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14/02/2012

Fête de l'amour

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" L'amour n'est pas une chimère, il donne plus que l'on espère."

 

 

11/12/2011

toujours en réflexion apnéique

Je m'inspire, j'élabore, je construis, j'envisage. Je crée petit à petit dans le fond de ma tête l'avenir incertain de mes jours à venir. Grisant, fatiguant, jouissif, effrayant et fabuleux. J'aime entreprendre et réaliser après avoir rudement secoué mes méninges tout en faisant confiance à mon intuition. Tant à apprendre encore et à explorer. Nous sommes si denses et si fabuleusement riches qu'il ne faut jamais craindre d'aller dans ce soi magique qui nous constitue et qui nous effraie tant. De découvertes en découvertes, la poésie agissante en nous s'épanouit et donne de l'essence à notre existence. Rien de meilleur ni de comparable à ce plaisir de créer, si ce n'est peut-être celui d'aimer.

 

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- Photo Neil Craver -

 

 

16/10/2011

sans-abri

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- Rencontre, Mont Royal, Octobre 2010 -

 

 

- Qu'est-ce que tu fais là ma jolie?

- Je ramasse des feuilles d'érable, en souvenir...

- Que vas-tu en faire?

- Des marques-pages dans mes livres préférés... Et vous, que transportez-vous dans vos paquets?

- Moi!? Ce que je porte à bout de bras?

- Oui!

- (Soupir...) Toute ma vie.

 

 

03/10/2011

Pages blanches

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- Toiles de Robert Ryman -

 

L'Américain Ryman conduit une œuvre singulière, parfois rapprochée de la démarche analytique du minimal art. Elle est, en effet, vouée à l'interrogation de chacun des constituants de la peinture : format, châssis, nature du support, pinceau, ton du blanc (son unique couleur), accrochage, etc. (un Dossier Ryman, très complet, a été réalisé par la revue Macula, no 3-4, en 1978).

Né à Nashville (Tennessee), Ryman s'installe à New York après son service militaire. Saxophoniste, il se destine à la musique mais gagne sa vie comme gardien au musée d'Art moderne, où il rencontre les artistes Sol LeWitt et Robert Mangold. Ryman va alors « s'apprendre » la peinture. Dès 1955, il trouve les invariants de cet exercice : le format carré, la couleur blanche. Il recherche alors tout ce qui entre en relation avec le tableau : ainsi insère-t-il sur ses toiles des signatures et des dates. Entre 1958 et 1962, il expérimente tout ce qui a trait à l'application de la peinture, selon qu'elle imprègne ou non son support, qu'elle le recouvre entièrement ou non. Vers 1965, sa méthodologie devient plus systématique : le pinceau s'applique en traînées parallèles, de gauche à droite et de haut en bas (série Winsor), et la répétition est mise en œuvre par la production de polyptyques (Sans Titre, 1974, Musée national d'art moderne, Paris). La prise en compte du cadre, de la tranche, de l'épaisseur du tableau amène Ryman à varier la relation de l'œuvre au mur, soit en la faisant adhérer à celui-ci, soit, au contraire, en la fixant avec des attaches d'acier (Criterion I, 1976, Musée national d'art moderne, Paris). Il remet en question jusqu’au titre des tableaux qu’il emprunte au nom de telle ou telle entreprise, trouvé dans un répertoire professionnel. Dans la série de vingt-trois tableaux exposés à la Pace Gallery à New York en 1992-1993, il s’interroge sur les relations qu’entretient la couche de peinture blanche plus ou moins épaisse, plus ou moins étendue avec le support (carton d’emballage ondulé).Ce questionnement des « assises de la peinture, de ses raisons, mené avec ses moyens propres », permet aux spectateurs, selon le critique Jean Frémon, auteur de l’essai Robert Ryman, le paradoxe absolu (L’Échoppe, 1991), « d'entrer dans un dédale d'infinies distinctions où rien de ce qui est visible n'est indifférent » (Préface de l'exposition Ryman à la galerie Maeght-Lelong, 1985).

- Elisabeth Lebovici -

 

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21/09/2011

hé,hé

" C'est sûr, l"amour est la réponse. Mais pendant que vous êtes entrain d'attendre la réponse, le sexe pose des questions très pertinentes."

- Woody Allen -

 

 

05/09/2011

auto-portrait aux papillotes

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- Allo, c'est Blue!

- Blue?

- Oui, Blue, tu te souviens de moi, j'espère...

- Non.

- Ah! Déjà!

- Mais de qui tu parles là?

- Ben... de moi!

- Reconnais-pas la voix.

- Oups! Le temps nous joue bien des tours..

- Madame, je vous prie de ne plus m'importuner.

- Ah! Parce que tu me vouvoies maintenant?

- Madame Blue ou je ne sais quoi, je vouvoie une personne que je ne connais pas et... si, comme vous l'avancez je vous ai connu et que je vous ai oublié c'est qu'il ne fallait pas que je vous connusse. Mon cerveau et mon coeur font ainsi ce genre de tri, vous ne deviez pas être bonne pour moi, en tout cas pas décisive, pas indispensable, pas incontournable et probablement particulièrement, pardonnez ma franchise, insipide. Si vous aviez un temps soit peu pimenté ma vie, voire même si vous l'aviez copieusement empoisonnée, je me souviendrais de vous. Mais là, rien, nothing, nada! Capice!!

- Oui. J'ai du mal à l'entendre mais j'ai compris. C'est dur, cruel, injuste, désarmant, difficile à avaler et laid. L'oubli, ça m'effraie. Jamais aimé les ardoises magiques...

Tuuuut, tuuuuuuuut, tuuuuuuut .......

 

01/09/2011

Le lit

 

C'est le poème spontané de Mokhtar sur mon post Upgrade Nocturne  il y a presque deux mois qui m'a donnée l'impulsion de provoquer cette note commune sur le thème du lit. Le temps que chacun oeuvre dans son coin, trouve l'inspiration, fouille dans sa mémoire ou dans son disque dur ou crée pour l'occasion, il s'est passé un certain temps. Voilà maintenant, le résultat de l'aventure. Merci à tous ceux qui ont eu le coeur à l'ouvrage, pas forcément évident un sujet imposé quoique en l'occurrence celui-ci fasse plutôt rêver, dans le meilleur des cas bien sûr. Le plumitif est parti s'épivarder*, il ne sera pas là pour profiter en direct du spectacle ainsi que de réagir aux écrits et images des uns et des autres et m'a demandé de l'excuser. Je m'empresse de le faire tant j'ai trouvé ce mot* affriolant. Manouche en était elle aussi et m'a devancée, hé,hé. Enjoy vous tous, il y a là un éventail délicieux de trésors en tout genre, une lit-érature tout à fait à propos pour attaquer la rentrée. Aux lits! 

 


Hommage au lit

 

Le lit est plus qu'un poème 

C'est un recueil où l'on cueille

Tant de rêves, tant de sève

Où, enfin, l'on se recueille

Pour se dire que l'on s'aime!

C'est un transport de trêve

Où tous les printemps se sèment

Bien loin des vindictes des glaives!

Après des heures de débats houleux,

C'est la houle des ébats amoureux!

C'est le haut-lieu, le pieu de la prise de pied

Des plus jeunes aux plus vieux!

Il s'ouvre en cieux radieux et pluvieux;

Il n'est jamais ennuyeux!

On y vit et voit toutes les saisons.

S'y marient raison et déraison!

C'est le vrai trône dans toutes les maisons!

 

- Mokhtar El Amraoui -

 

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- Photo Laurence Guez -

 

Le lit et la vie

 

Enfant, je faisais de mes blanches couvertures,

Dans mon lit, un abri d'où dépassait ma tête,

Imaginant donc que les sales créatures

Terrées dans les vapeurs d'ombres perdraient leur crête.

 

Adulte, je les ai troquées pour des moutures

Plus sombres; pourtant, dans mon lit, le coeur en fête,

Je rêve la nuit à venir, sens l'aventure

Proche de mon vaisseau aux diaphanes quêtes.

 

Les hiéroglyphes se répondent par échos

Dans mon esprit, ainsi qu'un aurique tricot.

Parfois, je touche la peau d'ambre d'une muse.

 

Mes rêves se mêlent à ma réalité!

Mon lit est un portail d'où les rêveries fusent:

«Es-tu réelle?», dis-je à la divinité.

 

- Guillaume Lajeunesse alias Vieux G. -

 

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- Photo Laurence Guez -

 

 

Lit de jour et de nuit

 

J’aime le lit, la lie aussi

Pour le repos du dépôt une fois bue la vie

 

Si j’aime tant les lits

C’est certainement parce que j’y lis

En me liant et déliant

Dans nouvellement des draps blancs

D’un blanc éclatant

Quand la lumière s’y jette

Je m’y jette rêves par-dessus tête

 

De nuit je sors et par allers et retours

Je viens et reviens au rectangle blanc

De haut je vois sa montagne douillette

L’envie de soulever la banquise pour m’y chauffer

Me prends fort et dans la mouillure de mes suaires

Par une saine navigation houleuse

Je surfe sur mes eaux monstrueuses

 

De jour et de nuit je vis dans un lit

Jusqu’à ce que le livre soit reposé

 

- Venise Landry -

 

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- Photo Le Bourdon Masqué -

 

 

 Mon cerveau s’ankylose

 

chus dans une place bizarre et au centre y a un bar

entouré d’un nuage électrique

carré avec quatre grosses portes de style malabar

pis la barmaid a un méchant tic

 

et je réalise qu’une des portes est dans la lune

fait qu’là j’en profite pour subtilement me glisser

près d’une élégante Arabe qui m’a foudroyé

par la gracieuse spirale de son œil lagune

 

même pas eu l’temps de juste me déposer la fesse

elle me saute à la gorge me murmure d’un drôle d’air :

« je suis ta vraie reine ma voix chaude te lacère

je te noie t’englobe enfin te tue de caresses… »

 

là faut que j’fasse kekchose

fini pus d’lit

mon cerveau s’ankylose

j’dors pus fini !

 

mais je refuse de me laisser périr ainsi

non mais des fois j’vous l’dis chus ben trop abruti

mais peu importe le décor change la pièce est blanche

 

le dessin de ma verbalité sur papier

là étalé en tristes gouttelettes qui s’épanchent

et elle penchée qui s’apprête à se les sniffer

 

courbant le dos j’amène l’énergie

entre mes omoplates pour m’élever comme si

j’étais un immense ballon qui prend du galon

je lévite sauf que là y a l’plafond

 

juste pour me contrépiphanier

je r’bondis inquiet ravi rieur énervé

avant de m’éveiller tout à fait en sueur

empoissé de rêveuses frayeurs

 

là faut que j’fasse kekchose

fini pus d’lit

mon cerveau s’ankylose

j’dors pus fini !

mon cerveau s’ankylose

j’dors pus fini !

mon cerveau s’ankylose

j’dors pus fini !


podcast

- Texte et musique - Michel Plamondon alias Le Plumitif -


 

écriture,poésie,photographie,lit,échange,blog,amitié,humain

- Photo Le Bourdon Masqué -

 

LITS

 

Depuis un moment je m'escrime sur ce thème, et rien, rien, rien de rien. A part des tas de banales conneries, qu'est-ce qu'on peut bien sortir sur un lit, bordel ? qu'on est content de se foutre dedans tous les soirs, emmerdés de s'en lever le matin pour aller gratter ses miettes ?

Quoi en dire, si ce n'est qu'on y naît (en général), qu'on y crève (assez souvent en occident, ailleurs c'est pas dit....), qu'on y souffre, qu'on y dort ou qu'on y baise ?

Qu'on y fait tout ce que vous voulez sauf y vivre, excepté les paraplégiques qui n'ont plus d'autre horizon que le plafond ?

Sauf y vivre.

Un lit, ce truc de civilisé issu de la croisée des siècles. Rien qu'un foutu meuble. A la base, pioncer, ça se faisait par terre. Pas confortable, on a rajouté des feuilles sèches, qu'un jour on a su tisser en natte, puis des fourrures - enfin je suppose.  Puis quoi, ensuite ? un sac de tissu rempli de foin, de paille, de plumes ? un matelas. D'abord ça. Mais pour isoler de l'humidité du sol et du froid, surélever sa couche, c'est mieux.

Alors, un cadre de planches sur pieds ? un lattis supportant le matelas ?

Voilà, on y était, au lit. Bon, on a fait ça de matériaux divers et de formes diverses, mais ça reste toujours un truc pour dormir dans le confort, quoi, au chaud, quelque part.

Et qu'est-ce qu'il y a à dire de plus là-dessus ? déblatérer sur les ébats qu'on s'y donne ? Histoire de se rassurer sur la réalité de nos vies sexuelles ? Parler de tous les morts qu'on y a vus rendre l'âme, de tous les malades auprès desquels on s'est tenu ?

Un lit. Cet espoir de l'esclave harassé, ce repos attendu, ce lieu redouté des insomniaques chroniques......

Ce qui manque chroniquement dans tous les hôpitaux, les lieux d'accueil, les refuges.

Un lit. Ce truc depuis quoi on regarde les araignées arpenter le plafond, sauf quand on a fait le ménage, en ressassant ses soucis....parce que quand on regarde nos joies, ce sont elles qu'on voit, plus le plafond.

 Un lit. Juste un foutu meuble, rien d'autre.

 

 - Anne des Ocreries -

 

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- Photo Le Bourdon Masqué-

 

Certains soirs, 

seule au creux de son lit, 

elle s'abandonnait aux souvenirs brûlants de leurs nuits.

Elle pensait à lui.
A son sexe dressé, si doux sous ses baisers.
L’image de son corps revenait.
Fulgurante.
Puissante.
Un frisson la parcourait.
Et sa main descendait, frôlant son ventre comme il le faisait lui,
S’égarant avec volupté vers son sexe
Humide et chaud
Lorsqu’elle fermait les yeux elle revoyait les siens
Leur douceur tout à coup enflammée par l'envie
Son désir décuplait et son corps, vibrant sous ses doigts
s'abandonnait enfin à la douce caresse
Délice
Abandon
Elle entrouvrait les yeux
Il venait, sans le savoir,

de lui offrir du plaisir.
Un délicieux plaisir.

 

- Pieds sur terre

 

 

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Rien ne s'oppose à la nuit

Le lit ressemblait ce matin a un vaste chantier labouré et pétrifié par ma sourde mélancolie. 
Battre la campagne et battre en retraite juste après. 
J'ai aimé abandonné mon corps aux rayons du soleil, et ce fût chaleur, moiteur, sueur poisseuse mais filets ambrés qui s'accrochaient au moindre carré de peau à tanner. 
Ma superdose de vitamine D.
L' été me préservait jusque là de mes sentiments mortifères, mais ma vieille caboche jugeait que l'abandon aux jouissances de l'été servaient un puit sec et m'envoya valdinguer un instant vers l'assourdissant espace du vide - celui où je n'entends plus rien remuer en dedans. Cette étrange pulsation de n'être plus.
La position horizontale me semblait alors la mieux à même pour me sortir de là et de ré-ouvrir l'ouvrage de saison: "Rien ne s'oppose à la nuit ".
.
 
 
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- Photo et Texte Laure Kalangel alias Lorka -

 

 

 

Dinde Dorée 

Nouvelle de Guillaume Pâquet 

 

Samedi soir, 10 heures et 10. Je suis dans la chambre, assis devant l’ordinateur. Je clavarde avec quelqu’un qui dit être une lesbienne de 23 ans, portant du 36 c et habitant Repentigny. Jeanne est dans le salon avec son frère. Ils écoutent un film d’horreur, un de ces films de peur japonais que les Américains ont cru bon refaire avec des actrices blondes et des villes aux noms plus familiers. Terreur à Mobile, Alabama !

La conversation avec la lesbienne s’enlise depuis un bon moment, elle doute de l’authenticité de mon identité. Les hommes doivent payer pour chatter ici, pas les femmes. Je me suis inscrit comme fille, j’ai pris une photo sur un site de soft porn et voilà. J’ai 25 ans, je suis bisexuelle, enceinte et mon chum me joue dans le dos sur des sites de rencontre virtuels. La lesbienne veut entendre ma voix. Je change de sujet et je lui demande ce qu’elle porte. Autant en venir au but tout de suite. J’attends la réponse impatiemment, je fais une recherche sur les autres femmes en ligne, je regarde leurs photos. Sans trop savoir pourquoi.

Les chats se mettent à courir dans le couloir, une longueur, deux longueurs. Brom Brom brom Brom-brolom krrr krrr krrrr. Leurs griffes graffignent le plancher. Ils sautent, se lancent par terre, le plancher vibre un peu, Colette a pris du poids depuis la grande opération. Pause. Je les regarde par le cadre de porte de la chambre, ils se font face et se préparent pour d’autres longueurs. Les deux ont les yeux noirs, les pupilles sont dilatées au maximum et leurs queues branlent vigoureusement.

Je sors de la chambre, j’en prends un dans chaque bras et je les enferme avec Jeanne et Luc, dans le salon, à l’autre bout de l’appartement.

En revenant devant l’écran, la lesbienne me dit qu’elle doit quitter. Pas grave, ça n’allait nulle part.  Une partie de moi se réjouit et se met à espérer que nous (c’est à dire toutes les parties de mon corps et de mon esprit qui ne sont pas intéressés par les relations adultères virtuelles) allons passer à quelque chose de plus constructif.

Je fais taire ma bonne conscience en m’adressant à ce qui semble être une femme de 36 ans. Elle dit être mariée, bisexuelle et à la recherche de discussions cochonnes avec des femmes. Excellent, pas de taponnage avec ce genre de personnage. Surtout pas besoin de faire vérifier trois fois son identité avant de les sauter virtuellement.

 Ça sonne à la porte, dix heures et vingt.

Je quitte Exploder, me déconnecte de l’internet, me lève, vérifie que je ne suis pas en érection et je me dirige vers la porte d’entrée. Jeanne est dans le cadre de porte du salon et attend de voir qui sonne, elle tient Colette dans ses bras. Comme je m’approche, la porte s’ouvre, c’est le voisin d’en bas, qui est aussi le propriétaire. Il entre. Je me recule un peu. Il titube et respire fort. Il pue l’alcool. Je vois dans ses yeux que c’est à propos des chats

— Salut

— Allô

— Z’ai essayé d’appeler, zc’était toccupé

Il me tend des papiers

— Ça cé lé… lééé…

Il a la bouche grande ouverte, il lui manque une incisive inférieure et il en a une autre qui branle et vibre pendant qu’il parle. Il s’est peut être battu ? Peut-être a t’il goûté à la médecine de ses escaliers glissants?

— Cé le… lééé…

— Les T4 ?

— Lé T4.

— Ok.

Il me tend les papiers, je les prends.

Ses yeux regardent par dessus mon épaule et semblent chercher les chats.

Sa dent tremble à chaque respiration, elle semble tenir le coup malgré tout. Il prend une grande inspiration et s’appuie sur le mur, il lui reste un autre papier.

— Ça cé lé… la…

— L’avis d’augmentation de loyer ?

— Ouain.

Il semble offusqué que je ne l’aie pas laissé finir sa phrase tout seul. À jeun il parle avec un accent portugais. Quand il est saoul comme présentement, ça se confond, son accent devient presque exclusivement ivre international.

Je prends l’avis, 10 piasses de plus à partir de juillet. Comme l’année d’avant. Et les deux autres d’avant. Et comme l’année prochaine fort probablement. Le loyer est encore abordable, il a du rattrapage à faire pour rejoindre les prix du marché.

Jeanne s’approche et se place derrière moi, je lui donne les papiers.

En voyant ses yeux je comprends qu’elle devine ce qui s’en vient. La colère lui fait froncer les sourcils.

Ça fait trois ans qu’on marche sur la pointe des pieds pour ne pas qu’il se plaigne du bruit, et il s’en plaint quand même.

Il a appelé la semaine passée à huit heures du matin parce que les chats venaient de faire une petite longueur d’appartement. «J’ai le droit de vouloir dormir à huit heure si je veux.»

Le lendemain, à sept heures du matin, il était sur le toit du bloc pour déneiger. Il a vraiment bien déneigé la partie au-dessus de notre appartement.

Il possède deux canaris et souffre probablement d’ailourophobie.

— La zlé CHATS, ça pu PU continuer !!

Il monte le ton, se serre les mâchoires et peut-être sent-il que je regarde sa dent car il tente de la cacher derrière sa lèvre inférieure. Ça provoque un zézaiement qui rend la discussion encore plus dure à supporter.

— Ben là, spask yé yenk 10 heures…

— JZ’ m’en FOUS !!!! On écoute tutte en bas !! TUTTE !!

Je lui fais timidement signe de baisser le ton avec ma main.

— ZSS’cusez, qu’il siffle entre ses dents. Il se pince les lèvres avec l’index et la moitié de pouce qu’il lui reste (accident de scie ronde), les trois autres doigts de la main en l’air. Il lève l’autre main en signe de pardon et réprime un rot.

— On écoute tutte pis là ccccé là quatrième fois que jze vous le dis. Cé t’assez.

— Je sais qu’on entend tout. Tsé, j‘veux pas partir de guerre mais juste avant hier, vous êtes rentrés à 2h de matin, pis vous étiez pas vraiment discret, pis des fois, vos canaris-

— Ah BEN Les CHATS qui COURENT PARTOUT dans l’appartement à dzeux Troizeure du matin z’en VEUX PU ! VOUS avez DIX jours pour faire DIZSSPARAÎTRE Les CHATS-

Jeanne passe la tête par dessus mon épaule et s’insère dans la conversation, je sens son ventre gonflé contre mes reins.

— Han ?

 Le propriétaire se remet l’index et le majeur sur les lèvres. Il lève l’autre main en signe

de pardon

— 10 jours pour faire dizsparaître le BRUITS des chats !

— Ben là j’m’excuse monsieur Miranda, mais je pense que vous êtes présentement pas en état de me dire quoi faire. Vous êtes-

— MA QUESSZ ÇA FA que JEU ZSSOIS comme je zssuis LÀ. JE ZSSUIS PAS DANS MON AUTO !

Il mime qu’il tient le volant.

Je regarde Jeanne dans les yeux, elle recule en me fusillant sur place du regard.

Je me retourne vers Miranda, j’essaie de gagner un peu de sympathie, je sais qu’il est divorcé, je roule les yeux en voulant dire « …les bonnes fammes… quessé tu veux fére…». Il se calme. Un peu.

— Jze suis chez moi, jze dérange pas personne, zeu suis pas dans mon auto, et les CHATS courts partout !!!

Il reprend ses arguments comme ça deux trois fois, en boucle. 10 jours d’avis, et puis quoi après les 10 jours ? C’est pas spécifié. Je ne m’objecte que symboliquement. Comprenez monsieur Miranda, le minou est tout jeune.

Il ne veut rien entendre.

L’idée me vient sporadiquement de le pousser en bas de son escalier glissant, juste pour voir ce qui se passerait avec sa dent qui branle…Mais je suis poli.

Je n’ai jamais été très menaçant dans ces situations. Toujours eu peur de déplaire, de me faire haïr. Un bon ti-gars qui dit jamais un mot plus haut que l’autre et qui roule des yeux quand c’est le temps. «On l’entends pas ! Tout le temps en train de lire oubedon de jouer dans sa chambe !» «aye, si mon Michael pouvais-tu êtes tranquille de mingue !»

Il finit par s’en aller au bout de 5 minutes. J’ai les mains qui tremblent.

Luc, le frère de Jeanne, est dans la porte du salon, il tient le chaton Daniel.

— Dix zours ! Cétacé 

— Ça PU PU continuer, que je lui réponds mollement.

Le film vient de perdre de son intérêt, il s’en retourne chez lui.

Après l’avoir salué, je vais me prendre un verre d‘eau, j’en renverse un peu en regardant mon verre trembler dans ma main. Jeanne est dans le lit, et tient un oreiller entre ses bras. Rageuse.

— Le vieux CÂLISSE... Vieux crisse de saoulons ! Ça va être quoi après ?? Pis ça va être quoi quand le bébé va être là ?!?

— Ché pas… Par contre, euh…C’tait pas le move de la soirée pareil, dire à un gars saoul kié saoul. Tsé, ctait quasiment comme y demander d’hurler plus fort…

Je me déshabille en la regardant du coin de l’œil, anticipant sa réaction. Je me glisse furtivement sous les draps, elle n’est pas dupe et sait que je veux éviter son regard. Elle s’appuie sur son coude en me regardant.

— Fallais tu que j’y amène une biére en plus ?? Tsé, cibouère…Na-non y reviendra nous vouère quand y s’ras à jeun le vieux câlisse ! Pis pourquoi y capote tant que ça après les chats ? Y courent 10 minutes dans journée pis c’est beau…

— Ptête que son ex-femme aimait les chats…

— Pis ? Y est pu avec là, y pourrait nous câlisser patience yenk une fois dans sa vie. J’haïs assez ça des vieux niochons d’même là… 

— On fait quoi ? On met les chats dans le salon ? Ek litière ? Au moins si y courent, ça va juste être dans ste pièce là.

— Ça va être le fun de regarder la télévision…

— Spa toé qui dis kia yenk dla marde à Tévé ? Tu vas avouère une Tévé en odorama…

— …

— Quessé tu veux qu’on fasse de plus, y capote, yé saoul pis y veux rien comprendre... Couche toé donc, tu te fatigues pour rien avec ces niaiseries-là.

— Ouin… mais j’ai quasiment hâte pareil d’entendre le bébé brailler à 4 heures du matin, juste pour que ça lfasse chier…

Elle termine sa phrase en m’embrassant. Je ferme la lumière.

Je m’endors en pensant à mon match de hockey cosom du lendemain, je suis en train de casser la gueule à deux-trois morons en même temps. La preuve que je rêve.

Je me réveille en pleine nuit, cauchemardant que j’ai furieusement envie d’aller à la toilette. Je sors du lit et en posant le pied par terre je me rends compte que ça ne va pas du tout. Pendant que je cours silencieusement vers la salle de bain, je refais vite une liste de ce que j’ai mangé et bu. Ça ne peut pas être pas la bière, j’en ai bu juste deux. Peut-être la poutine et le Roca Cola…

Dès que je m’assois sur le banc de la toilette, ça sort. Comment est-ce que ça peut se liquéfier comme ça ? Je sens que ça remonte vers le haut aussi. Une onde de souvenirs échoue en même temps dans ma tête. Je revois toute les fois où j’ai réussi à refouler les envies de vomir depuis que je suis petit. C’était pour moi une fierté à chaque fois. Je réussissais à repousser le mal, quelqu’un s’en rendrait compte un jour, j’en étais certain. On m’adulerait bientôt!

Pas ce soir, ce soir c’est trop fort. Aucun rempart ne peut résister à ce qui s’en vient. Je dois me lever prestement de la toilette, la flusher pendant que je me retourne et que je m’accroupis pour vomir. C’est une explosion, un raz-de-marée, la toilette se vide pendant que je la remplie. Les spasmes secouent mon ventre, mon dos, ma gorge. J’ai de la sueur au front et je ne distingue que vaguement les restes de mon souper qui virevolte dans l’eau montante. Puis l’accalmie, l’œil de la tempête ? La pensée que je puisse rater la partie de hockey du dimanche m’apparaît et me redonne un peu de volonté de combattre. Sans grand résultat. Une autre vague me happe. De la bile. Ce sera quoi après ? Mon corps se crispe, luttant contre l’absurdité d’expulser du vide.

Ce qu’il fait, une fois, deux puis trois fois. Plus rien ne sort, mon ventre se contracte, mes épaules se haussent à chaque fois et se replient vers l’avant, je beugle et j’ai les larmes aux yeux. 

Qu’est-ce qui m’a rendu malade ? La sauce brune ? Le fromage ? Un virus attrapé dans le métro ? Non… Il faut que ce soit le Roca Cola. Absurde. J’ai pourtant un drôle de goût dans la bouche, c’est sur et sucré.

Je m’assois sur les tuiles froides de la salle de bain en m’adossant contre le mur et je regarde mes mains sous la lumière de la veilleuse, elles sont blêmes et tremblotantes.

Ça fini par se calmer. Je retourne me coucher, il est 4 heures du matin. Je ne dormirai plus.

C’est chaque fois pareil. Je me revois dans ma chambre d’enfant à Amqui, sur mon minuscule lit, recouvert d’un couvre-lit en forme de voiture parce que mes parents ne pouvaient pas m’acheter le lit en auto. Malade, fiévreux, apeuré par tous les bruits que je peux entendre. Effrayé par le vieux merisier qui fait grincer ses branches mortes sur la vieille tôle du vieux garage Fournier. Terrifié par le toit de la maison qui craque sous la neige et les froids de février. Intrigué parfois par ces rares visiteurs dans la cuisine qui parlent pendant que je suis malade. Tous les commentaires que ces gens disent qui me concernent peut-être. Qui ne parle pas de moi du tout finalement.

Et toujours cet inconfort, ce marathon dans mon lit, mon repère, cette nausée qui empêche le sommeil de prendre racine. Et la tôle qui grince. Et ce lugubre merisier qui n’a jamais rien donné.

J’entends les chats qui commencent à courir.

Les Canaris à l’étage en dessous ne semblent pas être dérangés.

 

Dimanche. Huit heures. Je regarde Jeanne dormir. Ma main sur son ventre rond, j’attends, espérant sentir les mouvements de mon fils. Ça ne vient pas. Il doit dormir.

Tout est tranquille, pas de bruits dans l’appartement. Il fait soleil dehors. La chambre est pleine de lumière. Une voiture passe sous ma fenêtre. J’entends sous ses roues le bruit de la neige fondue par le soleil encore faible de février, le calcium et le va-et-vient matinal des clients du marché Jean-Talon. Je place mes bras derrière ma tête, j’essaie de m’imaginer avec un bébé dans mon lit, le matin. Un matin comme celui-ci. Une onde de fierté monte en moi. C’est agréable et incontrôlable, ça me dépasse largement, je le sens.

Après un temps, l’angoisse de subvenir aux besoins de cet être tout neuf se fait sentir et mon ventre bascule presqu’à nouveau.

La journée se passe en mode « lendemain de veille ». La matinée à vomir ou non et l’après midi à errer comme une âme morte dans toutes les pièces de l’appartement. Je fais quand même un effort supplémentaire pour ne pas trop faire de bruit. On prend bien soin de séparer les chats le plus longtemps possible. Le loyer est vraiment pas cher et c’est tellement bien situé.

 

Lundi. Daniel a un rendez-vous pour se faire castrer et je dois l’amener chez le vétérinaire avant d’aller travailler. Il neige doucement ce soir, c’est paisible. Les sons de la ville sont étouffés, le quartier semble être devenu un petit village tellement c’est tranquille et moelleux comme ambiance. Cinq centimètres depuis ce matin, ça fait du bruit quand je marche. Cronche, crounche, cronche. Je suis encore vaguement dans les nuages comateux de ma crise de vomi de la nuit de samedi, les épaules endolories.

J’arrive au coin St-Zotique/St-Denis. C’est l’heure de pointe, les voitures roulent comme en temps normal, vite et mal, mais on les sent plus vulnérables, incertaines dans les cinq centimètres de neiges. Je sens Daniel trembler. Une maman passe avec sa petite fille assise dans un traîneau. La maman regarde la cage : « regarde Mégane ! Un ti-minou ! » La petite mange un biscuit, elle le tient à deux mains avec ses mitaines, ses yeux sont presque cachés par son capuchon. Elle me regarde en passant sous mon nez et s’éloigne en se laissant traîner par sa mère.

La lumière change au vert. Une voiture descendant St-Denis qui croyait avoir le temps de passer freine et glisse en silence sur 2 mètres. Elle s’arrête finalement en plein milieu de la rue et repart avant que les Klaxons se fassent entendrent.

 

St-Zotique/Christophe-Colomb, j’enjambe un pare-choc gisant sur le trottoir et je regarde des deux cotés de la rue avant de traverser.

 En entrant chez la vétérinaire, j’ai l’impression que j’apparais dans un mauvais téléroman. Il y a un chat qui dort sur le comptoir près de la caisse enregistreuse, un couple flatte un grand Danois en lui disant des mots doux, une employée place des sacs de moulés dans une étagère, et une vieille madame sort d’une salle d’examen avec son caniche dans les bras, suivi de la vétérinaire.

— Jvous rmarci donc ma tite madame, ché pas ske j’aurais faite si y avais fallu que mon ti-Bijou toffe pas l’opération. 

— C’était rien madame Larose. Y va être ben correct votre Bijou.

La vétérinaire doit avoir à peu près mon âge, fin vingtaine, rousse, yeux verts, nez fin. Sarrau vert, uniforme, on imagine déjà une romance entre le personnage principal et la jolie docteure animalière... Elle se dirige derrière le comptoir et regarde des dossiers. L’employée qui plaçait les sacs s’approche de moi.

—  Oui ?

—  Je viens porter mon chat, Daniel, il se faire opérer demain.

Je monte la cage au niveau de son visage. Daniel la regarde.

— Suivez-moi s’il vous plait.

Elle m’emmène dans une autre salle d’examen qui donne sur une pièce pleine de cages. Elles sont presque toutes occupées. Un Gros Labrador noir se lève et me regarde de derrière ses barreaux.

L’employée installe Daniel sur une table en acier inoxydable, l’examine, il rechigne un peu, à peine.

C’est qu’il est bien élevé ce chaton ! Cinq mois ! Il ramène la balle ! Je ne me contrôle plus, un scénariste vétérinaire s’est emparé de moi, je suis un personnage, un caméléon sans personnalité, qui se transforme au gré des rencontres. Pour le moment je suis : le plus très jeune adulte en mal d’être qui est en admiration devant son chaton et la vétérinaire rousse au nez fin (qui palpe au même moment les bourses d’un grand Danois).

L’examen de Daniel se termine, l’employée me demande de faire rentrer Daniel dans sa cage.

— Oh, d’habitude, il entre seul dans sa cage.

Le chat essaie de sauter en bas de la table de stainless, ne semble pas vouloir y entrer. Il miaule en me regardant, je le rentre dans la cage.

— Vous allez pouvoir venir le chercher demain vers 6 heures.

Retour, marche en sens inverse vers le métro, vers la masse qui retourne à la maison.

Je pars travailler.

Même procession de véhicules, arrêt, départ, arrêt, départ, klaxon.

J’arrête au dépanneur, j’achète un billet de loterie, la Dinde Dorée.

Un jour je gagnerai peut-être, je pourrai réaliser mon rêve de sacrer à la TV :

«Calisse de tabarnak ! Jvas pouvouère rembourser mon prêt étudiant !!!»

Je gratte, le billet, je jette le billet.

Une longue file de gens épuisés aux yeux morts attendent pour embarquer dans l’autobus, la porte s’ouvre, le chauffeur est sémillant, il est assis de façon à faire face aux gens qui entrent, il les salut tous, les remercie. Parfois il reçoit un sourire, une réponse.

J’approche de la porte de la station de métro, encore la même surprise qu’hier et que demain, la résistance de la porte, le vent froid qui s’engouffre. C’est lourd, je pousse avec les jambes, je force. Une femme sort, je lui tiens la porte. Son regard est vide, les yeux morts. Elle m’ignore et sort. Je secoue mes bottes, j’entrevois mon reflet dans la fenêtre, je lâche la porte et j’entre, les yeux morts.

 

 - Guillaume Pâquet, alias Gomeux - 2004-2011 -

 

 

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- Le lit par Nancy Mc Donald - alias Mc Doodle -

 

 

 

Josée Limoges

Fait l’Achat d’un Grand Lit 

Extrait du roman Oro Negro, à paraître

©Éric McComber 2000-2011 

 

Quand on a commencé ce truc dingue avec Jaja et Émilio, on s’est vite rendu compte qu’y faudrait un terrain de jeu digne de nous. Jaj et moi, on est toutes petites, mais Émilio, c’est un tronc. Puis, on est... Disons, actives, toutes les trois... Une demi-journée de magasinage m’a convaincue qu’il valait la peine de réfléchir.  

Ainsi, la première tentative d’amélioration que j’ai proposée était l’addition sous le futon d’une feuille de « coquilles d’œuf ». Nonobstant un effet positif sur l’émission de craquements et une quasi imperceptible augmentation de hauteur, je ne suis pas convaincue. Eux paraissent ravis, mais ils ne sont pas perfectionnistes comme moi.

— Mette lé pas enn-déssous, mette lé par déssous...  

Xhana est incapable de prononcer le son « U ». Malgré tous ses efforts ― ce qu’on a rigolé avec le mot « aiguille » ―, elle ne parvient toujours pas, après deux ans au pays, à prononcer différemment « dessous » et « dessus ». En conséquence, elle accompagne maintenant ces mots d’un geste de la main... vers le plancher pour « dessous », et vers le plafond pour « dessus ». À pisser de rire quand elle a les mains chargées de sacs d’épicerie et qu’elle tente de m’indiquer dans quelle partie du réfrigérateur je dois ranger le gigot :

— Pas déssous, déssous ! Naoon, Josée, déssous-déssous-déssouuuus ! Ay, puta que pario !… Que língua estúpida !  

Magnanime, je fais comme si de rien était, et je daigne bien tenter l’expérience (de la feuille de coquilles d’œuf sur le DESSUS). Déception. Évidemment. Sentir, juste sous le drap, cette vile matière qu’est la mousse. Non. Ils peuvent bien m’appeler princesse aux petits pois... Émile qui évoque ses années chez les scouts et Xhana qui me fait la morale en parlant de Cidade de Deo... Lourd. Tant pis... Je suis qui je suis, je m’assume, je ne dors pas dans ces conditions. Histoire de parvenir au sommet, je vais aller au bout du monde.  

Ce qui est bien, quand on va loin, c’est que ça fournit toujours une excuse pour voir Élizabeth. Elle est la seule personne qu’on connaît dotée d’un véhicule à carburant. Ça se termine chaque fois à trois ou quatre mains sur ses immenses lolos. C’est ainsi, que voulez-vous, son mari les néglige. Ah, l’autre jour Émilio y allait entre les deux pendant que Jaja et moi on... Enfin.  

Une fois rendues sur place toutes les quatre, au coût d’un grave torticoli parce que, dans sa voiture, le courant d’air lui durcit les aréoles et que je suis assise devant, tout au long d’une magique odyssée à travers les landes défigurées par les bétons du progrès, nous voilà en train d’essayer des pajots dans l’immense rayon des lits du Gros Scandinave.  

Un jeune vendeur s’approche. Uniforme bleu et jaune. Il nous regarde toutes les quatre, affalées dans un Byornsk ; T-grand /tiroir à roulettes - Omskö.

— Pt.

Il sourit.

― On peut vous aider, mes petites madames ?

Nous lui rendons son sourire. Surtout Zabeth. Elle a toujours aimé sourire. Voilà une bonne occasion. Elle sourit. Nous sourions.

— On cherche un lit.

Rires.

— Vous êtes à bonne place.

Sourires. Il se gratte la gorge.

— Hm.

Il fait de petits bruits avec ses lèvres, comme s’il embrassait l’air.

— Pt.

Les soirées ont l’air longues, chez le Gros Scandinave. Il ose :

— C’est pour le ou laquelle de vous autres ?

― Ekh, ekh, ekh.

Nous rions.

— C’est pour toutte lé quatre.

Ah, la discrétion sophistiquée de la Panzera qui s'assume.

— Pt-pt.

— À nous nous aime dé sé faire l’amour à trois. Nécéssité oune grande matélas. Plous grande qué o double. Des fois notre amie Zabeth sé joigne à nous, aussi.

Élizabeth rougit et sourit plus encore. Le vendeur tente de demeurer professionnel mais n’arrive pas à arracher ses yeux de la charismatique encolure de la Saint-Brunoise. Émilio se cache la tête entre les doigts. Le vendeur met une main dans sa poche, ce qui ne nous fait que mieux voir ce qu’il tente de dissimuler.

— Pt. Hm.

Et puis encore :

― Pt.

Il décide enfin :

— Ooon vous laisse regarder, alors ! 

Il se sauve. Bon. Je tombe amoureuse (avec l’aide de mes trois collaboratrices) d’une grande base en bois. Miam. Je sens déjà le sommeil me bercer entre ses grandes lattes suaves. Nous repartons de l’ambassade de Suède armées de nombreuses boîtes de carton et passons la soirée à assembler la chose et la nuit à la tester. 

C’est le lendemain que l’idée géniale me vient. Ma Joconde, à moi. Bon. Recouvrir le recouvrement... De cette vieille douillette en coton qui traîne, dérisoire, au fond d’un placard. Comme ça respire et que ça vit et tout et tout... ben, l’épaisse douillette non seulement contrecarre l’effet désagréable, tant tactile qu’olfactif, de la mousse, mais en plus ajoute au moelleux de l’affaire. Le résultat est immédiat. On l’essaie, on l’adopte. Toute la matinée, tout l’après-midi, même après le départ de Zabeth, puis celui d’Émilio, on peut plus s’arrêter. Je crois, sans vouloir exagérer, que notre lit est sans doute le plus confortable et le plus propice aux ensuquades de stupre de toute la Terre. Grand. Ferme. Solide. Moelleux. On le mangerait.

 

- Eric Mc Comber -

 

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- Photo Le Bourdon Masqué -

 

Max

 

Je m'appelle Max, suis une espèce d'hétéroptères de la famille des Cimicidae, un cimex lectularius pour être plus précis. Une punaise de lit. Je suis plutôt de nature nocturne et me nourris de sang humain comme les vampires à moindre dose, forcément, je suis beaucoup plus petit. J'adore l'odeur du dioxyde de carbone que libère la chaleur des corps, ça m'éclate, c'est tout juste carrément tripant, un pur extase! Les individus dans mon genre ont une espérance de vie n'excédant pas une petite année, mais moi, je suis un être à part. Sur mon berceau les fées se sont penchées et, après une concertation longue et douloureuse ont décidé de me donner dix longues années. Neuf pour étudier mon environnement et une dernière pour l'écrire et le consigner afin d'offrir aux générations futures de quoi réfléchir et rêver. Ainsi ai-je vécu dans le lit d'une chanteuse de jazz dans le Bronx, dans le lit d'hôpital d'un vieillard infirme et difforme dans le New-Jersey. J'ai squatté  aussi quelques sofitels haut de gamme un peu partout dans le monde, me servant des valises diplomatiques pour voyager. J'y ai vu des vertes et des pas mûres. Je ne vous dis pas la dose de secrets défense que je trinqueballe! J'ai toujours eu la bougeotte, démuni d'ailes il m'a fallu être inventif et astucieux. Un véritable Indiana Jones des oreillers et traversins. Au bout de moultes épopées en tout genre, j'ai élu domicile pendant plus de deux ans dans un appartement, sur le Plateau, à Montréal chez un écrivain noctambule, bigrement riche et imaginatif. Un lit au draps rouges qui fleuraientt bon le fauve, les parties de fous rires, les nuits d'ivresse chaude et les délires chatoyants d'une nature hors norme. J'ai plus appris chez lui, ma piqûre régulière une fois tous les trois jours, en partageant ses lectures, ses rencontres, ses coups de sang, ses coups de fil rares et ses visionnements érotiques, comiques, tragiques et burlesques qu'en trois longues années de carrière de part le monde. Il pestait parfois râlant que je me serve sans lui demander son accord à sa cheville ou ses fesses, mais n'a jamais pris les gros moyens pour me faire sortir de sa vie. J'ai vu grâce à lui plus de films que je n'aurais pu voir, nous avions les mêmes horaires, dormant de jour, vivant de nuit. Je m'installais peinard sans qu'il le sache tout près de sa joue assis en tailleur multi-pattes sur son oreiller Spiderman, je me sentais, disons, ainsi, comme en famille et j'ai pu parfaire mon vocabulaire à l'écouter mettre ses textes à l'épreuve du gueuloir comme le faisait Gustave. J'y serais bien resté jusqu'à la fin de mes jours. Les chairs délicates qui se pressaient chez lui ne manquaient ni de saveurs ni d'intelligence à l'entendre, je n'y ai pas goûté, je ne pique pas ces dames. Je pensais même y écrire mon livre. Mais un événement chamboula tous mes plans.

Un jour d'Octobre 2009, il prêta son lit à un couple d'amis venus de la vieille Europe. Des ch'tis. Je n'avais pas encore à ce jour foulé le territoire français, la tentation d'y goûter l'emporta sur ma vie de coq en pâte et je quittai la mort dans l'âme mon vieil ami québécois pour venir m'installer à Lille dans un lit conjugal ne manquant pas de piquant ni d'exotisme. Là, dans mes nouveaux quartiers, je me pris d'amitié pour deux vieux acariens, petits et laids, un humour à la Woddy Allen et une grande connaissance d'un terrain qui m'était étranger. Je me suis aussi acoquiné de trois gracieuses araignées longues fines et érudites ayant beaucoup de conversation, cuisinant à merveille en chantant de veilles ritournelles poétiques. Mais, mais, mais surtout j'ai découvert le corps d'une femme immense, royale et sublime dont je suis tombé raide. Je n'avais encore jamais de ma vie croiser pareille créature et j'espérais ne pas mourir avant d'en avoir fait le tour. C'est la première fois dans mon existence trépidante que j'ai envie de tout savoir d'un corps, je veux tout connaître d'elle, tout explorer, la boire millimètre par millimètre, parcourir ses recoins, ses trésors cachés, inhaler ses odeurs les plus secrètes, savoir tout de ses pensées les plus intimes et tout de ses rêves les plus enfouis. J'ai joui tous les jours dans ses draps rayés à entendre son coeur battre et son souffle doux régler le rythme du temps. J'ai compris ce qu'est la souffrance d'attendre quand elle tardait à venir s'allonger, comme celle de désespérer à la voir se lever plus tôt que d'habitude. J'ai haï son mari suffisamment taillé pour la prendre, détesté son ordinateur avec lequel elle passe des heures, envié ses enfants qui viennent lui parler assis au bord du lit et voulu pouvoir être ce livre qui l'a fait rire, celui qui l'émeut, celui qu'elle re-feuillette sans cesse, ce livre écrit par celui là-même que j'ai quitté pour elle. Comme ce vaste monde est petit!

Un soir n'y tenant plus, j'en ai voulu davantage. J'ai dérogé à mes principes et dardé une humaine femelle. Je n'avais pas encore osé goûter de plus près à sa peau sucrée et au sang qui bouillait dans ses veines de peur quelle ne me congédie sur le champ par je ne sais qu'elle opération commando de nettoyage. Nombre de mes congénères avaient été exterminés ainsi et avaient vu leur temps de vie se rétrécir encore plus vite, violemment. J'ai piqué à la cuisse, pas trop profond pour qu'elle n'en souffre pas, mais longtemps, vraiment longtemps, avec délectation je me suis avalé un merveilleux festin royal. Je pensais avoir été on ne peut plus délicat mais la superbe avait l'épiderme fin d'un bébé fraîchement né et n'a pas manqué de s'en plaindre à grands cris dès son réveil. Alors, pendant plus d'une semaine je me suis fait encore plus minuscule que d'habitude. A peine s'y j'osais respirer. La crainte a entraîné la perte de mon appétit coutumier et légendaire au point d'ailleurs que mes amis s'en inquiétèrent. Pas de bombe au pyrèthre végétal, pas de grand retournement de printemps, pas de battage de matelas. Ouf! J'ai pu en me tenant à carreau rester ainsi dans le creux de ma belle. Je n'ai pas rempli ma mission, je n'ai pas écrit. Du moins pas le livre qui m'avait été commandé à la naissance, non, j'ai préféré élaborer un conte, celui d'une punaise de lit devenant un grand homme pour donner à sa douce tous les plaisirs du monde et l'honorer chaque jour de la puissance d'une passion sans cesse renouvelée par les grâces d'un amour fécond, motivant et complice. Peut-être qu'un jour, on en fera un film! En attendant, moi, je le vis éveillé, ce conte merveilleux. Ce lit là sera certainement mon dernier. C'est tout le mal que je me souhaite.

 

 - Helenablue -

 

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- Photo Le Bourdon Masqué -

 

Sans lit dessous.


-Le lit til-t’il ou si il ilt ?
-Non, il ilt le lit, il ilt.
-Comment ilt ? Til non ? ? ?
-Jamais lit til, il ilt comme ceci ce lit.
-Einh ! Il ilt toujours comme ça ?
-Si si, ce lit, ilt comme ça, comme ça et encore, et encore.
-Bravo, qu’il ilt mais s’il til pas, qu’il ilt
 seulement, quand t-il tilera-t-il, un peu ?
-Lis ici, ceci, là, là : " Lit IKÉA, ILT"
-Ces lits qu’ILT, aussi en bleu lys, vu que
 til, ils ne font pas? 
-Pas plus de lits en bleu lys. En jaune, ça oui.
-En jaune lys ?
-Ilt jaune lys, si on veut, et lisse avec ça, voilà.
-En kit, ce lit ILT jaune lys?
-En kit toujours, toujours en kit.
-Hum! En kilt pour assembler ce kit de lit ILT qui til pas, 
 qui ilt, qui ilt encore, et encore, c’est Lili la lisse qui 
 va m'offrir son lys ! 

 

MakesmewonderHum! -

 

 

 

12/08/2011

On ne peut me connaître

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- Photo Eric Boutilier -

 

 

On ne peut me connaître 
Mieux que tu me connais

Tes yeux dans lesquels nous dormons 
Tous les deux 
Ont fait à mes lumières d'homme 
Un sort meilleur qu'aux nuits du monde 

Tes yeux dans lesquels je voyage 
Ont donné aux gestes des routes 
Un sens détaché de la terre

Dans tes yeux ceux qui nous révèlent 
Notre solitude infinie 
Ne sont plus ce qu' ils croyaient être 

On ne peut te connaître 
Mieux que je te connais.

 

- Paul Eluard -

 

 

09/08/2011

Sororal

J'ai aimé ce film, il m'a personnellement beaucoup touchée. Merci Black Angel.

 

 

" Les âmes soeurs finissent par se trouver quand elles savent s'attendre."

- Théophile Gautier -

 

 

07/08/2011

Paroles d'auteurs

 

 

 

08/07/2011

Love Me Tender

 

06/07/2011

Islands in the stream, that is what we are

Une bien belle chanson au bien beau message que m'a offerte ce matin l'Ange Noir qui veille sur moi. A l'origine une chanson écrite par les Bee Gees, chantée par Dolly et Kenny, plus intéressantes, en concomitance*, je partage avec vous les deux versions. Elles me touchent l'une et l'autre et pas du tout pour les mêmes raisons alors que c'est la même toune! Quels êtres complexes et riches à nous-mêmes nous sommes, quand même!


 

 

* de Christian Mistral

 

03/07/2011

Lettres Québécoises

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J'apprends chez Christian qu'on peut maintenant s'abonner en ligne et recevoir des nouvelles de la littérature et de ceux qui la font là-bas dans sa boîte mail, c'est une bonne idée, simple et peu coûteuse pour tous ceux qui comme moi aiment les belles-lettres d'ici ou de là-bas. Lettres Québécoises. Le seul numéro en ma possession c'est le 137, le spécial Mistral que m'avaient envoyé conjointement Sandy et Christian. J'ai eu grand plaisir à le lire, et j'en ai toujours autant à le redécouvrir. Nous en avions fait à plusieurs d'ailleurs un complément tribal. C'est important pour reprendre la formule délicieuse et invitante: le plaisir de lire pour mieux lire. Alors pour 15$ par an, il ne faut pas s'en priver! J'ai tout de suite opté pour celui sur trois ans, comme ça je suis bien sûre de ne rien louper d'important. Des initiatives de ce genre et de cette qualité méritent qu'on s'y intéresse et qu'on les encourage, il en va de l'avenir de toutes les Lettres de ce genre.

 

 

 

02/07/2011

Semianyki

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Semianyki raconte les déboires d’une famille particulièrement déjantée, qui tente de survivre dans une Russie déglinguée. Sans jamais prononcer un mot, avec une formidable inventivité burlesque, la troupe dessine un monde où l’absurde est roi, mais où la magie est toujours prête à renaître. Ces clowns savent toucher la part d’enfance de chacun tout en portant un regard corrosif sur une réalité sociale. Fabienne Darge – Le Monde
Sans prononcer un mot, ces six énergumènes aux tronches pas tristes nous entraînent dans leur invraisemblable bric-à-brac. Ils s’y font des blagues des plus cruelles, s’adorent et s’entre-tuent, survivent avec une insolence toujours en éveil. Et sur un rythme halluciné, ils nous prouvent par leurs gags gros comme ça, leurs mimiques délirantes que le rire reste sans doute la meilleure arme, partout et toujours, de toutes les résistances. Fabienne Pascaud – Télérama
Il règne ici un mélange de la commedia dell’arte, de burlesque à l’anglaise, de mime à la française et d’art légendaire du clown populaire russe qui baigne le tout d’une grande bouffonnerie à la slave. Rire, colère, émotion. Marion Thébaud – Le Figaro
Cette famille-là renvoie les Adams au bac à sable. Sans un mot avec un imaginaire débridé et un sens de la gestuelle à la mécanique redoutable. Dans un décor à michemin entre le bric-à-brac de grenier et la foire de quincaillerie, chaque objet est une menace en puissance et les situations les plus anodines deviennent des cauchemars délirants. C’est hilarant.Charlotte Lipinska – 20 Minutes
Cette famille totalement hors normes, qui assume et vit pleinement ses fantasmes, est aussi formidablement unie, aimante et fait souffler un vent de fraîcheur. La découvrir c’est l’adopter en bloc, illico. Annie Chénieux – Journal du dimanche

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La pénultième fois que j'ai vu des clowns, je devais avoir une dizaine d'années, c'était au cirque Gruss, je crois. J'avais aimé le clown blanc si élégant, aérien, malicieux parfois autoritaire et qui met tant en valeur son congénère, l'Auguste au nez rouge et aux grandes chaussures qui pour le coup, lui, fait le clown dans toutes ses bouffonneries. La dernière, c'était il y a quelques années quand ma petite soeur s'était produite seule dans une reprise des monologues du vagin en Auguste au féminin!
Mais je ne crois n'avoir jamais autant pris de plaisir que avant-hier soir devant ce spectacle ahurissant, haut en couleur, parfaitement maîtrisé, cocasse et touchant à souhait de cette troupe de clowns russes d'un nouveau genre au Théâtre du Rond-Point! On rit de plaisir, de tendresse, à gorge déployée, on pousse des cris de joie et des râles de plaisir, on sourit beaucoup aussi, on se retrouve dans cette famille loufoque genre Adams revisité qui dit sans mot plus qu'un long discours et qui nous entraîne dans des péripéties et des expériences qu'on a tous le sentiment d'avoir au moins une fois connues. La mère magnifiquement interprétée par Olga Eliseeva est fantastique de drôlerie, coquine, maternelle, amoureuse, féminine en diable, incroyable. Les enfants tous plus inventifs les uns que les autres, de connivence et le père dépassé, nature, agile et fidèle à tout son petit monde sont immédiatement attachants. C'est savoureux, étonnant, emballant. La finale, c'est ce soir! Dommage, j'y serais volontiers retournée tant je me suis régalée.
 
 
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29/06/2011

Trois jours à Paris

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28/06/2011

Bloguer

Penser, frémir, réaliser, ressentir, finaliser, mettre en mots, désirer, s'épanouir.

Rencontrer, partager, apprendre les uns des autres, se mesurer, s'exprimer, se polir, s'affiner, s'éprendre.

Ravir et l'être. Courir et discourir, montrer, dévoiler, cacher, avancer masqué ou en pleine lumière.

Intervenir, appréhender, assumer, apprendre, comprendre, échanger, être.

Bloguer n'est pas une vue de l'esprit, n'est pas non plus une gourmandise ni un effet, c'est un acte qui engage, qui permet de grandir et surtout qui époustoufle. Une source qui donne à son jardin une disposition nouvelle, libre, ludique et universelle! Sans frontières.

Blue est mon moi, ce que je suis, ce que j'aurais dû être, mon expression artistique, ma réalité. Chacun en pense ce qu'il veut ou ce qu'il désire. Je suis.

J'ai vraiment tant appris de ce monde "parallèle", paraît-il, que je reste septique. On nous dit que ça n'est pas la vraie vie, que si par malheur tu y mets le doigt, tout ton bras y passe! Non  mais, vous rigolez! Que tout ça fasse peur, Ok, que ça soit subversif, pas dans les clous, pas gérable, pas toujours de bon goût, Ok. Mais que ça soit peanuts, sans valeur et sans conséquences, nada!

J'ai avancé ici bien plus qu'en quinze longues années de thérapie et je vais vous dire pourquoi ce genre est si précieux: vous pouvez être ce que vous avez le besoin et l'impulsion d'être, pour le meilleur comme pour le pire, n'est-on pas fait des deux?

Trois années sur la toile m'ont plus apporté que toutes mes tentatives psychologiques. Hum, je ne suis pas vraiment juste, après ce que j'ai vu, compris, ingéré et progressivement digéré ailleurs, j'ai trouvé là un moyen singulier d'exister et de voir enfin quelqu'une dans le miroir derrière ce regard jamais tellement généreux à mon égard, le mien. Mes yeux ont changé de couleur, ma vue s'est apaisée.

Bloguer est tout un art. 

Vivre l'est tout autant.

Aimer, le carburant.

Être, le stimulant.

 

 

Doit-on sous des prétextes idiots de "parce que ça n'est pas dans l'ordre des choses" et que "tu ferais mieux de faire un jogging quotidien que t'adonner à ces bizarreries" ne pas bloguer... Quid des neurones, sont pas dans les jambes que je sache?

 


podcast

- Jeanne Moreau- Le nombril -

 



26/06/2011

Du Daguerréotype à l'Art Nu au XIX ème

 

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J'aime apprendre des mots, en voici un nouveau pour moi, j'en ignorais jusqu'à hier son existence, merci Christian: Daguerréotype ! En plus du plaisir pur que cela m'apporte, cette sorte de jouissance littéraire, un nouveau mot ouvre un nouvel horizon et après être passée par l'étape dictionnaire, un peu vieille école, mais qui souvent entraîne en chaîne d'inédites découvertes de même nature, j'ai cherché sur Google et d'une étape l'autre je suis arrivée jusqu' aux prémices de la photographie de nus. J'ai longtemps collectionné des cartes postales de cette nature, j'adorais ça, je l'avais oublié et là je retrouve avec la même tendresse la nature de la sensation que ces images me provoquent: une sorte de connivence, une joyeuseté.

 

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"Alors que depuis l'époque de la Renaissance, les peintres avaient peint des multitudes de nus ou des scènes mythologiques mettant en scène des déesses dénudées sans trop encourir les foudres des censeurs, les premiers photographes qui cherchèrent à les imiter furent rapidement poursuivis et sanctionnés par les autorités.

En fait, ce que les peintres pouvaient montrer à travers leurs tableaux n'était plus possible par le biais de la photographie laquelle représentait le corps humain dans toute sa réalité.

La nuance fut de taille et confina donc la photographie de nus dans le domaine de l'interdit durant des décennies. Le réel, montré par la photographie, était inadmissible aux yeux des représentants de la société pudibonde du Second Empire tandis que le suggéré en peinture passait sans trop de problème la rampe des interdits. La photographie resta donc réservée aux voyeurs tandis que la peinture faisait la joie des esthètes.

Les photographes ne faisaient pas que du nu, ils produisaient aussi des portraits aujourd'hui émouvants car ils montrent la femme des années 1850-1860 dans toute sa réalité.

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De nombreux modèles posaient non seulement devant l'objectif mais aussi dans des ateliers de peintres, d'autres étaient probablement des femmes légères issues de bordels mais qu'importe puisque ces filles prirent part à une sorte de révolution qui devait bouleverser la société d'alors. La photographie devint populaire à travers le portrait mais elle servit aussi au travail de grands artistes qui ne rechignérent pas à l'utiliser tels Delacroix et Courbet ou plus tard Rodin. Du Daguerréotype on passa au calotype puis au papier salé et à la photographie sur verre avant de parvenir au tirage albuminé et les nus se multipliérent au singulier comme au pluriel, au féminin comme au masculin, de la simple pose à l'écartement des cuisses, du beau au vulgaire, de l'érotique à la pornographie.

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 Au fil des ans, les femmes devinrent plus sveltes, puis sportives, plus modernes jusqu'à l'invention du cinéma qui laissa alors la photographie s'enfoncer dans la banalité du moins jusqu'à l'apparition de Man Ray ou d'autres artistes de la pellicule qui heureusement font aujourd'hui de la photo un art.

Les pionniers des années 1850, qui étaient tous des artistes, eurent le mérite de composer avec la réalité et de montrer la femme de leur époque d'une manière émouvante. Il est vrai qu'une telle imagerie pouvait être choquante aux yeux des bourgeois dont les représentants du sexe fort ne s'encanaillaient qu'en catimini dans de discrets lupanars.

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Les photographies libertines avaient aussi le tort d'être de dimensions réduites et de circuler facilement avec le risque d'être vues par d'innocents enfants ou des femmes de la bonne société qui pouvaient alors se poser des questions embarrassantes au sujet de leur condition et de ces filles sans pudeur qui semblaient appartenir à un autre monde. Ces clichés extraordinaires, qui montrent qu'il n'y a vraiment pas de différences notables entre les femmes du XIXe siècle et celles d'aujourd'hui, tant au plan des formes et des attitudes, révélaient une vérité insupportable et exposaient leurs auteurs à subir les foudres de la justice. Ils sont à présent de fabuleux documents de l'histoire de l'art et reflètent une image nette de leur époque sans pour autant que l'imagination de ceux qui les contemplent puisse être restreinte.

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On peut donc laisser errer avec plaisir nos regards sur ces photos des années 1850 qui nous invitent à rêver à propos de ces femmes qui eurent le courage de se montrer nues devant l'objectif et de révéler enfin leur érotisme en pleine lumière."

- Adrian Darmon -

 

 " Le nu est la sincérité du corps: une honnêteté que tout le monde ne peut avoir."

- Jacinto Benavente - Philosophie de la mode -

 

 

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- Félix-Jacques Antoine Moulin -

 

Chaque daguerréotype était une oeuvre originale, tout comme peut l'être une toile. Stupéfiant de croiser d'ailleurs chez certains d'entre eux une filiation évidente avec le travail d'un peintre ou d'un aquarelliste. Comme celle-ci de Félix-Jacques Antoine Moulin qui est d'une sensibilité exemplaire. On comprend aisément que ce procédé et ses résultats inspirèrent par la suite de nombreux artistes et non des moindres. Ma journée commence bien!

 

 

 

 

24/06/2011

Jean-Paul à Montréal

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-Photo James Bort -

 

 

«Au‐delà de la virtuosité technique résultant de l’exceptionnel savoir‐faire des différents métiers de la haute couture, d'une imagination débridée et de collaborations artistiques historiques, il offre une vision ouverte de la société, un monde de folie, de sensibilité, de drôlerie et d'impertinence où chacun peut s’affirmer comme il est, un monde sans discrimination, une "couture fusion" unique. Il y a chez Jean Paul Gaultier une vraie générosité et un message social très fort, sous couvert d'humour et de légèreté. C’est une esthétique humaniste qui me touche beaucoup.»  

- Nathalie Bondil, conservatrice du musée des Beaux-Arts de Montréal -

 

 

 

23/06/2011

Et si tu n'existais pas

 

 

 

22/06/2011

La grâce

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- Photo Alex Wilson -

 

 

 

" La grâce, plus belle encore que la beauté."

- Jean de La Fontaine -