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17/06/2012

Denis Rival

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Marc et Sophie sont de vieux amis, nous avons en commun une manière de vivre, l'appétit du beau et de l'authentique et un certain regard sur l'art contemporain. Ensemble nous avons eu le même attrait et le même irrésistible penchant pour l'art africain, nous partageons une sorte de philosophie commune quant à notre avenir et notre aptitude à le faire nôtre, sachant les uns et les autres que nous avons entre nos mains notre destin. Conviés à une garden party pas ordinaire, nous ne pouvions Pat et moi absolument louper cela d'autant que par la plus grande des chances ils eurent pour eux un ciel clément et une température douce. Marc a toujours aimé la peinture et faire découvrir ses coups de coeur. Denis Rival n'est pas nouveau dans sa carte du monde, voilà plus de vingt ans qu'il nous en parle et qu'il défend son art. Le re-découvrir ainsi, au milieu de la verdure, a été source de joie et d'enthousiasme. Les touches de couleurs vibrantes de Rival résonnent on ne peut mieux avec l'environnement et sa peinture captant l'instant et toute sa magie a trouvé magistralement sa place dans ce cadre comme agencé pour elle.

 

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" Regarde la lumière et admire sa beauté. Ferme l'oeil et regarde; ce que tu as vu d'abord n'est plus; et ce que tu verras ensuite n'est pas encore."

- Léonard de Vinci -

 

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- Denis Rival et son épouse -

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" Comment regarder un tableau pour le comprendre? m'a-t-on innocemment demandé. Come si je pouvais révéler la formule magique ou mathématique ui ouvre les yeux à la beauté, à la vérité objective ou sublective! Comme si je pouvais réduire, entre les peintres et les amateurs d'art dont William Blake affirme qu'elles rendent les hommes égaux- une égalité idéale n'ayant d'autre fin, par ailleurs, que d'aider chacun à déterminer sa propre personnalité. A la mesure des régles humaines, les régles de l'art sont profondément variables. Les vérités s'entrecroisent, les lumières s'éteignent et se rallument, la confiance et l'inquiétude, l'habileté et la naïveté, la connaissance et l'intuition concourent à un même but: la vérité de la beauté et la beauté de la vérité, pour le plus grand plaisir de la raison."

- Paul Eluard -

 

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" Comment pourrais-je indiquer un itinéraire quand je vais moi-même au long d'une multitude de sentiers imprévus? Je me fie à mon sens de l'orientation, à l'attraction qui me mène aux autres pour me ramener à moi-même. Je guette le miroir où, au détour d'une phrase, d'un regard semblable, en un éclair, se reflétera mon image, la phrase que j'ai envie de contresigner ou qui, du moins, éveille en moi un écho.

Je ne me promène pas parmi les livres et dans les musées coùùe dans un jardin rassurant, je risque l'aventure, même en des lieux que je croyais familiers. J'expore mon royaume ambitieux qui est celui de l'infini de l'homme, de sa volonté de cohésion. Je ne poursuis pas un mirage, j'essaie de gagner ma place au soleil, dans le choeur de l'invisible avenir. Je suis certain de n'en jamais finir avec l'ilumination sociale, fraternelle, pas plus qu'avec moi-même."

- Paul Eluard -

 

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" Chez Denis Rival, dont je connais de l'homme, la modestie, l'estrême courtoisie, le sens inné du contact humain comme du partage, daonc la vive sensibilité; il y a aussi ce qui culmine de façon systématique dans son oeuvre, la générosité, le côté chaleureux, ardent, l'instinct spontané du beau sans académisme dans dans sa plus totale liberté."

- Pierre Noël Roy -

 

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J'aime cette façon de découvrir un peintre, au milieu des plantes, au milieu de la vie, d'un quotidien, d'un lieu. Je trouve que ça donne une vivance de plus à la peinture, elle semble participer à la vie et paraît plus en possible symbiose avec l'humain. C'est une dimension charnelle qui me touche et qui exarcerbe les émotions que je peux ressentir; ça ouvre, je trouve. Inspirant et inspiré, javais le sentiment de participer, de faire corps avec l'exposition qui m'est apparue plus comme un art de vivre l'art qu'une manière de le vivre intelectualisée.

 

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Marc trouve qu'il y a du Velazquez, du Lanskoy, du De Kooning dans la palette et le coup de pinceau de Denis, je ne saurais dire. Je réagis tellement toujours en néophyte devant n'imoorte quelle toile, neuve, naïve comme tentant de sonder le coeur de mon ressenti. Si je devais écrire ce que m'inspire les toiles de Rival, c'est le mot "joie lumineuse communicante" qui me vient à l'esprit. Sa vision du monde est musicale et énergétique me semble-t-il, en tout cas pour avoir deviser quelques minutes avec lui, elle n'est pas sombre du tout mais ouverte et sympathique, ça fait du bien.

 

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08/06/2012

For you

 

03/06/2012

Oui!

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- Blue par Patrick Natier - Mont Royal, Montréal, Octobre 2010 -


Le thème du défifoto de ce mois de Juin était "Ailes", j'y ai participé non en photographe amateur mais en modèle parce que ce thème m'a tout de suite fait penser à cette photo que j'aime de moi-même en haut du Mont Royal par une belle journée ensoleillée d'Octobre à Montréal. J'aime cette image, elle est joyeuse, tonifiante, jubilatoire, un de ces moments de grâce quand le bonheur vous donne des ailes, quand tout alors paraît possible, quand vous êtes au septième ciel. Avant l'amour, ça arrive parfois aussi, cette poussée intense d"énergie, de puissance et de légereté. J'étais heureuse à ce moment précis du clic clic de la boîte magique, j'étais bien, au nirvana, émue et je retrouve la qualité de l'émotion intacte en revoyant cette photo, puissance des images, avec un petit trémolo dans le coeur, un goût de le revivre, mais on ne peut revivre une première fois n'est-ce-pas? C'était la première fois que je voyais Montréal, la première fois que je montais en haut du Mont Royal, la première fois que je me balladais avec Christian Mistral, la première fois qu'on partageait lui et moi une escapade diurne, la première fois que j'exprimais devant lui mon plaisir de sa compagnie, la première fois que je pouvais partager cela avec l'homme de ma vie, la première fois que notre amitié pouvait ainsi se montrer sans retenue au grand jour, la première fois que je ressentais une telle fierté, la première fois que je m'autorisais à le faire. Jamais je ne pourrais retrouver cette quintessence de la première fois, mais je suis bien persuadée que dans les mêmes conditions, au même endroit, je pourrais savourer pleinement ce moment passé, cette ancre positive et que je pourrais même arriver à vivre tout aussi intensément une nouvelle première fois différente. On a tous quelque part au fond de soi une image de cette sorte de joie pure et étonnante de fraîcheur, on a tous dans le coin de sa tête une expérience de ce genre, une exaltation qui balaie tout sur son passage, un moment où tout semble possible, un pareil moment d'harmonie totale, on peut tout s'en souvenir avec tendresse et y puiser parfois le ressort nécessaire pour continuer d'avancer et de croire que ce que en quoi on croit a un sens, une force et un élan vital. On a tous le goût de revivre un tel délicieux défi à tout ce qui entrave et alourdit notre vie. Cette photo à la feuille d'érable c'est comme dire "Oui" à la vie! Et je dis "Oui".



28/05/2012

En direct de Dijon

Mon escapade se termine, dommage, j'eusse aimé qu'elle dure davantage. J'étais bien loin de tout ce qui fait mon quotidien et plus près du coup de ce qui m'est nécessaire: la fluidité, la tranquillité, la nonchalance de l'existence, l'absence de téléphone, l'absence d'obligations, de tracas, d'allant à l'autre. Juste soi à respecter, à s'occuper, à entendre. J'ai adoré. Adoré n'avoir qu'à penser, lire et manger. Adoré revoir mes vieux amis de Provence avec qui j'ai une fois de plus devisé jusqu'au bout de la nuit, bu, ripaillé, jasé et réfléchi. Rêver de ballades au Maroc dont ils sont tous les deux des enfants, reparler du temps de quand on était plus jeunes, plus fougueux, plus imbéciles aussi. Le temps passe sur nous et nous insufle ses apprentissages douloureux et salvateurs. On s'endurcit et on s'assouplit, drôle de mélange, drôle d'alchimie que l'expérimentation de la vie. Continuer de faire des projets et constuire des châteaux en Espagne même si les uns et les autres on n'est plus depuis peu des Don Quichotte en feu. Avant-hier soir j'ai effleuré le tapis rouge de Cannes sous la pluie et puis j'ai fini la soirée dans un petit bistrot dans la vieille ville plein de charme et d'accents chantants. Les discussions autour du pastaga ont la même nature qu'autour d'une bière, partout où que ce soit, l'individu se pose les mêmes questions et a les mêmes semblants de réponse, pourtant sous le soleil, c'est différent, la manière de dire a une autre couleur. "Tsé, Marcel, c'est qu'elle ne m'aime plus la Ginette, elle veut partir avec plus jeune, qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire peuchère pour la retenir, j'ai qu'elle!". L'amour, l'amour, le nerf de la guerre.

Je suis à Dijon, dans ma famille d'adoption, chez ma soeur de coeur, son mari, ses trois petits. Il fait grand soleil, on a gonflé la piscine pour que la jeune classe s'ébroue et lâche son énergie. Elle jardine, il fait le sieste, mon homme aussi. Je croyais avoir oublié comment pouvez être des enfants de 4, 8 et 10 ans. Les miens maintenant sont grands mais les gestes reviennent vite, comme le vélo, ça s'oublie pas. Je sais que c'est pas la peine de s"énerver, j'ai appris ça avec le temps. Vieillir, ça se fait sans qu'on s'en rende compte imperceptiblement. Je me sens bien. Pendant un moment l'esprit cherche à mettre de l'ordre, petit à petit les pièces du puzzle s'installent et puis un jour se produit le déclic, l'engrenage fonctionne, on est fin prêt pour l'étape d'après. Encore quelques heures de répit avant de retourner à ma vie active, au grand théâtre de ma vie. J'ai trop attendu pour prendre le large, prendre ce recul qui permet de retrouver sa quintessence, ce pourquoi on est fait. Faut se méfier du chant de sirènes, des chemins de traverse. En même temps faut bien se mouiller. J'ai pas de remords, j'ai quelques regrets  mais j'ai toujours en moi l'essentiel, ma botte secrète quoiqu'il puisse arriver, j'ai foi dans la vie et foi dans l'amitié et ça, je ne suis pas prête de l'abandonner.

Suis bien heureuse de vous retrouver...

 

 

Sur ma route

" On peut penser assez de mal d'un homme et être tout à fait de ses amis; car nous ne sommes pas si délicats que nous ne puissions aimer que la perfection, et il y a bien des vices qui nous plaisent même dans autrui."

- Vauvernargues -

 

 

19/05/2012

en partance pour de bon

 

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" Lire, c'est voyager; voyager, c'est lire."

- Victor Hugo -

 

18/05/2012

Je pars

Je pars, je pars, la terre peut bien s'arrêter de tourner et le vent de souffler, je pars. Je pars, j'ai besoin de changer d'air, besoin de voir de la lumière, du soleil, des paysages, de la verdure, la mer. Je pars. Je traverse la France de bout en bout, mille kilomètres pour être ailleurs, pour être autrement, pour prendre du recul, pour goûter pleinement au printemps, pour ne rien faire que rêver et lire, réfléchir et oisiveter. Je pars. My god! C'est vrai, je pars? Vraiment c'est vrai de vrai? Faut croire. Tout semble se mettre en place pour ce départ. Je pars. Je pars. Je pars en chair et en os et non plus seulement avec ce pouvoir que j'ai de partir tout en restant là, cette capacité de voir la grande bleue de mon bureau et l'immensité, de ma chambre. Je pars. Vais faire un saut de quelques jours dans le Sud de la France, vais voir mes amis en route, au Baux à l'aller, à Nice et Cannes peut-être, à Dijon au retour. Je pars avec ma pile de livres, un maillot des fois que, mon téléphone portable, responsabilités obligent et mon besoin de décrocher et de retrouver mon allant coutumier. Je sentais depuis quelques jours la pente descendante s'ouvrir sous mes pieds, j'avais plus le tonus, plus l'envie, plus le goût de jouer, plus l'appétit d'aimer autant que de coutume, je me sentais me dessécher. Je pars. J'ai pas chômé ces temps derniers. J'ai même pas à me justifier. Je pars accompagnée. Je pars déshydratée. Je pars m'épivarder. Yeah! Je pars, je pars, je pars sans me retourner avec mon bagage secret, mes affects, mes délires, mes velléités, mes tensions, mes doutes, mes délices, mes regrets. Je pars pour mieux revenir, pour recharger la bête, pour respirer, ouvrir mes chakras, restaurer ma psyché malmenée, écorchée, en mal d'être. Je pars pour continuer, pour avancer, pour restaurer et apprendre encore et encore à vivre le plus possible le moment présent. Je pars pour mieux me retrouver et vous dans la foulée. Soyez sages, soyez fous, créatifs et puissants en mon absence, on fêtera au mieux le retour de Blue. Je pars mais je reviens, I promise.

 

11/05/2012

pour Angelica, la délicate, la fougueuse, la passionnée

Au nom de cette intense amitié qui se crée entre nous.

Pour vous, pour nous tous, une andante  lumineuse que je viens d'entendre chez elle autour d'un thé vert qu'elle m'a servi dans un magnifique bol en raku démesuré après un délicieux repas japonais fait de ses mains de peintre inspiré.

 

 

01/05/2012

1er Mai

Mon père pensait que le bonheur n'était pas de l'ordre du possible sur cette terre, qu'on était tous là pour en baver, pour expier, pour se racheter de je ne sais quelle erreur, celle d'être né peut-être... Il n'aimait pas cette tradition d'offrir des clochettes parfumées pour le premier mai, il n'aimait pas les fleurs en général sauf les roses rouges qu'il offrait à sa femme à chaque anniversaire de mariage, une rose par année, ils va bientôt pouvoir lui en amener une belle brassée. Il n'était pas apte au bonheur, je ne l'ai jamais vu profiter de la vie, je ne l'ai jamais vu rester à rien faire à réfléchir ou à rêver, c'était inutile d'aprés lui, il ne pensait qu'à travailler, seul ça, lui importait, travailler et se battre. Avec son sempiternel: " l'avenir appartient au gens qui se lévent tôt " et son quotidien " il n'y a pas d'avance ", les marches militaires misent à fond de caisse le Dimanche dans toute la maisonnée pour nous faire décaniller du lit dès l'aube, il a tenté toute ma jeunesse de m'inculquer ses valeurs et ses vues de l'esprit. J'en ai gardé quelques unes comme: on a rien sans rien mais j'ai vite fait en sorte d'en oublier beaucoup d'autres; l'idée d'être coupable pourtant est celle dont j'ai le plus de mal à me défaire, et me permettre d'être heureuse me donne encore des vertiges, forcément je désobéis, et c'est pas bien! 

Mon père pensait que le bonheur n'était pas à atteindre ou à vivre présentement, qu'au contraire il fallait bien souffrir dans sa vie terrestre pour mériter le bonheur dans l'au-delà. Il fallait endurer, il fallait courber l'échine, mordre la poussière. Je n'étais pas d'accord en mon for intèrieur mais je pliais aux diktats paternels, en apparence, parce que dès qu'il avait le dos tourné je m'enfonçais dans la rêverie et comble de la perte de temps pour lui je lisais des livres, en cachette, sous mon lit. J'en souris, je me vois encore avec ma lampe de poche, malingre en chemise de nuit, avaler des milliers de pages, assoifée que j'étais de voyage et d'audace et d'autres possibles. J'ai pleuré et j'ai ri et je me suis enflammée pendant des heures à en oublier ma prison dorée. Il m'a fallu attendre dix-huit années pour qu'on m'offre un brin de muguet. A mon tour d'en distribuer.

Belle journée à vous, bon premier Mai. C'est si bon d'aimer.

 

22/04/2012

la marche à l'amour

 

21/04/2012

pensée du jour

 Lue chez Lyse.

 

" Ce n'est pas ce que tu réussis qui importe, mais la qualité de ce que tu tentes."

- Karen BLixen -

 

 

12/04/2012

On se découvre face à l'adversité.

Son premier mail m'a déroutée. Faut bien dire que je n'ai  pas particulièrement de relation avec Jean si ce n'est au travers de Christian et que c'est la première fois que je reçois un mail directement de lui. Pourtant, j'en garde un souvenir diffus quand je l'ai eu au téléphone parce qu'inquiète d'être sans nouvelles de Christian qui ne me donnait plus signe de vie d'un coup d'un seul presque au milieu d'une phrase et que ça ne lui ressemblait guère. A cette époque lointaine, je n'avais pas les moyens de joindre Christian directement, et, sachant que Jean Barbe était son ami, je me suis tournée vers lui, seul à être dans l'annuaire international. Une brève rencontre ponctuée de pleurs d'enfants, il a été chaleureux et disponible, me rassurant d'un "Je vais aux nouvelles, je vous reviens!".

C'était un autre temps. Celui où l'un comptait sur l'autre et savait possible et incontournable la disponibilité de l'un à l'autre comme dans toute amitié qui se respecte. Du moins dans l'idée que je me fais de toute amitié qui se respecte.
 
Aujourd'hui, c'est la guerre! Une guerre de tranchée, injustifiée.
C'est difficile d'entendre un ami qui ne pense pas comme toi et qui t'alerte sur le chemin que tu prends de son point de vue. Un guerrier qui n'aime pas un opportuniste, ça tombe sous le sens, c'est même une chance d'avoir en face de soi quelqu'un qui met son exigence à ton service.
Faut être bien démuni ou trop rageux pour m'écrire et me demander implicitement de rendre la raison à Mistral! Faut être ignorant des choses de la vie ou feindre de les ignorer pour autrui, faut pas penser qu'une amitié existe, qu'elle compte, qu'elle a pour ses protagonistes une valeur sacrée, faut être dans une autre réalité. Le premier message de Jean m'a remuée:
 
Il et devenu fou. Il me menace. La fille dont il parle est mon amoureuse.Elle va publier dans une autre maison que celle où je travaille. 
Il est tellement coké, il me fait des menaces.

Ah! Mais de qui il parle là! Spontanément, j'ai répondu à ce message de cette manière chez Christian, et, encore, par chance, Christian avait devancé Jean qui l'avait menacé de m'écrire, faut dire, on est en plein délire!
Christian est mon ami, il est plus qu'un ami pour moi. Ce qui nous unit ne regarde que nous mais je crois pouvoir dire qu'il ferait pour moi ce que je fais pour lui, que nous comptons l'un sur l'autre, que nous nous épaulons, que nous nous inspirons, que nous nous motivons, que nous nous épanouissons. Il faut du temps pour qu'une telle relation s'installe, faut apprendre à se connaître, nous ne sommes parfaits ni l'un ni l'autre mais nous tendons à devenir meilleurs en nous ouvrant l'un à l'autre, n'est-ce -pas là la signification même de l'amitié?
Jean et Christian sont amis, de longue date. Ils ont du en voir et en endurer ensemble, ils ont du certainement s'épauler, se détester, se revenir. Alors pourquoi faut-il que d'un seul coup l'un se présente en victime et pointe d'un doigt accusateur l'autre en disant qu'il devient fou? "Quand tu veux tuer ton chien, tu dis qu'il a la rage." Quel est donc le dessein de Jean Barbe?
Après m'être exprimée sur le Vacuum en réponse à ce mail, j'ai cru m'être fait comprendre, n'avais-je pas été claire? Non, ça n'a pas suffit, j'ai reçu un deuxième message, différent, plus agressif me concernant:
 
Bravo, vous êtes bien manipulée.
Et totalement à côté de vos pompes.
Traîner une femme dans la boue, c'est votre idée de la littérature?
Adieu Madame.

Ouch, et vas-y que je t'envoie mon skud. J'ai demandé ce qu'il tentait de me dire, moi traîner une femme dans la boue! Et puis j'ai réfléchi, j'ai dormi dessus comme on dit chez nous, je n'ai pas apprécié ce jugement à l'emporte pièce, même quelqu'un qui n'a pas un ego démesuré en a un, et pourquoi allais-je le laisser ainsi penser que j'étais manipulée comme si Mistral était un gourou, que j'en avais peur ou que sais-je, comme si Mistral était intouchable et que j'étais une sorte de beni-oui-oui, comme si la relation entre Christian et moi n'avait aucune valeur, presque à deux doigts de me dire que j'étais cinglée et que je n'ai pas toute ma raison, mon père me l'a dit, ma mère aussi et maintenant ce Monsieur que je ne connais pas et pour qui je n'avais jusqu'ici que de l'estime, les amis de mes amis étant mes amis! Fichtre! 
 
Jean,
Vous ne me comprenez pas, vous ne me connaissez pas à vous lire. A quoi tentez-vous d'aboutir? Pourquoi cette diabolisation? Pourquoi cette tentative d'humiliation à mon égard? Pourquoi vous en prendre ainsi à moi parce que j'aime Christian? Pourquoi l'amour que je lui porte vous pousse à croire que je suis stupide? Ignorez-vous à ce point quel homme généreux il est, vous, son vieil ami? Ignorez-vous à quel point sa lucidité fait mouche et que c'est sans doute ça qui vous touche? Que craignez-vous pour que votre peur vous aveugle à ce point?
Je l'ignore, mais je vous plains.
Vous savez tout comme moi que toute communication est manipulation et c'est le coeur du différend qui vous séparent, vous savez tout comme moi que je suis loin d'avoir les pieds en dehors des sabots, que je suis une femme posée, lucide, entière, consciente, que je n'agis que rarement sous la colère, et vous devriez savoir que j'ai une haute idée de la littérature et de la valeur des mots et que je mesure les miens en vous écrivant, et qu'enfin je n'ai jamais traîné de femme dans la boue et que je serais la première à sortir les griffes si cela devait se produire. Il y a pour moi une différence notable entre se défendre et agresser. On ne s'adresse pas à un fauve comme à un mouton, on ne peut attendre d'un loup d'être un chihuahua ni d'un serpent d'être une limace. Question de caractère, question de relation, question d'idée qu'on se fait des uns des autres. Si on veut vivre paisible dans sa petite vie tranquille avec ses petits travers à pouvoir agir en toute impunité comme bon nous semble alors on n'a pas dans son carnet d'adresse en pole position Christian Mistral en ami et en agitateur de conscience. J'ai la mienne, elle me sied, parfois elle me fait souffrir aussi. Au fond je devrais vous dire merci, quel meilleur moment pour revendiquer mon amitié sans faille pour Christian?
A vous lire, Monsieur.

Tout ceci pourrait paraître ridicule et puéril mais ne l'est point. Il est question de la dignité d'un homme, de son intégrité, de sa valeur.
La demoiselle chère au coeur de Barbe a bien cherché la bête en insultant le travail de Christian, en discréditant son oeuvre, son écriture le disant has-been et au bout de son art! Encore une affirmation non fondée, a-t-elle au moins lu toute l'oeuvre de Mistral qui emmène à bout de souffle, ciselée, précise et percutante? A-t-elle la moindre idée de ce qui anime cet homme, de sa capacité réflexive, de son implication dans la création littéraire, de sa force  et de sa générosité? Qu'attend donc de moi, my god, un Jean Barbe, droit dans ses bottes, s'attribuant avec panache un combat qui n'est pas le sien pour plaire à sa belle plutôt que de donner une tribune à tous ces jeunes qui auraient tant à dire et qu'on aimerait entendre davantage? Sigh. Pour ma part, il peut bien faire ce qu'il veut de sa vie, il peut bien défendre les valeurs qu'il souhaite tant qu'elles ne viennent pas empiéter sur les miennes. 
Comment peut-on prétendre défendre plus de justice, plus d'éducation et plus d'avenir en employant des méthodes humiliantes et en agitant les vieux démons et les vieilles histoires comme ceux qui tirent sur les ambulances? Québécoise de coeur, je défends comme je peux une valeur qui m'est chère et qui fait partie de celle que je transmets chaque jour à mes enfants: la fidélité. La fidélité à celle ou à celui qu'on est, la fidélité à l'intégrité, à ce pourquoi on se bat et la fidélité à ceux qu'on aime, à l'amitié, à la fraternité et à la liberté, à laquelle on aspire, tous, autant que nous sommes.
 
LB
 

10/04/2012

On ne badine pas avec l'amour.

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"Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière ; et on se dit : “ J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui."

- Alfred de Musset -

 

09/04/2012

De mon fils à Black Angel et Sandy, d'eux deux à moi.

 

De mon fils (bon anniversaire mon grand) à Black Angel et Sandy, d'eux deux à moi et de nous tous à vous... Il n'y a pas d'heures pour les braves!

Je vous aime.

 

24/03/2012

complicité, confiance, compréhension

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- Photo Laurence Guez -

 

 

"La grande différence entre l'amour et l'amitié, c'est qu'il ne peut y avoir d'amitié sans réciprocité."

- Michel Tournier -

 

 

21/03/2012

Arrêt sur image

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- Photo Laurence Guez -

 

Il y a toujours de la magie dans les photos de mon amie Laurence, elle arrive toujours à voir et à capter les instants d'une vie ou d'une soirée avec une grâce et une personnalité qui lui sont propres. Une fois de plus elle m'a troublée. En voyant cette photo ce matin sur son blog, j'ai été touchée par la beauté de l'image que j'ai d'abord prise pour un montage, car en fait après en avoir parlé avec elle j'ai compris qu'il s'agissait surtout d'un effet de miroir, faut quand même avoir l'oeil! mais surtout, j'ai pu revivre ce moment tout simple et si émouvant du milieu de cette soirée familiale, amicale et bon enfant. J'étais en pleine discussion avec un monsieur charmant que je ne connaissais que depuis quelques heures, sa femme est une bonne cliente, nous étions tous les deux plongés dans le livre de pensées africaines qui distille chaque jour sur le comptoir une nouvelle phrase souvent tellement pleine de bon sens. Je lui parlais de celle que je préfère: "On entend l'arbre qui tombe pas la forêt qui pousse" et lui me racontait en retour son amour pour ce continent. Chouette et délicieux souvenir, merci à elle de me l'avoir ainsi immortalisé.

 

19/03/2012

Geneviève

Je n’avais pas vu Geneviève depuis quatre ans. Avant cette date dingue où tout mon monde s’est écroulé je lui étais fidèle. Je passais souvent la voir dans sa petite échoppe. Un vrai capharnaüm que son petit espace ouvert aux vêtements pour femme de deuxième main, un dépôt-vente où par un insondable mystère se retrouvaient beaucoup de pièces venant de chez moi, à croire que je ne faisais pas bien mon travail pour que la vie d’un habit soit aussi éphémère. Bon, faut bien dire qu’après une enquête assidue de ma part, j’avais compris que c’étaient toujours les mêmes femmes qui se dépossédaient très vite de leurs fringues, pour certaines ça n’est qu’un consommable, une manière aussi de juguler leurs angoisses existentielles, d’emplir leur temps et leur agenda troué par une solitude sociale qui dépasse l’entendement. Acheter des vêtements ça peut être emplir un vide et se donner l’illusion l’espace d’un instant d’être là, d’habiter son corps, de s’occuper de soi, d’agir, d’exister.
 
Geneviève m’a toujours fascinée, une gouaille à la Juliette Gréco, un look seventies, ardente féministe, lumineuse anarchiste, elle était toujours la première à dégainer. Toujours la clope au bec,  toujours les yeux derrière une frange brune épaisse, toujours en jean, toujours coquette les ongles vernis et l’épilation parfaite, elle m’inspirait. Nous discutions longuement de choses et d’autres, d’une telle, d’une autre telle, elle était la reine des commérages sympas, elles connaissaient toutes ces dames depuis bien plus longtemps que moi, à quelques années près elle à l’âge de ma mère ! Elle me parlait très souvent de Marcel, son mari, un phénomène lui aussi. Alcoolique débonnaire, il était capable de piquer des colères monstrueuses sans qu’il soit possible de les voir venir. Je me souviens d’un dîner à la maison avec eux deux et un autre couple d’amis, épique! Je ne sais plus sur quoi la conversation a dévié mais manifestement elle ne faisait pas la joie de Marcel, il était entré dans une tirade acide fusillant du regard tous ceux qui l’entourait, il avait eu des mots  tranchants, incisifs, meurtriers à l’égard de sa femme et de toutes les femmes, il avait sorti l'artillerie lourde  et fichu en l’air la soirée d’un geste malheureux faisant valser toute la table de la salle à manger. Elle en était restée très meurtrie, elle avait eu honte, elle n'avait pas su comment restaurer l'image de celui qui partageait toute sa vie, elle lui en a voulu longtemps de ne pas avoir su se tenir ce soir là, d’autant que c’était la première et unique fois qu’ils venaient partager notre repas. Elle a toujours gardé une espèce de rancœur envers lui à cause de ce soir là et puis sans doute plus encore par la malheureuse répétition de ces débordements, elle m’en parlait souvent. Mais elle l’aimait, elle l’avait toujours aimé éperdument et puis c’était le père de ses deux enfants: Antoine et Louise.
 
C’est avec Louise d’ailleurs qu’elle est venue à l’inauguration de mon nouveau concept. Je l’ai trouvé changée, elle avait maigrie mais surtout elle avait souffert plus que de raison, c’était écrit sur son visage. Je l’ai quand même accueillie avec un « ça va ? » d’usage, elle m’a répondu par un cinglant « non ». 
 
- Tu ne sais pas que Marcel est mort ?
- Non, je l’ignorais, lui répondis-je confuse.
- Il y a deux ans, maintenant… Il avait guéri de son cancer de la gorge, tu te souviens ?
- Oui.
- Il a eu une rechute. Dans un endroit inopérable. Tu sais il passait des heures devant la télé, il a toujours été dépressif, tu te souviens de ça aussi ?
- Oui, oh que oui !
- Il ne mangeait plus depuis des mois, je lui apportais son plateau repas devant l’écran, il maigrissait, le chien lui grossissait… IL tentait déjà d’en finir. Il ne supportait pas l’idée de devoir repasser par là où il était passé, chimio, rayon, et puis perte du goût, de la voix, de tout… C’était l’anniversaire de Louise ce jour là, il paraissait jovial et, tu sais comme il pouvait être dans ses bons jours : drôle, convivial, altruiste, brillant. Il m’a dit de ne pas me laisser abattre, qu’on allait en venir à bout de toute cette merde, que notre fille était superbe qu’il fallait ne voir que le verre à moitié plein, qu’Antoine était maintenant reconnu pour son art, que ses toiles étaient si magiques, que j’étais la meilleure chose qui lui soit arrivée dans sa vie… Théâtral, sympathique, généreux, sensible, prévenant… Le soir je l’ai retrouvé dans la salle de bains, le visage en sang, il s’était tiré une balle dans la tête.
- Merde ! Quel courage !
- Oui, il se savait fini, il voulait pas que ça dure, il voulait pas qu’on le voit souffrir, il voulait pas nous imposer sa misère… Hein Louise ! Quand même ton père ?
- Un grand monsieur ! dit-elle du bout des lèvres.
- Tu t’imagines, le vide, Blue, tu connaissais l’énergumène, je me sens dépossédée de moi-même.
- T’as bien fait de venir, tiens, on va boire un coup à sa santé, à ses coups de gueule, à ses élans d’humanité, ok ?
- Ok !
 
Avec Geneviève et Louise, on s’est envoyé deux Caipirinhas coup sur coup. On avait toutes les trois les joues rouges et le regard brillant et puis on a parlé de l’avenir devant, du possible, de projets, du "je fais" plutôt que du "je verrais bien", de l’espoir et des leçons qu’on tire de ce que l’on doit vivre, de ce qu’on peut faire de sa vie, de tout ce qu’il reste encore à découvrir, d’avancer, d’enrichir et de donner, de donner beaucoup à ceux qu’on aime de leur vivant ainsi que de recevoir d’eux, d’être attentives, d’être présentes, d’être le plus possible vivantes ! Cheers, la Vie !
 
 

Jeanne

Elle a un peu plus que mon âge, cinq années de plus pour être tout à fait exacte. Je l'ai rencontrée, ici, à la boutique un soir d'été. Une de ces fins de journée étouffante en plein mois de Juillet. J'allais fermer ma grille quand elle a déboulée en sueur et en larmes. Je ne la connaissais ni d'Eve, ni d'Adam mais j'ai compris au premier regard que cette rencontre n'était pas fourtuite. Je suis allée lui chercher un cognac au bar juste en face, elle l'a bu d'un trait, s'est posée et a commencé à me raconter par bribes sa vie. Abandonnée au bord d'une route à l'âge de trois ans par sa mère, elle n'avait jamais connu son père. Jamais elle n'a réussi à savoir qui il était, jamais elle n'a revu sa mère depuis. Adoptée par un couple de notables argentés et charmants elle a eu une enfance dorée pleine de voyages, de divertissements, de culture et d'affection sincère et profonde. Ses parents adoptifs venaient de mourir l'un après l'autre à trois mois d'écart, elle se retrouvait vraiment orpheline pour le coup et avait du mal à encaisser la chose malgré un héritage confortable pouvant lui permettre de voir venir la vie jusqu'à la fin de ses jours sans se soucier du lendemain. Mariée cinq fois, elle eût une fille avec chacun de ses maris, elle s'apprêtait à quitter le cinquième pour retenter l'aventure avec un homme austère, érudit et terriblement amoureux d'elle. Faut dire que c'était une force de la nature cette fille-là, elle ne manquait pas d'attraits! Bavarde, enjouée, gourmande, drôle, brillante, elle avait repris à quarante ans des études de droit pour devenir avocate, ce qu'elle devînt. Dès lors elle prit la défense des enfants victimisés, notamment les cas d'inceste. Elle en ignorait la raison mais c'étaient les seuls cas pour lesquels elle avait du coeur à l'ouvrage. Elle excellait à défendre ses petites victimes.

- Je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout ça à vous, ma vie, mes erreurs, mes détresses, mes aspirations. Je ne sais pas pourquoi je suis entrée dans votre boutique ni pourquoi c'est dans vos bras que je pleure. Mais ce que je sais, c'est que ça me fait drôlement du bien!

- Parfois la vie met sur notre chemin des solutions incroyables. Cette rencontre en est l'illustration!

- Je m'appelle Jeanne, je ne crois pas vous l'avoir dit, c'est bête, c'est ce par quoi j'aurais dû commencer, non?

- Moi, c'est Blue.

- Blue! C'est joli, c'est votre vrai nom?

- Non, j'ai été rebaptisée ainsi par un très bon ami, depuis j'ai adopté ce nom inspirant et coloré, je l'aime.

Nous avions bavardé au moins deux bonnes heures, peut-être davantage, sans voir le temps passer. Nous avions l'impression l'une comme l'autre de nous connaître depuis la nuit des temps, depuis toujours, depuis avant d'être nées, c'est étonnant comme il est des gens avec qui le courant passe tout de suite, avec qui l'intimité s'installe au premier regard et la confiance au premier mot. Nous nous sommes revues pas mal de fois les dix années qui ont suivies et puis depuis deux ans je n'avais plus de ses nouvelles sauf par une connaissance commune qui m'avait annoncé son cancer du pancréas. J'ai tenté vainement de la joindre, mais elle s'était isolée du monde pour mieux se battre, coriace. Une fois je l'ai croisée par hasard dans la rue, ombre d'elle-même, chauve, amaigrie, sans lueur au fond des yeux, et tendue par la douleur.

- Ah Blue! C'est difficile, c'est une souffrance de chaque instant, mais faut que je tienne, faut que je me batte, qui sinon va s'occuper de mes filles?

Je n'avais pas les mots, je l'ai juste prise dans mes bras, elle semblait si fragile. Que pouvais-je bien lui dire pour qu'elle garde la foi?

Jeudi soir, j'ai appris au cours de la soirée organisée à la boutique pour le lancement de Lilith qu'elle était aux soins palliatifs de l'hôpital depuis une semaine, qu'elle avait rendu les armes, qu'elle ne souffrait plus, qu'elle se préparait doucement à dire au revoir à tous les gens qu'elle avait aimés. J'ai appris que son dernier amant était lui aussi atteint d'un cancer des os et qu'il prenait le même chemin qu'elle. J'étais là assise sur les marches de mon escalier en fonte qui trône au centre du magasin, un escalier récupéré dans une ancienne brasserie par un cultivateur du coin et qui me l'avait offert, pourvu que j'en débarrase son champ, vingt cinq ans auparavant. J'étais là assise sur les mêmes marches au même endroit que la première fois où je l'avais vue, j'entendais notre amie commune me raconter le calvaire de Jeanne ces derniers mois, sa force de caratère, son courage, sa lutte et en l'écoutant je la revoyais, elle, me parlant gesticulant de tous ses membres, tantôt me chuchotant ses misères, tantôt me les fracassant dans des éclats de rires nerveux. Je la revoyais dans sa robe écarlate, son cognac à la main, mordre la vie, la transpirer, l'accueillir de tout son corps de femme et maintenant j'avais au fond de la poitrine un noeud si gros à la penser mourante, décharnée, immobile avec à peine la force de s'exprimer.

J'y suis allée.

- Ah Blue, c'est toi?

- Oui, Jeanne, ça fait un bail n'est-ce-pas?

- Tu te souviens la première fois qu'on s'est vu? Un truc de dingue, hein? 

- Un truc de dingue, en effet!

- T'avais pas pu en placer une, je parlais, je parlais, je parlais, j'arrivais pas à m'arrêter de parler, et toi, assise sur ton escalier, tu m'écoutais, tu m'entendais, tu me soutenais du regard, tout ça sans même savoir qui j'étais! Un cognac! j'avais encore jamais bu de ce breuvage! Pourquoi est-ce que tu es allée me chercher un cognac?

- Je ne sais pas, c'est la première idée qui m'avait traversé l'esprit, tu semblais tellement chamboulée!

- Je suis passée à la morphine maintenant, il n'y a que ça qui me calme. Je vais mourir, Blue, je n'en ai plus pour très longtemps. J'ai dit au revoir à mes enfants, elles sont grandes tu sais maintenant, c'est presque des femmes! Elles ressemblent tellement chacune à leurs pères, c'est fou! De moi elles ont pris la gnaque et le verbe, elles sont toutes si bavardes, tu les verrais!

- C'est vrai, t'as toujours eu un sacré débit! C'est sans doute pour ça que tu gagnais presque tous tes procés!

- J'ai bien oeuvré, j'ai voulu rendre ce qui m'avait été donné, j'ai eu beaucoup de chance dans ma vie, j'ai été vraiment aimée et j'ai aimé beaucoup et j'aime tant encore. Je peux partir sereine. Une vie courte mais une vie pleine!

 

Je suis sortie abasourdie. Et j'ai pensé, pas de temps à perdre, j'ai encore tant à faire avant de passer de l'autre côté. Vivre le moment présent à fond, intensément et goûter à la chance de pouvoir être en vie totalement. Même si je la sais inexorable, je ne suis pas pressée de rencontrer la grande faucheuse. Au boulot!

 

 

 

18/03/2012

Raconte-moi...

 

tu verras

Merci MmwH!, vieux corsaire indomptable...