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15/04/2012

conviction intime

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- Sculpture Bernard Lancelle -

 

 

Je suis ce que je fais de moi.

 

 

14/04/2012

De l'écriture

 Ecrire, c’est défendre la solitude dans laquelle on se trouve ; c’est une action qui ne surgit que d’un isolement effectif, mais d’un isolement communicable, dans la mesure où, précisément, à cause de l’éloignement de toutes les choses concrètes le dévoilement de leurs relations est rendu possible.

            Mais c’est une solitude qui nécessite d’être défendue, ce qui veut dire qu’elle nécessite une justification. L’écrivain défend sa solitude en montrant ce qu’il trouve en elle et uniquement en elle.

            Mais pourquoi écrire si la parole existe ? C’est que l’immédiat, ce qui jaillit de notre spontanéité, fait partie de ces choses dont nous n’assumons pas intégralement la responsabilité parce que cela ne jaillit pas de la totalité de nous-même ; c’est une réaction toujours urgente, pressante. Nous parlons parce que quelque chose nous presse et que la pression vient du dehors, d’un piège où les circonstances prétendent nous pousser ; et la parole nous en libère. Par la parole nous nous rendons libres, libres à l’égard du moment, de la circonstance assiégeante et immédiate. Mais la parole ne nous recueille pas, pas plus qu’elle ne nous crée ; au contraire, un usage excessif de la parole produit toujours une désagrégation ; grâce à la parole nous remportons une victoire sur le moment mais bientôt nous sommes à notre tour vaincus par lui, par la succession de ceux qui vont soutenir notre attaque sans nous laisser la possibilité de répondre. C’est une victoire continuelle qui, à la fin, se transforme pour nous en déroute.

            Et c’est de cette déroute, déroute intime, humaine - non pas d’un homme en particulier mais de l’être humain, que naît l’exigence d’écrire. On écrit pour regagner du terrain sur la déroute continuelle d’avoir longuement parlé.

            La victoire ne peut se  remporter que sur le lieu de la déroute, dans les mots eux-mêmes. Ces mêmes mots auront, dans l’écriture, une fonction différente; ils ne seront pas au service du moment oppresseur ; ils ne serviront pas à nous justifier devant l’attaque du momentané, mais, partant du centre de notre être, en reconnaissance, ils iront nous défendre devant la totalité des instants, devant la totalité des circonstances, devant la vie entière.

            Il y a dans l’écriture le fait de retenir les mots, comme dans la parole il y a celui de les lâcher, de se détacher d’eux, qui peut être le fait de les laisser se détacher de nous. Au moment de l’écriture, les mots sont retenus, appropriés, assujettis au rythme, marqués au sceau de la domination humaine de celui qui ainsi les manie. Et cela, indépendamment du fait que celui qui écrit se préoccupe des mots, qu’il les choisit et les place consciemment dans un ordre rationnel connu. En dehors de ces préoccupations, il suffit d’être celui qui écrit, d’écrire  à cause de cette intime nécessité de se délivrer des mots, de l’emporter totalement sur la déroute subie, pour que cette rétention des mots ait lieu. Cette volonté de rétention se rencontre dès le début, à la racine même de l’acte d’écrire et constamment elle l’accompagne. Les mots alors entrent, précis, dans le processus d’une réconciliation de l’homme qui les lâche en les retenant, de celui qui les prononce avec une générosité pleine de mesure.

            Toute victoire humaine doit être une réconciliation, les retrouvailles d’une amitié perdue, une réaffirmation après un désastre où l’homme a été la victime ; victoire dans laquelle il ne pourrait y avoir humiliation de l’adversaire, parce qu’elle ne serait alors pas une victoire ; c’est-à-dire une manifestation de la gloire pour l’homme.

            Et c’est ainsi que l’écrivain cherche la gloire, la gloire d’une réconciliation avec les mots, anciens tyrans de sa faculté de communiquer.  C’est la victoire d’un pouvoir de communiquer. Parce que l’écrivain exerce non seulement un droit requis par une tenaillante nécessité, mais également un pouvoir, une puissance de communication qui accroît son humanité, qui porte l’humanité de l’homme jusqu’aux frontières récemment découvertes, aux frontières de l’humain, de l’être de l’homme et de l’inhumain - celles où l’écrivain arrive lorsqu’il est victorieux dans sa glorieuse entreprise de réconciliation avec les mots si souvent trompeurs. Sauver les mots de leur vanité, de leur vacuité, en les durcissant, en les forgeant durablement, c’est ce but que poursuit, même sans le savoir, celui qui véritablement écrit.

            Parce qu’il y a une manière d’écrire en parlant - lorsqu’on écrit “ comme si on parlait ” ; on doit se défier de ce “ comme si ” puisque la raison d’être de quelque chose doit être la raison d’être de cette chose et seulement de celle-là. Et faire une chose “ comme si ” elle était une autre lui enlève et lui sape tout son sens, et jette alors l’interdit sur sa nécessité.

Ecrire ce n’est ni plus ni moins que le contraire de parler ; on parle dans l’urgence d’une nécessité momentanée, et en parlant nous nous constituons prisonniers de ce que nous avons énoncé tandis que dans l’acte d’écrire résident libération et permanence - la libération ne se trouve que lorsque nous arrivons à quelque chose de permanent.

            Sauver les mots de leur instantanéité, de leur être transitoire et les conduire par notre réconciliation vers le perdurable, c’est la tâche de celui qui écrit.

            Mais les mots disent quelque chose. Qu’est ce que l’écrivain désire dire et pourquoi désire-t-il le dire ? Pourquoi et pour qui ?

            Il désire dire le secret ; ce qui ne peut se dire à haute voix à cause de la trop grande charge de vérité qu’il renferme ; les grandes vérités n’ont pas l’habitude de se dire  en parlant. La vérité de ce qui se passe dans le sein secret du temps, c’est le silence des vies, et il ne peut se dire. “ Il y a des choses qui ne peuvent se dire ”, cela est certain. Mais ce qui ne peut se dire, c’est ce  qu’il faut écrire.

            Découvrir le secret et le communiquer, ce sont les deux stimulants qui meuvent l’écrivain.

            Le secret se révèle à l’écrivain pendant qu’il l’écrit et non pas s’il le dit. La parole ne profère de secrets que dans l’extase, en dehors du temps, dans la poésie. La poésie est le secret parlé, qui exige d’être écrit pour se fixer mais non pas pour se produire. C’est avec sa voix que le poète dit le poème, le poète a toujours une voix, il chante ou il pleure son secret. Le poète parle, retient dans le dire, mesurant et créant dans le dire avec sa voix les mots. Il se délivre d’eux sans les faire taire, sans les réduire au seul monde visible, sans les effacer du son. Mais l’écrivain les grave, les fixe sans voix désormais. Et c’est parce que sa solitude est différente de celle du poète. C’est dans sa solitude que le secret se découvre à l’écrivain, non pas tout d’un coup, mais dans un devenir progressif. Il découvre le secret dans les airs et il lui faut fixer ses traits pour achever, enfin, pour embrasser la totalité de sa figure... Et ce, bien qu’il possède un schéma préalable à la réalisation ultime. Le schéma lui-même dit qu’il fallait le fixer dans une figure ; le recueillir trait après trait.

            Désir de dévoiler, désir irrépressible de communiquer le dévoilé ; double “ aiguillon” qui poursuit un homme faisant de lui un écrivain. Qu’est ce que cette double soif ? Quel être incomplet est-il celui qui produit en lui-même cette soif qui ne s’étanche qu’en écrivant ? Seulement en écrivant ? Non ; seulement dans l’acte d’écrire puisque ce que l’écrivain poursuit, est-ce l’écrit ou bien quelque chose qui s’obtient grâce à l’écrit?

            L’écrivain sort de sa solitude en communiquant le secret. Donc ce n’est plus le secret lui-même, connu de lui, qui le comble puisqu’il est nécessaire de le communiquer.. Serait-ce alors cette communication ? Si c’est elle, l’acte d’écrire est seulement un moyen et l’écrit l’instrument que l’on se forge. Mais ce qui caractérise l’instrument, c’est qu’on le forge en vue de quelque chose, et ce quelque chose est ce qui lui confère sa noblesse et sa splendeur. L’épée est noble parce qu’elle a été faite pour le combat et sa noblesse grandit si elle a été forgée avec raffinement sans que cette beauté formelle ne retire rien à sa vocation première : d’avoir été formée pour le combat.

            L’écrit est également un instrument pour cette soif inextinguible de communiquer, de “ publier ” le secret trouvé et ce qu’il a de beauté formelle ne peut lui ôter sa vocation première : produire un effet, faire que quelqu’un apprenne quelque chose.

            Un livre, tant qu’on ne le lit pas, est seulement un être en puissance, tout autant en puissance qu’une bombe qui n’a pas explosé. Et chaque livre doit avoir quelque chose d’une bombe, d’un événement qui en se produisant menace et met en évidence, bien que ce soit seulement par son tremblement, la fausseté.

            Comme quelqu’un qui lance une bombe, l’écrivain jette hors de soi, de son monde, et, par conséquent, de son atmosphère contrôlable, le secret découvert. Il ne sait pas l’effet qu’il va produire, ce qui va résulter de sa révélation et il ne peut pas non plus le dominer avec sa volonté. Mais c’est un acte de foi, comme le fait de poser une bombe ou de mettre le feu à une ville ;  c’est un acte de foi comme de lancer quelque chose dont la trajectoire n’est pas pour nous maîtrisable.

            Pur acte de foi donc que l’écriture, et même davantage, dans la mesure où le secret révélé ne cesse pas d’être secret pour celui qui le communique en l’écrivant. Le secret se montre à l’écrivain, mais ce n’est pas pour autant qu’il se rend explicable pour lui ; autrement dit, il ne cesse de demeurer un secret pour lui comme pour quiconque, et peut-être pour lui seulement puisque le sort de celui qui se heurte le premier à une vérité est de la trouver pour la montrer aux autres et que ce sont eux, ceux qui forment son public, qui en démêlent le sens.

            Acte de foi, l’écriture, et comme dès qu’il s’agit de foi, de fidélité. L’écriture demande la fidélité plus que toute autre chose. Etre fidèle à ce qui demande à sortir du silence. Une mauvaise transcription, une interférence des passions de l’écrivain détruiront la fidélité due. Et c’est ainsi qu’existe cet écrivain opaque qui interpose ses passions entre la vérité transcrite et ceux à qui il va la communiquer. 

C’est que l’écrivain n’a pas à se poser lui-même comme sujet bien que ce soit de lui-même qu’il tire ce qu’il écrit. Extraire quelque chose de soi-même est tout le contraire de se poser soi-même comme sujet. Et si le geste d’extraire de soi avec assurance fait naître l’image juste parce qu’elle est transparente à la vérité de l’écrit, poser avec une inconscience vaine ses propres passions devant la vérité, la ternit et l’obscurcit.

            Fidélité qui, pour être atteinte, exige une totale purification des passions qui doivent être réduites au silence afin de faire place à la vérité. La vérité nécessite un grand vide, un grand silence où elle puisse se loger, sans qu’aucune autre présence ne se mêle à la sienne, qui la défigurerait. Celui qui écrit, pendant qu’il le fait, doit faire taire ses passions et surtout sa vanité. La vanité est un gonflement de quelque chose qui n’est pas parvenu à être et se gonfle pour recouvrir son intériorité vide. L’écrivain vaniteux dira tout ce qu’il doit taire à cause de son défaut d’envergure, tout ce qui, faute d’exister vraiment, ne doit pas être manifeste et, pour le dire, il fera taire ce qui doit être manifesté, le fera taire ou le défigurera par son entremise vaniteuse.

            La fidélité crée en celui qui la garde, la solidité, l’intégrité de son être même. La fidélité exclut la vanité qui consiste à s’appuyer sur ce qui n’est pas, en ce qu’elle est elle-même le vrai. Et la vérité est ce qui ordonne les passions, sans leur arracher leurs racines, les fait servir, les met à leur place, la seule où elles peuvent soutenir l’édifice de la personne morale qui se forme avec elles, par l’œuvre de la fidélité à l’égard de ce qui est véritable.

            Ainsi l’être de l’homme qui écrit se forme dans cette fidélité avec laquelle il transcrit le secret qu’il publie, étant le fidèle miroir de sa figure, sans permettre à la vanité de projeter son ombre, qui la défigure.

            Parce que si l’écrivain révèle le secret, ce n’est pas par l’œuvre de sa volonté, ni par son désir d’apparaître lui, tel qu’il est (c’est-à-dire qu’il n’arrive pas à être) devant le public. C’est  qu’il existe des secrets qui exigent par eux-mêmes d’être révélés, publiés.

            Ce qui se publie l’est pour quelque chose, pour que quelqu’un d’unique ou au contraire un nombre élevé de personnes, parce qu’ils l’ont su, vivent en le connaissant, pour qu’ils vivent d’une autre façon après l’avoir appris ; pour libérer quelqu’un de la prison du mensonge ou du brouillard de l’ennui qui est un mensonge vital. Mais on ne peut peut-être pas parvenir à ce résultat s’il est désiré pour lui-même, par philanthropie. Seul libère celui qui, indépendamment du fait qu’il le prétende ou non, a le pouvoir de le faire, mais en revanche si l’on n’a pas ce pouvoir, il ne sert à rien de le prétendre. Il y a un amour impuissant qui s’appelle philanthropie. “ Sans la charité, la foi qui transporte les montagnes ne sert à rien ” disait St Paul ; mais aussi : “ La charité est l’amour de Dieu ”.

            Sans la foi, la charité se réduit à un impuissant désir de libérer nos semblables d’une prison dont nous ne pressentons même pas la sortie, à l’issue de laquelle nous ne croyons même pas.

            Seul donne la liberté celui qui est libre. “ La vérité vous rendra libres ” . La vérité, obtenue par le biais de la fidélité purificatrice de l’homme qui écrit.

            Il est des secrets qui demandent à être publiés et ce sont eux qui visitent l’écrivain, profitant de sa solitude, de son isolement effectif qui lui fait éprouver la soif. Un être assoiffé et solitaire, c’est ce dont a besoin le secret pour se poser sur lui, lui demandant, puisqu’il lui donne progressivement sa présence, qu’il le fixe par la parole en traits permanents.

            Solitaire à l’égard de lui-même et des hommes mais aussi des choses puisque ce n’est que dans la solitude que s’éprouve la soif de vérité que comble la vie humaine. Soif également de rachat par une victoire sur les mots qui nous ont échappé en nous trahissant. Soif de vaincre par la parole les instants vides qui ont fui, cet échec incessant de nous laisser aller selon le temps.

            Dans cette solitude assoiffée, la vérité - même occultée - apparaît, et c’est elle, elle-même qui demande à être manifestée. Qui l’a vue progressivement apparaître, ne la connaît pas s’il ne l’a pas écrite, et il l’écrit pour que les autres la connaissent. C’est qu’en réalité, si elle se montre à lui, ce n’est pas à lui en tant qu’individu déterminé mais en tant qu’individu du même genre que ceux qui doivent la connaître ; et elle se montre à lui, profitant de sa solitude et de son désir, du silence dans le vacarme de ses passions.  Mais ce n’est pas à lui, à proprement parler, qu’elle se montre puisque si l’écrivain connaît selon qu’il écrit, et qu’il écrit pour communiquer aux autres le secret découvert, ce à quoi elle se montre en vérité c’est à cette communication, cette communauté spirituelle que forment l’écrivain et son public.

            Et cette communication de l’occulte qui se fait à tous grâce à l’écrivain, c’est la gloire, la gloire qui est la manifestation de la vérité cachée jusqu’à présent, qui dilatera les instants en transfigurant les vies. C’est la gloire que l’écrivain espère même s’il ne le dit pas et qu’il atteint lorsque, écoutant plein de foi dans sa solitude assoiffée, il sait transcrire fidèlement le secret dévoilé. Gloire dont il est le sujet récipiendaire après ce martyr actif qui consiste à poursuivre, capturer et retenir les mots pour les ajuster à la vérité. Grâce à cette traque héroïque la gloire rejaillit sur la personne de l’écrivain, elle se reflète sur lui. Mais la gloire est, en réalité, celle de tous ; elle se manifeste dans la communauté spirituelle que forment l’écrivain et son public et elle la traverse.

            La communauté de l’écrivain et de son public, contrairement à ce que de prime abord l’on croit, ne se forme pas après que le public a lu l’œuvre publiée, mais avant, dans l’acte même par lequel l’écrivain écrit son œuvre. C’est alors, en rendant  le secret patent, que se crée cette communauté de l’écrivain et de son public. Le public existe avant que l’œuvre ait été ou non lue, il existe depuis le commencement de l’œuvre, il coexiste avec elle et avec l’écrivain en tant que tel. Et seules parviennent à avoir un public dans la réalité les œuvres qui l’avaient depuis le début. Et ainsi l’écrivain n’a pas à se poser la question de l’existence de ce public puisqu’il existe avec lui dès qu’il commence à écrire.

            Et  cela c’est sa gloire qui toujours arrive en répondant à celui qui ne l’a pas cherchée ni désirée, bien qu’il la propose et l’espère pour transmuer avec elle la multiplicité du temps, consommé, perdu, grâce à un seul instant - unique, compact et éternel.

                                                           

 

  - Maria ZAMBRANO -

Hacia un saber sobre el alma © Alianza Editorial 2000

(traduction Jean-Marc Sourdillon, revue par Jean-Maurice Teurlay)


 

10/04/2012

15:15

Je sors de mon bain avec cette pensée fixe: pourquoi diable dit-on que ça rend sourd? 

 

26/03/2012

Réjouissance

 

 

" La plus constante marque de sagesse, c'est une constante réjouissance."

- Michel Eyquem de Montaigne -

 

 

25/03/2012

"Il nous reste à inventer d'inimaginables nouvelles idées"

 

"Oui, depuis quelques décennies je vois que nous vivons une période comparable à l'aurore de la Paideia, après que les Grecs apprirent à écrire et démontrer ; semblable à la Renaissance qui vit naître l'impression et le règne du livre apparaître ; période incomparable pourtant, puisqu'en même temps que ces techniques mutent, le corps se métamorphose, changent la naissance et la mort, la souffrance et la guérison, les métiers, l'espace, l'habitat, l'être-au-monde...

Face à ces mutations, sans doute convient-il d'inventer d'inimaginables nouveautés, hors les cadres désuets qui formatent encore nos conduites, nos médias, nos projets adaptés à la société du spectacle. Je vois nos institutionsluire d'un éclat semblable à celui des constellations dont les astronomes nous apprirent qu'elles étaient mortes depuis longtemps déjà...

Je voudrais avoir dix-huit ans, l'âge de Petite Poucette et de Petit Poucet, puisque tout est à refaire, puisque tout reste à inventer. Je souhaite que la vie me laisse assez de temps pour y travailler encore, en compagnie de ces Petits, auxquels j'ai voué ma vie, parce que je les ai toujours respectueusement aimés."

 

- Michel Serres -

 

 

23/03/2012

s'enrichir

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" Apprendre, c'est déposer de l'or dans la banque de son esprit."

- Shad Helmstetter -

 

l'éducation est un droit non un luxe

 

07/03/2012

Journée de la femme... dans 23 minutes!

 

 

13/02/2012

colère, rage, impuissance

 

Quand trop, c'est trop! Quand le sort s'acharne! Quand une tuile en cache une autre, une bonne colère contre le destin fait du bien! Qu'ai-je donc fait au bon Dieu pour mériter ça? Meeerde! Hé,hé, ma mère me disait plus jeune que c'était une manière pour lui de nous mettre à l'épreuve! Et bien, c'est réussi! Merci Seigneur! Cette saleté de gel, non content de m'avoir pris un bras pour quelques semaines - l'infirmière m'a fait rire ce matin, elle disait qu'il n'y a que les gamins qui se cassent le poignet à l'envers, comme ça m'est arrivé, ça leurs arrivent surtout en sautant d'arbre en arbre - voilà qu'il provoque un dégât des eaux dans la boutique qui vient d'être finie mettant à mal le parquet tout neuf! Sigh! Fuck! J'ai beau me dire que j'aurais pu me briser une vertèbre, genre, et que le feu aurait pu détruire mon outil de travail, c'est d'abord la colère qui est venue la première, une colère rageuse d'impuissance! 

C'est rare qu'elle pointe son nez chez moi mais quand elle est là, je rugis comme un vieux fauve blessé qu'on oublie dans sa cage! Fuck et re-meeerde! Fichtre! Mon lacher-prise est mis à mal! Merci le cadeau de St Valentin! Ras le bol, ras la casquette, marre de chez marre d'avoir des couilles à la place des ovaires! Voudrais être une fragile petite chose d'un coup, quelqu'un qu'on sur-protège, qu'on dorlote, à qui on ne dit pas les choses telles qu'elles sont de peur de la blesser, de lui faire du mal... La colère ça rend bête, je dis n'importe quoi, je supporterais même pas ça une demi-seconde! Il n'y a pas mort d'homme, c'est que de la matière, on va réparer tout ça et puis on va oublier, la nature humaine est bien faite à ce qu'il parait!

Fuck! Hé,hé, ça soulage de l'écrire et de le crier à tue-tête au fond de sa salle de bains! Fuck, Fuck et re-re fuck! Vulgaire mais efficace! Maaaaaaaaaaaarre!!! Marre, marre! Bon, bon, bon, je me calme, je souffle un grand coup, je positive! Mon bras est devenu schtroumpf, les bleus finissent par sortir, z'ont mis le temps! J'ai épongé mon sol du bras gauche qui va bientôt ressembler à celui de Popeye, sans le tatouage et une fois de plus la crise passée, je relativise! De quelle matière faut-il donc être pour faire face au pire du pire? Je me pose la question et je souris, je n'ai pas la réponse. On s'apprend empiriquement, on se découvre dans le temps et on s'étonne de pouvoir traverser le pire comme le meilleur, l'un en espérant ne plus le croiser sur son chemin et l'autre en ayant peur de le perdre. Tout va s'arranger, voilà le re-doux qui revient! Misère!

 

 

11/02/2012

percevoir la beauté

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podcast

- Violin Partita 2 en D Minor, J.S Bach -

 


 
Un froid 
matin de janvier, un homme assis à une station de métro de Washington DC a commencé à jouer du violon. Il a joué six morceaux de Bach pendant environ 45 minutes. Pendant ce temps, comme c’était l'heure de pointe, il a été calculé que des milliers de personnes sont passées par la gare, la plupart d'entre elles en route vers leur travail.

Trois minutes se sont écoulées et un homme d'âge moyen a remarqué qu’un musicien jouait. Il a ralenti son rythme, a arrêté pendant quelques secondes, puis se précipita pour respecter son horaire.

Une minute plus tard, le violoniste a reçu son premier dollar : une femme jeta de l'argent dans l’étui de son violon et, sans s'arrêter, a continué son chemin.

Quelques minutes plus tard, quelqu'un s'adossa au mur pour l'écouter, mais l'homme a regardé sa montre et a repris sa marche. Il est clair qu'il était en retard au travail.

Celui qui a apporté le plus d'attention à la prestation musicale fut un petit garçon de 3 ans. Sa mère l’a tiré vers elle, mais le garçon s’est arrêté pour regarder le violoniste.

Enfin, la mère a tiré plus fort et l'enfant a continué à marcher en tournant la tête tout le temps. Cette action a été répétée par plusieurs autres enfants. Tous les parents, sans exception, les forcèrent à aller de l'avant.

Durant les 45 minutes que le musicien a jouées, seulement 6 personnes se sont arrêtées et sont restées à l’écouter pendant un certain temps. Environ 20 lui ont donné l'argent, mais ont continué à marcher à leur rythme. Il a recueilli 32 $. Quand il finit de jouer et que le silence se fit, personne ne le remarqua. Personne n'applaudit, ni n’exprima quelque reconnaissance que ce soit.

Personne ne savait cela, mais le violoniste était Joshua Bell, l'un des meilleurs musiciens au monde. Il a joué l'un des morceaux les plus difficiles jamais écrits, avec un violon une valeur de 3,5 millions de dollars.

Deux jours avant sa prestation dans le métro, Joshua Bell joua à guichets fermés dans un théâtre de Boston où un siège coûtait en moyenne 100 $.

C'est une histoire vraie. Joshua Bell joua effectivement incognito dans la station de métro

Cet événement a été organisé par le Washington Post dans le cadre d'une expérience sur la perception, les goûts et les priorités des gens. L’énoncé était: dans un environnement commun à une heure inappropriée sommes-nous en mesure de percevoir la beauté?

Nous arrêtons-nous pour l'apprécier? Savons-nous reconnaître le talent dans un contexte inattendu?
L'une des conclusions possibles de cette expérience pourrait être: si nous n'avons pas un moment pour nous arrêter et écouter un des meilleurs musiciens au monde jouant la meilleure musique jamais écrite, combien d'autres choses manquons-nous ? 


- Vincent Breton -  


* A voir chez Mc Comber, la vidéo de l'événement: poignant. 
 
 
 
 
 
 
 
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10/02/2012

septième jour

Déjà sept jours que je vis et me meus sans bras droit. Le quotidien est beaucoup plus compliqué mais je commence à m'organiser et surtout à accepter qu'on fasse pour moi des gestes simples: me mettre mes chaussettes, m'enlever certains vêtements récalcitrants, me hacher menu les aliments solides dans l'assiette (vive le pâté chinois!), m'ouvrir les bouteilles de jaja, me fermer mon sac, écrire à ma place, laver à ma place, cuisiner à ma place, ranger à ma place, fermer la portière et l'ouvrir à ma place, c'est fou le temps que ça me donne pour réfléchir de ne plus agir!

Hier, j'ai pris le train pour Paris, quelle sinécure, les vibrations de l'engin faisait écho dans ma chair endolorie, c'était infernal. J'ai subi. Arrivée à la gare, un homme plutôt jeune et plutôt pas mal s'est jeté sur moi:

- Madame, madame!

- Pardon?

- Vous êtes une actrice, n'est-ce-pas?

- Non, non, pas vraiment, je suis commerçante dans le Vieux-Lille.

- Je ne vous crois pas, je suis sûr et certain de vous avoir vu à la télé,vous voulez bien me mettre un petit mot sur ce bout de papier, je ne manque jamais une de vos apparitions vous savez...

- Ben, c'est que là, lui montrant mon bras en écharpe, ça va pas être possible!

- Oh! Je suis infiniment désolé, je n'avais pas remarqué! Je vous prie de m'excuser.

Décidement, la vie est pleine de surprises. La douleur lancinante s'est estompée, elle ne s'exprime que la nuit. J'ai pas encore trouvé la bonne position pour ne pas me réveiller! Avant mon départ pour la gare, un infimier est venu me faire mon soin quotidien, la veille s'était une infimière aguérrie qui n'a pas moufté à la vue de mes cicatrices, lui semblait tout chose, il osait çà peine passer les compresses de peur de me faire mal, je l'ai encouragé. Il a pris de l'assurance et en me remettant ma bande avec ses gants seconde peau sur les mains il a coincé le bout d'un doigt dans le sparadrap qui ferme l'enrobage. Il tirait comme un malade pour l'en extirper et là j'ai poussé un cri de sioux tant ma douleur au poignet était fracassante! Il est devenu blanc comme un linge, il était tout retourné, il a fallu qu'il s'assoit pour reprendre ces esprits et enfin quitter son gant qu'ensuite il a coupé! Quelle histoire!

Ce qui m'amuse le plus avec ce nouvel handicap et cette posture napoléonienne, ce sont les différentes réactions de mes congénères. Il y a ceux qui se moquent gentiment et qui rient. Il y a ceux qui prennent une mine déconfite : " Ma pauvre!". Il y a ceux, très nombreux, qui ont eu une belle-mère qui a eu la même chose au même endroit et qui a souffert le martyre, " Et je vous dis pas après! Un supplice!", celles qui ont eu un Jules qui n'a amais recalcifié et à qui il a fallu prélevé des cellules souches dans la crête illiaque pour les réinjecter dans le bras afin de fabriquer de l'os nouveau qui n'a jamais été bien fiable, et ceux qui ont bien connu quelqu'un qui n'a jamais récupéré l'agilité de son poignet et qui a souffert d'atroce arthrose tout le reste de sa vie. Ceux qui vous remontent le moral, en fait! Et puis il a ceux à qui ça dénouent la langue et qui vous parlent de tous leurs petits malheurs et déboires de la semaine sans penser un instant que vous avez eu votre lot!

De toutes les rencontres que j'ai pu faire depuis cette chute fatidique, c'est celle de Monique qui m'a le plus marquée. Dans un cadre professionnel, cette belle femme d'âge mûr m'a été envoyée pour nous faire à mes collaboratrices et moi, une formation informatique. J'ai vite remarqué qu'elle avait un faux bras gauche et je me suis vraiment demandée comment elle arrivait à être aussi agile et précise dans tous ses mouvements. Au cours de nos moults conversations, j'ai appris qu'elle était née pas terminée avec un avant-bras manquant, elle n'a jamais su ce que c'était d'avoir deux bras! L'ayant méjugée un peu vite, lui trouvant un narcissisme exarcerbé, j'ai révisé ma copie avec mon bras immobilisé, j'ai pu prendre conscience de son parcours et de sa ténacité et je m'en suis voulue de mes réactions à l'emporte pièce de gamine gâtée!

Ma main gauche continue sa formation accélérée, mon lacher-prise commence à faire de l'effet, et je tente de plus en plus de remplacer par les mots les gestes, bien obligé. Ce qui finalement m'est considérablement profitable! Reste que quand on me demande ce que je désire, je réponds: "un bras" et que toutes les nuits je me rêve en shiva. Sinon, on va dire que ça va!

 

 

16/01/2012

Rage de vivre

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Sortir de moi cette rage indulgente qui macère comme un vieil alcool de fruits mûrs. M'extraire. Embraser mes reins au feu de ce que je veux faire. M'exprimer. Arriver à crier, à exiger, à ne plus être gentille, ne plus craindre mon besoin de puissance. Tenter ma vérité. Atteindre la sérénité du travail accompli avec toute la violence qu'il importe. Rager, rugir, roussir, rattraper au vol les minutes perdues à me blottir apeurée dans ma propre cervelle pour ne pas avoir à voir, à ressentir, à subir. Appréhender l'existence dans tous ses multiples, me frotter au pire, m'offrir au meilleur. Dégainer mes sens. M'aventurer. Atteindre l'extase de l'ombre comme celui de la lumière. Goûter le monde. Me corrompre, m'étonner. Redevenir sauvage. Éructer. Respirer. Adorer. M'emballer. Me passionner. Déchirer. Ne plus craindre de souffrir. Agir. Étendre mon grand corps, le dépasser, aller au-delà de mes chimères, caresser mes rêves, dégommer les frontières, écrire. Donner du champ à l'esprit. Vaincre.

Il faudrait pouvoir tout vivre.

 

05/01/2012

Brève sémiologie du vêtement

Jalel El Gharbi offre à notre réflexion aujourd'hui ce texte sur la communication au travers du vêtement et plus spécialement du niquab:

 

" Le propre du vêtement n'est pas de couvrir la nudité, mais de la sublimer. Les parties du corps ne sont plus que leur galbe ou des formes géométriques. Réduire le vêtement à un voile, c'est réduire e corps à ses parties honteuses. Un vêtement n'est pas un cache-sexe, encore qu'il existe de beaux ous-vêtments. le propre du vêtement est d'être doté d'un coefficient beauté, d'être une touche personelle, de cacher mais également de laisser voir. le vêtment est métaphorique: corolle comme pour une fleur, plis comme pour une rose. Il laisse voir un mollet, un bras, la naissance d'une poitrine qu'il donne pour un tout. la mini-jupe couvre plus que le voile. la mini-jupe suggère que les jambes se prolongent indéfiniment, le niquab laisse voir une nudité couverte. En cela, je trouve que rien n'est plus impudique que le niquab."

 

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Le niquab me paraît une abérration et j'ai du mal à comprendre qu'on puisse imposer cela aux femmes. D'autant qu'il est parfaitement à l'opposé de ce que préconise à longueur de journée au travers du métier que j'exerce. Celles qui décident d'elles-mêmes de se protéger du monde ainsi sont pour moi une sorte d'énigme. Tout comme Jalel le dit au début de son texte, je pense le vêtement comme outil de sublimation mais pas uniquement. Le vêtement est pour moi un moyen d'exprimer sa personnalité, un moyen d'entrer en contact avec le monde. Il protège bien sûr, du froid, de la pluie, du soleil, dans son aspect le plus pragmatique, mais au-delà de cela il permet à chaque individu de créer son style et de donner à voir une partie de ce qu'il est, de suggérer, de séduire aussi. Le niquab me fait peur. Je ne sais si c'est l'impudeur qu'il inspire qui me met mal à l'aise ou si c'est la négation par le corps de ce que peut-être un individu dans toute sa splendeur et son unicité, en l'occurence, là, une femme! Il me semble être une invention rétrograde, anhilante et sans humanité. Pour moi, il est l'anti-thèse totale de ce que peut être un vêtement, il empêche d'exister.

 

 

02/01/2012

Mes dix résolutions pour 2012

- Ecrire, écrire davantage, ne pas laisser passer cette chance de me dire. Travailler.

- Apprendre plus encore, ouvrir mon esprit, échanger, partager, lire.

- Comprendre avant de juger, être moins réactive, plus lestée, moins encombrée.

- Aimer, encore et toujours et de toute mes forces.

- Profiter de ce qui m'est offert, de ce que j'engendre, de ce que je crée pour aller plus loin encore, progresser.

- Tenter de lever le pied sur le jaja!

- Continuer à prendre soin de moi, continuer ce long apprentissage d'amour et d'amitié avec moi-même, m'accepter, m'étirer, prendre des risques.

- Mieux écouter, tendre l'oreille, observer, permettre à tous mes sens de capter l'autre, sa différence, sa richesse, son resenti.

- M'épanouir sexuellement, m'aventurer, m'ouvrir davantage, m'abandonner, m'enrichir, prendre de l'amplitude.

- Donner mieux.

 

01/01/2012

réflexions autour de l'art de bloguer

  

Pourquoi je blogue, pourquoi tu blogues, pourquoi nous bloguons? Qu'est-ce que ce média et cette possibilité de s'exprimer qui s'offre à nous nous apporte? En quoi est-ce fascinant, enrichissant, perturbant, révélateur, accaparant? Pourrions nous ne pas bloguer? Que trouve-t-on dans cette relation particulière au monde?

 

 

26/12/2011

Du rêve

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" Le rêve procède à une véritable déconstruction de l'univers du dormeur et à une fabrication de "mondes possibles". Autrement dit, le rêve est un inlassable fabricant d'hypothèses. C'est là sa principale dynamique. Il puise évidemment ses matériaux dans l'expérience du rêveur, ses perceptions, ses pensées, ses souvenirs, ses problèmes surtout! Il fragmente ces matériaux en éléments discrets et les recombine en assemblages nouveaux qu'il présente au dormeur comme des scènes vécues, ainsi que l'on projetterait un film. De là, cette sensation d'étrangeté. Il est à la fois expérience intime, mais aussi externe puisque le rêve est perception."

- Tobie Nathan - La nouvelle interprétation des rêves -





18/12/2011

Expérience

 

 

Que ferions-nous à la place de Monsieur Despaul?

 

 

30/11/2011

art de vivre

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24/11/2011

Sans sortir de moi

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- Peintures Aborigènes -

 

" M'approprier le monde par le moyen symbolique qui consiste à s'y promener, vivre dans des décors nouveaux pour élargir mes perspectives mentales et rompre la filière du calendrier, étancher certaine soif tant cérébrale qu'affective."

- Michel Leiris -

 

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- Peintures Aborigènes -

 

" Il y a des moments qu'on peut appeler des crises et qui sont les seuls importants dans la vie. Il s'agit des moments où dehors semble brusquement répondre à la sommation que nous lançons du dedans, où le monde extérieur s'ouvre pour qu'entre notre coeur et lui s'établisse une soudaine communication.

- Michel Leiris -

 

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- Peinture Aborigène -

 

" Or, ce n'est ni dans la nature, ni au-delà de la nature que le Merveilleux existe, mais intérieurement à l'homme, dans la région la plus lointaine en apparence, mais sans doute en réalité la plus proche de lui-même, celle dont les territoires échappent à cette atroce féodalité des causes qui déciment ses fiefs humains à grands coups d'édits rationnels et de potences pragmatiques. Car le Merveilleux n'est autre que le feu brûlant au coeur de l'homme, la lueur imaginaire d'absolu qu'il tire de son essence et qu'il projette sue les ternes événements dont les effluves se font jour jusqu'à ce qu'il est convenu d'appeler son esprit, par les pores de son corps. Il est aussi l'attrait puissant qu'exerce l'inexplicable, la poussée impérieuse qui fait souvent préférer la gratuité à toute espèce d'explication, la force primitive de l'esprit, enfin, celle qui se manifeste bien avant que se soit encore formé l'esprit critique, et qui peut trouver son origine que dans les profondeurs de l'inconscience ou dans la nuit des temps.

- Michel Leiris -

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- Peintures Aborigènes -


 


podcast

- Saturne sans anneaux- Catherine Major - paroles Christian Mistral -

 

 

 

19/11/2011

exister c'est co-exister*

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- Auto-portrait de Françis Bacon -

 

" Nous employons constamment dans la vie courante le verbe "se tourmenter", sans d'ailleurs suffisamment prendre garde à tout ce qu'implique ici la forme pronominale; car "se tourmenter" c'est vraiment être son propre tortionnaire. En réalité, rien n'est plus important que de s'interroger sur ce paradoxe, c'est-dire de se demander comment il peut se faire que nous devenions dans certains cas -et cela de façon la plus active- notre propre ennemi. Cette possibilité ne peut-être qu'enracinée profondément dans notre structure."

- Gabriel MarcelEn exergue de "Sylvia au bout du rouleau ivre" de Christian Mistral -



* Du même auteur, Gabriel Marcel