'un seul coup tous comme orphelins. Néanmoins je sais que ce qu'il nous as transmis est à jamais gravé et qu'ainsi il vivra en nous pour l'éternité. Requiescat in Pace.

 

11/04/2012

Au commencement était la mode.

 

10/04/2012

19:25

Je viens de croiser cette pensée au hasard de mes pérégrinations googlesques, elle me percute, je la partage:

 

"On va toujours trop loin pour les gens qui vont nulle part."

- Pierre Falardeau -

 

05/04/2012

Le Dialogue entre André Villers et Picasso

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- André Villers - Autoportrait -

 

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- Picasso par André Villers -


Mon pylône mon patron mon pilote mon explorateur

Tu as pris de la peinture du papier du charbon de la ficelle et des clous

Y as mêlé de la tôle de la glaise et de la colle

L'as fait cuire avec du ciment de la terre de l'osier des feuilles et du plâtre

Et tu en as fabriqué des pichets des verres des bouteilles des chaises et des guitares

 

Mon elfe mon apprenti mon navigateur mon géographe

A travers les chaumes et les plages les vagues et les horizons

Les nuages les pluies les épines les écorces et les falaises

Les nervures les duvets et les coquilles les vignes et les racines

Tu révéleras fixeras l'heure et le sourire

 

Mon minotaure mon Barbe-bleue mon labyrinthe ma spirale

Tu as pris de la peinture des pichets du papier des verres du charbon et des bouteilles

Et tu en as fabriqué des chevaux des taureaux des coqs des chèvres des colombes et des hiboux

Du ciel de la mer des arbres des chevelures des visages et des femmes

Cherchant depuis toujours à trouver sans chercher et trouvant toujours

 

Mon Thésée mon chat botté mon belvédère mon rayon

A travers les rideaux et les draps les nappes et les vêtements

Les jouets les meubles et les cendriers les miroirs et les bouquets

Les toits la poussière et la fumée les murs et les caves

Tu réveilleras multiplieras le jour et la nuit

 

Mon berger mon silhouetteur mon éclat mon atelier

Tu as tordu des pichets des bouteilles des guitares des taureaux et des chèvres

Les a pressés avec du ciel des arbres des visages des journaux et des livres

Les as imprégnés de musées de musiques d'histoires de cirques et de lampes à pétroles

Et tu en as extrait du sang du voyage de la cendre des fenêtres et de la fureur

 

Mon dompteur mon remplisseur mon gong mon laboratoire

A travers le riz la farine le sucre et le pain

La vapeur l'huile et le vinaigre le sel et le safran

Les bruits les cuillers et couteaux moulins et parfums

Tu mijoteras sublimeras la soif et la faim

 

Mon roc mon port mon phare mon château

Tu as pris des pichets du sang des bouteilles du voyage des guitares et de la cendre

Et tu en as extrait des cornes du soulèvement du silence de la panique des mâchoires et des outils

Des balbutiements des larmes des agonies des charognes des putréfactions et des songes

Perdu depuis toujours dans la mêlée des villes et grattant toujours

 

Mon tourbillon mon navire mon sémaphore mon observatoire

A travers filtres et sabliers soufflets et pinceaux

Les plis les déchirures et les brûlures les superpositions et les reflets

Les éblouissements les cadres et les caches la patience et l'éclair

Tu guériras embaumeras la guerre et la paix

 

Mon olivier ma locomotive mon souvenir mon rempart

Tu as sucé du sang de la fureur du soulèvement et de la panique

Les as recrachés à travers des balbutiements des agonies des putréfactions des songes des mensonges et des sciences

Tu y as fait macérer des aegipans des gladiateurs des centaures et des peintres

Et tu en as isolé de la douceur perdue de la découverte et du rire

 

Mon bourgeon ma vigie mon illumination mon souterrain

A travers les encres et les phrases les cartes et les images

Les cris les explications et les interrogations les sous-entendus et les ironies

Les interprétations les points et les blancs les prémonitions et les nostalgies

Tu découvriras transmettras le silence et le paradis

 

Mon alphabet mon monument ma résistance mon rameau d'or

Tu as pris du sang de la douceur perdue de la fureur de la découverte du soulèvement et du rire

Et tu en as isolé des cris des chants de la respiration du sommeil du réveil et des coups de chance

Du tonnerre de l'éruption de la fermentation de la germination de la floraison et des astres

Creusant depuis toujours dans le malheur du monde et le refusant toujours

 

Ma voix ma braise ma patience ma grappe de mercure

A travers le souffle et la salive les lèvres et les articulations

La peau les doigts et les yeux les plaintes et les caresses

La palpitation la souffrance et la fraîcheur la tendresse et la buée

Tu apprivoiseras déchiffreras l'angoisse et le délice

 

Mon oracle mon foyer mon élocution ma main

Mon empereur des masques tu as revêtu les insultes les ricanements la sottise et la solitude à toute épreuve

Et tu en as distillé les baisers de l'enfance l'alcool de survie le baume des foules

Tu en as délivré le ventre et les yeux questionné les beautés exclues

Né de cette interrogation depuis toujours et mort naissant toujours

 

Ma perspective mon hublot ma lecture ma paupière

Prince de l'instant alchimiste des ténèbres rouges

A travers geôles bûchers hopitaux charniers et camps

Refus et fièvres colères et suintements calculs et astuces

Tu libéreras transperceras le pourrissement de notre univers 


- Michel Butor -


25/03/2012

Joan Mitchell

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" Peindre c'est une manière de se sentir vivre."

- Joan Mitchell -

 

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" Sentir, exister vivre, je pense que c'est la même chose, mais la qualité n'est pas la même. Exister, c'est la survie, cela ne veut pas nécessairement dire sentir. Vous pouvez dire bonjour et bonsoir. Sentir, c'est quelque chose de plus, ce n'est pas simplement survivre."

- Joan Mitchell -

 

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Joan Mitchell est née en 1925 à Chicago. Elevée par sa famille fortunée, son père était un médecin célèbre, elle se tourna très vite vers les arts. En 1942, elle s'inscrivit au Smith College qu'elle quitta en 1944 pour le Art Institute of Chicago. Elle y reçut son diplôme (Bachelor of Arts degree) en 1947 et un autre diplôme (Master of Fine Arts) en 1950. Elle étudia aussi à l'école de Hans Hofmann à New York et voyagea en France, Espagne et en Italie. Dans les années 1950, elle était considérée comme un élément essentiel de l'École de New-York.

Son travail a été influencé à ses débuts par Vincent Van Gogh, Paul Cézanne, Wassily Kandinsky, puis par Franz Kline et Willem de Kooning, entre autres.

En 1955 Joan Mitchell s'installa en France pour rejoindre son compagnon le peintre canadien Jean-Paul Riopelle, avec lequel elle eut une relation longue, riche et tumultueuse. Ils n'habitèrent pas ensemble et conservèrent des ateliers séparés, mais dinaient et buvaient ensemble tous les jours. Ils habitèrent d'abord Paris, avant de déménager à Vétheuil, un village du bord de la Seine près de Mantes-la-Jolie dans la maison où vécut Claude Monet avant de s'installer à Giverny.

Elle mourut à Vétheuil en 1992.

Les œuvres de Joan Mitchell sont souvent de grandes dimensions, couvrant deux panneaux. Ses tableaux sont très expressifs et émouvants.

(Source Wiki)

 

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" Je veux simplement faire qu'une surface fonctionne. c'est juste une utilisation de l'espace et de la forme, une ambivalence des formes et de l'espace. Le style en peinture a à voir avec les étiquettes. beaucoup de peintres sont obsédés par la volonté d'inventer quelque chose. Tout ce que je voulais, c'était peindre. j'avais une telle admiration pour les grands peintres. Si tu étudies de près un Matisse, la manière dont la peinture est poséee et la manière dont le blanc est mis. Moi, je voulais poser la peinture comme Matisse. J'y ai travaillé dur il y a très longtemps."

- Joan Mitchell -

 

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21/03/2012

Arrêt sur image

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- Photo Laurence Guez -

 

Il y a toujours de la magie dans les photos de mon amie Laurence, elle arrive toujours à voir et à capter les instants d'une vie ou d'une soirée avec une grâce et une personnalité qui lui sont propres. Une fois de plus elle m'a troublée. En voyant cette photo ce matin sur son blog, j'ai été touchée par la beauté de l'image que j'ai d'abord prise pour un montage, car en fait après en avoir parlé avec elle j'ai compris qu'il s'agissait surtout d'un effet de miroir, faut quand même avoir l'oeil! mais surtout, j'ai pu revivre ce moment tout simple et si émouvant du milieu de cette soirée familiale, amicale et bon enfant. J'étais en pleine discussion avec un monsieur charmant que je ne connaissais que depuis quelques heures, sa femme est une bonne cliente, nous étions tous les deux plongés dans le livre de pensées africaines qui distille chaque jour sur le comptoir une nouvelle phrase souvent tellement pleine de bon sens. Je lui parlais de celle que je préfère: "On entend l'arbre qui tombe pas la forêt qui pousse" et lui me racontait en retour son amour pour ce continent. Chouette et délicieux souvenir, merci à elle de me l'avoir ainsi immortalisé.

 

19/03/2012

Geneviève

Je n’avais pas vu Geneviève depuis quatre ans. Avant cette date dingue où tout mon monde s’est écroulé je lui étais fidèle. Je passais souvent la voir dans sa petite échoppe. Un vrai capharnaüm que son petit espace ouvert aux vêtements pour femme de deuxième main, un dépôt-vente où par un insondable mystère se retrouvaient beaucoup de pièces venant de chez moi, à croire que je ne faisais pas bien mon travail pour que la vie d’un habit soit aussi éphémère. Bon, faut bien dire qu’après une enquête assidue de ma part, j’avais compris que c’étaient toujours les mêmes femmes qui se dépossédaient très vite de leurs fringues, pour certaines ça n’est qu’un consommable, une manière aussi de juguler leurs angoisses existentielles, d’emplir leur temps et leur agenda troué par une solitude sociale qui dépasse l’entendement. Acheter des vêtements ça peut être emplir un vide et se donner l’illusion l’espace d’un instant d’être là, d’habiter son corps, de s’occuper de soi, d’agir, d’exister.
 
Geneviève m’a toujours fascinée, une gouaille à la Juliette Gréco, un look seventies, ardente féministe, lumineuse anarchiste, elle était toujours la première à dégainer. Toujours la clope au bec,  toujours les yeux derrière une frange brune épaisse, toujours en jean, toujours coquette les ongles vernis et l’épilation parfaite, elle m’inspirait. Nous discutions longuement de choses et d’autres, d’une telle, d’une autre telle, elle était la reine des commérages sympas, elles connaissaient toutes ces dames depuis bien plus longtemps que moi, à quelques années près elle à l’âge de ma mère ! Elle me parlait très souvent de Marcel, son mari, un phénomène lui aussi. Alcoolique débonnaire, il était capable de piquer des colères monstrueuses sans qu’il soit possible de les voir venir. Je me souviens d’un dîner à la maison avec eux deux et un autre couple d’amis, épique! Je ne sais plus sur quoi la conversation a dévié mais manifestement elle ne faisait pas la joie de Marcel, il était entré dans une tirade acide fusillant du regard tous ceux qui l’entourait, il avait eu des mots  tranchants, incisifs, meurtriers à l’égard de sa femme et de toutes les femmes, il avait sorti l'artillerie lourde  et fichu en l’air la soirée d’un geste malheureux faisant valser toute la table de la salle à manger. Elle en était restée très meurtrie, elle avait eu honte, elle n'avait pas su comment restaurer l'image de celui qui partageait toute sa vie, elle lui en a voulu longtemps de ne pas avoir su se tenir ce soir là, d’autant que c’était la première et unique fois qu’ils venaient partager notre repas. Elle a toujours gardé une espèce de rancœur envers lui à cause de ce soir là et puis sans doute plus encore par la malheureuse répétition de ces débordements, elle m’en parlait souvent. Mais elle l’aimait, elle l’avait toujours aimé éperdument et puis c’était le père de ses deux enfants: Antoine et Louise.
 
C’est avec Louise d’ailleurs qu’elle est venue à l’inauguration de mon nouveau concept. Je l’ai trouvé changée, elle avait maigrie mais surtout elle avait souffert plus que de raison, c’était écrit sur son visage. Je l’ai quand même accueillie avec un « ça va ? » d’usage, elle m’a répondu par un cinglant « non ». 
 
- Tu ne sais pas que Marcel est mort ?
- Non, je l’ignorais, lui répondis-je confuse.
- Il y a deux ans, maintenant… Il avait guéri de son cancer de la gorge, tu te souviens ?
- Oui.
- Il a eu une rechute. Dans un endroit inopérable. Tu sais il passait des heures devant la télé, il a toujours été dépressif, tu te souviens de ça aussi ?
- Oui, oh que oui !
- Il ne mangeait plus depuis des mois, je lui apportais son plateau repas devant l’écran, il maigrissait, le chien lui grossissait… IL tentait déjà d’en finir. Il ne supportait pas l’idée de devoir repasser par là où il était passé, chimio, rayon, et puis perte du goût, de la voix, de tout… C’était l’anniversaire de Louise ce jour là, il paraissait jovial et, tu sais comme il pouvait être dans ses bons jours : drôle, convivial, altruiste, brillant. Il m’a dit de ne pas me laisser abattre, qu’on allait en venir à bout de toute cette merde, que notre fille était superbe qu’il fallait ne voir que le verre à moitié plein, qu’Antoine était maintenant reconnu pour son art, que ses toiles étaient si magiques, que j’étais la meilleure chose qui lui soit arrivée dans sa vie… Théâtral, sympathique, généreux, sensible, prévenant… Le soir je l’ai retrouvé dans la salle de bains, le visage en sang, il s’était tiré une balle dans la tête.
- Merde ! Quel courage !
- Oui, il se savait fini, il voulait pas que ça dure, il voulait pas qu’on le voit souffrir, il voulait pas nous imposer sa misère… Hein Louise ! Quand même ton père ?
- Un grand monsieur ! dit-elle du bout des lèvres.
- Tu t’imagines, le vide, Blue, tu connaissais l’énergumène, je me sens dépossédée de moi-même.
- T’as bien fait de venir, tiens, on va boire un coup à sa santé, à ses coups de gueule, à ses élans d’humanité, ok ?
- Ok !
 
Avec Geneviève et Louise, on s’est envoyé deux Caipirinhas coup sur coup. On avait toutes les trois les joues rouges et le regard brillant et puis on a parlé de l’avenir devant, du possible, de projets, du "je fais" plutôt que du "je verrais bien", de l’espoir et des leçons qu’on tire de ce que l’on doit vivre, de ce qu’on peut faire de sa vie, de tout ce qu’il reste encore à découvrir, d’avancer, d’enrichir et de donner, de donner beaucoup à ceux qu’on aime de leur vivant ainsi que de recevoir d’eux, d’être attentives, d’être présentes, d’être le plus possible vivantes ! Cheers, la Vie !
 
 

Jeanne

Elle a un peu plus que mon âge, cinq années de plus pour être tout à fait exacte. Je l'ai rencontrée, ici, à la boutique un soir d'été. Une de ces fins de journée étouffante en plein mois de Juillet. J'allais fermer ma grille quand elle a déboulée en sueur et en larmes. Je ne la connaissais ni d'Eve, ni d'Adam mais j'ai compris au premier regard que cette rencontre n'était pas fourtuite. Je suis allée lui chercher un cognac au bar juste en face, elle l'a bu d'un trait, s'est posée et a commencé à me raconter par bribes sa vie. Abandonnée au bord d'une route à l'âge de trois ans par sa mère, elle n'avait jamais connu son père. Jamais elle n'a réussi à savoir qui il était, jamais elle n'a revu sa mère depuis. Adoptée par un couple de notables argentés et charmants elle a eu une enfance dorée pleine de voyages, de divertissements, de culture et d'affection sincère et profonde. Ses parents adoptifs venaient de mourir l'un après l'autre à trois mois d'écart, elle se retrouvait vraiment orpheline pour le coup et avait du mal à encaisser la chose malgré un héritage confortable pouvant lui permettre de voir venir la vie jusqu'à la fin de ses jours sans se soucier du lendemain. Mariée cinq fois, elle eût une fille avec chacun de ses maris, elle s'apprêtait à quitter le cinquième pour retenter l'aventure avec un homme austère, érudit et terriblement amoureux d'elle. Faut dire que c'était une force de la nature cette fille-là, elle ne manquait pas d'attraits! Bavarde, enjouée, gourmande, drôle, brillante, elle avait repris à quarante ans des études de droit pour devenir avocate, ce qu'elle devînt. Dès lors elle prit la défense des enfants victimisés, notamment les cas d'inceste. Elle en ignorait la raison mais c'étaient les seuls cas pour lesquels elle avait du coeur à l'ouvrage. Elle excellait à défendre ses petites victimes.

- Je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout ça à vous, ma vie, mes erreurs, mes détresses, mes aspirations. Je ne sais pas pourquoi je suis entrée dans votre boutique ni pourquoi c'est dans vos bras que je pleure. Mais ce que je sais, c'est que ça me fait drôlement du bien!

- Parfois la vie met sur notre chemin des solutions incroyables. Cette rencontre en est l'illustration!

- Je m'appelle Jeanne, je ne crois pas vous l'avoir dit, c'est bête, c'est ce par quoi j'aurais dû commencer, non?

- Moi, c'est Blue.

- Blue! C'est joli, c'est votre vrai nom?

- Non, j'ai été rebaptisée ainsi par un très bon ami, depuis j'ai adopté ce nom inspirant et coloré, je l'aime.

Nous avions bavardé au moins deux bonnes heures, peut-être davantage, sans voir le temps passer. Nous avions l'impression l'une comme l'autre de nous connaître depuis la nuit des temps, depuis toujours, depuis avant d'être nées, c'est étonnant comme il est des gens avec qui le courant passe tout de suite, avec qui l'intimité s'installe au premier regard et la confiance au premier mot. Nous nous sommes revues pas mal de fois les dix années qui ont suivies et puis depuis deux ans je n'avais plus de ses nouvelles sauf par une connaissance commune qui m'avait annoncé son cancer du pancréas. J'ai tenté vainement de la joindre, mais elle s'était isolée du monde pour mieux se battre, coriace. Une fois je l'ai croisée par hasard dans la rue, ombre d'elle-même, chauve, amaigrie, sans lueur au fond des yeux, et tendue par la douleur.

- Ah Blue! C'est difficile, c'est une souffrance de chaque instant, mais faut que je tienne, faut que je me batte, qui sinon va s'occuper de mes filles?

Je n'avais pas les mots, je l'ai juste prise dans mes bras, elle semblait si fragile. Que pouvais-je bien lui dire pour qu'elle garde la foi?

Jeudi soir, j'ai appris au cours de la soirée organisée à la boutique pour le lancement de Lilith qu'elle était aux soins palliatifs de l'hôpital depuis une semaine, qu'elle avait rendu les armes, qu'elle ne souffrait plus, qu'elle se préparait doucement à dire au revoir à tous les gens qu'elle avait aimés. J'ai appris que son dernier amant était lui aussi atteint d'un cancer des os et qu'il prenait le même chemin qu'elle. J'étais là assise sur les marches de mon escalier en fonte qui trône au centre du magasin, un escalier récupéré dans une ancienne brasserie par un cultivateur du coin et qui me l'avait offert, pourvu que j'en débarrase son champ, vingt cinq ans auparavant. J'étais là assise sur les mêmes marches au même endroit que la première fois où je l'avais vue, j'entendais notre amie commune me raconter le calvaire de Jeanne ces derniers mois, sa force de caratère, son courage, sa lutte et en l'écoutant je la revoyais, elle, me parlant gesticulant de tous ses membres, tantôt me chuchotant ses misères, tantôt me les fracassant dans des éclats de rires nerveux. Je la revoyais dans sa robe écarlate, son cognac à la main, mordre la vie, la transpirer, l'accueillir de tout son corps de femme et maintenant j'avais au fond de la poitrine un noeud si gros à la penser mourante, décharnée, immobile avec à peine la force de s'exprimer.

J'y suis allée.

- Ah Blue, c'est toi?

- Oui, Jeanne, ça fait un bail n'est-ce-pas?

- Tu te souviens la première fois qu'on s'est vu? Un truc de dingue, hein? 

- Un truc de dingue, en effet!

- T'avais pas pu en placer une, je parlais, je parlais, je parlais, j'arrivais pas à m'arrêter de parler, et toi, assise sur ton escalier, tu m'écoutais, tu m'entendais, tu me soutenais du regard, tout ça sans même savoir qui j'étais! Un cognac! j'avais encore jamais bu de ce breuvage! Pourquoi est-ce que tu es allée me chercher un cognac?

- Je ne sais pas, c'est la première idée qui m'avait traversé l'esprit, tu semblais tellement chamboulée!

- Je suis passée à la morphine maintenant, il n'y a que ça qui me calme. Je vais mourir, Blue, je n'en ai plus pour très longtemps. J'ai dit au revoir à mes enfants, elles sont grandes tu sais maintenant, c'est presque des femmes! Elles ressemblent tellement chacune à leurs pères, c'est fou! De moi elles ont pris la gnaque et le verbe, elles sont toutes si bavardes, tu les verrais!

- C'est vrai, t'as toujours eu un sacré débit! C'est sans doute pour ça que tu gagnais presque tous tes procés!

- J'ai bien oeuvré, j'ai voulu rendre ce qui m'avait été donné, j'ai eu beaucoup de chance dans ma vie, j'ai été vraiment aimée et j'ai aimé beaucoup et j'aime tant encore. Je peux partir sereine. Une vie courte mais une vie pleine!

 

Je suis sortie abasourdie. Et j'ai pensé, pas de temps à perdre, j'ai encore tant à faire avant de passer de l'autre côté. Vivre le moment présent à fond, intensément et goûter à la chance de pouvoir être en vie totalement. Même si je la sais inexorable, je ne suis pas pressée de rencontrer la grande faucheuse. Au boulot!

 

 

 

18/03/2012

je n'ai eu besoin de personne pour m'aider à voir l'amour

 

salon du livre

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Oui, bon évidemment j'aurais aimé y être, d'autant plus que Anne y est allée et a rencontré Eric Mc Comber et Laure et que j'aurais tant voulu partager leur joie, mais bon, j'ai dû rester là à mon poste! Remarque ce que j'ai vécu aujourd'hui, et hier et plus encore avant-hier pourrait faire l'objet d'au moins un livre, c'est fou ce qui peut se passer en une soirée, en un lendemain de soirée et tout un Samedi, la nature a vraiment horreur du vide... Il ya plus que de quoi faire, juste trouver le nerf, pour paraphraser mon cher et tant aimé! Avanti, et vive les mots et leurs auteurs!

 

02/03/2012

Lucio Dalla canta Caruso

 

 

 

28/02/2012

Fashion Week

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Je vais comme chaque année malgré ma main en moins, m'immerger en pointillé dans ce monde insensé et festif de la mode. La Fashion Week! J'y vais pas pour rêver mais pour travailler, c'est avec ce métier que je nourris ma famille et que je sers humblement la société dans laquelle je vis, y'a pire! J'emméne Fontes avec moi  et Le cerveau magicien, je ne me ballade jamais sans livres, ni sans carnet, ni sans crayon, ni sans mes yeux pour voir, mon coeur pour ressentir, ma tête pour inscrire et interpréter.

 

Prenez soin de vous. Goûtez à l'instant présent. 

Je reviens, bientôt!