15/04/2012
conviction intime
12:02 Publié dans art, pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : conviction, réflexion, parcours, existence, art, sculpture, partage, humain
14/04/2012
De l'écriture
Ecrire, c’est défendre la solitude dans laquelle on se trouve ; c’est une action qui ne surgit que d’un isolement effectif, mais d’un isolement communicable, dans la mesure où, précisément, à cause de l’éloignement de toutes les choses concrètes le dévoilement de leurs relations est rendu possible.
Mais c’est une solitude qui nécessite d’être défendue, ce qui veut dire qu’elle nécessite une justification. L’écrivain défend sa solitude en montrant ce qu’il trouve en elle et uniquement en elle.
Mais pourquoi écrire si la parole existe ? C’est que l’immédiat, ce qui jaillit de notre spontanéité, fait partie de ces choses dont nous n’assumons pas intégralement la responsabilité parce que cela ne jaillit pas de la totalité de nous-même ; c’est une réaction toujours urgente, pressante. Nous parlons parce que quelque chose nous presse et que la pression vient du dehors, d’un piège où les circonstances prétendent nous pousser ; et la parole nous en libère. Par la parole nous nous rendons libres, libres à l’égard du moment, de la circonstance assiégeante et immédiate. Mais la parole ne nous recueille pas, pas plus qu’elle ne nous crée ; au contraire, un usage excessif de la parole produit toujours une désagrégation ; grâce à la parole nous remportons une victoire sur le moment mais bientôt nous sommes à notre tour vaincus par lui, par la succession de ceux qui vont soutenir notre attaque sans nous laisser la possibilité de répondre. C’est une victoire continuelle qui, à la fin, se transforme pour nous en déroute.
Et c’est de cette déroute, déroute intime, humaine - non pas d’un homme en particulier mais de l’être humain, que naît l’exigence d’écrire. On écrit pour regagner du terrain sur la déroute continuelle d’avoir longuement parlé.
La victoire ne peut se remporter que sur le lieu de la déroute, dans les mots eux-mêmes. Ces mêmes mots auront, dans l’écriture, une fonction différente; ils ne seront pas au service du moment oppresseur ; ils ne serviront pas à nous justifier devant l’attaque du momentané, mais, partant du centre de notre être, en reconnaissance, ils iront nous défendre devant la totalité des instants, devant la totalité des circonstances, devant la vie entière.
Il y a dans l’écriture le fait de retenir les mots, comme dans la parole il y a celui de les lâcher, de se détacher d’eux, qui peut être le fait de les laisser se détacher de nous. Au moment de l’écriture, les mots sont retenus, appropriés, assujettis au rythme, marqués au sceau de la domination humaine de celui qui ainsi les manie. Et cela, indépendamment du fait que celui qui écrit se préoccupe des mots, qu’il les choisit et les place consciemment dans un ordre rationnel connu. En dehors de ces préoccupations, il suffit d’être celui qui écrit, d’écrire à cause de cette intime nécessité de se délivrer des mots, de l’emporter totalement sur la déroute subie, pour que cette rétention des mots ait lieu. Cette volonté de rétention se rencontre dès le début, à la racine même de l’acte d’écrire et constamment elle l’accompagne. Les mots alors entrent, précis, dans le processus d’une réconciliation de l’homme qui les lâche en les retenant, de celui qui les prononce avec une générosité pleine de mesure.
Toute victoire humaine doit être une réconciliation, les retrouvailles d’une amitié perdue, une réaffirmation après un désastre où l’homme a été la victime ; victoire dans laquelle il ne pourrait y avoir humiliation de l’adversaire, parce qu’elle ne serait alors pas une victoire ; c’est-à-dire une manifestation de la gloire pour l’homme.
Et c’est ainsi que l’écrivain cherche la gloire, la gloire d’une réconciliation avec les mots, anciens tyrans de sa faculté de communiquer. C’est la victoire d’un pouvoir de communiquer. Parce que l’écrivain exerce non seulement un droit requis par une tenaillante nécessité, mais également un pouvoir, une puissance de communication qui accroît son humanité, qui porte l’humanité de l’homme jusqu’aux frontières récemment découvertes, aux frontières de l’humain, de l’être de l’homme et de l’inhumain - celles où l’écrivain arrive lorsqu’il est victorieux dans sa glorieuse entreprise de réconciliation avec les mots si souvent trompeurs. Sauver les mots de leur vanité, de leur vacuité, en les durcissant, en les forgeant durablement, c’est ce but que poursuit, même sans le savoir, celui qui véritablement écrit.
Parce qu’il y a une manière d’écrire en parlant - lorsqu’on écrit “ comme si on parlait ” ; on doit se défier de ce “ comme si ” puisque la raison d’être de quelque chose doit être la raison d’être de cette chose et seulement de celle-là. Et faire une chose “ comme si ” elle était une autre lui enlève et lui sape tout son sens, et jette alors l’interdit sur sa nécessité.
Ecrire ce n’est ni plus ni moins que le contraire de parler ; on parle dans l’urgence d’une nécessité momentanée, et en parlant nous nous constituons prisonniers de ce que nous avons énoncé tandis que dans l’acte d’écrire résident libération et permanence - la libération ne se trouve que lorsque nous arrivons à quelque chose de permanent.
Sauver les mots de leur instantanéité, de leur être transitoire et les conduire par notre réconciliation vers le perdurable, c’est la tâche de celui qui écrit.
Mais les mots disent quelque chose. Qu’est ce que l’écrivain désire dire et pourquoi désire-t-il le dire ? Pourquoi et pour qui ?
Il désire dire le secret ; ce qui ne peut se dire à haute voix à cause de la trop grande charge de vérité qu’il renferme ; les grandes vérités n’ont pas l’habitude de se dire en parlant. La vérité de ce qui se passe dans le sein secret du temps, c’est le silence des vies, et il ne peut se dire. “ Il y a des choses qui ne peuvent se dire ”, cela est certain. Mais ce qui ne peut se dire, c’est ce qu’il faut écrire.
Découvrir le secret et le communiquer, ce sont les deux stimulants qui meuvent l’écrivain.
Le secret se révèle à l’écrivain pendant qu’il l’écrit et non pas s’il le dit. La parole ne profère de secrets que dans l’extase, en dehors du temps, dans la poésie. La poésie est le secret parlé, qui exige d’être écrit pour se fixer mais non pas pour se produire. C’est avec sa voix que le poète dit le poème, le poète a toujours une voix, il chante ou il pleure son secret. Le poète parle, retient dans le dire, mesurant et créant dans le dire avec sa voix les mots. Il se délivre d’eux sans les faire taire, sans les réduire au seul monde visible, sans les effacer du son. Mais l’écrivain les grave, les fixe sans voix désormais. Et c’est parce que sa solitude est différente de celle du poète. C’est dans sa solitude que le secret se découvre à l’écrivain, non pas tout d’un coup, mais dans un devenir progressif. Il découvre le secret dans les airs et il lui faut fixer ses traits pour achever, enfin, pour embrasser la totalité de sa figure... Et ce, bien qu’il possède un schéma préalable à la réalisation ultime. Le schéma lui-même dit qu’il fallait le fixer dans une figure ; le recueillir trait après trait.
Désir de dévoiler, désir irrépressible de communiquer le dévoilé ; double “ aiguillon” qui poursuit un homme faisant de lui un écrivain. Qu’est ce que cette double soif ? Quel être incomplet est-il celui qui produit en lui-même cette soif qui ne s’étanche qu’en écrivant ? Seulement en écrivant ? Non ; seulement dans l’acte d’écrire puisque ce que l’écrivain poursuit, est-ce l’écrit ou bien quelque chose qui s’obtient grâce à l’écrit?
L’écrivain sort de sa solitude en communiquant le secret. Donc ce n’est plus le secret lui-même, connu de lui, qui le comble puisqu’il est nécessaire de le communiquer.. Serait-ce alors cette communication ? Si c’est elle, l’acte d’écrire est seulement un moyen et l’écrit l’instrument que l’on se forge. Mais ce qui caractérise l’instrument, c’est qu’on le forge en vue de quelque chose, et ce quelque chose est ce qui lui confère sa noblesse et sa splendeur. L’épée est noble parce qu’elle a été faite pour le combat et sa noblesse grandit si elle a été forgée avec raffinement sans que cette beauté formelle ne retire rien à sa vocation première : d’avoir été formée pour le combat.
L’écrit est également un instrument pour cette soif inextinguible de communiquer, de “ publier ” le secret trouvé et ce qu’il a de beauté formelle ne peut lui ôter sa vocation première : produire un effet, faire que quelqu’un apprenne quelque chose.
Un livre, tant qu’on ne le lit pas, est seulement un être en puissance, tout autant en puissance qu’une bombe qui n’a pas explosé. Et chaque livre doit avoir quelque chose d’une bombe, d’un événement qui en se produisant menace et met en évidence, bien que ce soit seulement par son tremblement, la fausseté.
Comme quelqu’un qui lance une bombe, l’écrivain jette hors de soi, de son monde, et, par conséquent, de son atmosphère contrôlable, le secret découvert. Il ne sait pas l’effet qu’il va produire, ce qui va résulter de sa révélation et il ne peut pas non plus le dominer avec sa volonté. Mais c’est un acte de foi, comme le fait de poser une bombe ou de mettre le feu à une ville ; c’est un acte de foi comme de lancer quelque chose dont la trajectoire n’est pas pour nous maîtrisable.
Pur acte de foi donc que l’écriture, et même davantage, dans la mesure où le secret révélé ne cesse pas d’être secret pour celui qui le communique en l’écrivant. Le secret se montre à l’écrivain, mais ce n’est pas pour autant qu’il se rend explicable pour lui ; autrement dit, il ne cesse de demeurer un secret pour lui comme pour quiconque, et peut-être pour lui seulement puisque le sort de celui qui se heurte le premier à une vérité est de la trouver pour la montrer aux autres et que ce sont eux, ceux qui forment son public, qui en démêlent le sens.
Acte de foi, l’écriture, et comme dès qu’il s’agit de foi, de fidélité. L’écriture demande la fidélité plus que toute autre chose. Etre fidèle à ce qui demande à sortir du silence. Une mauvaise transcription, une interférence des passions de l’écrivain détruiront la fidélité due. Et c’est ainsi qu’existe cet écrivain opaque qui interpose ses passions entre la vérité transcrite et ceux à qui il va la communiquer.
C’est que l’écrivain n’a pas à se poser lui-même comme sujet bien que ce soit de lui-même qu’il tire ce qu’il écrit. Extraire quelque chose de soi-même est tout le contraire de se poser soi-même comme sujet. Et si le geste d’extraire de soi avec assurance fait naître l’image juste parce qu’elle est transparente à la vérité de l’écrit, poser avec une inconscience vaine ses propres passions devant la vérité, la ternit et l’obscurcit.
Fidélité qui, pour être atteinte, exige une totale purification des passions qui doivent être réduites au silence afin de faire place à la vérité. La vérité nécessite un grand vide, un grand silence où elle puisse se loger, sans qu’aucune autre présence ne se mêle à la sienne, qui la défigurerait. Celui qui écrit, pendant qu’il le fait, doit faire taire ses passions et surtout sa vanité. La vanité est un gonflement de quelque chose qui n’est pas parvenu à être et se gonfle pour recouvrir son intériorité vide. L’écrivain vaniteux dira tout ce qu’il doit taire à cause de son défaut d’envergure, tout ce qui, faute d’exister vraiment, ne doit pas être manifeste et, pour le dire, il fera taire ce qui doit être manifesté, le fera taire ou le défigurera par son entremise vaniteuse.
La fidélité crée en celui qui la garde, la solidité, l’intégrité de son être même. La fidélité exclut la vanité qui consiste à s’appuyer sur ce qui n’est pas, en ce qu’elle est elle-même le vrai. Et la vérité est ce qui ordonne les passions, sans leur arracher leurs racines, les fait servir, les met à leur place, la seule où elles peuvent soutenir l’édifice de la personne morale qui se forme avec elles, par l’œuvre de la fidélité à l’égard de ce qui est véritable.
Ainsi l’être de l’homme qui écrit se forme dans cette fidélité avec laquelle il transcrit le secret qu’il publie, étant le fidèle miroir de sa figure, sans permettre à la vanité de projeter son ombre, qui la défigure.
Parce que si l’écrivain révèle le secret, ce n’est pas par l’œuvre de sa volonté, ni par son désir d’apparaître lui, tel qu’il est (c’est-à-dire qu’il n’arrive pas à être) devant le public. C’est qu’il existe des secrets qui exigent par eux-mêmes d’être révélés, publiés.
Ce qui se publie l’est pour quelque chose, pour que quelqu’un d’unique ou au contraire un nombre élevé de personnes, parce qu’ils l’ont su, vivent en le connaissant, pour qu’ils vivent d’une autre façon après l’avoir appris ; pour libérer quelqu’un de la prison du mensonge ou du brouillard de l’ennui qui est un mensonge vital. Mais on ne peut peut-être pas parvenir à ce résultat s’il est désiré pour lui-même, par philanthropie. Seul libère celui qui, indépendamment du fait qu’il le prétende ou non, a le pouvoir de le faire, mais en revanche si l’on n’a pas ce pouvoir, il ne sert à rien de le prétendre. Il y a un amour impuissant qui s’appelle philanthropie. “ Sans la charité, la foi qui transporte les montagnes ne sert à rien ” disait St Paul ; mais aussi : “ La charité est l’amour de Dieu ”.
Sans la foi, la charité se réduit à un impuissant désir de libérer nos semblables d’une prison dont nous ne pressentons même pas la sortie, à l’issue de laquelle nous ne croyons même pas.
Seul donne la liberté celui qui est libre. “ La vérité vous rendra libres ” . La vérité, obtenue par le biais de la fidélité purificatrice de l’homme qui écrit.
Il est des secrets qui demandent à être publiés et ce sont eux qui visitent l’écrivain, profitant de sa solitude, de son isolement effectif qui lui fait éprouver la soif. Un être assoiffé et solitaire, c’est ce dont a besoin le secret pour se poser sur lui, lui demandant, puisqu’il lui donne progressivement sa présence, qu’il le fixe par la parole en traits permanents.
Solitaire à l’égard de lui-même et des hommes mais aussi des choses puisque ce n’est que dans la solitude que s’éprouve la soif de vérité que comble la vie humaine. Soif également de rachat par une victoire sur les mots qui nous ont échappé en nous trahissant. Soif de vaincre par la parole les instants vides qui ont fui, cet échec incessant de nous laisser aller selon le temps.
Dans cette solitude assoiffée, la vérité - même occultée - apparaît, et c’est elle, elle-même qui demande à être manifestée. Qui l’a vue progressivement apparaître, ne la connaît pas s’il ne l’a pas écrite, et il l’écrit pour que les autres la connaissent. C’est qu’en réalité, si elle se montre à lui, ce n’est pas à lui en tant qu’individu déterminé mais en tant qu’individu du même genre que ceux qui doivent la connaître ; et elle se montre à lui, profitant de sa solitude et de son désir, du silence dans le vacarme de ses passions. Mais ce n’est pas à lui, à proprement parler, qu’elle se montre puisque si l’écrivain connaît selon qu’il écrit, et qu’il écrit pour communiquer aux autres le secret découvert, ce à quoi elle se montre en vérité c’est à cette communication, cette communauté spirituelle que forment l’écrivain et son public.
Et cette communication de l’occulte qui se fait à tous grâce à l’écrivain, c’est la gloire, la gloire qui est la manifestation de la vérité cachée jusqu’à présent, qui dilatera les instants en transfigurant les vies. C’est la gloire que l’écrivain espère même s’il ne le dit pas et qu’il atteint lorsque, écoutant plein de foi dans sa solitude assoiffée, il sait transcrire fidèlement le secret dévoilé. Gloire dont il est le sujet récipiendaire après ce martyr actif qui consiste à poursuivre, capturer et retenir les mots pour les ajuster à la vérité. Grâce à cette traque héroïque la gloire rejaillit sur la personne de l’écrivain, elle se reflète sur lui. Mais la gloire est, en réalité, celle de tous ; elle se manifeste dans la communauté spirituelle que forment l’écrivain et son public et elle la traverse.
La communauté de l’écrivain et de son public, contrairement à ce que de prime abord l’on croit, ne se forme pas après que le public a lu l’œuvre publiée, mais avant, dans l’acte même par lequel l’écrivain écrit son œuvre. C’est alors, en rendant le secret patent, que se crée cette communauté de l’écrivain et de son public. Le public existe avant que l’œuvre ait été ou non lue, il existe depuis le commencement de l’œuvre, il coexiste avec elle et avec l’écrivain en tant que tel. Et seules parviennent à avoir un public dans la réalité les œuvres qui l’avaient depuis le début. Et ainsi l’écrivain n’a pas à se poser la question de l’existence de ce public puisqu’il existe avec lui dès qu’il commence à écrire.
Et cela c’est sa gloire qui toujours arrive en répondant à celui qui ne l’a pas cherchée ni désirée, bien qu’il la propose et l’espère pour transmuer avec elle la multiplicité du temps, consommé, perdu, grâce à un seul instant - unique, compact et éternel.
- Maria ZAMBRANO -
Hacia un saber sobre el alma © Alianza Editorial 2000
(traduction Jean-Marc Sourdillon, revue par Jean-Maurice Teurlay)
09:38 Publié dans écriture | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : écriture, création, art, pensée, réflexion, partage, humain
12/04/2012
On se découvre face à l'adversité.
Son premier mail m'a déroutée. Faut bien dire que je n'ai pas particulièrement de relation avec Jean si ce n'est au travers de Christian et que c'est la première fois que je reçois un mail directement de lui. Pourtant, j'en garde un souvenir diffus quand je l'ai eu au téléphone parce qu'inquiète d'être sans nouvelles de Christian qui ne me donnait plus signe de vie d'un coup d'un seul presque au milieu d'une phrase et que ça ne lui ressemblait guère. A cette époque lointaine, je n'avais pas les moyens de joindre Christian directement, et, sachant que Jean Barbe était son ami, je me suis tournée vers lui, seul à être dans l'annuaire international. Une brève rencontre ponctuée de pleurs d'enfants, il a été chaleureux et disponible, me rassurant d'un "Je vais aux nouvelles, je vous reviens!".
22:50 Publié dans écriture, pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : jean barbe, christian mistral, échange, passion, écriture, amour, amitié, blue, humain
11/04/2012
Au commencement était la mode.
11:47 Publié dans mode | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : mode, écriture, rencontre, beauté, art, partage, humain
10/04/2012
19:25
Je viens de croiser cette pensée au hasard de mes pérégrinations googlesques, elle me percute, je la partage:
"On va toujours trop loin pour les gens qui vont nulle part."
- Pierre Falardeau -
19:25 Publié dans pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : pensée du moment, pierre falardeau, rencontre, québec, christian mistral, partage, humain
Palindrome
Les semaines se suivent et, ont parfois des similitudes. Dimanche dernier autour d'un poulet-frites, on revoyait le dictionnaire et ses nouveaux mots annuels, hier soir pour l'anniversaire de mon petit dernier nous nous sommes organisés de nouveau un bref cours de français. Nous n'étions pourtant qu'à l'apéritif, tranquillement tous les sept à siroter notre élégante coupe de champagne et grignotant des petites saucisses aux herbes fumantes. J'avais, entre une paire de baskets, un jean brut et un livre de poésie visuelle absolument étonnant d'un jeune artiste japonais, offert à Peter un chatoyant recueil d'anagrammes. Nous voilà donc partis sur le sujet, évoquant celle qui m'avait délicieusement chatouillé l'oreille concernant Marie de Tourvel. La chérie de mon cadet étudiante à la faculté de lettres, elle veut être institutrice, en a profité pour nous en faire découvrir quelques autres et nous questionner sur ces mots ou ces phrases qui se lisent de la même manière de gauche à droite que de droite à gauche. "Voyons, comment cela s'appelle-t-il? Je ne me souviens plus? On en a pourtant parlé à Noël dernier?". "Noyon", rétorque Pat. " Oui, noyon en est un..." Re-Google, re les téléphones portables, et une minute aprés à peine, la réponse tombait: Palindrome! Ressasser, engage le jeu que je le gagne, Esope reste ici et se repose, élu par cette crapule, hé,hé, tous les moments sont bons pour apprendre ou se rafraîchir la mémoire. On n'est pas au bout de nos peines avec la langue française!
17:14 Publié dans écriture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mots, écriture, langue française, palindrome, plaisir, partage
15:15
Je sors de mon bain avec cette pensée fixe: pourquoi diable dit-on que ça rend sourd?
15:15 Publié dans Cinéma, pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : quizz, cinéma, art, pensée du moment, écriture, réflexion, partage, humain
On ne badine pas avec l'amour.
"Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière ; et on se dit : “ J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui."
- Alfred de Musset -
11:55 Publié dans art, écriture, état d'âme, poésie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art, écriture, poésie, amour, vie, amitié, passion, partage, humain
09/04/2012
De mon fils à Black Angel et Sandy, d'eux deux à moi.
De mon fils (bon anniversaire mon grand) à Black Angel et Sandy, d'eux deux à moi et de nous tous à vous... Il n'y a pas d'heures pour les braves!
Je vous aime.
17:42 Publié dans art de vivre, réflexion | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : intégrité, avenir, jeunesse, amitié, loyauté, charisme, anniversaire, partage, humain
Anagramme renversante 2*
La vérité
Nul ne peut dire sans contredire qu'il est absolument vrai que la vérité est
relative.
11:03 Publié dans écriture, Livre, poésie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : écriture, livre, poésie, anagramme, plaisir découverte, partage
08/04/2012
Anagramme renversante 1*
Marie de Tourvel
Vérité de l'amour
11:40 Publié dans écriture, Livre, poésie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : anagramme, écriture, poésie, livre, découverte, plaisir, partage
07/04/2012
C.M.
00:08 Publié dans art, Musique, poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : émotion, catherine major, québec, poésie, christian mistral, amour, vie, ouverture, partage, humain
05/04/2012
Le Dialogue entre André Villers et Picasso
- André Villers - Autoportrait -
- Picasso par André Villers -
Mon pylône mon patron mon pilote mon explorateur
Tu as pris de la peinture du papier du charbon de la ficelle et des clous
Y as mêlé de la tôle de la glaise et de la colle
L'as fait cuire avec du ciment de la terre de l'osier des feuilles et du plâtre
Et tu en as fabriqué des pichets des verres des bouteilles des chaises et des guitares
Mon elfe mon apprenti mon navigateur mon géographe
A travers les chaumes et les plages les vagues et les horizons
Les nuages les pluies les épines les écorces et les falaises
Les nervures les duvets et les coquilles les vignes et les racines
Tu révéleras fixeras l'heure et le sourire
Mon minotaure mon Barbe-bleue mon labyrinthe ma spirale
Tu as pris de la peinture des pichets du papier des verres du charbon et des bouteilles
Et tu en as fabriqué des chevaux des taureaux des coqs des chèvres des colombes et des hiboux
Du ciel de la mer des arbres des chevelures des visages et des femmes
Cherchant depuis toujours à trouver sans chercher et trouvant toujours
Mon Thésée mon chat botté mon belvédère mon rayon
A travers les rideaux et les draps les nappes et les vêtements
Les jouets les meubles et les cendriers les miroirs et les bouquets
Les toits la poussière et la fumée les murs et les caves
Tu réveilleras multiplieras le jour et la nuit
Mon berger mon silhouetteur mon éclat mon atelier
Tu as tordu des pichets des bouteilles des guitares des taureaux et des chèvres
Les a pressés avec du ciel des arbres des visages des journaux et des livres
Les as imprégnés de musées de musiques d'histoires de cirques et de lampes à pétroles
Et tu en as extrait du sang du voyage de la cendre des fenêtres et de la fureur
Mon dompteur mon remplisseur mon gong mon laboratoire
A travers le riz la farine le sucre et le pain
La vapeur l'huile et le vinaigre le sel et le safran
Les bruits les cuillers et couteaux moulins et parfums
Tu mijoteras sublimeras la soif et la faim
Mon roc mon port mon phare mon château
Tu as pris des pichets du sang des bouteilles du voyage des guitares et de la cendre
Et tu en as extrait des cornes du soulèvement du silence de la panique des mâchoires et des outils
Des balbutiements des larmes des agonies des charognes des putréfactions et des songes
Perdu depuis toujours dans la mêlée des villes et grattant toujours
Mon tourbillon mon navire mon sémaphore mon observatoire
A travers filtres et sabliers soufflets et pinceaux
Les plis les déchirures et les brûlures les superpositions et les reflets
Les éblouissements les cadres et les caches la patience et l'éclair
Tu guériras embaumeras la guerre et la paix
Mon olivier ma locomotive mon souvenir mon rempart
Tu as sucé du sang de la fureur du soulèvement et de la panique
Les as recrachés à travers des balbutiements des agonies des putréfactions des songes des mensonges et des sciences
Tu y as fait macérer des aegipans des gladiateurs des centaures et des peintres
Et tu en as isolé de la douceur perdue de la découverte et du rire
Mon bourgeon ma vigie mon illumination mon souterrain
A travers les encres et les phrases les cartes et les images
Les cris les explications et les interrogations les sous-entendus et les ironies
Les interprétations les points et les blancs les prémonitions et les nostalgies
Tu découvriras transmettras le silence et le paradis
Mon alphabet mon monument ma résistance mon rameau d'or
Tu as pris du sang de la douceur perdue de la fureur de la découverte du soulèvement et du rire
Et tu en as isolé des cris des chants de la respiration du sommeil du réveil et des coups de chance
Du tonnerre de l'éruption de la fermentation de la germination de la floraison et des astres
Creusant depuis toujours dans le malheur du monde et le refusant toujours
Ma voix ma braise ma patience ma grappe de mercure
A travers le souffle et la salive les lèvres et les articulations
La peau les doigts et les yeux les plaintes et les caresses
La palpitation la souffrance et la fraîcheur la tendresse et la buée
Tu apprivoiseras déchiffreras l'angoisse et le délice
Mon oracle mon foyer mon élocution ma main
Mon empereur des masques tu as revêtu les insultes les ricanements la sottise et la solitude à toute épreuve
Et tu en as distillé les baisers de l'enfance l'alcool de survie le baume des foules
Tu en as délivré le ventre et les yeux questionné les beautés exclues
Né de cette interrogation depuis toujours et mort naissant toujours
Ma perspective mon hublot ma lecture ma paupière
Prince de l'instant alchimiste des ténèbres rouges
A travers geôles bûchers hopitaux charniers et camps
Refus et fièvres colères et suintements calculs et astuces
Tu libéreras transperceras le pourrissement de notre univers
- Michel Butor -
14:54 Publié dans art, photographie, poésie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : art, poésie, photographie, rencontre, partage, humain
04/04/2012
maintenant
J'en ai marre de lutter, en sous-entendu, l'important est d'oeuvrer, le reste est superflu.
23:49 Publié dans pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : être, comprendre, partage, humain
De ses doigts de peau, toucher la peau des choses...
- René Magritte -
" Le peintre, du bout des doigts, caresse ou attaque la toile, l'écrivain scarifie ou marque le papier, appuie sur lui, le presse, moment où le regard se perd, le nez dessus, vue annulée par le contact: deux aveugles qui ne voient que par la canne ou le bâton. L'artiste ou l'artisan, par la brosse ou le pinceau, par le marteau ou la plume, à l'instant décisif, se livre à un peau à peau. Nul n'a jamais pétri, n'a jamais lutté, s'il a refusé la prise de contact, nul n'a jamais aimé ni connu."
- Michel Serres -
09:56 Publié dans art, art de vivre, écriture, philosophie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : écriture, peinture, sens, toucher, michel serres, rené magritte, émotion, partage, humain
02/04/2012
la salle des mots
17:50 Publié dans art, écriture | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cécile rouquié, art, écriture, mots, présence, effet, peinture, partage, humain
01/04/2012
1500 nouveaux mots dans le dico
Nous étions tous réunis une fois de plus autour de la table ovale nappée de lin bistre de notre salle à manger, nous fêtions aujourd"hui les 28 ans de la douce de mon fils aîné. Toujours une belle occasion de montrer à quel point l'amour circule dans cette maison. Pat a fait le poulet, Ed a préféré les frites pour son aimée, la purée c'est pas trop sa tasse de thé, c'est drôle les mots, les expressions... On a parlé de choses et d'autres, on a parlé de livres, de littérature, d'écriture, de mots. J'ai osé au moment du dessert un mot impromptu un peu enivrée par la chaleur humaine doublée de celle du vin. La tarte aux pommes était un peu molle, Pat annonce qu'il a fait l'erreur de la couvrir pour qu'elle reste chaude en la sortant du four. Là, je lui envoir un: " Pour la chaudeur, suffit que tu la laisses à l'intérieur!". Là Peter qui excelle et se gourmandise des mots me dit: " Maman, c'est quoi ce nouveau mot complétement pas possible?", je lui rétorque que je ne sais pas comment il m'est venu mais que voià il répond pour moi à cette notion de maintenir au chaud. " Ah! Tu fais comme Sarko qui après Ségolène invente des nouveaux mots!". Merde, j'ignorais que Nicolas avait créé un mot: "méprisance" que je trouve pour ma part plutôt joli. La conversation s'envole et fait feu de tout bois, voilà mes gars tous les trois avec leurs téléphones portables googlant je ne sais quoi. Là d'un coup Ed. interpelle l'assemblée: " Non, mais vous vous rendez compte, 1500 nouveaux mots dans le dictionnaire 2012! ", là dessus Peter intervient en disant: " Si facebooker entre dans le dictionnaire, je me pends!" Il hait, il déteste facebook, il déteste twitter, tous les trois en reviennent d'ailleurs. "Maman, on peut pas aimer les mots et laisser faire ça!". Non, on peut pas. Ed nous sort la liste des dix nouveaux mots les plus sollicités: cougar, twitt, vuvuzela ( quel boucan pourtant que cet engin là), cagole ( je connaissais pas, j'ignorais complètement ce mot qui désigne une femme provocante et vulgaire), E-learning (sans commentaire), cacou ( mot que j'ai toujours employé depuis plus de vingt longues années), smartphone, bisphénol, caïpirinha. "Caïpirinha!". Ce mot les a mis en émoi. Du coup les voilà tous les trois partis vers les nouveaux mots de 2010 et de nouveau s'étonner: geek, adulescent, chimie verte, réseauter... Quoi, une langue, c'est une langue vivante, normal qu'elle évolue, qu'elle s'enrichisse, qu'elle perde en route de l'inusité. "Vous savez ce qu'est l'alacrité?". Je les aime tous autant qu'ils sont les uns et les autres, ils m'éclatent et font ma fierté. Ils font mon bonheur ces gars là sans le savoir, quand un me cite Molière au petit déjeuner, ou l'autre me parle des Fleurs du Mal de Baudelaire, ou le troisième qui me disait encore il y a à peine deux heures à l'apéro: " Un livre ne remplace pas un film, un livre ça nous emporte bien davantage, on s'en fait des dizaines de films en ne lisant qu'un seul livre, moi le héros d'Harry Potter, Harry, je le voyais roux." Ouf, mille cinq cent mots nouveaux dans le dico, si ça permet d'ouvrir encore le champ d'investigation de nos cerveaux, c'est une bonne nouvelle. Chouette, la relève est assurée.
16:27 Publié dans art de vivre, écriture | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : mots, génération, jeunesse, avenir, langue, dictionnaire, échange, amour, partage, humain
30/03/2012
de passage
" - Oui. On nous oubliera. C'est la vie, rien à faire. Ce qui aujourd'hui nous paraît important, grave, lourd de conséquences, eh bien, il viendra un moment où tout sera oublié, où cela n'aura plus d'importance. Et, c'est curieux, nous ne pouvons savoir aujourd'hui ce qui sera un jour considéré comme grand et important, ou médiocre et ridicule.(...) Il se peut aussi que cette vie d'aujourd'hui dont nous prenons notre parti, soit un jour considérée comme étrange, inconfortable, sans intelligence, insuffisamment pure et, qui sait, même, coupable."
- Anton Tchekov -
10:16 Publié dans écriture, pensée du moment, photographie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : pensée du moment, écriture, tchekov, photographie, laurence guez, blue, vie, sens, partage, humain
28/03/2012
wait and see
00:21 Publié dans pensée du moment | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : il faut prendre des risques, il faut toujours prendre des risques, l'attente est l'un d'eux
27/03/2012
Finger Tutting
J'en suis pas encore là, mais je vais oeuvrer en tout cas pour au moins récupérer l'agilité pour faire ça ou ça, ce genre de petits gestes simples et usuels qui manquent quand on perd l'usage d'un bras. Il y en a beaucoup d'autres. Pour une droitière, le poignet droit est beaucoup plus vigoureux et endurant que le gauche. Je laisse libre court à votre imagination débordante pour deviner pourquoi je serais la plus heureuse des femmes quand je l'aurais complètement récupéré!
L'opération s'est bien passée. Je suis tombée sur un vieil ami anesthésiste que je n'avais pas vu depuis des lustres. Il a pu, tout en me piquant sous l'aisselle droite, me raconter où en était sa vie, ça m'a évité de trop penser à l'aiguille et à la sensation de joute de courant que j'avais le long du bras jusqu'au bout des doigts. Par chance, je bricole en électricité, il s'en rappelait le bougre, alors ce genre de pitchenettes désagréables, je connais: quand on bricole des fils, des dominos et des tableaux électriques, ça fait partie des risques du métier!
A l'heure où j'écris j'ai encore le bras droit qui pése une tonne. Endormi, on est terriblement plus lourd, c'est étonnant, je ne me l'explique pas. Si quelqu'un parmi vous sait pourquoi, je suis preneuse! C'est une sensation toute bizarre que d'avoir au bout du corps un bout mort. Je ne peux m'empêcher de penser: " Et si je reste comme ça?". J'en ai des frissons dans toute l'échine. Mais bon, j'ai suffisamment confiance dans la médecine d'aujourd'hui qui me semble à chaque fois que j'ai eu à l'approcher de près quand même drôlement bien rodée.
En attendant que ma main droite revienne à la vie, je vais réfléchir à ce cadeau de Christian et de la Tribu: l'Ecce Blue, voyons, voyons," Tout ce qui ne tue pas...", fait mal en tabarnak d'après Mistral. C'est vrai... Cette idée que ce qui ne tue pas nous rend plus fort, n'est pas si juste au fond. Certains événements dans la vie qui ne tuent pas peuvent nous entamer profond et nous rendre plus fragile. Je crois que ce qui est à tenter c'est d'en tirer un enseignement. Ce qui ne tue pas donne du rab, ouvre des perspectives, tuera peut-être la prochaine fois mais en tout cas nous permet de rester vivant, vaille que vaille! J'aime trop la vie pour mourir trop vite. Tout ce qui ne tue pas vaut la peine d'être vécu, non?
19:04 Publié dans art de vivre, réflexion | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : art de vivre, main droite, mort, douleur, christian mistral, médecine, guérison, partge, humain