22/01/2013
Try to be alive
19:38 Publié dans art de vivre, écriture | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : écriture, hemingway, pensée du moment, art de vivre, partage, humain
Crime et châtiment
Il avait pris l'habitude de ne plus répondre
Et quand on l'interrogeait, il se donnait simplement l'air
d'une poule qui va pondre.
Il avait pris l'habitude de ne plus se défendre
Et quand on l'accusait, il se donnait simplement l'air de
de quelqu'un sous qui la terre va se fendre.
Les choses les plus sérieuses, il semblait vraiment s'en
amuser.
Et allait jusqu'à sourire devant les guichets et dans les
musées.
Évidemment, cette façon de faire devait lui attirer des ennuis,
Rien n'est insupportable comme quelqu'un qui sourit jour et
nuit.
Évidemment, ce qui devait arriver est arrivé
Et un jour, il s'est réveillé en prison avec les deux pieds rivés.
Évidemment, il n'y avait pas de raison de l'en faire sortir
Puisqu'il n'y avait pas eu de raison de l'y faire entrer.
Voilà ce que c'est, Messieurs-dames, de sourire
Quand les autres ne savent pas pourquoi vous souriez.
- Géo Norge -
15:44 Publié dans art, poésie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : poésie, intolérance, norge, pensée du moment, partage, humain
20/01/2013
All we need
09:38 Publié dans art de vivre, pensée du moment, photographie | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : amour, besoin, humain, photographie, pensée du moment, partage
19/01/2013
chaos
Aristote a dit:"la musique adoucit les moeurs". Elle apporte, c'est vérifié, réconfort et sentiment de sécurité à bon nombre de personne atteintes de la maladie d'Alzheimer. Je n'ai pas encore cette maladie, mais d'après une très ancienne ex petite amie de Pat, c'est ainsi que je devrais finir, elle lit dans les astres et m'a décrit dans le moindre détail ma fin funeste. Autant dire que je ne suis pas pressée! La musique adoucit les moeurs et en l'occurence, cette soirée d'hier en présence de Manu Katche et surtout de Nils Peter Molvaer m'a permis d'oublier pour un temps le fracas de mon coeur.
Avant-hier, en route pour la capitale, c'est pour moi la saison des achats, un hiver en cache un autre, la neige vient de tomber, en boutique je reçois l'été et je m'en vais décider de ce que sera fait l'hiver prochain. Je vis dans une sorte d'absurdité mais c'est la loi du genre, assise chaudement dans la voiture, me faisant délicieusement conduire, rêvassant au dernier passage que je venais de lire de Simone de Beauvoir dans ses lettres à Nelson Algren, je reçois un coup de fil sur mon portable. Alertée vu l'heure tardive, je décroche et j'entends une vois familière, celle de mon fils, haletante et en souffrance: " S'il te plaît, décroche, s'il te plait décroche, maman, mon dieu, faîtes qu'elle décroche...". Choquée, pensant au pire, je lui dit le plus calmement possible: " Je suis là, mon chéri, je suis là, qu'est-ce qu'il t'arrive?". J'avais déjà à ce moment précis l'estomac noué et les palpitaions d'usage d'une mère inquiète.
- Ils sont rentrés dans la maison, ils étaient trois, je n'ai rien pu faire, ils ont cassés la fenêtre du salon, ils ont dévastés la maison, ils m'ont menacés, je...
- Calme-toi mon coeur, calme toi, je suis là, ils sont partis maintenant. Es-tu blessé?
- Non, je n'ai rien, je suis chamboulé, secoué, horrifié, j'ai peur, j'ai peur maman et puis j'ai rien pu faire...
- Raconte-moi , dis-moi doucement ce qui s'est passé. Mais avant ferme les volets, tu te sentiras plus en sécurité. Ils ne vont pas revenir ce soir...
Tout en fermant les volets, Peter me raconte ce qu'il vient de vivre. Le récit est entrecoupé de larmes, de frissons et d'élan de haine aussi. Il est très ému.
Tranquillement installé dans sa chambre au deuxième étage de notre maison située en plein coeur de la ville, il se faisait une joie de passer une soirée tout seul, peinard avec lui et lui-même. Nous étions en route pour Paris et son frère au cinéma avec sa douce amie. Il entend du bruit mais ne s'en inquiète pas outre mesure, il pense que les tourtereaux sont rentrés et font du rangement. Quand même au bout d'un moment, pour s'en assurer, il se met à sortir de sa chambre et tombe nez à nez avec deux gars basanés qu'il ne connaît ni d'Eve ni d'Adam. Là, c'est la panique des deux côtés. Les deux prennent leurs jambes à leur cou, dévalent en courant l'escalier et repartent pa la fenêtre brisée avec deux sacs enflés et le troisième sort de mon bureau, un chandelier à la main avec un " Bâtard, si tu bouges, je te fracasse!" qui cloue mon grand sur place et se sauve. Peter découvre alors les dégâts.
Mis à part la fenêtre du salon brisée, le rideau éventré et la barre à rideau descellée par la force du mouvement d'intrusion forcée, ils ont mangé des bananes dans la cuisine, sans doute pour prendre des forces, ont vidé par terre le contenu du placard sur le palier où je range mes fringues d'été, fouillé gentiment si je puis dire le bureau de mon homme et complètement mis à sac le mien. M'ont pris mon ordi portable, mon apprareil photo, toutes mes bagues qui étaient entreposées dans un pot en ébène africain à côté des mes livres de poésie dans l'étagère au dos de mon bureau. Ma bague de fiançaille, une petite aigue marine sur un jonc en or, la bague que ma belle-maman m'avait confiée qui lui venait de sa grande tante, ces bagues années trente après guerre or blanc platine et diamant, elle y tenait tant et puis d'autres bagues qui m'étaient chères plus par leurs histoires que par leur valeur en soi au marché noir. Quand Peter, après s'être remis de ses émotions deux verres de rhum à la rescousse, m'a envoyé les photos du chantier dans mon bureau, j'ai été prise d'un spasme lourd et profond et j'ai fondu en larmes. Un chaos. Pas d'autre mot. Jonchent sur le sol pêle-mêle tous mes papiers, mes vers, mes billets doux, toutes les petites attentions que je conserve minutieusement et que je relis et retrouve quand j'ai le coeur trop lourd. Tous mes tiroirs vidés, mes étagères retournées, ma vie piétinée.
- Tu appelles Police Secours, ok! Et tu me rappelles dans la foulée. On va continuer à se parler jusqu'au retour de ton frère. Encvoie-lui un texto, qu'il ne soit pas surpris par le chambardement en entrant et Trouve une solution pour calfeutrer la fenêtre, il fait un froid de canard ce soir.
- Ok, maman! Je n'ai rien pu faire , tu sais...
- Tu as fait beaucoup, mon grand. Va sovoir s'il n'y avait eu personne dans la maison ce qu'auraient été les dégâts. Tu peux être fier de toi, ça va ?
- Merci maman, ça va , ça va. J'appelle les flics et te rappelle.
Les "Police secours" ont été très sympa. Ils l'ont valorisé en insistant sur le fait qu'il avait mis en fuite les trois voleurs, qu'il avait bien réagi en restant courtois et puis ils sont passés à la maison le rassurer. Rien de tel que d'agir dans ces moments là. Son frère est rentré, ils ont fait une nuit blanche. C'est violent en crisse une telle expérience.
11:17 Publié dans art de vivre, écriture, fragments, histoires et faits divers | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : tranche de vie, expérience, violence, écriture, partage, humain
18/01/2013
Manu Katche
18:51 Publié dans art de vivre, Musique | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : art de vivre, jazz, musique, émotion, paris, partage, humain
17/01/2013
Anja Stiegler
17:03 Publié dans art, photographie, poésie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art, poésie, photographie, découverte, partage, humain
De la beauté
Hymne à la beauté
Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme,
Ô Beauté ! ton regard, infernal et divin,
Verse confusément le bienfait et le crime,
Et l'on peut pour cela te comparer au vin.
Tu contiens dans ton oeil le couchant et l'aurore ;
Tu répands des parfums comme un soir orageux ;
Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore
Qui font le héros lâche et l'enfant courageux.
Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres ?
Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien ;
Tu sèmes au hasard la joie et les désastres,
Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien.
Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques ;
De tes bijoux l'Horreur n'est pas le moins charmant,
Et le Meurtre, parmi tes plus chères breloques,
Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement.
L'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle,
Crépite, flambe et dit : Bénissons ce flambeau !
L'amoureux pantelant incliné sur sa belle
A l'air d'un moribond caressant son tombeau.
Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe,
Ô Beauté ! monstre énorme, effrayant, ingénu !
Si ton oeil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte
D'un Infini que j'aime et n'ai jamais connu ?
De Satan ou de Dieu, qu'importe ? Ange ou Sirène,
Qu'importe, si tu rends, - fée aux yeux de velours,
Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine ! -
L'univers moins hideux et les instants moins lourds ?
- Charles Baudelaire -
11:26 Publié dans art, art de vivre, écriture, Livre, poésie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : poésie, beauté, réflexion, livre, partage, humain
Wolfgang Haffner
09:37 Publié dans art, Musique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art, musique, émotion, jazz, wolfgang haffner, partage, humain
16/01/2013
Cut-Up
Bon, voilà le résultat. Je n'avais sous la main que le journal du textile, une sorte de journal pro rébarbatif qui n'a qu'économie, affaire et comment faire pour mieux faire à son actif. N'ayant personne de cinq à sept, j'ai coupé dedans et fait mon petit cut-up! A vous de jouer, maintenant!
"L'eldorado au sommet développe la femme, une fois n'est pas coutume. La vie ose vers le futur. La créativité réveille l'envie, regagne du terrain, au bout des doigts. L'homme se fait plus souple et plus léger, s'ouvre, se donne, a envie, n'a plus honte, voyage, confident. C'est beau. La résistance tourne. Les courbes en devenir jouent au plus fin. La recherche inspire. Le futur secret à emporter dans sa valise se préoccupe DEHA,"corps" en indien ancien. Le sort du style, seconde peau, la page belle en marche se mue coquine. Beaucoup de turbulences, la révolution ne se cache plus particulièrement orageuse. Naissance. L'esprit de retour souffle. L'invisible ose se montrer le jour dans le sillage. Une sortie du tunnel. Une silhouette futuriste se lance plus épurée. Attitude. Bien-être. Charme. la femme préfère pour se différencier revivre, virevolter, toucher, connaître, tirer son épingle du jeu. épure."
00:03 Publié dans Blog, écriture | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : blog, exercice de style, tag, jeu, écriture, partage, humain
15/01/2013
Blue Tag
Pour faire un poème dadaïste
Prenez des ciseaux.
Choisissez dans ce journal un article
ayant la longueur que vous comptez donner à votre poème.
Découpez l’article.
Découpez ensuite avec soin chacun des mots
qui forment cet article et mettez-les dans un sac.
Agitez doucement.
Sortez ensuite chaque coupure l’une après l’autre.
Copiez consciencieusement dans l’ordre où elles ont quitté le sac.
Le poème vous ressemblera.
Et vous voilà un écrivain infiniment original et d’une sensibilité charmante, encore qu’incomprise du vulgaire.
- Tristan Tzara, Sept Manifestes Dada -
Neige
La neige est tombée dru cette nuit et a recouvert de son manteau blanc ouaté tout le paysage. Plus un bruit, tout est feutré, filtré, absorbé. Je suis incapable d'en voir toute la beauté. J'ai le poignet qui hurle, qui se souvient et qui a peur d'à nouveau perdre la main. C'est si étrange la mémoire. On peut oublier pendant des jours et des nuits et puis d'un coup se rappeler nettement une chute, une déchirure, une souffrance aigue, une peur indicible. Le cerveau, cette masse de cicatrices, caverne d'ali-baba de tous nos sacrifices, antre peuplé de fantômes près à ressurgir en grimaçant titubant sous le poids des ans et en même temps délicieux havre d'ancres positives et de souvenirs fleuris d'éternels printemps...
11:32 Publié dans art de vivre, écriture, pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : écriture, pensée du moment, cerveau, sensation, partage, humain
Emel Mathlouthi
10:37 Publié dans Musique, poésie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : musique, poésie, découverte, tunisie, émotion, partage, humain
14/01/2013
Blog & Co (suite 2)
Toujours dans ma réflexion sur les blogs et grâce aux recherches de Christian dans sa mémoire vive, je vous encourage à aller lire tous les textes que la revue Zinc avait publiés sur le sujet en Automne 2007 dans son numéro spécial Blogue. Black Angel m'a fait remarquer à quel point l'article d'OldCola est celui qui rejoint le plus mes idées sur le blog: j'en profite pour le remercier, le colosse de Bordeaux, d'archiver sans relâche, car grâce à lui on peut y avoir accès, là.
13:10 Publié dans Blog, réflexion | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : blog, réflexion, zinc, oldcola, christian mistral, écriture, partage, humain
13/01/2013
La délicatesse
" La délicatesse des gestes révèle celle des sentiments."
- Proverbe africain -
19:40 Publié dans Film, pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : film, pensée du moment, émotion, écriture, partage, humain
Pola Kinski
- Photo de Pola Kinski -
C'est toujours difficile pour moi de lire des choses comme ça, d'autant que j'ai toujours trouvé Klaus Kisnki fou certes mais génial, stupéfiant, envoûtant et hors du commun. Jamais évidemment je n'aurais imaginé qu'il puisse avoir à ce point maltraité sa fille. C'est normal. Personne ne peut penser qu'un père ou qu'une mère puisse manquer de discernement, d'humanité, d'empathie. Je ne doute pas que son enfance à lui ait été misérable et torturante, incestueuse et destructrice mais ça me fait mal de voir qu'il n'a pu faire autrement que de reproduire. J'y pense souvent moi aussi, je pense souvent à tout ce qui aurait pu être évité si mon grand-père, ma mère et mon père, leurs parents, leurs grand-parents s'y étaient pris autrement. Et même si j'ai plus ou moins réussi à faire pousser un jardin de fleurs sur ce fumier familial, même si les souffrances que j'ai endurées pour en sortir sont maintenant derrière moi et ont fait de moi la femme que je suis, je ne peux m'empêcher d'avoir mal quand je croise un tel témoignage. Probablement qu'il y a quelques années encore, ça m'aurait mise dans une rage folle. Plus maintenant. Je suis profondément attristée et intimement convaincue que c'est bien que les choses soient dites un jour ou l'autre, pour elle, pour ses enfants et pour nous tous. C'est un sujet tellement difficile à aborder et comment faire autrement pour que ça s'arrête?
- Kindermund, parole d'enfant, de Pola Kinski -
11:31 Publié dans art de vivre, psychologie, réflexion | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : art de vivre, inceste, enfance, maltraitance, kinski, réflexion, partage, humain
Simone, mon deuxième prénom...
07:16 Publié dans art de vivre, écriture, pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : art de vivre, écriture, simone de beauvoir, réflexion, mode, boutique, partage, expérience, femme, humain
Eluard
06:38 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : paul eluard, poésie, amour, parcours, partage, humain
11/01/2013
Blog & Co (suite 1)
Suite à cet audit fort instructif et généreux, Mistral m'a envoyé un lien vers une série d'interviews qu'OldCola avait programmées il y a maintenant une dizaine d'années sur ce même sujet. Certains auteurs de ces réponses n'ont plus de blogs depuis longtemps d'autres ont changé d'adresse, néanmoins leurs expériences et ce qu'ils en disent sont riches d'enseignements.
Par exemple, comme me l'a judicieusement fait remarquer Christian, cette réflexion de Lady Guy:
La nature publique du blogue me fascine et j'aimerais en parler. Je fais très attention à ce que j'écris. Je me sens toujours plus à l'aise avec mes lecteurs « virtuels » qu'avec les lecteurs qui me connaissent dans la «vraie » vie. The Man écrit rarement des commentaires, car sinon, il aurait un ascendant sur moi et sur ceux qui participent à mon blogue, puisqu'il vit avec moi. D'ailleurs, je lui fais toujours lire les billets qui le concernent avant de les poster, pour ne pas que ses parents (qui me lisent) aillent s'imaginer que le je ridiculise dans son dos.
C'est toujours très étrange, quand je rencontre des amis qui lisent Le Journal de Lady Guy et qui me lancent : "Comme ça, Sissi a mangé votre capote ? The Man est athée ?". Les gens prennent très au sérieux ce qui est écrit, il ne leur vient pas à l'idée que je transforme la vérité par l'écriture ou que, parfois, au contraire, il y a plus de vérité dans mon blogue que ce que je leur dis en paroles. Enfin, ces petits détails me font réfléchir sur l'écriture en général. Je commence à comprendre, vaguement, ce que les écrivains qui font dans l'autofiction doivent supporter lorsqu'ils publient un roman, et que toute la parenté, les ex et les amis se manifestent pour protester contre certains faits. Ce doit être délicat, en effet!
J'ai en effet moi-même eu à pâtir de cette interactivité entre ce qu'on écrit, qu'on exprime, qu'on partage au travers de son blog et la "vraie" vie. A pâtir mais aussi à m'enrichir. Pas encore plus tard qu'hier un de mes clients qui me lit régulièrement, je viens de l'apprendre, a tenu à me dire à quel point ça lui faisait du bien... C'est tout l'art de l'écriture dans le cadre du blog. Il y a matière à réfléchir encore là-dessus et à s'aventurer...
09:13 Publié dans Blog, écriture | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : blog, écriture, christian mistral, oldcola, tribu, réflexion, partage, humain
Bleue
" Bleue est la couleur du regard, du dedans de l'âme et de la pensée, de l'attente, de la rêverie et du sommeil."
- Jean-Michel Maulpoix - Une histoire de bleu -
06:59 Publié dans art, Livre, photographie, poésie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : photographie, poésie, une histoire de bleu, livre, jean-michel maulpoix, partage, humain
09/01/2013
Blog & Co
C'est la question d'un vieil ami lecteur assidu de mon blog: "qu'est-ce que le blog change dans ta vie, qu'est-ce qu'il t'apporte?" et la naissance des blogs de Mokhtar, Lélius et Plumi qui m'ont engagée dans cette énième réflexion sur l'utilité et les conséquences que peuvent avoir la tenue d'un blog. Pendant que Christian Mistral, à qui j'ai évidemment posé la question en tout premier quand j'ai décidé de mettre à contribution certains blogueurs eux-mêmes assidus lecteurs d'Helenablue et fervents créateurs de leurs espaces, cherche à trouver une réponse en relisant tout du sien et du mien, commentaires compris, ainsi que deux ans de celui de Sandy depuis plusieurs jours et plusieurs nuits, d'autres m'ont fait part de leur ressenti, de leur impression et de leur vision par rapport à ce magnifique outil possible de communication. Je les en remercie.
Venise, qui comme chacun le sait ici, tient un blog spécialisé en littérature québécoise, "le Passe-mot" depuis plus de cinq ans a généreusement répondu à ma question. Je vous livre sa réflexion grisante, couleur de l'encre qu'elle utilise:
Merci, Blue, de ton invitation à participer, à la confection de ta note sur le blog !
D’entrée, Blue, je dirais que je t’ai connu toi ! Femme d’une extrême sensibilité et dont je dois le reconnaître, tu m’as apporté beaucoup par l’engouement et l'envie que tu instilles dans les échanges tellement riches sur tout ce qui concerne la vie et ses vicissitudes ainsi que ses bonheurs. Pour résumer, le blog m’apporté une autre façon de jouir du plaisir de la vie en société, sans qu’on soit présent physiquement ensemble mais c’est tout, comme ! En vérité l’impression ressentie, hormis la présence physique, tout le reste était présent : on rit, on discute (on écrit !), on se boude, on s’énerve, on se fâche, on se présente des amis(es), on reste longtemps sans se parler et on reprend …etc.
1) Le blog donc, est une société dans une société, c’est une cellule familiale où les échanges sont publics. On ne sort pas de chez soi et on se voit quand même ; il y’a en fait une présence permanente !
Je me rappelle mes débuts avec le blog, où quand je ne pouvais pas rendre publique mes sentiments sur un sujet, je m’épanchais en t’envoyant un émail où je m’ouvrais à toi sans jamais l’avoir fait dans le passé, du temps où le blog et internet n’existaient pas.
2) Le blog m’a permis de me rapprocher de beaucoup de gens quelques soient leurs opinions, leur positions politiques ou autres. Quand un sujet ne me plait pas, point d’explication à donner, il suffit de ne pas commenter (jamais on ne saura la raison, même si les temps d’arrêt parlent eux aussi…-Mokhtar n’aime pas les points de suspension-)
3) J’ai découvert des Gens charmants ! Je suis à peu près sûr que si un jour, je rencontre (physiquement parlant) un parmi vous, surtout de ceux ou celles avec qui j’ai un certain ressenti, amical bien sûr, (Il se pourrait qu’il y’ait aussi des surprises, bonnes ou mauvaises !), je me ferais un plaisir de les approcher un peu plus, si bien sûr les deux parties conviennent de cette possibilité.
4) J’ai remarqué aussi que des blogueurs pour une raison ou une autre, se chamaillent, se quittent en direct, s’insultent, ferment leur blog, en ouvrent un autre, etc.…C’est comme dans la vie en général avant l’existence du blog.
Conclusion : Quel étrange outil que le blog (cette toile d’araignée mondiale..) ! Comme tout outil, il y’a ses bons et ses mauvais côtés! Pour moi, s’il y’a du respect, de la convivialité, de l’amour, du partage, de la solidarité ! Le blog est un objet « non obscur »du désir, de l’amitié, des hommes et des femmes civilisés.
Voilà déjà matière à réfléchir et à penser. Le blog, un formidable outil pour s'exprimer, promouvoir, partager, se réaliser, rencontrer, créer du lien... Mais encore?
Claudio, qui réfléchit à ça depuis longtemps et que j'ai déjà sollicité pour entendre ce qu'il a à en dire, pensant se répéter m'a donné une réponse qui lui ressemble bien:
Blogueur depuis 6 ans avec des interruptions, j’en suis à mon troisième blog. A chaque fois que j’en fermais un je croyais que c’était définitif, puis, le virus me reprenait ; ça me manquait, tout simplement.
Cependant, il y a eu une évolution. Si au début, j’aimais échanger sur des sujets brûlants (actualité, politique…) et débattre, peu à peu c’est devenu un lieu où je dépose des choses, pour les partager bien sûr, mais sans besoin de retour comme c’était le cas auparavant.
Ce que globalement cela m’a apporté, c’est de rencontrer des gens, parfois « en vrai » et de me dire que ce sont des amis, plus vrais que d’autres d’ailleurs, puisque nos échanges virtuels se sont toujours faits, et c’est leur qualité première selon moi, sur l’essentiel, sur l’humain. La « vraie vie » (j’écris cela pour me faire comprendre car pour moi, les blogs c’est aussi la vraie vie) demande trop d’obligations sociales et conventionnelles, des entrées en matière, des politesses inutiles, des salamalecs, que les échanges bloguesques nous économisent.
Depuis le début de mon expérience, les réseaux sociaux ont rogné l’impact du blog et me servent pour des partages de liens ou des pensées furtives. Plutôt inadaptés à la réflexion de fond ou à la création, ils laissent aux blogs le soin de les accueillir en dessinant également une véritable identité de leurs auteurs. Aussi, cette expérience m’a permis de mieux me regarder de l’extérieur et de cerner l’image qu’on pouvait avoir de moi.
Cet outil ne change pas la vie, mais peut changer son rapport aux autres. Chacun portant sa croix, on se bagarre en permanence contre des choses. L’une de mes croix étant une timidité maladive, cette activité m’a fait progresser, même si je suis conscient de ne jamais guérir. Mais c’est déjà pas mal.
Je crois, en ce qui me concerne, qu’étant plus à l’aise avec l’écrit qu’avec le rapport direct, j’ai pu me familiariser assez rapidement avec ce moyen de communiquer et d’échanger.
Assez exigeant avec moi-même je m’oblige à un billet quotidien. Cela me permet de rester en éveil. Je ne saurai tenir un blog en dilettante. Et aussi de grouper, au même endroit, l’essentiel de mes réflexions.
En conclusion, les échanges, l’apprentissage, les amitiés, l’ouverture, l’éveil, la progression... que du bon. Car, contrairement à d’autres lieux sociaux, on peut s’abstenir, passer, rester, éviter… la liberté de chacun se trouve devant son clavier et les contraintes sociales n’existent quasiment pas.
J’ajoute que souvent vient l’angoisse de se répéter et de n’avoir plus rien à dire. On a beau changer d’angle, on sent bien qu’on radote. Combien de fois ai-je découvert, après-coup que j’avais déjà traité le sujet quelques années auparavant !? Tant pis. C’est que ce qui nous passionne et ce qui nous hante ne change pas tant que ça en réalité.
Changer son rapport aux autres, se dicipliner, partager. Pour ce qui est d'offrir, Lélius semble y être particulièrement sensible, dans sa réponse, en plus de découvrir qu'il pratique ses talents pour quelques rares depuis longtemps on ressent le plaisir qu'il trouve à donner et que ça ne soit pas trop compliqué à mettre en place. Le blog est un outil à la portée de tous, techniquement, j'entends. C'est plus le contenu et ce qu'on veut en faire qui demande une certaine exigence et une constance.
Pourquoi un blog? Parce que je continue par un moyen plus large, plus nouveau et pluridimensionnel à "passer" vers d'autres mes émotions culturelles et artistiques. Jusqu'à ce blog, et depuis de nombreuses années, je réalisais des enregistrements sonores (voix et musiques) de textes, à destination de mes amis, sous forme de CD.
Ici, je peux y ajouter l'image fixe ou animée, et surtout le talent des autres dans la forme qu'ils ou elles ont choisi.
La vraie question est : pourquoi la démarche, avant ou avec le blog? Je crois que c'est la même que celle qui pousse à l'écriture, sauf qu'ici les autres, connus ou anonymes, ont fait une grande partie du travail de création
Ce que cela change dans ma vie? Ce que cela m'apporte? Rien de plus que lorsque je préparais mes CD, le même plaisir, mais plus complet et plus fréquent.
Le blog me convient car, à la fois, il sert mon désir de donner, me laisse espérer, peut-être, une reconnaissance là où je n'avais pas coutume de la trouver jadis, tout en flattant la plus belle de mes rares qualités qui est aussi mon plus lourd défaut, ma paresse.
Laure, qui je l'espère va trouver essence pour nourrir son projet dans ce que chacun a à dire sur le sujet, m'a envoyé ce qui est sorti d'elle à minuit avant-hier faisant ainsi entorse à sa régulation intérieure:
Presque cinq ans à bloguer, ça fait 365 jours par an. Diantre !
Pourquoi voir le verre à moitié vide alors qu'il est plein et qu'il regorge d'abondantes idées ?
et bien parce qu'il faut maintenant sortir, inscrire, imprimer le réel, non plus en fantasmes et allégories, bien que jamais je ne
m'en lasserais.
Pourquoi bloguer ?
Pour rompre sa solitude souterraine d'une part, ensuite pour voyager, découvrir, s'ouvrir, appréhender l'autre et sa façon particulière
de communiquer. En prendre de la graine ou le réfuter, se frotter aux injonctions, aux autres sensations et apprendre à entendre.
Se laisser choir dans un fauteuil familier, s'entendre lire des mots amis, dans la solitude de mon cockpit amarré.
S'octroyer ce temps comme un espace d'échanges, ou besoin de s'épancher sans trop en dire, mais en laissant agir les mots.
Pourtant, la chronophagie de cette activité a pris le dessus sur mes considérations pratiques. Pour moi, la façon dont je l'ai
utilisé, ou usé, je ne sais, commence à devenir problématique dans l'usage de la vie. Celle du dehors. Pas celle du dedans.
Il faut un équilibre. Nourrir l'une sans appauvrir l'autre. Hors l'une pousse hors sol depuis trop longtemps. Je dois donc y faire pousser des branches
d'autant qu'elles se nourrissent du même terreau. Voilà, en somme, là où j'en suis dans ma blog attitude.
Trouver le bon équilibre, dans lequel il y a "libre". Je m'octroie donc un sevrage et une timing limité en ce début d'année.
Un truc suffisamment cadrant pour percer la toile et la transposer.
Mais le plaisir de vous lire tous, ici et là, est toujours aussi communicatif et passionnant et réchauffant.
Se confronter, s'ouvrir, se faire choyer, être entendu, écrire aussi bien entendu, dévoiler, découvrir, s'extraire, s'étonner. Le blog permet tout ça aussi. Il permet une vie dans la vie qui est la vie même. C'est un mode d'expression riche et étonnant de libertés. Inspirant. Laure me parle souvent de ce côté envahissant, du temps que ça prend... Sans doute est-ce parce qu'elle a encore un enfant en bas âge. Lorsqu'on a comme moi élevé trois petits gars, le temps et l'énergie que demande cet enfant là est moindre. Donner, construire, transmettre, entourer, créer, aimer, cuisiner, inspirer... Des gestes de père ou de mère. Des gestes d'êtres humains.
J'ai demandé à Plumitif aussi. Comme il est tout frais moulu dans cette grande famille, je voulais qu'il me dise ou redise ce qui l'avait motivé rejoindre cette communauté bloguesque. Voilà ce qu'il m'a répondu:
Pour ce qui est de ma première motivation, c’est vraiment ce que j’en ai dit sur mon blog : le souci de rendre la pareille, de ne pas rester là à juste profiter de la générosité des autres en simple observateur… Mais après il faut bien aussi trouver la matière à y transmettre, et donc la motivation à la produire, cette matière. Et là, c’est moins évident. Je n’en suis encore qu’au tout début, ça va sans doute se préciser peu à peu mais, en gros, il y a l’occasion de partager des créations qui, par leur nature, n’avaient pas encore trouvé un espace de diffusion approprié. En particulier, étant un créateur viscéralement multidisciplinaire (et pas du tout un « touche-à-tout » - ce sont des axes de création distincts aucunement interchangeables ou arbitraires qui correspondent à des dimensions intérieures forcément liées), il m’a semblé que le blog offrait un lieu potentiellement idéal pour explorer les liens entre ces axes et réfléchir, avec d’autres, sur la création elle-même. Et puis, plus simplement, c’est quand même beaucoup pour le plaisir d’échanger avec plein de gens passionnants disséminés un peu partout sur la planète qui me resteraient inaccessibles autrement!
La réponse d'Anne prouve qu'il peut aussi y avoir une dimension socialisante dans le fait d'avoir un blog.
Alors, blog.....ce qu'il a changé ? il m'a ré-inscrite dans le monde, il a rompu l'isolement ; en me permettant de rencontrer des gens, de confronter des points de vue, d'exprimer des choses et de ressentir des émotions, il m'a redonné sève, en quelque sorte ; je vivotais chez moi, heureuse d'y être seule, car je n'aime que les petits comités, mais je me sentais, d'une certaine façon, morte ; hors du monde ; vivre seule ( ou quasi...), c'est pas ça qui est le pire ! ça, ça me va tout à fait ! mais vivre isolée....n'avoir quasi personne avec qui échanger, avec qui partager des trucs, même banals et quotidiens (et notre quotidien est souvent l'aventure des autres), c'était sclérosant, stérilisant. Un blog permet des échanges comme je les aime : non étouffants, affables, bienveillants même lorsqu'ils sont critiques. Une vraie bouffée d'oxygène ! Il m'est difficile de côtoyer les gens au quotidien, à force ça me bouffe et je pars ; mais avec un blog, ils sont là sans être là, les autres, ils ne sont pas pesants ! j'ai trouvé chaussure à mon pied, de bons amis, et une forme de sociabilité qui convient à ma "sauvagerie". Que du bonheur !
C'est celle de Vieux-G, poétique à souhait, qui fera la conclusion de ce petit audit qui j'espère ouvrira d'autres pistes et permettra à ceux qui n'ont pas de blogs mais qui les visitent de donner leurs impressions et la nature du plaisir qu'ils ont à visiter telle ou telle maison et à tous ceux que je n'ai pas interrogé et qui ont eux aussi un blog d'entrer dans cette réflexion en partageant leurs expériences et élaborations sur ce sujet.
Le blogue me met en relation avec toute une nation de poètes, dont les sourires laissent tomber des coulisses de couleurs, le blogue, c'est une rêverie 2.0, c'est rêver collectivement. Bloguer, c'est encore découvrir des multitudes de trésors éternués par de beaux cerveaux. Ça me procure un engouement supplémentaire pour l'écriture. Avant, j'étais seul, l'écume d'un verbe refoulé autour des lèvres, éclairé par une sinistre lampe à l'huile, maintenant je m'exprime, primesautier, en sachant être entendu, sous l'astre de cette belle communauté.
Et comme me l'a mis la dame des Ocreries à la fin de son mail: Blog is beautiful! N'est-il pas?
12:50 Publié dans Blog, réflexion, rencontre | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : écriture, blog, réflexion, partage, humain