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15/01/2011

En songeant à Jivago

 

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" J'aime à laisser s'emplir mon âme

Du bleu des steppes,

Les paupières givrées, j'ai la paix sur les lèvres

Et mes muscles s'apaisent.

Là-bas, tu l'entends? Une balalaïka

Tout là-bas.

Sous la terre endormie, sous la nouvelle neige,

L'entends-tu qui appelle les purs?

J'aime à laisser mon âme s'emplir

Du chant bleu des steppes.

 

- Christian Mistral- Fontes -

 

 

09/01/2011

arrêt sur image

La libido en berne

Je me traîne

Dans les méandres de la trace

Qu'il a plantée en moi.

Tenace.

Vorace.

Papa!

 

 

25/12/2010

Coeur à Mateur

" Ecrire, c'est danser le monde!"

- Mokhtar El Amraoui -

 

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- Fresque sur mur intérieur de la mairie de Mateur -

 

 

15h30, Mokhtar El Amraoui donne un récital à Mateur, sa ville natale, je sais que ça le touche au plus profond de lui, alors nous y sommes nous aussi. Car comme le dit lui-même le poète " l'ailleurs est ici ", "appel, vocation, contact direct, la poésie se tisse dans ce rapport avec le monde, avec l'autre qui nous interpelle!". Je vous invite à l'entendre lors d'un entretien qu'il a donné à la radio tunisienne dans l'émission Intersignes parlant de sa poésie, avant-hier le 23 Décembre, il vous suffit de cliquer sur la date dans ce lien, l'enregistrement n'est pas d'une qualité extrême mais les propos tenus sont denses et touchants, Mokhtar tel que lui même.

 

" J'écris avec le râle de ma valise

Remplie d'algues et de corail.

J'écris avec l'encre de mon ombre,

Affiche de mes nuits.

J'écris avec une langue comète

Aux rides assoiffées.

J'écris les nymphes

Caressant mes pieds d'étrangers,

La spirale verte

De ma titubante amnésie."

 

- Mokhtar El Amraoui - J'écris (extrait) - Arpèges sur les ailes de mes ans -

 

 

23/12/2010

envolée

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" Mon coeur, oiseau du désert, a trouvé son ciel dans tes yeux.

Ils sont le berceau du matin, ils sont le royaume des étoiles.

Leur abîme engloutit mes chants.

Dans ce ciel immense et solitaire laisse-moi planer.

Laisse-moi fendre ses nuages et déployer mes ailes dans son soleil."

 

- Rabindranath Tagore -

 

14/12/2010

le blues du bleu

 

 

09/12/2010

Carlos Gardel

Découvert grâce à notre cher poète Mokhtar, voici pour lui et pour vous ce petit hommage au grand Monsieur du tango qu'est Carlos Gardel, avec en prime cette magnifique scène de danse au début du film "l'exil de Gardel" de Fernando Solanas.

 

 

 

" Le tango crée un trouble/ passé irréel qui d'une certaine façon est vrai/ un souvenir impossible d'avoir péri/ en se battant/ au coin d'une rue d'un faubourg."

- Jorge Luis Borges -

 

29/11/2010

La poupée d'Hélène

 

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- Photo Laurence G. -

 

La poupée d’Hélène

                           

                                   à tous les enfants victimes de l’inceste

 

 

Hélène dort, les poings fermés,

Rêvant de la poupée ensanglantée

Qu’elle avait,

Quand violée,

Elle explosait,

En cris déchiquetés,

Moquée,

Brûlée,

Frappée,

Souillée !

Hélène dort,

Bercée par la houle d’or

De ses cheveux affolés

Pris d’assauts répétés

Par son putride bourreau

Mais jamais tendrement caressés 

Par  ce maudit grand –père

Qui aurai dû, pour elle, être le meilleur cadeau

Dont elle aurait été si fière !

Elle, ou ce qui, d’ailes, reste  en elle,

Toujours cassée,

Sainte pucelle,

Par ce vil pervers,

A l’appétit vorace de lâche carnassier

Qui la prenait, dans ses serres,

Puis la reprenait, entre apéro et dessert !

Les anges pleuraient de rage et de colère,

De voir le minuscule ange

Se débattre dans tant de sang et de fange !

De honte et de douleur, tous les cieux

Venaient la pleurer,

Dans ses yeux,

Qui suppliaient, déchirant de leurs larmes épuisées,

Le lourd  silence d’airain des vieux clochers pieux !

 

- Mokhtar EL Amraoui -


 

 


 

19/11/2010

Murs

 

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- Photo Laure K. -

 


podcast

 - Murs - de Constantin Cavafis -

  (Musique extrait "Ascenseur pour l'échafaud" de Miles Davis- Montage Barner - Voix Blue) 

 

 

J'ai plus que rarement parlé avec mon père, d'abord parce qu'il n'aimait pas ça et m'envoyait toujours bouler en touche vers ma mère quand je tentais une approche et puis aussi parce qu'on n'était et ne pouvait jamais être d'accord, ce qui dans son système de valeur est plus qu'insupportable. La seule véritable discussion que nous ayons pu avoir remonte à plus d'une quinzaine d'années, il avait même pris pour l'occasion rendez-vous avec moi, ça m'avait fait tout drôle, il me traitait finalement comme une de ces affaires, comme un dossier, un problème à résoudre, ce que je ne manquais pas d'être alors à dire ce qu'il ne fallait pas dire et à chercher à comprendre et à en sortir. J'ai retenu de cet entretien étrange, trois petites phrases de lui, il faisait dans le court en matière de verbe comme en matière d'affect: "va pas fouiller", "faut dépasser son passé" et "un mur se présente devant moi, je le défonce"... A la première injonction, utilisant la même technique, je me souviens avoir répondu "trop tard"... à la seconde, " le passé! je crois qu'il faut le faire sien"... et à la troisième, "je n'aime pas la technique, je préfère démonter le mur pierre par pierre, brique par brique, pour bien arriver à comprendre comment il s'est construit, et puis on ne sait jamais c'est peut-être bien un mur porteur, j'ai pas trop envie, tu vois que tout s'écroule et me reste dans les doigts, c'est que je tiens à en sortir indemne, je suis kamikaze certes mais pas complètement cinglée!". Le silence entre nous s'est vite réinstallé et juste avant de me dire au revoir en pensant adieu, il m'a lâché un "tu vas le regretter, tu ferais mieux de prier et de demander l'aide de là-haut", ce à quoi je n'ai pu manqué de réagir, "c'est plus de la tienne dont j'aurais eu besoin, là, ici, que tu puisses pour une fois dans ta vie donner à ta fille ce dont elle a besoin, je sais je vais souffrir mais pas beaucoup plus qu'hier et sans doute beaucoup moins, nous n'avons pas la même façon de voir ni d'opérer, ni d'agir, papa, ce n'est pas un scoop ni pour toi, ni pour moi, je ne t'apprends rien là, je reste une possédée à tes yeux et pour moi tu es toujours une énigme, c'est plus qu'un mur qui nous sépare, c'est une enceinte, des murailles, va, tu vas bien mieux vivre sans moi... et de mon côté, j'ai du pain sur la planche, pour défaire ce que tu as bétonné à outrance pour que ça ne sorte pas. Vois-tu, je n'y peux rien, c'est inéluctable, j'ai encore tant à faire dehors, tant à donner et tant à apprendre. Peut-être qu'on aura avant que l'un de nous se retrouve au cimetière l'occasion de pouvoir en reparler, peut-être aussi que non, que je n'en aurais même plus l'envie, ni le besoin, ni les mots pour me dire à toi... mais rien ni toi, ni personne d'ailleurs ne m'empêchera de faire ce que j'ai à faire et comme je sens qu'il faut que je le fasse, c'est comme ça." Là j'esquisse un sourire, car je me rappelle soudain que quand j'étais petite fille et que je lui posais une question parfois bête pour comprendre les choses, il répondait toujours "c'est comme ça, c'est pas autrement!", et me disait aussi "quelle têtue de bourrique tu fais!" finalement, au secours, je lui ressemble un peu, on se rejoint sur un point, pas question de lâcher l'affaire, m'aurait-il transmis sa ténacité? Peut-être mais on ne la met pas lui et moi au même service, lui il tente de plus en plus d'enterrer ce qu'il ne peut pas voir et se flagelle sans savoir ce qu'il a fait, et moi, je m'ouvre à la lumière et à la conscience de mes actes et de ma vie tout entière... Nos chemins ne sont pas près de se croiser et probable que c'est mieux ainsi, parce ce que j'y vois n'est pas joli, joli et pas facile à digérer non plus pourtant ça se fera, je sais, et je pourrais alors oublier et l'exonérer de ce qu'il a fait et... de ce qu'il n'a pas su faire, juste être mon père.

 

 

 

18/11/2010

J'ai tant contemplé

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- Musée d'art contemporain, Montréal -

 

 

J’ai tant contemplé la beauté
Que mes yeux en sont tout emplis.

Lignes du corps. Lèvres vermeilles. Membres voluptueux.
Chevelures dérobées à des statues grecques,
Toujours belles, même en désordre
Et retombant, un peu, sur des fronts blancs.
Visages de l’amour, tels que les désirait
Ma poésie…Secrètement rencontrés
Durant les nuits de ma jeunesse, durant mes nuits.

 

- Constantin Cavafis - Jours anciens -

 


16/11/2010

Mokhtar El Amraoui: "Arpèges sur les ailes de mes ans", par Giulio-Enrico Pisani

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221 poèmes d'amour et ... une chanson désespérée?

Fallait-il vraiment que je paraphrase ici le grand Pablo Neruda en présentant Mokhtar El Amraoui ? Et pourquoi pas ? Compte tenu de leurs espaces culturels très différents, leur parenté est indéniable et leurs styles parfois assez proches. Coïncidence, ou influence du vieux poète chilien sur le jeune barde tunisien ? ¿Quién sabe ? Quoiqu’il en soit, chez El Amraoui comme chez Neruda, l’amour est partout, l’espoir fréquent, la colère aussi, le découragement sporadique et, à bien chercher, on leur trouve à tous deux au moins une « canción desesperada ».

Professeur de français à Bizerte, Mokhtar El Amraoui est né en 1955 à Mateur d’un père algérien et d’une mère tunisienne, qui, chacun à sa façon, ont contribué à son épanouissement poétique. (1) La source jaillit vers 1970 ; fille d’Erato, rivière aux flots passionnés, elle s’élança à la fois joyeuse et grondante, ici torrent sans frein, là vortex sans fond. Toute chutes, gerbes d’écume, espoir et clameurs, elle se fraya un passage entre les falaises et à travers les gouffres où Mnémosyne l’attendait pour l’enrichir de l’esprit de ses autres filles : Calliope, Melpomène et Thalie. (2) Adulée, caressée, tourmentée, parfois maltraitée par son chantre durant dix années de maturation, d’engagement et de colère, Erato, la muse des poètes, l’accompagna dès lors, à la fois stimulante et indulgente, au cours de ce qui allait devenir son premier recueil : « Élans d’espoir (1070-1980) ».

Son troisième poème, intitulé, justement, « Espoir », qui en représente le principe, sinon la quintessence, annonce clairement la couleur par « Je me tais, / Vous m’avez bâillonné / Mais l’enfant qui a faim / N’a pas cessé de pleurer... », passe par « L’homme qui combat » et culmine dans « Des chants d’espoir, / Des chansons de victoire. ». À 11.430 Km de là, « Victor Jara », lui, s’est élevé plein ciel sur les ailes de Mokhtar avec les « Oiseaux libres, / Oiseaux fiers du Chili... » auxquels Mokhtar crie : « Volez plus haut que le deuil, / plus loin que les larmes et les tristesses / Car son sang répandu, / Car ses chansons / Sont un bouquet d’espoir, sont un appel au combat ! »

Mais à la montagne avec ses Roncevaux rêvés finissent par succéder plaines et collines, aux cascades les marais, aux lacs sans fond les étangs glauques, aux jeunes roches cristallines les sables mouvants, aux épaisses forêts de trop rares oasis. Le blanc n’est plus tout à fait blanc, ni le noir toujours noir et les falaises usées devenues plages de sable bordant les méandres nonchalants invitent davantage à la réflexion qu’au combat, plutôt à l’amour qu’à la vindicte, à la raison qu’aux impulsions. Le rythme se ralentit, la poésie s’apaise. Mais elle grandit, s’étend sur trois décades et forme un second recueil qui s’intitule « Rayons de lune pour funambule absent (1981-2010) » C’est surtout dans cette deuxième partie, à la fois moins dense et plus apaisée, que la poésie de Mokhtar El Amraoui s’épanouit pour ainsi dire poétiquement. Moins engagée, plus contemplative et jouissive, mais non dépourvue de lucidité et de sens critique, elle cède part de sa fièvre à ce que d’aucuns appellent sagesse et d’autres maturité. Résignation ? Non, sans doute pas, mais découvrant ses limites, le poète tend peut-être vers quelque forme de fatalisme. La lune du funambule absent éclaire désormais surtout l’amour. Erato y triomphe partout, même quand l’amour devient l’Amour ou, le plus souvent, emprunte des sinuosités sous-jacentes. Libérée de combats qu’elle ne peut gagner, la poésie de Mokhtar se livre davantage à son propre épanouissement, à sa poétique, à ses libertés surréalistes et au chant sempervirent de la vie, tout en se permettant quelques mordances et une continuelle partance.

« Je vole, en frémissant, » clame-t-il, page 210, « Les dernières gerbes du soleil. // Derrière la vitre trempée, / Ta main tremble, / En tenant le même verre vide. » Et, douze pages plus loin, « Sans valises, / Sans mémoire, / Il décide de la portée de son clavier / Et ouvre, seul, / Les veines de la ville / Et ses cieux. ». Et plus haut, plus loin encore, au-delà des mille et une nuits, Mokhtar se réjouit que « La rose, jaillie des sables à dos de parfums, / Egaye, sorcière, du sein de la belle captive, la pointe. Son amour au long cours a scellé le destin / De l’amant aux aguets / qui se verse l’incendiaire vin. » Vers somptueux à l’érotisme délicat, que n’eussent renié ni Khayam ni Ronsard !

Certes, aucun poète n’est toujours égal à lui-même et sur 222 poèmes de Hölderlin, Rilke, Apollinaire ou Darwich, il est difficile de trouver 222 chef-d’oeuvres. Peut-être qu’ici, pour les puristes, une sélection plus sévère se fût imposée et une centaine de ses sommets poétiques eussent suffi à assurer le renom de « notre » poète sans risquer de lasser le lecteur. Cependant, le lecteur, eh bien, parlons-en du lecteur, boulimique, curieux, enthousiaste et aventureux, poète lui-même pas sa lecture interactive, autant que l’auteur l’est par l’écriture, ce lecteur donc, refusera ce régime minceur. Et il a bien raison. Car les huit lustres qu’embrasse sa rhapsodie « Arpèges sur les ailes de mes ans » (3), où Mokhtar sous-entend à tout bout de champ (ou chant) ces vers de Neruda : « Je ne suis rien venu résoudre. / Je suis venu ici chanter. / Je suis venu / Afin que tu chantes avec moi. », ces quarante années donc, forment un tout.

Sans être nécessairement un chant général, « Arpèges sur les ailes de mes ans » est la musique d’une vie, et ses deux recueils forment un binôme magnifique : deux orogenèses somptueuses avec leurs sommets, cols, vallées, crêtes, torrents, chutes, forêts, rochers, dryades, naïades, nymphes, tempêtes et étoiles calcinées. Mais ce couple de chaînes enchaînées sans véritable discontinuité au seuil de la 9ème décade du 20ème siècle n’en font en réalité qu’une seule autour d’une fracture/soudure unique aux reflets protéiformes. Et ceux-ci de provoquer de nouvelles diffractions communes à quasiment tous les cheminements poétiques : jeunesse–maturité, protestation–critique, espoir–lassitude, impulsivité–sagesse, amour–mort, sérénité–passion et j’en passe et des meilleurs.

L’une des principales caractéristiques de la poésie de Mokhtar, est que l’interaction auteur–lecteur peut s’y développer et s’y épanouir librement. Ainsi que je l’esquissai plus haut et le formulai dans d’autres articles, l’authentique poésie est telle autant par son écriture que par sa lecture, qui peut même diverger de l’intention de l’auteur. En effet, le vrai poète est celui qui n’impose pas ses choix, n’écrit pas du tout cuit, ne fournit pas du prémâché. Il permet à son lecteur d’appréhender le texte à sa manière, à s’y retrouver, au moins en partie, lui-même, ce dernier pouvant même y introduire des éléments créatifs nouveaux, insoupçonnés : en fait ses propres sentiments et visions. La poésie est un dialogue entre poètes.

Qu’on me permette à présent de conclure en vous recommandant chaleureusement la lecture de ce double recueil d’une grande richesse linguistique – les créations de mots, phrases et tournures y pullulent – et d’une harmonie poétique presque toujours réussie. Mais, de grâce, amis lecteurs, n’essayez pas de le dévorer en quelques heures. Vous passeriez à côté des subtilités qui distinguent les grands crus. Et si de courts poèmes, comme croqués en quelques trait de sanguine, peuvent y être saisis d’un coup d’oeil, d’autres, plus complexes, permettent parfois – n’allons pas jusqu’à dire : exigent – plusieurs combinaisons, recombinaisons et lectures. Ailleurs se forment des micro–romans surréalistes. D’autres pages encore vous nouent la gorge, ne vous bouleversent pas nécessairement, non, mais vous émeuvent à coup sûr. N’hésitez donc pas à ouvrir cette fenêtre sur notre ailleurs profond qu’est « Arpèges sur les ailes de mes ans ». Et, ne craignez rien : non ĕ vietato sporgersi !

***

1) Mokhtar El Amraoui évoque aussi son défunt oncle maternel Belhassen Ben Chaabane, barde et poète, dont la générosité poétique se perdit trop souvent en oralité et en feuillets servant plus tard au fruitier ou à l’épicier. Nombre de ses poèmes ont toutefois échappé à ce dévoiement alimentaire grâce aux journaux de l’époque, à un livre de Mohamed Boudhina et au travail de Habib Ben F’dhila (Belhassen Ben Chaabane : Recueil de poèmes écrits entre 1930 et 1960 - Présentation et établissement de texte par Habib Ben F’dhila, 208 p. – 2001), info. CNCC@ Email.ati.tn

2) Les neuf muses sont, selon la mythologie grecque, les filles de Zeus et de Mnémosyne, déesse de la mémoire. Parmi elles Érato préside à la poésie lyrique, Calliope à l’éloquence, Melpomène à la tragédie, Thalie à la poésie bucolique.

3) Mokhtar El Amraoui : « Arpèges sur les ailes de mes ans » 288 pages, ISBN 978-9973-05-892-8, peut être commandé à Monsieur Noureddine Limam, Librairie Science et Culture, 24 avenue Taïeb Mehiri, Bizerte, 7000 Tunisie. Fax : +216.72431372.

- Giulio-Enrico Pisani  -

 

13/11/2010

femme nue

 

 

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                                       - Uwe Ommer - Black Ladies -

 


Femme nue, femme noire
Vétue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté
J'ai grandi à ton ombre; la douceur de tes mains bandait mes yeux
Et voilà qu'au coeur de l'Eté et de Midi,
Je te découvre, Terre promise, du haut d'un haut col calciné

Et ta beauté me foudroie en plein coeur, comme l'éclair d'un aigle

Femme nue, femme obscure

Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais 
lyrique ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du 
Vent d'Est
Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l'Aimée

Femme noire, femme obscure
Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l'athlète, aux 
flancs des princes du Mali
Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta 
peau.

Délices des jeux de l'Esprit, les reflets de l'or ronge ta peau qui se moire

A l'ombre de ta chevelure, s'éclaire mon angoisse aux soleils prochains

de tes yeux.Femme nue, femme noire

Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l'Eternel
Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres

pour nourrir les racines de la vie.

 

- Léopold Sédar Senghor -

 

 

 

06/11/2010

j'aime

 

" Je préfère cette version là..."

 

Je t'écris c'est plus romantique
Comme un amant du temps jadis
Sur un papier couleur de lys
A l'encre bleue, et je m'applique
Quand ma plume, manque de chance,
Fait en sortant de l'encrier
Une tache sur le papier
Que je déchire et recommence

Je t'aime A.I.M.E.
T'aime le cœur en feu
Faut-il un X à feu ?
Ça me pose un problème
Allez je barre feu
Mais je garde je t'aime
Je t'aime A.I.M.E.
Simplement j'y ajoute
Ces mots "A la folie"
Mais soudain j'ai un doute
Folie avec un L
Un seul L ou bien deux ?
Deux ailes serait mieux

Tellement plus jolies
Et bien sûr plus vivant
Vivant, comme une envie
Que le bonheur agrafe
Comme un papillon bleu
Au cœur d'un amoureux
Inquiet de l'orthographe


A l'école j'étais le cancre
Dont on ne pouvait rien tirer
Guettant l'heure de la récré
L'œil fixe et les doigts tachés d'encre
Aujourd'hui je me désespère
J'ai des lacunes et je le sais
Mais amoureux il me vient des
Velléités épistolaires

Je t'aime A.I.M.E.
Et je n'ai foi qu'en toi
Comment écrire foi
Privé d'un dictionnaire
Il y a tant de fois
Dans le vocabulaire
Je peine et je m'en veux
Allez je place un S
Mieux vaut peut-être un E
Franchement ça me stresse
Et mon foie fait des nœuds
Des heures d'affilée
Penché sur le papier

Je corrige et rature
Puis j'envoie tout valser
Maudissant l'écriture
Ecœuré j'abandonne
Au diable mon stylo
Je dirais tous ces mots
Tranquille au téléphone
Je prends le combiné
Compose un numéro
Je n'ai plus de problèmes
Allo, amour, allo
Oui oui c'est encore moi
Pour la énième fois
Qui t'appelle, tu vois
Pour te dire : "Je t'aime"

 


02/11/2010

mémoire

 

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Le temps est un acide

Qui mord dans la matière

Et le temps est un fluide

D'essence meurtrière

 

L'esprit est un bureau

Où d'infinis tiroirs

Préservent la mémoire

Du coeur et de la peau...

 

- Christian Mistral - extrait " Comme les bulles " - Fontes -

 

 

 

29/10/2010

autres variations poétiques

Reconnaissance, merci Bourdon masqué!

 


27/10/2010

variations poétiques

Merci Christian!

Et vive la poésie, la poésie de la vie!

 

 

 

26/10/2010

reconnaissance

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podcast

 

Je résiste à tout sauf à la tentation, à défaut de dune j'offre un horizon bleu à ce poème de Mokhtar El Amraoui. Sur une musique d'Anoushka Shankar et Karsh kale avec la toujours et fidèle complicité de mon précieux ingénieur du son préféré "Barner".

 

25/10/2010

Mokhtar El Amraoui

 

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Tous ceux qui passent par ici ont croisé le poète Mokhtar El Amraoui. Je l'avais découvert avec beaucoup d'enthousiasme chez Jalel El Gharbi, lui-même aussi poète et érudit. Il était sur le point d'enfin regrouper dans un recueil sur les conseils de nombreux amis toute sa poésie écrite et inspirée depuis plus de trente années mais qui n'était alors que véhiculée par "oralitude", comme il aime à le dire dans sa préface, une manière sans doute de ne pas se confronter à la critique, ou une pudeur peut-être ou un " à-quoi-bonisme", l'erreur est réparée puisque voici le livre fraîchement sorti des presses de l'imprimerie et arrivé jusqu'à moi, quelques amis et  d'autres amateurs sans doute. C'est incroyablement dense et riche, émouvant, prégnant et bouleversant aussi. Très imagés, profonds, érotiques pour certains, cris de douleurs pour d'autres ou cris d'espoirs aussi, sophistiqués par le vocabulaire:de la poésie de mot à l'intérieur même du poème... c'est toute une musique, il me semble l'entendre et qui moi me touche au coeur. Je ne vais pas tous vous les lire ou vous les dévoiler, à vous de découvrir ce livre si cela vous tente, il y a 225 trésors, amalgamés avec le temps et qui enfin prennent l'air et qui enfin respirent et s'envolent vers nous. Merci à toi cher poète.

 

Insomnie

Dans la coquille blanche

De ma nuit qui s'achève,

Je regarde le soleil,

Qui se lève,

Picorer les dernières étoiles paresseuses. 

 

- Mokhtar El Amraoui -

 

 

 

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00:37 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (26)

24/10/2010

" pyrophagie "

 

 

Pyrophagie

 

" Un souffle enflammé

Jaillit de nos entrailles étouffées.

Dans nos ventres confondus,

L'amour somnolait."

 

- Mokhtar El Amraoui -

 

 

23/10/2010

passions éphémères

 

Je surfe sur la vie ainsi qu’un courant d’air.
Mon esprit assoiffé de nouveauté m’entraîne
À plonger de tout cœur vers ma lubie prochaine
En vouant au bûcher ce que j’aimais hier.
Mes élans de l’été ne passent pas l’hiver.
Ma passion du lundi meurt en fin de semaine.
Je voudrais m’envoler vers des contrées lointaines,
Voyager sans répit au sein de l’univers.
Un démon facétieux distille dans mes veines
Un philtre d’impatience, afin que rien ne freine
Mes pas vers l’inconnu brillant comme un éclair.
Parfois, quand je m’allonge à l’ombre d’un grand chêne,
Qui demeure impassible autant qu’un pieu de fer,
Je rêve d’étouffer la flamme qui me perd. 
.
.
.

 

30/09/2010

Écrire

 

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- calligraphie de Jean-Fréderic Crevon -

 

Écrire. Écrire pour obéir au besoin que j'en ai.

Écrire pour apprendre à écrire. Apprendre à parler.

Écrire pour ne plus avoir peur.

Écrire pour ne pas vivre dans l'ignorance.

Écrire pour panser mes blessures. Ne pas rester prisonnier de ce qui a fracturé mon enfance.

Écrire pour me parcourir, me découvir. Me révéler à moi-même.

Écrire pour déraciner la haine de soi. Apprendre à m'aimer.

Écrire pour surmonter mes inhibitions, me dégager de mes entraves.

Écrire pour déterrer ma voix.

Écrire pour me clarifier, me mettre en ordre, m'unifier.

Écrire pour épurer mon oeil de ce qui conditionnait sa vision.

Écrire pour conquérir ce qui m'a été donné.

Écrire pour susciter cette mutation qui me fera naître une seconde fois.

Écrire pour devenir toujours plus conscient de ce que je suis, de ce que je vis.

Écrire pour tenter de voir plus loin que mon regarde ne porte.

Écrire pour m'employer à devenir meilleur que je ne suis.

Écrire pour faire droit à l'instance morale qui m'habite.

Écrire pour retrouver - par delà la lucidité conquise - une naïveté, une spontanéité, une transparence.

Écrire pour affiner et aiguiser mes perceptions.

Écrire pour savourer ce qui m'est offert. Pour tirer le suc de ce que je vis.

Écrire pour agrandir mon espace intérieur. M'y mouvoir avec toujours plus de liberté.

Écrire pour produire la lumière dont j'ai besoin.

Écrire pour m'inventer, me céer, me faire exister.

Écrire pour soustraire des instants de vie à l'érosion du temps.

Écrire pour devenir plus fluide. Pour apprendre à mourir, au terme de chaque instant.

Pour faire que la mort devienne une compagne de chaque jour.

Écrire pour donner sens à ma vie.

Pour éviter qu'elle ne demeure une terre en friche.

Écrire pour affirmer certaines valeurs face aux égarements d'une société malade.

Écrire pour être moins seul. Pour parler à mon semblable. Pour chercher les mots susceptibles de le rejoindre dans sa part la plus intime. Des mots qui auraont peut-être la chance de le révéler à lui-même. De l'aider à se connaître et à cheminer.

Écrire pour mieux vivre. Mieux participer à la vie. Apprendre à mieux aimer.

Écrire pour que me soient donnés ces instants de félicité où le temps se fracture, et où enfoui dans la source j'accéde à l'intemporel, l'mpérissable, le sans-limite.

 

- Charles Juliet -