Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

11/01/2013

Blog & Co (suite 1)

Suite à cet audit fort instructif et généreux, Mistral m'a envoyé un lien vers une série d'interviews qu'OldCola avait programmées il y a maintenant une dizaine d'années sur ce même sujet. Certains auteurs de ces réponses n'ont plus de blogs depuis longtemps d'autres ont changé d'adresse, néanmoins leurs expériences et ce qu'ils en disent sont riches d'enseignements.

Par exemple, comme me l'a judicieusement fait remarquer Christian, cette réflexion de Lady Guy:

La nature publique du blogue me fascine et j'aimerais en parler. Je fais très attention à ce que j'écris. Je me sens toujours plus à l'aise avec mes lecteurs « virtuels » qu'avec les lecteurs qui me connaissent dans la «vraie » vie. The Man écrit rarement des commentaires, car sinon, il aurait un ascendant sur moi et sur ceux qui participent à mon blogue, puisqu'il vit avec moi. D'ailleurs, je lui fais toujours lire les billets qui le concernent avant de les poster, pour ne pas que ses parents (qui me lisent) aillent s'imaginer que le je ridiculise dans son dos.

C'est toujours très étrange, quand je rencontre des amis qui lisent Le Journal de Lady Guy et qui me lancent : "Comme ça, Sissi a mangé votre capote ? The Man est athée ?". Les gens prennent très au sérieux ce qui est écrit, il ne leur vient pas à l'idée que je transforme la vérité par l'écriture ou que, parfois, au contraire, il y a plus de vérité dans mon blogue que ce que je leur dis en paroles. Enfin, ces petits détails me font réfléchir sur l'écriture en général. Je commence à comprendre, vaguement, ce que les écrivains qui font dans l'autofiction doivent supporter lorsqu'ils publient un roman, et que toute la parenté, les ex et les amis se manifestent pour protester contre certains faits. Ce doit être délicat, en effet!

J'ai en effet moi-même eu à pâtir de cette interactivité entre ce qu'on écrit, qu'on exprime, qu'on partage au travers de son blog et la "vraie" vie. A pâtir mais aussi à m'enrichir. Pas encore plus tard qu'hier un de mes clients qui me lit régulièrement, je viens de l'apprendre, a tenu à me dire à quel point ça lui faisait du bien... C'est tout l'art de l'écriture dans le cadre du blog. Il y a matière à réfléchir encore là-dessus et à s'aventurer...

 

09/01/2013

Blog & Co

C'est la question d'un vieil ami lecteur assidu de mon blog: "qu'est-ce que le blog change dans ta vie, qu'est-ce qu'il t'apporte?" et la naissance des blogs de Mokhtar, Lélius et Plumi qui m'ont engagée dans cette énième réflexion sur l'utilité et les conséquences que peuvent avoir la tenue d'un blog. Pendant que Christian Mistral, à qui j'ai évidemment posé la question en tout premier quand j'ai décidé de mettre à contribution certains blogueurs eux-mêmes assidus lecteurs d'Helenablue et fervents créateurs de leurs espaces, cherche à trouver une réponse en relisant tout du sien et du mien, commentaires compris, ainsi que deux ans de celui de Sandy depuis plusieurs jours et plusieurs nuits, d'autres m'ont fait part de leur ressenti, de leur impression et de leur vision par rapport à ce magnifique outil possible de communication. Je les en remercie.

Venise, qui comme chacun le sait ici, tient un blog spécialisé en littérature québécoise, "le Passe-mot" depuis plus de cinq ans a généreusement répondu à ma question. Je vous livre sa réflexion grisante, couleur de l'encre qu'elle utilise:

Le blogue est devenu à la longue un prolongement de ma parole. Un écho qui me renvoie des pistes de réflexion. C'est un livre interactif que j'écris avec des personnes avec qui j'ai des affinités ou, à tout le moins, un intérêt commun. C'est un outil merveilleux de promotion pour la littérature québécoise. Je me sens investie d'une mission, tellement on me fait sentir que mon rôle est apprécié. Le milieu littéraire est petit au Québec et je me sens faire partie d'un milieu, en me déplaçant pourtant rarement
 
En utilisant la tribune du Passe-Mot, je reste chez moi dans mon corps et je sors par l'esprit, jusqu'à devenir, dans une petite part, une personnalité publique. Il arrive que l'on me reconnaisse, à l'épicerie par exemple. J'aime l'idée que mon esprit me précède.
 
Mon blogue a été une carte d'entrée pour me joindre à une communauté de blogues dans une entreprise importante dans le milieu culturel ; le magazine Voir. Je ne parle pas plus haut, pas plus fort, mais je suis entendue. Ça donne une autre dimension à mon existence. En plus, cela me pousse au dépassement. Je pense souvent à cet adage : "Ce qui se conçoit aisément, s'énonce facilement". C'est ma gymnastique de l'esprit.
 
Le Passe-Mot est un port d'attache, ce qui est une image belle pour une Venise. C'est un espace où je suis valorisée. Cela fait maintenant 5 ans et demi, et je ne le regrette pas un instant, malgré les efforts soutenus exigés, dont un nommé discipline.

 
Mokhtar, toujours aussi magnifiquement inspiré a réagi ainsi:
 
Avoir un blog c'est découvrir un organe qu'on a toujours eu et dont on ne s'est jamais servi; ça frise une dimension existentielle, voire métaphysique de canalisation des possibilités de son être-là au monde. Le blog n'est ni superficiel ni virtuel! c'est un jeu-enjeu-entre-jeu du je, des je ! Il est un pied-de-nez à toutes les formes de dictature, à commencer par la familiale jusqu'à l'infecte politique qui fonctionne à la répression-censure! Tous ceux qui disent que le blog est une illusion ou une virtualité sont soit des maladroits qui ne savent pas utiliser cet atout , soit les maquignons de l'édition qui veulent aliéner toute expressivité libre et la transformer en fric pour eux, en exerçant leurs diktats du "si tu changeais ça, si tu enlevais ceci: l'expropriation de notre en-soi intrinsèque. Ce qui fait rager les dictateurs de tout acabit c'est ce contre-pouvoir que parviennent à créer, à la longue les blogueurs. Il y  une tentative de créer un cimetière de blogs, comme celui des éléphants mais nous sommes et serons là! 
Je crois que les gens recommencent à prendre conscience de cet enjeu du blog. Et plusieurs blogs, même fermés, rouvrent leurs portes! 
Voici ce que je réponds à ta question.

 
Tandis que Bizak, très courtois et affable me donnait sa réponse en ces termes:
 

Merci, Blue, de ton invitation à participer, à la confection de ta note sur le blog !

D’entrée, Blue, je dirais que je t’ai connu toi ! Femme d’une extrême sensibilité et dont je dois le reconnaître, tu m’as apporté beaucoup par l’engouement et l'envie que tu instilles dans les échanges tellement riches sur tout ce qui concerne la vie et ses vicissitudes ainsi que ses bonheurs. Pour résumer, le blog m’apporté une autre façon de jouir du plaisir de la vie en société, sans qu’on soit présent physiquement ensemble mais c’est tout, comme ! En vérité l’impression ressentie, hormis la présence physique, tout le reste était présent : on rit, on discute (on écrit !), on se boude, on s’énerve, on se fâche, on se présente des amis(es), on reste longtemps sans se parler et on reprend …etc.

 1) Le blog donc, est une société dans une société, c’est une cellule familiale où les échanges sont publics. On ne sort pas de chez soi et on se voit quand même ; il y’a en fait une présence permanente !

Je me rappelle mes débuts avec le blog, où quand je ne pouvais pas rendre publique mes sentiments sur un sujet, je m’épanchais en t’envoyant un émail où je m’ouvrais à toi sans jamais l’avoir fait dans le passé, du temps où le blog et internet n’existaient pas.

 2) Le blog m’a permis de me rapprocher de beaucoup de gens quelques soient leurs opinions, leur positions politiques ou autres. Quand un sujet ne me plait pas, point d’explication à donner, il suffit de ne pas commenter (jamais on ne saura la raison, même si les temps d’arrêt parlent eux aussi…-Mokhtar n’aime pas les points de suspension-)

 3) J’ai découvert des Gens charmants ! Je suis à peu près sûr que si un jour, je rencontre (physiquement parlant) un parmi vous, surtout de ceux ou celles avec qui j’ai un certain ressenti, amical bien sûr, (Il se pourrait qu’il y’ait aussi des surprises, bonnes ou mauvaises !), je me ferais un plaisir de les approcher un peu plus, si bien sûr les deux parties conviennent de cette possibilité.

 4) J’ai remarqué aussi que des blogueurs pour une raison ou une autre, se chamaillent, se quittent en direct, s’insultent, ferment leur blog, en ouvrent un autre, etc.…C’est comme dans la vie en général avant l’existence du blog.

 Conclusion : Quel étrange outil que le blog (cette toile d’araignée mondiale..) ! Comme tout outil, il y’a ses bons et ses mauvais côtés! Pour moi, s’il y’a du respect, de la convivialité, de l’amour, du partage, de la solidarité ! Le blog est  un objet « non obscur »du désir, de l’amitié, des hommes et des femmes civilisés.

 

Voilà déjà matière à réfléchir et à penser. Le blog, un formidable outil pour s'exprimer, promouvoir, partager, se réaliser, rencontrer, créer du lien... Mais encore?

Claudio, qui réfléchit à ça depuis longtemps et que j'ai déjà sollicité pour entendre ce qu'il a à en dire, pensant se répéter m'a donné une réponse qui lui ressemble bien:

 

Blogueur depuis 6 ans avec des interruptions, j’en suis à mon troisième blog. A chaque fois que j’en fermais un je croyais que c’était définitif, puis, le virus me reprenait ; ça me manquait, tout simplement.

Cependant, il y a eu une évolution. Si au début, j’aimais échanger sur des sujets brûlants (actualité, politique…) et débattre, peu à peu c’est devenu un lieu où je dépose des choses, pour les partager bien sûr, mais sans besoin de retour comme c’était le cas auparavant.

Ce que globalement cela m’a apporté, c’est de rencontrer des gens, parfois « en vrai » et de me dire que ce sont des amis, plus vrais que d’autres d’ailleurs, puisque nos échanges virtuels se sont toujours faits, et c’est leur qualité première selon moi, sur l’essentiel, sur l’humain. La « vraie vie » (j’écris cela pour me faire comprendre car pour moi, les blogs c’est aussi la vraie vie) demande trop d’obligations sociales et conventionnelles, des entrées en matière, des politesses inutiles, des salamalecs, que les échanges bloguesques nous économisent.

Depuis le début de mon expérience, les réseaux sociaux ont rogné l’impact du blog et me servent pour des partages de liens ou des pensées furtives. Plutôt inadaptés à la réflexion de fond ou à la création, ils laissent aux blogs le soin de les accueillir en dessinant également une véritable identité de leurs auteurs.  Aussi, cette expérience m’a permis de mieux me regarder de l’extérieur et de cerner l’image qu’on pouvait avoir de moi.

Cet outil ne change pas la vie, mais peut changer son rapport aux autres. Chacun portant sa croix, on se bagarre en permanence contre des choses. L’une de mes croix étant une timidité maladive, cette activité m’a fait progresser, même si je suis conscient de ne jamais guérir. Mais c’est déjà pas mal.

Je crois, en ce qui me concerne, qu’étant plus à l’aise avec l’écrit qu’avec le rapport direct, j’ai pu me familiariser assez rapidement avec  ce moyen de communiquer et d’échanger.

Assez exigeant avec moi-même je m’oblige à un billet quotidien. Cela me permet de rester en éveil. Je ne saurai tenir un blog en dilettante. Et aussi de grouper, au même endroit, l’essentiel de mes réflexions.

En conclusion, les échanges, l’apprentissage, les amitiés, l’ouverture, l’éveil, la progression... que du bon. Car, contrairement à d’autres lieux sociaux, on peut s’abstenir, passer, rester, éviter… la liberté de chacun se trouve devant son clavier et les contraintes sociales n’existent quasiment pas.

J’ajoute que souvent vient l’angoisse de se répéter et de n’avoir plus rien à dire. On a beau changer d’angle, on sent bien qu’on radote. Combien de fois ai-je découvert, après-coup que j’avais déjà traité le sujet quelques années auparavant !? Tant pis. C’est que ce qui nous passionne et ce qui nous hante ne change pas tant que ça en réalité.


 Changer son rapport aux autres, se dicipliner, partager. Pour ce qui est d'offrir, Lélius semble y être particulièrement sensible, dans sa réponse, en plus de découvrir qu'il pratique ses talents pour quelques rares depuis longtemps on ressent le plaisir qu'il trouve à donner et que ça ne soit pas trop compliqué à mettre en place. Le blog est un outil à la portée de tous, techniquement, j'entends. C'est plus le contenu et ce qu'on veut en faire qui demande une certaine exigence et une constance.

 

Pourquoi un blog? Parce que je continue par un moyen plus large, plus nouveau et pluridimensionnel à "passer" vers d'autres mes émotions culturelles et artistiques. Jusqu'à ce blog, et depuis de nombreuses années, je réalisais des enregistrements sonores (voix et musiques) de textes, à destination de mes amis, sous forme de CD.  
Ici, je peux y ajouter l'image fixe ou animée, et surtout le talent des autres dans la forme qu'ils ou elles ont choisi.
La vraie question est : pourquoi la démarche, avant ou avec le blog? Je crois que c'est la même que celle qui pousse à l'écriture, sauf qu'ici les autres, connus ou anonymes, ont fait une grande partie du travail de création

Ce que cela change dans ma vie? Ce que cela m'apporte? Rien de plus que lorsque je préparais mes CD, le même plaisir, mais plus complet et plus fréquent.

Le blog me convient car, à la fois, il sert  mon désir de donner, me laisse espérer, peut-être, une reconnaissance là où je n'avais pas coutume de la trouver jadis, tout en flattant la plus belle de mes rares qualités qui est aussi mon plus lourd défaut, ma paresse.

 

Laure, qui je l'espère va trouver essence pour nourrir son projet dans ce que chacun a à dire sur le sujet, m'a envoyé ce qui est sorti d'elle à minuit avant-hier faisant ainsi entorse à sa régulation intérieure:

 

Presque cinq ans à bloguer, ça fait 365 jours par an. Diantre !
Pourquoi voir le verre à moitié vide alors qu'il est plein et qu'il regorge d'abondantes idées ?
et bien parce qu'il faut maintenant sortir, inscrire, imprimer le réel, non plus en fantasmes et allégories, bien que jamais je ne 
m'en lasserais.
Pourquoi bloguer ?
Pour rompre sa solitude souterraine d'une part, ensuite pour voyager, découvrir, s'ouvrir, appréhender l'autre et sa façon particulière
de communiquer. En prendre de la graine ou le réfuter, se frotter aux injonctions, aux autres sensations et apprendre à entendre.
Se laisser choir dans un fauteuil familier, s'entendre lire des mots amis, dans la solitude de mon cockpit amarré.
S'octroyer ce temps comme un espace d'échanges, ou besoin de s'épancher sans trop en dire, mais en laissant agir les mots.
Pourtant, la chronophagie de cette activité a pris le dessus sur mes considérations pratiques. Pour moi, la façon dont je l'ai 
utilisé, ou usé, je ne sais, commence à devenir problématique dans l'usage de la vie. Celle du dehors. Pas celle du dedans.
Il faut un équilibre. Nourrir l'une sans appauvrir l'autre. Hors l'une pousse hors sol depuis trop longtemps. Je dois donc y faire pousser des branches
d'autant qu'elles se nourrissent du même terreau. Voilà, en somme, là où j'en suis dans ma blog attitude. 
Trouver le bon équilibre, dans lequel il y a "libre". Je m'octroie donc un sevrage et une timing limité en ce début d'année. 
Un truc suffisamment cadrant pour percer la toile et la transposer. 
Mais le plaisir de vous lire tous, ici et là, est toujours aussi communicatif et passionnant et réchauffant.


Se confronter, s'ouvrir, se faire choyer, être entendu, écrire aussi bien entendu, dévoiler, découvrir, s'extraire, s'étonner. Le blog permet tout ça aussi. Il permet une vie dans la vie qui est la vie même. C'est un mode d'expression riche et étonnant de libertés. Inspirant. Laure me parle souvent de ce côté envahissant, du temps que ça prend... Sans doute est-ce parce qu'elle a encore un enfant en bas âge. Lorsqu'on a comme moi élevé trois petits gars, le temps et l'énergie que demande cet enfant là est moindre. Donner, construire, transmettre, entourer, créer, aimer, cuisiner, inspirer... Des gestes de père ou de mère. Des gestes d'êtres humains.

 

J'ai demandé à Plumitif aussi. Comme il est tout frais moulu dans cette grande famille, je voulais qu'il me dise ou redise ce qui l'avait motivé rejoindre cette communauté bloguesque. Voilà ce qu'il m'a répondu:

Pour ce qui est de ma première motivation,  c’est vraiment ce que j’en ai dit sur mon blog : le souci de rendre la pareille, de ne pas rester là à juste profiter de la générosité des autres en simple observateur… Mais après il faut bien aussi trouver la matière à y transmettre, et donc la motivation à la produire, cette matière. Et là, c’est moins évident. Je n’en suis encore qu’au tout début, ça va sans doute se préciser peu à peu mais, en gros, il y a l’occasion de partager des créations qui, par leur nature, n’avaient pas encore trouvé un espace de diffusion approprié. En particulier, étant un créateur viscéralement multidisciplinaire (et pas du tout un « touche-à-tout » - ce sont des axes de création distincts aucunement interchangeables ou arbitraires qui correspondent à des dimensions intérieures forcément liées), il m’a semblé que le blog offrait un lieu potentiellement idéal pour explorer les liens entre ces axes et réfléchir, avec d’autres, sur la création elle-même. Et puis, plus simplement, c’est quand même beaucoup pour le plaisir d’échanger avec plein de gens passionnants disséminés un peu partout sur la planète qui me resteraient inaccessibles autrement!

 

La réponse d'Anne prouve qu'il peut aussi y avoir une dimension socialisante dans le fait d'avoir un blog. 

Alors, blog.....ce qu'il a changé ? il m'a ré-inscrite dans le monde, il a rompu l'isolement ; en me permettant de rencontrer des gens, de confronter des points de vue, d'exprimer des choses et de ressentir des émotions, il m'a redonné sève, en quelque  sorte ; je vivotais chez moi, heureuse d'y être seule, car je n'aime que les petits comités, mais je me sentais, d'une certaine façon, morte ; hors du monde ; vivre seule ( ou quasi...), c'est pas ça qui est le pire ! ça, ça me va tout à fait ! mais vivre isolée....n'avoir quasi personne avec qui échanger, avec qui partager des trucs, même banals et quotidiens (et notre quotidien est souvent l'aventure des autres), c'était sclérosant, stérilisant. Un blog permet des échanges comme je les aime : non étouffants, affables, bienveillants même lorsqu'ils sont critiques. Une vraie bouffée d'oxygène ! Il m'est difficile de côtoyer les gens au quotidien, à force ça me bouffe et je pars ; mais avec un blog, ils sont là sans être là, les autres, ils ne sont pas pesants ! j'ai trouvé chaussure à mon pied, de bons amis, et une forme de sociabilité qui convient à ma "sauvagerie". Que du bonheur !

 

C'est celle de Vieux-G, poétique à souhait, qui fera la conclusion de ce petit audit qui j'espère ouvrira d'autres pistes et permettra à ceux qui n'ont pas de blogs mais qui les visitent de donner leurs impressions et la nature du plaisir qu'ils ont à visiter telle ou telle maison et à tous ceux que je n'ai pas interrogé et qui ont eux aussi un blog d'entrer dans cette réflexion en partageant leurs expériences et élaborations sur ce sujet.

Le blogue me met en relation avec toute une nation de poètes, dont les sourires laissent tomber des coulisses de couleurs, le blogue, c'est une rêverie 2.0, c'est rêver collectivement. Bloguer, c'est encore découvrir des multitudes de trésors éternués par de beaux cerveaux. Ça me procure un engouement supplémentaire pour l'écriture. Avant, j'étais seul, l'écume d'un verbe refoulé autour des lèvres, éclairé par une sinistre lampe à l'huile, maintenant je m'exprime, primesautier, en sachant être entendu, sous l'astre de cette belle communauté.

 

Et comme me l'a mis la dame des Ocreries à la fin de son mail: Blog is beautiful! N'est-il pas?

 

07/01/2013

alive

429081_318272504947736_1686575520_n.jpg

 

 

06/01/2013

l'insoutenable légèreté de l'être

 

 " Le rêve est la preuve qu'imaginer, rêver ce qui n'a pas été, est l'un des plus profonds besoin de l'homme."

- Milan Kundera -


05/01/2013

Harry Ally

oct2006_012_med.jpeg

StudioVSU20070428a.jpg

 

tumblr_m4esyuIpYr1qdlevbo1_500.jpg

 

D'un seul coup mon coeur se serre. En miroir c'est un bout de moi que je vois et je ne sais vraiment pas pourquoi ces lambeaux de lumière me touchent à ce point. Ce visage qui manque et ces longues mains noires qui semblent attendre je ne sais quel destin. Toujours cette même quête, toujours ce même dessein. Être. S'atteindre. Se dire. S'affranchir.

 

tumblr_m4fdf3xcNH1qarjnpo1_500.jpg

L07FigureWithBlackLeg72.jpg 

image.jpg

 

Chaque jour son lot de surprises, de rencontres, de retrouvailles. Chaque jour qui passe nous ouvre un horizon, un bout de nous-mêmes pas encore découvert, pas encore abouti. C'est toute la magie de la vie. Une émotion en cache une autre, nos tiroirs sont multiples, plein de facettes, plein de possibles. "On vit à la surface de notre être", disait le poète. Pas forcément si on s'en donne la peine et qu'on entre en dedans, qu'on se laisse attendrir, qu'on s'aventure plus profond et qu'on laisse venir à soi tous ces petits morceaux qui nous composent pour en faire une matière.

 

harry_12.jpg

tumblr_md69c76T0s1rfhh5io1_1280.jpg

 

 

40743571599690666_2Z32mkEp_b.jpg

40743571599690677_BW33JLCm_b.jpg

158189005632679578_knwIhZSt_b.jpg

 

31/12/2012

Lettres à un jeune poète

 

30/12/2012

Miscellanées de fin d'année

Avant-hier soir nous décidons d'aller manger un couscous chez notre vieil ami Momo. Vieil ami! Nous nous connaissons depuis plus de 28 ans et nous avons lui, comme nous toujours gardé un contact intelligent et affectueux quasi familial depuis que nous nous sommes rencontrés. Plus jeunes, nous allions Pat et moi discuter avec lui pendant des heures en soirée autour d'une bouhra à refaire le monde. J'étais alors un peu plus l'étendart à la main et lui plus susceptible. Souvent nos discussions se terminaient dans un pugilat de rires. Nous étions tous les deux si exaltés! Avant-hier, nous avons mesuré le chemin parcouru. Lestés, calmes, posés et presque sages nous avons devisé beaucoup plus sereinement sans pour autant avoir perdu notre humour et notre volonté d'en découdre, notre mordant. C'était touchant d'être là à nouveau tous les trois à déguster une bastilla." Les enfants, ça va?", "ça va, et toi ta maman?"," ça va, merci, elle vient toujours travailler le matin - le couscous de la mère de Momo est juste divin - elle a le coeur à l'ouvrage, quand même, venir comme ça cuisiner à plus de soixante-quinze ans, mais c'est ce qui la maintient en forme. Hier nous discutions tous les deux, elle me disait: "mon fils, il y a un début et une fin. C'est comme ça. Faut l'accepter." Un début et une fin...".

 

Une fin d'année, c'est comme la fin d'un cycle. Même si on sait au fond que les choses ne vont pas profondément changer d'un jour à l'autre, on saisit l'opportunité de faire le point et de se rapprocher de ceux qu'on aime. On a besoin de faire des sauts dans le passé, de se rassérener, d'imaginer ce qu'aurait pu être certaines journées si on les avait appréhendées autrement. On fait le plein des bonnes choses et on tente d'oublier les mauvaises, les douloureuses, les malheureuses, les maladroites. C'est le temps de la réconciliation, de la tolérance. Une sorte de tréve avec soi-même et avec les autres.

 


podcast

- Mousso Tilou - Dobet Gnahoré -

 

Hier, j'ai appelé maman. Je n'appelle jamais ou que très rarement maman au téléphone. Déjà depuis quelques temps je lui envoie de temps en temps un message par mail, et elle me répond. Tout doucement au fils des ans depuis trois maintenant j'essaie de re-tricoter un lien qui s'était fatalement distendu. Hier c'est le son de sa voix qui m'a émue. On ne s'est pourtant pas dit grand chose. Des banalités. Des politesses.  Mais il y a tout ce qu'on ne dit pas et qui transperce au travers des silences, des soupirs, des attentes, de l'émotion, des noeuds dans la gorge, des trop-difficiles. 

 

Je pense à Laurence, à son papa, à celui de Pat et au mien toujours vivant que je ne changerais pas...

 

" On me parle de mots, mais il ne s'agit pas de mots, il s'agit de la durée de l'esprit. Cette énonce de mots qui tombe, il ne faut pas imaginer que l'âme n'y soit pas impliquée. A côté de l'esprit, il y a la vie, il y a l'être humain dans le cercle duquel cet esprit tourne, relié avec lui par une multitude de fils..."

- Antonin Artaud - Fragments d'un journal d'enfer -

 


podcast

- La Bohème- Charles Aznavour -

 

J'ai vu des photos de Montréal récemment, toute cette neige, c'est époustouflant. J'y repense souvent. Mistral, la poutine, la Tribu, Sandra, le Mont-Royal, le québécois, le restaurant chinois, et nos ballades qui n'en finissaient pas... C'est gravé en moi à l'encre bleue, à l'encre bleue fleurdelysée.

 

écriture,pensée,poésie de la vie,réflexions,émotions,partage,humain



Deux de mes trois fils seront avec nous pour le réveillon de fin d'année (l'aîné est à l'autre bout du monde). Tous les deux ont eu une année particulière avec des grosses déceptions amicales. C'est dur, la trahison de votre ami. C'est dur de perdre la confiance dans la personne qui l'avait toute entière. Dur aussi d'encaisser la médisance et pire l'indifférence. Vous étiez tout pour un être la veille et le lendemain vous n'êtes plus rien. Difficile à comprendre, difficile à digérer...

 

Laure m'a écrit hier, attentionée, douce, aimante. Elle m'envoit une photo de paysage de montagne qui me fait rêver. J'aimerai être avec elle là-haut au coin du feu dans ce chalet qu'elle a investi pour la semaine. On se raconterait l'une l'autre, comme on le fait souvent. Rien ne me touche plus que l'amitié si ce n'est peut-être la poésie. L'amitié n'est-elle pas la poésie de la vie?

 

Demain je vais faire un hammam et commencer de lire un ange cornu avec des ailes de tôles que je viens de recevoir. J'en sue et en salive d'avance!

 


podcast

- The Logical Song - Supertramp -


" Qu'il est doux d'évoquer les anciennes audaces,/ L'âme en broussaille et le cheveu folâtre,/ Rebelle sans cause au regard épineux/ Comme du chaparral farouchement sauvage,/ Allant, contre le vent et la vague sage,/ Fiévreux dans l'âpre bataille pour la vie,/ La vitesse et le droit de ne jamais mourir. "

- Christian Mistral - Fièvre -


 

écriture,pensée,poésie de la vie,réflexions,émotions,partage,humain

          - Photo Laure K. -

 

 
podcast

- Like it is - Yusef Lateef -


Chaque année, j'envoie mes voeux à une trentaine de clientes, celles que je connais le mieux voire intimement. Celles pour qui j'ai beaucoup de tendresse. Il y a Madame chose d'Amiens que je fréquente maintenant depuis plus de vingt ans. Vingt ans à la voir se déshabiller, se rhabiller et se sentir mieux d'année en année. Il y a Madame machin de Libercourt pour qui c'est l'inverse, elle se ratatine avec le temps, s'aigrit, se rapetisse, devient méchante à la limite du supportabe. Il y a Mademoiselle étrange dAvesnes sur Helpe, elle et moi on s'aime bien. Vieille fille élégante au chignon impeccable, à la démarche altière et à la voix grave, fumeuse de cigare, éternelle revancharde, passionnée de Chopin et de Boris Vian, on peut parler pendant des heures entre l'essayage d'un manteau en drap de laine noire doublé de lapin roux et d'une robe ajustée en soie imprimée façon poils. Un éternel ravissement malgré que je ne sache toujours pas qui elle est vraiment. Il y a aussi Angelica, mon amie peintre, tornade émotionelle et fulgurante crinière de jais; Françoise, prof de philo, fan de Yamamoto, des thés Mariages Frères, de la poésie de Norge, des pensées de Pascal, des essais de Montaigne, "Au demeurant, ce que nous appelons ordinairement amis et amitiés, ce ne sont qu'accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos âmes s'entretiennent. En l'amitié de quoi je parle, elles se mêlent et confondent l'une en l'autre, d'un mélange si universel qu'elles effacent et ne retrouvent plus la couture qui les a jointes. Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sens que cela ne se peut exprimer, qu'en répondant : « Parce que c'était lui, parce que c'était moi.", vais lui envoyer une belle carte de Chagall que j'ai trouvé à l'exposition qui lui est consacré en ce moment à la Piscine de Roubaix; et puis, et puis il y a Frida, qui est belle comme un soleil et qui m'aime pareil que moi j'aime Frida, ah! Frida! Un grand corps comme moi, aussi brune que je suis blonde, la même façon d'appréhender le monde, de la mode, de l'art, de la musique, de la littérature, le monde tout entier. Quand elle vient me voir pour résoudre un problème de tenue, si elle a un mariage ou un dîner ou une conférence ou un voyage, les occasions sont multiples et variées, elle passe et on trouve ensembe la solution. Et on s'échange nos points de vue entre un jean slim brut, un top en cachemire black blue et une écharpe en soie et laine ébène ou une longue jupe fourreau noire fendue jusqu'au genou et un chemisier crème en viscose arachnéenne. "Tu ne trouves pas que les gens sont maussades en ce moment, qu'ils n'ont pas le moral, qu'ils se plaignent tout le temps"... La dernière fois que je l'ai vue, je venais de relire: "La frivolité essentielle" un essai  de Monneyron sur la mode: "En quoi l'adoption de telle ou telle parure vestimentaire peut-elle modifier un comportement ou déterminer une identité?" L'essayage a duré plus de quatre heures. Je regrette de ne pas pouvoir envoyer mes voeux à la femme de Marc qui est décédée en si peu de temps de son cancer du pancréas par contre je me fais une joie d'envoyer une carte à Marie-Anne qui elle, en est sortie alors que tout le corps médical la donnait perdante et perdue...

 


podcast

- Quand on s'aime - Michel Legrand -


Hier encore, j'ai reçu un mail de Christian avec un lien vieux de deux ans. Merci Maestro! C'était une discussion au Vacuum protégée par le Bunker, une discussion comme on les aime, celle qui remue les méninges, celle qui nous fait nous dépasser, une discussion à coeur ouvert surtout. Plumitif était dithyrambique, j'étais en verve aussi. Je pense encore ce que je disais alors mais ce qui m'a frappée c'est l'aisance avec laquelle j'arrivais à élaborer ma pensée et à l'écrire. Je me sentais en sécurité, je me sentais vibrante, je me sentais vivre. Je me suis toujours sentie bien chez lui, chez nous, chez mes amis québécois.


J'écris avec le râle de ma valise
Remplie d'algues et de corail.
J’écris avec l’encre de mon ombre,
Affiche de mes nuits.
J’écris une langue comète
Aux rides assoiffées.
J’écris les nymphes
Caressant mes pieds d’étranger,
La spirale verte
De ma titubante amnésie.
 
- Mokhtar El Amraoui -



OPEN (Réseau d'entreprise et de créateurs d'entreprise) vous souhaite une belle année 2013, une année pour : convaincre, créer, concrétiser, imaginer, progresser, réfléchir, surprendre, construire, initier, prospérer, innover, oser... une année pour FAIRE !  ( Reçu dans ma boîte mail pro)

Là j'ai plutôt envie de rêver, de me laisser faire, d'écouter tout Michel Legrand, de m'étendre, d'écrire, de danser nue devant ma glace, de me gaver de pinottes (salut Sandy), de soleil, de désert, de chaleur, de faire tourner tous les moulins de mon coeur...

 

écriture,pensée,poésie de la vie,réflexions,émotions,partage,humain

- Photo Jim Richardson -


Ce matin j'ai fait comme touts les matins ma tournée des popotes: Mistral (mon Black Angel), Mokhtar (enfin son blog), Laure K., Laurence, Lélius (nouveau venu), Mac Comber (TopFloor man), Salve d'étoiles (Vieux William G. Youth!), Swann (l'intrépide), les deux Gaétans, Venise, Versus, Jalel, Constance, La Rouge (belle âme), Pieds, Ranger, Zoé, JF Glabik, Michael, Nancy, Bizak, Manouche, Le Bourdon, Bird, Isbid, Les Ocreries, (Pour quand celui de Plumi?), L'air de rien, Claudio (le fidèle) et Balthazar. J'écoutais Mozart, j'ai voyagé...

 


podcast

- Requiem - Mozart -

 

Belle fin d'année à vous tous qui venaient me lire ici, à vous, tous mes amis. Merveilleuse, créative, enchanteresse et lumineuse année 2013!

N'oublions pas: " Pour qu'un rêve devienne réalité, on doit l'abandonner en tant que rêve." - Viki King -


 

28/12/2012

L'homme qui plantait des arbres

Merci Gaétan...

 

 

 

Karl Waldmann

karl-waldmann.jpg

tumblr_lci1xaJKcf1qdy7vgo1_500.jpg

waldmann-collages_F.jpg

Bien qu’énigmatique, l’histoire de ce collagiste est connue grâce au galeriste bruxellois Pascal Polar. En 2001, il prend connaissance de l’œuvre d’un certain Karl Waldmann, trouvée à Dresde après la chute du mur de Berlin. On ne connaît rien avec certitude de l’artiste et les œuvres ne sont pas datées. Enigme donc ! Cette “découverte” a par ailleurs suscité pas mal de polémiques, surtout en France où le cartésianisme n’a pas dit son dernier mot ! Le galeriste nous en entretient et c’est piquant ! Les auteurs du présent ouvrage (critique d’art, philosophes, essayistes, de renom) s’accordent tous sur l’essentiel : la qualité de cette œuvre. “La qualité et la cohérence du travail de Waldmann sont évidentes”, écrit Jean-­Philippe Cazier. Tous estiment en outre que l’œuvre, un bon millier de collages, a été réalisée entre 1920 et 1950 à la fois par les thèmes récurrents traités (analysés en profondeur dans plusieurs textes : nazisme, stalinisme, place de la femme...) et par l’étude des composantes papier des collage ainsi que les prise en compte stylistiques. Le principal en cette affaire est résumé par Ange­Henri Pieraggi qui écrit : “Quelle identité se cache derrière le nom Waldmann ? La question n’a pas grand intérêt. [...] Cette œuvre est considérable parce qu’elle met l’accent sur une virtualité : elle exprime la puissance de l’événement.”

tumblr_lsyfzkeUFv1qdy7vgo1_500.jpg

gal_1779.jpg

"Les œuvres de Waldmann sont critiques vis-à-vis de l’Urss autant que du nazisme, Waldmann – peut-être plus fidèle à l’esprit destructeur du Dadaïsme, peut-être plus proche de certains artistes ayant refusé de limiter leur art aux exigences de la propagande, ou peut-être encore ayant reconnu dans le communisme russe ce qu’il avait déjà identifié dans la montée du nazisme – ne semblant pas avoir adhéré à l’optimisme politique de beaucoup d’artistes. D’autre part, ses œuvres, jamais diffusées, n’ont donc pas été réalisées pour la diffusion mais, étrangement, pour rester secrètes. Waldmann n’adhère pas passivement au Constructivisme : s’il en adopte certains principes ou codes, c’est pour les retourner et les subvertir. On peut remarquer qu’il reprend volontiers l’imagerie et les thèmes nazis – enfants blonds, athlètes, performances techniques, portrait d’Hitler, femmes aryennes, hygiène, typologie raciale, puissance guerrière, etc. –, mais c’est pour en inverser et détourner la fonction et le sens : prélevés à l’intérieur d’un discours servant l’apologie du nazisme ils acquièrent pourtant une signification critique. C’est la même démarche que l’on peut voir à l’œuvre avec les éléments repris des thématiques et images de la propagande communiste : foules, ouvriers, défilés, modernisme technologique, portraits de Trotski ou de Staline, etc., servent à développer un « discours » ironique et critique du communisme triomphant. Autrement dit, dans les deux cas, Waldmann s’intéresse aux signes qu’il soumet à un travail de détournement, de transformation, d’inversion, les mêmes signes acquérant des significations différentes, en l’occurrence opposées. Il s’agirait certainement d’une des spécificités du travail de Waldmann, sa démarche se présentant autant comme celle d’un plasticien que d’un sémiologue avisé, opérant une pluralisation du signe là où la propagande nazie ou soviétique (et leurs artistes) considèrent le signe comme toujours identique à lui-même – opération qui, dans le cas de Waldmann, est sans doute autant esthétique que politique (la dictature, le totalitarisme étant identifiés à l’unicité ou à l’identité du signe). Il n’en reste pas moins que l’œuvre de Waldmann, par son style, par son lien au politique, par ses matériaux, reste profondément enracinée dans le Constructivisme – un Constructivisme subverti, paradoxal, puisque toute la dimension fortement politique de l’œuvre ne sert aucune propagande, aucune édification morale du peuple : une œuvre politique paradoxalement privée, une œuvre dont la dimension politique est concentrée essentiellement dans un travail sur les signes …

tumblr_mekgutK9c01qarjnpo1_500.jpg


Les œuvres de Waldmann mettent en question les rapports du signe, du sens et de l’identité, développant ainsi une création par définition anti-nazie et anti-stalinienne. Mais la démarche de Waldmann ne se réduit pas à prélever des signes pour leur faire signifier autre chose, leur donner une signification opposée. S’il y a bien une charge critique menée contre le nazisme et le stalinisme, celle-ci n’épuise pas les œuvres. La question de l’identité, son traitement à partir de l’affirmation d’une pluralité, se prolongent dans ses collages selon deux autres modalités conjointes. Chaque élément est juxtaposé à un autre élément a priori hétérogène : un corps mêlé à une machine, un visage où s’enchâsse du métallique, une cage est le ventre d’une femme où est logé un singe, l’animal se combine à l’humain, les règnes s’entrecroisent, des dimensions divergentes se rejoignent, des perspectives sans point de vue unique fonctionnent ensemble (leçon du Cubisme ?), etc. Chaque élément fait signe vers un champ déterminé, une réalité que l’on croirait close ou clairement circonscrite (l’humain, l’animal, l’histoire, le texte, etc.) ; pourtant, Waldmann construit ses collages en juxtaposant ces éléments hétérogènes qui se combinent pour à la fois brouiller les frontières de chaque signe pris en lui-même (et donc de chaque champ auquel il se rattache), mais surtout pour construire un signe multiple fait de la juxtaposition et convergence de tous ces signes hétérogènes – un signe qui ne cesse de bifurquer en quelque sorte –, juxtaposition et convergence constitutives de chaque œuvre comme signe multiple et asignifiant. Bien sûr, la lecture historique qui voit dans les œuvres de Waldmann un « discours » anti-nazi et anti-stalinien s’impose avec raison. Mais cette perception à partir de l’histoire est-elle suffisante ? Pourquoi tous ces croisements, ces étranges images d’un inter-règne en même temps humain, animal, guerrier, machinique, corporel, etc. ? S’agit-il simplement d’un moyen métaphorique, d’un langage codé ? Bien que ce niveau soit effectivement présent dans l’œuvre, il ne peut en constituer à lui seul la totalité car sinon Waldmann en resterait à ce qu’il refuse : l’unicité et l’identité de la signification, d’un discours qui se réduirait à une condamnation du fascisme hitlérien et du communisme stalinien, une sorte de symbolisme lui aussi unilatéral. Son œuvre serait alors un discours condamnant un autre discours mais selon le même régime signifiant. Or, si l’on sort du point de vue historique et que l’on ne rabat pas l’histoire sur la réalité de ces collages, on assiste à l’émergence d’œuvres qui sont autant de signes mais multiples, ambigus, non fixés et par conséquent asignifiants – signes en eux-mêmes hétérogènes et multiples, affirmant leur multiplicité par-delà toute signification déterminée. C’est par là que Waldmann sort du régime « totalitaire » du signe et que son œuvre se révèle fondamentalement anti-fasciste[1] : par une construction de signes qui ne se limite pas à un bouleversement du sens mais accède à une neutralisation de la signification...".

- Jean-Philippe Cazier -

waldmann-Provenance.jpg

karl2.jpg

 

" Les images cherchent les mots."

- Karl Waldmann -

 

karl.jpg

karl waldmann2.jpg

tumblr_lci1vpKjlE1qdy7vgo1_500.jpg

  

26/12/2012

De la méditation

But de la méditation: débarasser l'esprit des irritants psychiques que sont la haine, la colère, l'envie, l'orgueil, la jalousie. Permettre à l'esprit de voir la réalité telle qu'elle est, en déchirant le voile des illusions derrière lequel souvent nous percevons le réel. Atteindre la perfection de toutes les qualités latentes dans notre mental subconscient. Préalable: reconnaître ses faiblesses et ses défauts, et à partir de là, prendre un chemin ascendant. Purifier le mental, surmonter tristesse et lamentations, surmonter la douleur et le chagrin, marcher sur le juste chemin menant à la paix. Une fois assis, rester immobile, le mental est analogue à une bassine d'eau boueuse, plus longtemps vous la maintenez immobile, plus la boue se dépose et l'eau devient claire. Dans une autre étape, extirper la boue qui repose au fond, autrement si l'on secoue la bassine fatalement elle remontera. Le corps et le mental sont étroitement liés et chacun influence l'autre.

La méditation est conscience sans ego.

- Felwine Sarr -

 

25/12/2012

About love

6399_141360019349783_1639743805_n.jpg

 

24/12/2012

De la fidélité

Elle est rarement là où on la croit.

Elle n'est ni une plaine que tout le monde foule, ni une dette due à la multitude.

Elle est chemin de traverse qui trouve son matin dans la fraîcheur de ton regard.

Toute fidélité est d'abord fidélité à soi.

Ne sois jamais fidèle à autrui, mais demeure fidèle à tes vérités intimes.

Celles-ci sont filles du temps, elles dansent et changent avec les saisons.

Que la fidélité soit ta compagne, même si pour elle, tu dois être infidèle au monde.

Ne crains point la trangression, car trangresser c'est parfois voir au-delà de la lisière des forêts. C'est souvent emprunter le chemin de l'authenticité.

 

- Felwine Sarr - Méditations africaines -

 

20/12/2012

Alors vraiment, bientôt la fin du monde?

Parce que franchement j'ai pas envie que ça s'arrête. Je veux encore pouvoir me ballader tête nue sous la pluie et sentir l'eau me balayer le visage. Je veux encore me réchauffer le fessier devant un feu de bois, je veux encore me brûler la langue avec mon thé du matin, je veux encore avoir froid, avoir mal, avoir le goût des autres. Je veux encore pouvoir m'allonger dans l'herbe verte ou offrir mon grand corps à la grande bleue. Je veux encore serrer contre mon coeur mes fils, mes amis, mon livre de chevet, mon oreiller. Je veux encore et encore noircir des pages de je ne sais même pas quoi, je veux encore noyer mes chagrins dans le vin, mes peines dans les larmes, mes joies dans des fous rire improbables, mon plaisir dans des cris et ma rage dans des pas de danse. Je veux encore faire et défaire, cuisiner des petits plats exotiques, des douceurs salées, des tartes, des poires, du gibier. Je veux encore mon poème du matin, ma chanson à tue-tête dans ma BM noire, Chanel dans le cou et dans la baignoire, sentir ses baisers doux, m'imaginer, m'atteindre. Je veux encore apprendre, découvrir, partager la galette des rois avec mon petit frère, parler pendant des heures entières, jubiler, créer, rendre plus belles les femmes, montrer de quoi je suis capable, finir les livres que j'ai commencé et en entamer d'autres. Je veux encore écouter les chansons d'Aznav en boucle, relire tous les mails de Christian, passer des heures sur le net, lire à haute-voix, tenter d'aider mon prochain, voyager loin, voir et recevoir, me sentir femme. Je veux encore me regarder nue dans la glace sans me faire peur, apprendre à m'accepter, me foutre de ma gueule, m'étonner. Je veux encore aller au ciné, voir des spectacles, visiter des musées, des palais, des paysages insensés, rester à ne rien faire, juste à méditer, lire pour la centième fois les lettres de Flaubert à Louise Collet, prendre le large. J'ai pas envie que ça s'arrête, j'ai encore envie d'affronter, de débattre, de ne pas être d'accord, de râler, de me sentir vivante, d'être au bout du rouleau, de désirer et de tailler une bavette avec le boucher de mon quartier, de partager ici mes états d'âme, de faire exister Blue. Et puis je voudrais bien être grand-mère un jour et écrivaine et sage et sereine. Nan, j'ai pas envie, mais pas envie du tout que ça s'arrête, et vous?

 

 

19/12/2012

Écrire

" Il y a une folie d'écrire qui est en soi-même, une folie d'écrire furieuse mais ce n'est pas pour cela qu'on est dans la folie. Au contraire.

L'écriture c'est l'inconnu. Avant d'écrire on ne sait rien de ce qu'on va écrire. Et en toute lucidité.

C'est l'inconnu de soi, de sa tête, de son corps. Ce n'est même pas une réflexion, écrire, c'est une sorte de faculté qu'on a à côté de sa personne, parallèlement à elle-même, d'une autre personne qui apparaît et qui avance, invisible, douée de pensée, de colère, et qui quelquefois, de son propre fait, est en danger d'en perdre la vie.

Si on savait quelque chose de ce qu'on va écrire, avant de le faire, avant d'écrire, on n'écrirait jamais. Ce ne serait pas la peine.

Écrire c'est tenter de savoir ce qu'on écrirait si on écrivait - on ne le sait qu'après - avant, c'est la question la plus dangeureuse que l'on puisse se poser. Mais c'est la plus courante aussi.

 

L'écrit ça arrive comme le vent, c'est nu, c'est de l'encre, c'est l'écrit, et ça passe comme rien d'autre ne passe dans la vie, rien de plus, sauf elle, la vie. "

 

- Marguerite Duras -

 

 

14/12/2012

Rilke par Barbara

 

 

09/12/2012

Mon petit rien

marlene dumas.jpg

- Marlène Dumas -

 

J'ai passé trois années à l'écrire ce livre, trois années à recoucher sur le papier tout un vécu et en faire une matière et, je l'ai laissé croupir dans un tiroir encombré de bilans, de vers, de billets doux, de procés, de romances... Hier soir au détour d'une conversation imbibée de jus de pomme fermenté, j'ai reparlé de moi, de ce parcours, de mon manuscrit, de cette volonté rageuse et scribale de dire. C'est peut-être du jus d'égo, peut-être. Quand bien même! Ce chemin je l'ai fait, ce roman en devenir est sur papier, libre, concentré. Je vais le reprendre et aller au bout, boucler la boucle et ainsi remplir le contrat que je m'étais fixé. Je le dois bien à la petite fille en moi, à mes fils et à tous les enfants à venir. C'est le moins que je puisse faire là où j'en suis.

 

08/12/2012

Fragment d'un discours amoureux

Couple_detail_Rodin.jpg

- Sculpture Auguste Rodin -

 

" On me dit: ce genre d'amour n'est pas viable. Mais comment évaluer la viabilité? Pourquoi ce qui est viable est un bien? Pourquoi durer est-il mieux que brûler? "

- Roland Barthes -



03/12/2012

perdurer

632_2643729310242_1697764263_n.jpg

 

"Au début, mon travail portait sur la peur de tomber. Puis, il s'est transformé en art de tomber. Comment tomber sans se blesser. Plus tard, il devient l'art de durer." 

- Louise Bourgeois -

 

02/12/2012

la bible des artistes

9782290355084.jpg

 

"Avez-vous renoncé à vos rêves d'enfant et d'adolescent ? Vous laissez-vous influencer par vos peurs et votre raison ? Pour Julia Cameron, plus l'écart se creuse entre notre Moi créateur et notre Moi rationnel, plus notre goût de vivre s'émousse.
En levant nos blocages, nos mauvaises habitudes et nos inhibitions, on libère une vitalité et une créativité inestimables.
Grâce à un programme en douze semaines et de nombreux exercices, Libérez votre créativité montre le chemin de l'élan créateur et libérateur."

Je vous dirai...

 

 

29/11/2012

cheminement

 

écriture,lecture,pensée du moment,christian bobin,poésie,cheminement,partage,humain

- Sculpture Henrique Oliveira -

 

 

"Ce qu'on apprend dans les livres, c'est la grammaire du silence, la leçon de lumière. Il faut du temps pour apprendre. Il faut tellement plus de temps pour s'atteindre."

- Christian Bobin - "La Part Manquante"