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08/09/2010

La sphinxogenèse bleue

 

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Le groom céleste, qui la conduisit

Jusqu'au fil tranchant du funambule,

La tenait, encore graine, dans la paume de sa main.

Lui seul avait chronométré ce jour des hautes conjonctions,

Quand les autres étaient tapis,

Derrière leurs verrous, tout grelottants!

Il criait, en voyant la canne du danseur aveugle

Déchirer l'abîme de l'éclipse:

"Solalune! Solalune! Solalune!"

Quartiers ouverts aux orbes des germinations!

Et la canne d'enfanter ses courbes,

Dans la posture de tant  d'éveils.

Princesse bleue, dansez-moi votre inchoative venue!

Ô quenouilles des rencontres!

Tramez de désir,

Chantez à loisir

Cette sphinxogenèse si féline!

C'est d'elle la grande fêlure,

Passage bleu-gris

De constellations habitant leurs maisons,

Aux lancers de nos tarots.

Vole cri, vole,

Jusqu'aux cimes,

Pour la dire,

Cette semence

Ivre de rosée

Qui se souvient de son âme phréatique!

Elle glissera sur les arbres,

Comme un duvet d'épi solaire.

"Elle naît, elle naît!" dirent les bardes.

Clameurs d'élans libres.

Ils l'annoncèrent,

S'offrant dans le parfum

Qui, à jamais, la dessine

Avec cette canne accordéon ouverte en horizons.

Sa  danse ailée

Lui rappelait le galop des glaçons

Dans son verre ivre 

Du  martèlement des gouttes de pluie

Sur le clavier des arbres souriant

En tourbillons feuillus.

Ils l'accueillaient, ELLE,

Se continuant en élytres

De feux d'être,

En élytres de larmes

Eclairant l'eucalyptus de la gare,

Jusqu'au point où la valise du départ

Se posa en bris qui séparent,

En sanglots  de mouchoirs

Là où, torride, le vent  la reçoit encore,

Sous les toits abandonnés, depuis bien des saxifrages.

Ah! sabliers de mes douleurs,

Tailles de mes silex érigés

En sarments calligraphes!

Récitez-lui vos serments

Pour qu'elle surgisse et revienne de ses mots morts,

Fille bleue grisée  d'éclipses!

 

- Mokhtar El Amraoui -


  

 

21/08/2010

Fidélité

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 - toile d'Egon Schiele -

 

 

Dans leur chambre de toute une vie, ils éteignirent.

Au lit, ils s'étreignirent.

En souriant, ils s'éteignirent!

 

- Mokhtar El Amraoui -

 

 

 

16/08/2010

Rap des hommes rapaillés


" Y a pas d'poésie en prison

Les mots sont des bêtes farouches

J'peux pas sauter le mur du son

J'ai des barbelés dans la bouche."

 

- Christian Mistral -

 

 

 

J'ai des barbelés dans la bouche...

J'ai des barbelés plein la bouche!

Tant de couleuvres à avaler.

Encore...

 

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Le monde est noir puis le monde est blanc

le monde est blanc puis le monde est noir

entre deux chaises deux portes

.          .            .     ou chien et loup

un mal de roc diffus rôdant dans la carcasse

le monde est froid puis le monde est chaud

le monde est chaud puis le monde est froid

mémoire sans tain

des années tout seul dans sa tête

homme flou, coeur chavirant, raison mouvante

 

Comment faire qu'à côté de soi un homme

porte en son regard le bonheur physique de sa terre

et dans sa mémoire le firmament de ses signes

 

Beaucoup n'ont pas su, sont morts de vacuité

mais ceux-là qui ont vu je vois par leurs yeux

 

- Gaston Miron -

 


toujours et encore cette pluie...

 

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Poursuite de la pluie

 

Il y a des jours moroses

Où je rencontre la pluie

Les épaules recourbées

Ruisselantes sous les trombes

Je demeure dans l'attente

D'un soleil à venir

D'une étoile à cueillir

D'un espoir à chérir

 

- Andrée Chedid -

 

 

 

12/08/2010

Rayons de feu

 

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Soleil,

Toi qui te noies chaque jour

Et réveilles inlassablement mon ombre,

Sur les marches des heures,

Ton silence de feu

M’habille d’une chaude nudité

Assoiffée d’écumes et d’algues abyssales.

Tu couronnes la colombe bleue,

Ma muse, qui a détrôné l’oubli !

Mes mains tournesols

Lui tressent une mémoire inca

Où baigne, pour elle, le vent des flûtes

Qu’appelle le roucoulement des fleuves

Chantant leurs chaudes mélodies.

 

- Mokhtar EL Amraoui -

 

 

29/07/2010

La symphonie errante

 

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Je cherche mes rallonges telluriques,

Mes incommensurables sphères

Dans les dilatations de l’exil,

L’ombre ivre de ma soif

Dans la sècheresse de l ’arôme somnambule.

Je cherche mes imprécations

Creusant les sillons du retour

Contre les serres des vautours,

Ton ombre aux aguets

De cet éveil cinglant,

Erection du soleil

A la symphonie errante du dromadaire !

Je cherche le râle éclaté

De mes vertèbres-lyres en délire,

S’étouffant de leurs notes déportées,

Mes soupirs tonnant de bleus fuyants

Dans l’inatteignable voyage

De ce papillon qui s’éreinte

En poursuites trébuchantes,

Au-delà de ses rêves brisés !

Je rêve de comètes,

D’astres flamboyants,

De méduses-lunes

Ouvertures transparentes

Des inextinguibles profondeurs !

Je rêve, muet,

Dans la soif de tes pas,

Sur les sables du voyage

Auquel je t’invite vers les prairies rouges

Et leurs feux bleus !

Ô muse de mon départ !

Astre scintillant

Sur les lèvres ouvertes des vagues !

Il n'y a plus de toits !

Pluie d’encens rouge

Sur tes seins embaumés

Dans le linceul de l’extase des rencontres crépusculaires !

Viens de mes reviens fatigués !

Je te prêterai les ailes immaculées

De mes Icare exilés.

Je te montrerai

L’axe de l’impact pluriel,

L’agonie du cogito carnivore,

Manteau d’erreurs spectrales !

Viens !

Accroche-toi aux tiges sans amarres

De cette forêt éclatée !

Reviens de mes viens

Qui valsent dans l’aube

Des intraduisibles fermentations !

Nous écrirons la grandeur du menu moineau,

Echeveau des sens triangulés !

Cet azur qui nous appelle

Nous retrace dans nos fibres de nouveau-nés !

Reviens,

Au commun des immortelles mésanges assoiffées !

Je te composerai,

Sur le clavier des escaliers,

Une symphonie qui te mènera

Jusqu’à mon perchoir d’exilé!

 

- Mokhtar El Amraoui -

 

 


25/07/2010

La passante

 

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Hier, j'ai vu passer, comme une ombre qu'on plaint,
En un grand parc obscur, une femme voilée :
Funèbre et singulière, elle s'en est allée,
Recélant sa fierté sous son masque opalin.

Et rien que d'un regard, par ce soir cristallin,
J'eus deviné bientôt sa douleur refoulée ;
Puis elle disparut en quelque noire allée
Propice au deuil profond dont son coeur était plein.

Ma jeunesse est pareille à la pauvre passante :
Beaucoup la croiseront ici-bas dans la sente
Où la vie à la tombe âprement nous conduit;

Tous la verront passer, feuille sèche à la brise
Qui tourbillonne, tombe et se fane en la nuit ;
Mais nul ne l'aimera, nul ne l'aura comprise.

 

- Emile Nelligan -

 


17/07/2010

réponse à Sire de Chambley

 

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J'ouvre les yeux suis réveillée

et suis tout ouïe et tout ouverte

à recevoir ton amour

fiévreusement qui sonne

 

Fenêtre ouverte seins au grand air

mon corsage de soie une déchirure

ma robe glisse déjà j'ouvre et découvre

que tu me voies entière et nue

 

Mon coeur fontaine attend que tu t'abreuves

ma bouche s'humidifie source

Approche donc ta main sens-le battre pour toi

approche et touche touche-moi

encore

des yeux

 

Les rideaux de mon lit sont décrochés profite

à ton aise viens le réchauffer

mon dos brûlant d'amour

prête et offerte

 

mes bras pour t'enlacer

mes seins pour te bercer

ma lèvre rose pour te saisir

mes jambes pour mieux te prendre

mes genoux tremblants

mes cuisses puissantes

 

Viens donc mon roi inonder sans te tarir

l'abîme que nul ne peut ouvrir

dans les chauds trésors de mon ventre

tréfonds de mon intime.

 

 

 

 

14/07/2010

murmures derrière les murs...

 

- Toile de Bernard Pouchin - technique mixte -

 

L’emmurée

Derrière ce mur tout blanc,
Je devine la nuit de tes lèvres,
Le voyage de ton désir ligoté
Dans ta langue enflammée
Qui éclate dans le fracas
De ton appel que tu ravales,
Au creux des cris de tes supplices !
Murs ! Murs ! Murs ! Murs !
Naissance de soleils arrêtée !
Derrière ce mur tout blanc,
Dans ta nuit ambulante,
Tu deviens, impuissante,
Paquets de marbres,
Silences, peurs et soumissions !
Derrière ce mur, bien loin des arbres,
D’autres murs, sous terre,
T’enserrent, t’enterrent
Dans les  spirales, tout en vaines prières,
De tes silences de momie !
Bouquets de braises endormies
Que seul le souffle de l’amour, ma belle,
Pourra rallumer en une infinité d’ailes !

- Mokhtar El Amraoui -

 

 

09/07/2010

Agapi mou

 

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- Atelier Eliette Graf -

 

 

" Mon coeur, oiseau du désert a trouvé son ciel dans tes yeux.

Ils sont le berceau du matin, ils sont le royaume des étoiles.

Leur abîme engloutit mes chants.

Dans le ciel immense et solitaire laisse moi planer.

Laisse moi fendre ses nuages et déployer mes ailes dans son soleil."

 

- Rabindranàth Tagore -

 

 

04/07/2010

ode à l'oued, l'invitation au voyage...

 

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Chagrin d’oued



Ne pleure pas Joumine, *
Oued de mes dix ans !
Mon ombre se dessine,
En haillons lumineux, sur tes étoiles.
Ne pleure pas !
Cette poupée, fée de lyre,
Danse sur les  lames de l’horizon,
Tranches de nuit
Que tu bois dans tes ivresses,
Oraison des séparations.
Ton supplice qui atteint mes lèvres
S’agrippe à mon cou et le serre
Comme un chant solitaire
De vin bu à tes naissances.
Il me baigne de lauriers jusqu’à l’absence.
Danse,  mais danse donc, mon oued !
Chasse au loin cette affreuse mine morose !
Reprends ton cours heureux !
Regarde, sur tes doigts roses,
S’est posée  une colombe bleue !
Ecoute ses caresses !
Ce train pour lequel clapote
Le mouchoir de ton onde
Ne reviendra plus !
Ô ne pleure pas !
Mais ne pleure plus !
Chasse donc tes détresses !
Patience, car un jour tout cesse,
Dans ces roulis de la vie !
Rendors-toi dans ton lit,
Mon oued, et oublie !

- Mokhtar El Amraoui -

*Oued(rivière) qui traverse ma ville natale Mateur(à trente kilomètres de Bizerte)

 

 

30/06/2010

modern jazz quartet

 

Au fond du coeur

 

Au fond du coeur, au fond de notre coeur, un beau jour, le beau jour de tes yeux continue. Les champs, l'été, les bois, le fleuve. Fleuve seul animant l'apparence des cimes. Notre amour c'est l'amour de la vie, le mépris de la mort. A même la lumière contre dite, souffrante, une flamme perpétuelle. Dans tes yeux  un seul jour, sans croissance ni fin, un  jour sur terre, plus clair en pleine terre que les roses mortelles dans les sources de midi.

Au fond de notre coeur, tes yeux dépassent tous les ciels, leur coeur de nuit. Fléches de joie, ils tuent le temps, ils tuent l'espoir et le regret, ils tuent l'absence.

La vie, seulement la vie, la forme humaine autour de tes yeux clairs.

 

- Paul Eluard - Donner à voir -

 

 


21/06/2010

Nouvelles couleurs

Découvert et aimé chez Jalel El Gharbi...

- Hambourg Kunsthalle -

 

Nous relierons

Patiemment nos veines

Et de nos sangs mélangés,

Sortiront des couleurs

Jusque-là inconnues.

Et tous unis,

Nous leur donnerons

De nouveaux noms

Sur les rythmes des battements

D'un même coeur.

 

- Mokhtar El Amraoui -
.

22/05/2010

l'évangile du gitan

Sur les chemins de la Provence, en plus de paysages réjouissants je fais d'autres découvertes. Celle-là m'enchante, un petit livre déniché par des hasards de rencontre dans un cabanon en bois, un propriétaire atypique, du genre comme on les aime, bousculant l'ordre des choses, fantasque et remuant, lettré cultivé vigneron de son état et voyageur dans l'âme, rebelle amoureux des écureuils et de toutes idées sortant du lot. Un personnage de roman à lui tout seul! C'est un petit bouquin bleu chez Mercure de France de Jean-Marie Kerwich, "L'évangile du gitan", un délice... Ce genre d'ouvrage qui nous aide à respirer en commençant par nous couper le souffle.

" La conscience "

On me dit que l'esprit a soufflé sur moi, mais c'est plus une épreuve pour moi qu'autre chose. Le fardeau de l'intelligence me cause bien des soucis. Chaque mot que j'écris se poignarde en pleine poitrine. Pourquoi suis-je devenu si conscient? Pourquoi me suis-je posé tant de questions qui en retour se moquent de moi? Mon coeur porte mon âme sur son dos, mon esprit est blessé. Poète? la belle affraire! Que ne donnerais-je pour être un simple d'esprit! Je souffre tant que j'échangerais mon esprit contre un fruit d'orient. Pour oublier mon tourment je joue de la guitare. Non, je ne joue pas de la guitare: c'est le langage de la souffrance qui se retient aux cordes usées. Ce n'est plus que musique, ce sont des notes blessées qui s'accrochent à mes doigts, des notes effrayées de vivre qui me baisent les mains.

- Jean-Marie Kerwich -

 

 

12/05/2010

la chos'e

 

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" En art, j'aime la chos'e, de même en amour..."

- Eric Satie -

 

Découverte chez et chez Frasby, la revue Chos'e est une revue d'art et de poésie, bimestrielle, virtuelle qui se lit, s'imprime, et se télécharge gratuitement. Ceux qui ne connaissent pas encore tout comme moi, peuvent en approcher l'univers, . C'est de toute beauté!

 

 

16/04/2010

smile

 

 

 Merci pour vos mots vos pensées votre tendresse votre attention votre amitié, ça me fait chaud au ♥. Love. Blue

 

 

09/04/2010

contrerimes

 

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Puisque tes jours ne t'ont laissé

Qu'un peu de cendre dans la bouche,

Avant qu'on ne tende ta couche

Où ton coeur dorme, enfin glacé,

Retourne, comme au temps passé,

Cueillir, près de la dune instable,

Le lys qu'y courbe un souffle amer,

- Et grave ces mots sur le sable :

Le rêve de l'homme est semblable

Aux illusions de la mer.

 

- Paul- Jean Toulet -

 

 

28/03/2010

grain de beauté

 

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podcast

 

" La poésie est un grain de beauté sur la joue de l'intelligence."

- Henry de Montherlant - Carnets -

 


 

02/03/2010

l'étincelle dépose

 

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- William Turner -

 

 

" J'admets que l'intuition raisonne et dicte des ordres dès l'instant que, porteuse de clefs, elle n'oublie pas de faire vibrer le trousseau des formes embryonnaires de la poésie en traversant les hautes cages où dorment les échos, les avant-prodiges élus qui, au passage, les trempent et les fécondent."

- René Char -

 

 

 

26/02/2010

Fièvre

 

"Qu'il est doux d'évoquer les anciennes audaces,
L'âme en broussaille et le cheveu folâtre,
Rebelle sans cause au regard épineux
Comme du chaparral farouchement sauvage,
Allant, contre le vent et la vague sage,
Fiévreux dans l'âpre bataille pour la vie,
La vitesse et le droit de ne jamais mourir."