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24/09/2012

Muere lentamente

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- La Havane, plage de l'Est - Août 2012 -

 
 
 
Il meurt lentement
celui qui ne voyage pas,
celui qui ne lit pas,
celui qui n'écoute pas de musique,
celui qui ne sait pas trouver
grâce à ses yeux
 
Il meurt lentement
celui qui détruit son amour-propre,
celui qui ne se laisse jamais aider
 
Il meurt lentement
celui qui devient esclave de l'habitude
refaisant tous les jours les mêmes chemins,
celui qui ne change jamais de repère,
Ne se risque jamais à changer la couleur
de ses vêtements
Ou qui ne parle jamais à un inconnu
 
Il meurt lentement
celui qui évite la passion
et son tourbillon d'émotions
celles qui redonnent la lumière dans les yeux
et réparent les coeurs blessés
 
Il meurt lentement
celui qui ne change pas de cap
lorsqu'il est malheureux
au travail ou en amour,
celui qui ne prend pas de risques
pour réaliser ses rêves,
celui qui, pas une seule fois dans sa vie,
n'a fui les conseils sensés
 
Vis maintenant !
Risque-toi aujourd'hui !
Agis tout de suite !
Ne te laisse pas mourir lentement !
Ne te prive pas d'être heureux !
 
- Pablo Neruda -
 
 


23/09/2012

De l'avis de Jacob sur le dernier Angot

Je n'ai pas lu le dernier livre de Christine Angot, Une semaine de vacances, pas encore. J'avais trouvé L'inceste un peu plat mais à lire les critiques ce n'est pas le cas cette fois. Ce matin en parcourant l’article : Assez! de Didier Jacob dans le Nouvel Obs, vitriolant l'ouvrage et plus encore la démarche de l'écrivain, j'ai eu un haut le coeur et je me suis dit qu'il y avait encore fort à faire pour que dans l'esprit de tout à chacun l'inceste dans toute sa cruauté fasse son chemin. Jacob se désole qu'une scène de fellation soit décrite sur une centaine de pages, soit, c'est peut-être long, je me ferais mon idée en lisant cet ouvrage, mais qu'il puisse dans quatre courtes phrases écrire: "Les poils du monsieur, la bouche de la petite. Elle est sa fille, voyez-vous. C'est un inceste, c'est du Angot. La routine, en quelque sorte." Une centaine de pages alors, c'est bien peu. Mais ça n'est pas ce qui m'a fait le plus bondir et qui m'a fait prendre conscience du long chemin encore à parcourir. "Une jeune fille, apparemment séduite par un père, qui ne se sépare jamais de son Guide Michelin, se soumet au bon vouloir du monsieur, un imbécile patenté dont on se demande pourquoi elle ne lui met pas une claque dès la page 2 (ce qui aurait arrangé tout le monde). Ils roulent en Peugeot, fellation, on part au restaurant, vaseline dans le trou du cul, on visite une église, et vas-y que je te suce encore mon petit papa chéri. Scandaleux? Si seulement! Christine Angot sent bien que ça ne suffira pas, le coup de l'inceste, pour susciter l'admiration des gazettes en mal de corporel. Qu'est-ce que je vais donc trouver, s'interroge-t-elle probablement, pour passer au JT? Faute d'idées nouvelles sur le terrain de la pornographie, Christine Angot se rabat sur la pipe dans le confessionnal. Mais qui croit-elle choquer - si ce n'est l'intelligence?". Ouch! Là, c'est Jacob qui me choque, m'entrechoque, me bouscule dans mes retranchements et titille mon intelligence. Comment un être humain normalement constitué n'arrive pas à comprendre dans quel état un inceste peut mettre un enfant, comment se peut-il qu'un journaliste de talent puisse penser qu'en écrivant à sa manière ce qu'elle a vécu Angot brigue une quelconque admiration? Peut-on s'attendre d'ailleurs à une admiration quand on a le besoin voire la nécessité de partager une telle souffrance, un tel destin, une telle mainmise sur une vie? Comment peut-on un instant penser qu'une jeune fille est pu être séduite par son père, pire apparemment. Il n'y a guère de séduction dans une relation incestueuse. C'est une relation qui n'en est pas une pour tout dire, c'est le pouvoir d'un être sur un autre, il n'y a pas concertation. Et si un père veut plusieurs fellations par jour, et s'il faut qu'elles soient longues, le temps d'écrire une centaine de pages par exemple, et s'il faut qu'elles se fassent dans un confessionnal parce qu'il y bande mieux, quel choix pour l'enfant soumis à cet amour haïssant ou cette haine amoureuse d'une perversité sans nom? Peut-être celui plus tard, une fois devenu grand, d'écrire une autofiction qui je cite: " est aujourd'hui tombée en désuétude, sauf pour les quelques écrivains qui en appliquent encore bêtement les règles, ainsi qu'en peinture autrefois s'acharnaient, en pleine révolution des styles, les ténors de l'art pompier." Il s'est dit que la critique est facile et l'art si difficile. Oui, l'art de s'en sortir et l'art de sortir de sa plume le jus d'une telle engeance, oui c'est difficile. Angot n'est peut-être pas arrivée au travers de son livre à faire comprendre cela à Jacob ou c'est Jacob qui ne le peut vraiment pas comme tous ces gens qui préfèrent ne pas en entendre parler, ou ne peut penser que ça puisse être aussi pornographique et aussi désolant qu'un mauvais film de cul. Que l'écriture mérite mieux, alors qu'en l'occurrence, pour m'y être essayée, je sais qu'elle investissement de soi elle demande, quelle douleur elle engendre et quel volonté elle consomme, une autofiction de cette nature là.

 

17/09/2012

Un dimanche avec Swan

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- Swan et Blue - Photo Patrick Natier -

 

Swan n’était là que pour deux jours. Elle avait déjà vu Lille, en tout cas la vieille ville avec Pat le samedi en descendant de son train alors j’avais envie de lui montrer autre chose, des endroits que j’aime, un peu plus loin. Elle était enthousiaste à l’idée de voir d’autres pays, qu’à cela ne tienne, nous irions en Belgique et puis en Hollande aussi, c’est si facile d'ici. Nous nous sommes levés plus tôt qu’à l’ordinaire pour un Dimanche. Normalement on glande un peu, on se laisse vivre mais là, si nous voulions aller jusqu’à la mer et puis ensuite passer à Bruges et pourquoi pas dîner à Gand, il n’y avait pas de temps à perdre. Quoique, est-ce vraiment perdre son temps que de le prendre ? Nous sommes partis Pat, Swan et moi après un déjeuner animé avec mes trois gars, un délicieux poulet-frites dans l’estomac. Jazz au programme tout le long du voyage : Brad, Oscar, Chet, un peu de Paolo Conte aussi. Nous avons comme à l’accoutumée suivis les canaux de Damme. Un tel ravissement ces longs canaux bordés d’arbres. Puis enfin, nous sommes arrivés à Nieuuwvliet-Bad, une enclave hollandaise sur la côte belge, au Nord. La mer était grise, je ne l’étais pas et Swan non plus, trop heureuse d’être là. Une bonne bière pour elle et un chocolat nature pour Pat, à l’amaretto pour moi.  Une heure à prendre le large dans notre tête face à la mer et nous avons repris la route, enchantés. Tranquille. L’accordéon de Galliano nous donnait le tempo. Quand nous avons approché de Bruges, impossible d’entrer dans la ville avec la voiture, c’était une journée sans. Par bonheur, nous avons trouvé un parking qui nous a mené juste au cœur de la ville. Là, Swan n'a plus su où donner de la tête. Il fallait la voir s’émerveiller ainsi à chaque instant de chaque édifice, chaque monument, chaque petite chose de cette Venise du Nord bourrée de poésie et de surprises. Un régal. Clic-clic kodak par ci, clic-clic kodak par là. Nous avions de la chance, le soleil avait réussi à refaire une apparition et la lumière était plus que parfaite. On ne pouvait rêver mieux, être là dans cette ville magique, sans bruit de moteurs. Douceur de vivre. Nous nous sommes laissés faire par nos pas profitant de l’ambiance bon-enfant et avons fini cette journée hors du temps, à Gand. Ville typique des Flandres, riche et grande, une architecture étonnante en dentelle de pierre, réjouissante. Nous avons diné dans un restau au bord de l’eau sous un brasero, avons parlé de son séjour à Paris, de Montréal, de nos envies de voyage respectifs, de politique, d’art, de la vie. Son accent chantant doux comme une musique avec ces tsé, ces plates, ces chez nous, ces an au son différent était rafraîchissant au milieu de cette langue flamande impossible à comprendre. On a rit, on a eu du fun à être là et on s’est régalé d’une carbonade flamande- frites maison- côte de Ventoux goûteux et doux. Précieux moment. Elle vient de repartir vers Sauve chez notre ami Mc Comber avec son énorme sac à dos orange et noir pour homme sanglé sur son corps de femme. Cinq heures de route. Elle va peut-être repenser tendrement à nous, à cette escapade et à nos rires d’adolescentes sur la plage. En tout cas, je n’oublierai sûrement pas pour ma part ce Dimanche avec Swan.

 

16/09/2012

L'insatiable Homme-Araignée

Elle est entrée dans la boutique, royale ! Tout chez elle est artistique. Elle est gourmande, étonnante, atypique. Sa crinière noire. Ses yeux jais outrageusement maquillés. Son corps ondoyant. Ses mains d’artisan. Sa voix rauque. Une femme enivrante, exaltante, sorcière. Elle captive et masque ainsi sa grande fragilité et sa sensibilité d’écorchée. C’est mon amie depuis toujours même si on ne se le dit que depuis peu. J’ai du plaisir à la regarder, à l’écouter, à la deviner. J’aime croiser son regard fier, j’aime l'habiller.

- Blue ! faut que tu lises ça !

- Quoi, ça ?

- Cet écrivain cubain.

- Tu sais que je reviens de Cuba ?

- Non je l’ignorais, tu as aimé ?

- Oui. La Havane, torride ; Trinidad, envoûtant ; les cubains, charmants…

- Lis ça, tu m’en diras des nouvelles. C’est l’écriture comme on aime, tu sais: celle qui décape, qui arrache, qui nous remue profond et loin…

- Ok, ok, c’est quoi son nom ?

- Pedro Juan Gutiérrez.

En face de chez moi, il y a un petit libraire, un des rares qui survit tant bien que mal. J’y passe toutes les semaines, parfois même deux à trois fois, c’est irrésistible pour moi. J’entre dans son petit espace tout en longueur bourré de bouquins jusqu’au plafond et sur l’étroite table à l’entrée je vois une pile de livres qui attire mon attention : L’insatiable Homme-Araignée, 13E Note Editions, Pedro Juan Gutiérrez, la photo d’un métis tatoué envoyant un baiser d’une portière de vieille américaine en noir et blanc. Je prends l’ouvrage, et je souris, je pense à elle. C’est un recueil de nouvelles. Je feuillette, j’en aime le ton, la manière incisive, la rage qui se dégage du livre. En exergue une phrase d’Hemingway, et puis une autre de Frank Lloyd Wright qui me plaît : «  Il est beaucoup plus difficile de vivre sans règles, mais c’est ce que doit faire, en toute honnêteté, un homme capable de penser. » Je suis conquise et je repars avec le livre.

Ce matin je l’ouvre à nouveau pendant que le poulet dore dans le four et que Swan prend sa douche. La première nouvelle  Silvia à New-York me scotche, j’en ai des frissons jusqu’au fond de mon sexe, je tressaille. Puissant, dérangeant, irrésistible. L’écriture de ce cubain va être ma drogue des jours prochains. C’est peut-être ce qui m’a sauvé : les cuites, les femmes, faire sortir la rage, tout envoyer bouler, ne rien attendre de personne. Et écrire. Ivre, aux aurores, j’écrivais des nouvelles sur tout ce qui m’arrivait. C’était très amusant. Et j’ai continué. Et j’en suis là. « Il y a le Cuba des cartes postales et des clichés. Et il y en a un autre, un Cuba du sexe, d’alcool, de fureur et de mots. Du premier, Pedro Juan Gutiérrez semble tout ignorer, le second il le croque en couleur, à grands traits, à grands bruits. «  écrit Vanessa Postec de Transfuge. « La rage de Gutiérrez contre la répression du Cuba de Castro est grisante. Crue. Choquante. Et sensuelle. » dit a son tour Anderson Tepper du New York Times. Je ne peux pas encore en dire autant avec le peu que j’en ai lu, ce que je sais c’est que cette façon cruelle et douce d’écrire, les tripes à l’air, me touche au plus haut point et me bouscule, me donne envie de prendre la plume et d’à mon tour crier la vie.

 

14/09/2012

Swan

C'est grâce à Mistral que nous nous sommes rencontrées et appréciées au travers de nos blogs respectifs. Entre nous doucement s'est tissée une relation de confiance et un début d'amitié au-delà de la virtualité. Quand nous nous sommes vues à cette fameuse soirée à Montréal pour fêter la Tribu et la sortie des Corpuscules de Sandy, tout naturellement nous nous sommes saluées et nous avons échangés de vive voix notre joie d'être là. On avait parlé bâteau, si mes souvenirs sont bons. Elle avait le projet de venir en France, et maintenant qu'elle est à Paris depuis plusieurs jours, je ne pouvais pas ne pas lui faire découvrir mon Noooord! C'est chose faite, Swan arrive Samedi à la gare Lille-Flandres, Pat ira la chercher puisque je sévis le Samedi dans ma boutique. Je compte bien lui faire faire un tour de la ville en fin de journée, aller manger une moule-frite ou une tarte au maroilles dans une brasserie typique qu'on trinque à la Blanche de Bruges et puis le Dimanche, on verra selon le temps qu'il fait, ses désidératas et notre humeur et inspiration du moment à moins qu'elle ne préfère partager avec nous notre traditionnel poulet-purée tout en devisant... 

 

12/09/2012

blog et vie -1-

La dernière fois que j'ai vu ce monsieur c'était au mois de Juillet, en plein milieu des soldes. Il voulait, en plus de faire plaisir à sa fille en lui offrant une tenue parfaite, me remercier du petit texte que j'avais écrit ici sur sa femme Françoise, décédée en début d'année, et qu'il relit souvent. Dans la longue lettre manuscrite que je lui avais adressée à ce moment là, j'avais joint une copie de ce texte et le lien sur mon blog. Il est passé me voir aujourd'hui à la boutique, pour me saluer: "Je vous ai vue, je me suis arrêté et me suis garé comme dans le temps, devant chez vous. Vous faites presque partie de la famille, vous savez, Blue... Je vous lis sur votre blog, et ça me fait de l'effet. Vous aimez ça écrire, c'est fou! ". Après nous être entretenus de choses et d'autres: des vacances sans elle pour la première fois, de la conjoncture économique, des besoins de ses petits enfants et du vide difficile à vivre, il me dit: "Comment va votre bébé, parce que votre blog, c'est ça n'est-ce-pas? Il faut vous en occuper!" J'étais toute retournée: " Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas le lâcher!" Il est reparti souriant et soulagé, sa main battant l'air pour me dire au revoir, rassuré de savoir qu'il allait me retrouver, entre mes mots, tôt ou tard...

 

11/09/2012

De l'art...

Ce matin, vu chez Laure, un petit film sur J.Pollock en pleine création artistique...

 

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- Photo Massaki Nakajima - Exposition J. Pollock -


 

" C'est le propre des oeuvres vraiment artistiques d'être une source inépuisable de suggestions."

- Charles Baudelaire -

 

 

09/09/2012

La Casa Musica de La Habana

Le spectacle devait commencer à neuf heures du soir et nous étions un peu à l'avance parce que Marlen avait tenu à nous accompagner, elle n’aime pas sortir le soir seule dans son quartier et voulait être sûre que nous ne courions aucun danger. Vu le nombre de gardiens et d’hommes de sécurité, il n’y avait pas à s’en faire. Nous nous sommes assis à une petite table au milieu de la grande salle sombre en sirotant notre récurent mojito et nous avons assisté à l’installation de la scène au milieu des ingénieurs du son. La salle s’est remplie progressivement. Des couples d’amoureux, des groupes d’amis, une bande de vénézuéliennes complètement en transe, sans doute ravies d’être là et quelques hommes seuls disséminés de ci-de là. Les gros caissons noirs de chaque côté de l’estrade envoyait un son épouvantable, à un point tel qu’il n’était pas possible d’apprécier la musique diffusée. J'espèrais que cela allait changer une fois le groupe en piste. De plus en plus l’ambiance chauffait, certains se mettaient à danser près de leur table, d’autres trinquaient et se réjouissaient d’être là. Mais le spectacle le plus édifiant qui au début m’avait mise mal à l’aise était le défilé de plus en plus consistant de jeunes femmes toutes tirées à quatre épingles, maquillées, perchées sur des talons invraisemblables, moulées dans des petites robes trois trous à la Jackie Kennedy, les mains impeccablement manucurées tenant une pochette oblongue scintillante. Elles passaient et repassaient, se déhanchant et lançant des œillades à la volée. Elles m'évoquaient une présentation de Paule Ka avec leurs coupes de cheveux toutes identiques, lissés et remontés en chignons savamment décoiffés. Si jeunes. Tellement jeunes. Des lolitas, jeunes femmes jouant à être femme pour aiguiser les appétits masculins. Aucun homme célibataire ne le restait longtemps. Elles l’approchaient à deux ou trois, souvent une blonde, une brune, une entre-deux, comme pour proposer un choix à leur proie et même parfois l’une d’elle se levait pour aller en chercher une quatrième sentant que celle-ci qui avait tapé dans l’œil du coquin. Juste avant que le concert ne soit lancé, des bandes de copains firent leur entrée. Manifestement, ces hommes avaient leurs habitudes, et venaient sans état d’âme cueillir une fleur pour agrémenter leur soirée. A la table à ma droite étaient assis trois couples de cubains et cubaines venus pour apprécier la musique, ou tenter de le faire. Mon voisin le plus proche me regardait d’un air dépité chaque fois qu’un gars repartait avec une de ces jeunes filles sous le bras. Je pensais : « ça pourrait être sa fille ! » Et lui semblait se dire : « Elle doit penser que ça pourrait être ma fille ! ». La musique d’un coup est venue s’abattre sur nous coupant court à nos émotions. Et j’aime trop la musique pour pouvoir l’entendre dans de telles conditions, je me suis demandée d’ailleurs de quoi les tympans des cubains étaient faits pour pouvoir le supporter. Et puis, surtout, je commençais à avoir trop mal au cœur de voir tout ce gâchis, toute cette jeunesse qui n’a comme seule issue que l’usage de son corps. Je suis repartie de la casa musica de la Habana, ivre et triste. Une image de Cuba loin des couleurs, des lumières et de la poésie que je m'étais écrite jusque là.

 

La Finca Vigia -2-

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J'ai toujours adoré les allées bordées d'arbres. Petite, je me rappelle très bien de l'euphorie que me procurait celle qui menait au petit Moulinsart de mon amie Marianne. Ses parents étaient les meilleurs amis de mes parents et j'allais souvent le Mercredi après-midi chez elle. On jouait au docteur, à la poupée, on s'inventait des histoires de reines. Mais mon moment préféré était toujours... l'arrivée. L'immense allée en gravier habillée de droite et de gauche d'une rangée bien dessinée de peupliers. Comment dire? Allégresse, c'est le premier mot qui me vient, oui, un sentiment d'allégresse à être comme ça, sur un chemin qui communique avec le ciel. A La Finca, quand mes pas m'ont amenés à l'allée bordée de palmiers qui mène à la piscine, j'ai pensé à Proust et à ses madeleines. J'avais la mienne. J'en ai pleuré.

 

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Au bout de l'allée, les sièges à bascule, présents dans tous les intérieurs cubains, au bord de l'énorme piscine presque carrée vide mais peinte en bleue des mers du Sud invitaient à s'asseoir. Ce que j'ai fait. Je me suis plue à imaginer qu'avait dû être l'ambiance à l'époque, les amis, les rires, les discussions, les espiégleries d'Ernest et les chiens au milieu de tout ça. J'ai fermé les yeux et j'ai goûté au délicieux bruit du vent dans les feuillages, me faisant mon petit film. Pat m'a sorti de ma rêverie, me montrant du doigt les petites pierres tombales pour chacun de ses quatre chiens et par derrière le fameux "Pilar" restauré.

 

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De voir son bâteau m'a donné envie d'en savoir davantage et je proposais à Pat et à Emilio qui nous accompagnait dans le même genre de voiture que Jesus à la Havane, de pousser jusqu'au petit village où Hemingway aimait pêcher: Cojimar, la source d'inspiration du vieil homme et la mer, on ne pouvait pas ne pas aller y finir notre sorte de pélerinage avant d'enfin s'échouer sur la plage. Nous sommes tombés d'accord et nous prîmes la route vers cette nouvelle destination. Après s'étre désaltéré d'un vesou frais, aux peut-être vertus aphrodisiaques, nous sommes repartis dans la chaleur moîte, fenêtres grandes ouvertes vers Cojimar. Sur la route, il n'y avait presque personne, à part des camions aux chargements incroyables: sacs de riz vintages ou masse d'individus agglutinés, des équipages improbables toujours très colorés et quelques rares américaines plaisantes à regarder. Du vert, du vert, du vert encore. La nature est riche et foisonnante. Cuba ne manque pas d'être arrosé. Juste avant d'arriver à l'entrée du village, juste au tout dernier carrefour, je demandais à Emilio de s'arrêter devant une ruine magnifique qui avait mis en branle spontanément tous mes neurones. J'ai bondi tel un cabri hors de la voiture pour la prendre en photo sous toutes ses coutures. J'ai senti en moi pousser mes envies d'entreprendre et de construire, je voyais déjà ce que je pourrais faire d'un endroit comme celui-là, tout y était. J'ai demandé à Emilio à quoi avait bien pu servir cette bâtisse, il m'a répondu: une école. Je n'ai pas pu y entrer mais mes plans étaient fait. Vaste restaurant au rez-de chaussée et belles chambres claires avec vue sur la mer dans les étages. Emilio ne comprenait pas mon enthousiasme et me regardait avec des yeux ronds tentant de partager ma vision. Pat alors me dit: "Blue, tu es à Cuba!", j'ai déchanté, adieu veau, vache, cochon, couvée...

 

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- L'objet de ma rêverie -

 

Dés l'entrée du petit village de pécheurs, on est au parfum. Bien clair qu'ici "Papa" a laissé son empreinte, d'ailleurs face au fort au bout du port, sa tête en bronze trône au milieu d'une rotonde de colonnes blanches, fixant à jamais la mer qui s'étend à l'infini devant son effigie. Là, Pat a pris de belles photos de moi contemplative et nous sommes repartis vers les plages où les habitants de la Havane viennent en famille prendre l'air du large. Emilio connaissait un endroit moins touristique où il venait régulièrement avec sa femme et ses enfants. L'idée nous plaisait d'être plutôt du côté des cubains que sur une plage formatée face au complexe hôtelier. Pas du tout la même ambiance qu'à Trinidad, pas l'ombre des cocotiers, à la Havane, ça cogne dur mais l'eau de l'océan est plus fraîche que celle trop tiède de la mer des Caraïbes. Les us et coutumes, eux restent les mêmes. Tous avec leur bouteille de Rhum et de coca à s'enivrer tout au long de la journée sous un soleil de plomb, tous plutôt en groupe, peu de couple comme nous, et toutes tranches d'âge confondues. Je n'avais pas vu autant de grand-pères et de grand-mères sur une plage qu'à Cuba! Nous avons déjeuné là sous une petite construction de bric et de broc. Un délicieux poisson grillé et dos mojitos. Et nous avons bullé sur la plage sachant que nos vacances tiraient à leur fin et qu'il allait nous falloir très vite changer de rythme, de paysages aussi...

 

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- "Papa" à l'entrée de Cojimar -



05/09/2012

Mots pour maux

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Ok! Ben le pense et l'écrit en façade mais je ne pense pas comme lui, même que je pense le contraire enfin pas tout à fait, disons un entre-deux. Les mots peuvent être aussi assassins que libérateurs, ils peuvent faire rire comme faire pleurer, faire mal et faire en sorte de devenir meilleur. Dans une société d'images et de passage, les mots ancrent et posent et fortifient.

Le mot, les mots peuvent trahir autant qu'ils subjuguent. Les mots sont l'avenir mais pas dans n'importe quelles mains. Les mots mis au service de nobles desseins libèrent, tempérent, créent. Et, permettent à certains et certaines d'être et d'exprimer. Maux à mots, mots pour maux, les mots sont inépuisables et toujours là, prêts à bondir pour panser et construire. Ayo!! Peut-être que, je les aime trop!

 

  

02/09/2012

La Habana -1-

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- La Habana -

 

J’ai commencé mon voyage là, trop fatiguée et décalquée par le décalage horaire, je n’ai pas pu apprécier ma première journée dans la capitale cubaine et j’étais bien heureuse de quitter tout ce brouhaha et ces odeurs de gas-oil pour Trinidad, la sereine. Mais j’ai quand même voulu en savoir davantage sur cette ville mythique qui a fait tant couler d’encre et avant de repartir pour le petit Nord de la France, je suis restée trois jours à La Havane. Marlen, qui nous a gentiment accueillie n’habite pas le cœur de la ville mais de l’autre côté du Malecon dans un quartier résidentiel normalement calme quand on s’y enfonce mais bruyant à souhait de son balcon. Son appartement au deuxième étage d’un petit immeuble art déco donne sur une grosse artère, le spectacle y est saisissant. Au ralenti le Dimanche, en transe le Lundi. Des vieux bus scolaires américains avec l’arrière en porte-à-faux, des camions de toutes sortes ressemblant plus à des jouets d’enfant, des grosses voitures « fifties » hallucinantes dans des couleurs pétardes, des petites ladas grises à foison, des vélos, des vieilles motos comme dans les films d’après-guerre, et des gens à pied, plein de gens à pied, qui soit attendent des cars vétustes et bondés, soit hèlent des taxis ou même des automobilistes au hasard, chacun tentant sa chance pour éviter de faire toute la route à pied jusqu’au centre. L’immeuble voisin du sien est un vieux cinéma 1930 pur jus, l’Arenal, à l’abandon. Marlen nous a raconté que dans les années cinquante toute La Havane y venait, elle même y avait vu La Callas chanter. Depuis presque dix ans il est fermé, dommage, elle semblait en être désolée.

 

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- Du balcon de chez Marlen, le Dimanche -

 

Nous avons voulu la première journée faire un tour global dans la cité pour prendre la température du lieu. Jésus, un ami de Marlen a fait pour nous le guide dans sa voiture rafistolée repeinte en bleu vif à l’extérieur et noir à l'intérieur. Il nous a baladé de long en large et en travers dans pas mal de quartiers de la ville pour qu’on la comprenne. On est allé chercher les points hauts pour pouvoir avoir une vue d’ensemble et nous avons aussi visité le cimetière presque aussi beau que celui de Gênes. Après avoir passé des heures à déambuler dans la vieille ville- toute une partie du centre est restaurée - au milieu des touristes, nous avons bu tous les trois un verre à l’El Nacional, le fameux hôtel d’Al Capone. On se serait cru dans le Parrain dans les gros fauteuils en osier doré et skaï rouge sous le préau à colonnes joliment éclairé de grosses lanternes marocaines entrain de siroter le daïquiri mis au point par Hemingway lui-même qui est à la Havane une des vedettes, après Le Ché. Je ne vous dis pas le monde au Foridita et à la Bodeguita del Medio, les deux bars qu’affectionnait « Papa ». C’était sympa malgré une chaleur accablante. J’ai adoré le restaurant dans lequel nous a emmené Jésus, nous voulions tout sauf un lieu touristique. C’est comme ça qu’on s’est retrouvé un Dimanche midi dans une immense salle au quatrième étage d’un immeuble au plein cœur de la ville sans même qu’on puisse le savoir de l’extérieur dans un restaurant où les cubains viennent en famille manger dans un décor rustico-hispanique du porc grillé ou du poisson arrosé d’une sangria maison. Vraiment un chouette moment. Jesus nous expliquait du mieux possible, ne parlant qu’espagnol, que c’était une sorte de coopérative et que c’est pour cela qu’on pouvait manger aussi bon à des prix aussi bas. C’était bondé. Les grands ventilateurs brassaient un air chaud et lourd et la jovialité emplissait l’atmosphère. Un lieu autrement plus sympa que d’autres que nous avions pu faire avec notre guide touristique sous le bras. Le charme de La Havane commençait à opérer et nous étions finalement ravis d’être là. Nous nous sommes cassés le nez devant la porte du musée d’art contemporain, les horaires avaient changés et nous avons du coup décidé de faire celui du Havanna club, pas tout à fait le même délire mais instructif quoique expéditif. On ne peut pas le faire sans un guide, passage obligé à la caisse, et le guide mène ça de main de maître à une cadence plus que rapide pour vite nous amener à ce qui le motive : le magasin de souvenirs.

Enfin, nous avons voulu finir la journée en beauté. La fille de Marlen travaille dans la mode, elle est ancienne mannequin, mariée à un photographe français et fait maintenant de la production d’images. Elle m’avait envoyé via mon amie un mail avant de partir nous indiquant un lieu insolite pour dîner en tête à tête. Nous avons demandé à Jesus de nous y déposer, Pat et moi, ce qu’il a aimablement fait et de venir nous rechercher après le repas, car l’endroit en question était vraiment dans un coin improbable de La Havane, en dehors du circuit touristique niché au troisième étage d’un ancien palais, rampe d’escalier et sols en marbre, hauteur de plafond surprenante, immenses pièces bourrées de colonnes, il paraît que La Havane est une des villes la plus riche en colonnes du monde, sombre et pas très rasssurant. Au rez-de chaussée, l’espace est complètement squatté, recoupé en petits appartements. Un tel y gare son américaine, plusieurs autres ont des citernes d’eau suspendues aux moulures et aux stucs, un autre encore a fait pendre son linge entre une ferronnerie sophistiquée et un bout de fresque, des fils électriques traversent l’air de partout, une vraie forêt vierge et sur les murs desquamés on peut lire un poème de Fidel et voir une peinture du Ché. Au deuxième, c’est entassé. Chacun a fabriqué son petit chez soi de bric et de broc avec des planches, des tôles usagées, des morceaux de tout et de rien, on a l’impression que c’est provisoire, que c’est en chantier mais on comprend vite en jetant un œil discret que c'est ainsi que les gens vivent, alors quand on arrive au troisième après avoir passé une sorte de gigantesque salle de bal entièrement vide, on est comme dans un rêve ou dans un film. La porte en bois sculpté s’ouvre sur un espace raffiné, meublé avec goût de mobilier pourtant disparate, des tables dressées avec une élégance rare, nappées de blanc, des assiettes en porcelaine fleurie du début du siècle, des verres en cristal, de l’argenterie. Par chance nous avons pu être sur l’unique table pour deux installée sur un large balcon en pierre digne de celui qu’on imagine dans Roméo et Juliette, et nous avons dîné là, à la lumière des chandelles avec une vue plongeante sur une ville déchirée, blessée, et malgré tout vivante, insensée. Nous nous sommes régalés, avons passé une délicieuse soirée à se dire et en sortant Pat a voulu prendre des clichés en me faisant poser. Je me suis prêtée au jeu, j’aime quand il me regarde. Le résultat est un peu noir mais rend à merveille l’ambiance du lieu, à vous de juger, à votre tour de voir et de vous inspirer!

 

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- Photos Patrick Natier -



01/09/2012

Braderie de Lille, édition 2012

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Comme chaque année et ce depuis fort fort longtemps, la braderie de Lille a lieu. C'est une tradition dans le Nord, tous les ch'tis qui se respectent ne peuvent la louper, une occasion unique de voir la cité, d'ordinaire assez calme, envahie et étrangement transformée. Je devais être de bonne humeur cette année, elle m'a moins affligée que d'ordinaire, j'ai même trouvé l'ambiance bon-enfant. Pourtant, c'est vraiment tellement époustouflant, tous ces looks qui défilent, toutes ces sortes de comportements, ces mecs en bande qui boivent de la bière en chantant, ces nanas déguisées en filles de joie qui crient en se tenant les coudes, ces familles entières qui errent et tous ces mangas en ballons aux mains des plus petits. Certains endossent le sourire au lèvres leurs idées sans complexes en noir sur blanc sur leurs T-shirts, tout, pendant la braderie est possible, c'est une fête populaire par excellence et certains même, comme mon voisin toujours tiré à quatre épingle vienne s'y encanailler. Je l'ai vu au cours de la journée s'empourprer à la pinte de blonde mousseuse et le petit étal qu'il avait construit avec sa femme d'ordinaire si BCBG, avec épars sur le bitume quelques fringues délavées et des bouquins moisis, car chacun peut ici vendre tout et n'importe quoi, se déliter presque aussi vite que lui. Quand je suis rentrée chez moi à sept heures, il était fait, un immense sombrero lui mangeait la moitié le visage et il embrassait les passants et les passantes en déclamant de sa voix d'avocat du barreau, sa joie d'être des nôtres, nous les ch'tis! Comme cet homme jovial, appuyé de tout son long sur ma vitrine avec son slogan sur la poitrine pas des plus raffinés. Hé,hé. Faut le voir pour le croire, je vous le dis.

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Puisque par la force des choses, je suis tenue d'en être comme tout bon commerçant qui se respecte, autant jouer la carte jusqu'au bout. J'ai avec mon grand petit dernier et mon homme succombé à la traditionnelle moules-frites maison! Et le breuvage qui va avec. Diantre! j'ai été stupéfaite de voir venir à ma table à défaut d'une blanche, une bière d'Esquelbecq s'appelant "Les Québécoises"! Parfois le hasard est plein de raretés qu'on n'oserait même pas mettre dans un roman tant elles paraîtrait cousue de fil blanc. Je me suis régalée, il faisait beau et finalement j'ai trouvé la journée plus cool qu'à l'accoutumée. Prendre les choses du bon pied facilite grandement la manière de les vivre. Je suis restée un moment à regarder passer devant mes boutiques tous ces passants, tous ces gens, tous si dissemblables les uns que les autres. Au bout d'un moment je me suis demandée d'ailleurs si c'était la bière ou la masse d'images engrangées qui m'avait le plus enivrée...

 

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Au boulot toute la journée, sur le qui-vive, à faire moi aussi ma braderie de luxe, je n'ai pas eu beaucoup l'occasion de me promener, car pour cela il faut du temps, beaucoup de temps, beaucoup beaucoup de temps. Les gens sont tellement collés les uns aux autres qu'on avance au rythme de la foule, c'est véritablement stupéfiant de voir sa ville devenir le temps d'une journée autre. En même temps, c'est la première fois que je me fais la remarque, sans doute parce que j'étais plus open que les autres années, il y avait plein de poésie et d'étonnances dans ce que j'ai pu croisé aujourd'hui, le peu des quelques mètres que j'ai franchi pour prendre ma bouffée de braderie. Car entre les babioles que les enfants vendent, les vide-greniers des uns des autres, les fripes, les brocantailles et les fonds de tiroirs, parfois on arrive encore à voir des choses fascinantes. Et c'est plus finalement comment les choses se font qui prêtent à s'extasier. Même les concours de moules, faisant étrangement penser aux terrils, deviennent par l'ardeur avec laquelle les monts se construisent une oeuvre touchante quoique un peut trop odorante!

 

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Pour finir, parce que ça m'a fait vraiment rire, à croire que c'est le thème de la saison, je n'ai pas pu ne pas prendre un cliché de ce que le bar en face de mon antre avait mis en place. A part la musique plus digne d'un David Guetta à Ibiza qu'une casa musica à La Havane, le ton y était. Hé,hé. J'étais rattrapée, et avant de rentrer chez moi à pied parce qu'il n'y a pas d'autres moyens de part l'affluence et la fermeture de la ville à tous véhicules, ce qui m'a mis les jambes en miettes après ma journée de boulot torride et ubuesque, j'ai siroté un mojito et avant que le rhum ne me fasse trop d'effet, j'ai pensé à ce contraste entre le dernier que j'avais bu à Cuba et celui que je buvais là, à Lille au milieu d'une foule en délire. Folie!

 

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29/08/2012

Dans mon vers je suis libre

 

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- Photo Patrick Natier -


 

Dans mon vers je suis libre : il est ma mer.

Ma mer vaste et dénuée d'horizons...

Dans mes vers je marche sur la mer,
je chemine sur les vagues dédoublées
d'autres vagues, et d'autres vagues. Je marche
sur mon vers; je respire, je vis, je croîs
en mon vers et en lui mes pieds ont
un chemin et mon chemin une direction et mes
mains ont de quoi tenir et mon espoir

de quoi espérer et ma vie a son sens.

Je suis libre en mon vers et il est libre
comme moi. Nous nous aimons. Nous nous avons.

En dehors de lui je suis petite et m'agenouille
devant l'oeuvre de mes mains, la
tendre argile pétrie entre mes doigts...
A l'intérieur de lui, je m'élève et je suis moi même.

 

 - Dulce Maria LoynazTraduit de l'espagnol par E. Dupas. -

 

 

28/08/2012

Trinidad -3-

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- Trinidad - Aout 2012 -

 

Je suis restée plus longtemps à Trinidad, plus que prévu au départ. Me devais de me partager équitablement entre chacune de mes hôtesses, mais bon, c'était mes vacances aussi et j'avais un certain besoin de farniente et de poésie. Après avoir atterris à la Havane, Marco est venu nous chercher dans sa Lada pourrie pour nous amener chez Marlen, la mère de l'amie de notre amie. Wouah, je vous dis pas le bruit qui m'a assaillie. Dingue. Des diesels fumants à tout va, des vieux bus scolaires et engins que je n'avais jamais de ma vie vus avant de venir ici. Des antiquités ambulantes crachant de leurs pots des nuages noirs provoquant des brouillards dignes du cinéma hitchcockien. Quand Marlen m'a soumis l'opportunité de dégager au plus vite de chez elle parce qu'elle avait besoin du lit de la grande chambre sur rue, je n'ai pas hésité et me suis retrouvée dans cet havre de paix qu'est Trinidad. Luisant, coloré, musical. Tous les soirs nous allions entendre la salsa à la casa musica, vaste bar en plein air où viennent tous les cubains danser et boire un verre. Après deux mojitos, on est vite pris par l'ambiance et par le rythme même si parfois je me sentais un peu vieille au milieu de tous ces jeunes plus beaux les uns que les autres se déhanchant au son de la guitare. Impossible pour nous de nous fondre dans la masse! Avec notre physique, Pat et moi, on nous prenait souvent pour des allemands ou bien des hollandais, personne n'arrivait à croire qu'il pouvait y avoir des français aussi grands! Nous avons dit par nos gestes, en parlant ni l'un, ni l'autre la langue espagonle. C'est là qu'on comprend tout l'intérêt de parler la langue du pays, quoique par chance l'espagnol à des racines communes avec le français et que le langage analogique lui est universel!  Et même là-bas, à l'autre bout du monde j'ai été rattrapée par mon métier... Juani a voulu me faire visiter sa garde-robe pour avoir mon avis et a étrenné pour nous une robe fleurie bleue qu'elle s'était offerte trois mois auparavant et n'avait jamais osé mettre. Quand elle est apparue dans sa robe avec ses deux coktails de fruits frais dans les mains pour nous faire plaisir, je me suis extasiée: " Wouahou! Que vous êtes belle!". Le lendemain j'avais deux roses du jardin d'un rose évanescent dans un vase sur ma table de nuit. La mode est partout un moyen de communiquer impressionnant. Les cubaines d'ailleurs aiment la couleur et les vêtement moulants et aussi ce qui brille, ça m'a frappé le nombre de T-shirts que j'ai pu voir à Trinidad comme à La Havane avec des motifs scintillants...

 

22/08/2012

élégie sans nom

" Je partirai demain pour me perdre à la dérive "


Le sable aux pieds nus la mer déshabillée
Mer nue impatiente contemplée dans le ciel
le ciel continué
poursuivant son azur sans jamais
le rencontrer sublimé


J 'allais effleurant le sable
trop dieu tremblant pour mes solitudes
fils d'esperanto et de toutes les langues
déployant des regards de blancheur éparpillée


...


Le vent enflait ses voiles d'une force invisible
il dansait dans l'oubli abandonné retrouvé
et tu étais toi
Je ne t'avais pas encore vue

...


Je t'offre à la vie entière du poème
J'ai échoué sans honte
puisque de cette terre mouillée de larmes sans prière
tu nais - dahlia du vent - plus nue que la mer
plus abandonnée que le ciel
plus éternelle que cette étoile qui te poussait
vers moi
ma souffrance vers ton extase

Tu sais ?
Je partirai demain pour me perdre à la dérive
sur une barque d'ombres
dans le violet des vagues et le chant des marins
dans un silence astral lourd phosphorescent ...

Et mes lèvres tristes berceront ton nom
sans jamais t'appeler
et dans une chanson inutile toujours inutile toujours inutile
je le murmure pour assoupir mon sang
inutilement toujours

Les seins de la mort nourrissent ma vie .


- Emilio BALLAGAS -

                    extraits de Sabor Eterno
                    traduit de l'espagnol par Brigitte Le Brun Vanhove


 

19/08/2012

Yoani Sànchez

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" A eux seuls  les blogs ne changeront pas le système mais ils peuvent y participer."

- Yoani Sànchez -

 

Avec Laure et Laurence, nous discutons souvent de l'importance, de l'intérêt et du pourquoi d'un blog. Chacune, nous avons notre manière de l'appréhender et de le concevoir, chacune nous y mettons un bout de nous et un bout de ce que l'on veut faire savoir de nous, sans doute est-ce là la démarche de beaucoup de blogueurs et de blogueuses. Une démarche artistique, créative, communicative et à mon sens, humaine, à plein de point de vue: d'abord dans le fait de s'ouvrir à l'autre, de partager son opinion, de l'interactiver avec d'autres partout sur la planète, de s'enrichir de ce qu'on suscite et d'élargir ainsi l'horizon de sa pensée. Un outil précieux pour le développement personnel et pour la créativité qui sommeille en chacun de nous. Vivant dans une société qui permet les échanges et qui encourage de penser par soi-même, je n'avais pas encore mesuré à ce point l'autre intérêt que pouvait avoir ce genre de média. Je savais que le printemps arabe s'était servi d'internet comme arme mais n'avais pas encore fouillé de ce côté là. En revenant de Cuba, j'ai voulu savoir s'il y avait quand même là-bas d'une manière ou d'une autre quelqu'un ou quelqu'une qui avait pris le risque de s'exposer et d'écrire, de dire et d'exprimer ce qui semble impossible sur place. Je n'avais encore jamais vu un pays sans paraboles, sans presse, sans communication à part des grands panneaux de propagande partout dans la campagne entre La Havane et Trinidad. Je n'avais jamais encore perçu dans mes nombreux voyages à ce point une telle complication pour des gestes qui nous nous paraissent si simples et naturels. j'ai voulu en savoir davantage et je suis tombée sur le blog Génération Y de Yoani Sànchez. L'interview de TV5 Monde de cette jeune femme montre à quel point c'est compliqué de faire bouger les choses sous le joug d'une dictature. Bien sûr on le sait, on imagine ce que ça doit être mais je pense intimement que ce qu'on peut en penser reste en-deça de la réalité et de la souffrance engendrée.

 

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" Ne me frappez pas, je ne suis qu'un blogueur "- Dessin de Yoani Sànchez -

 

 

 

17/08/2012

Trinidad -1-

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Ce qui frappe en premier à Trinidad, ce sont les couleurs. Elles sont partout, du bleu, du rose, du jaune, de vert, de l'ocre, du grenat, sur les murs, les toits, les boiseries, les parapluies qui servent d'ombrelles et bien sûr les voitures, ces grosses américaines des fifties. Les rues étaient très calmes en plein milieu de l'après-midi, faut dire que le soleil cogne fort, il est à la verticale et tous s'abritent dans les maisons basses, sombres avec parfois des petits patios de verdures au fond. Il y a deux Trinidad. Celui qu'on voit là, sur les photos d'n haut, le Trinidad en cours de rénovation, repeint, refait, réhabilité pour les touristes. L'endroit où on peut déjeuner ou dîner, boire un verre, entendre de la musique et flâner dans des ruelles de gros galets à s'en tordre les pieds. Et puis il y a l'autre, plus dans son jus, avec ses façades décrépites, et ses maisons plus simples bourrées de charme plus encore, les images parlent d'elles-mêmes. Là on y croise des carrioles à cheval, des vélos taxis et des vendeurs à la sauvette qui ont sur leurs étals leurs petites productions de légumes ou de fruits. Certains vendent des gâteaux multicolores, d'autres fabriquent des jus de fruits frais ou des sortes de pizzas qu'ils servent dans un bout de papier gras. Tous les gens qu'on croisent vous saluent d'un "Ola!". Veulent tous savoir d'où on vient et si on a dans nos bagages du savon qui manque cruellement pour eux depuis qu'il a été retiré des cartes de rationnement. Les cubains font la queue pour tout, pour acheter un bout de pain, un poisson ou pour se faire couper les cheveux sur l'unique siège d'un coiffeur qui officie sur le bout de terrasse devant sa maison. Trinidad, une grosse bourgade coincé entre la forêt tropicale et la mer des Caraïbes. Verdoyant, aéré, tranquille. Un lieu pour peindre, pour écrire. Un lieu propice à la farniente. Les cubains là-bas sont pas stressés et pas bruyants, il y a peu de trafic et seulement quelques bus pour emmener les touristes à la plage, des bus chinois climatisés et d'autres plus vétustes voire délabrés pour transporter dans d'autres conditions les familles cubaines presque toujours entassées. J'ai vu aussi des camions de l'armée russe transformés qui emmènent ceux qui le souhaitent moyennant finance du centre ville à la mer à cinq kilomètres de là...

 

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cuba libre

Je ne voulais pas y aller, je n'y tenais pas. Me rendre dans un pays tenu par un dictateur aussi beau qu'il soit, le pays, j'entends, me paraissait au-dessus de mes forces et pourtant, je me suis retrouvée à Cuba. Un cadeau d'une amie chère adorant cet endroit, ses racines créoles et africaines et son amour de la lumière sans doute, de la musique aussi et celui plus affirmé encore des individus; c'est elle, ma soeur noire qui m'a envoyée là-bas; "Tu vas aimer, tu verras, tu vas aimer Trinidad, tu peux aimer cet endroit, tu peux l'aimer tel qu'il est et tu vas comprendre. Parce que tu peux." Trinidad, c'est un monde à part. C'est, pour nous, venus de loin: si authentique, si superbe, si poétique, si fin. Mais ça n'est pas la carte postale qu'on voit de prime abord, même si on ne peut que succomber à ses façades en dentelles, ses couleurs fabuleuses, ses ruelles pavées inconfortables et casse-gueule, et la magie qui se dégage de l'endroit. Trinidad, c'est des gens qui tentent de vivre comme partout dans Cuba mais ici  plus joliment qu'ailleurs, l'air peut-être, la situation géographique sans doute et puis le fait d'être classé par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité. Des vieilles voitures américaines, il y en a pléthore, maintenant ça fait partie du folklore à priori car ces "bagnoles des fifties" sont les seules qui appartiennent à des individus en propre, souvent ils les tiennent de leurs pères et sont fiers d'en parler pourvu qu'on les écoute, sinon, toutes les autres voitures, genre Lada via les russes appartiennent à l'état, les carrosseries plus modernes appartiennent aussi  à l'état et quelques rares grosses cylindrées sont réservées, visibles; via la couleur des plaques, faut le voir pour le croire, bleues, jaunes, rouges, brunes, vertes et noires, chaque couleur de plaques d'immatriculation a son attribution, ou le gouvernement (non, Fidel n'a pas qu'un seul pantalon comme il veut le faire croire par son unique presse notoire qui ne connaît aucune opposition, pas de liberté de presse ici, pas de liberté d'expression), ou le "commerce" avec l'étranger, ou l'armée, l'état, les diplomates ou enfin le particulier . J'ai aimé Trinidad, me suis laissée faire par la magie du lieu, par son climat, par les gens que j'ai rencontré et par la beauté de l'endroit. J'espère qu'un jour cet endroit sera compris et aimé pour ce qu'il est, un morceau d'humanité au-delà des considérations politiques, philosophiques, idéalistes ou prophétiques. Quoi? C'est quoi cet individu qui pense savoir mieux que les autres ce qui est bon pour eux alors que, de vivre au milieu de ces gens donne mille leçons bien plus précieuses. Ils sont attentifs, solidaires, ouverts et gourmands, gourmands de savoir, de voir, de s'ouvrir. Cuba libre est un "cocktail paradoxal", comme me disait Estela, une boisson très prisée à base de rhum et de coca-cola, citron vert et glace... Faut dire, c'est étonnant et rafraîchissant. A Cuba du Coca! Mais là-bas, le tout et son contraire est possible pourvu qu'on n'en dise rien, pourvu que tu te taises et que tu sois d'accord avec ce qu'il t'arrive. J'ai très vite compris que je n'y ferais rien, c'est la toute première fois que cela m'arrive. Ne pas construire même en rêve dans un endroit que je visite. Même pas un quart de seconde, tant on sent que ça n'est pas possible. Pas permis. Pas encouragé. Pas dans l'odre des choses. Pas fidélé. Pourtant j'en ai vu des ruines et des pierres dingues, et des lieux en en perdre la raison mais non. La première chose que tu ressens en arrivant à Cuba c'est cette abnégation, cette capacité à attendre, plus d'idéalisme mais un pragmatisme ambiant, au jour le jour, pour bouffer, se vêtir, se laver, avoir la lumière, des crayons pour les enfants. Pas d'expectatives et pire pas de paroles, pas de posibilités de se dire, pas d'ouverture. On peut penser ce qu'on veut, de loin, d'y être allé donne un autre éclairage. Les cubains font de leur résignation silencieuse , une force sur le terrain. Ils sont étonnants, et finalement, mais My God que c'est long, ils vont sans doute arriver à une équation tout à fait particulière, eux qui ont déjà appris à mixer les genres et les ethnies, ils ont à mixer les extrêmes en manière de penser. Mais c'est pas gagné! Va leur falloir un max d'ingéniosité...

 

15/08/2012

Come back

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- Photo Patrick Natier -

 

De retour, oui, avec plein d'images dans la tête, plein d'émotions, et plein de mots qui se bousculent. Trinidad: ses couleurs, sa chaleur, ses contrastes et toute son immense poésie. La Havane: son tumulte, ses mystères, sa folie et son extraordinaire richesse architecturale, sa pauvreté aussi. Cuba: les cubaines et les cubains, l'humain, la musique, l'art, le rhum, la cuisine, la salsa, le système débrouille face aux manques de tout genre incroyables et stupéfiants, la culture, le temps qui s'est arrêté, Hemingway, le musée à ciel ouvert qu'est ce pays. Tant à partager avec vous ces jours à venir, pour revivre une deuxième fois intense ce que j'ai déjà vécu et comment je l'ai vécu. Un voyage qui bouleverse et qui fait réfléchir, un voyage au coeur de ce qui fait vibrer l'humain, avancer, comprendre, construire, anticiper, s'enrichir et qui semble si compliqué et si impossible là-bas. Encore sous le choc du décalage horaire et des nombreuses sensations contrastées et variées qui m'animent, je retrouve doucement mes marques et vais distiller tranquillement ce que ce pays m'a appris et m'a si chaudement "mucho calor!" offert et qu'il me brûle d'écrire...

 

21/07/2012

Heureusement il y a les blogs...

"Helenablue" a aujourd'hui quatre ans et un mois, jour pour jour. Et il s'en est passé des choses pendant tout ce temps là. Des choses importantes pour moi. Cet endroit a changé ma vie, oui, et je pense qu'il a changé celle de quelques autres aussi, en bien je l'espère, en ouverture d'esprit et de coeur, en toute sympathie, en résonnance. Ici, je me confie, je réfléchis, je partage mes découvertes, mon goût pour l'art pictural, la musique, l'écriture et mon intérêt puissant pour les choses de la vie. Je me découvre aussi, j'avance, je me mesure à la pensée d'autrui et j'en ressens un immense bienfait. C'est un jour perdu que celui où je n'ai pas blogué ou que n'y ai pas pensé. Depuis le 21 Juin 2008, ça n'est presque pas arrivé. J'ai très vite trouvé un moyen d'expression qui me correspondait, un moyen d'expression en accord avec ma sensibilité, avec mon besoin de rencontres, de réactivités et avec cette particularité que j'ai de m'ouvrir aux autres sans me sentir dépossédée. J'aime ce lieu, il me ressemble. J'aime vous y retrouver. J'aime ce qu'on y fait ensemble. Je ne pourrais concevoir le reste de ma vie sans. J'y puise une telle inspiration, une telle énergie, tant d'affections, tant de plaisirs et tant d'étonnements, comment pourrais-je m'en passer? Merci d'être là. Merci de me lire, merci à vous d'interagir, merci d'exister et de me faire vibrer, merci à vous de m'aimer, merci de votre douce fidélité. Quand je me lève le matin, ma première pensée vient ici. Tout comme dormir, manger, boire, respirer, écrire et échanger sont vitaux pour moi, pour ma santé psychique et pour faire battre mon coeur toujours sur le qui-vive. Alors, tant que j'en ai la possibilité, tant que je peux offrir et recevoir, tant que je suis en vie, je nous souhaite le plus long et le plus inspirant des voyages via ce navire chaleureux déjà bien plein de souvenirs merveilleux, de rencontres improbables, de passion, d'amour, de ciel bleu, d'aventures cérébrales et d'audacieux échanges. Heureusement et pour mon plus grand bonheur, il y a les blogs, et il y a ... celui-là!