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30/08/2010

difficile

Difficile de dire certaines choses, difficile d'avoir à les penser à les vivre à les ressentir, difficile de les appréhender. Difficile aussi le regard de l'autre, difficile d'imaginer ce que ça va lui faire, difficile de prendre le risque de choquer, de remuer, d'interférer. Difficile encore de se confonter à ses propres démons ses propres paradoxes, difficile d'apprivoiser sa part d'ombre et difficile de la faire sienne. Difficile enfin d'écrire le difficile à dire, car l'écrit ancre bien plus que la parole qui passe, l'écrit imprime, l'écrit laisse une trace...

 

 

29/08/2010

esprit et corps

 

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- Sculptures de Phidias -

- Photos de Lee Sandstead -

 

 

 

" Lorsque l'esprit est libre, le corps est délicat."

- William Shakespeare -

 

 

28/08/2010

birthday

 

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Y'a des anniversaires plus difficiles que d'autres, les siens souvent, parfois aussi ceux de quelques autres. Moi, celui de maman est toujours un problème, encore maintenant! Pas de "je t'aime" en vue, pas de prise dans les bras, de fierté, d'audace et de compréhension. Non. Juste, quand même, quelques mots sur une carte, pour l'intention, et je me dis "quand bien même!" Je me dis "Pourquoi pas?" Je me dis, je me dis tant de choses, et je trouve qu'il y a un tel gâchis à ne pas vouloir voir les choses et leur réalité, telle que la vit autrui, telle que je la perçois.

Là, j'ai mal, oui, j'ai mal à ma mère, presque même je dirais que j'ai peine pour elle. Pourtant sans déconner, sans faire dans la dentelle, elle ne m'a jamais épargnée, ni, non plus, oubliée, toute l'ambivalence d'un sentiment diffus: attraction-répulsion!

"On aime sa mère presque sans le savoir, et on ne prend conscience de toute la profondeur des racines de cet amour qu'au moment de la séparation dernière"

- Guy de Maupassant -

 

J'aimerais tant pouvoir t'aimer, vraiment, maman.

Happy birthday, mum. Take care.

Quand bien même je suis là, et malgré les orages, malgré les tremblements, malgré toute cette rage qui afflue à l'instant en bousculade dans le sang que toi seule m'a donné, je considère la chose, tu sais moi aussi je suis mère et moi aussi j'aspire à être vraiment aimée.

 

 

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 J'aime à miraginer...

 

 

26/08/2010

plaisir féminin

- Hey ! Viens-là Germaine, regarde un peu vir de quoi il parle dans c’canard !


- Ben, quoi Gaston, t’as l’air bien en foufelle !!


- Y parle du « plaisir féminin » ! Tsé, c’est pas tous les jours que nous on va savoir tout c’que tu m’dis pas…


- Ben, demande grand niais, qu’est-ce que tu veux savoir que tu ne saches déjà ?


- Attins un ch'tio peu, r’gardes-y, non mais j’rêvasse, y dise que « 20% des femmes simulent l’orgasme » !


- Et alors, j’vois pas où est le problème, c’étot pas un scoop ça m’in garchon !


- Scuze, moi ça m’fait tout drôle ! Quand tu crie après t’mère c’étot qu’du cinéma ?


- Gaston, min Gaston, min’unique, tu t’fos du mal là, tsé ces carabistouilles elles étos bonnes que pour les autres greluches, ta Germaine elle, c’étot pas une actrice, quand elle crie et demande après m’sieur l’curé c’est qu’elle voit les portes du paradis !


- Ah ! j’ferais mieux d’arrêter de lire toutes ces conneries et aller tuter un coup avec les potes.


- C’est ça, t’inquiètes, te fais donc pas d’mouron, quand je crie, je crie, c’est pas d’la bagatelle ! Pis c’est quoi au juste, « le plaisir féminin » ?

 


25/08/2010

voir et vouloir voir

 

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" Si nous voulons protéger la vie sur notre planète, nous devons remettre en cause notre dangereuse cécité, partout où elle se manifeste, mais avant tout en nous-mêmes."

- Alice Miller -

 

 

 

22/08/2010

nouvelle écolière

C’était un petit bonhomme de huit ans, gracieux agile coquin particulièrement vivant, son maître d’école de l’époque l’avait en amitié, il le lui rendait bien, un enfant quand il aime celui qui lui enseigne quand il se sent respecté et encouragé donne souvent alors le meilleur de lui-même, là l’équation fonctionnait à merveille et après un CE2 plutôt houleux, le CM1 s’annonçait plutôt bien. Son maître un bon bougre assez rond de nature garni d’une belle moustache proéminente et grisonnante avait plutôt la voix douce comparée à sa corpulence, souvent il oubliait les pinces qui retenaient le bas de son pantalon il venait chaque jour en vélo, je le croisais souvent quand j’accompagnais encore à l’époque mon petit dernier à ces chères études.

Un jour pourtant je reçus un coup de fil, mi-figue mi-raisin, en tout cas sincèrement gêné :

- Allo, bonjour madame, ici c’est le professeur de Maxime, votre fils.

- Bonjour Monsieur le professeur…

- Il faudrait qu’on se voie, euh … Il y a urgence, quelquechose s’est produit de… disons…plutôt fâcheux.

- Quoi ! Il est arrivé quel que chose à mon enfant ?

- Non, pas d’inquiétude, pas ce que vous croyez, c’est… autre chose. Pouvez-vous être là ce soir après la sortie des classes ?

- Vous ne pouvez rien me dire, là, au téléphone ?

- C’est trop délicat, trop compliqué, je vous assure, est-ce qu’on peut se voir, c’est vraiment important.

- D’accord, j’y serai, vous pouvez compter sur moi.

Evidemment l’attente pour moi fut longue, toute une journée à me faire toutes sortes de films dans la tête, construire des scénarios, inventer des histoires, dans ces situations l’imagination va bon train. Rien de tel pour une mère que de construire des romans quand cela touche de près ou de loin à la chair de sa chair. Diable, mais qu’avait-il donc bien pu faire, qu’est-ce-qui avait bien plus lui arriver, quel était donc ce mystère si épais, cette chose pas dicible ?

Le soir arriva enfin, je me pointai à sept heures, je ne pouvais me libérer avant. Il m’attendait à la porte l’air contrit sans ses pinces et me pria d’entrer dans l’immense classe vide bourrée de dessins et de livres en tout genre, une salle chaleureuse à l’image de l’individu qui se tenait devant moi.

- Bon, voilà, c’est vraiment délicat…

- Dîtes-moi, je vous prie, je peux tout entendre !

( très gêné) , la mère de la petite Nathalie, vous savez la fille de l’épicière est venue me trouver hier…

- Oui, je vois, celle pour qui Maxime a le béguin !

- Exact, c’est vrai, ils s’aiment bien ces petits… Elle est venue me trouver avec deux ou trois petits mots que votre fils a écrits à sa fille. Des mots d’une nature, disons, hum, euh…

- Hum, Euh ! Quoi !!

- Tenez, elle me les a laissés, jugez donc par vous-même !

Me voilà donc à lire dans un silence quasi religieux des petits mots d’amour adressés à une autre, je n’aime pas vraiment ça mais vu les circonstances, je devais pour une fois accepter l’ingérence. Et là je découvre écrit à la hâte sur des bouts de papier à moitié déchirés des " je te suce la chatte ", " je te kiffe ", " viens que je te baise que je t’encule ", pas vraiment les mots doux attendus d'un petit gars de cet âge, pourtant je n’ai pu qu’esquisser un sourire connaissant mon p’tit loup.

- Voyez, il n’y a pas franchement de quoi  rire, j’ai dû en référer aux autorités.

- Quelles autorités dîtes-moi mais de quoi vous parlez ?

- Au directeur pardi, elle a fait un tel scandale et après m’avoir remis ces billets et être allée déposer sa requête plus haut !

- Oups ! Votre directeur, si j’ai bonne mémoire n’est pas ce qu’on appelle un homme d’une grande ouverture, il est très à cheval sur l’éducation et la pédagogie, du moins sur sa vision de ce genre de notion.

- Oui, c’est vrai, c’est là tout le problème, il a fait ouvrir une enquête et vous allez être convoquée devant un groupe d’individus pouvant gérer l’affaire, sans compter que ces bouts de papier  vont rester dans le dossier scolaire de Maxime à compter d’aujourd’hui.

- Eh bien, qu’il me convoque au plus vite, ces messieurs ne vont pas être déçus, c’est moi qui vous le dit ! En attendant, est-ce que Maxime lui-même a été inquiété ?

- Reçu ce matin pendant une heure dans le bureau du directeur, il en est revenu blanc comme un linge ! Il voulait le punir, je l’ai empêché au mieux.

- Bon, je veux que tout cela se règle au plus vite, cet enfant est on ne peut plus normal et ce qu’il a à vivre est déjà suffisamment difficile, dîtes au directeur que je veux tous les voir demain…

Le lendemain arriva, j’étais vraiment sur des charbons ardents dans un état de colère insensée, comment pouvait-on faire un tel procès pour de simples petits mots recopiés à la hâte, sûrement entendus par les frères ou les copains, et puis quel manque de délicatesse de commencer par rabrouer l’enfant et de le rendre coupable d’un tel acte ! Bon en même temps, je me disais, "calme-toi  dans le fond ils ne font que leur boulot, tu verras bien, ils comprendront...".

J’arrive dans la même pièce mais les tables arrangées de telle manière que je me trouvais un peu comme dans un conseil de discipline, je savais comment cela se passait car quoique très bonne élève j’y avais eu droit une fois au pensionnat. Là devant moi, Monsieur le directeur Monsieur moustache, Monsieur de l’académie et Monsieur le psychologue scolaire. Que ne ferait-on pour défendre la réputation de son école !

- Madame, est-ce que Maxime a des comportements différents à la maison ces temps-ci ?

Non, il regarde toujours autant de films de cul, n’emploie que des mots vulgaires, se masturbe à table et bien entendu se jette sur tout ce qui bouge.

Bien sûr je vous rassure je n’ai pas dit ça du tout, je leur ai dit les choses telles qu’elles étaient, je leur ai parlé de moi, la mère de cet enfant, tout ce que cette mère avait vécu dans un langage qui les a rendu livides, dans le fond eux c’étaient tous des adultes pourquoi aurais-je retenu mes mots qui avaient bien plus de force et d’indécence et de cruauté que les petites lettres griffonnées à la hâte d’un enfant remué par le destin de sa mère, je leur ai rajouté que nous étions mes enfants et moi tous en thérapie familiale sur ma demande  pour que puisse leur être expliqué avec des mots d’enfants l’inexplicable, l’inexprimable, l’insoutenable, et je crois même si mes souvenirs sont bons qu’une partie d’entre eux a fini dans les larmes, je n'étais d'ailleurs pas en reste non plus. Allez messieurs, cet enfant ne subit rien il n’est pas maltraité ni abusé et n’est pas en contact de façon inconsidérée avec le sexe, n’ayons pas peur des mots, mais il est malgré tout confronté à une histoire peu commune qu'il lui faut bien digérer et comprendre et sublimer à sa manière, rien de bien méchant dans ce je te suce la chatte ou je t’encule dit si gentiment, je trouve pour ma part et au contraire que c’est sain qu’il puisse en jouer, ça peut servir à ça aussi le vocabulaire, les mots, les phrases, les vers et toute la langue française dans son inégalable variété et sa grande richesse. Si vous voulez je peux parler à la mère de la petite, qu’elle ne s’en fasse pas, qu’elle voie ça d’un autre œil, si je lui dis tout ce que je viens de vous dire, il n’y a pas de raison qu’elle ne comprenne pas.

Sur ce le directeur s’est levé comme un seul homme :

- Mais vous n’y pensez pas, vous n’allez tout de même pas raconter une histoire comme celle-là à tout le monde, ça ne doit pas et sous aucun prétexte sortir d’ici, c’est beaucoup trop, trop, c’est trop, pardonnez-moi madame. J’avoue que je ne m’attendais pas à avoir un jour dans ma vie à entendre de pareilles paroles. Reprenez les mots de votre fils, classons l’affaire et n’en parlons plus.

N’en parlons plus, tu as raison bougre d’âne, du moins là, je suis d’accord pour protéger mon enfant contre la bêtise et le manque d’empathie, mais t’inquiète, un jour quand il sera en âge de se défendre, toute cette histoire que tu as eu le privilège d’entendre de quelqu’un qui, il y a encore deux heures à peine n’était pour toi qu’une mère comme les autres sera dite d’une manière ou d’une autre.

L’école a repris normalement pour Maxime, quand on a reparlé il y a peu de cet incident, il m’a dit, "je ne sais pas ce que tu leur as dit alors, maman pour prendre ma défense, car jamais plus on ne m’a reparlé de tout ça et puis tu sais j’ai continué à écrire des petits mots à Nathalie pendant encore des mois mais elle les montrait plus à sa mère comme ça on était tranquille tous les deux… "

Je lui ai redonné ses petis bouts de papiers, je les avais si précieusement gardés, et tous les deux on a souri joliment, "comme je t'aime mon chéri", "comme je t'aime maman".

 

 


 

 

 

21/08/2010

Fidélité

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 - toile d'Egon Schiele -

 

 

Dans leur chambre de toute une vie, ils éteignirent.

Au lit, ils s'étreignirent.

En souriant, ils s'éteignirent!

 

- Mokhtar El Amraoui -

 

 

 

20/08/2010

fin de matinée...

" Il nous faut peu de mots pour exprimer l'essentiel. "

- Paul Eluard -



18/08/2010

fragrance blue

Si j'étais un parfum*...

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Je serais un grand jus, altier, pur, acide et lumineux, profondément triste et émotionnellement ambivalent, paradoxal, déstabilisant, mystérieux, ensorcellant... Un mélange vert cotonneux ravageur, inattendu, fougueux, intemporel, vif, sophistiqué, un peu direct et férocement intelligent. La note verte et terreuse du Galbanum serait adoucie et comme enveloppée d'essence d'iris d'une spectaculaire douceur presque une fragilité et d'un effet poudré très suave et sensuel, inoubliable; une échappée de fleurs dans les notes du coeur: rose, jasmin, ylang ylang, muguet et dans le fond un accord boisé, sous-boisé, profond, vétiver, masculin, cèdre et mousse de chêne prolongeant ainsi la chaleur femelle et charnelle de l'iris. " Un parfum de pousses " de montée de sève, persistant, proche du N° qui me déshabille le jour et habille mes nuits.

 

 

 

 * En écho à la sortie du Bleu de Chanel pour homme demain le 19 Août, date anniversaire de la grande Mademoiselle Gabrielle.


17/08/2010

le télégramme

 

 

 

réflexions, émotions...

 

L'amour, dans un sens absolu n'existe pas. C'est toujours un jeu entre un "toi" et un "moi", entre deux êtres que la passion révèle dans leur unicité. Aimer, dans ce sens précis, c'est pouvoir se déployer selon les lois de l'existence qui nous est la plus propre. De là vient que l'amour - ni le cri de la souffrance extrême, ni le pressentiment de la joie parfaite, mais une révélation qu'on dirait fiévreuse - est bien l'expérience spirituelle la plus puissante, la modalité de connaissace la plus profonde, le dégagement, dans l'expérience, d'une transparence de l'être qu'il s'agit de garder devant soi comme le bout du chemin, aussi labyrinthique et brisé d'orages soit-il. Aimer, dès lors, qu'est-ce sinon s'ouvrir à une plénitude que le désir contient et renouvelle avec le monde; et, à travers cette ouverture, permettre à l'infini rêvé de s'incarner dans le fini d'un être qu'on élit?

"Je veux que tu sois"- cette parole est celle de l'amour, telle que Robert Schumann, Clara Schumann et Johannes Brahms l'ont prononcée, dans leurs oeuvres, chacun l'un pour l'autre. Robert voulait que son épouse fût elle-même musique, comme Clara voulut que Johannes fût musique aussi, et que ce dernier permis à ses deux amis d'être tels qu'ils nous demeurent à travers leurs notes, dans leur intensité - preuve d'une histoire d'amour qui aura été singulière, comme toutes les histoires qui veulent conquérir un absolu, et l'atteignent. A leur façon, ces musiciens dont l'espace intérieur fut celui d'un risque vertigineux, nous font entendre que l'amour est un don infaillible, la liberté la plus intime de l'un vis-à vis de l'autre. Une loi dont Rilke a livré le secret dans son Requiem:

...

Car telle est la faute, s'il y a faute de quoi que ce soit:

ne pas augmenter la liberté de l'aimé

De toute la liberté qu'on trouve en soi.

Nous n'avons, quand nous aimons, à nous tenir qu'à cela seul:

nous laisser être l'un à l'autre...

 

- Hélène Grimaud -

 

 

16/08/2010

Rap des hommes rapaillés


" Y a pas d'poésie en prison

Les mots sont des bêtes farouches

J'peux pas sauter le mur du son

J'ai des barbelés dans la bouche."

 

- Christian Mistral -

 

 

 

J'ai des barbelés dans la bouche...

J'ai des barbelés plein la bouche!

Tant de couleuvres à avaler.

Encore...

 

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Le monde est noir puis le monde est blanc

le monde est blanc puis le monde est noir

entre deux chaises deux portes

.          .            .     ou chien et loup

un mal de roc diffus rôdant dans la carcasse

le monde est froid puis le monde est chaud

le monde est chaud puis le monde est froid

mémoire sans tain

des années tout seul dans sa tête

homme flou, coeur chavirant, raison mouvante

 

Comment faire qu'à côté de soi un homme

porte en son regard le bonheur physique de sa terre

et dans sa mémoire le firmament de ses signes

 

Beaucoup n'ont pas su, sont morts de vacuité

mais ceux-là qui ont vu je vois par leurs yeux

 

- Gaston Miron -

 


James Coignard

" Ce que j'appelle " Le Grand Art ", c'est simplement l'art qui exige que toutes les facultés d'un homme s'y emploient, et dont les oeuvres sont telles que toutes les facultés d'un autre soient invoquées et se doivent intéresser à les comprendre."

- Paul Valéry -

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2030704508.gifJames Coignard, peintre, céramiste, sculpteur et graveur, est né en 1925 à Tours. Après une brève carrière dans l’administration, il découvre à l’age de 23 ans les paysages de la Côte d’Azur. C’est alors qu’il décide de suivre les cours de l’école des Arts décoratifs de Nice. Il abandonnera 4 ans plus tard l’administration pour se consacrer exclusivement à sa carrière artistique. C’est sa rencontre avec Paul Hervieu en 1950 qui sera décisive. Sa collaboration avec la galerie Hervieu lui fera acquérir une visibilité dans le milieu artistique et à l’international, notamment dans les pays scandinaves. James Coignard au début de sa carrière sera désigné par les critiques comme appartenant à l’Ecole de Paris. Très vite sa peinture et sa céramique s’en démarquent et il fera cavalier seul. Au début des années 60 il commence à travailler le verre mais un tournant décisif dans sa technique est pris en 1968 quand son ami Henri Goetz découvre un nouveau procédé de gravure avec du carborundum. La gravure devient alors centrale dans son Œuvre. Sa carrière prend au même moment une dimension internationale. Il voyage beaucoup, notamment en Suède et aux Etats – Unis ou il vivra quelques années. En 1978 James Coignard va entamer une longue collaboration avec l’atelier de gravure Pasnic qu’il contribuera à créer. Dans les années 80, vivant entre Paris et la Côte d’Azur, il s’intéresse aux livres d’artistes et aux problématiques de l’édition. Il expose désormais dans le monde entier et est reconnu comme l’un des plus grands peintres-graveurs de son temps. Jusqu’à sa disparition en 2008 James Coignard continuera de travailler tant en peinture qu’en sculpture et gravure, produisant beaucoup et laissant derrière lui une œuvre immense.

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" Et si cette avancée de plaisir, de mémoire et de technique crée un message quelconque, c'est parce qu'elle naît de la concentration de tous les événements vécus par un individu. En cela, la peinture est parfois le témoin de toutes les histoires du monde."

- James Coignard -

 

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" Ainsi est pour moi l'oeuvre de Coignard. Il représente. Il alerte. Il interpelle. Comme la passante de Munch, comme la femme à l'enfant du Guernica de Picasso, comme les "otages" de Fautrier. C'est toujours le même cri de l'homme à ses semblables. La peinture n'est jamais aussi grande que quand elle nous conduit au-delà de nous-mêmes."

- Georges Tabaraud -

 

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" Dans l’œuvre de James Coignard, j’ai vu des fenêtres de maison condamnée dans les abîmes de l’oubli, des lignes en questionnement d’un point vers l’autre, Deux bleus, Des rouges en situation, un horizon cherchant en vain à rejoindre d’autres points, Des positionnements, Des propulsions… La dynamique verticale nous ramène au point , Les Corrosions au sillage du temps, de la verticale, du trait d’union, du fil à plomb, des ponts de signes gravés, inventés, réécrits jusqu’au lit de la rivière, sous Tension horizontale…

Cet équilibre latent des figurines, mannequins, prêts à vivre, à s’animer mais comme retenus dans les fibres du papier, de l’écorce, de la peau parcheminée de la cicatrice de ce peintre…

Des papiers mordus de cette originelle incision, d’une saignée puissante d’intérieurs vers d’autres extérieurs, d’un double se cherchant en s’effaçant en une image sans miroir, faite parfois de contours tracés, écrits, crayonnés mais non de l’enfance, semblant venir de rêves ininterrompus et répétitifs...

James Coignard a tracé un parcours sans interruption, sans rendez-vous, du fini du collé du repris du jeté, du corps, des morceaux de mer, de nuages, des flèches lancées pour qu’elles se perdent…"

- Daphné Bitchatch -

 

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" Je balafre la toile comme je pose un doigt frémissant sur un visage aimé.

Le geste est la cicatrice du peintre."

- James Coignard -

 

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"Qui est le double approché en cette immense solitude ? que James Coignard n’a cessé d’inscrire silencieusement, de peindre en remaniements modifiés de verticales en directions suspendues, James Coignard n’a eu de cesse de peindre la pesanteur, l’équilibre des formes semblant se balancer sans effort, cherchant à déterminer de mystérieuses présences, des points d’alignements, d’intermédiaires, entre les formes, de suspensions entre les couleurs.

James Coignard croisé entre le haut, entre le bas, ne s’est interrompu de mettre en réserve entre les lettres, une numérotation et des ponctuations graffitées, un là-bas, au-delà, à relire, à comprendre, un langage d’un autre temps, celui d’une mémoire ancienne…

Une peinture pour renaître, pour revivre, pour revenir…"

- Daphné Bitchatch -

 

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En peinture il  y a un moment où l'on se promène dans ses propres paysages, c'est ce que je ressens face aux toiles de James Coignard...

 

 

toujours et encore cette pluie...

 

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Poursuite de la pluie

 

Il y a des jours moroses

Où je rencontre la pluie

Les épaules recourbées

Ruisselantes sous les trombes

Je demeure dans l'attente

D'un soleil à venir

D'une étoile à cueillir

D'un espoir à chérir

 

- Andrée Chedid -

 

 

 

15/08/2010

ça existe, ça porte un nom, c'est le titre d'un film!

Piqué à Laurence, savoureux...

 

 

de la poésie...

Un aparté juste sur la poésie, après avoir lu chez Venise les dires de Dany Laferrière à ce sujet et puis sans avoir osé réagir au propos de Prométhèe V. chez Christian comme quoi le terme poète..., j'ai eu une soudaine envie de parler poésie et de ceux qui la font, de ceux qui la transpirent, de ceux qui la mettent au monde. Tout à chacun dirait notre cher Giulio, oui sans doute, il est poésie dans beaucoup de nos gestes, dans nos paroles aussi et dans celle qu'on ne dit pas. Je m'en nourris j'avoue depuis toujours, avec délectation non feinte voire même jouissance, j'en aime l'inédit j'en aime la réjouissance j'en aime aussi parfois l'amertume et l'effroi comme peut-être la vie, c'est ainsi que d'ailleurs elle est, vivante vibrante appelante et si délicate si violente à la fois si parlante à ce moi enfourné emberlificoté enchâssé dans des orties austères, elle a toujours été et le sera toujours mon air mon oiseau rare mon univers.

Alors un grand merci aux poètes, troubadours et faiseurs de rêves, je ne peux me passer d'un vers d'Eluard, d'un tourment de Baudelaire, d'un zeste de René Char, et comme j'aime les vers de ce cher Mokhtar, de mon ami Jalel et de Gaston Miron et de mon Ange Noir! comment vivre sans Apollinaire sans Prévert, sans Rimbaud sans Nelligan sans poésie sans elle, tous les jours j'y goûte, je m'y abreuve, grand bien m'en fasse!

Je ne saurais vivre sans.


14/08/2010

art brut japonais


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J'ai vu lors de mon court passage à Paris cette expo étonnante. Etonnante quand on connaît l'art japonais, étonnante aussi quand on apprend que les oeuvres exposées sont crées par des artistes pour la plupart pensionnaires ou fréquentant des institutions pour handicapés mentaux, atteints de diverses maladies telles que l'autisme ou la trisomie, tous souffrant d'incapacités ou de dysfonctionnements intellectuels et de difficultés marquées d'adaptation aux exigences culturelles de la société dans laquelle ils évoluent.

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" Ces oeuvres nous interrogent sur la frontière mouvante et incertaine où elles se tiennent, entre le jaillissement de nos désirs et leur domestication par la culture. Elles entretiennent des résonnances avec ce qui est en nous à la fois inquiétant et familier, ce qui aurait dû rester dans l'ombre et qui en est sorti, cet entremonde où se élèbrent les noces de l'art et la foli, de la vie et de la mort, où se jouent les multiples passages de l'originaire à la culture, de l'intime à l'universel."

- Martine Lusardy -

 

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" A cette façon de nous jeter sans bouée de sauvetage à l'autre pôle de l'intelligence, nous reconnaissons dans ces oeuvres venues du japon le grand vent de l'art brut. Une dé-raison fondatrice domine ici et cette exposition est pour nous la chance d'en expérimenter quelques unes des infinies ressources.

Qu'il se présente sous un jour obsessionnel ou dans une note apparemment plus indisciplinée, ce vagabondage itératif de la main et de la pensée est, pus qu'un ordre, propice à nous faciliter l'accès à cet inexprimable qui fait le coeur obscur de nos vies."

- Jean-Louis Lanoux -

 

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Ce qui m'a étonnée aussi c'est la diversité et l'ingéniosité des diverses solutions plastiques trouvées par les auteurs, les voies qu'ils ont explorées pour collaborer avec leur propre fond inconscient et ainsi l'exprimer, c'est tout à fait poignant, d'autant quand on sait à quel point la société nipponne est codifiée. Ce qui m'a frappé également c'est les parentés possibles avec l'art africain ou certaines oeuvres de nos contemporains à croire qu'il y a comme un tronc commun au-delà des cultures et des géographies et des états d'être entre tous les humains. A voir, à découvrir, ça en vaut le détour, à la Halle Saint-Pierre, paris 18ème jusqu'au 2 Janvier 2011.

 

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13/08/2010

demande d'amis

Maman m’a fait sa demande d'amis sur ma page facebook, non pas que j’y aille vraiment assidûment mais c’est comme ici un espace d’un peu de moi, en première réaction j’ai déconnecté mon compte, une réaction reflexe face à ce que j’ai d’abord vécu comme un effet boomerang, me revenait alors des images que j’ai mis longtemps à comprendre et à digérer d’elle lisant mes courriers et mes journaux intimes, ce qu’elle faisait en toute impunité. Et puis j’ai réfléchi, j’ai refusé sa demande, j’ai écrit ceci qu’elle lira un jour peut-être si cela doit se faire, et j’ai reconnecté mon compte et retrouvé mes amis.

 

Le plus terrible dans l’inceste c’est l’absence de frontières, ton corps d’enfant ne t’appartient pas et n’est pas identifié comme tel, pas validé; ton âme toute neuve et friande d’apprendre et d’éprouver n’est qu’un jouet dont se servent à loisir les personnes de référence sachant bien qu’il te faut l’affect pour être en vie; tu ne sais où tu es tu ne sais qui tu es tu n’as aucune conscience de ta géographie, au fond bien malgré toi tu n’existes pas toi-même et longtemps tu traînes cette marque aux fers ancrée au plus profond du profond de ta chair.

Tu n’as pas d’intime tu n’as pas de chez toi tu es à tous et à toutes et du coup à personne, mais plus tard tu grandis tu cherches tu construis un radeau qui t’emporte plus loin vers d’autres rives vers cette voie enfin qui te donne naissance et tu t’offres à toi-même ce qu’on a toujours refusé, du respect de l’amour de la reconnaissance et plus que tout tu fuis d’un réflexe viscéral toute forme d’ingérence de violence d’injustice quel que soit l’habit dont elles se parent souvent.

Il reste bien sûr toujours latentes les cicatrices que les protagonistes peuvent réveiller facile même si tu te protèges depuis ton édifice il reste que tu le veuilles ou non au fond de tes entrailles cette filiation ce lien cette demande affective.

Quand elle a voulu franchir la ligne de cette frontière construite avec le temps de bouts de mes neurones et de chaque particule de ma peau de mon sang de mes tripes de femme mûre de mère et d’amante, elle a bien failli une fois de plus m’atteindre et j’ai dans un sursaut refermé la coquille pour mieux me retrouver et une fois de plus faire face. Elle a toujours été la pieuvre dominante, la mère maquerelle offrant ses enfants en pâture, elle n’en sait même rien elle–même mais continue, pourquoi  diable ferait-elle autrement ce qu’elle a toujours fait, inlassablement elle ignore la vérité de ceux qu’elle a engendrés de ceux qu’elle a mis au monde et cruellement continue de payer sur l’autel de l’immonde son tribut à la grande névrose familiale dont elle est le pion maître.

Je n’ai plus à me battre  maintenant je suis mienne mais j’ai encore au fond de ces peurs ancestrales qui m’inhibent et me freinent, me tétanisent même bien plus que je ne veux l’admettre et le croire. Alors j’écris, j’écris et j’écrirai encore jusqu’au bout de mes nuits jusqu’au bout de ma vie pour ne pas perdre tout ce que j’ai repris ne pas oublier tout ce que j’ai appris ne pas revenir ne pas retremper ne pas re goûter à l’amer et surtout ne pas attendre un quelconque geste vers celle que je suis. Leur monde sans frontière est un monde sans cadre un monde sans amour un monde sans espoir un monde où l’individu na pas de place car il est à tous et jamais à lui-même.

Non, maman, je ne peux t’accepter dans ma liste d’amis, elle n’est pas très longue mais elle est toute ma vie et tu ne peux avoir une place au milieu de celle-ci tu ne peux avoir une place au milieu de ceux que j’aime de ceux que je respecte de ceux que je découvre de ceux avec qui je peux être moi-même, toi, tu es ailleurs dans ma carte du monde, dans un endroit clos où parfois je passe quand j’en ai la force ou le désir brûlant d’avoir des réponses et de donner un sens et d’espérer encore malgré toutes ces années un peu de ta tendresse même si au fond je sais qu’elle est empoisonnée.

Il est long le chemin pour se désintoxiquer pour se défaire d’une drogue à laquelle on s’est nourri pendant de longues années, long le chemin pour se permettre d’être et de dire ce qui doit être dit et de dire sa propre vérité. Je m’y emploie chaque jour en espérant que ce soit le dernier tout en sachant que je ne peux baisser la garde, chaque jour à séparer le bon grain de l’ivraie, chaque jour pour devenir un petit peu plus humaine, un petit peu plus vraie.

Tu as fait du mieux que tu as pu, je n’en ai aucun doute, mais arrête-toi là et laisse-moi donc vivre tranquille entourée des miens et de ceux avec qui je partage l’essentiel l’affectif le réel. Je te refuse, maman dans ma liste d’amis, je refuse à nouveau de rentrer dans ton monde dans cette vision que tu as de l’Amour, et dans cette vision que tu as du Pardon dans cette vision mortifère et mortificatoire que tu as de la Vie.

Que viens-tu donc chercher dans les pages de la mienne, restons-en là veux-tu chacun à sa frontière avec ces quelques moments d’échange à la longue cuillère, c’est tout ce que je peux t’offrir pour le moment, c’est le mieux dans l’instant que je puisse faire pour celle que je suis devenue, pour cette petite fille qui vibre au fond de moi et qui compte sur mon aide, pour celle qui est loin de celle que tu voudrais que je sois ou que tu penses encore à force de cécité que je semblais être.

Le plus terrible dans l‘inceste c’est l’absence des repères, ceux qui doivent te protéger t’agressent, ceux qui doivent t’apprendre te détruisent ceux qui doivent t’aimer t’utilisent ceux qui doivent te respecter t’abîment ceux qui doivent te donner vie et confiance te tuent.

Le plus terrible du plus terrible c’est qu’ils n’en savent rien, qu’ils ne s’en rendent pas compte n’étant pas eux-mêmes maîtres d’eux-mêmes manipulés par leur propre destin. C’est une histoire sans fin si on n’en coupe pas la chaîne, c’est une histoire sans fin sans frontières sans repères sans cadre sans plan, un roman de misère où les victimes les morts les bourreaux les parents sont finalement tous des enfants en souffrance, mais c’est toujours celui qui arrive le dernier qui prend en charge tout ce que les autres n’ont pas pu voir pas pu entendre pas pu ressentir pas pu exprimer.

Voilà, maman ce que j’avais à te dire et pourquoi je te garde à une certaine distance, nous ne pouvons faire ce chemin ensemble que si enfin tu comprends que cette frontière m’est nécessaire, car comme tu ne le sais pas elle me protège de ta folie que tu as faite mienne, elle me protège de la mort de celle que je suis.

 


brainstorming

 

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- Photo prise à Paris 5ème, quartier Mouffetard -