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18/05/2010

Écrire

Aprés avoir lu et refeuilleté très régulièrement Origines de Christian Mistral, aprés avoir découvert un peu mieux Louis Hamelin dans l'Humain Isolé, je me suis prise de passion pour cette collection Écrire des Éditions Trois Pistoles. J'aime l'idée et j'aime ce qu'elle engendre chez l'écrivain et en moi. L'intimité partagée sur l'acte d'écrire, la source la motivation l'essence l'inspiration de ces hommes et femmes de l'art m'enchantent et me donnent à penser, tout ce à quoi j'ai grand plaisir à m'abandonner. Alors quand ce matin mon facteur chéri m'a déposé, au milieu d'un recommandé peu recommandable de prospectus publicitaires tous plus laids les uns que les autres deux factures une carte postale du Brésil de mon amie Stella un curriculum vitae de demandeuse d'emploi et une lettre étrange, mon petit colis de chez Pantoute, ah! j'ai su que ma journée serait lumineuse... Toujours étonnament long ces colis direct du Québec ce qui en augmente intensément le plaisir à réception, j'ai ouvert gourmande et de manière sauvage chacun des trois livres* reçus toujours encélophanés avec le plus grand soin, deux autres Écrire, et Ô God! un livre de la plus pure poésie lue depuis longtemps. Je vous livre là quelques passages et suppose que mes amis outre-atlantiques n'auront aucune peine à découvrir de quels ouvrages il s'agit ni de quels auteurs, et je me prépare une fin de semaine festive comme je les adore le cerveau enfoui dans ces agencements de mots d'âme et le coeur prêt à battre la chamade, du délice en perspective...

 

 

* p.57  "J'ai écrit. je continue parce que je sais mon manque et ma perte surmontables. Écrire m'a permis de ne pas me dissoudre dans le manque. Ce manque est le principal probable de mon écriture, née de l'incertitude de mon être, de ma précarité identitaire. Je crois que j'ai commencé à écrire pour dominer le chaos intérieur dont je pressentais le poids réel sur mon existence. On comble souvent ses manques par des apports extérieurs. Par l'écriture j'ai voulu me les approprier. L'écriture parcourt l'étendue des manques; pour répondre au seul désir d'être soi-même entier, elle reconstitue l'origine perdue. Sinon, il y a des trous. Chaque jour me le confirme, il y a beaucoup d'identités là où j'écris. Par les mots, je trouve moi-même ce qu'aucune famille ne peut me donner: mon âme, c'est à dire mon essence humaine. Parce que, en bout de ligne, l'innomable, c'est l'âme!"

* p.169 "Inventées par l'homme parce que l'état de ses connaissances ne lui permettait pas d'appréhender l'Univers dans sa totalité, les religions ont fait des dogmes de la pauvreté, de l'ignorance et de l'exploitation. Elles se sont toujours opposé au progrés puisque celui-ci menace l'idée de superstition qui les a fondées, que ce soit l'existence de Dieu ou le paradis qui attend l'honnête homme après sa mort. Pour protéger l'un et l'autre, les religions se sont réfugiés dans le passé alors qu'elles auraient dû précéder l'homme dans sa quête de connaissance. Si quelques hommes libres ne s'étaient pas élevé contre l'Église catholique, on croirait sans doute encore que la Terre est plate et que c'est le soleil qui tourne autour d'elle. La théorie de la relativité, la mécanique quantique et l'exploration du Cosmos appartiendraient toujours au monde des limbes."

* p.133 "Comment dire ce qui ne peut être confier? Je n'ai que mon cri existentiel pour m'assumer solidaire de l'expérience d'une situation d'infériorisation colective. Comment dire l'aliénation, cette situation incommunicable? Comment être moi-même si j'ai le sentiment d'être étranger dans mon objectivité, si celle-ci m'apparaît comme opaque et hostile, et si je n'existe qu'en ma subjectivité? Il appartient au poème de prendre conscience de cette aliénation, de reconnaître l'homme carencé de cette situation. Seul celui-là qui se perçoit comme tel, comme cet homme, peut dire la situation. L'oeuvre du poème, dans ce moment de réappropriation consciente, est de s'affirmer solidaire dans l'identité. L'affirmation de soi, dans la lutte du poème, est la réponse à la situation qui dissocie, qui sépare le dehors et le dedans. Le poème refait l'homme."

 

 

 

* Consigner ma naissance de Bruno Roy éditions des Trois Pistoles,* De race de monde au bleu du ciel de Victor-lévy Beaulieu éditions des Trois Pistoles,* L'homme Rapaillé de Gaston Miron éditions TYPO poésie.

 

11/05/2010

Butch, artiste-peintre de coeur

 

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Communiqué de presse

Via Mistral

SIMPLEMENT DANS MA COUR

Trois-Rivières, 11 mai 2010... L'artiste-peintre Gaétan Bouchard tiendra son premier vernissage samedi et dimanche les 15 et 16 mai 2010 de midi à 17h00.
Son exposition s'intitule Simplement dans ma cour
L'événement aura lieu simplement dans sa cour, au 1756 de la rue St-Olivier à Trois-Rivières. 
L'artiste tire son inspiration des scènes de la vie urbaine. Il nous présente une galerie de personnages connus et méconnus du grand Trois-Rivières.

 

 

09/05/2010

miss you

 

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"L'absence diminue les médiocres passions, et augmente les grandes, comme le vent éteint les bougies, et allume le feu."

- François de La Rochefoucauld -

 

 

24/04/2010

Québec Story

Personne ici n'ignore mon attachement pour le Québec et pour certains québécois et certaines québécoises, personne n'ignore non plus mon grand désir de découvrir ces contrées lointaines que je n'ai jamais explorées et ma volonté farouche de vivre Montréal de nuit comme de jour! Je me dis toujours qu'il n'y a pas de hasard dans la vie et que les choses se font parce qu'elles doivent se faire et de plus en plus de coïncidences et de rencontres me poussent littéralement de l'autre côté de l'océan. Dans le train il y a peu, l'autre jour aussi à la table d'un petit bistrot parisien, un couple de montréalais enseignants au Cegep avec qui j'ai taillé une petite bavette trop intriguée et curieuse comme à mon habitude dès que j'entends un calisse ou un tabarnak ou plein de tsé se glisser dans la conversation... La rencontre d'aujourd'hui est tout aussi étonnante, faut que j'vous raconte...

Des gens que je connais depuis plus de 20 ans et que j'apprécie beaucoup, j'ai été très amie avec leur fils maintenant metteur en scéne avec qui je suis restée en relation plus edulcorée malheureusement et que j'aimerai beaucoup revoir. Passant à Lille, ils sont venus me saluer et dans le courant de la conversation entre les dernières pièces de théâtre qu'ils ont vus et notamment la dernière de leur fils chéri d'une table répérée au Conrad shop et du devenir de leurs trois filles, je leur parle d'helenablue de ce blog de mon goût pour l'écriture de projets en cours particulièrement la déco de cet hôtel qui me passionne du concours des correspondances d'Eastman qui me mobilise et de mon envie viscérale d'aller découvrir Montréal, ils sursautent alors de joie tout excités et moi tout autant et m'apprenent que leur fille y vit depuis plusieurs années, qu'elle a des filles de l'âge de mes fils, qu'elle adore vivre au Québec et apprécie plus que tout la mentalité et la manière de vivre québécoise, qu'elle ne quitterait pas cette contrée pour tout l'or du monde qu'elle se ferait plus qu'une joie de me voir débouler avec mes cliques et mes claques et qu'elle vient faire un saut de qelques jours en France dans une dizaine de jours et que cela pourrait être l'occasion de faire un pot, un pot de l'amitié qui me permettrait du même coup de revoir cet ami un peu perdu de vue et un petit bout de ce Montréal désiré! J'en suis toute en foufelle et mon énergie est remontée d'un coup rien qu'à l'idée, je me sens pousser des ailes!

Et là je me dis que vraiment la vie est riche de surprises, d'interconnections, d'appels au large, de découvertes et qu'on ne mesure pas la puissance du désir de l'amour et de la pensée aussi...

Aaagh!

 

12/04/2010

correspondances d'Eastman

C'est décidé, cette année je participerai au concours des correspondances d'Eastman parce que Venise nous y invite, parce que ça pourrait être une formidable raison de plus d'aller jusque là, pour le plaisir des mots, mais surtout parce que je trouve le choix du thème tout à fait inspirant, généreux et humain, voyez vous mêmes:

Sans doute avez-vous déjà comparé l’une ou l’autre des personnes qui ont compté dans votre vie à des étoiles qui ont éclairé votre route... Eh bien! c’est à l’une de ces personnes que je vous propose d’exprimer aujourd’hui en quoi votre rencontre avec elle a été inespérée.

Cette personne inspirante peut faire partie de votre enfance, de votre adolescence, d’un passé plus immédiat ou de votre vie présente : un membre de votre famille immédiate ou élargie, une enseignante, un voisin, un compagnon de travail ou de voyage, une amie intime, un amour passager ou durable, une femme, un homme, un vieillard, une enfant…

Parmi tous ces gens qui vous ont conduits comme Alice, au Pays des Merveilles*, n’oubliez pas d’inclure ceux qui, au premier abord, vous ont dérangés et bousculés, qui vous ont secoué les puces ou enlevé le tapis de la sécurité sous les pieds car, sans eux, seriez-vous l’être humain que vous êtes devenus?

Enfin, il arrive aussi que nous vivions des rencontres décisives avec des figures de proue de la sphère publique dont les oeuvres, les passions ou les engagements sociaux nous marquent, à leur insu : une romancière, une philosophe, un maître spirituel, un homme politique, une femme engagée, un astrophysicien, une marathonienne, un chasseur de papillons, un poète…

Qu’elle soit un phare sur votre chemin actuel ou qu’elle l’ait déjà été, choisissez donc une personne marquante pour vous et
adressez-lui une lettre la plus ressentie possible."

Il est précisé qu'on a droit à plusieurs lettres, il y a toujours plus d'un individu marquant dans une vie, mais un de ceux qui l'a bouleversée qui lui a redonné du relief voir un sens ou même qui vous l'a donnée il n'en est pas tant! L'exercice me parait peu banal tant la corespondance a pour moi un caratère intime et d'âme à âme, qu'en pensez-vous? En serez-vou itou? Tout est bien précisé au passe-mot quant au format, dates et manière de faire. Il n'y a plus qu'à!

 

02/04/2010

papier pâte

- Vous êtes québécoise?

- Ben non, pourquoi j'y ressemble?

- Crisse! C'est pas disable ça, une personne qui lit Mistral dans l'Eurostar, c'est bien la première fois que ça m'arrive en tabarnak!

- Fichtre! Vous vous l'êtes, n'est ce pas... québécois?

- Oui, Madame, j'en suis et fier... Vous aimez là ce que vous lisez, c'te question vous m'avez l'air si concentrée, je vous ai même vu sourire aux anges...

Il croyait pas si bien dire le bougre, perdue que j'étais dans les mots de l'auteur sa verve et son humour familier hier dans le TGV.

- Avez-vous lu Vamp?

Là j'esquisse de nouveau un sourire mais entendu cette fois-ci, il connaît bien Christian Mistral, pas un épais qui me la joue plan drague, quoique bon ça me changeait de quand j'avais vingt ans et qu'on me prenait pour une suédoise sans livre à la main!

- Oui, monsieur...

- Oh! Et Valium aussi?

- Ah! Valium, si vous me prenez par les sentiments, sans menterie j'ai adoré lu deux fois et relirai sans doute, et puis Sylvia aussi et Coco et Vautour et Fontes, et là celui-là Papier et Carton que je viens de recevoir.

- Cââââlissssssse, mais vous êtes mordue!

- Enragée... Et vous, vous le connaissez, j'veux dire de plus près l'écrivain tornade poète?

- Voui madame, très bien!

- OH! Oh!

Suis restée bouche bée, comme deux ronds de flan, scotchée à mon siège et à son regard, je pensais à ma prochaine question, je voulais savoir, plus, et puis trop tard, le train a stoppé on était arrivé, du moins pour moi, lui il continuait jusqu'à Londres peut-être, j'ai pas osé lui demander un nom une adresse un numéro! Je suis française, ché pas, peut-être que québécoise j'aurai eu le culot...

 

 

 

 

 

 

(Pour YLT en réponse à sa question: Papier Mâché et Carton-Pâte, de Christian Mistral, aux éditions VLB, 146 et 151 p, 1995)

 

30/03/2010

From MTL

J'ai reçu le paquet ce matin, mate masse blanche boursouflée, small packet de MTL QC to Lille à mon intention en lettres majuscules ordonnancées, mon coeur s'est mis à battre la chamade... Je l'ai posé devant moi fébrile sur mon bureau déjà bien encombré, me suis assise doucement et j'ai esquissé un sourire si profond qu'il ne m'a pas quitté. Manifestement l'enveloppe avait voyagé, salie par les différentes mains posées sur elle, des mains d'hommes j'imagine... Que dire du plaisir jouissif à le voir là enfin à portée et comment rendre cette délectation à attendre une heure puis deux, à caresser du regard l'objet de convoitise sans succomber à l'envie folle de lui déchirer les contours, goûter encore un peu masochiste à l'attente déjà vieille de quelques semaines... Encore une heure qui m'a parue une éternité, le temps n'est pas toujours le même c'est frappant, parfois il file météore et d'autre fois il avance au ralenti plombé, les jours paraissent des semaines les heures des jours quand je pense à lui, il me fait vieillir plus vite et pourtant ça me parait interminable de l'attendre, un paradoxe amoureux sans doute... Ah! Là je n'y tiens plus et j'ouvre enfin le paquet voyageur, c'est la pleine lune aujourd'hui, tiens! "Grâce! Odieux Tout-Puissant!". Merci Black Angel ♥!

LB

 

 

29/03/2010

afrodizz

"Afrodizz, ou les as de l’afrobeat, parmi les plus prometteurs de la planète, qui font paraître leur deuxième album (le premier chez le label C4) : Froots. Afrodizz comprend huit musiciens qui roulent leur bosse depuis 2001: Vance Payne (voix), Gabriel Aldama (guitare), Frédé Simard (saxophone ténor), François Glidden (saxophone baryton), David Carbonneau (trompette), François Vincent (percussions), François Plante (basse) du trio Plaster, et Jean-Philippe Goncalves (batterie), du même trio. Vous serez littéralement transporté par cet afrofunk qui finit par couler dans nos veines. Un album à se procurer en ce début d'été et à réécouter en hiver, question de se réchauffer!"

Découvert il y a peu et par le biais d'une rencontre Tribale ici, je les sais en tournée en France, mercredi soir à Paris et puis un peu partout. Alors si le coeur vous en dit! J'aime la musique, écléctiquement, tant et tant, elle fait partie intégrante de ma vie et j'adore j'avoue faire de nouvelles découvertes et m'approcher de nouvelles sensations. L'oreille est un organe sensible qui se travaille, plus on s'ouvre et plus on peut s'ouvrir aussi bien dans le classique que dans le jazz, la pop, la soul, le rock, le reggae, la chanson et toutes les musiques du monde si riches et variées. Il y a comme une sorte d'universalité étonnante et si enrichissante à laquelle je ne peux résister, sans parler des multiples émotions qu'elle procure! Enjoy!

 

14/03/2010

supplément tribal

"Je ne fais aucune différence entre l'amour et l'amitié. C'est la même chose. Les nuances sont d'ordre sexuel, superficiel. Desjardins chante:" Quand j'aime une fois, j'aime pour toujours." C'est l'évidence en moins de dix mots. On peut ne plus pouvoir sentir quelqu'un qu'on a aimé un jour, voire ne plus jamais le revoir, mais que l'affection cesse est impensable: ce serait se trahir soi-même. Non?"

Christian Mistral -

 

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J'ai entre les mains depuis quelques jours déjà ce numéro très spécial des Lettres Québécoises, spécialement adressé à mon intention par Sandra Gordon qui a pris l'heureuse initiative de me l'envoyer, relayé par Christian lui-même avec pigeon voyageur plus lent et dont j'attends impatiemment la venue espérant recevoir la même revue nourrie d'une dédicace. Mon amitié pour cet homme magnétique et cet écrivain énergétique n'est un secret pour personne sur la blogosphère, moins encore pour les lecteurs assidus qui passent ici au quotidien et je dois dire que c'est avec une grande émotion que j'ai feuilleté d'abord, caressé du regard, lu et relu ces pages spéciales Mistral.

 

D'abord un portrait juste, lucide et respectueux dépeint par Louis Hamelin, j'aime ce qu'il en dit je l'y retrouve, puis une interview vivante et passionnante par André Vanasse son éditeur pour finir par un article de Sébastien Lavoie sur cet écrivain de l'amitié qu'est sans conteste Christian Mistral. Il écrit de l'amitié, par l'amitié, comme personne et je partage la vision et le ressenti de ce sentiment qui l'anime. J'en voulais plus encore, c'était trop court, alors dans mon euphorie coutumière je me suis dit:" Et qu'en pense la Tribu ?", cette fameuse famille mise en place et créé par le maestro lui-même comme un roman live au travers de son Vacuum II. D'où cette folle entreprise de réunir des textes, témoignages, photos des uns et des autres, du moins d'une partie d'entre eux, certains plus proches que d'autres pour moi, certains qui sont devenus au fil des notes sur ce blog et sur les leurs au fil des commentaires et discussions parfois endiablées des amis, pour mettre en forme ce supplément très spécial aux Lettres Québécoises spécial Christian Mistral, le supplément Tribal.

Auparavant je voudrais rapporter ces confidences d'André Vanasse que je partage et je crois bien tous ceux qui participent à cette note atypique: "Mistral n'a jamais cessé de croire en la littérature même s'il a douté parfois. L'écriture a été pour lui une bouée de sauvetage, comme cela a été le cas pour Bruno Roy, mort le 6 janvier dernier... Ceux qui connaissent Christian savent à quel point il peut être attachant. Il aime de façon totale. Et c'est ce qui fait son si grand charme. Pour moi, il reste un auteur à part. Sans doute précisément à cause de la charge d'émotions qui nous unit... Salut, Christian, et reste toujours toi-même."

 

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A Christian Mistral.

Pour ouvrir le bal, ce savoureux petit texte de GeeBee:

 

Quand Helenablue m'a demandé de participer à la petite fête, j'ai couru à la bibliothèque municipale, confiant d'y trouver les écrits de Christian Mistral.

"A remettre pour le 21 Monsieur Blais", et j'ai vu ma balloune se dégonfler avant même de franchie la porte. Comme si je pouvais assimiler un tel auteur en lisant ses livres en diagonale.

Pis Helenablue, pire qu'un prof du secondaire, qui demandait de rendre le tout samedi en huit.
Alors fuck ses livres! J'allais parler de l'homme.
Mon respect pour Christian Mistral a commencé le 29 novembre 2007. Ce jour-là, le bougre avait laissé un commentaire sur mon blog. Non mais imaginez un peu! Ça faisait pas un mois que j'écrivais sur la blogosphère que "LE" Christian Mistral venait commenter chez moi:
"Vous pédalez dans le bon sens, je trouve. M'est avis qu'on trouve sa liberté en défendant celle des autres. Je me dis en vous lisant que vous seriez peut-être intéressé par Èric McComber, qui pédale en France en ce moment et qui cherche me semble, ce que vous cherchez."
Voilà! je voue un profond respect pour Christian Mistral depuis ce temps.
M'en voudrais tout de même de ne pas terminer par un extrait d'un de ses livres.
Parce qu'à 10 ans la seule littérature qui m'était accessible s'appelait Allo Police. Alors Monica-la-mitraille...
" R.I.P. Machine-gun Molly
Parce que la démence, l'indigence et la violence sont soeurs de lait, p'tit père. parce que le bruit chaud des balles de mitraille sent bon dans la nuit. parce qu'il n'existe pas de façon propre de mourir et parce que c'était écrit, aussi ne fera-t-on que réécrire après qu'il se sera joué, cet acte de l'antithéâtre américain.
Il pleuvait de la viande de chien
Sur Montréal ce matin-là
Non pas de la pâtée
Du chien en côtelettes
Saignantes et poilues"
(Carton-pâte p.51 )

- Gaétan Blais - alias GeeBee -

 

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Dans la foulée de Carton-pâte, un des rares livres de Mistral que je n'ai pas lu car introuvable puisqu'épuisé, la touche verte et féminine de notre batracienne préférée:

 

"Le cunni-linguiste. Voilà le personnage qu'évoque pour moi Christian Mistral. La raison est l'image que j'avais en tête quand j'ai lu Carton-Pâte. À cause? Un passage où Christian écrit avoir cunnilingué X tout l'après-midi et que cette dernière était tellement gelée qu'elle ne ressentait rien, sauf dans la tête... d'où le terme cunni-linguiste que je vais faire breveter... merci pour tout Christian!"

- Raymonde - alias Rain -

 

L'hommage de Ranger se passe de commentaire, il est à l'image de son écriture, riche et puissant, ciselé:


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C'est étrange, quand je me suis demandé quoi et comment écrire en hommage félicifère et vérozsizsi-gabor! à cet homme, ce Christian Mistral, et m'aussitôt senti suis allégé, ragaillardi car voilà qui enjoue, un excentrisme qui ne quérit rien que le cœur qu'on y a, les fleurs m'ont manqué, les figures de rhétorique m'ont fait va donc chier, ou serait-ce moi? et j'ai eu honte, et j'ai eu peur, tu vas parler pour vrai, ça fait longtemps, ça compte, c'est grave, en public, pas dans l'intimidité, et que, pour réfonce, j'ai eu recours à l'idée de la citation, c'est à Rabelais, Françoué qu'allai-gé-je.

Non, ce n'est pas étrange.

«Donnant Pantagruel ordre au gouvernement de toute Dipsodie, assigna la châtellenie de Salmigondin à Panurge», va le début du Tiers Livre, adressé aux gens de bien, «aux buveurs de la prime cuvée».

«[...] Et se gouverna si bien et prudentement monsieur le nouveau châtelain, qu'en moins de quatorze jours il dilapida le revenu certain et incertain de sa châtellenie pour trois ans. Non proprement dilapida, comme vous pourriez dire, en fondations de monastères, érections de temples, bâtiments de collèges et hôpitaux, ou jetant son lard aux chiens; mais dépendit en mille petits banquets et festins joyeux, ouverts à tous venants, mêmement à tous bons compagnons, jeunes fillettes et mignonnes galoises(1), abattant bois, brûlant les grosses souches pour la vente des cendres, prenant argent d'avance, achetant cher, vendant à bon marché et mangeant son blé en herbe.»

Laissons le docteur continuer :

«Pantagruel, averti de l'affaire, n'en fut en soi aucunement indigné, fâché, ni marri. Je vous ai jà dit, et encore redis, que c'était le meilleur petit et grand bonhomet qui oncques ceignît épée. Toutes choses prenait en bonne partie, tout acte interprétait à bien, jamais ne se tourmentait, jamais ne se scandalisait. Aussi eût-il été bien forissu(2) du déifique manoir de raison, si autrement se fut contristé ou altéré, car tous les biens que le ciel couvre et que la terre contient en toutes ses dimensions, hauteur, profondité, longitude et latitude, ne sont dignes d'émouvoir nos affections et troubler nos sens et esprits. Seulement tira Panurge à part et doucettement lui remontra que, si ainsi voulait vivre et n'être aucunement ménager, impossible serait, ou pour le moins bien difficile, le faire jamais riche.

''Riche? Répondit Panurge, aviez-vous là fermé votre pensée? Aviez-vous en soin pris me faire riche en ce monde? Pensez vivre joyeux, de par li bon Dieu et li bons homs. Autre soin, autre souci ne soit reçu on(3) sacrosaint domicile de votre céleste cerveau. La sérénité d'icelui jamais ne soit troublée par nues quelconques de pensement passementé de meshain(4) et fâcherie. Vous vivant, joyeux, gaillard, de hait(5), je ne serai riche que trop. Tout le monde crie : 'Ménage, ménage!' mais tel parle de ménage qui ne sait mie que c'est.''»

[1. Luronnes. - 2. Banni. - 3. Au. - 4. Chagrin. - 5. de bonne humeur.]

Pour moi, Christian, ta voix me parle comme là Rabelais via Panurge à son lecteur, aux hommes, à tous.

«Mais, demanda Pantagruel, quand serez-vous hors de dettes?

- Es calendes grecques, répondit Panurge, lorsque tout le monde sera content, et que vous serez héritier de vous-même.»

Sans autre commentaire.

Oui, un : Christian, t'es un inqualifiable de bon frère. C'est un honneur pour moi, tout petit sois-je, de te connaître, ça l'est depuis que je t'ai lu les premières fois, tu tends les bras à travers les calvaires pour appeler le meilleur, je te souhaite la santé, la longévité, la quiétude forte et palpitante.

SR

- Stéphane Ranger - alias aka Danger Ranger -

 

Une autre manière de dire en évoquant autrement que par les mots, il n'y avait qu'un Gomeux pour arriver à le faire en une image qui parle...

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"Cette photo est en somme une antithèse de l'image que je me fais de Mistral.
Une planche à voile (objet véloce, tout comme la plume de Mistral) plantée dans la terre, réduite à la fonction de décoration."

- Guillaume Pâquet - alias Gomeux -

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J'aurais aimé aussi avoir le ressenti d'Emcée et les mots de Kevin, deux personnes très importantes et qui comptent tant pour Christian et que tous les tribaux connaissent et rencontrent au gré des notes mistraliennes, mais ne l'ai pas fait pas demandé pas osé! Par contre dans un tout ordre registre j'ai receuilli il y a peu l'avis d'un néophyte, qui n'a pas particulièrement d'accointance avec la littérature quoique cela est en train de changer je pense, en la personne de mon fils aîné à qui j'ai prêté Vautour il y a quelques semaines maintenant, il m'en parlait lors d'un déjeuner en tête à tête tantôt: "J'avais peur tu sais au début, comme en général ce que tu lis c'est pas toujours facile, je craignais que ça me prenne la tête, de ne pas comprendre de ne pas aimer. J'suis pas très littéraire et les classiques me barbent vite, mais là, maman, c'est dingue. Ton Mistral quand il écrit j'ai l'impression qu'il s'adresse à moi qu'il me parle en profondeur, ça me touche ça me remue je pleure avec lui je ris aussi je rage je transpire et j'ai envie d'une page à l'autre d'en savoir plus, d'en connaître davantage. Il me reconcilie avec les livres lui, tu sais! J'aime vraiment bien. D'ailleurs il me semble que ton préféré ça en est un autre, non? Valium, je crois... Pourquoi ça Valium d'ailleurs? Dés que j'ai fini ce Vautour, ma chérie veut le lire à son tour, tu me prêteras l'autre alors, OK! Pis quand est ce que tu vas à Montréal, dis?" J'étais fière comme Artaban et si émue aussi que je ne résiste pas à partager avec vous ce grand moment filial!

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Je n'ai pas été déçu par son humour et sa gouaille, il y met les formes l'artiste, faut savoir que cet homme là c'est une tête et loin d'être blonde, sacré Oldcola!


"Je parlerais volontiers de mes potes et mes copines, en long en large et en travers. Pour vanter leurs mérites et leurs qualités, pour me moquer gentiment de leurs défauts et de leurs travers, pour mettre en avant ce qui m'attire chez eux. Peut-être que je le fais déjà sous un pseudo quelconque dans un blogs sur skyblogs, qu'est-ce que vous en savez ;-)
Je parlerais volontiers des gens que je n'aime pas, pour raconter leur connerie, leur bêtise, ce qui me révulse chez eux. Pour me vanter de ne pas les aimer.
Je pourrais même vous parler de gens que je ne connais pas bien, de la nouvelle voisine et ses tenues extravagantes, du nouveau voisin et de son môme qui louche un peu, de la vieille que je croise depuis plus de 25 ans et à qui je dis bonjour et dont je ne connais presque rien, de la bouchère qui me fait un peu bander chaque fois qu'elle dit bonjour, de la boulangère qui surveille son mari comme la prunelle de ses yeux, jalouse de son moindre sourire même s'il s'adresse à une chatte.
Il y a toujours des choses intéressantes à raconter au sujet de gens qu'on connait, qu'on les connaisse bien, ou que l'on brode un peu, ou qu'on exagère le trait pour caricaturer. Ca peut-être du croustillant, du marrant, du scandaleux, du banal à s'endormir, du à mettre dans sa cuisine, du à utiliser pour draguer, du conseil pour les dernières expositions d'arts plastiques, ou pièces de théâtre, ou films, ou livres, ou balades, ça peut-être du n'importe quoi qui attirerait votre attention : sur eux, moi ou vous même.
Je suis bavard à vous en raconter pendant des heures, des jours, des semaines, à condition que j'ai de quoi m'éviter la gorge sèche.
On m'a demandé de parler d'une personne en particulier. Et ma toute première réaction a été : ah non, je n'ai rien à dire de lui. Plus rien à dire de lui.
Tant que je le connaissais peu, puis par la suite quand je ne le connaissais pas bien, j'aurais pris le temps de vous en raconter des tonnes. Sur ce qu'il disait, écrivait, sur ce que l'on se racontait à travers le Net peut-être, si le sujet s'y prêtait.
Mais maintenant je n'ai plus rien à dire à son sujet.
Je ne parle jamais des amis qu'à des amis. C'est un sujet intime, il n'a pas sa place en public. C'est entre moi et une autre personne et ceux que j'aime de la même façon. Et de préférence les autres doivent aussi le connaître pour qu'on se le raconte chacun à notre façon.
Ainsi, de Christian Mistral je n'ai rien à vous dire. Pas tant que nous ne sommes amis. Faudra quand même qu'un de ces jours je trouve l'occasion de me mettre autour d'une table avec Christian, et Kevin, et Cynthia et que l'on se raconte les uns les autres. Histoire de justifier la bière contre la gorge sèche et nous faire un peu plus de souvenirs communs. Avant qu'on ne soit trop vieux pour qu'on s'en souvienne.
Espèce de grand dadais, tu me manques ;-)."
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- Antoine - alias Oldcola -
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La "Tribu" construite et orchestrée par Mistral est une bande d'êtres qui partagent en plus de l'amour des mots et l'amitié à l'initiateur, l'amour de la vie et de l'humain, une bande d'amis somme toute régit par cette même quête de sens et cette même exigence relationnelle que ce soit avec soi ou avec les autres. Rien d'autocratique pas de pensée unique et pas la même vision du monde mais la même soif d'échanges et de partages, de remue-méninges et d'émotions vraies. Une bande de gourmands et de gourgandines à laquelle je ne suis pas peu fière d'appartenir moi qui suis plutôt d'un naturel indépendant et autodidacte, j'y ai trouvé chaleur et réconfort, franc parler et ouverture, tolérance humour respect même si parfois les discussions pouvaient tourner vinaigre, probable que la nature québécoise de cette tribu là mistralienne de surcroit y est pour beaucoup dans le fond et la forme.

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Les deux qui vont suivre me sont plus particulièrement chers, et sont devenus au fil du temps et des échanges de véritables amis avec qui j'ai grand plaisir à être et à converser. Deux individus bourrés de talent et d'intelligence, de sensibilité aussi. Deux personnes que j'aime beaucoup et qu'il me tarde de rencontrer aussi à l'instar d'une autre amie rencontrée chez Christian, la fée cannelle de l'endroit, Venise.

Je l'imagine grand échalas aristocratique fin et tendre pourtant dit le Terrible, il m'apparaît profond, réfléchi et congruent, aimant le bon vin, la bonne chère et les bons livres tout comme nous tous ici sans doute, quand le Vacuum s'est trouvé infligé de l'étiquette Danger par la censure" bloggerienne" il a été un des premiers à monter au créneau pour défendre la liberté d'expression de l'écrivain et ami Mistral bien sûr mais aussi de la liberté d'expression en général et a, tout comme Raynette d'ailleurs, autocensuré son blog en signe de protestation, j'ai trouvé ça fort et noble et je le trouve encore...

 

_DSC6769(cover).jpg" J'aime les gens de lettres, ce sont mes gens et je suis des leurs."

- Christian Mistral -

 

Et comment qu'il est des leurs, illustre même
et cela m'importe plus que tout ce qui s'écrit
ou dit sur l'homme, à tort ou à raison.
Pour tous les grands artistes,
je crois qu'il faut séparer l'oeuvre de l'humain
et la sienne est grande en littérature.
Directement proportionnelle au respect que je lui porte.
Ma rencontre avec sa prose remonte à 1988, année de la parution de "Vamp", j'avais 25 ans.
Lecture marquante qui m'a labouré la tête et le coeur, telle la charrue renversant la terre endormie au printemps.
La fureur de vivre, la table rase d'idées reçues, le renouveau littéraire québécois à travers un fabuleux plumitif
qui odore bon l'urbanité montréalaise virée sens dessus dessous avec la maîtrise,
la fraicheur et la force propres aux grands vents du Nord qui décoiffent. Mistral...
Un électrochoc dont l'effet sur mon cerveau pourrait s'apparenter au solo de guitare
sur "Packard Goose" de Frank Zappa à la même époque.
Le souffle et le rythme de ce livre m'avaient vachement secoué de "trashitude"
et en même temps réjoui par la fluidité musicale qui s'en dégageait
en plus de son vibrant témoignage sur cette ville que j'habitais dans les années 80-90.
"C'est un poète mauditement fou" que je me disais,
"ça doit pas être de tout repos de le fréquenter"
que je me disais. Mais quel plaisir de le lire!
Un plaisir qui ne s'est jamais démenti.
Un jour sa plume peut vous mordre le visage par sa froidure;
un autre elle peut être baume à l'âme par son humanité;
un autre encore, brûlante d'une "ultra sensibilité" en furie
ou en extase, selon l'arrivage.
Dans un cas ou un autre elle est pleinement incarnée, émouvante,
toujours en prise directe avec le coeur, peu importe la direction empruntée.
Authentiquement et rageusement libre,quoi;
en plus d'être homme de parole, d'honneur
et d'amitié.
L'amitié...Valeur Mistralienne suprême.
Il porte définitivement bien son nom:
Mistral de toutes les saisons, from Montréal
et grand est le pouvoir de ses mots qui
peuvent être tour à tour glaives tranchants
et soies caressantes.
Je ne suis pas prêt d'oublier le jour où il m'a offert
un de ses derniers exemplaires de "Papier Mâché-Carton Pâte".
Le soin amoureux avec lequel il manipule les livres
comme autant de morceaux vivants en papier précieux
et le signet qu'il inséra dedans en me le tendant, resteront autant
d'images de pure amitié à jamais gravées dans ma caboche.
Écrivain et poète lumineux, il est encore plus que ça.
C'est un ami.
Merci de ton amitié et de ta littérature Christian,
merci aussi de m'avoir donné l'occasion
de faire la connaissance de gens exceptionnels.
See you and read you around...

- Yvan LaFontaine - alias Terrrible -

 

Le texte de Sandy est telle qu'elle, généreux entier drôle affectif et bigrement bien écrit, un crisse de beau texte qu'elle nous livre là, la grande!

 

 

 

Donner quelque chose à son siècle.

Christian Mistral vu par Sandra Gordon

 

N.D.L.R. : Cet entretien ne devait paraître nulle part.  Il n'a d'ailleurs jamais existé.  Pour une raison que vous venez d'apprendre en parcourant ce billet, cet entretien se retrouve publié ici ce matin.  Nous remercions HelenaBlue, rédactrice en chef du blog Open your mind,  d'avoir chaleureusement orchestré ce programme dominical fort singulier qui souligne un homme et sa virtuosité, ainsi que sa couverture violet pourpre amplement méritée.

 

G.S. - Christian Mistral.  Christian Miiiiistraaaal.  Ça sonne, vous trouvez pas?

S.G. - Pour sonner, ça sonne.

G.S. - Ça souffle fooort diraient certains...

S.G. - Ouais.  Ça décoiffe.

G.S. - Mistral, vent.  Vent, mistral...

S.G. - Je pense qu'on a compris l'analogie.  Je l'ai déjà utilisée une fois en me croyant bien originale...

G.S. - (Toussotements) Bon.  Alors.  Le dernier numéro de la revue Lettres Québécoises est consacré à Christian Mistral.  L'avez-vous lu?

S.G. - D'après toi?

G.S. - Que pensez-vous de la page couverture?

S.G. - Ce que je pense de la page couverture?  Magnifique.  Ce regard émouvant.  Et ce violet, c'est vraiment plus que parfait.  Je suis sacrément contente pour lui...

G.S. - Et le contenu?

S.G. - Très intéressant.  Mais trop court.  J'en aurais pris plus.

G.S. - Ça on le sait, vous n'êtes jamais contente.  Qu'est-ce qui vous plaît dans les romans de Christian Mistral?

S.G. - (Rires)  Ça m'arrive d'être contente, c'est juste que je ne m'en aperçois pas souvent.  C'est son style.  Fort, imagé, singulier.  Sa plume acérée.  La musicalité des mots choisis avec grand soin.  Sa maîtrise du verbe, de l'ironie, et de la beauté.  Sa capacité de faire sourire le lecteur, de le faire rire aussi, et ça c'est rare, et de l'émouvoir trois lignes plus loin.  Son écriture peut être brutale et sensuelle à la fois.  Mistral possède l'art d'inclure le lecteur, comme s'il y était, comme s'il faisait partie de cette communauté de paumés sans le sou mais néanmoins riches.  J'aime sa poésie, son originalité.  (Silence)  Vamp finit par « Merde. », ça m'avait marqué.  Ouais.  Bon.  C'est pas le « Merde. » comme tel, on s'entend, mais c'est le fait qu'il soit placé là, minutieusement, juste après une riche et longue envolée lyrique.  J'avais trouvé ça percutant.  À l'image de ce qu'il écrit.

G.S. - Nommez-moi une scène qui vous a particulièrement émue?

S.G. - À brûle-pourpoint?  (Silence de réflexion)  C'est l'fun dire ça, brûle-pourpoint.  C'est un beau mot.  Brûle-pourpoint, brûle-pourpoint.  La scène du bain dans Valium.

G.S. - Pourquoi?

S.G. - Parce que.

G.S. -Que retenez-vous de ce que vous avez lu de lui?

S.G. - Quand on le lit, on a - comment dire - on a envie de vivre.  Je sais pas...  On a le goût d'improviser une sonate à la lune, le goût de s'envoyer en l'air, de s'envoyer une poutine ou bien de concocter un pâté chinois fromage paprika, de se louer un 8 ½ à' gang, d'écrire des lettres, de se commander un double scotch au comptoir d'un bar, puis un deuxième, un troisième, on a envie de ne plus les compter, on a envie de se raconter.  On a le goût de déclamer un poème en cadeau à un ami,  d'errer dans les rues de la ville ou de s'enfermer dans sa chambre pendant trois jours.  On a le goût d'aimer Montréal autant que lui.  On peut pas faire autrement.  On la sent.  On la hume.  On la vit.  D'ailleurs je ne vois plus Montréal de la même façon.  J'ai appris à l'apprécier autrement.  À l'apprécier, point.  Je ne vois plus le carré Saint-Louis de la même façon.  La fontaine n'est plus qu'une simple fontaine, elle est un symbole.  Un organe.

G.S. - Vous l'avez déjà rencontré?

S.G. - Qui, la fontaine?

G.S. - Funny girl.  Je parle de Christian Mistral.

S.G. - Oui.

G.S. - Est-ce que vous vous en souvenez?

S.G. - Ça veut dire quoi ça?

G.S. - Je sais pas.  Je veux dire : sur votre blogue, vous avez parfois l'air d'une furieuse picoleuse de mauvais whisky américain.  C'est pas moi qui invente ça hein.

S.G. - Je te signale que t'es mon double inversé, et que cet entretien est en vérité un entretien truqué, simulé.  Je vais quand même pas t'apprendre qu'on a le même œsophage pis le même foie hein?  Quand je l'ai rencontré, je l'ai rencontré à jeun.  En fait, je n'étais pas à jeun.  J'achevais un de ces cafés qu'on vend à tous les cent mètres sur le Plateau.  Le mien était noir, dans un gobelet ceinturé d'un carton gaufré servant à ne pas se surchauffer les corpuscules de Krause logées dans les mains, mais il était tiède depuis longtemps.  J'avais du Jack dans le fond de mon sac pour plus tard.  Pour trinquer.  À nos santés.  Sans blogs interposés.  Anyway.  Tu dois le savoir, t'étais là.

G.S. - Je me souviens.  Difficile d'oublier.  En quelques mots, comment vous le décririez?

S.G. - En quelques mots?  Hum.  Affable, entier, direct.  Il parle beaucoup, et il écoute beaucoup aussi.  C'est une belle qualité ça.  Il a un rire sonore et contagieux.

G.S. - Peu de temps avant, c'était son anniversaire.  Je crois comprendre que t'avais pas que du Jack dans ton sac.

S.G. - Tu me tutoies maintenant? On n'a pourtant pas élevé les abeilles ensemble...  Je rigole.  C'est que t'as l'air un peu fuckée à t'auto-vouvoyer.  Ouais.  On disait?  Ah oui.  Chez-nous, mes livres sont classés par ordre alphabétique.  Je suis pas une freak du rangement hein, tu le sais, mais j'hayis ça chercher un livre pendant dix ans.  Les Christian Mistral se retrouvent entre mon édition de L'homme rapaillé de Miron, qui date de 1970, et feu mon édition des Poésies complètes de Nelligan.  Je dis feu parce qu'elle ne s'y trouve plus : je l'ai donnée à Christian pour son anniversaire.  Elle m'avait coûté quatre piasses au Village des Valeurs, mais dans mon cœur elle en valait pas mal plus.  Je l'avais emballée dans un sac Biorisque jaune garni de gros morceaux de scotch-tape.  Martha Stewart n'aurait pas été fière de moi, ça avait l'air du yab'.  Et j'ai dit comme on dit souvent : « C'est pas grand-chose, mais c'est de bon cœur en crisse. »

G.S. - C'est ridicule de dire ça quand on offre un livre à quelqu'un.  Surtout quand il s'agit d'un livre de Nelligan.  Surtout quand on l'offre à Christian Mistral.

S.G. -  Ouais, peut-être.  Il était ému, et je l'étais mille fois plus.  Un esprit de beau moment...

G.S. - Tu voulais pas lui offrir ton édition de L'homme rapaillé ?

S.G. - T'es-tu folle sacrament?  Faut pas charrier!

G.S. - (Rires)  En terminant : y a-t-il quelque chose que vous souhaiteriez lui dire, mais que vous ne lui avez jamais dit?

S.G. - Oui.  Les diminutifs, c'est comme les émoticones : j'hayis ça.  Sandy, tsé...

G.S. - Autre chose?

S.G. - J'ai hâte à son prochain roman.  Ouais.  (Silence)  Ça fait que c'est ça.  En attendant, eh bien, vivons.  De toutes nos forces.  Tant que faire se peut, et davantage.

 

« Je crois furieusement que personne n'est sur cette terre pour écrire des livres.  Il faut vivre, dans la joie la plus féroce que nous permet notre tempérament, seulement, oui, quand le livre est fini, on en commence un autre, jusqu'au dernier hoquet, en essayant de retenir un peu de beauté entre ses doigts, et de ne pas écrire trop de conneries ».

 

Christian Mistral, Origines, Éditions Trois-Pistoles, coll. Écrire, 2003, page 102.

 

 

À la tienne, cher Christian

Amitiés,

Sandra

- Sandra Gordon - alias Sandy -


 

origines1.jpgHum, à part Butch en vacances au moment de l'élaboration de cette note, il manquait un vieux de la vielle comme on dit par icitte, un comparse jalousé et aimé, un personnage fier et intrépide, un quoi! chasseur d'étoiles et d'étincelles, un faiseur d'histoires, un conteur hors pair, je cite È . Pour l'avoir hébergé dans mes murs et couché au dernier étage de mon vaste chantier, j'en sais plus sur ce bougre attachant et princier. Il ne manquait que lui pour que la boucle se boucle, j'entends là de facto, et derechef j'en profite pour remercier les uns et les autres de leurs enthousiasmes, leurs amitiés, leurs profonds coeurs, et leurs présences. J'avoue être très émue de tant d'affects...


 

"Dieu, Mistral et moi"

Il a soufflé toute la semaine, le Mistral. C’est simple, ici, quand c’est du Nord, c’est le Mistral. Tempête du siècle annuelle. Bon, pour cette fois, on peut dire que les Français ont reçu une vraie tempête de neige. 30 cm. Ouââ. Les cactus et les palmiers s’en sont pris plein la yeule. Les violettes, les amandiers et les bicyclettes vont devoir surseoir. Sans compter les Gardoises, qui venaient à peine d’inaugurer leurs minijupes.

Blue me fait l’honneur de me demander un texte. l’Occase : Mist à la une de Lettres Québécoises. Ah ? Je le crois pas. C’est vraiment la première, toute première fois ? Eh, beh. Ah. Euh… Y avait beaucoup de très grands auteurs à tapisser, sur les 136 numéros précédents, doit-on supposer.

Nous avons le même âge, mais la première fois que j’ai vu Mistral (l’auteur, pas la calamité météorologique), c’était à la télé. J’étais un tout jeune batteur de rock n’roll à l’époque et j’officiais dans un horrible groupe hommage à Rush. Je me souviens m’être dit qu’il avait l’air d’un type dont j’aimerais lire le roman. « Enfin un qu’a pas une face de tapette de fils de riche à marde, asti », avais-je songé, dans mon subtil brogue de Montréal-Nord. Je me suis assis et j’ai écouté l’interview. Je comprenais sans souci les questions de l’animatrice mais, comme elle, je n’avais pas la moindre idée de ce que signifiaient les réponses. Mistral parlait d’auteurs dont je n’avais jamais soupçonné l’existence, évoquait des mouvements qui me paraissaient ésotériques, employait des mots dont j’ignorais la signification. Je m’étais senti tout petit et insignifiant, un peu comme devant ma blonde du temps, qui venait juste d’entreprendre courageusement mon éducation littéraire.

Je l’ai revu dans les bars où je chantais, vingt ans plus tard. On ne se parlait pas tellement. Dix mots en dix ans. Pour une raison qui m’échappe encore, j’ai publié Antarctique en 2002 et je me suis retrouvé au salon du livre de Montréal. Ce n’était pas totalement jojo à mon kiosque et je crois que Mistral l’a senti. Il est débarqué devant moi avec un verre de rouge que j’ai calé d’un trait. Il a souri et m’a entraîné chez un autre éditeur, où ça coulait à flot. Tout le monde voulait lui parler, alors je suis resté en retrait. Un grand type qui avait l’air important m’a ordonné de ne plus écrire de dialogues en joual. Un autre m’a dit qu’il était best-seller. J’ai calé mon verre. Quatre ou cinq coups de pinard plus tard, quand j’ai fini par retourner à ma dédicace, je me sentais infiniment mieux.

Mistral m’avait accueilli sans plus de cérémonie dans la gang (il n’avait pas encore commencé à l’appeler sa tribu). Réchauffé comme je l’étais par la boisson et la fierté, plutôt que de continuer à imiter mes collègues dissimulés derrière un journal avec leurs écouteurs sur la tête, je me suis levé et j’ai commencé à fourrer mon bouquin directement dans les mains des passants, ce qui est devenu ma marque de commerce par la suite.
— Eeh, lis-ça man !

Tout ça semble si loin. Depuis, j’ai quitté la cité, le continent, le consensus, tout, presque. Nos personnalités électroniques croisent le fer et se font l’accolade. Où sommes-nous tous ? La Terre tourne en tabarnak. En tout cas. Dieu ne m’a jamais offert à boire, ce que Mistral a fait, lui. Quant au diable, beh… Euh… Comme d’hab, y est aux vaches !

 

- Eric McComber - alias Big Mac -

 

9782764605653.jpgPrévenu tard, il est aussi de la fête, pas là hier mais bien présent aujourd'hui et rien d'infâme dans ses propos bien au contraire:


J'ai reçu un message d'Héléna me demandant un petit texte pour une note surprise sur Christian Mistral. Holy phoque! Honoré et intimidé, je me mis tout de même à l'ouvrage. Dès le départ un problème de taille se posa, par où commencer? Crisse! Par le commencement, me dit une voix dans ma tête. Attention. Je plonge.


Je dois d'abord dire que je ne suis pas un  intime de Christian. Tout ce que je connais de l'homme, je le tiens de ses livres, de ses apparitions médiatiques et de son blog. Ainsi, chacune de ses présences (à la télé, à la radio) m'a touché. Ça me fascine et me laisse sans voix car je ne le connais pas, mais quand je le vois ou l'entends à la télé ou à la radio sa sensibilité me bouleverse. Tout comme certains de ses textes sur VacuumII : Scrapbook, particulièrement lorsqu'il parle de son fils ou des ses amis. Il le fait avec cœur et authenticité et ça impose le respect. Dans le monde plus blanc que blanc dans lequel on vit, un homme comme lui, qui prend sa plume, son clavier pour ouvrir son cœur ou  exprimer son avis, son opinion, son désaccord, sa dissidence face à ce répugnant univers demeure un exemple et un modèle à suivre. Respect.


Respect aussi devant la fidélité et l'amour qu'il porte à ses amis. L'amitié demeure pour moi la pierre d'assise de l'œuvre mistralienne. Or, s'il y a un roman où l'amitié imprègne tout le récit, c'est bien Vautour. C'est un très grand roman souvent sous-estimé ou oublié lorsqu'on parle de la production de Mistral. Un simple merci pour ce grand roman et pour les autres. Je me permets d'en citer un ti bout :

 

''Pour une histoire aussi simple, il y a de quoi désespérer de la littérature si on n'accepte qu'elle demeure impuissante à mouler les tragédies ordinaires. Si simple, je le répète que chacun devrait y ressentir le parfum d'une perte proche.''

 

Cher Mistral, ne désespère pas de ta littérature car elle a non seulement moulé une tragédie ordinaire, mais en plus à la lecture de Vautour, j'ai senti et ressenti la perte d'un ami qui m'était très cher. Grâce à tes mots, j'étais moins seul avec ma peine et le vide que laisse toujours la grande faucheuse.


Amitiés et hommages flashgordoniens


L'infâme Paul Giguère, mieux connu sous le nom de Flash Gordon

- Paul Giguère - alias Flash Gordon -

 

 

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"Sylvia" est le premier livre que j'ai lu de Mistral, je l'ai avalé d'une traite en une nuit je m'en souviens encore, j'ai depuis dévoré tous les autres à ma portée " Léon, coco et mulligan" compris et j'ai envie de dire comme son frère de sang et de coeur, " écris" ! Tout comme si j'avais pu rencontrer Shakespeare j'eusse aimé lui dire, (no comment), oui il faut vivre dans la joie la plus féroce et mordre et ingérer la vie et le vivant et brasser même en nage coulée tout ce qui s'offre à nous et tout ce qu'on croque et chaparde au hasard des rencontres de l'existence, pour ma part c'est Christian qui m'est arrivé de meilleur ces temps derniers, lui et moi on s'est chopé à la volée dans chacun un moment clé de notre existence, un tournant et c'est un immense plaisir et une inaltérable amitié qui nous étreint, du moins de mon côté des eaux, outre noir, outre-mers.

Amitiés profondes.

Blue


Christian,

je ne peux finir cette note sans te citer, et j'ai tellement apprécié ce livre que naturellement je m'y réfère," Origines"...

Hâte de te lire de nouveau.


" Si écrire veut dire publier, s'exprimer, se vendre et se racheter, faire la guerre et faire carrière, et faire l'amour à l'individu qu'on voudrait devenir, alors: j'ai écrit pour que ma mère me félicite, j'ai écrit pour démontrer à mon beau-père que j'étais bon à quelque chose, j'ai écrit pour séduire ma future épouse et j'ai écrit pour doter le fils qu'elle m'a donné, j'ai écrit pour qu'on se souvienne de moi, pour que le monde conserve une trace de mon fugace passage et qu'il en soit changé, tant soit peu, pour le meilleur ou pour le pire ou le pareil au même, mais que le monde vire à droite ou à gauche comme un char fait un violent secret écart pour éviter un écureuil, et l'écureuil est épargné, de même que la conscience du conducteur, et le monde est ainsi désormais; pour ça, j'ai écrit."

- Christian Mistral- Origines, Éditions Trois-Pistoles, coll. Écrire, 2003, page 67.


 


 

 

03/03/2010

Léonard ...

 

Ce soir, au Zenith, rendez-vous pris avec ce grand artiste qu'est Monsieur Cohen, suis toute émue à l'idée de le voir sur scène!

 

 

26/02/2010

je marche à toi, je titube à toi...

La marche à l'amour

 En écho à la note de GeeBee et parce que j'aime beaucoup...

Tu as les yeux pers des champs de rosées
tu as des yeux d'aventure et d'années-lumière
la douceur du fond des brises au mois de mai
dans les accompagnements de ma vie en friche
avec cette chaleur d'oiseau à ton corps craintif
moi qui suis charpente et beaucoup de fardoches
moi je fonce à vive allure et entêté d'avenir
la tête en bas comme un bison dans son destin
la blancheur des nénuphars s'élève jusqu'à ton cou
pour la conjuration de mes manitous maléfiques
moi qui ai des yeux où ciel et mer s'influencent
pour la réverbération de ta mort lointaine
avec cette tache errante de chevreuil que tu as 
tu viendras tout ensoleillée d'existence
la bouche envahie par la fraîcheur des herbes
le corps mûri par les jardins oubliés
où tes seins sont devenus des envoûtements
tu te lèves, tu es l'aube dans mes bras
où tu changes comme les saisons
je te prendrai marcheur d'un pays d'haleine
à bout de misères et à bout de démesures
je veux te faire aimer la vie notre vie
t'aimer fou de racines à feuilles et grave
de jour en jour à travers nuits et gués
de moellons nos vertus silencieuses
je finirai bien par te rencontrer quelque part
bon dieu!
et contre tout ce qui me rend absent et douloureux
par le mince regard qui me reste au fond du froid
j'affirme ô mon amour que tu existes
je corrige notre vie 
nous n'irons plus mourir de langueur
à des milles de distance dans nos rêves bourrasques
des filets de sang dans la soif craquelée de nos lèvres
les épaules baignées de vols de mouettes
non
j'irai te chercher nous vivrons sur la terre
la détresse n'est pas incurable qui fait de moi
une épave de dérision, un ballon d'indécence
un pitre aux larmes d'étincelles et de lésions profondes
frappe l'air et le feu de mes soifs
coule-moi dans tes mains de ciel de soie
la tête la première pour ne plus revenir
si ce n'est pour remonter debout à ton flanc
nouveau venu de l'amour du monde
constelle-moi de ton corps de voie lactée
même si j'ai fait de ma vie dans un plongeon
une sorte de marais, une espèce de rage noire
si je fus cabotin, concasseur de désespoir
j'ai quand même idée farouche
de t'aimer pour ta pureté
de t'aimer pour une tendresse que je n'ai pas connue
dans les giboulées d'étoiles de mon ciel
l'éclair s'épanouit dans ma chair
je passe les poings durs au vent
j'ai un coeur de mille chevaux-vapeur
j'ai un coeur comme la flamme d'une chandelle
toi tu as la tête d'abîme douce n'est-ce pas
la nuit de saule dans tes cheveux
un visage enneigé de hasards et de fruits
un regard entretenu de sources cachées
et mille chants d'insectes dans tes veines
et mille pluies de pétales dans tes caresses 
tu es mon amour
ma clameur mon bramement
tu es mon amour ma ceinture fléchée d'univers
ma danse carrée des quatre coins d'horizon
le rouet des écheveaux de mon espoir
tu es ma réconciliation batailleuse
mon murmure de jours à mes cils d'abeille
mon eau bleue de fenêtre
dans les hauts vols de buildings
mon amour
de fontaines de haies de ronds-points de fleurs
tu es ma chance ouverte et mon encerclement
à cause de toi
mon courage est un sapin toujours vert
et j'ai du chiendent d'achigan plein l'âme
tu es belle de tout l'avenir épargné
d'une frêle beauté soleilleuse contre l'ombre
ouvre-moi tes bras que j'entre au port
et mon corps d'amoureux viendra rouler
sur les talus du mont Royal
orignal, quand tu brames orignal
coule-moi dans ta plainte osseuse
fais-moi passer tout cabré tout empanaché
dans ton appel et ta détermination 
Montréal est grand comme un désordre universel
tu es assise quelque part avec l'ombre et ton coeur
ton regard vient luire sur le sommeil des colombes
fille dont le visage est ma route aux réverbères
quand je plonge dans les nuits de sources
si jamais je te rencontre fille
après les femmes de la soif glacée
je pleurerai te consolerai
de tes jours sans pluies et sans quenouilles
des circonstances de l'amour dénoué
j'allumerai chez toi les phares de la douceur
nous nous reposerons dans la lumière
de toutes les mers en fleurs de manne
puis je jetterai dans ton corps le vent de mon sang
tu seras heureuse fille heureuse
d'être la femme que tu es dans mes bras
le monde entier sera changé en toi et moi 
la marche à l'amour s'ébruite en un voilier
de pas voletant par les lacs de portage
mes absolus poings
ah violence de délices et d'aval
j'aime
que j'aime
que tu t'avances
ma ravie
frileuse aux pieds nus sur les frimas de l'aube
par ce temps profus d'épilobes en beauté
sur ces grèves où l'été
pleuvent en longues flammèches les cris des pluviers
harmonica du monde lorsque tu passes et cèdes
ton corps tiède de pruche à mes bras pagayeurs
lorsque nous gisons fleurant la lumière incendiée
et qu'en tangage de moisson ourlée de brises
je me déploie sur ta fraîche chaleur de cigale
je roule en toi
tous les saguenays d'eau noire de ma vie
je fais naître en toi
les frénésies de frayères au fond du coeur d'outaouais
puis le cri de l'engoulevent vient s'abattre dans ta gorge
terre meuble de l'amour ton corps
se soulève en tiges pêle-mêle
je suis au centre du monde tel qu'il gronde en moi
avec la rumeur de mon âme dans tous les coins
je vais jusqu'au bout des comètes de mon sang
haletant
harcelé de néant
et dynamité
de petites apocalypses
les deux mains dans les furies dans les féeries
ô mains
ô poings
comme des cogneurs de folles tendresses

mais que tu m'aimes et si tu m'aimes
s'exhalera le froid natal de mes poumons
le sang tournera ô grand cirque
je sais que tout mon amour
sera retourné comme un jardin détruit
qu'importe je serai toujours si je suis seul
cet homme de lisière à bramer ton nom
éperdument malheureux parmi les pluies de trèfles
mon amour ô ma plainte
de merle-chat dans la nuit buissonneuse
ô fou feu froid de la neige
beau sexe léger ô ma neige
mon amour d'éclairs lapidée
morte
dans le froid des plus lointaines flammes 
puis les années m'emportent sens dessus dessous
je m'en vais en délabre au bout de mon rouleau
des voix murmurent les récits de ton domaine
à part moi je me parle
que vais-je devenir dans ma force fracassée
ma force noire du bout de mes montagnes
pour te voir à jamais je déporte mon regard
je me tiens aux écoutes des sirènes
dans la longue nuit effilée du clocher de Saint-Jacques
et parmi ces bouts de temps qui halètent
me voici de nouveau campé dans ta légende
tes grands yeux qui voient beaucoup de cortèges
les chevaux de bois de tes rires
tes yeux de paille et d'or
seront toujours au fond de mon coeur
et ils traverseront les siècles 
je marche à toi, je titube à toi, je meurs de toi
lentement je m'affale de tout mon long dans l'âme
je marche à toi, je titube à toi, je bois
à la gourde vide du sens de la vie
à ces pas semés dans les rues sans nord ni sud
à ces taloches de vent sans queue et sans tête
je n'ai plus de visage pour l'amour
je n'ai plus de visage pour rien de rien
parfois je m'assois par pitié de moi
j'ouvre mes bras à la croix des sommeils
mon corps est un dernier réseau de tics amoureux
avec à mes doigts les ficelles des souvenirs perdus
je n'attends pas à demain je t'attends
je n'attends pas la fin du monde je t'attends
dégagé de la fausse auréole de ma vie

- Gaston Miron (L'Homme Rapaillé, Montréal, l'Hexagone, 1994) -



25/02/2010

mon bel amour, navigateur...

Merci Raynette!

Mon bel amour

 

Mon bel amour navigateur
mains ouvertes sur les songes
tu sais la carte de mon coeur
les jeux qui te prolongent
et la lumière chantée de ton âme


qui ne devine ensemble
tout le silence les yeux poreux
ce qu'il nous faut traverser le pied secret
ce qu'il nous faut écouter
l'oreille comme un coquillage
dans quel pays du son bleu
amour émoi dans l'octave du don


sur la jetée de la nuit
je saurai ma présence
d'un voeu à l'azur ton mystère
déchiré d'un espace rouge-gorge

 

- Gaston Miron -

 

 

30/01/2010

Vortex Violet

Après dans l'ordre de mes découvertes Vamp, un opercut, et Valium, mon préféré lu deux fois, Vacuum que je picore encore, je viens de dévorer Vautour le dernier des Vortex Violet de Christian Mistral. Un roman attachant et tendre au sens où je l'entends, avec cette écriture mistralienne bien personnelle et unique qui me parle tant. Tout en ayant beaucoup d'amitié pour l'homme, je dois dire que Mistral est l'écrivain qui m'a le plus marqué dans les derniers mois qui viennent de passer, un verbe riche et dense, une sensibilité à fleur, une capacité à exprimer les tréfonds de l'âme humaine avec une sorte de grâce rebelle et un déchirement poétique tout à fait particulier, je ne m'en lasse pas, j'en redemande.

Plum en avait parlé en ces termes dans un de ses commentaires au Vacuum II: "...parce que je me souviens quand j’ai lu Vautour, il y a un bail maintenant, à quel point ça m’avait jeté sur le cul de lire quelque chose qui collait d’aussi près à ma propre vie, je veux dire dans plein de petits détails que je pourrais pas vraiment nommer, un mélange de sensibilité, vision du monde et plus prosaïquement de "conditions de vie" pas juste semblables mais vécues, intégrées d’une façon tellement proche… (C’est certain que le fait que nous ayons vécus "en parallèle" plus ou moins dans les mêmes lieux et à la même époque y est pour quelque chose, mais pas seulement. Puisque, évidemment, Mistral n’est pas le seul écrivain québécois de sa génération que j’ai lu et jamais, même si j’en ai bien sûr apprécié d’autres, jamais je n’ai ressenti ça aussi fort…)

N'ayant pour ma part pas vécu à Montréal en parallèle et pas de la même manière je ne peux en dire autant, mais par contre je retrouve chez Mistral dans sa langue et dans ses excès cette singulière importance de l'amitié et de l'amour pas si différents au demeurant, et quand il parle de ses états d'âme et de tout ce qui le remue et qui l'anime les gens qu'il aime ou qu'ils l'aiment ou le détestent, ça m'atteint au coeur et j'en vibre de l'intérieur, c'est une écriture émotionnelle comme une musique comme un poème. Et puis derrière cette teinte bien à lui, ce ton t'auto-dérision, cette sorte de nombrilisme bien caractéristique mais qui densifie encore davantage son écriture, il y a beaucoup d'humanité au fond et de volonté d'être au plus prés, une lucidité acérée sans compromis. La richesse du vocabulaire et cet humour un peu à la Buster Keaton ou plus encore peut-être à la Chaplin d'évoquer les scènes de vie truculentes et parfois si rocambolesques, tragiques et déchirantes aussi, cette manière de manier les mots tout à fait propre à son oeuvre me touchent vraiment profond et m'interpellent. Vautour est un cheminement comme chacun des Vortex d'ailleurs, une tranche de vie, une rencontre, toujours cette fatale présence de la mort et de la séparation de l'alcool des femmes aussi de tout ce qui donne un sens, à ceux qui comptent dans notre vie, aux méandres de l'inspiration et comment cela se tricote s'emboîte et nous transforme nous nourrit nous fait avancer, un bel hommage et une belle preuve d'amour à l'amitié et à l'écriture aussi, à la sueur, à la vie, pas un instant je n'ai douté de l'existence d'une telle expérimentation, c'est là aussi toute la puissance de cet écrivain indéniablement génial. Il parle de ce qu'il vit et comment ça vit en lui, et cela avec tant de talent. Vivant vivace percutant transpirant émouvant et décapant, moi ça me transporte...

 

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" Murmures de rêves étirés aux limites comateuses crues. Sursauts tout le long de la musculature et spasmes dans toutes les épaisseurs. Chorégraphies valsantes de rasoir Bic bleus et les deux lames leur sont des lèvres d'acier qui modulent des aigus. Et il m'arrive de m'éveiller, de me dresser fiévreux dans la nuit de mon lit, des pages plein la tête, et j'allume et j'écris tout excité à l'idée du bon matériau que ça fera pour le livre qui me travaille si les mots passent l'aube. Alors lambeau par lambeau par lambeau de lambeau, j'extrais de mon âme toute les épiphanies qui la brouillent comme un oeuf sanglant."

" Qu'ajouter? J'ai triché de toutes les inavouables façons que j'avoue maintenant. J'ai déterré de vieux trucs enfouis dans la boîte que je réserve aux vieux trucs, des trucs ue j'écris gratis et qui sont déjà vieux pendant que je les écris, et qui me faisaient penser à Vautour mais qui n'étaient pas Vautour. J'ai voulu les fourrer dans ce livre que je torchais pour le faire vivre et pour l'achever. J'ai pris le job de Dieu avec des moyens d'avorton. Pour une histoire aussi simple, il y a de quoi désepérer de la littérature si on n'accepte qu'elle demeure impuissante à mouler les tragédies ordinaires. Si simple, je le répète, que chacun devrait y ressentir le parfum d'une perte proche. En rencontrant Vautour, j'étais un raté jusqu'à preuve du contraire lui aussi, j'étais sur le point de connaître le succès, il était sur le point de mourir. Un an plus tard je file un coton pleurnichard et peureux. Rien n'est notable dans cette affaire. Aucun détail ne rachète le destin de ce jeune homme, pas plus que le mien qui s'élabore en toute injustice blafarde. Je songe aux horreurs que la nature suggère d'éprouver au contact de la peur, la grosse chienne, la vraie grosse peur de mourir, et je découvre stupéfait que cela me tranche le poignet qui scribouile. Je trace les signes avec l'énergie d'un restant de main, assis me soûlant devant un téléphone qui ne sonne pas, je suis vivant mais c'est bien peu quand le téléphone se dégonfle."

- Christian Mistral - Vautour -

 


 

Prendre la poudre d'escampette...

 

... à tire-d'aile.

 

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17/01/2010

Taïma - INUTUULUNGA

Découvert chez Paul, un québécois expatrié à Paris...

 

 

 

 

12/01/2010

Origines

 Origines de Christian Mistral, collection Écrire des Éditions Trois-Pistoles.

 

Ce genre de livre rare qui devient de chevet, qu'on peut prendre n'importe quand n'importe où à n'importe quelle page, un livre de réponses qui suggére des questions, un témoignage tripant savoureux intelligent sensible qui inspire et a déjà, sans doute fait et fera encore des émules de cet appétit de vivre et cette soif d'écrire, en tout cas pour moi l'effet est là...

 

 

 "Avant tout, l'écriture est un état d'esprit. On est, pour paraphraser Henry Miller, écrivain avant d'avoir écrit une seule ligne. On l'est en mangeant, en marchant dans la rue et jusque dans son sommeil. Au beau milieu de la nuit, on se réveille carré dans le lit avec une idée, un bout de phrase, un mot joli, et alors on apprend vite à ne pas se recoucher avant de l'avoir noté quelque part, car il est rare autrement qu'on les retrouve au matin..."

"On est écrivain parce qu'on ne peut faire autrement, en tout cas c'est ainsi que les choses devraient être. On ressent la trouble envie, bientôt muée en nécessité, de communiquer avec ses semblables anonymes, contemporains et à venir. On éprouve l'incomparable jouissance, assimilable au soulagement d'un trop-plein, de donner une forme extérieure à ce qui, indistinct, nous gonfle le lieu de l'âme. Et, comme ce n'est jamais tout à fait ça, on recommence."

- Christian Mistral -

 

 

 

31/12/2009

Nuit de la Saint Sylvestre

 

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 Excellent réveillon de la Saint -Sylvestre à vous toutes et tous, bon lunch aux fêteux,  joyeuse et chaleureuse fin de décennie!

 

 

 

 

23/12/2009

cadeau

14:14 - Lille -

Je viens de recevoir des mains de mon gentil et fringuant facteur mon petit colis de chez Pantoute, via les mers et les océans, j'en suis toute émue, toute chose, c'est un beau cadeau là à mes mains à défaut d'être au pied de mon sapin. Je me sens comme en présence d'un trésor, ça l'est, pour moi, c'est merveilleux de densité.