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29/08/2010

esprit et corps

 

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- Sculptures de Phidias -

- Photos de Lee Sandstead -

 

 

 

" Lorsque l'esprit est libre, le corps est délicat."

- William Shakespeare -

 

 

10/08/2010

lu hier

" L'accomplissement est l'achèvement d'un cercle... Une personnalité, c'est quelqu'un qui a déroulé le ruban, déplié les pétales, exposé tous les niveaux. Peu importe par où l'on commence: l'instinct ou la sagesse, la nature ou l'esprit. L'accomplissement signifie l'expérience de toutes les parties du moi, de tous les éléments, tous les plans. Cela signifie que chaque cellule du corps accède à la vie, s'éveille. C'est un processus de la nature, et non de l'idéal. On meurt lorsque les cellules sont épuisées, on atteint la plénitude lorsqu'elles fonctionnent toutes, le rêve, le désir, l'instinct, l'appétit. L'un éveille l'autre. C'est une contagion. L'ordre est sans importance. Toutes les erreurs sont nécessaires, les balbutiements, les impairs, les aveuglements... Croissance, éclosion, plénitude du moi potentiel. ne vivre qu'un seul aspect, qu'un seul côté de la personnalité, c'est comme n'utiliser qu'un seul sens, alors, les autres s'atrophient. Il n'y a de grandeur que dans l'accomplissement, dans la plénitude de l'éveil... La vie est un cercle complet qui s'agrandit jusqu'à rejoindre les mouvements en cercle de l'infini."

- Anaïs Nin -

 

 

30/07/2010

Correspondances,"lettre à Christian Mistral"...

Voici mon humble contribution au concours des correspondances d'Eastman, je la souhaitais à l'époque double mais "lettre à ma mère" n'est pas sortie à temps, je n'ai pu donc produire que celle qui suit dans les délais. L'exercice est particulièrement étonnant et mérite qu'on y pense je trouve, la correspondance étant à mon sens par essence destinée à l'intime et donc être lue d'âme à âme, de l'ouvrir au départ à être lue par tous oblige à un recul, à une retenue particulière, ce qui m'a d'ailleurs attirée dans ce cadre du concours, cette ambiguïté oblige à une écriture spécifique et lucide aussi. Cette "lettre à Christian Mistral" s'adresse à l'écrivain en particulier et d'une manière plus générale aux écrivains et hommes de l'art au sens large, et invite à réfléchir à ce qu'ils peuvent provoquer chez le lecteur qui les découvre, on pourrait d'aillers agrandir la réflexion à l'art dans son ensemble, ce qu'il a de vivant de bienfaisant d'indispensable et de redoutablement engageant. Ecrite dans ce sens, le choix de l'intéressé n'est par contre pas du tout un hasard tant l'écriture spécifique de cet homme là ainsi que son amitié ont été pour moi une véritable révélation et c'était une manière personnelle et inspirée de le remercier, ce qui dans le cadre précis et du lieu et du théme me paraissait idéal et à propos...

 

Cher Christian,
 
Cher Christian Mistral,
 
 
 
Ce n'est pas un exercice facile que celui d'écrire à un écrivain que j'admire et qui a compté et compte encore dans ma vie. Pourtant si je prends la plume aujourd'hui pour vous dire que vous avez plus que bouleversé la mienne c'est que je reste attachée viscéralement à dire ce que parfois, voire trop souvent, on a tendance à taire par pudeur timidité bienséance ou éducation. Pourquoi lors ne pas se permettre d'évoquer à un homme de lettres par des mots simples et sincères l'importance qu'il a pris dans mon esprit, pourquoi ne pas lui transcrire les battements de mon coeur à la lecture de ses mots pourquoi ne pas lui rapporter les larmes, rires frais, grincements de dents, suées, à la rencontre de sa poésie et  pourquoi ne pas lui faire sentir avec les miens toutes les prises de conscience fulgurantes et jouissives à leurs contacts et toutes les vibrations poétiques de sa grammaire...
A dire vrai, c'est une des toutes premières fois que je peux que je me permets et ressens le besoin de l'exprimer ainsi à un artiste de son vivant et malgré mon bon vouloir et la forte pression passionnelle qui m'anime c'est sur le comment que j'achoppe, comment rendre un tremblement d'âme, une joie incommensurable, un trouble presque sismique, un plaisir profond et un embrasement des méninges quand j'ai entre les mains un de vos livres et comment exprimer de la plus juste façon l'inspiration et la respiration que vous m'offrez à la lecture d'un de vos poèmes, d'un de vos romans, cette sorte d'incandescence....
Et puisque je m'en donne l'occasion aujourd'hui, et ce dans ce contexte si particulier et si pertinent des Correspondances, sachez que je vous aime pour la forme et pour le fond car au fond n'est-ce-pas ce qui compte le plus pour un homme de l'art tel que vous ou vos congénères de remuer en profondeur un individu, de le toucher, de l'interpeller, de l'émouvoir l'éveiller à lui-même et lui donner à réfléchir sans pour autant l'ensevelir sous des théories fumantes ou des gentillesses doucereuses bien loin de votre carte du monde, j'en conviens, a fortiori de la mienne mais juste de lui ouvrir les portes de sa sensibilité et de ses limbes intérieurs, lui permettre l'accès à sa boîte de Pandore en prenant le risque comme vous le faites d'entrouvrir béante la vôtre.
C'est sans doute ce mélange si personnel, ce choix pointu du mot retenu, cette richesse,cette trivialité cette dimension sensorielle qui donne à votre mouture sa couleur prégnante si particulièrement humaine et déchirante telle que je la reçois.
 
Vous êtes pour moi une nourriture.
 
Et ce n'est pas peu dire... Vous m'avez donné le goût d'écrire à mon tour et vous m'avez affranchie par ce ton qui est le vôtre et par ce traitement percutant et sans ménagement de l'âme humaine empreint à la fois de tendresse et de souffrance dans cette sorte de poésie vibratoire, karchérisante...
Je m'interroge dès lors sur ce qu'un écrivain  comme vous envisage de provoquer quand il écrit et s'il y pense vraiment, chacun des lecteurs s'appropriant vos mots à sa manière, chacun avec ses attentes implicites. Pour moi, ils ont été de concert d'une évidence étonnante et d'une déflagration inouïe comme si vous étiez venu me chercher au fond de mon chaudron.
 

L'art comme tentative de sortir de soi l'essence même de l'être que l'on est.
 
J'aimerais vous rencontrer de chair pour pouvoir deviser avec vous et puis vous imprimer de vive voix l'importance que vous avez prise dans ma vie, pas comme une "fan" ou une sorte d'individu dépossédé de lui-même et en quête de repère, je ne suis pas comme pourrait l'induire ce courrier entrée en religion mistralienne et n'ai pas perdu mon libre-pensant, non,vous rencontrer par congruence et sentir la vôtre car nul doute que doit émaner de votre personne l'image des démons intérieurs et sauvages qui vous habitent comme chacun d'entre nous mais peut-être de façon plus honnête plus criante plus directe comme cela transpire dans vos livres, cette sorte de désespoir assorti d'un tel goût de la vie et de l'amour, cette soif d'affects et ce profond respect de l'amitié portée aux nues et qui me percute tant! Si vous le vouliez bien, j'en serais très émue.
 
Et puis au-delà de tout, c'est vous lire davantage qui me comblerait le plus, il me faut attendre alors le prochain ouvrage qui va agir en vous, ayant déjà dévoré tous les possibles vous concernant... J'ai toujours beaucoup lu et ce depuis mon plus jeune âge, j'en ai besoin. La littérature et la poésie m'ont révélé à moi-même, certains langages plus que d'autres certaines histoires aussi et puis certaines constructions certains canaux certaines musicalités. Pour moi et sans doute plus universellement c'est une nécessité pour exister pour se construire pour ouvrir sa perception du monde.
 
La littérature m'a rendu à moi-même et par la même plus humaine.
 
Et vous?
 
Je n'ai pas envie de vous mettre dans l'embarras avec mes questions qui pourtant tant me brûlent les lèvres, elles ne sont que miennes et sont celles que vous avez semées en moi et qu'il ne me reste plus qu'à faire germer et fructifier. J'ai grandi à vous lire, j'ai pris la mesure aussi sans doute parce que j'y suis prête de ce que j'avais envie moi-même à mon tour de transmettre et de quelle façon. J'ai compris l'importance plus encore des mots, de leur force de frappe et j'ai mesuré l'impact de la truculence, de l'authentique, du vécu à chaud, du témoignage et de l'audace d'être ce que l'on est et de le dire.
 
Je me sens plus libre depuis que j'ai croisé votre route et celle de votre plume et je vous en remercie de la plus vibrante façon du fond de mon âme.
 
 
 
Bien à vous,

Helenablue

 

 

17/07/2010

Tattoo

" J'ai la sève qui me monte à la tête "

- Tattoo -

 

Je fais rarement de nouvelles découvertes sur la blogosphère, essentiellement parce que je n'en prends pas le temps sans doute, j'ai déjà tant à faire à visiter et lire les fidèles que je suis depuis mon arrivée ici et que déjà parfois je zappe total pour ne me consacrer qu'à mes petites affaires mes propres tourments désillusions et paradoxes, et qui accaparent pas mal déjà quand on se veut un peu honnête, un peu sincère... Mais là je viens d'en faire une, je ne sais même pas par quel bout je suis arrivée jusque là, c'était hier, je baguenaudais, et suis tombée sur ce genre d'écriture qui vienne me chercher profond, directe nourrie chargée foutrement poétique vraie, ce genre d'écriture qui me remue et m'interpelle, ciselée aboutie vivante excitante pour l'esprit, sensible. Et je vous invite à lire celui qui écrit pour ne pas mourir avec un cri coincé dans la gorge...

 


05/07/2010

ça me plait ça, tiens...

" Je veux qu’on me lise pour se sentir vivant, pas pour se sentir intelligent. "

- Stéphane Ranger -

 

27/06/2010

art

 

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- Helena Almeida -

 

 

" Il faut faire de sa nature un style."

- Fiedrich Nietzsche -

 

 

 

19/06/2010

"être en vie"

 

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" Lorsque j'analysais, j'observais clairement que la peur de la mort était fonction du non-vivre. Moins une personne était en vie, plus grande était la peur. Par "être en vie", j'entends vivre de toutes ces cellules, toutes les parties de son être. les cellules que l'on renie s'atrophient, comme un bras mort, et infectent le reste du corps. Les gens qui vivent en profonduer n'ont aucune crainte de la mort. "

- Anaïs Nin -

 

 

10/06/2010

Risquer!

 

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- Photo Laure K. -

 

"Rire, c'est risquer de paraître fou...
Pleurer, c'est risquer de paraître sentimental...
Tendre la main, c'est risquer de s'engager...
Montrer ses sentiments, c'est risquer de s'exposer...
Faire connaître ses idées, ses rêves, c'est risquer d'être rejeté...
Aimer, c'est risquer de ne pas être aimé en retour...
Vivre, c'est risquer de mourir...
Espérer, c'est risquer de désespérer...
Essayer, c'est risquer de défaillir...
Mais nous devons prendre le risque,
Le plus grand danger de la vie est de ne pas risquer.
Celui qui ne risque rien...ne fait rien...n'a rien...n'est rien!"

22/05/2010

l'évangile du gitan

Sur les chemins de la Provence, en plus de paysages réjouissants je fais d'autres découvertes. Celle-là m'enchante, un petit livre déniché par des hasards de rencontre dans un cabanon en bois, un propriétaire atypique, du genre comme on les aime, bousculant l'ordre des choses, fantasque et remuant, lettré cultivé vigneron de son état et voyageur dans l'âme, rebelle amoureux des écureuils et de toutes idées sortant du lot. Un personnage de roman à lui tout seul! C'est un petit bouquin bleu chez Mercure de France de Jean-Marie Kerwich, "L'évangile du gitan", un délice... Ce genre d'ouvrage qui nous aide à respirer en commençant par nous couper le souffle.

" La conscience "

On me dit que l'esprit a soufflé sur moi, mais c'est plus une épreuve pour moi qu'autre chose. Le fardeau de l'intelligence me cause bien des soucis. Chaque mot que j'écris se poignarde en pleine poitrine. Pourquoi suis-je devenu si conscient? Pourquoi me suis-je posé tant de questions qui en retour se moquent de moi? Mon coeur porte mon âme sur son dos, mon esprit est blessé. Poète? la belle affraire! Que ne donnerais-je pour être un simple d'esprit! Je souffre tant que j'échangerais mon esprit contre un fruit d'orient. Pour oublier mon tourment je joue de la guitare. Non, je ne joue pas de la guitare: c'est le langage de la souffrance qui se retient aux cordes usées. Ce n'est plus que musique, ce sont des notes blessées qui s'accrochent à mes doigts, des notes effrayées de vivre qui me baisent les mains.

- Jean-Marie Kerwich -

 

 

14/05/2010

sagesse

 

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" La Sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit."

- Oscar Wilde -

 

 

09/05/2010

miss you

 

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"L'absence diminue les médiocres passions, et augmente les grandes, comme le vent éteint les bougies, et allume le feu."

- François de La Rochefoucauld -

 

 

06/05/2010

mots doux

 

 

"OK. On n'aime pas tout mais on aime tous. Tous, pour diverses raisons, la patate nous pétille saignante et chaude dans le poitrail pour gens et objets qui ont croisés notre champ d'affection.

Et ces êtres, et ces choses, tant d'êtres et tant de choses, on les baptise dans la salive et dans les larmes. Il n'y a pas de limite, il ne semble pas y en avoir, aux petits noms que les amants inventent ou barbotent ou recyclent ou rafistolent et font passer pour neufs, l'un pour l'autre. Allez-y, essayez de dresser une liste exhaustive de ceux parmi ces noms-là qui sont les vôtres, qui sont montés sur vos lèvres au fil du temps. Juste les noms doux, il va s'en dire, les noms sucrés qui caressent le lobe de l'oreille et glissent sur le tympan avant de se faufiler jusqu'au coeur. Vous n'y arriverez pas. Il y en a trop, et vous sentirez confusément qu'il faudrait inclure tous ceux que vous n'avez jamais prononcés.

Moi, ma foi, des choses et des gens, j'en ai aimé des milles et des cents. Quant aux instants aimables, émouvants, fugitifs, c'est par millions de milliasses qu'il faudrait les compter. Les mots qui m'ont fait fondre, les mots ronds et les mots texturés comme un poumon de brebis et les mots à la saveur et à l'odeur fortes comme celles d'un excellent fromage, ceux-là, je ne les compte plus. Et si souvent le souvenir fugace d'une de ces passions me visite, comme par hasard, sûrement par hasard, il est rare que je les épingle au papier comme la précieuse collection de coléoptères chamarrés qu'ils représentent..."

- Christian Mistral - Carton-Pâte -

 

 

14/04/2010

en vérité

 

" Le langage n'est pas la vérité. Il est notre manière d'exister dans l'univers."

- Paul Auster -

 

 

12/04/2010

correspondances d'Eastman

C'est décidé, cette année je participerai au concours des correspondances d'Eastman parce que Venise nous y invite, parce que ça pourrait être une formidable raison de plus d'aller jusque là, pour le plaisir des mots, mais surtout parce que je trouve le choix du thème tout à fait inspirant, généreux et humain, voyez vous mêmes:

Sans doute avez-vous déjà comparé l’une ou l’autre des personnes qui ont compté dans votre vie à des étoiles qui ont éclairé votre route... Eh bien! c’est à l’une de ces personnes que je vous propose d’exprimer aujourd’hui en quoi votre rencontre avec elle a été inespérée.

Cette personne inspirante peut faire partie de votre enfance, de votre adolescence, d’un passé plus immédiat ou de votre vie présente : un membre de votre famille immédiate ou élargie, une enseignante, un voisin, un compagnon de travail ou de voyage, une amie intime, un amour passager ou durable, une femme, un homme, un vieillard, une enfant…

Parmi tous ces gens qui vous ont conduits comme Alice, au Pays des Merveilles*, n’oubliez pas d’inclure ceux qui, au premier abord, vous ont dérangés et bousculés, qui vous ont secoué les puces ou enlevé le tapis de la sécurité sous les pieds car, sans eux, seriez-vous l’être humain que vous êtes devenus?

Enfin, il arrive aussi que nous vivions des rencontres décisives avec des figures de proue de la sphère publique dont les oeuvres, les passions ou les engagements sociaux nous marquent, à leur insu : une romancière, une philosophe, un maître spirituel, un homme politique, une femme engagée, un astrophysicien, une marathonienne, un chasseur de papillons, un poète…

Qu’elle soit un phare sur votre chemin actuel ou qu’elle l’ait déjà été, choisissez donc une personne marquante pour vous et
adressez-lui une lettre la plus ressentie possible."

Il est précisé qu'on a droit à plusieurs lettres, il y a toujours plus d'un individu marquant dans une vie, mais un de ceux qui l'a bouleversée qui lui a redonné du relief voir un sens ou même qui vous l'a donnée il n'en est pas tant! L'exercice me parait peu banal tant la corespondance a pour moi un caratère intime et d'âme à âme, qu'en pensez-vous? En serez-vou itou? Tout est bien précisé au passe-mot quant au format, dates et manière de faire. Il n'y a plus qu'à!

 

sérénissime

 

- aquarelle de William Turner -

 

" C'est en y vivant jour aprés jour que vous ressentez la plénitude de son charme, que vous laissez son influence exquise s'emparer de votre esprit. Cette créature a les variations d'une femme nerveuse, qu'on connaît que lorsqu'on a fait le tour de tous les aspects de sa beauté. Elle a l'esprit élevé ou bas, elle est pâle ou elle est rouge, grise ou rose, fraîche ou blafarde, suivant le temps et suivant l'heure. Elle est toujours intéressante et presque toujours triste; mais elle a un millier de grâces incidentes, et elle est toujours sujette à d'heureux accidents. Vous commencez à éprouver une extraordinnaire affection pour ces choses; vous comptez sur elles; elles font partie de votre vie. Votre affection devient de la tendresse; il y a quelque chose d'indéfinissable dans ces rapports personnels et intenses qui s'établissent peu à peu. L'endroit paraît se personnifier, devenir humain, sensible, et conscient de votre affection. Vous avez le désir de l'embrasser, de le caresser, de le posséder, et c'est finalement un doux sentiment de possession qui s'élève; votre séjour devient une perpétuelle affaire amoureuse."

- Henry James - Heures Italiennes -

 

 

02/04/2010

papier pâte

- Vous êtes québécoise?

- Ben non, pourquoi j'y ressemble?

- Crisse! C'est pas disable ça, une personne qui lit Mistral dans l'Eurostar, c'est bien la première fois que ça m'arrive en tabarnak!

- Fichtre! Vous vous l'êtes, n'est ce pas... québécois?

- Oui, Madame, j'en suis et fier... Vous aimez là ce que vous lisez, c'te question vous m'avez l'air si concentrée, je vous ai même vu sourire aux anges...

Il croyait pas si bien dire le bougre, perdue que j'étais dans les mots de l'auteur sa verve et son humour familier hier dans le TGV.

- Avez-vous lu Vamp?

Là j'esquisse de nouveau un sourire mais entendu cette fois-ci, il connaît bien Christian Mistral, pas un épais qui me la joue plan drague, quoique bon ça me changeait de quand j'avais vingt ans et qu'on me prenait pour une suédoise sans livre à la main!

- Oui, monsieur...

- Oh! Et Valium aussi?

- Ah! Valium, si vous me prenez par les sentiments, sans menterie j'ai adoré lu deux fois et relirai sans doute, et puis Sylvia aussi et Coco et Vautour et Fontes, et là celui-là Papier et Carton que je viens de recevoir.

- Cââââlissssssse, mais vous êtes mordue!

- Enragée... Et vous, vous le connaissez, j'veux dire de plus près l'écrivain tornade poète?

- Voui madame, très bien!

- OH! Oh!

Suis restée bouche bée, comme deux ronds de flan, scotchée à mon siège et à son regard, je pensais à ma prochaine question, je voulais savoir, plus, et puis trop tard, le train a stoppé on était arrivé, du moins pour moi, lui il continuait jusqu'à Londres peut-être, j'ai pas osé lui demander un nom une adresse un numéro! Je suis française, ché pas, peut-être que québécoise j'aurai eu le culot...

 

 

 

 

 

 

(Pour YLT en réponse à sa question: Papier Mâché et Carton-Pâte, de Christian Mistral, aux éditions VLB, 146 et 151 p, 1995)

 

28/03/2010

grain de beauté

 

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podcast

 

" La poésie est un grain de beauté sur la joue de l'intelligence."

- Henry de Montherlant - Carnets -

 


 

26/03/2010

l'humain isolé

- toile de Françoise Danel -

 

 "La littérature, c'est ce que vous écrivez et que personne d'autre ne peut écrire à votre place. La petite part d'humain que vous transportez et que vous allez faire passer sur le papier. Comme un savant isole une souche de microbes. La littérature, c'est l'humain isolé."

- Louis Hamelin -

 

 

21/03/2010

musical

 

 

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" Un grand auteur est celui dont on entend et reconnaît la voix dès qu'on ouvre l'un de ses livres. Il a réussi à fondre la parole et l'écriture."

- Michel Tournier -

 

 

 

14/03/2010

supplément tribal

"Je ne fais aucune différence entre l'amour et l'amitié. C'est la même chose. Les nuances sont d'ordre sexuel, superficiel. Desjardins chante:" Quand j'aime une fois, j'aime pour toujours." C'est l'évidence en moins de dix mots. On peut ne plus pouvoir sentir quelqu'un qu'on a aimé un jour, voire ne plus jamais le revoir, mais que l'affection cesse est impensable: ce serait se trahir soi-même. Non?"

Christian Mistral -

 

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J'ai entre les mains depuis quelques jours déjà ce numéro très spécial des Lettres Québécoises, spécialement adressé à mon intention par Sandra Gordon qui a pris l'heureuse initiative de me l'envoyer, relayé par Christian lui-même avec pigeon voyageur plus lent et dont j'attends impatiemment la venue espérant recevoir la même revue nourrie d'une dédicace. Mon amitié pour cet homme magnétique et cet écrivain énergétique n'est un secret pour personne sur la blogosphère, moins encore pour les lecteurs assidus qui passent ici au quotidien et je dois dire que c'est avec une grande émotion que j'ai feuilleté d'abord, caressé du regard, lu et relu ces pages spéciales Mistral.

 

D'abord un portrait juste, lucide et respectueux dépeint par Louis Hamelin, j'aime ce qu'il en dit je l'y retrouve, puis une interview vivante et passionnante par André Vanasse son éditeur pour finir par un article de Sébastien Lavoie sur cet écrivain de l'amitié qu'est sans conteste Christian Mistral. Il écrit de l'amitié, par l'amitié, comme personne et je partage la vision et le ressenti de ce sentiment qui l'anime. J'en voulais plus encore, c'était trop court, alors dans mon euphorie coutumière je me suis dit:" Et qu'en pense la Tribu ?", cette fameuse famille mise en place et créé par le maestro lui-même comme un roman live au travers de son Vacuum II. D'où cette folle entreprise de réunir des textes, témoignages, photos des uns et des autres, du moins d'une partie d'entre eux, certains plus proches que d'autres pour moi, certains qui sont devenus au fil des notes sur ce blog et sur les leurs au fil des commentaires et discussions parfois endiablées des amis, pour mettre en forme ce supplément très spécial aux Lettres Québécoises spécial Christian Mistral, le supplément Tribal.

Auparavant je voudrais rapporter ces confidences d'André Vanasse que je partage et je crois bien tous ceux qui participent à cette note atypique: "Mistral n'a jamais cessé de croire en la littérature même s'il a douté parfois. L'écriture a été pour lui une bouée de sauvetage, comme cela a été le cas pour Bruno Roy, mort le 6 janvier dernier... Ceux qui connaissent Christian savent à quel point il peut être attachant. Il aime de façon totale. Et c'est ce qui fait son si grand charme. Pour moi, il reste un auteur à part. Sans doute précisément à cause de la charge d'émotions qui nous unit... Salut, Christian, et reste toujours toi-même."

 

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A Christian Mistral.

Pour ouvrir le bal, ce savoureux petit texte de GeeBee:

 

Quand Helenablue m'a demandé de participer à la petite fête, j'ai couru à la bibliothèque municipale, confiant d'y trouver les écrits de Christian Mistral.

"A remettre pour le 21 Monsieur Blais", et j'ai vu ma balloune se dégonfler avant même de franchie la porte. Comme si je pouvais assimiler un tel auteur en lisant ses livres en diagonale.

Pis Helenablue, pire qu'un prof du secondaire, qui demandait de rendre le tout samedi en huit.
Alors fuck ses livres! J'allais parler de l'homme.
Mon respect pour Christian Mistral a commencé le 29 novembre 2007. Ce jour-là, le bougre avait laissé un commentaire sur mon blog. Non mais imaginez un peu! Ça faisait pas un mois que j'écrivais sur la blogosphère que "LE" Christian Mistral venait commenter chez moi:
"Vous pédalez dans le bon sens, je trouve. M'est avis qu'on trouve sa liberté en défendant celle des autres. Je me dis en vous lisant que vous seriez peut-être intéressé par Èric McComber, qui pédale en France en ce moment et qui cherche me semble, ce que vous cherchez."
Voilà! je voue un profond respect pour Christian Mistral depuis ce temps.
M'en voudrais tout de même de ne pas terminer par un extrait d'un de ses livres.
Parce qu'à 10 ans la seule littérature qui m'était accessible s'appelait Allo Police. Alors Monica-la-mitraille...
" R.I.P. Machine-gun Molly
Parce que la démence, l'indigence et la violence sont soeurs de lait, p'tit père. parce que le bruit chaud des balles de mitraille sent bon dans la nuit. parce qu'il n'existe pas de façon propre de mourir et parce que c'était écrit, aussi ne fera-t-on que réécrire après qu'il se sera joué, cet acte de l'antithéâtre américain.
Il pleuvait de la viande de chien
Sur Montréal ce matin-là
Non pas de la pâtée
Du chien en côtelettes
Saignantes et poilues"
(Carton-pâte p.51 )

- Gaétan Blais - alias GeeBee -

 

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Dans la foulée de Carton-pâte, un des rares livres de Mistral que je n'ai pas lu car introuvable puisqu'épuisé, la touche verte et féminine de notre batracienne préférée:

 

"Le cunni-linguiste. Voilà le personnage qu'évoque pour moi Christian Mistral. La raison est l'image que j'avais en tête quand j'ai lu Carton-Pâte. À cause? Un passage où Christian écrit avoir cunnilingué X tout l'après-midi et que cette dernière était tellement gelée qu'elle ne ressentait rien, sauf dans la tête... d'où le terme cunni-linguiste que je vais faire breveter... merci pour tout Christian!"

- Raymonde - alias Rain -

 

L'hommage de Ranger se passe de commentaire, il est à l'image de son écriture, riche et puissant, ciselé:


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C'est étrange, quand je me suis demandé quoi et comment écrire en hommage félicifère et vérozsizsi-gabor! à cet homme, ce Christian Mistral, et m'aussitôt senti suis allégé, ragaillardi car voilà qui enjoue, un excentrisme qui ne quérit rien que le cœur qu'on y a, les fleurs m'ont manqué, les figures de rhétorique m'ont fait va donc chier, ou serait-ce moi? et j'ai eu honte, et j'ai eu peur, tu vas parler pour vrai, ça fait longtemps, ça compte, c'est grave, en public, pas dans l'intimidité, et que, pour réfonce, j'ai eu recours à l'idée de la citation, c'est à Rabelais, Françoué qu'allai-gé-je.

Non, ce n'est pas étrange.

«Donnant Pantagruel ordre au gouvernement de toute Dipsodie, assigna la châtellenie de Salmigondin à Panurge», va le début du Tiers Livre, adressé aux gens de bien, «aux buveurs de la prime cuvée».

«[...] Et se gouverna si bien et prudentement monsieur le nouveau châtelain, qu'en moins de quatorze jours il dilapida le revenu certain et incertain de sa châtellenie pour trois ans. Non proprement dilapida, comme vous pourriez dire, en fondations de monastères, érections de temples, bâtiments de collèges et hôpitaux, ou jetant son lard aux chiens; mais dépendit en mille petits banquets et festins joyeux, ouverts à tous venants, mêmement à tous bons compagnons, jeunes fillettes et mignonnes galoises(1), abattant bois, brûlant les grosses souches pour la vente des cendres, prenant argent d'avance, achetant cher, vendant à bon marché et mangeant son blé en herbe.»

Laissons le docteur continuer :

«Pantagruel, averti de l'affaire, n'en fut en soi aucunement indigné, fâché, ni marri. Je vous ai jà dit, et encore redis, que c'était le meilleur petit et grand bonhomet qui oncques ceignît épée. Toutes choses prenait en bonne partie, tout acte interprétait à bien, jamais ne se tourmentait, jamais ne se scandalisait. Aussi eût-il été bien forissu(2) du déifique manoir de raison, si autrement se fut contristé ou altéré, car tous les biens que le ciel couvre et que la terre contient en toutes ses dimensions, hauteur, profondité, longitude et latitude, ne sont dignes d'émouvoir nos affections et troubler nos sens et esprits. Seulement tira Panurge à part et doucettement lui remontra que, si ainsi voulait vivre et n'être aucunement ménager, impossible serait, ou pour le moins bien difficile, le faire jamais riche.

''Riche? Répondit Panurge, aviez-vous là fermé votre pensée? Aviez-vous en soin pris me faire riche en ce monde? Pensez vivre joyeux, de par li bon Dieu et li bons homs. Autre soin, autre souci ne soit reçu on(3) sacrosaint domicile de votre céleste cerveau. La sérénité d'icelui jamais ne soit troublée par nues quelconques de pensement passementé de meshain(4) et fâcherie. Vous vivant, joyeux, gaillard, de hait(5), je ne serai riche que trop. Tout le monde crie : 'Ménage, ménage!' mais tel parle de ménage qui ne sait mie que c'est.''»

[1. Luronnes. - 2. Banni. - 3. Au. - 4. Chagrin. - 5. de bonne humeur.]

Pour moi, Christian, ta voix me parle comme là Rabelais via Panurge à son lecteur, aux hommes, à tous.

«Mais, demanda Pantagruel, quand serez-vous hors de dettes?

- Es calendes grecques, répondit Panurge, lorsque tout le monde sera content, et que vous serez héritier de vous-même.»

Sans autre commentaire.

Oui, un : Christian, t'es un inqualifiable de bon frère. C'est un honneur pour moi, tout petit sois-je, de te connaître, ça l'est depuis que je t'ai lu les premières fois, tu tends les bras à travers les calvaires pour appeler le meilleur, je te souhaite la santé, la longévité, la quiétude forte et palpitante.

SR

- Stéphane Ranger - alias aka Danger Ranger -

 

Une autre manière de dire en évoquant autrement que par les mots, il n'y avait qu'un Gomeux pour arriver à le faire en une image qui parle...

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"Cette photo est en somme une antithèse de l'image que je me fais de Mistral.
Une planche à voile (objet véloce, tout comme la plume de Mistral) plantée dans la terre, réduite à la fonction de décoration."

- Guillaume Pâquet - alias Gomeux -

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J'aurais aimé aussi avoir le ressenti d'Emcée et les mots de Kevin, deux personnes très importantes et qui comptent tant pour Christian et que tous les tribaux connaissent et rencontrent au gré des notes mistraliennes, mais ne l'ai pas fait pas demandé pas osé! Par contre dans un tout ordre registre j'ai receuilli il y a peu l'avis d'un néophyte, qui n'a pas particulièrement d'accointance avec la littérature quoique cela est en train de changer je pense, en la personne de mon fils aîné à qui j'ai prêté Vautour il y a quelques semaines maintenant, il m'en parlait lors d'un déjeuner en tête à tête tantôt: "J'avais peur tu sais au début, comme en général ce que tu lis c'est pas toujours facile, je craignais que ça me prenne la tête, de ne pas comprendre de ne pas aimer. J'suis pas très littéraire et les classiques me barbent vite, mais là, maman, c'est dingue. Ton Mistral quand il écrit j'ai l'impression qu'il s'adresse à moi qu'il me parle en profondeur, ça me touche ça me remue je pleure avec lui je ris aussi je rage je transpire et j'ai envie d'une page à l'autre d'en savoir plus, d'en connaître davantage. Il me reconcilie avec les livres lui, tu sais! J'aime vraiment bien. D'ailleurs il me semble que ton préféré ça en est un autre, non? Valium, je crois... Pourquoi ça Valium d'ailleurs? Dés que j'ai fini ce Vautour, ma chérie veut le lire à son tour, tu me prêteras l'autre alors, OK! Pis quand est ce que tu vas à Montréal, dis?" J'étais fière comme Artaban et si émue aussi que je ne résiste pas à partager avec vous ce grand moment filial!

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Je n'ai pas été déçu par son humour et sa gouaille, il y met les formes l'artiste, faut savoir que cet homme là c'est une tête et loin d'être blonde, sacré Oldcola!


"Je parlerais volontiers de mes potes et mes copines, en long en large et en travers. Pour vanter leurs mérites et leurs qualités, pour me moquer gentiment de leurs défauts et de leurs travers, pour mettre en avant ce qui m'attire chez eux. Peut-être que je le fais déjà sous un pseudo quelconque dans un blogs sur skyblogs, qu'est-ce que vous en savez ;-)
Je parlerais volontiers des gens que je n'aime pas, pour raconter leur connerie, leur bêtise, ce qui me révulse chez eux. Pour me vanter de ne pas les aimer.
Je pourrais même vous parler de gens que je ne connais pas bien, de la nouvelle voisine et ses tenues extravagantes, du nouveau voisin et de son môme qui louche un peu, de la vieille que je croise depuis plus de 25 ans et à qui je dis bonjour et dont je ne connais presque rien, de la bouchère qui me fait un peu bander chaque fois qu'elle dit bonjour, de la boulangère qui surveille son mari comme la prunelle de ses yeux, jalouse de son moindre sourire même s'il s'adresse à une chatte.
Il y a toujours des choses intéressantes à raconter au sujet de gens qu'on connait, qu'on les connaisse bien, ou que l'on brode un peu, ou qu'on exagère le trait pour caricaturer. Ca peut-être du croustillant, du marrant, du scandaleux, du banal à s'endormir, du à mettre dans sa cuisine, du à utiliser pour draguer, du conseil pour les dernières expositions d'arts plastiques, ou pièces de théâtre, ou films, ou livres, ou balades, ça peut-être du n'importe quoi qui attirerait votre attention : sur eux, moi ou vous même.
Je suis bavard à vous en raconter pendant des heures, des jours, des semaines, à condition que j'ai de quoi m'éviter la gorge sèche.
On m'a demandé de parler d'une personne en particulier. Et ma toute première réaction a été : ah non, je n'ai rien à dire de lui. Plus rien à dire de lui.
Tant que je le connaissais peu, puis par la suite quand je ne le connaissais pas bien, j'aurais pris le temps de vous en raconter des tonnes. Sur ce qu'il disait, écrivait, sur ce que l'on se racontait à travers le Net peut-être, si le sujet s'y prêtait.
Mais maintenant je n'ai plus rien à dire à son sujet.
Je ne parle jamais des amis qu'à des amis. C'est un sujet intime, il n'a pas sa place en public. C'est entre moi et une autre personne et ceux que j'aime de la même façon. Et de préférence les autres doivent aussi le connaître pour qu'on se le raconte chacun à notre façon.
Ainsi, de Christian Mistral je n'ai rien à vous dire. Pas tant que nous ne sommes amis. Faudra quand même qu'un de ces jours je trouve l'occasion de me mettre autour d'une table avec Christian, et Kevin, et Cynthia et que l'on se raconte les uns les autres. Histoire de justifier la bière contre la gorge sèche et nous faire un peu plus de souvenirs communs. Avant qu'on ne soit trop vieux pour qu'on s'en souvienne.
Espèce de grand dadais, tu me manques ;-)."
.
- Antoine - alias Oldcola -
.

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La "Tribu" construite et orchestrée par Mistral est une bande d'êtres qui partagent en plus de l'amour des mots et l'amitié à l'initiateur, l'amour de la vie et de l'humain, une bande d'amis somme toute régit par cette même quête de sens et cette même exigence relationnelle que ce soit avec soi ou avec les autres. Rien d'autocratique pas de pensée unique et pas la même vision du monde mais la même soif d'échanges et de partages, de remue-méninges et d'émotions vraies. Une bande de gourmands et de gourgandines à laquelle je ne suis pas peu fière d'appartenir moi qui suis plutôt d'un naturel indépendant et autodidacte, j'y ai trouvé chaleur et réconfort, franc parler et ouverture, tolérance humour respect même si parfois les discussions pouvaient tourner vinaigre, probable que la nature québécoise de cette tribu là mistralienne de surcroit y est pour beaucoup dans le fond et la forme.

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Les deux qui vont suivre me sont plus particulièrement chers, et sont devenus au fil du temps et des échanges de véritables amis avec qui j'ai grand plaisir à être et à converser. Deux individus bourrés de talent et d'intelligence, de sensibilité aussi. Deux personnes que j'aime beaucoup et qu'il me tarde de rencontrer aussi à l'instar d'une autre amie rencontrée chez Christian, la fée cannelle de l'endroit, Venise.

Je l'imagine grand échalas aristocratique fin et tendre pourtant dit le Terrible, il m'apparaît profond, réfléchi et congruent, aimant le bon vin, la bonne chère et les bons livres tout comme nous tous ici sans doute, quand le Vacuum s'est trouvé infligé de l'étiquette Danger par la censure" bloggerienne" il a été un des premiers à monter au créneau pour défendre la liberté d'expression de l'écrivain et ami Mistral bien sûr mais aussi de la liberté d'expression en général et a, tout comme Raynette d'ailleurs, autocensuré son blog en signe de protestation, j'ai trouvé ça fort et noble et je le trouve encore...

 

_DSC6769(cover).jpg" J'aime les gens de lettres, ce sont mes gens et je suis des leurs."

- Christian Mistral -

 

Et comment qu'il est des leurs, illustre même
et cela m'importe plus que tout ce qui s'écrit
ou dit sur l'homme, à tort ou à raison.
Pour tous les grands artistes,
je crois qu'il faut séparer l'oeuvre de l'humain
et la sienne est grande en littérature.
Directement proportionnelle au respect que je lui porte.
Ma rencontre avec sa prose remonte à 1988, année de la parution de "Vamp", j'avais 25 ans.
Lecture marquante qui m'a labouré la tête et le coeur, telle la charrue renversant la terre endormie au printemps.
La fureur de vivre, la table rase d'idées reçues, le renouveau littéraire québécois à travers un fabuleux plumitif
qui odore bon l'urbanité montréalaise virée sens dessus dessous avec la maîtrise,
la fraicheur et la force propres aux grands vents du Nord qui décoiffent. Mistral...
Un électrochoc dont l'effet sur mon cerveau pourrait s'apparenter au solo de guitare
sur "Packard Goose" de Frank Zappa à la même époque.
Le souffle et le rythme de ce livre m'avaient vachement secoué de "trashitude"
et en même temps réjoui par la fluidité musicale qui s'en dégageait
en plus de son vibrant témoignage sur cette ville que j'habitais dans les années 80-90.
"C'est un poète mauditement fou" que je me disais,
"ça doit pas être de tout repos de le fréquenter"
que je me disais. Mais quel plaisir de le lire!
Un plaisir qui ne s'est jamais démenti.
Un jour sa plume peut vous mordre le visage par sa froidure;
un autre elle peut être baume à l'âme par son humanité;
un autre encore, brûlante d'une "ultra sensibilité" en furie
ou en extase, selon l'arrivage.
Dans un cas ou un autre elle est pleinement incarnée, émouvante,
toujours en prise directe avec le coeur, peu importe la direction empruntée.
Authentiquement et rageusement libre,quoi;
en plus d'être homme de parole, d'honneur
et d'amitié.
L'amitié...Valeur Mistralienne suprême.
Il porte définitivement bien son nom:
Mistral de toutes les saisons, from Montréal
et grand est le pouvoir de ses mots qui
peuvent être tour à tour glaives tranchants
et soies caressantes.
Je ne suis pas prêt d'oublier le jour où il m'a offert
un de ses derniers exemplaires de "Papier Mâché-Carton Pâte".
Le soin amoureux avec lequel il manipule les livres
comme autant de morceaux vivants en papier précieux
et le signet qu'il inséra dedans en me le tendant, resteront autant
d'images de pure amitié à jamais gravées dans ma caboche.
Écrivain et poète lumineux, il est encore plus que ça.
C'est un ami.
Merci de ton amitié et de ta littérature Christian,
merci aussi de m'avoir donné l'occasion
de faire la connaissance de gens exceptionnels.
See you and read you around...

- Yvan LaFontaine - alias Terrrible -

 

Le texte de Sandy est telle qu'elle, généreux entier drôle affectif et bigrement bien écrit, un crisse de beau texte qu'elle nous livre là, la grande!

 

 

 

Donner quelque chose à son siècle.

Christian Mistral vu par Sandra Gordon

 

N.D.L.R. : Cet entretien ne devait paraître nulle part.  Il n'a d'ailleurs jamais existé.  Pour une raison que vous venez d'apprendre en parcourant ce billet, cet entretien se retrouve publié ici ce matin.  Nous remercions HelenaBlue, rédactrice en chef du blog Open your mind,  d'avoir chaleureusement orchestré ce programme dominical fort singulier qui souligne un homme et sa virtuosité, ainsi que sa couverture violet pourpre amplement méritée.

 

G.S. - Christian Mistral.  Christian Miiiiistraaaal.  Ça sonne, vous trouvez pas?

S.G. - Pour sonner, ça sonne.

G.S. - Ça souffle fooort diraient certains...

S.G. - Ouais.  Ça décoiffe.

G.S. - Mistral, vent.  Vent, mistral...

S.G. - Je pense qu'on a compris l'analogie.  Je l'ai déjà utilisée une fois en me croyant bien originale...

G.S. - (Toussotements) Bon.  Alors.  Le dernier numéro de la revue Lettres Québécoises est consacré à Christian Mistral.  L'avez-vous lu?

S.G. - D'après toi?

G.S. - Que pensez-vous de la page couverture?

S.G. - Ce que je pense de la page couverture?  Magnifique.  Ce regard émouvant.  Et ce violet, c'est vraiment plus que parfait.  Je suis sacrément contente pour lui...

G.S. - Et le contenu?

S.G. - Très intéressant.  Mais trop court.  J'en aurais pris plus.

G.S. - Ça on le sait, vous n'êtes jamais contente.  Qu'est-ce qui vous plaît dans les romans de Christian Mistral?

S.G. - (Rires)  Ça m'arrive d'être contente, c'est juste que je ne m'en aperçois pas souvent.  C'est son style.  Fort, imagé, singulier.  Sa plume acérée.  La musicalité des mots choisis avec grand soin.  Sa maîtrise du verbe, de l'ironie, et de la beauté.  Sa capacité de faire sourire le lecteur, de le faire rire aussi, et ça c'est rare, et de l'émouvoir trois lignes plus loin.  Son écriture peut être brutale et sensuelle à la fois.  Mistral possède l'art d'inclure le lecteur, comme s'il y était, comme s'il faisait partie de cette communauté de paumés sans le sou mais néanmoins riches.  J'aime sa poésie, son originalité.  (Silence)  Vamp finit par « Merde. », ça m'avait marqué.  Ouais.  Bon.  C'est pas le « Merde. » comme tel, on s'entend, mais c'est le fait qu'il soit placé là, minutieusement, juste après une riche et longue envolée lyrique.  J'avais trouvé ça percutant.  À l'image de ce qu'il écrit.

G.S. - Nommez-moi une scène qui vous a particulièrement émue?

S.G. - À brûle-pourpoint?  (Silence de réflexion)  C'est l'fun dire ça, brûle-pourpoint.  C'est un beau mot.  Brûle-pourpoint, brûle-pourpoint.  La scène du bain dans Valium.

G.S. - Pourquoi?

S.G. - Parce que.

G.S. -Que retenez-vous de ce que vous avez lu de lui?

S.G. - Quand on le lit, on a - comment dire - on a envie de vivre.  Je sais pas...  On a le goût d'improviser une sonate à la lune, le goût de s'envoyer en l'air, de s'envoyer une poutine ou bien de concocter un pâté chinois fromage paprika, de se louer un 8 ½ à' gang, d'écrire des lettres, de se commander un double scotch au comptoir d'un bar, puis un deuxième, un troisième, on a envie de ne plus les compter, on a envie de se raconter.  On a le goût de déclamer un poème en cadeau à un ami,  d'errer dans les rues de la ville ou de s'enfermer dans sa chambre pendant trois jours.  On a le goût d'aimer Montréal autant que lui.  On peut pas faire autrement.  On la sent.  On la hume.  On la vit.  D'ailleurs je ne vois plus Montréal de la même façon.  J'ai appris à l'apprécier autrement.  À l'apprécier, point.  Je ne vois plus le carré Saint-Louis de la même façon.  La fontaine n'est plus qu'une simple fontaine, elle est un symbole.  Un organe.

G.S. - Vous l'avez déjà rencontré?

S.G. - Qui, la fontaine?

G.S. - Funny girl.  Je parle de Christian Mistral.

S.G. - Oui.

G.S. - Est-ce que vous vous en souvenez?

S.G. - Ça veut dire quoi ça?

G.S. - Je sais pas.  Je veux dire : sur votre blogue, vous avez parfois l'air d'une furieuse picoleuse de mauvais whisky américain.  C'est pas moi qui invente ça hein.

S.G. - Je te signale que t'es mon double inversé, et que cet entretien est en vérité un entretien truqué, simulé.  Je vais quand même pas t'apprendre qu'on a le même œsophage pis le même foie hein?  Quand je l'ai rencontré, je l'ai rencontré à jeun.  En fait, je n'étais pas à jeun.  J'achevais un de ces cafés qu'on vend à tous les cent mètres sur le Plateau.  Le mien était noir, dans un gobelet ceinturé d'un carton gaufré servant à ne pas se surchauffer les corpuscules de Krause logées dans les mains, mais il était tiède depuis longtemps.  J'avais du Jack dans le fond de mon sac pour plus tard.  Pour trinquer.  À nos santés.  Sans blogs interposés.  Anyway.  Tu dois le savoir, t'étais là.

G.S. - Je me souviens.  Difficile d'oublier.  En quelques mots, comment vous le décririez?

S.G. - En quelques mots?  Hum.  Affable, entier, direct.  Il parle beaucoup, et il écoute beaucoup aussi.  C'est une belle qualité ça.  Il a un rire sonore et contagieux.

G.S. - Peu de temps avant, c'était son anniversaire.  Je crois comprendre que t'avais pas que du Jack dans ton sac.

S.G. - Tu me tutoies maintenant? On n'a pourtant pas élevé les abeilles ensemble...  Je rigole.  C'est que t'as l'air un peu fuckée à t'auto-vouvoyer.  Ouais.  On disait?  Ah oui.  Chez-nous, mes livres sont classés par ordre alphabétique.  Je suis pas une freak du rangement hein, tu le sais, mais j'hayis ça chercher un livre pendant dix ans.  Les Christian Mistral se retrouvent entre mon édition de L'homme rapaillé de Miron, qui date de 1970, et feu mon édition des Poésies complètes de Nelligan.  Je dis feu parce qu'elle ne s'y trouve plus : je l'ai donnée à Christian pour son anniversaire.  Elle m'avait coûté quatre piasses au Village des Valeurs, mais dans mon cœur elle en valait pas mal plus.  Je l'avais emballée dans un sac Biorisque jaune garni de gros morceaux de scotch-tape.  Martha Stewart n'aurait pas été fière de moi, ça avait l'air du yab'.  Et j'ai dit comme on dit souvent : « C'est pas grand-chose, mais c'est de bon cœur en crisse. »

G.S. - C'est ridicule de dire ça quand on offre un livre à quelqu'un.  Surtout quand il s'agit d'un livre de Nelligan.  Surtout quand on l'offre à Christian Mistral.

S.G. -  Ouais, peut-être.  Il était ému, et je l'étais mille fois plus.  Un esprit de beau moment...

G.S. - Tu voulais pas lui offrir ton édition de L'homme rapaillé ?

S.G. - T'es-tu folle sacrament?  Faut pas charrier!

G.S. - (Rires)  En terminant : y a-t-il quelque chose que vous souhaiteriez lui dire, mais que vous ne lui avez jamais dit?

S.G. - Oui.  Les diminutifs, c'est comme les émoticones : j'hayis ça.  Sandy, tsé...

G.S. - Autre chose?

S.G. - J'ai hâte à son prochain roman.  Ouais.  (Silence)  Ça fait que c'est ça.  En attendant, eh bien, vivons.  De toutes nos forces.  Tant que faire se peut, et davantage.

 

« Je crois furieusement que personne n'est sur cette terre pour écrire des livres.  Il faut vivre, dans la joie la plus féroce que nous permet notre tempérament, seulement, oui, quand le livre est fini, on en commence un autre, jusqu'au dernier hoquet, en essayant de retenir un peu de beauté entre ses doigts, et de ne pas écrire trop de conneries ».

 

Christian Mistral, Origines, Éditions Trois-Pistoles, coll. Écrire, 2003, page 102.

 

 

À la tienne, cher Christian

Amitiés,

Sandra

- Sandra Gordon - alias Sandy -


 

origines1.jpgHum, à part Butch en vacances au moment de l'élaboration de cette note, il manquait un vieux de la vielle comme on dit par icitte, un comparse jalousé et aimé, un personnage fier et intrépide, un quoi! chasseur d'étoiles et d'étincelles, un faiseur d'histoires, un conteur hors pair, je cite È . Pour l'avoir hébergé dans mes murs et couché au dernier étage de mon vaste chantier, j'en sais plus sur ce bougre attachant et princier. Il ne manquait que lui pour que la boucle se boucle, j'entends là de facto, et derechef j'en profite pour remercier les uns et les autres de leurs enthousiasmes, leurs amitiés, leurs profonds coeurs, et leurs présences. J'avoue être très émue de tant d'affects...


 

"Dieu, Mistral et moi"

Il a soufflé toute la semaine, le Mistral. C’est simple, ici, quand c’est du Nord, c’est le Mistral. Tempête du siècle annuelle. Bon, pour cette fois, on peut dire que les Français ont reçu une vraie tempête de neige. 30 cm. Ouââ. Les cactus et les palmiers s’en sont pris plein la yeule. Les violettes, les amandiers et les bicyclettes vont devoir surseoir. Sans compter les Gardoises, qui venaient à peine d’inaugurer leurs minijupes.

Blue me fait l’honneur de me demander un texte. l’Occase : Mist à la une de Lettres Québécoises. Ah ? Je le crois pas. C’est vraiment la première, toute première fois ? Eh, beh. Ah. Euh… Y avait beaucoup de très grands auteurs à tapisser, sur les 136 numéros précédents, doit-on supposer.

Nous avons le même âge, mais la première fois que j’ai vu Mistral (l’auteur, pas la calamité météorologique), c’était à la télé. J’étais un tout jeune batteur de rock n’roll à l’époque et j’officiais dans un horrible groupe hommage à Rush. Je me souviens m’être dit qu’il avait l’air d’un type dont j’aimerais lire le roman. « Enfin un qu’a pas une face de tapette de fils de riche à marde, asti », avais-je songé, dans mon subtil brogue de Montréal-Nord. Je me suis assis et j’ai écouté l’interview. Je comprenais sans souci les questions de l’animatrice mais, comme elle, je n’avais pas la moindre idée de ce que signifiaient les réponses. Mistral parlait d’auteurs dont je n’avais jamais soupçonné l’existence, évoquait des mouvements qui me paraissaient ésotériques, employait des mots dont j’ignorais la signification. Je m’étais senti tout petit et insignifiant, un peu comme devant ma blonde du temps, qui venait juste d’entreprendre courageusement mon éducation littéraire.

Je l’ai revu dans les bars où je chantais, vingt ans plus tard. On ne se parlait pas tellement. Dix mots en dix ans. Pour une raison qui m’échappe encore, j’ai publié Antarctique en 2002 et je me suis retrouvé au salon du livre de Montréal. Ce n’était pas totalement jojo à mon kiosque et je crois que Mistral l’a senti. Il est débarqué devant moi avec un verre de rouge que j’ai calé d’un trait. Il a souri et m’a entraîné chez un autre éditeur, où ça coulait à flot. Tout le monde voulait lui parler, alors je suis resté en retrait. Un grand type qui avait l’air important m’a ordonné de ne plus écrire de dialogues en joual. Un autre m’a dit qu’il était best-seller. J’ai calé mon verre. Quatre ou cinq coups de pinard plus tard, quand j’ai fini par retourner à ma dédicace, je me sentais infiniment mieux.

Mistral m’avait accueilli sans plus de cérémonie dans la gang (il n’avait pas encore commencé à l’appeler sa tribu). Réchauffé comme je l’étais par la boisson et la fierté, plutôt que de continuer à imiter mes collègues dissimulés derrière un journal avec leurs écouteurs sur la tête, je me suis levé et j’ai commencé à fourrer mon bouquin directement dans les mains des passants, ce qui est devenu ma marque de commerce par la suite.
— Eeh, lis-ça man !

Tout ça semble si loin. Depuis, j’ai quitté la cité, le continent, le consensus, tout, presque. Nos personnalités électroniques croisent le fer et se font l’accolade. Où sommes-nous tous ? La Terre tourne en tabarnak. En tout cas. Dieu ne m’a jamais offert à boire, ce que Mistral a fait, lui. Quant au diable, beh… Euh… Comme d’hab, y est aux vaches !

 

- Eric McComber - alias Big Mac -

 

9782764605653.jpgPrévenu tard, il est aussi de la fête, pas là hier mais bien présent aujourd'hui et rien d'infâme dans ses propos bien au contraire:


J'ai reçu un message d'Héléna me demandant un petit texte pour une note surprise sur Christian Mistral. Holy phoque! Honoré et intimidé, je me mis tout de même à l'ouvrage. Dès le départ un problème de taille se posa, par où commencer? Crisse! Par le commencement, me dit une voix dans ma tête. Attention. Je plonge.


Je dois d'abord dire que je ne suis pas un  intime de Christian. Tout ce que je connais de l'homme, je le tiens de ses livres, de ses apparitions médiatiques et de son blog. Ainsi, chacune de ses présences (à la télé, à la radio) m'a touché. Ça me fascine et me laisse sans voix car je ne le connais pas, mais quand je le vois ou l'entends à la télé ou à la radio sa sensibilité me bouleverse. Tout comme certains de ses textes sur VacuumII : Scrapbook, particulièrement lorsqu'il parle de son fils ou des ses amis. Il le fait avec cœur et authenticité et ça impose le respect. Dans le monde plus blanc que blanc dans lequel on vit, un homme comme lui, qui prend sa plume, son clavier pour ouvrir son cœur ou  exprimer son avis, son opinion, son désaccord, sa dissidence face à ce répugnant univers demeure un exemple et un modèle à suivre. Respect.


Respect aussi devant la fidélité et l'amour qu'il porte à ses amis. L'amitié demeure pour moi la pierre d'assise de l'œuvre mistralienne. Or, s'il y a un roman où l'amitié imprègne tout le récit, c'est bien Vautour. C'est un très grand roman souvent sous-estimé ou oublié lorsqu'on parle de la production de Mistral. Un simple merci pour ce grand roman et pour les autres. Je me permets d'en citer un ti bout :

 

''Pour une histoire aussi simple, il y a de quoi désespérer de la littérature si on n'accepte qu'elle demeure impuissante à mouler les tragédies ordinaires. Si simple, je le répète que chacun devrait y ressentir le parfum d'une perte proche.''

 

Cher Mistral, ne désespère pas de ta littérature car elle a non seulement moulé une tragédie ordinaire, mais en plus à la lecture de Vautour, j'ai senti et ressenti la perte d'un ami qui m'était très cher. Grâce à tes mots, j'étais moins seul avec ma peine et le vide que laisse toujours la grande faucheuse.


Amitiés et hommages flashgordoniens


L'infâme Paul Giguère, mieux connu sous le nom de Flash Gordon

- Paul Giguère - alias Flash Gordon -

 

 

1547797947.jpg
"Sylvia" est le premier livre que j'ai lu de Mistral, je l'ai avalé d'une traite en une nuit je m'en souviens encore, j'ai depuis dévoré tous les autres à ma portée " Léon, coco et mulligan" compris et j'ai envie de dire comme son frère de sang et de coeur, " écris" ! Tout comme si j'avais pu rencontrer Shakespeare j'eusse aimé lui dire, (no comment), oui il faut vivre dans la joie la plus féroce et mordre et ingérer la vie et le vivant et brasser même en nage coulée tout ce qui s'offre à nous et tout ce qu'on croque et chaparde au hasard des rencontres de l'existence, pour ma part c'est Christian qui m'est arrivé de meilleur ces temps derniers, lui et moi on s'est chopé à la volée dans chacun un moment clé de notre existence, un tournant et c'est un immense plaisir et une inaltérable amitié qui nous étreint, du moins de mon côté des eaux, outre noir, outre-mers.

Amitiés profondes.

Blue


Christian,

je ne peux finir cette note sans te citer, et j'ai tellement apprécié ce livre que naturellement je m'y réfère," Origines"...

Hâte de te lire de nouveau.


" Si écrire veut dire publier, s'exprimer, se vendre et se racheter, faire la guerre et faire carrière, et faire l'amour à l'individu qu'on voudrait devenir, alors: j'ai écrit pour que ma mère me félicite, j'ai écrit pour démontrer à mon beau-père que j'étais bon à quelque chose, j'ai écrit pour séduire ma future épouse et j'ai écrit pour doter le fils qu'elle m'a donné, j'ai écrit pour qu'on se souvienne de moi, pour que le monde conserve une trace de mon fugace passage et qu'il en soit changé, tant soit peu, pour le meilleur ou pour le pire ou le pareil au même, mais que le monde vire à droite ou à gauche comme un char fait un violent secret écart pour éviter un écureuil, et l'écureuil est épargné, de même que la conscience du conducteur, et le monde est ainsi désormais; pour ça, j'ai écrit."

- Christian Mistral- Origines, Éditions Trois-Pistoles, coll. Écrire, 2003, page 67.