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17/08/2010

réflexions, émotions...

 

L'amour, dans un sens absolu n'existe pas. C'est toujours un jeu entre un "toi" et un "moi", entre deux êtres que la passion révèle dans leur unicité. Aimer, dans ce sens précis, c'est pouvoir se déployer selon les lois de l'existence qui nous est la plus propre. De là vient que l'amour - ni le cri de la souffrance extrême, ni le pressentiment de la joie parfaite, mais une révélation qu'on dirait fiévreuse - est bien l'expérience spirituelle la plus puissante, la modalité de connaissace la plus profonde, le dégagement, dans l'expérience, d'une transparence de l'être qu'il s'agit de garder devant soi comme le bout du chemin, aussi labyrinthique et brisé d'orages soit-il. Aimer, dès lors, qu'est-ce sinon s'ouvrir à une plénitude que le désir contient et renouvelle avec le monde; et, à travers cette ouverture, permettre à l'infini rêvé de s'incarner dans le fini d'un être qu'on élit?

"Je veux que tu sois"- cette parole est celle de l'amour, telle que Robert Schumann, Clara Schumann et Johannes Brahms l'ont prononcée, dans leurs oeuvres, chacun l'un pour l'autre. Robert voulait que son épouse fût elle-même musique, comme Clara voulut que Johannes fût musique aussi, et que ce dernier permis à ses deux amis d'être tels qu'ils nous demeurent à travers leurs notes, dans leur intensité - preuve d'une histoire d'amour qui aura été singulière, comme toutes les histoires qui veulent conquérir un absolu, et l'atteignent. A leur façon, ces musiciens dont l'espace intérieur fut celui d'un risque vertigineux, nous font entendre que l'amour est un don infaillible, la liberté la plus intime de l'un vis-à vis de l'autre. Une loi dont Rilke a livré le secret dans son Requiem:

...

Car telle est la faute, s'il y a faute de quoi que ce soit:

ne pas augmenter la liberté de l'aimé

De toute la liberté qu'on trouve en soi.

Nous n'avons, quand nous aimons, à nous tenir qu'à cela seul:

nous laisser être l'un à l'autre...

 

- Hélène Grimaud -

 

 

16/08/2010

Rap des hommes rapaillés


" Y a pas d'poésie en prison

Les mots sont des bêtes farouches

J'peux pas sauter le mur du son

J'ai des barbelés dans la bouche."

 

- Christian Mistral -

 

 

 

J'ai des barbelés dans la bouche...

J'ai des barbelés plein la bouche!

Tant de couleuvres à avaler.

Encore...

 

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Le monde est noir puis le monde est blanc

le monde est blanc puis le monde est noir

entre deux chaises deux portes

.          .            .     ou chien et loup

un mal de roc diffus rôdant dans la carcasse

le monde est froid puis le monde est chaud

le monde est chaud puis le monde est froid

mémoire sans tain

des années tout seul dans sa tête

homme flou, coeur chavirant, raison mouvante

 

Comment faire qu'à côté de soi un homme

porte en son regard le bonheur physique de sa terre

et dans sa mémoire le firmament de ses signes

 

Beaucoup n'ont pas su, sont morts de vacuité

mais ceux-là qui ont vu je vois par leurs yeux

 

- Gaston Miron -

 


James Coignard

" Ce que j'appelle " Le Grand Art ", c'est simplement l'art qui exige que toutes les facultés d'un homme s'y emploient, et dont les oeuvres sont telles que toutes les facultés d'un autre soient invoquées et se doivent intéresser à les comprendre."

- Paul Valéry -

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2030704508.gifJames Coignard, peintre, céramiste, sculpteur et graveur, est né en 1925 à Tours. Après une brève carrière dans l’administration, il découvre à l’age de 23 ans les paysages de la Côte d’Azur. C’est alors qu’il décide de suivre les cours de l’école des Arts décoratifs de Nice. Il abandonnera 4 ans plus tard l’administration pour se consacrer exclusivement à sa carrière artistique. C’est sa rencontre avec Paul Hervieu en 1950 qui sera décisive. Sa collaboration avec la galerie Hervieu lui fera acquérir une visibilité dans le milieu artistique et à l’international, notamment dans les pays scandinaves. James Coignard au début de sa carrière sera désigné par les critiques comme appartenant à l’Ecole de Paris. Très vite sa peinture et sa céramique s’en démarquent et il fera cavalier seul. Au début des années 60 il commence à travailler le verre mais un tournant décisif dans sa technique est pris en 1968 quand son ami Henri Goetz découvre un nouveau procédé de gravure avec du carborundum. La gravure devient alors centrale dans son Œuvre. Sa carrière prend au même moment une dimension internationale. Il voyage beaucoup, notamment en Suède et aux Etats – Unis ou il vivra quelques années. En 1978 James Coignard va entamer une longue collaboration avec l’atelier de gravure Pasnic qu’il contribuera à créer. Dans les années 80, vivant entre Paris et la Côte d’Azur, il s’intéresse aux livres d’artistes et aux problématiques de l’édition. Il expose désormais dans le monde entier et est reconnu comme l’un des plus grands peintres-graveurs de son temps. Jusqu’à sa disparition en 2008 James Coignard continuera de travailler tant en peinture qu’en sculpture et gravure, produisant beaucoup et laissant derrière lui une œuvre immense.

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" Et si cette avancée de plaisir, de mémoire et de technique crée un message quelconque, c'est parce qu'elle naît de la concentration de tous les événements vécus par un individu. En cela, la peinture est parfois le témoin de toutes les histoires du monde."

- James Coignard -

 

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" Ainsi est pour moi l'oeuvre de Coignard. Il représente. Il alerte. Il interpelle. Comme la passante de Munch, comme la femme à l'enfant du Guernica de Picasso, comme les "otages" de Fautrier. C'est toujours le même cri de l'homme à ses semblables. La peinture n'est jamais aussi grande que quand elle nous conduit au-delà de nous-mêmes."

- Georges Tabaraud -

 

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" Dans l’œuvre de James Coignard, j’ai vu des fenêtres de maison condamnée dans les abîmes de l’oubli, des lignes en questionnement d’un point vers l’autre, Deux bleus, Des rouges en situation, un horizon cherchant en vain à rejoindre d’autres points, Des positionnements, Des propulsions… La dynamique verticale nous ramène au point , Les Corrosions au sillage du temps, de la verticale, du trait d’union, du fil à plomb, des ponts de signes gravés, inventés, réécrits jusqu’au lit de la rivière, sous Tension horizontale…

Cet équilibre latent des figurines, mannequins, prêts à vivre, à s’animer mais comme retenus dans les fibres du papier, de l’écorce, de la peau parcheminée de la cicatrice de ce peintre…

Des papiers mordus de cette originelle incision, d’une saignée puissante d’intérieurs vers d’autres extérieurs, d’un double se cherchant en s’effaçant en une image sans miroir, faite parfois de contours tracés, écrits, crayonnés mais non de l’enfance, semblant venir de rêves ininterrompus et répétitifs...

James Coignard a tracé un parcours sans interruption, sans rendez-vous, du fini du collé du repris du jeté, du corps, des morceaux de mer, de nuages, des flèches lancées pour qu’elles se perdent…"

- Daphné Bitchatch -

 

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" Je balafre la toile comme je pose un doigt frémissant sur un visage aimé.

Le geste est la cicatrice du peintre."

- James Coignard -

 

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"Qui est le double approché en cette immense solitude ? que James Coignard n’a cessé d’inscrire silencieusement, de peindre en remaniements modifiés de verticales en directions suspendues, James Coignard n’a eu de cesse de peindre la pesanteur, l’équilibre des formes semblant se balancer sans effort, cherchant à déterminer de mystérieuses présences, des points d’alignements, d’intermédiaires, entre les formes, de suspensions entre les couleurs.

James Coignard croisé entre le haut, entre le bas, ne s’est interrompu de mettre en réserve entre les lettres, une numérotation et des ponctuations graffitées, un là-bas, au-delà, à relire, à comprendre, un langage d’un autre temps, celui d’une mémoire ancienne…

Une peinture pour renaître, pour revivre, pour revenir…"

- Daphné Bitchatch -

 

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En peinture il  y a un moment où l'on se promène dans ses propres paysages, c'est ce que je ressens face aux toiles de James Coignard...

 

 

14/08/2010

art brut japonais


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J'ai vu lors de mon court passage à Paris cette expo étonnante. Etonnante quand on connaît l'art japonais, étonnante aussi quand on apprend que les oeuvres exposées sont crées par des artistes pour la plupart pensionnaires ou fréquentant des institutions pour handicapés mentaux, atteints de diverses maladies telles que l'autisme ou la trisomie, tous souffrant d'incapacités ou de dysfonctionnements intellectuels et de difficultés marquées d'adaptation aux exigences culturelles de la société dans laquelle ils évoluent.

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" Ces oeuvres nous interrogent sur la frontière mouvante et incertaine où elles se tiennent, entre le jaillissement de nos désirs et leur domestication par la culture. Elles entretiennent des résonnances avec ce qui est en nous à la fois inquiétant et familier, ce qui aurait dû rester dans l'ombre et qui en est sorti, cet entremonde où se élèbrent les noces de l'art et la foli, de la vie et de la mort, où se jouent les multiples passages de l'originaire à la culture, de l'intime à l'universel."

- Martine Lusardy -

 

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" A cette façon de nous jeter sans bouée de sauvetage à l'autre pôle de l'intelligence, nous reconnaissons dans ces oeuvres venues du japon le grand vent de l'art brut. Une dé-raison fondatrice domine ici et cette exposition est pour nous la chance d'en expérimenter quelques unes des infinies ressources.

Qu'il se présente sous un jour obsessionnel ou dans une note apparemment plus indisciplinée, ce vagabondage itératif de la main et de la pensée est, pus qu'un ordre, propice à nous faciliter l'accès à cet inexprimable qui fait le coeur obscur de nos vies."

- Jean-Louis Lanoux -

 

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Ce qui m'a étonnée aussi c'est la diversité et l'ingéniosité des diverses solutions plastiques trouvées par les auteurs, les voies qu'ils ont explorées pour collaborer avec leur propre fond inconscient et ainsi l'exprimer, c'est tout à fait poignant, d'autant quand on sait à quel point la société nipponne est codifiée. Ce qui m'a frappé également c'est les parentés possibles avec l'art africain ou certaines oeuvres de nos contemporains à croire qu'il y a comme un tronc commun au-delà des cultures et des géographies et des états d'être entre tous les humains. A voir, à découvrir, ça en vaut le détour, à la Halle Saint-Pierre, paris 18ème jusqu'au 2 Janvier 2011.

 

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13/08/2010

brainstorming

 

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- Photo prise à Paris 5ème, quartier Mouffetard -

 


 

12/08/2010

Rayons de feu

 

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Soleil,

Toi qui te noies chaque jour

Et réveilles inlassablement mon ombre,

Sur les marches des heures,

Ton silence de feu

M’habille d’une chaude nudité

Assoiffée d’écumes et d’algues abyssales.

Tu couronnes la colombe bleue,

Ma muse, qui a détrôné l’oubli !

Mes mains tournesols

Lui tressent une mémoire inca

Où baigne, pour elle, le vent des flûtes

Qu’appelle le roucoulement des fleuves

Chantant leurs chaudes mélodies.

 

- Mokhtar EL Amraoui -

 

 

31/07/2010

petite blue

Partager la vie et l’intimité, les pleurs les désirs les rires les délires aussi d’une petite fille provoque toujours un petit quelque chose en moi. Auparavant je fondais en larmes, c’était irrépressible surtout au bord de l’eau à la plage, ou quand je rencontrais un papa câlinant sa petite ou une maman la tenant par la main, un effet miroir sans doute, les sanglots remontaient et puis s’épuisaient sur mes joues d’adulte malmenée.
Maintenant c’est différent, ça m’entraine de l’autre côté, ça m’emmène vers celle que j’aurais pu être, celle que j’aurais dû être, celle que je n’ai pas été, ça me permet de la comprendre et de mieux l’appréhender de mieux l’aimer aussi sans doute. Quand elle m’a posé cette question "ça t’émeut, on dirait, ça n’est peut-être pas facile, ça te rappelle ça te ramène, non?" parce que j’avais l’air perdue des yeux à regarder sa gamine petite brindille aux cheveux de blé comme je l’avais été, j’ai répondu d’emblée "oui, toujours ça me trouble, me donne un peu de vague à l’âme et puis plus peut-être, ça me bouleverse, comme si je mesurais ce que j’avais perdu dans les gestes et les demandes et les élans et les envies que peut avoir une enfant choyée et respectée et libre…"


Alors quand  j’ai reçu cette photo, j’ai été très émue et j’ai eu envie de lui parler à cette enfant, celle qui vit à l’intérieur de moi, celle dont je m’occupe, celle que je suis, j’ai eu envie de lui dire des mots simples tendres directs et confiants, j’ai eu envie de la prendre dans mes bras et l’entourer de ma présence.

« Petite fille, ma toute petite, je suis là, je suis là pour toi. Tu n’as plus à te cacher à avoir honte et à te terrer et te taire davantage. Jamais plus je ne laisserais quiconque te manquer de respect te bafouer t’utiliser te maltraiter te mentir t’écarteler, je suis là pour toi maintenant, tu peux compter sur moi je veille, va tranquille cueillir les fleurs de la vie, fais-en des tresses des couronnes des guirlandes et des colliers légers, respire, crée, ris danse joue aussi libère grand ton cœur petit être, petite blue, je suis là pour toi, pour toujours. »

 

 

30/07/2010

Correspondances,"lettre à Christian Mistral"...

Voici mon humble contribution au concours des correspondances d'Eastman, je la souhaitais à l'époque double mais "lettre à ma mère" n'est pas sortie à temps, je n'ai pu donc produire que celle qui suit dans les délais. L'exercice est particulièrement étonnant et mérite qu'on y pense je trouve, la correspondance étant à mon sens par essence destinée à l'intime et donc être lue d'âme à âme, de l'ouvrir au départ à être lue par tous oblige à un recul, à une retenue particulière, ce qui m'a d'ailleurs attirée dans ce cadre du concours, cette ambiguïté oblige à une écriture spécifique et lucide aussi. Cette "lettre à Christian Mistral" s'adresse à l'écrivain en particulier et d'une manière plus générale aux écrivains et hommes de l'art au sens large, et invite à réfléchir à ce qu'ils peuvent provoquer chez le lecteur qui les découvre, on pourrait d'aillers agrandir la réflexion à l'art dans son ensemble, ce qu'il a de vivant de bienfaisant d'indispensable et de redoutablement engageant. Ecrite dans ce sens, le choix de l'intéressé n'est par contre pas du tout un hasard tant l'écriture spécifique de cet homme là ainsi que son amitié ont été pour moi une véritable révélation et c'était une manière personnelle et inspirée de le remercier, ce qui dans le cadre précis et du lieu et du théme me paraissait idéal et à propos...

 

Cher Christian,
 
Cher Christian Mistral,
 
 
 
Ce n'est pas un exercice facile que celui d'écrire à un écrivain que j'admire et qui a compté et compte encore dans ma vie. Pourtant si je prends la plume aujourd'hui pour vous dire que vous avez plus que bouleversé la mienne c'est que je reste attachée viscéralement à dire ce que parfois, voire trop souvent, on a tendance à taire par pudeur timidité bienséance ou éducation. Pourquoi lors ne pas se permettre d'évoquer à un homme de lettres par des mots simples et sincères l'importance qu'il a pris dans mon esprit, pourquoi ne pas lui transcrire les battements de mon coeur à la lecture de ses mots pourquoi ne pas lui rapporter les larmes, rires frais, grincements de dents, suées, à la rencontre de sa poésie et  pourquoi ne pas lui faire sentir avec les miens toutes les prises de conscience fulgurantes et jouissives à leurs contacts et toutes les vibrations poétiques de sa grammaire...
A dire vrai, c'est une des toutes premières fois que je peux que je me permets et ressens le besoin de l'exprimer ainsi à un artiste de son vivant et malgré mon bon vouloir et la forte pression passionnelle qui m'anime c'est sur le comment que j'achoppe, comment rendre un tremblement d'âme, une joie incommensurable, un trouble presque sismique, un plaisir profond et un embrasement des méninges quand j'ai entre les mains un de vos livres et comment exprimer de la plus juste façon l'inspiration et la respiration que vous m'offrez à la lecture d'un de vos poèmes, d'un de vos romans, cette sorte d'incandescence....
Et puisque je m'en donne l'occasion aujourd'hui, et ce dans ce contexte si particulier et si pertinent des Correspondances, sachez que je vous aime pour la forme et pour le fond car au fond n'est-ce-pas ce qui compte le plus pour un homme de l'art tel que vous ou vos congénères de remuer en profondeur un individu, de le toucher, de l'interpeller, de l'émouvoir l'éveiller à lui-même et lui donner à réfléchir sans pour autant l'ensevelir sous des théories fumantes ou des gentillesses doucereuses bien loin de votre carte du monde, j'en conviens, a fortiori de la mienne mais juste de lui ouvrir les portes de sa sensibilité et de ses limbes intérieurs, lui permettre l'accès à sa boîte de Pandore en prenant le risque comme vous le faites d'entrouvrir béante la vôtre.
C'est sans doute ce mélange si personnel, ce choix pointu du mot retenu, cette richesse,cette trivialité cette dimension sensorielle qui donne à votre mouture sa couleur prégnante si particulièrement humaine et déchirante telle que je la reçois.
 
Vous êtes pour moi une nourriture.
 
Et ce n'est pas peu dire... Vous m'avez donné le goût d'écrire à mon tour et vous m'avez affranchie par ce ton qui est le vôtre et par ce traitement percutant et sans ménagement de l'âme humaine empreint à la fois de tendresse et de souffrance dans cette sorte de poésie vibratoire, karchérisante...
Je m'interroge dès lors sur ce qu'un écrivain  comme vous envisage de provoquer quand il écrit et s'il y pense vraiment, chacun des lecteurs s'appropriant vos mots à sa manière, chacun avec ses attentes implicites. Pour moi, ils ont été de concert d'une évidence étonnante et d'une déflagration inouïe comme si vous étiez venu me chercher au fond de mon chaudron.
 

L'art comme tentative de sortir de soi l'essence même de l'être que l'on est.
 
J'aimerais vous rencontrer de chair pour pouvoir deviser avec vous et puis vous imprimer de vive voix l'importance que vous avez prise dans ma vie, pas comme une "fan" ou une sorte d'individu dépossédé de lui-même et en quête de repère, je ne suis pas comme pourrait l'induire ce courrier entrée en religion mistralienne et n'ai pas perdu mon libre-pensant, non,vous rencontrer par congruence et sentir la vôtre car nul doute que doit émaner de votre personne l'image des démons intérieurs et sauvages qui vous habitent comme chacun d'entre nous mais peut-être de façon plus honnête plus criante plus directe comme cela transpire dans vos livres, cette sorte de désespoir assorti d'un tel goût de la vie et de l'amour, cette soif d'affects et ce profond respect de l'amitié portée aux nues et qui me percute tant! Si vous le vouliez bien, j'en serais très émue.
 
Et puis au-delà de tout, c'est vous lire davantage qui me comblerait le plus, il me faut attendre alors le prochain ouvrage qui va agir en vous, ayant déjà dévoré tous les possibles vous concernant... J'ai toujours beaucoup lu et ce depuis mon plus jeune âge, j'en ai besoin. La littérature et la poésie m'ont révélé à moi-même, certains langages plus que d'autres certaines histoires aussi et puis certaines constructions certains canaux certaines musicalités. Pour moi et sans doute plus universellement c'est une nécessité pour exister pour se construire pour ouvrir sa perception du monde.
 
La littérature m'a rendu à moi-même et par la même plus humaine.
 
Et vous?
 
Je n'ai pas envie de vous mettre dans l'embarras avec mes questions qui pourtant tant me brûlent les lèvres, elles ne sont que miennes et sont celles que vous avez semées en moi et qu'il ne me reste plus qu'à faire germer et fructifier. J'ai grandi à vous lire, j'ai pris la mesure aussi sans doute parce que j'y suis prête de ce que j'avais envie moi-même à mon tour de transmettre et de quelle façon. J'ai compris l'importance plus encore des mots, de leur force de frappe et j'ai mesuré l'impact de la truculence, de l'authentique, du vécu à chaud, du témoignage et de l'audace d'être ce que l'on est et de le dire.
 
Je me sens plus libre depuis que j'ai croisé votre route et celle de votre plume et je vous en remercie de la plus vibrante façon du fond de mon âme.
 
 
 
Bien à vous,

Helenablue

 

 

29/07/2010

La symphonie errante

 

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Je cherche mes rallonges telluriques,

Mes incommensurables sphères

Dans les dilatations de l’exil,

L’ombre ivre de ma soif

Dans la sècheresse de l ’arôme somnambule.

Je cherche mes imprécations

Creusant les sillons du retour

Contre les serres des vautours,

Ton ombre aux aguets

De cet éveil cinglant,

Erection du soleil

A la symphonie errante du dromadaire !

Je cherche le râle éclaté

De mes vertèbres-lyres en délire,

S’étouffant de leurs notes déportées,

Mes soupirs tonnant de bleus fuyants

Dans l’inatteignable voyage

De ce papillon qui s’éreinte

En poursuites trébuchantes,

Au-delà de ses rêves brisés !

Je rêve de comètes,

D’astres flamboyants,

De méduses-lunes

Ouvertures transparentes

Des inextinguibles profondeurs !

Je rêve, muet,

Dans la soif de tes pas,

Sur les sables du voyage

Auquel je t’invite vers les prairies rouges

Et leurs feux bleus !

Ô muse de mon départ !

Astre scintillant

Sur les lèvres ouvertes des vagues !

Il n'y a plus de toits !

Pluie d’encens rouge

Sur tes seins embaumés

Dans le linceul de l’extase des rencontres crépusculaires !

Viens de mes reviens fatigués !

Je te prêterai les ailes immaculées

De mes Icare exilés.

Je te montrerai

L’axe de l’impact pluriel,

L’agonie du cogito carnivore,

Manteau d’erreurs spectrales !

Viens !

Accroche-toi aux tiges sans amarres

De cette forêt éclatée !

Reviens de mes viens

Qui valsent dans l’aube

Des intraduisibles fermentations !

Nous écrirons la grandeur du menu moineau,

Echeveau des sens triangulés !

Cet azur qui nous appelle

Nous retrace dans nos fibres de nouveau-nés !

Reviens,

Au commun des immortelles mésanges assoiffées !

Je te composerai,

Sur le clavier des escaliers,

Une symphonie qui te mènera

Jusqu’à mon perchoir d’exilé!

 

- Mokhtar El Amraoui -

 

 


28/07/2010

âme nomade

 

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- "Désert Blues" de Patrick Natier -

podcast

 

"Le nomade, c'est celui qui comprend tout, qui s'adapte à tout, celui qui est prêt à changer, celui qui vit la métamorphose à chaque instant, qui est disposé à accepter le changement à la seconde près, et même qui est à l'affût du changement avant qu'il ne survienne."

- Hawad -

 

"Pour moi l'écriture est une recherche de moi-même. Ecrire c'est comme marcher dans le désert, nomadiser dans l'espace, dans le cosmos. Quand je nomadise, je ne nomadise pas pour que les autres me comprennent, pour que les autres m'aiment. Non, je nomadise pour me retrouver moi-même."

- Hawad -

 

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- Désert du Hoggar -

 

"Notre écriture à nous, au Hoggar,
est une écriture de nomades
parce qu'elle est tout en bâtons
qui sont les jambes de tous les troupeaux.
Jambes d'hommes, jambes de méhara,
de zébus, de gazelles,
tout ce qui parcourt le désert.
Et puis les croix disent si tu vas à droite
ou à gauche. Et les points, tu vois, il y a
beaucoup de points. Ce sont les étoiles
pour nous conduire la nuit, parce que nous,
les Sahariens,
nous ne connaissons que la route,
la route qui a pour guide, tour à tour,
le soleil et puis les étoiles.
Et nous partons de notre coeur,
et nous tournons autour de lui
en cercles de plus en plus grands,
pour enlacer les autres coeurs
dans un cercle de vie, comme l'horizon
autour de ton troupeau et de toi-même."

(Transcription d'un poème touareg)

 

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" Nous sommes la mémoire et le rêve, nous sommes la branche et la racine du temps, et nous savons faire oublier à l'homme le chagrin de ses perles."

- Hawad, la pensée nomade -

 



23/07/2010

dans le miroir de l'armoire...

 

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- Anne des Ocreries - Autoportrait -

 

"C'est dans le grenier de ma grange toute déglinguée que je les planque, dans ma grange-cathédrale au toit cassé nimbée de lumière parfois qui abrite tant bien que mal tous mes rêves et mes délires.

C'est dans l'énorme armoire à glace vieille comme le monde que je les range mes précieux mes trésors tous mes accumulés depuis des années qui sont ma raison de vivre et ma raison de croire en des possibles.

Tous mes plus beaux mes majestueux mes aventureux mes poètes mes ressources, tous mes livres chinés reçus trouvés et ainsi collés les uns aux autres à l'abri des intempéries derrière le miroir au tain griffé et grisé par le temps qui passe.

C'est là que je vais quand je cherche à m'inspirer, c'est là que je vais quand je cherche à m'évader à m'enfuir à me retrouver aussi et c'est dans ce miroir là que je me sens la plus belle, là que je me sens exister que je me sens vivante, devant ce miroir qui abrite tous les mots de la terre."

 


A Anne, de Blue.

Avec toute mon amitié.

 

 

21/07/2010

de Blue à vous...

Par Laure Kalangel.

La 1000ème note de mon blog, un beau cadeau poétique et tendre, évanescent et dense à la fois...


 

" J'ai tant de visages

L'amour se partage

Descends des nuages..."

 

- Christian Mistral -

 


20/07/2010

rencontres

Je m'entends encore lui dire dans un soupir d'aise: "n'est-ce pas merveilleux les blogs finalement qui permettent ce genre de rencontres improbables impossibles et sûrement invraisemblabes sans!", je l'entends encore me répondre souriante et émue à quel point c'est magnifique et doux et toute cette confiance et toute cette fluidité et cette simplicité aussi. Voilà, on l'imagine on en parle on l'espère et puis un jour ça arrive et on se retrouve à se parler de chair et s'entendre respirer et rire et capter des regards et échanger et s'émouvoir. Pour ceux qui doutent encore de la magie de l'internet et de son interactivité et de sa délicieuse richesse et de sa proximité dans la diversité, à ceux qui se disent que tout cela n'est que virtualié et mensonge, futilité et inconsistance, j'ai envie de dire, passez donc une soirée et une journée entière avec ces deux généreuses âmes et vous viendra l'envie à n'en pas douter de bloguer sans tarder.

Une délicieuse parenthése que je renouvelerais avec grand plaisir.

Merci à vous, Laure et Laurence.

 

 

08/07/2010

de l'écrivain

" Il me semble que si l'écrivain a une fonction, c'est bien de trouver des mots qui pouront s'adresser à autrui, le rejoindre et lui permettre de dialoguer avec lui-même. Bien souvent, les êtres sont coupés de leurs sources profondes. Or- j'éprouve en tant que lecteur- un bon texte permet de descendre en soi, se parcourir, découvrir des zones enfouies."

- Charles Juliet -

 

06/07/2010

Tournée

Mathieu Amalric donne une définition étrange de « Tournée » : « C'est le film d'un garçon qui a juste vu un reportage sur des filles et qui va en faire quelque chose, mais il ne sait pas encore quoi. » C'est en lisant un article d'Elisabeth Lebovici dans « Libération » qu'Amalric entend parler pour la première fois du « new burlesque », ce music-hall d'un genre inconnu en France, emmené par des actrices aussi accortes qu'excentriques. Cet article fut le déclic, la bonne idée qui lui permettra de réaliser un vieux rêve : écrire un scénario à partir des notes de tournée de Colette. La romancière les écrivait au jour le jour pour un quotidien qui les publiait en feuilleton comme autant de croquis de sa vie d'actrice un peu scandaleuse égarée en province. Ces textes ont été ensuite réunis sous le titre « L'Envers du music-hall ». Extrait : « Nous courons vers l'hôtel, vers la loge étouffante et la rampe qui aveugle. Nous courons pressés bavards, avec des cris de volaille, vers l'illusion de vivre très vite, d'avoir chaud, de travailler, de ne penser guère, de n'emporter avec nous ni regret, ni remords, ni souvenir. »

Le film d'Amalric rend un bel et touchant hommage aux artistes en tournée tels que les croquait Colette. Les filles du « new burlesque » lui apportent un supplément d'âme, une étrangeté, un exotisme qui emballeront définitivement l'affaire avec leur physique fellinien, leurs tatouages, leurs paillettes, leurs maquillages outranciers et leur usage de la langue anglaise pimentée de quelques expressions françaises prononcées avec un accent délicieux. Pour retrouver l'ambiance des tournées, Mathieu Amalric a organisé des représentations en province avec un vrai public, qui découvrait, stupéfait et ravi, les numéros insensés des filles : Mimi Le Meaux, Dirty Martini, Kitten on the Keys, Evie Lovelle, Julie Atlas Muz et le seul garçon de la troupe, Roky Roulette.

 « Tournée » est, aussi, un hommage à ces producteurs qui, tel Bernard Palissy, sont capables de brûler leurs meubles pour financer leurs rêves. C'est Claude Berry qui hypothèque sa maison pour payer les dernières scènes de « Tess » de Roman Polanski. C'est Paolo Branco, le fantasque producteur de Manoel de Oliveira, de Werner Schroeter, de Raul Ruiz, qui gagne au casino les sommes nécessaires pour achever le tournage d'un film de Wim Wenders. C'est Jean-Pierre Rassam, c'est Humbert Balsan, suicidés au champ d'honneur. « Ce sont des artistes et des aventuriers, dit Mathieu Amalric. Comment font-ils pour continuer ? A la mort d'Humbert Balsan, j'ai eu peur pour Paolo. » Paolo Branco devait tenir le rôle de l'imprésario de « Tournée ». Il a décliné au dernier moment. Mais il a produit le dernier film de Manoel de Oliveira, présenté, en même temps que celui d'Amalric, au Festival de Cannes. Respect

- Thierry Gandillot - Les Echos -

Je l'ai vu hier soir... j'y allais confiante, que des bonnes critiques que des bons échos que de bonnes vibrations à propos de ce film, je n'ai pas été déçue... juste un peu peut-être, ne pas avoir vu le show de ces femmes débordantes d'énergie, de générosité et d'amour en entier et n'en avoir que des bribes... C'est un film tout à fait humain, fait de désirs de se sentir vivant et de le partager, fait de plaisirs de se sentir femme et de l'exprimer, fait de couleurs et de gris comme la vie même et parlent de nos voyages de nos errances de nos erreurs et des moyens que l'on trouvent en nous ou autour de nous pour y faire face... C'est un film sur la vie d'artiste, sur le spectacle, ses contraintes et ses bienfaits... Intelligent et sensible, vraiment attachant.

 

05/07/2010

ça me plait ça, tiens...

" Je veux qu’on me lise pour se sentir vivant, pas pour se sentir intelligent. "

- Stéphane Ranger -

 

Léon Spilliaert

 

 

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" De mon enfance, je garde un souvenir ébloui, jusqu'au jour où l'on me mit à l'école. Depuis lors, on m'a volé mon âme et plus jamais je ne l'ai retrouvée. Cette douloureuse recherche est toute l'histoire de ma peinture."

- Léon Spilliaert -

 

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Né en 1881 à Ostende, Léon Spilliaert est une représentant majeur du symbolisme belge autour de 1900. Autodidacte, il a entretenu des affinités électives avec les artistes et écrivains belges de sa génération. Il a été influencé par Edvard Munch, mais aussi bien par Nietzsche et Lautréamont.
Si le peintre est peu connu en France, il jouit dans son pays natal d’une renommée importante, comme en témoigne la rétrospective récemment organisée aux Musées royaux des Beaux-Arts de Bruxelles.

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" Ma vie s'est passée seul et triste, avec un immense froid autour de moi. J'ai toujours eu peur."

- Léon Spilliaert -

 

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"Spilliaert. Le nom claque, au début, comme un fouet sur la croupe d’un cheval de trait, puis il reluit, brise-lame humide, glissant, algueux, pour se résoudre en une sonorité plus minérale, celle du sable qui, en lignes de fuite infinies, bordait encore uniformément la côte belge, au début du XXe siècle. Avant l’envahissement. Avant la saturation.

À l’époque où James Ensor croquait les sarabandes de masques au Bal du Rat Mort et la vulgarité satisfaite de baigneurs pétomanes ; à l’époque où Permeke dressait sur d’énormes toiles les corps terreux de paysans flamands aux mains et aux sabots démesurés, Léon Spilliaert se fit le peintre du vent, du silence et des instants suspendus. Une feuille de calendrier marquant un 2 novembre éternel. Une salle de restaurant vouée à rester déserte. La géométrie énigmatique des reflets d’une véranda. Une rue obscure qui file vers la digue et n’attend que vous. Le sillon et la fumée d’un bateau, déjà loin, là-bas.

Ses silhouettes flottent, figées dans l’attente du retour d’un pêcheur, hérissées par une bourrasque, abattues par un deuil secret sur la banquette d’un train, recluses dans un grenier, courbées sous un châle blanc, marchant à petits pas vers la lune. Quand ce n’est pas la sienne même qui s’incarne, au détour d’un miroir, l’œil rond, le trait creusé, une crampe tombante pour tout cri. Lui, Léon Spilliaert, trentenaire moribond sanglé dans sa stricte redingote noire, happé par on ne sait quelle prémonition.

Entrez dans cet univers les mains libres, désencombré, sans audio-guide surtout. N’entrez dans cet univers qu’avec vos pupilles. Ici, vous le constaterez assez tôt, les nonnes ne se déplacent que par sept et une fermière de 150 kilos peut dissimuler, sous ses oripeaux de misère, une idéaliste. Ici, c’est l’ivrogne qui soutient la colonne. Ici, c’est Ève qui charme le Serpent."

- Frédéric Saenen -

 

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Peintre du silence, Léon Spilliaert m'émeut, il y a une telle pudeur une telle élégance faite de retenue et de finesse dans son oeuvre que je la trouve fondamentalement poétique. Introspective, elle est la représentation d'un espace intérieur dont l'ennui et le besoin de créer trouvent écho dans le vide nocturne des espaces désertés, d'un cheminement bleu de nuit, calme et nécessairement solitaire. Sa peinture symbolise à elle seule, l'attente, le vertige, l'aliénation du moi solitaire et éveillé dans un environnement endormi et agit en moi comme une des Gymnopédies d'Erik Satie. A respirer des yeux...

 

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04/07/2010

ode à l'oued, l'invitation au voyage...

 

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Chagrin d’oued



Ne pleure pas Joumine, *
Oued de mes dix ans !
Mon ombre se dessine,
En haillons lumineux, sur tes étoiles.
Ne pleure pas !
Cette poupée, fée de lyre,
Danse sur les  lames de l’horizon,
Tranches de nuit
Que tu bois dans tes ivresses,
Oraison des séparations.
Ton supplice qui atteint mes lèvres
S’agrippe à mon cou et le serre
Comme un chant solitaire
De vin bu à tes naissances.
Il me baigne de lauriers jusqu’à l’absence.
Danse,  mais danse donc, mon oued !
Chasse au loin cette affreuse mine morose !
Reprends ton cours heureux !
Regarde, sur tes doigts roses,
S’est posée  une colombe bleue !
Ecoute ses caresses !
Ce train pour lequel clapote
Le mouchoir de ton onde
Ne reviendra plus !
Ô ne pleure pas !
Mais ne pleure plus !
Chasse donc tes détresses !
Patience, car un jour tout cesse,
Dans ces roulis de la vie !
Rendors-toi dans ton lit,
Mon oued, et oublie !

- Mokhtar El Amraoui -

*Oued(rivière) qui traverse ma ville natale Mateur(à trente kilomètres de Bizerte)

 

 

03/07/2010

De l'amour

 

Maxime m'a tagguée, " Qu'est-ce qui pour vous est signe d'amour? Comment savez-vous que vous aimez?. Il a également taggué ma chère Venise qui a babillardé généreusement sur le sujet. Moi il m'est venue cette petite histoire que je vous livre en souhaitant que cela réponde à la question!

 

 

 

 

De l’amour.

 

 

- Dis-moi, Florent, comment tu sens que tu aimes ?

( Florent, neuf ans)  - Ben, ça me fait plein  de guilis dans le cœur ?

-  Ah oui, le cœur qui chavire…

Et toi ? Mélanie ?

( Mélanie, sept ans ) – Moi ça me fait tout chaud tout partout, aussi je suis toute en lumière et je suis contente. J’aime bien quand j’aime…

- C’est doux c’est vrai, c’est doux et agréable d’éprouver de l’amour, un sentiment qui nous grandit et nous réconforte à la fois, l’amour nous nourrit autant celui qu’on donne que celui que l’on reçoit, il est vital à notre développement à notre vie, il construit nos rêves et bâtit nos mémoires.

Que ne ferait-on par amour ?

 

- Moi , j’aime bien dessiner et rire avec ma chouchoute, j’aime bien jouer au foot avec mon copain Henri et puis faire des gâteaux avec maman.

 

- Hi,hi, moi c’est raconter des petits secrets et faire des bisous dans son cou, j’aime aussi faire de la corde à sauter et jouer à la marelle avec Julie, avec Melissa aussi, j’aime trop faire des câlins à mon papa chéri et puis chanter des chansons douces à mon doudou.

 

- L’amour passe par le partage alors, par faire ensemble avoir du plaisir ensemble pouvoir se parler se confier rire et s’étonner l’un l’autre, l’amour se construit dans le temps, une relation un échange une vision commune un parcours un cheminement…

 

- Mais des fois ça fait mal !

 

- Ah ! raconte nous donc ça Mélanie, quelles fois ?

 

- L’autre jour à la récré Julie est arrivée et elle m’a dit : «  j’suis pus ta copine ! ». Moi j’étais comme toute cassée de l’intérieur et j’ai pleuré, pleuré… Et puis elle m’a plus parlé pendant deux jours même que j’ai cru que je mourirais et elle est revenue tout sourire en disant : «  j’ai changé d’avis, je suis re ta copine ! ». J’étais toute contente mais j’ai vu que j’avais eu mal aussi…  Pour toi aussi Blue, ça te l’a déjà fait ça, être toute brisée ?

 

- Oui, ça m’est arrivée, parfois quand on aime on a une telle attente de l’autre, on a tellement soif de l’autre qu’on le veut pour soi toute seule, et puis ça fait mal d’avoir le sentiment d’être trahi dans toute la confiance et les espoirs qu’on met dans l’autre…

 

- Moi c’est à maman que j’ai dit l’autre jour que je ne l’aimais plus, elle voulait pas m’acheter un petit chat et je le voulais tellement, tu l’aurais vu Blue, toi, t’aurais craqué, il était trop mignon, je l’aurais appelé Mistigri, il était tout gris, et Henri lui il en a un , Noiraud qu’il s’appelle, maman elle me disait que c’était pas une bonne idée que c’était pour mon bien qu’elle ne l’achetait pas, moi je comprenais pas  comment elle peut dire qu’elle m’aime si elle ne comprend pas ce qui est important pour moi ? Moi à ce moment j’avais l’impression qu’elle ne m’aimait plus, alors ben moi non plus.

 

- Hum, l’amour implique certaines frustrations aussi, je crois qui oblige à sublimer, sans doute une des raisons pour laquelle il inspire tant les poètes… mais tu n’as pas à t’inquiéter c’est normal aussi de pouvoir exprimer sa colère ou son désarroi dans les échanges entre gens qui s’aiment ! l’amour est un sentiment durable qui même est exponentiel, plus on aime plus on est capable d’aimer, plus aussi on se prend à s’aimer soi-même dans l’amour que l’on donne et que l’on reçoit, il y a une sorte de notion d’apprentissage de l’autre en même temps qu'un chemin vers soi. Il me semble que tu l’as eu ton Mistigri, non ?

 

- Ouiiiiiiiiiiii !!!

 

- Ta maman t’aime donc, tu vois bien ?

 

- Oui, d’ailleurs j’étais triste de lui avoir dit que je l’aimais plus parce que c’était pas vrai, maman je l’aimerais toujours, Mélanie aussi !

 

- Chut ! c’est un secret !

 

- Oh, vous êtes donc amoureux tous les deux…

 

- (en chœur) Oui ! Et c’est pour la vie…

 

- Dis Blue toi tu aimes pour la vie ?

 

- Je crois que quand on aime on aime pour toujours, quoiqu’il  arrive, même au-delà de la mort. Parfois on ne peut pas mettre en place le sentiment que l’on porte à quelqu’un exactement comme on le voudrait ou comme on pourrait s’y attendre mais l’amour lui existe bien. Il y a à l’intérieur de l’amour tant de possibles et tant de manières d’aimer, moi j’aime mes fils, vous les connaissez, au-delà de tout, et puis Mon Homme plus encore...

 

- Ah, le grand là sur la photo ?

 

- Oui, celui-là…Il est bel homme, hein? (sourire) et puis j’aime aussi mes amis et amies…

 

- Et celui-là, là aussi au dos du livre ?

 

-  Ben dis donc t’as l’œil partout fripouillette! Lui, oui très fort, et puis tous ceux là, là dans mon pêle-mêle de douceurs, tu vois, les petits mots que je reçois les bouts de tissus les images les photos les poèmes les pétales, j’ai une boîte aussi pleine de mots d’amour de correspondances de dessins de parfums… Je suis toute chose là tiens à vous parler de ça, mes petits bouts de zans… On va aller s’aérer un peu la tête, hein qu’est ce que vous en dîtes ? Le mieux pour comprendre ce qu’est l’amour et pour pouvoir définir ce que c’est que d’aimer c’est encore de l’expérimenter…

 

- Dis, toi tu nous aimes Mélanie et moi ?

 

- Venez là que je vous embrasse et que je vous serre tout contre mon cœur, et tu verras comment je vous aime.

 

La discussion s’est close dans un gros câlin tendre et joyeux, l’émotion était à son comble et mon cœur faisait des bonds, tant de fraicheur et de spontanéité et de confiance dans ses deux petits êtres, je me suis sentie réconciliée avec moi-même, encore une des puissance et une des magie de l’amour humain.

 

 

 

 

30/06/2010

modern jazz quartet

 

Au fond du coeur

 

Au fond du coeur, au fond de notre coeur, un beau jour, le beau jour de tes yeux continue. Les champs, l'été, les bois, le fleuve. Fleuve seul animant l'apparence des cimes. Notre amour c'est l'amour de la vie, le mépris de la mort. A même la lumière contre dite, souffrante, une flamme perpétuelle. Dans tes yeux  un seul jour, sans croissance ni fin, un  jour sur terre, plus clair en pleine terre que les roses mortelles dans les sources de midi.

Au fond de notre coeur, tes yeux dépassent tous les ciels, leur coeur de nuit. Fléches de joie, ils tuent le temps, ils tuent l'espoir et le regret, ils tuent l'absence.

La vie, seulement la vie, la forme humaine autour de tes yeux clairs.

 

- Paul Eluard - Donner à voir -