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14/06/2010

clavier bien tempéré!

 

 

06/05/2010

défifoto

 

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Une photo qui regroupe en elle tout du défifoto, le mouvement le regard la vitesse la lumière la couleur la passion plus qu'avouée du repreneur, le voyage l'échange. Alors pour tous les amateurs de cet ensemble de données il existe un nouvel endroit une sorte d'association de bienfaiteurs de l'image, une aventure commencée depuis des mois et crée par elle reprise par lui, !

A nos objectifs! A nos regards respectifs!

 

03/05/2010

petite histoire d'art africain

 

Ça remonte à un bail maintenant, c'était peut-être bien il y a dix ou douze ans, je ne sais pas trop le situer dans le temps, la mémoire me joue des tours quant aux dates mais moins quant aux émotions... J'ai rencontré Alain tout à fait par hasard semble-t-il, en fait c'est plutôt lui qui est tombé sur moi. Il sillonnait la France à l'époque avec une mallette bourrée de lunettes, uniquement des lunettes de soleil de toute sorte pour dames et messieurs des sobres des show-off montures écailles ou couleurs vives des petites rondes et des grandes papillonesques, de drôles de binocles aussi parfois de designers japonais ou des étrangetés d'outre-manche le genre arty qu'affectionnent certains anglais exentriques, une vraie caverne d'Ali-baba d'accessoires qui créent le mystère et protégent aussi du soleil, c'est d'ailleurs sans doute pour l'aspect soleil qu'il avait choisi ce produit là.

Il n'avait rien d'un représentant de commerce ordinaire, du genre commercial de choc complétement habité par sa camelote, il était plutôt réservé et énigmatique. Quand nos routes se sont croisées, je me passionnais d'art africain et je commençais timidement à en présenter dans mon espace galerie, j'étais complétement néophyte mais cela m'attirait grandement... C'est l'aspect symbolique et primitif qui me parlait, des objets qui me remuaient inconsciemment. Il est entré chez moi pour une poupée Ashanti du Ghana " Akwaba", m'a parlé pendant des heures de sa symbolique de son importance et des ses bienfaits, j'étais abasourdie par toute sa culture mais plus encore par l'amour qui brillait dans ses yeux, c'est là que j'ai appris son métier qui n'avait pas le moindre rapport à mes yeux avec la conversation que nous venions d'avoir, il est resté deux heures et à réapparu trois mois plus tard pour voir... Pour voir si j'avais progressé dans mes recherches d'aprés ses dires, un collectionneur m'avait déposé un masque Kanaga si interpellant que je l'ai toujours en ma possession, les danses tribales de ces masques sont d'une intensité telle et leur graphisme si puissant que je n'ai jamais pu m'en séparer...

 J'ai voulu en savoir plus sur lui, sur son parcours, sur sa vie. Trois voies le passionnaient plus que tout, les femmes, le jazz et l'art africain. Les femmes d'ailleurs rejoignaient sa dernière passion les préférant noires sans doute comme il me disait pour fuir l'image de son dragon de mère et puis leur nature animale plus féline, le jazz parce qu'une musique des tripes émotionelle, et l'art africain depuis toujours il n'en savait plus l'origine exactement, mais tout jeune il bossait dur pour pouvoir s'offrir des piéces rares des sculptures du Gabon de Côte-d'ivoire du Mali du Ghana d'Ethiopie aussi, il n'a eu de cesse de se construire une collection étonnante et particulièrement belle. Je l'ai vu une fois dans son entiéreté, j'étais subjugée, un ordonnancement recherché raffiné et une telle beauté dans tous ces objets usuels ou de cultes, renversant. C'est chez lui aussi que j'ai vu la plus grande réserve de disques vynils de jazz avec leur pochette d'époque dans le jus... Deux à tois fois par an on s'est vu comme ça pour parler pendant des heures palabrer partager s'ouvrir l'un à l'autre à nos propres sensations face à cet art si riche et si remuant. Il a épousé une ivoirienne qui lui a donné deux magnifiques enfants, mais il souffrait, je le sentais de plus en plus, de cette trop grande discordance entre son métier et sa passion, toujours cette loyauté paternelle, il faisait ce que son père avait fait, représentant de commerce le plus drôle dans l'histoire c'est que son papa c'était des parapluies!

Il est arrivé un jour pourtant, plus fébrile qu'à l'ordinaire, complétement en émoi:

- Hélène, il me veut me céder sa galerie!

- De qui parles-tu donc?

- Tu sais bien, ce vieux galeriste parisien devenu un mentor pour moi, plus que passionné d'Afrique et qui a rédigé plein d'ouvrages sur le sujet, mon père spirituel en quelque sorte!

- Oh! Lui! Et bien accepte, c'est un honneur et puis c'est inespéré, c'est toujours ce que tu as rêvé de faire si je ne m'abuse.

- Mais tu te rends compte, j'ai plus de cinquante ans, deux petits à charge, pas de notion de commerce dans l'art et puis j'ai peur, doit-on accomplir ses rêves, et que va dire mon père!

- Diable! Ton père ne pourra qu'être fier de toi, pas besoin de notion de commerce pour parler d'art tu as la passion chevillée au ventre et la connaissance de plus de trente années de recherche, tu es un autodidacte certes mais c'est justement ta force et ce qui fait de toi un regard unique et nouveau sur tout ça, et puis entre nous Alain, si à plus de cinquante ans tu ne vis pas la vie à laquelle tu aspires depuis tout petit, c'est pas une fois grabataire que tu vas pouvoir le faire...

- Mais les finances, je fais comment pour l'argent, pour démarrer, pour y aller...

- Tu empruntes un petit pécule, tu t'arranges avec celui qui veut de toi comme successeur, tu te sépares d'une partie de ta collection et surtout tu arrêtes les lunettes et de te mettre des oeillères, it's time!

Je l'ai plus vu pendant prés de deux années, et puis j'ai reçu un jour un carton d'invitation pour un vernissage 

 

 

POUPEES ASHANTI 

Les poupées en Afrique


" Suivant les ethnies la poupée tient un rôle différent et possède une fonction sociale bien définie :
La fécondité féminine est la base de la société africaine en assurant, au-delà de la famille, la survie et la continuité de la communauté.
Les cultes ayant pour but la fécondité des femmes sont donc nombreux, et pour favoriser la grossesse et surtout afin qu'elle se déroule sans problème, des représentations féminines stylisées sont souvent utilisées.
Elles représentent de façon très stylisée les formes du corps féminin. La composition de ces statuettes est toujours la même : une tête en forme de disque surmonte un long cou annelé et un corps schématique de forme cylindrique avec des seins saillants. Deux prolongements horizontaux, plus ou moins coniques, figurent les bras. Elles sont souvent ornées de perles;
Poupées réputées pour favoriser la fertilité des femmes elles sont portées dans le dos par les jeunes filles avant le mariage. Il s'agit de poupées, ou plus précisément, d'effigies sacrées, “liturgiques”, qui figurent la beauté féminine. Elles sont sculptées avec un très grand soin, parées d'ornement et même habillées.
Selon les ethnies, leur rôle peut parfois être sensiblement différent :
Ainsi aux Akwaba des Ashanti et des Fante on demandera d'accompagner la grossesse jusqu'à son terme. Les femmes enceintes les portent sur le dos, enroulées dans leur vêtement. Leur fonction est également de favoriser la naissance d'un bel enfant qui aura les qualités esthétiques de la statuette : une belle tête, un long cou. Après avoir joué leur rôle, les Akwaba sont souvent placées sur les autels.
Les Akwaba sont des effigies féminines, les femmes Akan étant particulièrement désireuses d'avoir une fille pour assurer la descendance familiale."

 

Le symbole était fort, l'appel du pied aussi, j'y suis allée, et j'ai retrouvé là un homme épanoui heureux comblé entouré de passionnés de sa superbe femme et de ses enfants, un homme vivant.

- Merci.

- C'est moi qui te remercie, j'ai tant appris au cours de nos conversations de nos échanges, j'ai voyagé et me suis ouverte davantage encore avec toi, on s'est entraidé en quelque sorte.

Il est des rencontre qui prennent plus d'importance que d'autres, il en est même qui changent complétement le cours d'une vie. J'ai toujours gardé une pensée émue pour cet homme qui est maintenant un des experts en art africain des plus confirmés et qui a toujours su gardé cette simplicité et cet engouement cette fraîcheur dans sa passion intacte. Il est comme cela dans une existence des individus qui vous marquent et vous révélent, une rencontre d'autant plus forte qu'elle est réciproque.

Akwaba siginfie " bienvenue" en dialecte twi, parlé au Ghana.

02/03/2010

l'étincelle dépose

 

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- William Turner -

 

 

" J'admets que l'intuition raisonne et dicte des ordres dès l'instant que, porteuse de clefs, elle n'oublie pas de faire vibrer le trousseau des formes embryonnaires de la poésie en traversant les hautes cages où dorment les échos, les avant-prodiges élus qui, au passage, les trempent et les fécondent."

- René Char -

 

 

 

24/02/2010

appétit

 

J'ai envie de rire à gorge déployée, envie de lumière d'insouciance envie de vivre de mordre d'éructer de jouir, envie de m'en mettre plein les mirettes plein les pavillons plein les ventricules plein la vulve, j'ai envie d'aérer mes cellules de leur faire prendre le large l'air, de leur donner du nouveau grain à moudre, envie de m'embraser de sentir chaque parcelle de ma chair vibrer, envie de chanter l'amour de le faire de le réinventer, envie de sauvage de déraisonnable d'audace d'ardeur de liqueur, j'ai envie d'intense et de brûlant, d'aventure de romanesque de sang de vigueur d'expressif d'afflux et d'affolement, j'ai envie d'aspirer d'ouvrir d'exprimer, envie de puissance de douceur aussi, j'ai envie de toi.

 


 

25/01/2010

Vincere

 

Vincere de Marco Bellochio, interpellant, Giovanna Mezzogiorno y est stupéfiante...

 

 

23/01/2010

In love!

 

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Je ne sais pas si c'est la note de Terrible sur l'amour bruyant, l'air humide de Paris ou le salon de la mode qui me donne l'âme voyageuse et légère, amoureuse et musicale, c'est tout de même assez rare disons en l'état, mais là j'ai le coeur dansant d'une jeune fille en fleurs, comme une écolière qui vient d'avoir son premier flirt à la boum du Vendredi soir chez sa meilleure copine. Tout de même Hélèna à ton âge, tu pourrais éviter le syndrome Peau d'âne, Alice aux pays des merveilles ou Cendrillon, et cesser séance tenante de faire ta Belle au bois dormant... c'est que je n'en ai pas du tout l'intention, je me délecte de cet état de grâce et compte bien en profiter même si ça peut paraître ridicule et puéril! Evidemment mon entourage n'en croit pas ses yeux et écarquille grand les mirettes mais bon j'assume de faire la cuisine en chantant, de tournoyer un pas sur deux, de sautiller comme un cabri, et d'avoir ce sentiment si exaltant de m'envoler à chaque instant...

 

 

19/01/2010

un hémisphère dans une chevelure

 

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- Toile de Théodore Chassériau -

 

 

" Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l'odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l'eau d'une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l'air.

Si tu pouvais savoir tout ce que je vois! tout ce que je sens! tout ce que j'entends dans tes cheveux! Mon âme voyage sur le parfum comme l'âme des autres hommes sur la musique... "

- Charles Baudelaire -

 

 

 

18/08/2009

passionnément

 

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" Bienheureux les fêlés, car ils laissent passer la lumière."

- Michel Audiard -

 

 

 

11/08/2009

Naguib Mahfouz

«La souffrance a son côté de joie, le désespoir a sa douceur et la mort a un sens.»

- Naguib Mahfouz -

 

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9782253063278FS.gifJ'ai toujours beaucoup aimé Naguib Mahfouz, et après avoir lu il y a quelques années déjà sa trilogie traitant de la vie contemporaine du Caire, vraiment particulièrement palpitante à mon sens et riche d'enseignement, j'ai dévoré La Quête et La belle du Caire, deux romans qui m'ont traversée par la qualité de l'écriture et par la justesse fine et aboutie de l'analyse des relations humaines et des sentiments.
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9782757803882.jpgCe deuxième roman de Naguib Mahfouz, l'Amante du pharaon était resté jusqu'en 2005 inédit en France. Publié en arabe en 1943, il m'a séduite, pas insensible du tout à l'atmosphère des Milles et une Nuits, des contes et légendes de contrées lointaines. Difficile de résumer ce livre en quelques lignes, cela ne lui rendrait pas l'hommage qu'il mérite. En faire une simple histoire d'amour entre un pharaon Mérenrê II et une courtisane de toute beauté Rhodopis est un peu trop raccourci car ce roman est bien plus dense.
Les rapports humains sont au coeur du livre qui nous entraîne le long du Nil. Le temps d'une année, le pharaon découvrira l'amour la violence de la passion, et en oubliera son peuple. Cela ne pourra lui être pardonné.
La langue de Mahfouz est fleurie et raffinée, ses personnages évitent toujours le piège de la caricature et le tragique de ces destinées nous laisse essouflés une fois le livre refermé. Un roman à lire pour être dépaysé, pour traverser tous les cercles des passions humaines et en ressortir ébloui par la maîtrise du romancier à manipuler ses personnages. En suis encore imprégnée...

podcast
 - Anouar Brahem - Conte de l'incroyable amour - Etincelles -

 

 

 

 

25/05/2009

Roger Planchon

 

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Quand il évoquait sa mort, Roger Planchon disait : "Le jour où je crèverai." Il préférait ce mot qu'on employait - le même pour les bêtes et les gens - dans cette Ardèche pauvre, dure et paysanne où il avait passé son enfance. Le metteur en scène, acteur, cinéaste et grand animateur, au sens où Jean Vilar l'entendait, a donc "crevé" mardi 12 mai, à Paris. Il était chez lui et lisait une pièce de théâtre. Il s'est senti fatigué. Il s'est alité. Son coeur l'a lâché. C'était fini. Son fils Stéphane a annoncé la nouvelle en disant : "Il est parti en travaillant."

Un grand Monsieur vient de nous quitter. Alex en parle très bien, .

28/04/2009

Vois sur ton chemin


 

En écho à la note de Maxime , sur le film " les choristes " que j'avoue avoir beaucoup aimé ...

Et aussi , une pensée amicale pour Gaétan et son grand coeur...

 

 


21:02 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : musique, espoir, passion, enfance

14/04/2009

Jazz

 

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J'aime le jazz, et depuis longtemps. Toute jeune, j'écoutais Louis Armstrong, et puis Dizzy Gillespie , toujours adoré Billie Holliday et Shirley Horn, sa chanson Here's to life, je ne me lasse pas de l'entendre. Et puis tant d'autres depuis, Bill Evans, Chet Baker, Erroll Garner, Thelonious Monk, Miles Davis, Diana Krall, Brad Mehldau..., la liste est longue, je vais pas tous les citer là .


podcast
   Shirley Horn - Here's to life -

 

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J'aime dans le jazz, l'émotionnel, et cette sorte de spontanéité. J'aime cette musique libre et sensuelle, puissante, charnelle. Une exposition consacrée au jazz , Quai Branly , à voir si vous passez à Paris, d'abord pour la beauté de ce musée et puis pour l'amour de l'art.




podcast
   Miles Davis - Tutu -

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A lire, avec plaisir ...

01:17 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : musique, expo, art, passion

13/04/2009

livres

 

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" Une bibliothèque est une chambre d'amis ."

- Tahar Ben Jelloun -

 

 

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07/04/2009

miam...

 

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645px-Sucre_blanc_cassonade_complet_rapadura.jpgJ'adore cuisiner, mes amis par-delà les océans et puis les autres apprécieront cette recette je pense, une sorte de carbonnade, tous les ingrédients me semblent aussi facilement trouvable icitte qu'à Québec, on utilise pas mal la bière et la vergeoise, miam...

Vous m'en direz des nouvelles !

 


 

"I est d'jà six heures, v'là l'soir qui quait,
Ch'est l' momint d'alleumer l' quinquet,
Tout i arluit dins m' pétit' cuisine,
Y a plain d'iau caud' dins ein' bassine,
L'infant i est bin amicloté,
Les poul's i z'ont eu leu paté,
A ch't' heure ej' vas pouvoir m'assir,
Y a des quauchett's à rassarssir.
I fait chi bon, cha sint l' fricot,
Y a du mouton aux z'haricots.
Ch'est l' pus biau momint dé l' journée,
Cha m' fait drôl', j' sus tout' artournée,
J'ai des catouilleux dins tout l' corps,
Ch'est com' si qué fréquentos cor.
Jé l' rattinds com' ein' amoureus' ;
Sitôt qu'i arrif', j'é m' sins heureus'.
I dit si bin : Bonjour tiot' quette
In m' faisant des bais' à bouquette.
Vous n' pinsez point qu' pou un ménach',
Ch'est biau, après dix ans d' mariach' ? "

- Tendresse - de Renée Pierre-Lambert -

 

 

 

16/03/2009

Brancusi

" Ceux qui appellent mon travail abstrait sont des imbéciles. Ce qu’ils appellent abstrait est en réalité du pur réalisme, celui qui n’est pas représenté par la forme extérieure, mais par l’idée, l’essence de l’œuvre. "

- Constantin Brancusi -

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Brancusi.jpgConstantin Brancusi est né en Roumanie en 1876, dans un petit village d’Olténie aux pieds des Carpates, au sein d’un monde rural et archaïque. Très jeune il quitte son village natal et, en 1894, entre à l’Ecole des arts et métiers de Craïova où il est admis l’année suivante dans l’atelier de sculpture puis dans celui de sculpture sur bois. En 1898, il entre à l’Ecole des Beaux-arts de Bucarest. En 1904, il traverse une partie de l’Europe pour rejoindre Munich, où il s’arrête quelque temps à la Kunstakademie, avant d’arriver à Paris le 14 juillet .

Dès son arrivée à Paris, il poursuit sa formation à l’Ecole des Beaux-arts dans l’atelier d’un sculpteur académique reconnu : Antonin Mercié. En 1906-1907, diplômé des beaux-arts, il expose au Salon d’Automne. Auguste Rodin, président du jury, remarque son travail et lui propose de devenir metteur au point dans son atelier. A cette époque Rodin jouit d’une reconnaissance internationale et près de cinquante assistants travaillent pour lui.

Un mois dans l’atelier de Rodin lui suffit pour estimer qu’« il ne pousse rien à l’ombre des grands arbres ». Suit une période difficile pour définir son propre engagement d’artiste : « Ce furent les années les plus dures, les années de recherche, les années où je devais trouver mon chemin propre ».

 

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Brancusi_themuse.jpgUne profonde différence dans leur relation au monde sépare les deux sculpteurs. Rodin est un créateur au sens démiurgique du terme. Il impose au chaos de la matière, c'est-à-dire à la terre qu’il modèle, une forme. La taille directe dans la pierre ou le bois ne l’intéresse pas (elle n’est même plus enseignée au sein des académies). Des assistants réalisent en marbre ou en bronze ce qui a été créé en terre ou en plâtre par l’artiste.
Brancusi, quant à lui, est issu d’un monde archaïque et d’une tradition millénaire de la taille du bois. Pour le sculpteur, « c’est la texture même du matériau qui commande le thème et la forme qui doivent tous deux sortir de la matière et non lui être imposés de l’extérieur ».
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C’est une différence essentielle avec Rodin, car Brancusi ne se présente pas comme un créateur mais comme un intercesseur capable de révéler au sein du matériau qu’il utilise « l’essence cosmique de la matière ». Dans le choix préalable de son bloc de pierre ou de bois, Brancusi perçoit par avance, dans la spécificité du matériau, la présence de la sculpture.

La reconstitution de son atelier par Renzo Piano au centre Pompidou est remarquable .

 

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« Ce n’est pas la forme extérieure qui est réelle, mais l’essence des choses. Partant de cette vérité, il est impossible à quiconque d’exprimer quelque chose de réel en imitant la surface des choses », il est profondément ancré dans une pensée qui structure tout l’art du vingtième siècle, depuis Kandinsky, Mondrian ou Malevitch, jusqu’à Yves Klein, Richard Serra ou les artistes minimalistes américains des années soixante.
L’artiste minimaliste américain, Carl Andre, dans sa sculpture intitulée 144 Tin Square, composée de 144 carrés d’étain de même dimension disposés au sol pour former un carré, dira n’avoir fait que mettre à plat La Colonne sans fin de Brancusi.
La sérialité potentiellement infinie des Colonnes et l’importance que Brancusi accorde à la perception de l’espace dans lequel ses œuvres s’inscrivent définiront une grande partie de la sculpture contemporaine à partir des années cinquante.

artwork_images_141111_388404_constantin-brancusi.jpgAu début du siècle Brancusi partage l’intérêt de ses contemporains pour la Théosophie. Cette doctrine, selon laquelle l’homme est tombé de l’ordre divin dans l’ordre naturel et tend à remonter vers son état premier, est très répandue dans les milieux artistiques. Cette pensée influence des artistes comme Kandinsky, Kupka ou Piet Mondrian.

 

Brancusi est aussi l’ami intime de Marcel Duchamp, d'Erik Satie, de Fernand Léger, de Man Ray ou de Tristan Tzara. En 1912, il visite avec Duchamp et Léger le Salon de la Locomotion Aérienne à Paris. Devant une imposante hélice d’avion, Duchamp leur demande si un artiste aujourd’hui est capable de faire une œuvre aussi belle et pure que cette hélice. A cette époque Brancusi a commencé le cycle des Oiseaux, thème qu’il développera jusqu’à obtenir un pur élan ascensionnel. Cette anecdote montre aussi comment sa sculpture, qui fait référence à des sources anciennes et intemporelles, peut entrer en correspondance avec la modernité. La beauté des objets produits par l’industrie passionne cette génération d’artistes du début du 20e siècle.

Autre correspondance avec la modernité : en 1926, lors de son premier voyage à New York, Brancusi souhaite ériger une Colonne sans fin monumentale au cœur même de Central Park. En 1956 c’est une Colonne haute de 400 mètres qu’il souhaitera réaliser à Chicago.

 

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Brancusi_kiss.gifDepuis l’unique atelier du 8 impasse Ronsin, jusqu’à l’ensemble des ateliers du numéro 11 tels qu’ils ont été légués par l’artiste avant sa mort, Brancusi a accordé une importance capitale à la relation de ses sculptures avec l’espace qui les contient.

Dès les années dix, en disposant des sculptures dans une étroite relation spatiale, il crée au sein de l’atelier des œuvres nouvelles qu’il nomme groupes mobiles, signifiant ainsi l’importance du lien des œuvres entre elles et les possibilités de mobilité de chacune au sein de l’ensemble.

En 1922, Brancusi n’a pu se rendre à New York pour l’exposition Exhibition Contemporary French Art où vingt-et-une de ses sculptures sont exposées. Des photographies de la présentation de ses œuvres lui sont envoyées. Disposées contre les murs et mélangées à celles d’autres artistes, elles lui apparaissent comme des objets inertes tant elles ont perdu leur capacité d’expansion dans l’espace. Cet incident le conforte dans l’idée que l’atelier est un espace privilégié pour l’élaboration et la perception de ses sculptures.

A partir des années vingt, l’atelier devient le lieu de présentation de son travail et une œuvre d’art à part entière, un corps constitué de cellules qui se génèrent les unes les autres. Cette expérience du regard à l’intérieur de l’atelier vers chacune des sculptures pour constituer un ensemble de relations spatiales conduit Brancusi à remanier quotidiennement leur place pour parvenir à l’unité qui lui parait la plus juste.

A la fin de sa vie, Brancusi ne produit plus de sculptures pour se concentrer sur leur seule relation au sein de l’atelier. Cette proximité devient si essentielle, que l’artiste ne souhaite plus exposer et, quand il vend une œuvre, il la remplace par son tirage en plâtre pour ne pas perdre l’unité de l’ensemble.

 

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07:15 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : art, sculpture, passion