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10/05/2009

emporte-moi ...



 

" Coeur enchaîné, esprit libre. Quand on enchaîne rudement son coeur et qu'on le tient prisonnier, on peut accorder bien des libertés à son esprit. "

- Nietzsche -

 

 

 

Gerhard Richter

 

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Gerhard Richter , quand la photo rejoint la peinture.

 

Après une formation à l'académie des Beaux-Arts de Dresde et un grand intérêt pour lapeinture abstraite, Gerhard Richter part en 1961 pour Düsseldorf afin de s'inscrire à la Kunstakademie. Faisant alors des rencontres déterminantes - Sigmar Polke, Blinky Palermo, Konrad Fischer-Lueg -, il s'interroge sur les courants de pensées de son époque - capitalisme,communisme - et commence à peindre des toiles inspirées de photographies. S'adonnant dès lors à la figuration et à sa chère abstraction, l'artiste utilise le hasard, laisse se produire l'imprévisible et, en confrontant les deux techniques picturales, questionne les principes, limites et possibilités de la peinture. Si les années 1980 font davantage appel au lyrisme via couleurs et gestes (' Faust', 'Vögel'), les créations suivantes sont plus matérielles, rugueuses et dynamiques (' Blau', 'Fels'). Fidèle à lui-même, Richter travaille son réalisme (' Schädel', 'Chinon', 'Rosen'), puis prend par la suite le reflet pour sujet (' Spiegel', 'Grau hinter Glas'). S'imposant finalement comme un artiste tant protéiforme qu'intrigant, celui-ci voit sa vie ponctuée de multiples récompenses et expositions dans le monde entier. Réinventant la peinture depuis des années, s'interrogeant sans cesse sur la représentation, le réel et la couleur, Gerhard Richter exerce désormais l'activité de professeur dans plusieurs écoles d'Arttout en vivant à Cologne.

 

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                               " L'art est la plus haute forme de l'espoir "

 

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19:44 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : peinture, art, photo

06/05/2009

penser

 

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                                             - photo Sylvaine Vaucher - 

 

 " Penser, c'est le moyen de souffrir. Laissons nous aller au vent de notre coeur tant qu'il enflera la voile "

- Gustave Flaubert -

 

 


podcast

l'amour

 

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                                       - sculpture de Mélanie Quentin -

 

C'est parfois un serpent magicien,

Lové prés de ton coeur.

C'est parfois un pigeon qui roucoule,

Sur la fenêtre blanche.

 

C'est parfois sous le givre qui brille

la vision d'une fleur.

Mais il méne, en secret, à coup sûr,

Loin de la joie tranquille .

 

Il sait pleurer si doucement

dans la priére du violon,

Il fait peur quand on le devine

Sur des lévres que jamais on n'avait vues .

 

 - Anna Akhmatova -

 

 

07:55 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : art, poésie, état d'âme

05/05/2009

Lhasa de Sela


09:22 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : coup de coeur, musique, art

04/05/2009

blue

 

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Je me sens parfois comme dans une sorte de pénombre lumineuse. Echappée entre rêve et réalité, comme en transit. Alors la vie me parait tellement plus douce et présente, comme si l'air s'infiltrait par les pores ouverts de ma peau détendue. L'esprit en vadrouille, le coeur bien en place et le corps léger. En paix. Sereine et reine de mon imaginaire en perpétuel mouvement. Cette Blue qui me constitue et m'enveloppe de ses bienfaits. Ma réalité "fictionelle" , mes rêves plus audacieux que mes tourments, plus tenaces et impétueux que mes colères, plus ouverts aussi. La vie est une roman que l'on s'écrit à l'encre d'âme, tous les jours un peu, et un peu plus. Symbiose et fluidité du conscient et de l'inconscient , être entièrement, sans peur et sans reproche, vaillante et créative, se permettre. Vivante.

 

     

                       

25/04/2009

Paul Delvaux

 

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P_Delvaux.jpgToute sa vie (1897-1994), Delvaux a prêché le beau. Contre vents et marées. Dans un choc dissonant, le XXe siècle s'est fait le champion des convulsions en tous genres où le beau, l'harmonie, les repères se sont trouvés bannis. Si les dieux ont apparemment quitté notre époque de détresse, Delvaux va s'ingénier à créer un monde où l'humain et l'architecture deviennent le centre de ses préoccupations esthétiques et la peinture devient pour lui le refuge idéal où chercher l'inaccessible beauté. Un voyage à Rome dans les années 1930 marque son amour fou pour les temples, les colonnes, les corps glorieux. D'où les innombrables déesses qu'il promène dans son oeuvre ; splendides créatures, elles déambulent d'une toile à l'autre, entourées du silence, prêtes aux rencontres. « Je me suis posé la question de savoir si la signification de mon ceuvre serait fondamentalement différente si j'avais représenté des femmes laides. Je l'ignore. Mais je sais que la beauté éclaire le tableau d'une lumière qui m'importe », dit-il. Son théâtre de la beauté n'est pas pour autant exempt de contemporanéité. Delvaux adore les trains, les gares, les quais, qu'il met souvent en scène. Les situations incongrues sont pour lui plaire : c'est Delvaux le surréaliste. Vénus est couchée dans la salle d'attente. Ou bien ce sont des déesses qui courent entre les poteaux le long des voies. Importance de la couleur. Les univers basculent dans un rouge fantastique, rehaussé de noir et d'or. « Il faut que le tableau apporte à qui le regarde une occasion propice, l'occasion d'un voyage, pourrait-on dire. » Delvaux n'est pas un bousculeur. Ses personnages aussi sophistiqués qu'ambigus ont forgé le mythe d'un artiste qui maîtrise clairement la fièvre de ses visions. 

 

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Peintre post-impressionniste, expressionniste puis surréaliste.

Subissant l'ascendant de sa mère, Paul Delvaux est élevé dans la crainte du monde féminin.

Après des études à l'Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, il réalise des tableaux post-impressionnistes, puis expressionnistesinfluencés, notamment, par James Ensor. Cependant, à chacun des changements d'inspiration, Paul Delvaux détruit ses tableaux (1920-24).

C'est en découvrant un tableau de Giorgio De Chirico « Mélancolie et mystère d'une rue », que Delvaux a la "révélation" du surréalisme (1934). Sans jamais adhérer au mouvement, il commence, avec « Femmes en dentelle », une série d'œuvres d'une unité si profonde que n'importe lequel de ses tableaux se reconnait au premier coup d'œil.

Il expose ses œuvres à l'exposition des surréalistes de Paris en 1938.

Sa peinture très caractéristique est faite de paysages figés peints de manière hyper-réaliste où évoluent des femmes nues, de jeunes éphèbes. Un autre univers favori de Paul Delvaux est le chemin de fer (« Trains du soir »). Il fut même nommé chef de gare à Louvain-la-Neuve.

Il a peint également de grandes compositions murales comme celle du Casino-Kursal d'Ostende, du Palais des Congrès de Bruxelles, de l'Institut de Zoologie à Liège.

Paul Delvaux a reçu une faveur nobiliaire du roi des Belges mais il n'y donna pas suite.

Le village de Saint-Idesbald dans la commune flamande de Coxyde, sur la côte belge où il a vécu longuement depuis 1945, lui a consacré un musée depuis 1982.

 

 

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J'ai toujours beaucoup aimé Paul Delvaux, étonnée de lire d'ailleurs dans le résumé sur sa biographie sa crainte du monde féminin. Avec cette manière pourtant si fine, et si onirique de peindre les femmes, je me dis qu'il a ainsi sublimé sa peur, et comme c'est émouvant. Comme le dit Minotaure dans le texte de tête , c'est une peinture très esthétique et sophistiquée, vraiment proche des rêves, riche et voyageante.

 

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Et ce travail sur l'inconscient, l'image de soi. Toute une poésie dans son regard touchante, et interpellante. Encore un homme qui nous parle ainsi qu-delà comme s'il avait traversé le miroir des âmes, et goûté à son égarement. Fascinant.

 

 

 

 

 

 

12:28 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : art, peinture, beauté

23/04/2009

corps à corps


00:34 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : art, relation, humain, regard

14/04/2009

Jazz

 

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J'aime le jazz, et depuis longtemps. Toute jeune, j'écoutais Louis Armstrong, et puis Dizzy Gillespie , toujours adoré Billie Holliday et Shirley Horn, sa chanson Here's to life, je ne me lasse pas de l'entendre. Et puis tant d'autres depuis, Bill Evans, Chet Baker, Erroll Garner, Thelonious Monk, Miles Davis, Diana Krall, Brad Mehldau..., la liste est longue, je vais pas tous les citer là .


podcast
   Shirley Horn - Here's to life -

 

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J'aime dans le jazz, l'émotionnel, et cette sorte de spontanéité. J'aime cette musique libre et sensuelle, puissante, charnelle. Une exposition consacrée au jazz , Quai Branly , à voir si vous passez à Paris, d'abord pour la beauté de ce musée et puis pour l'amour de l'art.




podcast
   Miles Davis - Tutu -

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A lire, avec plaisir ...

01:17 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : musique, expo, art, passion

12/04/2009

Qui je fus

 

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Il l'emparouille et l'endosque contre terre ;
Il le rague et le roupète jusqu'à son drâle ;
Il le pratèle et le libucque et lui barufle les ouillais ; 
Il le tocarde et le marmine, 
Le manage tape à ri et ripe à ta. 
Enfin il l'écorcobalisse.


L'autre hésite, s'espudrine, se défaisse, se torse et se ruine. 
C'en sera bientôt fini de lui ; 
Il se reprise et s'emmargine... mais en vain
Le cerceau tombe qui a tant roulé. 
Abrah ! Abrah ! Abrah ! 
Le pied a failli !
Le bras a cassé ! 
Le sang a coulé !
Fouille, fouille, fouille,
Dans la marmite de son ventre est un grand secret 
Mégères alentour qui pleurez dans vos mouchoirs ; 
On s'étonne, on s'étonne, on s'étonne 
Et on vous regarde
On cherche aussi, nous autres, le Grand Secret.

- Henri Michaux -

 


10/04/2009

outre-tombe

Au "Père Lachaise".

 

 

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D'abord, c'est son visage qui l'inspira, vert de gris mais la bouche bronze le nez luisant le menton poli. La magie opérait, déjà elle sentait l'appel puissant de tous ces corps de femmes qui avaient de nuit le plus souvent sans doute, mais de jour aussi embrassé cet homme sculpté pour se porter chance en amour.
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Elle le prit à pleine bouche, comme aimantée tout en posant son corps délié sur toute la surface de métal pour en puiser la force sourde et la puissance. Elle faisait comme tant d'autres avant elle, chevauchait, s'exaltait, et faisait corps avec celui du gisant, électrisée.
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Puis elle reprit du recul pour mieux admirer ce corps d'homme en plein désir, et là sentit tous ses sens chavirer, l'appel du plaisir, elle se jetait ayant perdu toute notion de temps et d'espace sur ce prince des ténèbres, frottant son sexe contre le sien dans des ondoiements langoureux,  sentant bruisser minette, comme en extase, transportée par son imaginaire vampirisé et touché par les vibrations de ce corps immobile et froid comme la mort elle-même. Là, elle jouit dans un râle sourd et silencieux, intériorisé, le coeur palpitant, le corps tremblant, l'esprit en feu et toute entière mise en appétit, ouverte, offerte.
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Mais le plus insolite, et le plus étonnant encore dans cette fabuleuse histoire vraie du gisant de Victor Noir, c'est qu'elle me vient de Montréal, Christian Mistral me l'a contée tantôt. Moi, ici, Paris, France, pourtant une gourmande de l'insolite et de l'étrange, de la poésie de la vie , je l'ignorais. Et je l'ai trouvé fascinante, tant que je me suis rendue sur place pour voir la chose de mes propres yeux. En suis encore toute chaude...

 

 

 

 

 

08/04/2009

Kandinsky et Calder à Beaubourg

 

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"Est beau ce qui procède d'une nécessité intérieure de l'âme. Est beau ce qui est beau intérieurement. "

-Vassili Kandinsky -

 

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"Un soir de 1908, Kandinsky a une révélation : rentrant dans son atelier de Murnau, en Allemagne, il aperçoit dans la pénombre, posé sur un chevalet, «un tableau d'une beauté indescriptible». Il est fasciné : «C'était une superbe mêlée de couleurs, sans sujet.» En s'approchant, Kandinsky est stupéfait de constater qu'il s'agit d'une de ses toiles, mais posée à l'envers. Cette vision le bouleverse. «Tout devint clair, dira-t-il plus tard. La description des objets n'avait aucune place dans ma peinture, elle lui était même nuisible. Un abîme effrayant s'ouvrait sous mes pieds.»

En effet : qu'un tableau puisse ne pas être une image du monde extérieur, se passer d'un prétexte « réaliste », voilà une idée qui s'opposait à toute la tradition de la peinture européenne qui, jusque-là, de Giotto à Ingres, avait toujours été une représentation de personnages, de paysages, d'objets... Que les formes et les couleurs se suffisent à elles-mêmes, sans référence à un sujet, ce constat n'avait jamais été aussi précisément fait. Telle fut ce jour-là pour Kandinsky la prise de conscience de la peinture abstraite.

 

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Ce saut dans le vide, qui marque une rupture avec l'histoire de la peinture européenne, et d'où naîtra tout un pan de l'art moderne, est au cœur de la grande exposition que le Centre Pompidou consacre à Kandinsky à partir du 8 avril. L'accrochage chronologique le suit dans sa démarche vers la découverte, puis l'affirmation d'un espace pictural proprement abstrait. On s'embarque dans l'aventure avec un Kandinsky encore jeune, non pas peintre, mais juriste, plongé dans des études de droit et d'économie. Ce n'est pas une vocation, mais une tradition dans la famille de la grande bourgeoisie de Moscou, où il est né en 1866. Il aurait sans doute continué dans cette carrière prometteuse si, en 1895, il n'avait pas visité, au musée Alexandre III, une exposition d'impressionnistes français. Il y avait là une toile de Claude Monet de la série des Meules de foin, où le peintre étudiait l'évolution de la lumière sur un même motif au fil des heures. Kandinsky est surpris : «Je n'ai pas tout de suite reconnu le sujet de cette peinture, racontera-t-il. Cette incompréhension me troublait et m'agaçait. Je sentais sourdement que le sujet manquait dans cette œuvre, mais je constatais aussi qu'il s'en dégageait la puissance d'une palette qui dépassait tous mes rêves. Le sujet n'était donc pas indispensable au tableau.» Un beau texte : envoûté par Monet, Kandinsky vient d'avoir la première révélation des possibilités d'une peinture non figurative. Et c'est ainsi que d'appel en appel, Vassily renonce peu à peu à la carrière de juriste dans laquelle il s'était engagé pour se consacrer à la peinture. En 1896, il quitte Moscou et s'installe à Munich. Vocation tardive : le futur peintre a déjà 30 ans.

Mais il réfléchit vite : en 1906, il a fait le tour des différentes révolutions artistiques de son temps : impressionnisme, symbolisme, cézannisme, fauvisme, expressionnisme. Il constate que ces différentes « avant-gardes » marquent non pas le commencement, mais la fin d'un cycle artistique, car toutes continuent à se référer à un motif extérieur, vainement disséqué, déformé, disloqué. En 1910, il se lance dans la première œuvre non figurative jamais commise de main d'homme, l'Aquarelle abstraite. Suivent ses premiers grands chefs-d'œuvre, des Compositions et des Improvisations. Il travaille en même temps à son ouvrage le plus célèbre, Du spirituel dans l'art, où il affirme le rôle primordial de la couleur dans sa nouvelle conception d'un art dicté par la seule « nécessité intérieure » (innere Notwendigkeit) de l'artiste. Il aime participer aux expositions internationales, où il retrouve des artistes russes, Larionov, Gontcharova, Malevitch, et d'autres, comme Braque, Picasso, Derain, La Fresnaye et Paul Klee, avec qui il va se lier d'une amitié durable. En même temps que les tableaux de cette époque-là, toute une série d'aquarelles, d'esquisses, de dessins et de gravures nous font assister à l'affirmation de l'art le plus subjectif qui fût jamais pour aboutir, en 1914, dans Improvisation sans titre, à l'une des dix peintures abstraites réalisées la même année.

 

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A la veille de la guerre, Kandinsky quitte Munich pour regagner Moscou. Mais il laisse son œuvre derrière lui, confiant son atelier et ses travaux à sa compagne, peintre elle aussi, Gabriele Münter. Après leur rupture, il ne reverra jamais ces toiles, qui ne figureront même pas dans les diverses monographies publiées de son vivant (en 1924, puis en 1931). Elles ne seront redécouvertes qu'en 1956, douze ans après la mort du peintre, lorsque Gabriele Münter les léguera à la ville de Munich.

Une seconde fois, les œuvres de Kandinsky lui seront confisquées : après son retour à Moscou, en 1914, on lui avait confié la réorganisation des arts et des musées et la direction d'expositions collectives. Sur l'une des rares photos qui témoignent de ces événements, on peut voir des œuvres que Kandinsky sera obligé de laisser en gage lorsqu'il quittera Moscou pour Berlin, en 1921. Elles vont demeurer inaccessibles jusqu'en 1963, date à laquelle certaines seront par miracle exposées lors de la première vraie rétrospective que le Guggenheim Museum  de    New York consacrera à Kandinsky. Il est assez rare qu'un artiste moderne soit à ce point spolié de son œuvre.

Vassily connaîtra encore deux exils : en 1921, à l'invitation de Walter Gropius, il accepte un poste de professeur au Bauhaus, cette formidable école d'art à la recherche d'une unité de tous les savoirs. Quand, en 1933, les nazis feront fermer l'institution, Kandinsky viendra se réfugier en France. C'est l'ami Duchamp qui trouvera pour le peintre et son épouse un petit appartement à Neuilly, où Vassily s'éteindra en décembre 1944. Pendant l'Occupation, à plusieurs reprises, l'ambassade américaine l'avait pressé de rejoindre les Etats-Unis. Mais, en 1939, Kandinsky était devenu citoyen français. Il aimait Paris, qui, la magnifique exposition du Centre Pompidou le prouve, le lui rend bien."

- Véronique Prat -

Une expo lui est consacré à Beaubourg du 8 Avril au 10 Août .

 

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23701_alexander_calder.jpgParallèlement, et parce que j'affectionne particulièrement son travail, ne manquez pas l'expo Calder.

 

Sculpteur de père en fils

Alexander Calder naît dans une famille d’artistes : son grand-père écossais, ainsi que son père, Alexander Stirling Calder, auteur de nombreux monuments publics à Philadelphie, sont des sculpteurs célèbres, et sa mère, Nanette Lederer Calder, est peintre. De cette jeunesse entourée d'artistes, le MoMA de New York conserve une sculpteur de Calder père, The Man Cub, représentant Calder fils âgé de quatre ans.

Enfant, Calder, qui dispose chez ses parents de son propre atelier, use déjà de ses dix doigts pour réaliser, à partir de bouts de ferraille récupérés, des bijoux pour les poupées de sa petite sœur, ou des animaux en tôle de laiton.

Ingénieur artiste

Bien qu'étant eux-mêmes artistes, les parents de Calder ne l'encouragent pas à suivre leur trace. Aussi entame-t-il des études d’ingénierie mécanique, facilitées par son goût des mathématiques.

Après divers emplois d'ingénieur, Calder décide malgré tout de devenir artiste et s'inscrit en 1923 à l'Arts Student League de New York pour étudier la peinture. Illustrateur pour laNational Police Gazette, puis pour les spectacles du cirque Barnum, Calder se passionne pour le thème du cirque : cette fascination débouche en 1926 sur la création du Cirque Calder, mise en scène réalisée à partir de figures faites de fil de fer et dans laquelle l'artiste joue le rôle de maître de cérémonie et de marionnettiste. 

calder039.jpgLes années parisiennes

Calder s'est entre temps installé à Paris, dans le quartier artiste de Montparnasse. Là, il commence à fabriquer des jouets articulés et donne des représentations de son Cirque qui enchantent les artistes de l'avant-garde parisienne, en particulier Miró, Cocteau, Man Ray,Robert Desnos, Fernand Léger ou Le Corbusier. 

La rencontre de Piet Mondrian en 1930 exerce sur Calder une grande influence. Il abandonne la sculpture figurative et adopte un langage sculptural abstrait et coloré. 

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Vers l'abstraction : les Mobiles

Exécutées en fil de fer et en bois, ses nouvelles œuvres évoquent le schéma de l'univers. L’artiste construit des sculptures composées d'éléments mobiles indépendants entraînés par un moteur électrique ou par une manivelle, que Marcel Duchamp baptise Mobiles. Les sculptures non aériennes de Calder seront nommés par opposition Stabiles.

De retour aux Etats-Unis en 1933, Calder rencontre un grand succès. Il continue à donner des représentations du Cirque Calder, collabore à des mises en scène de Martha Graham ou d'œuvres d'Erik Satie. 

À partir des années 1950, des commandes importantes lui sont confiées, et Calder se concentre sur la sculpture monumentale, avec notamment en 1958 La Spirale, mobile pour le siège de l'UNESCO à Paris. Il connaît la consécration en 1964 grâce à une rétrospective au Guggenheim Museum de New York.

Alexander Calder meurt le 11 novembre 1976 à New York à l'âge de soixante-dix-huit ans.
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Sartre fut une des premières personnes à acheter un mobile (Paon) à Calder, et il a conservé l’œuvre toute sa vie. L’intérêt pour les mobiles (même s’il semble presque disparu aujourd’hui) se manifestait dans le monde entier. Calder a exposé dès 1943 au MoMA⁵. Dans les années qui suivent, il perfectionne sans cesse les rapports entre les éléments de ses mobiles, tout en en créant de nombreux stabiles, certains gigantesques, pour de nombreuses places publiques sur les cinq continents. Montréal possède un des plus grandsMan (20 m x 30 m), inauguré lors de l’Exposition Universelle de 1967.
 
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22:23 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : peinture, sculpture, art

03/04/2009

le poéte

 

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"Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d'amour, de souffrance, de folie. Il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n'en garder que les quintessences. Ineffable torture où il a besoin de toute la foi, de toute la force surhumaine, où il devient entre tous le grand malade, le grand criminel, le grand maudit - et le suprême savant."

- Arthur Rimbaud -

 

l'homme parle


 

" militants du quotidien , on prépare nos lendemains "

 

 

 

 

01/04/2009

facteur cheval

 

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 Un humble facteur a, pendant 33 ans, érigé seul un étrange palais bâti sur des rêves ...

 

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Voilà un homme qui a travaillé pendant toute sa vie pour érigé le palais de ses rêves. Moi, ça me bouleverse, pas forcément le résultat qu'on aime ou qu'on aime pas, mais la démarche, cette quête et surtout de la mettre en oeuvre inlassablement pierre par pierre, morceau par morceau, de bric et de broc, comme dans sa tête.

J'ai un grand respect pour ses individus hors des sentiers battus qui défendent leur vision . J'ai le sentiment que cela aide à avancer, à progresser ou du moins à s'interroger. De l'amour aussi, ne pas avoir peur de son ombre, ne pas craindre d'être ce que l'on est et de l'exprimer, même si cela peut paraître folie aux yeux du monde.

Toujours eu cette soif d'un idéal, il m'habite, me fait vibrer, m'égare aussi parfois.

Dois-je lui permettre une expression libre, comme a su faire Cheval ( bon! ce mot n'a pas de bonnes vibrations pour moi en ce moment, passons) ou doit on se plier, au prix de migraines effroyables et de sensations d'étouffements qui confèrent à la folie. J'ai choisi la voie de l'expression, tous les jours un peu plus, bonant malant.

C'est assez fréquent que l'on me dise que je suis folle, trop à brûler, trop en demande, impulsive. Assez souvent aussi de parler sans réfléchir, et d'être trop dans l'émotion. Je construis comme facteur Cheval une sorte de palais, un lieu, juste dicté par mes rêves parfois fous, parfois indescriptibles, souvent trop impossibles, cet idéal.

Ce besoin de vivre à pleine respiration, de tout ressentir complètement sans détour, cette sensibilité que j'ai exercée à trop , ce besoin de me mouiller, d'agir, de dire, de vivre.

Etrange palais qu'un cerveau!

 

31/03/2009

pour inventer

 

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" Pour inventer, l'esprit a besoin d'excitant. Le danger, les voyages, l'amour, la surprise renouvellent l'imagination. C'est par la pression de l'événement, le coup de force de la nécessité, l'explosif d'un tourment que l'impossible devient réalité, puis tradition. "

- Jacques Chardonne -

 

 

 

 

 

26/03/2009

Emile Nelligan

                          " Ses mâts touchaient l'azur sur des mers inconnues "

 

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Soir d'hiver

Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah ! comme la neige a neigé !
Qu'est-ce que le spasme de vivre.
À la douleur que j'ai, que j'ai !

-Emile Nelligan

 

C'est Christian Mistral qui m'a fait ce beau cadeau, la découverte de ce magnifique poète , Emile Nelligan. Un destin tragique et un réel génie poétique , cet homme a lutté avec les vers et la santé mentale , faisant de lui une sorte de héros ressentant chacun des mots qu'il a écrit et les soutenant pendant toutes ces années de silence . L'idéal , le rêve, la religion et la mort ; les quatres nervures qui constituent l'univers poétique nelliganien , cette sensation de perdre pied et de s'enfoncer sans un recours dans un abîme exprimant le profond malaise et le malheur dans lequel l'artiste sera plongé quarante ans de sa vie , donne à ses vers une dimension tragique , voilé de tristesse , mythique . Et maintenant ce poéte vit en moi , comme Baudelaire , Rimbaud , Eluard et d'autres encore . Je ne concois pas la vie sans la poésie .

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"Émile Nelligan, écrivain remarquable du tournant du siècle, est le poète le plus aimé et le plus admiré du Canada français. Figure romantique à la carrière littéraire tragiquement écourtée, c'est lui qui a fait passer la poésie canadienne-française dans l'ère moderne.

Émile Nelligan est né à Montréal la veille de Noël, en 1879. Ses parents, dont le mariage battait de l'aile, incarnaient les deux solitudes du Canada. Son père, David Nelligan, était un immigrant irlandais peu sensible à la langue ou à la culture canadienne-française. Son travail d'inspecteur des Postes l'éloignait fréquemment de la maison. Sa mère, Émilie-Amanda Hudon Nelligan, était une canadienne-française douée pour la musique, fière de sa culture et de son patrimoine, et dévote catholique. Sauf pour des vacances d'été avec sa famille dans le village de Cacouna, dans la péninsule gaspésienne, et un court voyage en Europe, Nelligan a passé toute sa vie à Montréal.

Ses études furent sans éclat. En 1896, à 17 ans, il est entré au Collège Sainte-Marie, où il s'est révélé un étudiant médiocre, préférant se plonger dans l'étude et l'écriture de la poésie. En 1897, contre la volonté de ses parents, il a abandonné ses études pour se consacrer à la poésie. Très occupé à composer des vers, il ne pouvait envisager de devenir autre chose que poète.

72754454.2u9Sy7ZQ.jpgC'est en 1896 qu'il a rencontré son mentor et futur éditeur, le prêtre Eugène Seers (plus tard appelé Louis Dantin), et Joseph Melançon qui l'a introduit aux cercles littéraires de Montréal. Sous le pseudonyme d'Émile Kovar, Nelligan a publié son premier poème, « Rêve fantastique », dans Le Samedi (13 juin 1896). En septembre de la même année, huit autres de ses poèmes avaient été publiés dans les journaux locaux et d'autres publications tels que Le Monde illustré et l'Alliance nationale. Les poèmes de Nelligan démontraient une sensibilité remarquable au pouvoir des mots et à la mélodie de la langue; ils étaient empreints de mélancolie et de nostalgie. En 1897, il a publié ses poèmes sous son vrai nom pour la première fois dans Le Monde illustré et La Patrie, même s'il l'épelait parfois « Nellighan » ou « Nelighan ».

En 1897, Nelligan a été invité par son ami Arthur de Bussières à se joindre à l'École littéraire de Montréal, un cercle de jeunes écrivains et intellectuels qui se réunissaient chaque semaine pour discuter des arts. Créé en 1895 par des étudiants inquiets de ce qui leur semblait être l'état de dégradation de la langue française, le groupe a bientôt attiré les écrivains les plus intéressants et dynamiques de l'époque. Au cours de plusieurs séances, le jeune Nelligan a lu sa poésie avec une profonde sensibilité. Il se considérait comme un poète dans la tradition romantique, et il en avait certainement l'apparence physique, avec sa belle et triste apparence à la Byron, ses grands yeux expressifs et son air songeur et distant.

En 1898, son père lui a fait faire un voyage en mer vers Liverpool et Belfast; les détails en demeurent incertains, mais on pense que Nelligan père avait entrepris d'enrôler Émile dans la marine marchande. Plus tard cette année-là, il lui a trouvé un emploi de teneur de livres. Ces emplois n'ont abouti à rien car, au grand désarroi de son père, Nelligan a résolu de se consacrer à son art, la poésie. Souvent, il s'est réfugié dans la mansarde de son ami de Bussières pour lire et travailler, et il a continué de publier ses poèmes dans les journaux locaux et autres.

 

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C'est à cette époque que l'École littéraire de Montréal a pris l'initiative d'organiser une série de séances publiques auxquelles Nelligan a participé. C'est à la séance du 26 mai 1899 qu'il a récité avec ferveur son poème « La Romance du vin », une réplique passionnée aux détracteurs de la poésie. L'audience lui a accordé une ovation retentissante, et Nelligan a été ramené chez lui en triomphe. Malheureusement, cette apparition en public, le meilleur moment de sa vie de poète, aura été la dernière. Peu de temps après, le 9 août 1899, sa santé mentale toujours chancelante a complètement basculé et il a été confiné au refuge Saint-Benoît, montrant des signes de troubles mentaux. Nelligan est resté vingt-cinq ans à Saint-Benoît, puis a été transféré à l'hôpital psychiatrique Saint-Jean-de-Dieu. Durant ses années de réclusion, il a continué à écrire, mais il avait perdu la capacité de créer une oeuvre véritable et passait son temps à recopier de mémoire ses poèmes antérieurs. Il est resté à l'hôpital jusqu'à son décès, survenu le 18 novembre 1941.

L'oeuvre d'Émile Nelligan compte quelque 170 poèmes, sonnets, rondeaux, chansons et poèmes en prose. Ce qui est étonnant, c'est qu'il a écrit tout cela entre les âges de seize et dix-neuf ans. Il avait publié seulement vingt-trois poèmes avant son internement, mais, en 1904, grâce à la diligence de son ami Louis Dantin et à l'aide de sa mère, 107 poèmes ont été publiés dans Émile Nelligan et son oeuvre, avec une préface de Dantin. Trois autres éditions ont été publiées en 1925, 1932 et 1945. En 1952, Luc Lacourcière a publié une édition complète des poèmes de Nelligan intitulée Poésies complètes : 1869-1899, contenant les 107 poèmes rassemblés par Dantin et d'autres poèmes, écrits par Nelligan avant son hospitalisation, qui avaient été envoyés à des amis ou retrouvés parmi ses papiers. Cette édition a été réimprimée plusieurs fois, la dernière en 1989.

 

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Émile Nelligan était un pionnier de la littérature canadienne-française. Dans sa poésie, il a abandonné les sujets éculés de patriotisme et de fidélité au pays, qui avaient occupé ses prédécesseurs littéraires, pour explorer les dimensions symboliques de la langue et sa sombre vision intérieure personnelle. Même si ses écrits ont été influencés par des poètes symbolistes tels Charles Baudelaire et Arthur Rimbaud, et par des écrivains de langue anglaise tels Lord Byron et Edgar Allan Poe, Nelligan s'est doté d'une sensibilité poétique unique. Il a ainsi gagné l'appréciation du Canada français, qui persiste de nos jours puisque son oeuvre continue d'être appréciée. Ses poèmes ont été traduits en anglais et il a été le sujet de plusieurs colloques, films, romans, poèmes, et même d'un ballet et d'un opéra. Cent ans après la création de son dernier poème, la vision poétique d'Émile Nelligan survit toujours. "

Biographie par :
Nina Milner
Service de recherche en littérature canadienne

 

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LE CORBILLARD

Part des temps de brouillard, de vent froid et de pluie,
Quand l'azur a vêtu comme un manteau de suie,
Fête des anges noirs! dans l'après-midi, tard
Comme il est douloureux de voir un corbillard,
Traîné par des chevaux funèbres, en automne,
S'en aller cahotant au chemin monotone,
Là-bas vers quelques gris cimetière perdu,
Qui lui-même comme un grand mort gît étendu!
L'on salue, et l'on est pensif au son des cloches
Élégiaquement dénonçant les approches 
D'un après-midi tel aux rêves du trépas.
Alors nous croyons voir, ralentissant le pas,
À travers des jardins rouillés de feuilles mortes,
Pendant que le vent tord des crêpes à nos portes,
Sortir de nos maisons, comme des coeurs en deuil,
Notre propre cadavre enclos dans le cercueil.

- Emile Nelligan -

 

Les ébauches de génie d’Émile Nelligan donnent très bien l’idée du mystère de l’inspiration poétique. Elle revêt quelque chose d’étrange, d’incohérent si on la soumet à la seule raison raisonnante, mais de musical si on la goûte avec toute son âme. Ici, une remarque de Bergson vient à la mémoire : « Celui qui ose, dit-il, pousser l’intelligence hors de chez elle, relève du même coup toute la connaissance humaine, la science et la métaphysique, et l’homme lui-même, qui ne peut être, circuler et vivre que dans l’absolu. » La poésie fait sourdre de notre subconscience tout un monde d’images et de sentiments que la raison refoule sans cesse mais qui, à l’appel du vers, s’organisent en de nouvelles synthèses. La poésie, c’est le rayon lumineux qui traverse la chambre obscure de notre âme où voltige, insoupçonnée, toute une poussière que nous respirons cependant et dont nous vivons. Le fluide poétique relie et rattache les différentes parties de notre être psychique. De là l’impression profonde de la poésie véritable sur l’âme de l’auditeur ou du lecteur. « Les grands poètes, a dit Léon Bloy, se reconnaissent à ceci qu’ils mettent en nous des traces qu’il n’est plus possible d’effacer. L’ombre d’un vers, l’ombre d’un seul mot tombe sur une âme, en voilà pour toute la vie, et, quand on souffre, c’est un refuge, tel quel, en attendant l’ombre bienheureuse des ormeaux du Paradis. »

- Hermas Bastien - (Prométhées enchaînés )

 

fond_nuit_etoileDSC00614.jpgJe sens voler

Je sens voler en moi les oiseaux du génie 
Mais j'ai tendu si mal mon piège qu'ils ont pris 
Dans l'azur cérébral leurs vols blancs, bruns et gris, 
Et que mon coeur brisé râle son agonie.

- Emile Nelligan

 

 

 

 

17:25 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : poésie, art, destin, génie

23/03/2009

Basquiat

basquiat1.gifUne star météorite de l'underground graffiti new yorkais , j'aime l'expression de Basquiat, un poète de rue, une autre manière de dire .

" Basquiat l'Homme de l'ombre."
Je soutenais qu'il ressemblait à un joueur de flûte, car il avait le  pouvoir d'enchanter les esprits. Mais ses instruments étaient des  pinceaux, des brosses, du papier, de la colle, des toiles et non de simples sons.
- La différence qu'il y a entre vous et les autres, c'est que vous semblez ivre de prendre les dieux à témoin. Vous faites jaillir les  yeux hors des orbites, vous forcez les gens à éprouver des émotions  troublantes. Vous transcendez les âmes des anciens esclaves et vous en faites des zombies palpitants qui avouent leur dette aux cultes vaudous.
Jean-Michel Basquiat (ou plutôt son ombre ) me répondit en un éclair que ce n'était pas vrai. Il quittait le monde et le fuyait en peignant. Il avait honte parfois et rougissait aussi de ce qu'il représentait.  En fait son ambition et la recherche des honneurs le taraudaient  aussi, mais il s'en était préservé par l'amour sans souci : les héros marrons ou noirs aux cheveux hérissés comme des autoportraits aux corps désarticulés qui le poursuivaient étaient ses frères.
basquiat-2.jpg    - Cependant je n'ai aucune ressemblance avec eux. Moi j'ignore tout et je ne sais rien !
- Jean-Michel vous vous cachez encore dis-je. Vous passez votre vie à plaisanter. Vos exercices de gymnastique picturale...
Il n'y avait pas moyen de résister à cet homme fier qui se réjouissait déjà.

-Pierre Givodan- ( chroniques intempestives et subjectives à propos de l'art )

 

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fa_basquiat2.jpgJean-Michel Basquiat fut le premier véritable artiste graffeur de New York, avant de connaître un succès international en tant que peintre néo-expressionniste dans les années 1980. 

De mère porto-ricaine et de père haïtien, Basquiat montre très jeune des aptitudes artistiques, et est encouragé par sa mère à peindre et dessiner. A l’âge de 17 ans il commence, avec son ami El Diaz, à couvrir les immeubles de Lower Manhattan de graffs, auxquels il ajoute la signature « SAMO » ou « SAMO shit » (« same old shit »). En 1978 leVillage Voice publie un article à propos des messages écrits par Basquiat, qui met fin à l’activité de SAMO en inscrivant sur les murs de SoHo « SAMO is dead ».

Basquiat quitte le lycée en 1978 et s’installe avec des amis, vendant des T-shirts et des cartes postales dans la rue pour survivre. Il obtient une première reconnaissance en 1980 en participant à une exposition collective, « The Times Square Show ». En 1981, un article du critique d’art René Ricard paru dans Artforum lance la carrière de l’artiste. 

Les œuvres de Jean-Michel Basquiat montrent divers motifs récurrents : squelettes et masques exprimant son obsession de la mort, éléments urbains tels que voitures, immeubles, jeux d’enfants, graffitis… De nombreuses toiles de l’artiste montrent son intérêt pour l’identité noir et haïtienne.

Au début des années 1980, Basquiat commence à exposer ses œuvres à New York et dans le monde, grâce à plusieurs galeristes. En 1983 il rencontre Andy Warhol, avec qui débute une collaboration intensive et une forte amitié. C’est aussi le moment où Basquiat sombre dans l’héroïne et montre des premiers signes de paranoïa. Il meurt d’une overdose en 1988, à l’âge de 27 ans.

 

 

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            " Je ne pense pas à l'art quand je travaille . J'essaie de penser à la vie ."

                J.M Basquiat

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11:12 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : peinture, art, paroles, expression

16/03/2009

Brancusi

" Ceux qui appellent mon travail abstrait sont des imbéciles. Ce qu’ils appellent abstrait est en réalité du pur réalisme, celui qui n’est pas représenté par la forme extérieure, mais par l’idée, l’essence de l’œuvre. "

- Constantin Brancusi -

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Brancusi.jpgConstantin Brancusi est né en Roumanie en 1876, dans un petit village d’Olténie aux pieds des Carpates, au sein d’un monde rural et archaïque. Très jeune il quitte son village natal et, en 1894, entre à l’Ecole des arts et métiers de Craïova où il est admis l’année suivante dans l’atelier de sculpture puis dans celui de sculpture sur bois. En 1898, il entre à l’Ecole des Beaux-arts de Bucarest. En 1904, il traverse une partie de l’Europe pour rejoindre Munich, où il s’arrête quelque temps à la Kunstakademie, avant d’arriver à Paris le 14 juillet .

Dès son arrivée à Paris, il poursuit sa formation à l’Ecole des Beaux-arts dans l’atelier d’un sculpteur académique reconnu : Antonin Mercié. En 1906-1907, diplômé des beaux-arts, il expose au Salon d’Automne. Auguste Rodin, président du jury, remarque son travail et lui propose de devenir metteur au point dans son atelier. A cette époque Rodin jouit d’une reconnaissance internationale et près de cinquante assistants travaillent pour lui.

Un mois dans l’atelier de Rodin lui suffit pour estimer qu’« il ne pousse rien à l’ombre des grands arbres ». Suit une période difficile pour définir son propre engagement d’artiste : « Ce furent les années les plus dures, les années de recherche, les années où je devais trouver mon chemin propre ».

 

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Brancusi_themuse.jpgUne profonde différence dans leur relation au monde sépare les deux sculpteurs. Rodin est un créateur au sens démiurgique du terme. Il impose au chaos de la matière, c'est-à-dire à la terre qu’il modèle, une forme. La taille directe dans la pierre ou le bois ne l’intéresse pas (elle n’est même plus enseignée au sein des académies). Des assistants réalisent en marbre ou en bronze ce qui a été créé en terre ou en plâtre par l’artiste.
Brancusi, quant à lui, est issu d’un monde archaïque et d’une tradition millénaire de la taille du bois. Pour le sculpteur, « c’est la texture même du matériau qui commande le thème et la forme qui doivent tous deux sortir de la matière et non lui être imposés de l’extérieur ».
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C’est une différence essentielle avec Rodin, car Brancusi ne se présente pas comme un créateur mais comme un intercesseur capable de révéler au sein du matériau qu’il utilise « l’essence cosmique de la matière ». Dans le choix préalable de son bloc de pierre ou de bois, Brancusi perçoit par avance, dans la spécificité du matériau, la présence de la sculpture.

La reconstitution de son atelier par Renzo Piano au centre Pompidou est remarquable .

 

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« Ce n’est pas la forme extérieure qui est réelle, mais l’essence des choses. Partant de cette vérité, il est impossible à quiconque d’exprimer quelque chose de réel en imitant la surface des choses », il est profondément ancré dans une pensée qui structure tout l’art du vingtième siècle, depuis Kandinsky, Mondrian ou Malevitch, jusqu’à Yves Klein, Richard Serra ou les artistes minimalistes américains des années soixante.
L’artiste minimaliste américain, Carl Andre, dans sa sculpture intitulée 144 Tin Square, composée de 144 carrés d’étain de même dimension disposés au sol pour former un carré, dira n’avoir fait que mettre à plat La Colonne sans fin de Brancusi.
La sérialité potentiellement infinie des Colonnes et l’importance que Brancusi accorde à la perception de l’espace dans lequel ses œuvres s’inscrivent définiront une grande partie de la sculpture contemporaine à partir des années cinquante.

artwork_images_141111_388404_constantin-brancusi.jpgAu début du siècle Brancusi partage l’intérêt de ses contemporains pour la Théosophie. Cette doctrine, selon laquelle l’homme est tombé de l’ordre divin dans l’ordre naturel et tend à remonter vers son état premier, est très répandue dans les milieux artistiques. Cette pensée influence des artistes comme Kandinsky, Kupka ou Piet Mondrian.

 

Brancusi est aussi l’ami intime de Marcel Duchamp, d'Erik Satie, de Fernand Léger, de Man Ray ou de Tristan Tzara. En 1912, il visite avec Duchamp et Léger le Salon de la Locomotion Aérienne à Paris. Devant une imposante hélice d’avion, Duchamp leur demande si un artiste aujourd’hui est capable de faire une œuvre aussi belle et pure que cette hélice. A cette époque Brancusi a commencé le cycle des Oiseaux, thème qu’il développera jusqu’à obtenir un pur élan ascensionnel. Cette anecdote montre aussi comment sa sculpture, qui fait référence à des sources anciennes et intemporelles, peut entrer en correspondance avec la modernité. La beauté des objets produits par l’industrie passionne cette génération d’artistes du début du 20e siècle.

Autre correspondance avec la modernité : en 1926, lors de son premier voyage à New York, Brancusi souhaite ériger une Colonne sans fin monumentale au cœur même de Central Park. En 1956 c’est une Colonne haute de 400 mètres qu’il souhaitera réaliser à Chicago.

 

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Brancusi_kiss.gifDepuis l’unique atelier du 8 impasse Ronsin, jusqu’à l’ensemble des ateliers du numéro 11 tels qu’ils ont été légués par l’artiste avant sa mort, Brancusi a accordé une importance capitale à la relation de ses sculptures avec l’espace qui les contient.

Dès les années dix, en disposant des sculptures dans une étroite relation spatiale, il crée au sein de l’atelier des œuvres nouvelles qu’il nomme groupes mobiles, signifiant ainsi l’importance du lien des œuvres entre elles et les possibilités de mobilité de chacune au sein de l’ensemble.

En 1922, Brancusi n’a pu se rendre à New York pour l’exposition Exhibition Contemporary French Art où vingt-et-une de ses sculptures sont exposées. Des photographies de la présentation de ses œuvres lui sont envoyées. Disposées contre les murs et mélangées à celles d’autres artistes, elles lui apparaissent comme des objets inertes tant elles ont perdu leur capacité d’expansion dans l’espace. Cet incident le conforte dans l’idée que l’atelier est un espace privilégié pour l’élaboration et la perception de ses sculptures.

A partir des années vingt, l’atelier devient le lieu de présentation de son travail et une œuvre d’art à part entière, un corps constitué de cellules qui se génèrent les unes les autres. Cette expérience du regard à l’intérieur de l’atelier vers chacune des sculptures pour constituer un ensemble de relations spatiales conduit Brancusi à remanier quotidiennement leur place pour parvenir à l’unité qui lui parait la plus juste.

A la fin de sa vie, Brancusi ne produit plus de sculptures pour se concentrer sur leur seule relation au sein de l’atelier. Cette proximité devient si essentielle, que l’artiste ne souhaite plus exposer et, quand il vend une œuvre, il la remplace par son tirage en plâtre pour ne pas perdre l’unité de l’ensemble.

 

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07:15 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : art, sculpture, passion

10/03/2009

Hans Hartung

Héros de l’abstraction lyrique et de l’école de Paris, Hans Hartung est à la fois un artiste reconnu et mal connu. À la spontanéité apparente du geste s’oppose la méthode analytique, faite d’un long processus qui va du croquis à la mise au carreau.

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hanshartung.jpg"Lorsque j’avais entre huit et douze ans, j’étais passionné d’astronomie. Je cherchais à dessiner des éclairs ."

- Hans Hartung -

Né en Allemagne en 1904 , il fuit le régime nazi et adopte la nationalité française. Mort en 1989.
Hans Hartung est attiré dès son adolescence par le graphisme abstrait et se passionne pour Rembrandt, Holbein et Goya.Il découvre la peinture française lors d’une exposition à Dresde.
 Alors que ses premières peintures sont figuratives, l’utilisation des couleurs aniline lui inspire ensuite une série d’aquarelles abstraites. Il séjourne à Paris sur les conseils de son professeur et s’y installe.

 Il obtient la nationalité française. Chef de file de l’Abstraction lyrique de l’après-guerre, il privilégie le geste spontané, la touche fluide et rapide, et utiliseune gamme chromatique réduite aux contrastes prononcés. Les stries et autres formes sont obtenues à l’aide d’objets comme des branches d’arbres. Puis, à partir des années 60, le noir devient la teinte majeure, agrémentée de grattages et incisions aux couleurs acides.Le noir envahit la toile. Hans Hartung griffonne, gratte, agit sur la toile.

 

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Le temps, le rythme fait de ralentissements et d’accélérations,la lenteur par les taches, la vitesse par le pinceau.
L’artiste, qui dans son atelier retourne ses tableaux face au mur, pense ses œuvres proche de la réalité, une réalité qui provoque l’acte artistique. Pour moi, c'est vrai cette peinture a quelque chose de cosmique , une sorte de puissance dans le mouvement et la légèreté .

 

 

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      " Qu'est ce que peindre , si ce n'est saisir toute la surface d'une onde? "

 

 

 

18:08 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : peinture, art, hans hartung